mercredi 29 juin 2022

La gamelle de juin 2022

Ce mois de juin a extrêmement bien commencé, puisque j’ai eu la chance de faire le marathon Jurassic World au cinéma: les deux premiers films dans l’après-midi, puis le troisième opus en avant-première le soir. Une journée épuisante pour les yeux, mais mémorable.

Sur petit écran

Jurassic World: Fallen Kingdom de J. A. Bayona (2018)
Mon copain a regardé le deuxième Jurassic World lorsqu’il est passé sur je ne sais quelle chaîne. Alors, fatalement, je suis restée là, devant la télé, à regarder aussi. Mais comme j’avais vu le film au cinéma la veille, je vous en parle dans la rubrique suivante. 😊

Peter Pan de Clyde Geronimi, Wilfred Jackson et Hamilton Luske (1953)

Bien que Peter Pan ne soit pas mon Disney préféré, et de loin, je lui reconnais une sympathie indéniable et de belles réussites musicales. Sur ce point, je trouve que les Disney classiques réussissaient très bien à marier image et son pour donner plus d'émotion et une dimension supplémentaire aux personnages et à l'histoire. Et le crocodile, mesdames et messieurs. Le crocodile. 👌👌 Voir aussi mon avis d'il y a trois ans.

Sur grand écran

Jurassic World de Colin Trevorow (2015)

Quelle joie de revoir ce film au cinéma 😍 Il ne joue pas dans la même cour que Jurassic Park, évidemment, mais plus je le vois et plus je l’apprécie. Il assume totalement le côté hommage-filiation-grossissement et joue dessus, avec des personnages qui évoquent directement le fait qu’il faut aller toujours plus loin pour entretenir l’intérêt du public. C’est un peu comme quand Spielberg filmait le merchandising de Jurassic Park dans Jurassic Park, vous voyez. Et j’ai été étonnée de voir qu’il s’agit un peu plus du film de Claire que de celui d’Owen; elle est présentée la première et est souvent plus présente que lui à l’écran. Et c’est elle qui a la plus belle scène du film, quand elle va chercher "plus de dents" pour lutter contre l’Indominus rex. Et cette scène quand Blue charge. 🤩 Holàlàlàlà!!!!!
Vous pouvez retrouver mes avis précédents en utilisant le tag Histoires de dinosaures.

Jurassic World: Fallen Kingdom de J. A. Bayona (2018)

Je n’avais vu le deuxième film qu’une fois, lors de sa sortie, et j’en gardais un bon souvenir. J’y ai retrouvé les éléments que j’avais trouvés étonnamment sombres pour une franchise destinée en grande partie à des enfants: le premier meurtre de toute la saga (des morts, il y en a eu, évidemment; mais, jusqu’à maintenant, jamais un humain n’en avait tué un autre); une révélation bouleversante et macabre destinée à une enfant (le merdeux de service qui balance à Maisy qu’elle est en réalité le clone de sa mère); et une scène dans laquelle le dinosaure est clairement le monstre caché dans le placard, que je trouve inquiétante même à trente ans passés (la main de l’Indoraptor qui se tend sur le lit de Maisy). J’apprécie aussi le fait qu’on voie pour la première fois les dérives clandestines de l’existence des dinosaures, avec cette vente aux enchères où les rois du pétrole et du trafic d’armes sortent des millions pour acheter le dinosaure qui leur fait envie. J’aime beaucoup les deux personnages secondaires qui travaillent avec Claire, la vétérinaire et l’informaticien; c’est comme si les millenials étaient enfin arrivés dans Jurassic World! Ils ne sont pas très présents, mais c’est chouette qu’ils existent. La scène de la prise de sang est très drôle et la fin est géniale, avec nos chers dinosaures qui partent à la conquête du monde. 😍 Et ici aussi, c’est plus le film de Claire que celui d’Owen; elle lance le film et l’intrigue et est chargée de la Décision Importante à la fin.

La seule chose qui m’a vraiment fait hurler, au-delà des énormités habituelles des films d’action (qui ne me font plus hurler depuis longtemps 😂), c’est la taille variable des cages. Un animal à l’étroit dans sa cage semble soudain capable de courir en tout sens, c’est absurde.

Jurassic World: Dominion de Colin Trevorow (2022)

Et enfin, le clou du spectacle, le film tant attendu, le film du monde d’après…

**Roulement de tambours**

Je dois vous dire franchement que le problème d’enchaîner les trois films, c’est qu’on voit les répétitions, à tel point que le tyrannosaure qui se bat dans l'obscurité en devient lassant. 🙄 Le film a également un problème de rythme. Il y a pas mal de personnages, ils sont séparés en petits groupes et CHAQUE groupe doit avoir son combat contre une espèce carnivore différente avant de retrouver les autres. Et Claire et Owen ont aussi une course poursuite un peu nulle à Malte… Et le méchant est parfaitement insipide.

Du côté du bon, il y a toutefois pas mal d’éléments aussi. D’abord, deux scènes sympathiques avec des herbivores au début, où on a réellement le temps de les voir, et qui servent d’introduction, avec un reportage télévisé et une scène avec Claire en mode L214, pour montrer ce que le monde est devenu depuis qu’il est peuplé d’espèces disparues. La partie à Malte, bien qu’elle ne m’ait pas emballée, montre comment la clandestinité et les trafics se sont emparés de cette nouvelle société.

Du côté des personnages, c’est assez jouissif, puisqu’on en retrouve énormément. Maisy, la petite fille du deuxième film, est devenue une ado et est importante pour l’intrigue. La véto et l’informaticien du deuxième opus apparaissent au début, ce qui est très chouette. Et surtout, on retrouve Ellie Sattler, Alan Grant et Ian Malcolm. Les deux premiers ont une très belle alchimie, ça faut chaud au cœur, et le troisième est fidèle à lui-même. Côté dinosaures, on a une belle palette, et quelques-uns ont des plumes!!! Je répète: quelques-uns ont des plumes!! Il était temps!!

Comme pour les deux premiers, c’est Claire qui lance le film, et non Owen… 😉

Ajout après le deuxième visionnage: j’ai beaucoup plus apprécié le film la deuxième fois. Je n’y ai vu aucun problème de rythme et j’ai même apprécié la partie à Malte. Je pense que j’étais au bout de ma vie après avoir déjà passé cinq heures et demi dans le noir. 😅 Je signale aussi qu'il y a une vraie féminisation, avec pas moins de quatre femmes dans le groupe de personnages principaux, plus une méchante (assez insipide, elle aussi, mais quand même moins que le grand méchant).

Top Gun: Maverick de Joseph Kozinski (2022)

Un film sympathique, qui m’a beaucoup plus plu que le premier (que j’ai, disons-le en sa défense, probablement découvert vingt ans trop tard pour l’apprécier). Je pense qu’il y a beaucoup de fan service qui m’a échappé et j’ai toujours du mal à suivre les manœuvres aériennes lors des plans rapprochés; comme les personnages ont un casque, je ne reconnais pas leurs visages et leurs voix et je ne comprends pas bien qui fait quoi. Côté féminisation, ça laisse à désirer. Mais c’est un film d’action sympathique, qui a le mérite de montrer combien le métier de pilote est physique et qui sait trouver une certaine tension lors du début de la Mission Impossible. (D’ailleurs, j’ai trouvé qu’il y avait une certaine confusion avec la franchise Mission Impossible, pas vous? 🤣) Et il y a une histoire d’amour entre deux quinquagénaires; c’est assez rare pour être souligné. Et puis Tom Cruise fait de la moto, Tom Cruise fait de l’avion, Tom Cruise fait du bateau, alors tout va bien.
(M’enfin, le seul qui me fait kiffer les avions de chasse, c’est Michael Bay, vous y croyez? 🙈)

Du côté des séries

Rien.

Et le reste

J’ai lu Il Venerdì, la revue que le journal italien Repubblica publie le vendredi, qu’un copain italien m’a ramené en même temps que le quotidien du 15 avril dernier (lu le mois dernier). Les pages culturelles m’ont semblé d’un nombrilisme stupéfiant, mais j’ai apprécié ma lecture dans l’ensemble et j’ai trouvé la revue mieux rédigée que le quotidien. Dommage qu’il y ait énormément de rubriques très courtes; je trouve qu’une revue a plus vocation à approfondir un sujet sur plusieurs pages qu’à cumuler les articles d’une demi-page chacun.

Je continue de me demander comment je pouvais lire la presse régulièrement quand j’étais jeune. C’est devenu un tel parcours du combattant, maintenant. 😅

Ce billet sortant fin juin car je n’ai aucune chronique de prête, je n’ai pas encore terminé le Cheval Magazine de juin au moment de sa publication. Réussirai-je à le lire d’ici le 30, c’est-à-dire demain? J’en doute. Rendez-vous dans un mois pour savoir s’il aurait dû figurer ici ou sera à sa place dans la gamelle de juillet. 😄

vendredi 24 juin 2022

Le Guide vegan L214 (2020)

"Vivre mieux sans produits animaux, c’est facile": voici la promesse de ce guide culinaire écrit par Catherine Derieux, autrice et traductrice, et la L214, association de défense des animaux bien connue pour ses vidéos-choc, tournées en cachette dans les abattoirs et élevages.

La première partie de l’ouvrage décrit les alternatives végétaliennes aux aliments d’origine animale (viande, œufs, produits laitiers et de la mer); la deuxième partie propose un petit précis de nutrition pour savoir comment se procurer certains éléments en mangeant végane et élargit la réflexion au mode de vie végane en général, au-delà de l’alimentation. Le tout est saupoudré de recettes de cuisine diverses et variées.

Il n’y a aucune photo, mais des illustrations sympathiques, à l’image de la couverture. Ça se lit absolument tout seul et je pense que c’est une excellente introduction au véganisme pour quelqu’un qui ne s’y connaîtrait pas. Et le ton est très positif, avec moult encouragements pour les gens qui font quelque chose pour réduire leur consommation de produits animaux, même s’ils ne deviennent pas véganes.

Je ne me fais aucune illusion sur la capacité de cet ouvrage à influencer mes pratiques culinaires pendant longtemps (vous connaissez l’enthousiasme qui surgit quand vous feuilletez un bouquin de cuisine trop chouette? Hein? Vous allez acheter plein de trucs? Vous allez mieux manger? Ça va être génial? Voilà. Je le connais aussi. Mais dans les faits, je ne fais rien 😅), mais j’en ai tout de même tiré une application, un enseignement et un projet.

L’application: j’ai acheté deux tofus de la marque Taifun que je ne consomme pas habituellement: amandes-sésame, que j’avais déjà essayé mais pas racheté et que j’achèterai désormais régulièrement, et rosso, que je découvrais et qui est à tomber;

L’enseignement: le seul vrai problème d’une alimentation végétarienne ou végétalienne, c’est la carence en vitamine B12. Tout le reste, et notamment les éternelles protéines que les gens ils vous demandent d’un air effaré "mais t’as pas peur de manquer de pro-té-ï-neeeeuuuh?" quand vous évoquez le végétarisme (alors le véganisme, je n’ose pas imaginer 🙃), on en ingère suffisamment si on mange diversifié. Je me suis donc envoyé un texto à moi-même pour me souvenir de m’acheter de la vitamine B12 en comprimés. 💡

Le projet: j’ai repéré une recette de mug cake au chocolat et j’ai acheté les ingrédients nécessaires pour le confectionner. Affaire à suivre. 👀

Petit rappel ou petite information si jamais vous avez un doute:

Être végétarien, c’est ne pas consommer de chair animale: pas de viande, pas de poisson, pas de fruits de mer. En revanche, les produits d’origine animale qui ne sont pas l’animal en lui-même, comme les œufs, sont présents. Moi, j’en suis là depuis trois ans, après neuf ans de réduction de ma consommation (j’étais flexitarienne), et j’estime que devenir végétarienne fait partie des cinq meilleures décisions de ma vie. 💪

Être végétalien, c’est ne consommer aucun aliment d’origine animale. Toujours pas de chair animale, donc, mais pas non plus d’œufs, de fromage ou de miel. Je caresse l’espoir de franchir cette étape un jour.

Être végane, c’est bannir n’importe quel produit ou expérience issu de l’exploitation des animaux, que ce soit dans son alimentation ou tout autre aspect de sa vie. Donc, pas de laine, pas de cuir, pas de promenade à dos de chameau en vacances. Et, évidemment, pas d’équitation. Ce dernier point me laisse penser que je ne serai jamais végane. 😅

Pourquoi ce livre?

Parce qu’il fut un temps, en la lointaine année 2020 et au début de la non moins lointaine année 2021, où le monde s’arrêta et où j’eus un petit peu de temps à consacrer à la cuisine. Je fis des lasagnes, du gâteau à la banane (avec plusieurs recettes, en plus), des cheese nan, une soupe thaïlandaise, des shortbreads et d’autres essais que j’oublie. Certainement pas grand-chose pour les autres, mais une variété colossale pour moi. Fin 2020, je vis ce livre, je l’offris à une amie végétarienne plus motivée que moi en cuisine, et je décidai dans la foulée de me l’acheter pour moi-même. J’en lus environ un quart. Puis la vie recommença. Le peu de temps que j’avais pu consacrer à des recettes fut englouti par le retour des activités sociales et sportives. Le livre prit la poussière dans une pile à lire spéciale cuisine pendant… un an et demi. 😵

Et puis, soudain, j’ai décidé d’arrêter d’espérer que j’allais étudier lesdits livres de cuisine pour appliquer les recettes et j’ai dégommé ladite pile. Les autres livres sont rangés avec des post-it pour le jour improbable où je me mettrai aux fourneaux. Mais celui-ci, je voulais le lire de la première à la dernière page, vu qu’il ne contient qu’une vingtaine de recettes et a surtout une visée informative. 😍

dimanche 19 juin 2022

Los tiempos del odio (2018)

Après avoir adoré Lagrimas en la lluvia de Rosa Montero, le premier tome des enquêtes de la réplicante Bruna Husky, j’ai enchaîné assez rapidement avec El peso del corazón, le deuxième tome. Puis ma situation professionnelle s’est tellement accélérée qu’il n’était plus possible de lire en espagnol dans de bonnes conditions (ou tout du moins dans des conditions un minimum favorables 😅) et ce n’est qu’en ce mois de juin que j’ai enfin pu envisager de m’attaquer au troisième tome, Los tiempos del odio.

L’intrigue: Paul Lizard, le policier amant (petit ami?) de Bruna Husky, disparaît alors qu’il enquête sur les Terroristes Instantanés, un groupuscule qui, après plusieurs années d’actions dérisoires, vient de mener plusieurs attaques d’envergure dans différents pays du monde. Bruna Husky, inquiète, commence à mener sa petite enquête. Puis les terroristes annoncent avoir capturé plusieurs otages, dont Paul Lizard, et commencent à en égorger un par jour en direct sur les écrans tant que les autorités mondiales n’auront pas cédé à leurs exigences. Rejointe par la sœur de Lizard, Bruna doit à tout prix les retrouver avant que ce dernier ne soit égorgé à son tour. Pendant ce temps-là, les tensions grondent entre les États Unis de la Terre et Cosmos, une plateforme orbitale qui a envahi la planète naine Cérès, et un mystérieux millionnaire propose son armée à la Terre pour libérer Cérès…

Sans surprise, j’ai adoré retrouver Bruna Husky, la réplicante de combat bien cynique, et les personnages secondaires des romans précédents: Yannis, l’archiviste idéaliste qui plane à cause de l’implant cérébral qui le bombarde d’endorphines en cas d’excès de stress, Gabi, la jeune Russe mordeuse que Bruna a adoptée dans le deuxième roman, et bien sûr Bartolo, le merveilleux Bartolo, le "glouton" extraterrestre trop mignon ("Bartolo bueno, Bartolo bonito!"), la bestiole que je n’ai pas vraiment compris à quoi elle ressemble mais que je visualise un peu comme un maki cata de la taille d’un chat et avec une queue plus courte. 🤣 Et j’adore l’univers qu’imagine Rosa Montero, une société en déliquescence où on mange essentiellement de la méduse et où le climat a foutu le camp pour de bon, mais où l’on continue de sortir en boîte et de se saouler au vin. Toute l’évolution de la société me semble super plausible, en fait. Pas souhaitable du tout, mais plausible. Y compris pour ce qui est des mouvements suprématistes humains, qu’on a déjà rencontrés dans les deux tomes précédents, et pour le thème du rapport au corps et à la technologie, qui prend une certaine importance ici en raison, d’une part, de la sœur de Lizard, qui fait partie d’une communauté refusant certains progrès et privilégiant un mode de vie archaïque, et, d’autre part, [divulgâcheur] des multiples implants d’une petite minorité de fans hardcore des modifications corporelles. À partir de combien de modifications un être humain n’est-il plus un être humain? La question est fascinante [fin du divulgâcheur].

En parallèle, le compte à rebours continue pour Bruna, qui, comme tous les réplicants, est condamnée à ne pas dépasser les dix ans de vie en raison d’une maladie incurable, la tumeur totale techno.

Je dois toutefois pointer du doigt quelques faiblesses, comme le fait que les enquêtes de Bruna laissent un peu à désirer: sa méthode consiste généralement à interroger une personne ou deux puis à se saouler, et on a du mal à trouver un fil rouge dans sa progression. Je ne l’avais pas noté dans ma chronique, mais je l’ai déjà pensé au sujet du deuxième tome. Ici, j’ai aussi trouvé les révélations de fin un peu trop grosses. Et surtout, j’aurais aimé qu’on nous explique comment Lizard s’était procuré certaines informations capitales durant son enquête à lui, car, en l’absence d’explication à la fin du roman, elles semblent soudain un simple deux ex machina ayant permis à l’enquête de se mettre en route. Mais enfin, ces critiques ne ternissent pas l’ensemble, et je lirai avec enthousiasme un quatrième tome si Rosa Montero décide de poursuivre les aventures de Bruna Husky.

Dans les remerciements, l’autrice remercie sa traductrice française, Myriam Charousse, non pas pour son travail de traduction mais pour sa relecture du manuscrit. Je crois que c’était déjà le cas dans le tome précédent et je trouve ça trop beau. 😍


Allez donc voir ailleurs si les temps de la haine y sont!
L'avis de Baroona

mardi 14 juin 2022

Métro 2033 (2005)

Depuis que sa mère a été dévorée par des rats géants dans une autre station du métro moscovite, Artyom vit à la station VDNKh avec son père adoptif. Une existence rude, à la lueur rouge des éclairages de sécurité et face à une menace mystérieuse venue de la station suivante: les Noirs, des créatures humanoïdes qui rendent les humains fous de terreur. Après avoir avoué qu’il craint d’être responsable de ce fléau à cause d’une escapade à la surface réalisée quand il était enfant, Artyom accepte la mission qui lui est confiée par un ami de son père: rejoindre Polis, un ensemble de stations où perdure le savoir humain, afin de sonner l’alarme quant à ce danger qui menace non seulement VDNKh mais le métro tout entier. Il part ainsi vers le sud et le centre de Moscou, le long de tunnels abandonnés et pleins de dangers.

J’ai tellement aimé Métro 2033 de Dmitri Glukhovsky que je ne sais pas trop comment vous en parler.

Je ne suis pas fan de post-apo. Le genre de m’attire pas, donc je ne le lis pas, donc je le connais mal. Je ne sais donc pas comment ce roman s’insère dans cette production. Mais je l’ai trouvé brillant.

Pendant 850 pages, on suit Artyom dans les couloirs du métro. Dans le noir. Les éclairages n’existent plus que dans les stations même. Et encore: dans les stations les plus pauvres, on ne dispose que de quelques maigres feux. Entre deux stations, on se contente de sa lampe torche ou de son projecteur si on est bien équipé. Le danger est partout et multiple. Des canalisations brisées dont s’écoule un gaz qui rend fou, des disparitions inexpliquées, des mutants, des hallucinations, des bandits, des expéditions armées venant des autres stations… Chaque pas peut vous faire frôler la mort. Ce n’est pas effrayant, ça n’empêche pas le lecteur de dormir la nuit, mais c’est super prenant. Et ça tient sur la durée. Artyom passe la moitié de ces 850 pages dans l’obscurité et les descriptions de ladite obscurité ne sont jamais redondantes ou ennuyeuses. Chapeau.

Aux stations, entre hommes, les dangers pullulent aussi. La ligne Krasnaya, en main aux communistes, et la Hanse, dévouée au commerce, se sont longtemps affrontées. Les mafieux se disputent certaines stations. D’autres sont en main aux néonazis, qui n’hésitent pas à expulser ou tuer les non Russes. Artyom cumule aussi bien les revers que les coups de chance: parfois présent au mauvais endroit au mauvais moment, il frôle la pendaison aux mains des néonazis avant d’être sauvé par une petite bande de trotskistes arrivée in extrémis. Est-il guidé par un mystérieux destin? La question se pose, et Artyom se la pose, lui, à maintes reprises.

Ce qui est formidable, c’est qu’Artyom est foncièrement un gars sympa. Un gars qui ne souhaite de mal à personne. Un gars qui essaye de faire ce qui lui semble important dans un monde qu’il ne maîtrise pas. Non seulement il ne connaît que deux ou trois stations du nord de la ville et traverse donc en débutant toutes les autres, mais le savoir humain en général est en lambeaux: après un temps indéterminé sous terre (quinze ans? vingt ans?), l’humanité du métro moscovite a perdu beaucoup de ses connaissances d’antan; et, de toute façon, la situation évolue tellement vite dans le métro que les informations du matin sont de l’histoire ancienne le soir même, ce qui fait que même les éléments les plus factuels ne sont pas fiables. J’ai adoré ce contexte ultra flou, dans lequel les contours de l’humanité sont aussi mouvants que l’obscurité. Néanmoins, la société du métro est pensée en profondeur, dans son organisation, ses règles et ses dérives. Des clans idéologiques qui se partagent les lignes, les délires religieux, c’est tellement plausible que ça en fait froid dans le dos…

Les personnages sont également bien pensés. Parfois excessifs, certes, comme dans le cas de Khan, qui est presque trop spécial pour être vrai, mais toujours réussis. Et il y a même de l'émotion. 💖

Si le roman relève essentiellement de la science-fiction, il comporte aussi de nombreux éléments qui me semblent plutôt tenir du fantastique, notamment une dose importante de télépathie — quoique, on pourrait penser que ladite télépathie a une explication biologique et relève donc de la SF, elle aussi. 😉

Je ne sais pas comment rédige Dmitry Glukhovsky, mais la version française, produite par Denis E. Savine pour l’Atalante, se lit toute seule et est pleine de nuances. Une merveille. C’est d’ailleurs après avoir vu le traducteur au Festival VO VF que j’ai décidé de lire ce roman. Merci.

Au niveau des critiques, je crois bien n'en avoir que deux: la fin n'est pas celle que j'aurais choisie (lol, c'est une critique, ça? 🤣) et les femmes sont spectaculairement absentes. Un vrai monde de mecs.

Au-delà de ses qualités intrinsèques, qui sont nombreuses, Métro 2033 m’a exaltée parce qu’il se passe à Moscou et est donc rempli de noms de station russes. J’adore le russe. Je trouve cette langue merveilleuse à écouter et à lire. Et même des choses aussi banales que des noms de station vous font exulter quand vous avez un niveau infime en une langue. Je suis plus exaltée par le fait de savoir compter jusqu’à cent en russe que par le fait de lire couramment l’anglais, par exemple. Ici, je me disais: J’ai reconnu un féminin! J’ai reconnu un adjectif! YEAH! C’est totalement enthousiasmant. Prenons la station Park Pobedy, par exemple. "Pobedy" se termine probablement par un "i" parce que c’est un génitif féminin, qui sert à montrer à qui est ce parc. C’est "le parc de Pobed". Comme "Biliet Natachi" = le billet de Natacha dans mon manuel de russe. Je ne sais pas qui est Pobed, mais mes neurones sont super contents et fiers de savoir que "Pobedy" est un génitif.

(Après vérification: le "Парк Победы" est le parc de la victoire. Il n’y a personne qui s’appelle Pobed. Lol. Mais c’est quand même un substantif suivi d’un génitif féminin!!)

J’ai eu la chance d’aller brièvement à Moscou quand j’étais ado. C’est d’ailleurs durant ce court séjour qu’est né mon intérêt pour le russe. (Une passion "cucul la prâline", comme disait François Cavanna. 💖) J’espère de tout cœur avoir l’opportunité d’y retourner un jour, non seulement pour mon plaisir personnel mais aussi parce que ça signifiera qu’on sera passés à une situation géopolitique bien différente de l’actuelle. Et si c’est le cas, j’irai à VDNKh et j’aurai une pensée pour Artyom. 🙏 

Allez donc voir ailleurs si ce métro y est!

jeudi 9 juin 2022

Les aventures de Setnê (1902)

Chronique express!

Alors que l’armée d’Égypte menée par Thoutmès III combat Ninive, elle arrive devant la forêt de Zahal, difficilement praticable pour une si grande force. Le pharaon décide donc de contourner l’obstacle, mais en envoyant tout de même un petit détachement à travers la forêt, de manière à prendre son adversaire par surprise. Ce millier d’hommes est mené par Setnê, un jeune chef de guerre intrépide. Il y sera confronté au manque d’eau, à des dragons et aux étranges hommes de l’eau…

Ayant adoré la Guerre du feu de J.-H. Rosny Aîné et lu beaucoup de bien de cette nouvelle chez le Dragon galactique et Nevertwhere, j’avais hâte de la lire. (Est-ce que j’ai acheté deux romans des éditions Callidor juste pour la recevoir en cadeau? Non, car ces romans, les deux tomes du Serpent Ouroboros, forment un super cadeau pour un ami. Mais est-ce que j’aurais choisi ce super cadeau pour cet ami s’il n’y avait pas eu ce cadeau-là pour moi? Je ne sais pas. 😇) Elle est effectivement très sympathique, avec son monde caché peuplé de créatures fantastiques et son style élégant et un brin ampoulé et suranné. En revanche, elle est très courte et ne marque pas – en tout cas, elle a échoué à me happer et me transporter, alors que je crois être le public idéal pour ce genre de récit. Il me semble qu’il est plus pertinent de la lire pour son indéniable valeur patrimoniale (elle a été publiée en 1902!) que pour sa valeur littéraire. Et comme d’habitude avec Callidor, le livre est un très bel objet!

Autres livres des éditions Callidor déjà chroniqués sur ce blog
Les Centaures d'André Lichtenberger (1904)
Soroé, reine des Atlantes de Pierre-Barthélémy Gheusi et Charles Lomon (1905)
Les Dieux verts de Nathalie Henneberg (1961)

samedi 4 juin 2022

La gamelle de mai 2022

Après un mois d'avril catastrophique, mai 2022 m'a permis de remettre le pied au cinéma, et même à un rythme tout à fait satisfaisant. Hourra!

Sur petit écran

Rien.

Sur grand écran

Your Name de Makoto Shinkai (2016)

Une merveille à voir et à revoir. Images superbes, histoire adorable pour les cœurs d’artichaut tels que moi et musique qui met de bonne humeur. J’ai adoré.

Les animaux fantastiques. Les Secrets de Dumbledore de David Yates (2022)
Ayant oublié l’intégralité des deux premiers films (ici et ici), je suis allée voir ce troisième opus sans aucune attente, et j’ai passé un bon moment. J’ai trouvé qu’il y avait un bon équilibre entre les personnages du côté des gentils, qui sont assez nombreux mais qui ont chacun leur temps d’écran qui les pose ([divulgâcheur] sauf l’assistante de Newt, qu’on oublie totalement… et c'était voulu! [fin du divulgâcheur]). On regrettera juste que Newt et ses animaux ne soient pas les personnages principaux de leur propre franchise... Côté méchants, les figures secondaires sont fades, par contre. Et, dans l’ensemble, il y a tout de même quelques incohérences sur la fin ([divulgâcheur] genre quand tous les hommes de main de Grindelwald semblent avoir disparu de la foule au sommet du temple… [fin du divulgâcheur]) et un petit manque de quelque chose pour que ce soit un film marquant. Mais sur le coup, c’est plaisant.

The Duke de Roger Michell (2020)
Une comédie sympathique sur un homme d’âge mûr, issu des classes populaires, qui a volé un tableau de Goya à la National Gallery de Londres pendant les années 1960. Rien de bien mémorable, mais un moment plaisant avec une Helen Mirrell tranchante. Je suis toutefois sceptique quant au côté "héros du peuple" du perso principal lors de son procès. Moi, je trouve que voler un tableau, c’est mal. 😅

The Northman de Robert Eggers (2022)
Un film de vikings franchement chelou, avec des visions, des hommes qui beuglent en regardant devant eux d’un œil terrible et des personnages, hommes et femmes mélangés, qui déclament d’un air furieux ou halluciné. L’amie avec laquelle je l’ai vu me faisait remarquer que l’histoire est celle d’Hamlet, ce qui explique peut-être que tout le monde déclame son texte. 😅 Je retiens les beaux paysages islandais, les épées (c’est toujours bien, un film avec des épées) et Anya Taylor-Joy, que j’avais beaucoup aimée en Magie dans les Nouveaux mutants. Mais c’est vraiment super chelou.

Downton Abbey. Une nouvelle ère de Simon Curtis (2022)

Un deuxième film aussi merveilleux que le premier. 💖 J’ai adoré retrouver notre demeure préférée, avec sa famille et ses domestiques aussi adorables que drôles. Downton, c’est en quelque sorte la famille que je n’ai pas eue, comme Buffy et le scoopy-gang, et j’ai l’impression d’enfiler mes pantoufles et de prendre mon doudou contre moi dès que j’y retourne (voir aussi mon avis sur la saison 1  et celui sur la saison 6 et la série dans son ensemble). Les films sont, en outre, encore plus feel good que la série, qui n’était pas dénuée de drames et de terribles coups du sort. Ici, on est plus résolument tournés vers la joie de vivre. Mais j’ai pleuré à la fin, ne vous inquiétez pas, et mon copain a reniflé et m’a demandé un mouchoir. Ma seule critique, c’est que tout le monde a trop de fond de teint et qu’il est grand temps que les enfants commencent à avoir la parole et leurs propres intrigues, même modestes!

Docteur Strange : Into the Multiverse of Madness de Sam Raimi (2022)
Un Marvel sympathique, qui ronronnait un peu au départ mais m’a enthousiasmée à partir de l’incursion de Strange dans l’univers 838. Pas que j’ai un intérêt pour cet univers en lui-même, mais la brochette de super-héros que notre protagoniste y rencontre est savoureuse, renverse un peu le cerveau ([divulgâcheur] HOLÀLÀ LE FAUTEUIL ROULANT JE SUIS DEVENUE DINGUE [fin du divulgâcheur] et rappelle combien l’univers Marvel est étendu. Au final, le film n’est pas marquant, mais il faut reconnaître que les studios Marvel savent bien faire leur boulot.

Du côté des séries

Rien. Le COVID, c’est vraiment fini, niveau organisation générale. Tout a repris comme avant et je ne vois pas quand insérer des séries dans mon emploi du temps.

Et le reste

J’ai lu le Cheval Magazine de mai, que je n’avais pas pu lire fin avril, et celui de juin. J’ai aussi lu La Repubblica du 15 avril, que m’a gentiment apporté un ami italien de passage à Paris. Je n’ai de cesse de me demander comment je faisais pour lire les quotidiens régulièrement quand j’habitais en Italie, parfois plusieurs fois par semaine (et en variant pour avoir des avis différents). Là, Repubblica a vivoté trois semaines aux toilettes... 🙄 Quant à la revue Il Venerdì, le supplément de l’édition du vendredi, elle a atterri dans ma pile à lire. 🤯🤯 Bref, c’est bien de lire la presse, mais c’est comme les séries, je ne vois pas sur quoi rogner pour dégager du temps pour ça…

Et vous, chers lecteurs? Quid de ce mois ensoleillé?