Cuchulainn est un héros de la mythologie celtique irlandaise. Dans le Chien du forgeron, Camille Leboulanger retrace son parcours grâce au récit d’un barde. On est probablement dans une taverne, le conteur demandant régulièrement qu’on lui remplisse son verre. Il n’y a plus qu’à se laisser porter par l’histoire…
Setanta est le fils du seigneur Sualtam et de Dechtire, la
sœur du roi Conchobar. Il grandit dans la demeure de son père et sa mère lui
transmet, en quelque sorte par anticipation, le récit de sa propre grandeur. Il
deviendra un guerrier mythique. Lorsqu’il part enfin pour la cour du roi
Conchobar, à l’adolescence, Setanta, pris d’une crise de rage meurtrière, tue
le chien du forgeron Chulainn. Pour le punir, le roi le condamne à remplacer
ledit chien pendant quelques jours. C’est ainsi que Setanta est surnommé
Cuchulainn, le chien du forgeron…
Le ton de ce roman est super bien trouvé. Il y a un peu d’oralité,
de manière à rappeler qu’il s’agit du récit d’un barde. Mais dans l’ensemble,
c’est très élégant et précis dans ses descriptions, avec un joli ton à
l’ancienne qui fait voyager dans le temps. On découvre une société celtique
très intéressante, celle du premier âge du fer, avec sa structure sociale et
ses mythes. On suit les aventures de Cuchulainn dans son pays natal, notamment
avec la razzia des vaches de Cooley, et en Écosse, où il rend visite à la
guerrière Scáthach. Comme dans les récits du roi Arthur, j’ai ressenti une
certaine nostalgie mêlée d’angoisse, car bon, on comprend assez rapidement que
tout ça ne peut pas bien se terminer…
Archétype du héros viril et du guerrier invincible,
Cuchulainn est en effet porté par un égo démesuré – qui lui est, certes,
insufflé par sa mère à l’origine, mais qui trouve un terreau très fertile dans
son esprit d’enfant. Camille Leboulanger montre comment les évènements
individuels et le système dans son ensemble poussent ce garçon dans une
certaine direction et on voit en quelque sorte un monstre se construire sous
nos yeux. Cela m’amène à la seule chose qui a un peu terni ma lecture, à savoir
que cette virilité conquérante passe par le viol, et que quand j’ai compris que
ça allait mal se passer pour les femmes, j’ai balisé un peu. Aucun viol n’est
décrit et le récit est très pudique sur l’acte même, mais vous avez le temps de
voir venir la catastrophe et d’en ressentir un certain malaise…
Sur ce point, et dans la figure d’Emer la blonde que j’ai
tout de suite visualisée comme le personnage de Jodie Comer dans ce film, ce
roman m’a beaucoup évoqué le Dernier duel de Ridley Scott. La volonté de
montrer comment on en arrive à un certain point et de nommer un chat un chat
est la même; le degré, en revanche, est différent, car le Dernier duel
est autrement plus violent. Ici, je le répète, on ne voit aucun viol en direct.
En bref, ce roman est une réussite sur tous les plans: style de l’écriture, aventure, contexte mythologique et historique qui envoie du rêve, propos antiviriliste. Je lirai d’autres romans de l’auteur sans aucune hésitation s’ils croisent mon chemin et je garderai un œil sur les éditions Argyll, qui ont fait un très bon choix!
Je vous laisse avec la version Manau de l'histoire... 😉
L'avis de Lorhkan
Un roman récent (!) avec un chien (!) dans le titre : tu cherches à nous dire que tu as été kidnappée ?
RépondreSupprimerÇa fait beaucoup de qualités tout ça. J'étais sur un "oui sans plus" dans mon envie de lecture, mais je crois qu'il va passer sur un vrai "oui".
@Baroona: J'avoue que ce billet est une anomalie dans ce blog. 👀
SupprimerJe pense que tu apprécierais le style, qui est très réussi.
J'avais déjà envie de le lire :D Le lien avec Le dernier duel m'intéresse.
RépondreSupprimerCe qui est fabuleux c'est qu'il n'y a pas besoin de cliquer sur le lien YT pour avoir la chanson en tête, pas merci 🤣
@Tigger Lilly: Je pense que tu apprécierais. Le lien avec le Dernier duel est ténu, c'est plus un parallèle dans la démarche, dirais-je. Mais comme tu as vu le film, je serais curieuse de voir si tu vois ce que je veux dire si tu lis ce roman.
SupprimerJ'ai chanté avec beaucoup de plaisir 😉
Ah j’avais pas pensé à cette chanson de Manau .Très bon son.Du coup je vais lire le bouquin.
RépondreSupprimer@Melvin: J'ai redécouvert la chanson avec grand plaisir. Bonne lecture et bonne écoute, alors. ^^
SupprimerMerci je vais avoir Manau en tête pour la soirée 🤣
RépondreSupprimerSinon ça a l'air tout à fait d'être le genre de roman qui pourrait me plaire, en tout cas il coche un paquet de cases ^^
@Vert: Avec plaisir 😇 Remarque, je n'ai pas mis le clip de la Tribu de Dana. Ça aurait été pire. Tu aurais pu chanter "Dans laaa vaaallllééééééeeee deeeuuuuuuu Danaaaaaaaaaaa" à tue-tête.
SupprimerJe pense que tu apprécierais ce roman, toi aussi!
Et grâce à toi, les blogueurs vont tous avoir Manau en tête xD Bon ce roman est toujours dans mes repérages !
RépondreSupprimer@Shaya: J'espère, ça fait toujours plaisir de rappeler de la bonne musique aux amis 😇
SupprimerJe n'ai pas cliqué sur le lien et j'ai la chanson dans la tête, voilàààààààààà, grmpf :p
RépondreSupprimerTitre repéré, auteur repéré et à lire.
(j'aime comme TL le parallèle avec Le dernier duel -quel film!)
@Ite: C'est marrant, j'ai lancé une épidémie de "Manau dans la tête" sans le vouloir 👀
SupprimerJe pense que tu apprécierais ce récit, toi aussi!
Woooow, ça faisait longtemps que je n'étais pas venu ici, la joie de retrouver un ordinateur et du temps à passer sur les blogs. Bref, j'ai pas mal de retard de lectures par ici, je compte bien me rattraper :D
RépondreSupprimerSinon je suis ravie de voir ton avis sur ce livre car je suis tombée dessus en librairie et il me tentait, je ne l'ai pas acheté mais le côté "conte barde" me tente vraiment beaucoup !
@Oukoulou: Aaaah ça faisait longtemps en effet! Bienrevenue!!
SupprimerJe pense que tu apprécierais beaucoup, toi aussi!
Alors je ne sais pas si mettre la fameuse chanson de Manau c'est rendre service au roman de Camille Leboulanger, mais pourquoi pas... :D Surtout que dans le même album de Manau, il y a une autre chanson, moins connue mais largement plus adaptée à cet article puisqu'elle s'appelle "Le chien du forgeron"... ;)
RépondreSupprimerMais bref, pour le reste je n'ai pas grand chose à ajouter puisque comme toi j'ai vraiment beaucoup aimé ce roman, dans lequel le superbe style oral soutient parfaitement le propos de l'auteur.
Ha et voilà, comme un gros malin j'ai vu Manau et j'ai pensé à la célèbre "Tribu de Dana"... Donc du coup, je n'ai rien à redire à ton article, tout est parfait ! :D
Supprimer@Lorhkan: Je pense que tu n'es pas le seul. La couverture de l'album est tellement connue et associée à celle du single de la Tribu de Dana qu'on pense tout de suite à cette chanson-là... Le petit titre "Le Chien du forgeron" sur la miniature YouTube n'y fait pas grand-chose. ^^
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