dimanche 11 mai 2025

Et si les chats disparaissaient du monde... (2012)

Je ne sais plus trop où j'ai entendu parler de ce petit roman de Genki Kawamura (auteur qui, soit dit en passant, est surtout producteur de cinéma et a notamment été producteur du merveilleux Your Name de Makoto Shinkai). Peut-être a-t-il été mis en avant dans la newsletter de ma libraire. Quoi qu'il en soit, j'ai évidemment sauté dessus – dans le sens que je l'ai réservé dans mon réseau de médiathèques, probablement en adressant une prière à la personne l'ayant emprunté pour qu'elle le rende à la date prévue. Puis, lorsque je l'ai récupéré, je l'ai lu le soir même, d'une traite. Un soir où ça n'allait pas très fort et où le brouillard intellectuel était tel que je ne me sentais pas d'attaque pour lire Jules Romains, pour vous donner une idée.

Le protagoniste, trentenaire, écrit une longue lettre pour raconter la semaine qui vient de s'écouler. Cette semaine a commencé très mal, puisqu'on lui a diagnostiqué un cancer au cerveau. Ses perspectives de survie sont très mauvaises: il est condamné à très brève échéance. Mais alors même qu'il essaye de lister des dix choses à faire avant de mourir, voilà que le diable débarque chez lui et lui propose un marché: il lui accordera un jour de vie en plus si notre héros accepte de faire disparaître quelque chose du monde.

Le premier soir, le narrateur choisit – avec quand même une certaine influence du diable – les téléphones.

En toute objectivité, ce roman n'a rien de véritablement exceptionnel. Mais il a tenu la promesse implicite de son titre, de son résumé, de sa couverture et de la vague de bouquins feel-good japonais dont les éditeurs français nous recouvrent: il m'a touchée, il m'a fait pleurer, il m'a un peu apaisée. Parce que le protagoniste, à l'annonce de sa mort prochaine, se demande bien sûr avec qui il a envie de parler, et qu'il n'a pas énormément de réponses à apporter à cette question. La première personne est son ex, grande amatrice de cinéma, ce qui donne lieu à quelques réflexions touchantes sur le septième art. Mais, surtout, il repense à ses parents – sa mère, décédée, et son père avec qui il est fâché – et à ses chats – Laitue, le chat de la famille, décédé également, et Chou, le sien.

Moi, vous me mettez des chats et des décès, et je me décompose. Et je pense que j'en ai besoin, en fait. Car le lendemain de ma lecture, je me suis réveillée plus reposée, en forme, lucide, dynamique et optimiste que depuis des jours, si ce n'est des semaines. Pas "reposée, en forme, lucide, dynamique et optimiste" dans l'absolu, hein. Mais "plus reposée, en forme, lucide, dynamique et optimiste que depuis des jours, si ce n'est des semaines". Observez la nuance. Bref, cela n'a pas été sans me rappeler le fait que j'ai cessé d'être insomniaque après avoir sangloté désespérément en séance d'EMDR. Foncièrement, je déteste souffrir et je suis convaincue que la douleur détruit, mais il semble y avoir un certain type de chagrin qui vous laisse plus apaisé après vous avoir secoué...

Le pitch de ce roman n'est pas sans rappeler Mémoires d'un chat de Hiro Arikawa, mais je l'ai trouvé mieux géré, et la version française, aux soins de Diane Durocher, m'a semblé mieux rédigée, sans les problèmes de concordance de temps sur lesquels j'ai buté lors de plusieurs traductions du japonais ces derniers temps. Ça se lit tout simplement tout seul.

Pour info, le roman est d'abord paru en France sous le titre Deux milliards de battements de coeur. C'est plutôt cool pour moi que le titre ait été modifié, parce que, évidemment, je l'ai lu essentiellement parce qu'il y avait "chats" dans le titre. 😊😊😸😸

Je n'y vois qu'un seul problème, en définitive: la superbe couverture n'est pas créditée!! 😱😱😱

6 commentaires:

  1. "le roman est d'abord paru en France sous le titre Deux milliards de battements de coeur" : c'est donc une énorme erreur marketing qui a été réparée.
    C'est un argument en faveur du remboursement des livres par l'Assurance maladie tout ça.

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    1. @Baroona: Je me demande si les ventes ont augmenté du jours au lendemain ou s'il a fallu un peu de temps... 🤣🤣 Bon, cela dit, le titre de départ est superbe, et prend son sens dans le roman.
      Mais grave, pour le remboursement!

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  2. C’est moi qui te l’avais suggéré. Trop content qu’il t’ai plu. C’est vrai ce n’est pas sans rappeler ”Mémoires d’un chat”.
    La fin est à la fois belle mais tellement emouvante.
    Je lis en ce moment dans la série Grands détectives, une autrice Lilian Jackson Braun qui a écrit une série d’enquêtes policières très agréables à lire.Un enquêteur aidé de ses 2 chats résout des enquêtes. C’est très rafraîchissant, pas triste du tout. J’ai commencé par ”Le chat qui déplaçait des montagnes.”C’est super.

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    1. @Melvin: Aaaaaah, mais oui! Sur l'article des BD du mois! Merciiiiiii!!!
      Merci pour cette autre découverte féline!! Mais c'est totalement fou, il y a genre trente bouquins!! Bon, c'est une écrivaine anglophone, donc il faudrait que je trouve ses livres en anglais, pour ne pas les lire traduits, et ça me semble peu probable. Mais ça a l'air d'être un régal!!

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  3. Original en tout cas ! Parfois, le fait de lâcher prise et de se laisser le droit de ressentir fait du bien :)

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    1. @Shaya: Oui tout à fait! Mais ce n'est pas évident, avant...

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