lundi 26 mai 2025

Le blé en herbe (1932)

Comme toujours lorsque je croise un bouquin de Colette, j'ai sauté dessus sans hésiter!! Le hasard a fait, en outre, que je suis tombée sur Le blé en herbe quelques jours seulement après avoir lu le billet de Caroline Doudet à son sujet.

L'histoire est celle de Philippe et Vinca, deux adolescents qui passent leurs vacances d'été en Bretagne, du côté de Saint-Malo, comme tous les ans. Sauf que, cette année, ils ont respectivement seize et quinze ans, et ils ne sont donc plus des enfants, comme les années précédentes. Philippe se désespère en pensant à la monotonie de son avenir tout tracé – études puis travail – et Vinca le couve d'un œil inquiet entre deux parties de pêche. Puis un événement d'apparence anodine vient perturber ces vacances déjà tendues: en rentrant d'une commission, Philippe rencontre une femme habillée de blanc, Madame Camille Dalleray, qui loue une villa voisine.

Le blé en herbe est très clairement le récit de la fin de l'enfance et de l'entrée dans le monde des adultes – "le monde des adultes" signifiant ici "la sexualité". Philippe et Vinca s'aiment, mais d'un amour imprécis et enfantin, qui a toujours été là mais qui commence à changer. Ils se posent beaucoup de questions et se cherchent l'un l'autre sans jamais se trouver. Je dois dire que c'est là ce qui m'a pas mal échappé, puis a commencé à me saouler vers la fin: leurs dialogues un peu sans queue ni tête, pleins de disputes reposant sur des implicites.

Mais, en parallèle, j'ai apprécié la vision déchirante de ces changements qui nous broient sans qu'on ne puisse rien y faire. De base, on imagine facilement ces adolescents dans une période d'une insouciance unique dans leur vie, le genre de vacances qu'on regrette amèrement quand on regarde en arrière, bien plus tard, mais, en fait, ils ne sont pas du tout insouciants. Même les choix de Philippe ne dégagent pas d'insouciance, alors qu'on pourrait très bien les résumer en disant que c'est un garçon qui se laisse mener par sa bite et qui [divulgâcheur] gagne le gros lot, puisqu'il couche d'abord avec la femme adulte et expérimentée, puis avec la jeune fille innocente et amoureuse de lui [fin du divulgâcheur]. Comme on comprend, lorsqu'il rentre chez lui au coeur de la nuit, que ses traits soient "moins pareils à ceux d'un homme qu'à ceux d'une feune fille meurtrie"...

J'ai aussi apprécié, et beaucoup, le talent pur de Colette pour décrire cette campagne bretonne changeante et pleine de couleurs. De ce point de vue, c'est un vrai régal, le genre de roman qui vous pose un décor, comme Le Guépard pour la Sicile...

Moralement, je me suis tout de même interrogée sur ce que cela dit de Colette, qui a en partie basé ce roman sur sa propre expérience: en 1920, à quarante-sept ans, elle a noué une relation avec le fils de son mari de l'époque, qui en avait... dix-sept (le fils du mari, pas le mari, hein). Trente ans d'écart, donc. Quand c'est l'homme qui a trente ans de plus, j'y vois presque automatiquement un obsédé avide de seins fermes. Mais quand c'est la femme? Je ne sais pas. Si vous avez une opinion sur la question, ça m'intéresse, en toute sincérité. Pensez-vous qu'un amour sincère soit possible avec un tel écart d'âge? Si oui, quel que soit l'âge du plus jeune des deux? Parce que là, le plus jeune est un ado, quoi. Un grand ado, mais un ado quand même. (Sans même parler du fait que c'est le fils du mari, lol.) Dites-moi tout!

4 commentaires:

  1. Moi je viens tranquillement lire une chronique et je me retrouve avec un sujet de dissertation à rendre, c'est vraiment terrible la littérature générale. Vive la littérature d'imaginaire, la vraie littérature de pure détente sans réflexion. 👀

    (Mes deux centimes : les écarts d'âge on s'en fiche mais il faut quand même un âge minimum pour la personne la plus jeune)

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    1. @Baroona: **rire sadique**
      Merci de ta contribution. J'ai pas mal cogité sur ça hier, après avoir eu des nouvelles de quelqu'un qui est justement en couple avec quelqu'un de plus jeune, et je me dis que c'est le genre de question sans véritable réponse. Enfin, sauf le fait que je crois aussi indispensable qu'il y ait un âge minimum. Mais quel est cet âge? Ahah. Je n'ai pas pu répondre.

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  2. Tu mets bien le doigt sur ce qui m'a toujours dérangé dans les écrits de Colette : la différence d'âge.
    En l'occurrence, la différence d'âge en soi n'est pas à mon sens un souci, mais la grande différence d'âge comme là, oui. A mes yeux quelqu'un qui est encore dans l'adolescence ou qui sort tout juste de l'adolescence aura difficilement autre chose qu'une relation déséquilibrée avec quelqu'un qui a bien plus de vécu.

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    1. @Shaya: Merci pour tes idées! Oui, c'est ce que j'ai tendance à penser aussi, mais avec une forte difficulté à identifier des chiffres précis.

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