dimanche 9 mars 2014

UGC Culte: Le Guépard (1963)

Le Guépard est originellement un livre de Giuseppe Tommaso di Lampedusa que j'affectionne beaucoup. Il fait partie de ces lectures qui ont soudain pris tout leur sens et sont devenues inoubliables à cause de leurs tout derniers mots, comme Gatsby. On y suit les événements liés au débarquement de Garibaldi en Sicile en 1860 à travers les yeux d'un prince sicilien dont le blason familial porte, justement, un guépard.

Le film de Luchino Visconti en est une adaptation fidèle et superbe. Avec les paysages de la Sicile aride et miteuse sous les yeux, on n'est que plus époustouflé par ce monde à part, complètement hors du temps. Mais c'est surtout la prestation de Burt Lancaster, qui joue le Guépard, qui m'a bluffée. Cet acteur possède un charisme absolument incroyable et a parfaitement compris son personnage, un "roc" de stabilité qui n'est pourtant à sa place ni dans l'ancien monde qui s'écroule ni dans le nouveau qui se construit sous les Savoie. Un homme résigné et lucide, qui garde une force d'esprit exemplaire mais perd tous ses moyens face à l'âge qui avance.


La scène dans laquelle il refuse un poste au Sénat à Turin, et où il explique à l'envoyé du nouveau gouvernement pourquoi il ne peut quitter sa Sicile natale, est juste parfaite. À travers cette Sicile qui ne peut pas et ne veut pas changer et pour laquelle il est déjà bien trop tard, il parle aussi de l'Italie et, à mes yeux, de l'espèce humaine en général. "Nous étions les guépards, les lions. Ceux qui nous remplaceront seront les chacals, les hyènes. Et tous, tant que nous sommes, guépards, lions, chacals ou brebis, nous continuerons à nous prendre pour le sel de la terre." Sérieux, mon cœur a loupé un battement.

Malgré des longueurs (plus de trois heures!) et un inévitable vieillissement, ce film est aussi très intéressant à voir pour son contenu politique (la manière dont le changement de régime s'est fait sans se faire et de manière parfois peu orthodoxe) et pour les autres acteurs. Sachez qu'il réunit en effet Claudia Cardinale, Alain Delon et Terence Hill! La crème des années soixante au sommet de sa jeunesse et de sa beauté. Claudia Cardinale, dans le rôle de la jeune et belle Angelica qui apporte sa fortune à la famille noble et pauvre de Tancredi, est simplement à tomber par terre. Elle dégage une sensualité assez déroutante. Alain Delon joue très bien le jeune malin qui a tout compris à la situation. J'ai été un peu déçue par son entrée en scène et sa célébrissime réplique "Si nous voulons que tout reste tel que c'est, il faut que tout change", mais il s'est bien rattrapé au cours du film et a trouvé le bon ton pour la scène du bal. Terence Hill a un rôle secondaire, mais c'est toujours sympathique de le voir jeune avec ses yeux bleus pétillants.


Un dernier mot sur la scène du bal, qui a une importance primordiale. Elle est certes un peu longue (30 ou 40 minutes, je pense), mais elle est juste superbe. Les robes sont absolument spectaculaires. Je crois que même Scarlett O'Hara (que l'UGC nous propose de retrouver la semaine prochaine) peut aller se rhabiller face à tant de faste!! Et l'évolution massive des rapports entre personnages qui se produit au cours de cette soirée est très bien amenée. Je pense surtout à la pauvre Concetta qui dit à Tancredi qu'il n'aurait pas dit cela, autrefois...

Enfin, la scène de conclusion, si elle n'est pas celle que j'attendais vu que la dernière scène du livre n'a pas été portée à l'écran, est toutefois parfaitement adaptée au ton du film. Si vous ajoutez à cela une restauration très bien réalisée, vous comprendrez que mon enthousiasme cultesque n'en est que redoublé et que je bénis jusqu'à la septième génération la personne qui a eu l'excellente idée de cette initiative à l'UGC!

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