jeudi 28 décembre 2023

Animal Farm (1945)

Tout comme 1984, La Ferme des animaux de George Orwell a marqué la littérature occidentale. Je l'ai abordé avec beaucoup de curiosité, mais aussi un léger malaise absolument absurde et des craintes.

Édition Penguin de 1982.

Un malaise parce que, quand j'étais en première, quelqu'un, probablement une certaine Audrey C., a dit devant moi qu'elle avait lu ce roman en anglais en seconde. Moi, je n'avais jamais lu de roman en anglais. J'en ai tiré une certaine honte. Cette fille connaissait un monde entier dont je ne savais rien. (Comme tous mes petits camarades depuis la primaire, de toute façon; ils avaient tous l'air de faire des trucs géniaux, que je ne comprenais qu'à moitié.) Durant les grandes vacances entre la première et la terminale, j'ai lu Le Seigneur des Anneaux en anglais. C'est, en toute objectivité, une entreprise nettement plus colossale et ardue que de lire La Ferme des Animaux en seconde. Mais comme je n'étalais pas ce genre d'exploit en public, ça n'a jamais tout à fait enlevé, à mes propres yeux, l'impression que Audrey C. avait fait un truc de fous. Les rares fois où j'ai effectivement dit que j'avais lu Le Seigneur des Anneaux en anglais, la personne en face de moi n'a pas réagi avec le quart de l'admiration que j'avais ressentie pour Audrey C. (et avec le recul, je me demande même si certains ne m'ont tout simplement pas crue). Du coup, La Ferme des animaux est toujours resté un peu le bouquin qu'on lisait en seconde et que je n'avais pas lu, ce qui prouvait que je n'avais pas de connaissances, pas d'aisance avec la langue, pas d'études, pas de culture gé.

Franchement, je m'autosaoule. Dans cette triste histoire, j'ai tout fait toute seule. Mais en même temps, j'ai beaucoup de peine pour cette gamine, puis cette ado, puis cette jeune femme, puis cette trentenaire, qui a toujours l'impression que les autres font plus et mieux. 😅

Par ailleurs, j'avais des craintes parce que ce roman a été adapté en bande dessinée récemment, dans Le Château des animaux de Xavier Dorison et Félix Delep, et que j'ai eu le malheur de voir ce qu'il arrive à l'oie. J'AI VU. JE SAIS. JE NE LIRAI JAMAIS CETTE BD.

Mais bon, malgré tout ça, j'ai évidemment acheté ce roman lorsque je l'ai trouvé d'occasion, car c'est un ouvrage célèbre, qui manquait à ma culture, et que j'ai adoré 1984 du même auteur. Et j'ai bien fait, bien sûr. Déjà, ça se lit tout seul et c'est même assez drôle. (Je comprends mieux que Audrey C. l'ait lu en version originale en seconde, du coup.) Il y a notamment un chat qui apparait de temps à autre et qui est sympathiquement fûté. 😼 Ensuite, parce qu'il donne à réfléchir sur la mise en place d'un système totalitaire avec toute l'innocence du monde (enfin, on peut douter de l'innocence des cochons, mais on ne peut nier qu'ils ne prennent jamais le pouvoir par la force. Ils sont les seuls à savoir lire. Il est LOGIQUE qu'ils s'occupent d'organiser le travail de la ferme après que les animaux ont délogé les humains). Aucune étape n'est décisive en elle-même, mais leur cumul mène les animaux à la catastrophe. Je suppose que c'est également un régal quand on connaît bien l'histoire de l'URSS, car la prise de pouvoir des animaux correspond totalement à la révolution du prolétariat, tantis que l'opposition entre Napoleon et Snowball est, je suppose, le reflet de celle entre Lénine et Trotski, ou plus probablement de celle entre Lénine et Staline.

Comme les animaux, à part les cochons et l'âne, sont plutôt dociles et ont la mémoire courte, tout se passe bien pour nos totalitaristes, ce qui constitue une bonne partie de la légèreté, et presque de l'humour, du roman. C'est seulement quand Boxer, le cheval de trait qui répond à tous les problèmes par la maxime "je travaillerai plus" (comme moi, tiens tiens), commence à avancer en âge que le roman tourne au tragique, avec quelques pages affreuses (le départ de Boxer et les animaux qui ne peuvent plus chanter "Beasts of England") et une fin qui laisse un goût amer en bouche.

Une très belle lecture, donc. Tout le monde devrait lire ce livre en seconde, en anglais ou pas. Mais si vous ne l'avez pas fait, n'hésitez pas! Il n'est pas trop tard!

samedi 23 décembre 2023

Mémoires d'un âne (1860)

Chronique express!

Quel bonheur que d'être tombée sur ce roman de la Comtesse de Ségur, dans lequel l'âne Cadichon raconte ses mémoires! En réalité, je l'avais déjà, et je l'avais déjà lu, mais cette édition est plus jolie que celle en ma possession et j'ai relu le roman avec, je crois, plus de plaisir que la première fois. J'ai récemment travaillé sur Pinocchio de Carlo Collodi et je vois beaucoup de parallèles entre ces deux romans pour enfants qui datent à peu près de la même époque (Pinocchio est sorti vingt ans plus tard, en 1880): élément légèrement magique du pantin ou de l'âne qui parle, nombreuses péripéties à chaque chapitre, ton délibérément moralisateur, mise en avant des valeurs du travail et de la bonne conduite, punition des méchants. Et bien qu'il y ait des méchants, justement, notamment des voleurs, et bien que Cadichon subisse nombre de mauvais traitements, l'univers semble figé dans une campagne adorable, où tout semblait plus simple et net, la société semblait stable, les criminels étaient des anomalies et des exceptions et il n'y avait pas de problèmes sociétaux. J'aimerais beaucoup aller vivre dans le monde de la Comtesse de Ségur, franchement.

Par ailleurs, Cadichon dit beaucoup de bien des ânes en général, et prouve, par son exemple, combien cet animal vilipendé est intelligent et sage. Et moi, j'adore les ânes, donc j'adhère. ❤

lundi 18 décembre 2023

Phèdre (1677)

Chronique express!

Le bonheur des boîtes à livres et autres espaces de récupération qui ont fleuri partout ces dernières années: tomber sur des trucs qui manquent à notre culture! Comme, pour moi, Phèdre de Racine. Je connaissais vaguement le pitch à cause de La Curée d'Émile Zola: une femme amoureuse du fils de son mari. Et je savais que Racine écrivait en vers. Mais lire la chose pour de vrai est évidemment bien différent. C'était du bonheur en barre. Les vers de Racine sont pratiquement tous sublimes; il est formidable de les lire dans sa tête et ça donne souvent envie de les lire à voix haute. Et la tragédie grecque a quelque chose de fascinant, avec tous ces personnages dont on sait d'emblée qu'ils ne survivront sans doute pas et qui prennent systématiquement la décision qui précipitera leur chute. (Comme le dit le chœur dans le merveilleux, l'excellent Antigone de Anouilh: "c'est cela qui est commode, dans la tragédie".) Purée, pourquoi n'ai-je pas lu ça quand j'étais au lycée, ça m'aurait sans doute ébouriffée!

Un vers ultracélèbre, dont je ne savais pas qu'il venait d'ici:

"C'est Vénus tout entière à sa proie attachée."

mercredi 13 décembre 2023

Célestopol (2019) 🌕🚀

J'avais envie de lire Célestopol d'Emmanuel Chastellière depuis longtemps, parce que tous les copains en disent du bien et que la ville homonyme est une ville russe, et que j'adore tout ce qui a trait à la Russie. Et un beau jour, mon copain est rentré du boulot avec Célestopol en main. J'ai cru à une vision, mais c'était bien vrai. Et ça n'avait rien à voir avec moi; il l'avait acheté pour lui. 😂

Célestopol est un recueil de nouvelles se déroulant sur la Lune, dans une ville sous cloche fondée à la fin du XIXe siècle par la Russie tsariste et dirigée par le duc Nikolaï. Les nouvelles sont indépendantes, mais certains personnages  reviennent plusieurs fois et certains événements s'influencent les unes des autres. Il y a un peu de tout: des automates, des maisons closes, des aristocrates, des gens du peuple, des scientifiques, des mercenaires, des policiers. Tous vaquent à leurs occupations quotidiennes, mais sont aussi influencés par le fait qu'ils habitent dans ce lieu si particulier, dont la puissance et le faste reposent sur l'exploitation du sélénium, étrange substance extraite des roches lunaires et dont on ne saura pas grand-chose.

Autant j'ai adoré ce contexte, comme je m'y attendais, autant j'ai été déçue par la rédaction, que j'ai trouvée faiblarde. Les incises dans les dialogues sont mal différenciées du dialogue et se contredisent parfois; l'usage des pronoms et la diversité des substantifs faisant référence à une même personne ("le jeune homme fit", "il alla", "le mécanicien était malheureux", "le dernier arrivé avait raté son train", et là je ne sais pas si on parle d'un seule et même homme qui est jeune, mécanicien et le dernier arrivé ou si on parle de trois hommes différents) m'a obligée à relire des paragraphes et des dialogues pour comprendre qui parlait à qui; et quelques éléments sont apportés si abruptement que je n'ai pas bien compris certaines nouvelles (notamment la première: le protagoniste se réveille avec une fille qui lui annonce qu'ils ont couché ensemble, et ça arrive si brutalement, sans aucun indice préalable, que je ne comprenais pas si c'était vrai ou si elle mentait).

Du coup, tristesse immense.

Et l'auteur a commenté tous les billets de blog que j'ai lus, alors il risque de lire mes critiques, c'est affreux. Et c'est un confrère traducteur, en plus. Ouin ouin.

Je pense quand même tenter Célestopol 1922 à l'occasion (mon copain rentrera peut-être du boulot avec un jour, comme pour le premier! 👀), parce que des Russes sur la Lune, c'est juste trop génial. Et aussi parce que malgré mes critiques, certains textes m'ont touchée, notamment celui avec le train et celui avec le chien. Et aussi parce qu'il y a un mec dans un corps d'ours. En fait, c'est vraiment un chouette voyage, et j'ai envie de le continuer!

Allez donc voir ailleurs si cette cité céleste y est!
L'avis de Baroona
L'avis du Chien critique
L'avis de Lorhkan
L'avis de TmbM
L'avis de Xapur

vendredi 8 décembre 2023

Lisière fantôme (2023)

Chronique express!

Un homme cherche son pull couleur mangue. L'objet étant introuvable, où que ce soit dans la maison, il part travailler sans. Il s'installe à la bibliothèque et entame ses recherches du jour afin d'écrire pour les autres: étudiants, diplomates, chercheurs, n'importe qui peut lui demander de rédiger un rapport sur les sujets les plus farfelus, que la personne fera passer pour sien. Mais quand notre homme rentre chez lui ce jour-là, le pull couleur mangue est à sa place, comme s'il avait toujours été là...

Ce pull qui change de place tout seul est le point de départ d'une histoire farfelue, mais passionnante, avec un protagoniste original, sa sœur qui est enseignante de surf, un fantôme, un chat, une bergère poétesse tuée dans un lointain passé, une bibliothécaire qui a des ennuis, un mafieux, un corbeau blessé, et sûrement des tas d'autres choses que j'ai oubliées, car j'ai tardé un peu trop à écrire ce billet. Je découvrais tant l'auteur, Jérôme Lafargue, que la maison d'édition, Quidam éditeur, et ça a été très agréable. Je dois quand même dire que j'ai un peu perdu le fil vers la fin et que je n'ai pas été 100% convaincue par les ramifications familiales, mais dans l'ensemble j'ai adoré et j'ai passé un super moment. C'est drôle même quand l'action n'est pas spécialement drôle, et ça se passe juste après le confinement alors ça a quelque chose de familier, et c'est humain en même temps. Une très sympathique lecture détente.

dimanche 3 décembre 2023

La gamelle de novembre 2023

Comme d'habitude, retour sur les activités culturelles du mois écoulé!

Sur petit écran

Pas de film.

Sur grand écran

Le Discours d'un roi de Tom Hooper (2010)

Quel plaisir de revoir ce film! Je l'avais adoré au moment de sa sortie et je l'ai aimé tout autant cette fois-ci. C'est le genre d'instant de grâce que le cinéma réussit parfois à mijoter: acteurs parfaits, mise en scène léchée, propos poignant, et un choix de musique qui me donne des frissons (c'est d'ailleurs pour la musique accompagnant la scène du discours que je voulais le revoir: un morceau de la septième symphonie de Beethoven). Il y a pléthore d'acteurs anglais et ça fait du bien de voir Geoffrey Rush et, surtout, Helena Bonham Carter non grimés (voire de plus en plus ridicules dans le cas de la deuxième!). ET IL Y A DES CORGIS!! DES CORGIS!! Aaaah! Oscar du meilleur film en 2011 amplement mérité.

Le Mépris de Jean-Luc Godard (1963)

J'avais vu ce film dans une autre vie, quand j'étais au lycée, et j'en gardais le souvenir de quelque chose de très chiant. Mon avis n'a pas changé en vingt ans: c'est très chiant. Par tous les dieux, qu'est-ce que c'est chiant. Ça dure moins de deux heures, mais vous les sentez passer. En revanche, je l'ai trouvé très intéressant sous plusieurs aspects. Déjà, la mise en scène très soignée, notamment dans la scène ultralongue dans l'appartement des deux protagonistes, qui vont et viennent dans les différentes pièces en tenant un dialogue haché, assez proche d'un véritable dialogue. Ensuite, la musique, ce thème extraordinaire de George Delerue qui parvient à rendre déchirants des plans absolument lumineux, genre Capri. Enfin, et surtout, pour voir Brigitte Bardot à l'apogée de sa jeunesse, de sa beauté, de son érotisme époustouflant et de sa gloire, et de là se demander tout au long du film si cette œuvre est un monument patriarcal et misogyne – notamment pour ces plans fesses ultralongs, qui semblent vraiment dire "allez-y les mecs, branlez-vous" – ou au contraire une dénonciation de la condition de la femme – on a quand même un producteur de cinéma qui rigole comme un ado attardé devant la vidéo d'une femme nue et qui renverse sa secrétaire devant lui, dans une pose tout à fait pertinente pour un rapport sexuel, pour écrire un chèque sur son dos (coucou, Valmont!). Probablement que, comme souvent, la situation n'est ni noire ni blanche et que le film est un peu des deux.

Les Triplettes de Belleville de Sylvain Chomet (2003)

S'il constitue un bon ajout à ma culture générale, ce dessin animé ne m'a pas du tout enthousiasmée; je n'ai pas aimé les dessins, j'ai trouvé le tout très lent et le côté caricatural m'a saoulée. Il faut toutefois reconnaître que les bruitages sont très réussis et portent parfaitement ce film quasiment dénué de dialogues! (Je découvre que le réalisateur a aussi réalisé L'Illusionniste, que j'ai en revanche adoré au moment de sa sortie.)

Napoléon de Ridley Scott (2023)

Le début a été difficile. Enfin, la première heure a été difficile. De la musique me semblant appartenir au XXe sur des scènes du XVIIIe, une Joséphine Beauharnais hyper sexualisée, un Napoléon qui n'articule pas, une bataille à Toulon à laquelle je n'ai rien compris... Gloups, gloups. Heureusement, ça s'est amélioré en cours de route, avec même quelques scènes franchement saisissantes pendant les célèbres batailles d'Austerlitz (le dernier couple cheval-cavalier à fuir sur le lac) et de Waterloo, avec des choix musicaux plus à mon goût et un contraste saisissant entre la lisibilité des manœuvres vues d'en haut et le chaos du corps à corps. Le film se conclut sur le décompte des morts des guerres napoléoniennes, ce que je trouve très bien, car ce personnage me semble être passé à la postérité sous un jour bien trop positif en France. Et comme toujours chez Ridley Scott, les chevaux sont superbes.

Du côté des séries

Lentement mais sûrement, j'avance dans la saison 2 de Dinosaures.

Et le reste

J'ai lu le hors-série de Mad Movies sur le cinéma de vampires. Après une première partie difficile, énumérant des tas de vieux films dont je n'ai jamais entendu parler, j'ai retrouvé mon enthousiasme habituel pour ce magazine de très haute qualité. Avoir le temps de replonger dans tous ces films et d'en découvrir d'autres, quel rêve ce serait. 🤩 (Comme souvent, Michael Bay en prend pour son grade au détour d'un article qui ne le concerne pas du tout. Je pense qu'ils ont vraiment une dent contre lui chez Mad Movies. 🤣)

En fin de mois, j'ai lu mon Cheval Magazine, comme d'habitude.

mardi 28 novembre 2023

Mitsou ou comment l'esprit vient aux filles (1919) + En camarades (1907)

J'ai beaucoup aimé ce que j'ai lu de Colette, alors je suis toujours heureuse quand le hasard me fait rencontrer un de ses livres. Cette fois, je suis tombée, dans l'entrée de mon immeuble, sur Mitsou, dont je n'avais jamais entendu parler.

Ce roman a peut-être été écrit pour le théâtre, car la première et la dernière partie sont présentées comme une pièce de théâtre, avec le nom du personnage qui prend la parole, des didascalies éventuelles puis la réplique du personnage. La partie centrale, par contre, se compose de lettres.

Au début, on est dans la loge de Mitsou, une actrice de music-hall, durant la Première Guerre mondiale. Arrive Petite-Chose, une autre actrice, qui cache deux soldats dans ladite loge afin qu'on ne découvre pas qu'elle reçoit des hommes. Mitsou les accueille avec une indifférence totale, mais l'un d'eux – le Bleu, ainsi nommé à cause de la couleur de sa tenue – lui tape dans l'œil, à tel point qu'elle demande son adresse à Petite-Chose quelques jours plus tard. S'ensuit une jolie correspondance très sympathique, puis leur rencontre lorsque le monsieur revient à Paris en permission.

Mitsou se lit absolument tout seul et m'a beaucoup plu. J'ai aimé cette rencontre qui n'en paraît pas une et la manière un peu timide dont les deux personnages s'écrivent et font connaissance à distance. Il y a toujours une langue particulière chez Colette, quelque chose d'enlevé et de piquant mais aussi de  très élégant. La fin, en revanche, est plutôt triste, ou en tout cas douce-amère...

Un détail qui m'a marquée: Mitsou doit son nom à son "ami", un homme plus âgé qui l'entretient.

"[...] c'est mon ami qui l'a inventé. C'est un nom fait avec des initiales. Pierre est administrateur de deux Sociétés, l'une qui s'appelle les Minoteries Italo-Tarbaises, et l'autre les Scieries Orléanaises Unifiées. Ça fait M.I.T.S.O.U. : Mitsou."

👀👀👀👀

Un homme qui donne à sa maîtresse un surnom composé des initiales de ses entreprises. Les mots me manquent. Et même si Mitsou ne trouve pas du tout ça étrange, j'ai tendance à penser que Colette avait conscience de la symbolique de la chose.

Dans cette édition du Livre de Poche de 1964, Mitsou est suivi d'une pièce de théâtre, En camarades, que j'ai trouvée plus oubliable. Il s'agit des flirts de deux couples: d'une part, un homme marié qui tourne autour d'une amie de son épouse; de l'autre, ladite épouse, qui se laisse très complaisamment draguer par un homme plus jeune. Ça se lit absolument tout seul, ici aussi, et j'ai trouvé la fin assez rigolote ([divulgâcheur] tous deux rendus jaloux par l'existence d'un ou d'une rivale, le mari et son épouse retournent joyeusement ensemble dans la vie mondaine parisienne [fin du divulgâcheur]), mais ce n'est pas mémorable et ça fait quand même un peu problèmes de riches nombrilistes.

Livres de l'autrice déjà chroniqués sur ce blog
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jeudi 23 novembre 2023

Roman américain (2014)

Il y a quelque temps, TmbM a chroniqué Ada d'Antoine Bello, un livre que j'ai adoré. Il l'a fait avec nettement moins d'enthousiasme que moi, pour être tout à fait transparente. Néanmoins, son billet m'a donné envie de continuer avec cet auteur (comme je l'avais dit à l'époque, il y seulement six ans, tralala). Et comme TmbM recommande Roman américain, que je manque d'argent en ce moment, que je redécouvre par conséquent les vertus des médiathèques et que ma médiathèque a Roman américain dans son catalogue, j'ai commencé par là.

Roman américain se compose de six parties, qui s'ouvrent toutes par un article de Vlad Eisinger dans The Wall Street Tribune, dans lequel le journaliste analyse le phénomène du life settlement, c'est-à-dire la revente de polices d'assurance-vie.

Avant tout, une précision: l'assurance-vie (life insurance) dont on parle ici n'est pas un compte en actions sur lequel vous placez de l'argent, qui (normalement) augmente au fil du temps et que vous pouvez soit débloquer pour récupérer votre mise et ses gains, soit laisser en place pour qu'un bénéficiaire empoche la somme lors de votre mort. Ici, vous payez une prime tous les mois en fonction de la somme que vous voulez que vos bénéficiaires touchent. Par exemple, pour qu'ils aient droit à un million d'euros, vous devrez payer plus cher, de votre vivant, que si vous voulez qu'ils touchent 500 000 euros. Bien sûr, votre état de santé et votre espérance de vie jouent un rôle majeur dans le calcul de vos paiements; vous pairez plus si vous êtes vieux et malade que si vous êtes jeune et en bonne santé.

Aux États-Unis, on peut revendre ce genre de police. C'est tout à fait fascinant. Vous avez besoin d'argent tout de suite? Un acheteur vous verse une partie du capital-décès tout de suite et prend en charge le paiement des primes jusqu'à votre mort. Mais quand vous mourrez, c'est lui qui empochera l'argent. Vous avez de l'argent en main tout de suite, et il a la perspective d'empocher davantage, plus tard.

Apparemment, c'est très lucratif, et il y a même des magouilles pour contourner la période d'incessibilité de deux ans en vigueur dans pas mal d'États des États-Unis. 👀 Il y a aussi eu une vague de cessions de polices de ce type par des malades du SIDA pendant les années quatre-vingt...

Donc. Au début de chaque partie, le journaliste Vlad Eisinger nous parle de cette pratique dans un article. Puis on lit ses échanges de mail avec son ancien camarade d'université Daniel Gsiver et des extraits du journal de celui-ci. Dan vit dans un lotissement de Floride dont de nombreux habitants vivent du marché des polices d'assurance-vie, donc les articles de Vlad remuent la communauté de fond en comble. On y découvre le revenu des uns, les combines des autres, le cynisme d'autres encore. Il y a beaucoup de personnages et j'ai eu du mal à tous les retenir, mais ils sont croqués avec une acidité jubilatoire. La plupart sont des gros cyniques, mais ils ont tous une vraie vie, un vrai relief.

J'ai tout simplement adoré ce roman. J'y ai retrouvé ce que j'avais adoré dans Ada, l'impression d'avoir affaire à un vulgarisateur de talent, qui me donne à comprendre des notions complexes sans que je n'aie à faire le moindre effort. Je vous jure que j'ai tout compris aux articles sur le life settlement et que c'est à peine si j'ai dû relire deux paragraphes pour bien cerner une information, alors que je suis, dans la vraie vie, au niveau zéro de la compréhension de la moindre notion économique ou financière. En parallèle, Vlad et Dan discutent de littérature et de style, le deuxième critiquant les articles du premier et certaines facilités de style ou de construction, ce qui me plaît évidemment beaucoup, et ils s'envoient des anagrammes de noms d'écrivains célèbres. Enfin, le journal de Dan est tout simplement drôle. Le gars est totalement désabusé face à ce qu'il voit. Et il a un projet de falsification d'une page Wikipédia qui interroge la notion même de vérité, ce que je trouve assez vertigineux.

Bref, une réussite. J'espère bien ne pas mettre sept ans à lire un autre roman du monsieur!

Allez donc voir ailleurs si ce roman y est!
L'avis de Baroona
L'avis de TmbM

samedi 18 novembre 2023

La Part de l'autre (2001)

En septembre dernier, lors d'un dîner avec une amie, j'ai évoqué deux œuvres pour illustrer ce qu'est l'uchronie: le comics Superman Red Son et La part de l'autre d'Eric-Emmanuel Schmitt. (Enfin, sur le coup, ça donnait plutôt: "un bouquin sur Hitler par ce gars, tu sais, qui fait de la littérature blanche, mais là son nom m'échappe..." 👀). J'ai lu Superman Red Son dans les jours suivants, et j'ai vite emprunté La Part de l'autre.

Dans ce roman, Eric-Emmanuel Schmitt suit en parallèle deux personnages: Adolf Hitler, jeune homme recalé par l'académie des beaux-arts de Vienne le 8 octobre 1908, et Adolf H., jeune homme reçu par l'académie des beaux-arts de Vienne le 8 octobre 1908. Le premier est le nôtre et suit le destin que l'on connaît, vraisemblablement romancé un minimum pour les besoins du roman (car je suppose que personne ne sait ce que Hitler a fait de la moindre de ses journées avant de devenir... euh, une célébrité?). Le deuxième est un Hitler de fiction qui se consacre à la peinture, se fait des amis à l'académie et connaît un tout autre destin: une correspondance avec la religieuse qui le soigne lorsqu'il est blessé durant la Première Guerre mondiale, une véritable, quoique difficile, carrière de peintre à Paris, des relations avec des femmes, une famille. Le jour J, ils sont identiques. Mais la réponse de l'académie, puis leur réaction à cette réponse et le comportement qu'ils adoptent de jour en jour, en fait deux personnes totalement différentes.

Le roman alterne entre les deux personnages dans des parties assez courtes, allant d'à peine une page parfois à, je pense, une dizaine maximum. J'ai vu dans cette brièveté la seule critique qu'on peut lui faire; le fait de changer de point de vue si vite facilite le propos et allège le bouquin, qui se lit plus rapidement que son épais volume – presque cinq cents pages au grand format – ne peut le laisser craindre. On peut aussi regretter une certaine sexualisation des personnages féminins (ou plutôt que les personnages masculins évoquent le corps des femmes), mais c'est assez léger, vous ne le remarquerez peut-être même pas si votre niveau de tolérance n'approche pas du zéro, comme le mien.

Pour le reste, c'est excellent, voire brillant, et j'en sors totalement convaincue. Les deux personnages sont parfaitement et très différemment caractérisés, et sont de plus en plus différents au fur et à mesure de leur évolution. Le vrai Hitler est peu aimable dès le début, mais il est passionnant, même quand on arrive à la partie vraiment sale de son existence, à partir de sa prise de pouvoir en Allemagne. (Car avant même la Seconde Guerre mondiale et l'extermination des juifs, les mots "abolition de la liberté de la presse" et "parti unique" forment déjà quelque chose de sale.) Le faux Hitler est sympathique, même si parfois un peu mou, et j'ai adoré tous les personnages secondaires de son parcours: ses amis peintres, dont un homosexuel qui fait un coming-out touchant, la jeune Onze Heures Trente qui l'aborde à Paris, et surtout la sœur Lucie, qui écrit une lettre très intelligente en fin d'ouvrage, dans laquelle elle [divulgâcheur] pointe du doigt la différence entre le salaud égoïste et le salaud altruiste, le deuxième étant encore plus dangereux que le premier parce qu'il est convaincu du bien-fondé de son action [divulgâcheur]. Je suis bien d'accord avec elle. Et, toujours, le libre arbitre en toile de fond.

À partir des années trente, quand Adolf H. peint tranquillement à Paris, l'évolution de son univers est aussi très intéressante, puisque, sans Troisième Reich, il n'y a pas de Seconde Guerre mondiale, et donc pas non plus ce qui en a suivi.

Bien entendu, dans la réalité de notre Adolf Hitler, les parallèles avec l'évolution du monde occidental depuis le début du XXe siècle sont nombreux.

"Le stagiaire assurait que son antisémitisme, tout récent, ne se fondait pas sur l'émotion, mais sur les faits ; du coup, il distinguait un antisémitisme affectif, qui conduit aux pogroms et autres violences inefficaces, et son antisémitisme à lui, l'antisémitisme "rationnel", qui visait à éradiquer les Juifs du territoire allemand. Avec lui, on se sentait autorisé à être antisémite, cela devenait une attitude objective, scientifique, moderne."

"Hitler, quoique sanguin, s'était très froidement observé. A travers ses expériences, il avait compris comment se déployait son charisme : gratter les rancœurs, enlever les croûtes, aviver les cicatrices, bien faire saigner pour ensuite proposer des solutions très élémentaires, la simplicité de la solution devant être proportionnelle à la douleur provoquée. Il ne fallait pas raffiner. Il fallait désigner. Montrer du doigt les boucs émissaires : le Juif, la France, la Grande-Bretagne, la république, le bolchévisme. On pouvait parfois assimiler les boucs émissaires afin d'obtenir plus d'effet: ainsi le Juif et le bolchevique, confondus en un judéo-bolchevique, assuraient une superbe acclamation finale, le bouquet étant obtenu par l'amalgame Juif-bolchevique-républicain."

Je suis assez admirative de l'entreprise d'Eric-Emmanuel Schmitt, car cela a dû lui demander un sérieux travail de recherche pour écrire sur le véritable Hitler et une rigueur tout aussi sérieuse pour faire diverger les deux parcours de manière très ténue au début, puis plus marquée. Et aussi parce que le sujet du nazisme est explosif. Si on a envie de chercher la polémique et qu'on a pas mal de mauvaise foi, on peut facilement faire semblant de croire que le roman cherche des excuses à Hitler parce qu'il a été recalé à l'Académie de Vienne, par exemple (et aussi à cause d'une histoire d'hypnose qui, d'après une rapide recherche Google, a peut-être un vague fond de vérité mais est complètement romancée ici). (Et au cas où: non, le roman ne cherche pas d'excuses. Au contraire, son message est l'existence du libre arbitre.) Je ne me serais pas attaquée à un tel sujet il y a vingt ans et, aujourd'hui, cela me semble totalement impossible, vu l'hystérie ambiante et que même les gens qui se revendiquent progressifs musellent la parole publique.

(Et puis, je suis aussi admirative parce qu'il faut avoir le cœur bien accroché pour s'occuper d'Hitler et de ses horreurs pendant tout le temps qu'exige un livre de cette taille. J'ai tendance à penser que je me roulerais en boule dans un coin au bout d'une semaine de travail et que j'abandonnerais le projet.)

Voilà, une sacrée découverte, et un écrivain qui remonte spectaculairement dans mon estime alors qu'il m'avait laissé un souvenir mièvre. Dingue.

Livre de l'auteur déjà chroniqué (très brièvement) sur ce blog
Odette toulemonde et autres histoires (2006)

lundi 13 novembre 2023

Les chats dans la pop culture (2021)

Chronique (ultra)express!

Une encyclopédie sur les chats dans la pop culture, c'est tellement une évidence pour moi que je suis étonnée qu'on ne m'ait offert ce bouquin qu'une fois. Écrit par Stéphanie Chaptal et Claire-France Thévenon, Les Chats dans la pop culture recense une multitude de films, séries et livres mettant en scène des chats, de Gros Minet à Alien en passant par des choses plus improbables, telles que Samourai Pizza Cats (oui, oui, ça a vraiment existé!). Il y a même un chapitre dédié à la science-fiction, avec une interview de L'Épaule d'Orion. J'ai adoré le lire, même si la rédaction pourrait être améliorée. Le seul problème avec ce genre de bouquin, au final, c'est que ça donne envie de regarder et de lire des tonnes de choses et que je n'ai pas le temps... 💔 J'ai toutefois ajouté une chanson des Ramones à ma playlist, ce qui était fort inattendu! 🎶

mercredi 8 novembre 2023

L'apiculture selon Samuel Beckett (2013)

Chronique express!

Martin Page m'étant revenu en mémoire récemment suite au billet de Baroona sur Je suis un dragon, j'ai emprunté le roman grâce auquel j'ai pour la première fois entendu parler de lui, il y a fort longtemps: L'Apiculture selon Samuel Beckett, sorti chez L'Olivier en 2013. À vrai dire, il s'agit plutôt d'une nouvelle que d'un roman, vu que l'ouvrage compte à peine quatre-vingts pages de texte, et assez aéré qui plus est.

Il s'agit du journal de l'assistant de Samuel Beckett, célèbre auteur de théâtre irlandais (mais qui a beaucoup vécu en France) et prix Nobel de littérature en 1969. Beckett recrute l'homme au pied levé pour l'aider à trier les archives qu'il envoie à diverses universités du monde entier, puis pour falsifier lesdites archives, par exemple en y insérant des billets de train achetés dans cet objectif unique et ne correspondant à aucun voyage réel. 👀 Le ton est assez amusant et Beckett a des répliques désabusées et rigolotes (à propos du fait qu'il ne prend pas de poids malgré ce qu'il mange: "L'angoisse, [...] c'est le secret d'une ligne impeccable" 🤣). Franchement, ce n'est pas marquant (à moins qu'on n'apprécie Beckett, j'imagine – moi, je savais juste qu'il a écrit En attendant Godot et je ne savais même pas qu'il était irlandais, donc on ne peut pas me compter parmi les amatrices), mais ça se lit tout seul et c'est un moment agréable. Et il y est effectivement question d'apiculture, Beckett ayant des ruches au cœur de Paris.

Autre livre de l'auteur déjà chroniqué sur le blog
Au-delà de la pénétration (2020)

vendredi 3 novembre 2023

La gamelle d'octobre 2023

Comme d'habitude, retour sur les activités culturelles du mois écoulé, qui ont été très limitées. Je ne sais pas où sont passés ces trente-et-un jours... 🤨

Sur petit écran

Pas de film.

Sur grand écran

La Pat' Patrouille: la Super Patrouille, le film de Cal Brunker (2023)

Trop génial!! J'ai adoré!! Oubliez Marvel, les films de super-héros c'est par ici!! J'ai versé ma larme ❤ Stella ❤❤ C'était merveilleux!!!

Bernadette de Léa Domenach (2023)

Un biopic frais et très amusant sur Bernadette Chirac et son parcours dans l'ombre de son président de mari. Le propos est clair: le cerveau, c'était elle! Bon, je ne pense pas que Jacques était un tel abruti incapable de réflexion, mais j'ai adoré en apprendre plus sur elle et revivre l'histoire de France de 1995 à 2007. En 1998, on entrevoit un magazine people pour ados qui parle des 2 Be 3 et des Worlds Apart. Vous vous rendez compte, si ça se trouve je l'ai acheté et lu, quoi!!

Du côté des séries

J'ai avancé Dinosaures, mais quatre fois moins vite que prévu, car j'ai été prise deux vendredis et j'ai laissé tomber un autre vendredi tellement j'étais sous l'eau. Et comme il y avait quatre vendredis en octobre, ça fait que je n'ai fait qu'une soirée séries et que je n'ai regardé que deux épisodes. Voilà. 🙈
(Regarder des séries un autre jour, me dites-vous? Impossible. Tous les soirs sont blindés.)

Et le reste

Un mois 100% cheval!! 🥳🥳 J'ai lu le Cheval Magazine d'octobre, qui était arrivé trop tard pour que je le lise le mois dernier, et celui de novembre, qui est au contraire arrivé très tôt, genre le 23 octobre. Et j'ai lu Horse and Rider du 13 juillet au 9 août (c'est quoi cette manière de dater un mensuel? 🤨), que j'ai acheté en vacances en Écosse. C'était intéressant en soi, et il est aussi intéressant de voir comment les conseils et les thématiques se recoupent, mais Cheval Mag est plus pointu. 👀

dimanche 29 octobre 2023

The Hobbit (1937)

En 2015 ou en 2016, j'avais dit que c'était la bonne: cette année, je relisais du Tolkien!

Bon. L'année en question est passée. La suivante aussi. La suivante aussi... Mais j'ai fini par m'y remettre!

Je redoute toujours un peu de lire Tolkien parce que je sais que j'ai tendance à tomber dedans pour ne plus m'occuper du monde réel et parce qu'il brasse des émotions très fortes, liées à la qualité intrinsèque de son œuvre et de son message mais aussi à tout ce qu'il a représenté pour moi quand j'étais plus jeune. Je sais que le plaisir sera grand, mais la tristesse aussi.

Heureusement, avec Le Hobbit, il en va un peu autrement. Cette lecture-ci est la quatrième, je pense, mais je ne jurerais pas. Je n'en garde pas un souvenir indélébile comme pour toutes mes lectures du Seigneur des Anneaux. Même si c'est un très bon roman, ce n'est pas un monument absolu; il n'est pas aussi épique que son successeur et il a quelque chose de léger et de drôle qui dédramatise beaucoup de situations. Par exemple, lorsque Bilbo est confronté à des difficultés sur la route, on nous dit souvent qu'il regrette son confortable trou de hobbit et que ce ne sera pas la dernière fois, ce qui fait sourire.

D'un côté, Le Seigneur des Anneaux semble être déjà en germe ici: la communauté de guerriers avec un hobbit inexpérimenté, la montagne pour destination, la descente dans les entrailles de la terre, les araignées, les rivalités entre gentils, les alliés inattendus, l'objet que tout le monde convoite. Et c'est pourtant très différent, comme je le disais.

Bilbo évolue beaucoup au cours de cette aventure: du beauf hobbit moyen s'occupant uniquement de son prochain repas (comme je le comprends 🤤🤤), il devient un roi de la débrouille capable de garder la tête sur les épaules en toutes circonstances (dans les galeries des gobelins, dans le palais du roi des elfes, dans l'antre de Smaug), de se battre (contre les araignées), de sortir toute la bande des ennuis (heureusement que Gandalf l'a recruté, sinon les nains n'avaient aucune chance 🤣) et même de prendre des décisions difficiles ([divulgâcheur] donner l'Arkenstone à Bard et braver ainsi la colère de Thorin pourvu de débloquer la situation à la fin [fin du divulgâcheur]). C'est bien mené, et sans excès non plus, car Bilbo est aussi très satisfait de rentrer chez lui et de laisser ces tracas incessants derrière lui. Le contraire, sa conversion en un dur de chez dur, aurait été moins crédible.

Gandalf est aussi un personnage superbe, bien que très mystérieux (ou peut-être parce que mystérieux, justement), avec toujours le mot juste pour analyser la situation et remettre à leur place ceux qui en ont besoin. Et toujours là pour les tirer des ennuis, lui aussi.

À la fin, lorsque le traitement plus amusant et jeunesse de l'histoire reste de côté, pointe aussi l'"épisme" propre à Tolkien: Smaug qui fonce sur Esgaroth, puis la bataille des Cinq armées, c'est assez spectaculaire et prenant. Je ne sais pas comment il faisait, mais il suffit que Tolkien dise des choses aussi simples que "and a red gleam was in their eyes" et C'EST TROP DINGUE VOUS ÊTES  TRANSPORTÉ DE FOUUUUUS!!!!!! Putain!!!!!! Je voudrais tellement écrire comme lui!!!

La seule chose qui m'emballe moins dans Le Hobbit, ce sont les chansons un chouïa agaçantes des elfes, à base de "tralali" et de "tralala", bien loin de l'idée que je fais de l'elfe tolkienien (mais probablement que l'elfe tolkienien a évolué entre ses deux romans, hihi). Citons aussi l'absence totale de femmes. Le hobbit est un garçon, les nains sont des garçons, les gobelins sont des garçons, le dragon est un garçon, les elfes sont des garçons, les humains sont des garçons, les aigles sont des garçons, les oiseaux qui ne sont pas des aigles sont des garçons, bref on peut légitimement supposer que même les poneys sont des garçons. Un état de fait qui me fait lever les yeux au ciel mais n'entache quand même pas le plaisir de lecture, parce que Tolkien c'était juste dieu sur terre.

mardi 24 octobre 2023

Il deserto dei Tartari (1940)

Il y a quelques mois, lorsque j'ai relu Le K de Dino Buzzati, j'ai émis le souhait de ne pas attendre vingt-cinq ans avant de lire à nouveau cet auteur. Victoire! J'ai acheté Le Désert des Tartares tout de suite après et je l'ai lu assez rapidement.

J'ai déjà lu ce roman il y a une grosse dizaine d'années (oups... plutôt une petite quinzaine, à la réflexion...), et je n'ai pas trop aimé, même si j'ai noté pas mal de citations dans mon carnet de citations de l'époque. Je dois dire que cette deuxième lecture n'a pas été hyper emballante non plus, même si cela est sans aucun doute dû au moins en partie au fait que j'ai repris mon rythme de lecture normal, c'est-à-dire que je lis trop peu pour avoir une vision claire et suivie de ce que je lis. Comme Le Désert des Tartares est justement un livre assez étrange, je pense qu'il vaut mieux le lire avec des sessions de lecture assez prolongées.

Attention, ce billet sera plein de divulgâcheurs.

Giovanni Drogo, jeune soldat, quitte la maison familiale et la ville pour monter à la Forteresse Bastiani, une forteresse isolée dans la montagne, loin de tout, face à une énorme étendue vide qu'on appelle le Désert des Tartares. Il est d'abord horrifié par cet endroit morne, délaissé par l'état-major, où soldats et officiers végètent en attendant un ennemi hypothétique qui ne vient jamais. Il accepte néanmoins de rester quelques mois, puis quelques années. Et puis... la routine s'installe... L'espoir de connaître la gloire au combat renaît chaque jour en regardant l'horizon... Et puis... les années passent...

Le Désert des Tartares est un roman sur la futilité totale de l'existence humaine, le temps qui passe et un mec qui rate sa vie. Drogo s'obstinera jusqu'au bout à croire qu'il a encore le temps – le temps de se distinguer comme soldat, le temps de faire carrière, le temps  d'être heureux –, mais, en fait, il n'en a plus tant que ça, il n'en a jamais eu beaucoup de toute manière, et il aurait fallu courir plus vite pour arriver... où, on ne sait pas, mais arriver quand même.

En soi, ce thème me parle beaucoup, d'une part car ça a quelque chose de consolant de voir que quelqu'un du calibre de Dino Buzzati avait ainsi peur de vivre sa vie sans rien réaliser (il a déclaré très clairement que cette attente interminable était inspirée de ses années au Corriere della Sera, où il attendait sans cesse... quoi? Le scoop qui ferait de lui une star du journalisme?) et d'autre part parce que c'est totalement ce que j'ai vécu durant ma jeunesse. J'avais l'impression que m'attendait dans mon avenir quelque chose de rutilant: un roman de fantasy d'exception que j'écrirais, une histoire d'amour digne d'un roman (mais pas de fantasy, hihi!), une relation fusionnelle avec un cheval hors du commun. Et puis, j'ai commencé à me dire que, à dix-neuf ou vingt ans, ça commençait à être louche que rien de tout ceci ne se concrétise. À quinze ans, c'est normal de n'avoir rien accompli. À vingt, ça l'est moins. À vingt-cinq, ça ne l'est plus du tout. Et maintenant, j'ai bien plus de vingt-cinq ans et il n'y a toujours rien d'exceptionnel, donc bon. La différence entre Drogo et moi, c'est qu'il continue d'espérer et de s'autoconvaincre jusqu'au bout, alors que moi j'ai accepté tout ça il y a longtemps et je profite du peu que j'ai réussi à m'obtenir en me disant que c'est certes naze par rapport à ce que j'espérais, mais c'est toujours mieux que rien du tout...

Bref. Le thème me parle, mais le roman est effectivement tellement dans l'attente et la répétition que je n'ai pas réussi à rentrer totalement dedans. Il se passe bien quelques petites choses, comme l'arrivée de cartographes du pays ennemi et la mort d'Angustina, mais c'est assez maigre. J'ai plus été touchée par la séparation d'avec le monde d'avant: lorsqu'il rentre chez lui en permission, Drogo ne retrouve pas la proximité avec ses proches et se sent bien seul. Puis les gens de la ville vivent leurs vies sans lui, il sort de leur vie, sa maman meurt (un événement décrit simplement par une chambre qui reste vide, mais ça m'a fait tellement de peine), et il se sent de moins en moins à sa place. Il en a été de même pour moi avec l'Italie et tellement d'amis... Un beau jour, tu réalises que tu ne connais même pas le nom de leurs gosses, c'est dire combien tu es sortie de leur vie...

Cette édition Mondadori contient aussi une postface intéressante d'un certain Lorenzo Viganò, et surtout les fac-similés des toutes premières notes de Dino Buzzati sur son roman, dans une écriture serrée et élégante. Le tout se termine par le fac-similé du scénario préparé par l'auteur pour une éventuelle adaptation cinématographique, qui a finalement eu lieu après sa mort et avec un autre script. Deux beaux documents que j'ai été ravie de découvrir ici. Quant à la couverture, c'est un dessin de Buzzati pour Barnabò delle montagne. Le tout forme un bouquin épais de très belle qualité qu'on a plaisir à feuilleter et à avoir dans sa bibliothèque.

jeudi 19 octobre 2023

La Princesse de Clèves (1678)

Lors de son arrivée à la cour d'Henri II, à la fin des années 1550, la jeune demoiselle de Chartres attire tous les regards en raison de sa grande beauté. C'est le prince de Clèves, tombé fou amoureux d'elle, qui a la chance de l'épouser. Mais peu après le mariage, notre protagoniste, devenue Madame de Clèves, rencontre le duc de Nemours, beau gosse et womaniser de service; il tombe immédiatement sous le charme, et elle sent sa vertu chanceler.

Ce roman de Madame de Lafayette décrit essentiellement comment cette pauvre Madame de Clèves va tout faire pour lutter contre l'infidélité: elle s'interdit d'abord de s'avouer ses sentiments, puis, quand ils lui crèvent trop les yeux, elle s'éloigne de la cour et va même jusqu'à avouer à son mari qu'elle en aime un autre – sans préciser qui – afin qu'il l'aide à rester isolée, loin de la tentation. Hélas, le duc de Nemours est nettement moins vertueux; il est amoureux, et il veut cette femme; il va donc tout faire pour la rencontrer, y compris en rentrant sur sa propriété à la nuit tombée et en louant une chambre donnant sur ses jardins afin de l'espionner. Un bel exemple de harcèlement et de masculinité toxique, pour résumer la chose en termes modernes.

La pauvre Madame de Clèves a donc d'autant plus de mérite de lui résister jusqu'au bout et d'être lucide quant au malheur qu'elle éprouverait en cédant aux avances d'un homme connu pour ses nombreuses conquêtes, en raison du coup que cela porterait à sa réputation mais aussi parce qu'il finirait probablement par se lasser. En cela, ce court roman est l'histoire inverse de La Princesse de Montpensier, dans lequel la protagoniste trompe son mari (même si, à peine trois mois après ma lecture, j'ai déjà tout oublié des détails).

Au-delà de cette intéressante histoire "d'amour", La Princesse de Clèves se lit très agréablement car il permet de découvrir la cour de Henri II, fils de François Ier et époux de la grande Catherine de Médicis. Savez-vous que leur fils François, qui deviendra roi de France à la mort de Henri II en 1559 (pour un an seulement, le pauvre ^^), avait épousé Mary Stuart d'Écosse, qui avait grandi en France? Who knew! Les liens de parenté et de pouvoir sont nombreux, complexes et difficiles à suivre (d'où mes notes en cours de lecture sur la photo ci-dessus), mais c'est passionnant. En ce qui concerne le style, il y a pas mal d'usages du français qui ont changé, et les subjonctifs de l'imparfait abondent, ce qui donne à ce livre un charme assez unique. Quelle préciosité, le XVIIe siècle!

"Vous m'étonnez, reprit Mme de Clèves, et je vous ai ouï dire plusieurs fois qu'il n'y avait point de femme à la cour que vous estimassiez davantage."

Le petit truc en plus que je ne veux pas oublier
J'ai trouvé cette édition Edmont Charlot de 1947 dans le coin de livres à donner de ma médiathèque. Les pages étaient clairement non découpées lors de la première lecture, et j'ai eu la chance d'en découper une moi-même, la seule que le ou les lecteurs précédents n'avaient pas coupée! Quel bonheur! Quel voyage dans le temps! Même si la coupe a été bien faite, il y a des irrégularités, ce qui fait que le bord du livre paraît plus épais. C'est merveilleux.

samedi 14 octobre 2023

Récits fantastiques (1831-1857)

J'ai beaucoup de sympathie pour Théophile Gautier en raison de La Morte amoureuse, une nouvelle de vampires que j'ai lue étant ado et qui m'a beaucoup marquée. Du coup, j'ai sauté sur ce recueil intitulé Récits fantastiques lorsque je suis tombée dessus dans l'étagère de livres à donner de ma médiathèque.

La cafetière, conte fantastique (1831)
Un homme passe la nuit dans une chambre pleine de tapisseries. Une histoire très classique, mais efficace et plaisante, que j'avais déjà lue, probablement dans un recueil de nouvelles fantastiques diverses (chez Folio à dix francs, hihihi...).

Onuphrius ou les Vexations fantastiques d'un admirateur d'Hoffmann (1832)
Un texte étrange que j'ai eu du mal à suivre. C'est l'histoire d'un peintre qui a des visions bizarres et se croit persécuté par le diable; par exemple, quand il renverse son pot de pinceaux, il pense que c'est une main crochue qui l'a renversé.

Omphale, histoire rococo (1834)
Un jeune garçon loge chez son oncle, dans un pavillon orné de tapisseries. Le point de départ est le même que dans La Cafetière et il n'y a guère de surprises, mais j'adore ces histoires où le décor du quotidien prend soudain vie et devient... autre chose.

La Morte amoureuse (1836)
Je n'ai pas relu cette nouvelle, car je l'ai (rerere)lue il y a relativement peu de temps, mais je vous la recommande chaudement.

La Pipe d'opium (1838)
Un homme fume l'opium et est pris de visions. C'est, avec Onuphrius, le texte que j'ai eu le plus de mal à suivre. Les hallucinations ne font pas pour moi, je crois.

Le chevalier double (1840)
L'histoire d'un homme à la personnalité changeante, tantôt adorable et tantôt brutal. Il est comme placé sous deux étoiles contraires, car un homme au regard de feu a rendu visite à ses parents quand sa mère était enceinte. Laquelle des deux influcences l'emportera-t-elle?

Le Pied de momie (1840)
Un homme achète un pied de momie délicieusement délicat et petit, dernière relique d'une princesse égyptienne à la beauté légendaire. Mais cette nuit-là, la princesse semble revenir à la vie. Une nouvelle fantastique classique, un parfait exemple du XIXe siècle, qui me laisse penser que Gautier avait un intérêt pour l'Égypte, vu qu'il a aussi écrit une nouvelle intitulée Une Nuit de Cléopâtre.

Deux acteurs pour un rôle (1841)
Un acteur qui rencontre un vif succès pour son interprétation du Diable suscite le mécontentement d'un homme au rire démoniaque, qui décide de le remplacer sur scène...

Le Club des hachichins (1846)
Des consommateurs de haschich se réunissent dans un luxueux hôtel particulier parisien, et le récit suit les visions de l'un d'entre eux. Comme dans Onuphrius et La Pipe d'opium, je n'ai pas guère accroché; les drogues et les visions ne m'intéressent pas beaucoup.

Arria Marcella (1852)
Un texte sur Pompéi, très agréable et sympathique, même si l'idée de départ est... particulière: un homme voit l'empreinte d'un sein parfait dans les cendres de l'éruption et tombe amoureux sur le champ. Sérieux, les nichons, ça vend à n'importe quelle époque.

Avatar (1856)
Un homme aime une femme mariée belle et vertueuse, qui est follement amoureuse de son mari. Désespéré, il dépérit, jusqu'à ce qu'un médecin fraîchement revenu d'Inde lui annonce qu'il a peut-être la solution à son problème. Un texte très sympathique. [Divulgâcheur: c'est une histoire d'échange de corps.]

Jettatura (1857)
Naples, une Anglaise venue profiter du climat chaud pour se remettre de ses problèmes de santé, son fiancé qui lui rend visite, et des Napolitains qui multiplient les amulettes de protection en la présence de ce dernier, car ils reconnaissent en lui un jettatore, celui qui jette le mauvais œil. L'opposition entre la rationalité anglaise et les superstitions napolitaines rappelle beaucoup Dracula, mais l'histoire n'est pas du tout la même.

Dans l'ensemble, j'ai beaucoup aimé ce recueil, qui est porté par une plume très riche, typique de ce XIXe que j'adore. Les phrases sont longues et les adjectifs nombreux, et c'est beau.

Livre de l'auteur déjà chroniqué sur ce blog
La Morte amoureuse + Une nuit de Cléopâtre (1836 et 1838)

lundi 9 octobre 2023

Les BD du troisième trimestre 2023

Grosse catastrophe ce trimestre: j'ai lu à peine une bande dessinée! J'y ai à peine pensé et le temps a filé...

Superman Red Son de Mark Millar (scénario) et Dave Johnson et Kilian Plunkett (dessin), traduit de l'anglais par Nicole Duclos et Khaled Tadil (2003)

Regardez bien ce logo... 👀

Suite à une discussion sur l'uchronie, j'ai eu envie de plonger dans ce comics de la série Elsewhere, dans laquelle DC Comics explore des destins alternatifs pour ses super-héros. Dans ce cas, Superman n'atterrit pas aux États-Unis, mais en Ukraine. C'est-à-dire, en 1938, en URSS. Devenu adulte, il décide de mettre ses superpouvoirs au service de son pays. Aux États-Unis, c'est la stupéfaction et la consternation. Avec une super-arme d'un tel calibre, les armements nucléaires ne valent plus rien. Puis Staline meurt, et Superman lui succède à la tête de l'URSS.

Le pitch est alléchant et j'ai apprécié la réflexion sur la responsabilité du chef d'État, ainsi que le fait que Superman soit réellement, sincèrement attaché aux valeurs communistes avec lesquelles il a grandi et prône la non-violence. Il est aussi assez satisfaisant de voir le capitalisme disparaître, vu que tous les pays se rangent rapidement derrière l'URSS, exception faite des États-Unis et d'un pays d'Amérique du Sud que j'ai oublié. Malheureusement, j'ai eu l'impression qu'on a voulu y faire entrer trop de choses de force: Batman terroriste, Wonder Woman alliée, Green Lantern exploité par les États-Unis, Lex Luthor président... Et la fin ne m'a pas plu du tout. [Divulgâcheur: Superman n'est pas un extraterrestre, mais le lointain descendant de Lex Luthor; l'humanité a évolué physiquement et est beaucoup plus puissante que nous; ses parents, face à une catastrophe imminente, décident de le sauver en l'envoyant dans le passé. Je trouve ça tellement naze.]

Petite remarque rigolote: quand je pense à ce comics, je me dis tout à fait sérieusement "Et si Superman avait atterri en URSS?", comme si Superman était un personnage historique ayant atterri aux États-Unis et influençant notre histoire actuelle. 😄

Éditeur: Panini.

mercredi 4 octobre 2023

La gamelle de septembre 2023

Comme d'habitude, retour sur les activités culturelles du mois écoulé.

Sur petit écran

Pas de film.

Sur grand écran

Carrie de Brian de Palma (1976)


Une adaptation de Stephen King qui, contrairement à bien d'autres, ne traîne pas une réputation déplorable, je ne pouvais pas rater ça. En plus, je connaissais déjà bien l'histoire, même si je n'ai pas lu le roman; j'aime bien Brian de Palma à cause des Incorruptibles, et c'est un réalisateur généraliste, pas un réalisateur de films d'horreurs; donc, je ne risquais pas d'avoir peur. Hmmm. Bon, certes, Carrie n'est pas un film d'horreur ultragore ou effrayant, mais il y a pas mal de tension dans toutes les scènes avec la mère, et la dernière scène m'a TERRIFIÉE. Je suis rentrée chez moi pas tranquille du tout. Mais je suis contente de l'avoir vu; c'est une histoire affreuse de harcèlement scolaire, mais aussi de solitude en général et de haine de la femme, avec des personnages qui trouvent un souffle personnel même quand ils correspondent à des clichés tels que la peste de service ou le beau gosse de la promo. En général, je reproche à Stephen King une vision plutôt navrante de la femme; mais si ce film est aussi fidèle au roman que je le crois, il a montré avec Carrie qu'il a tout compris à l'horreur d'être une fille.
De ce réalisateur, j'ai aussi vu Phantom of the Paradise, Les Incorruptibles et Mission: Impossible.

La Boum de Claude Pinotau (1980) 🎶🎶


Une très belle découverte qui m'a mise d'excellente humeur. Je m'attendais à un film naïf et culcul, mais en fait il réussit très bien à montrer à la fois le point de vue de Vic, l'ado de treize ans obsédée par les garçons et les boums (Sophie Marceau, extraordinaire), et celui de ses parents, qui n'en ont rien à faire des boums. Et surtout, c'est très drôle, je me suis vraiment bien marrée. L'arrière-grand-mère est extraordinaire!!! Bon, par contre, vous avez la musique dans la tête pendant au moins une semaine. La salle était complète et j'ai entendu chanter pendant que je sortais. 😂

Mystère à Venise de Kenneth Brannagh (2023)


Ce troisième opus des enquêtes d'Hercule Poirot mis en scène par Kenneth Brannagh m'a plus convaincue que les précédents (Le Crime de l'Orient-Express et Meurtre sur le Nil). J'ai notamment adoré le mélange entre l'immeuble italien en mauvais état et la fête américaine de Halloween, que j'ai trouvé très réussi, et Michelle Yeoh dégage évidemment quelque chose d'extraordinaire durant sa relativement courte apparition. Je ne dirais pas que c'était un sans-faute, car je trouve qu'il y a tout de même quelque chose de figé dans la mise en scène et le jeu d'acteur, mais c'était très sympathique.
De ce réalisateur, j'ai aussi vu Thor. 🔨

Du côté des séries

Dinosaures – saisons 1 et 2 (1991-1992) 😍🦖


N'ayant pas de série récente qui me motivait, j'ai décidé, après avoir fini la troisième saison de ce cher Geralt, de replonger dans la meilleure série de tous les temps, le quotidien de ma famille préférée, le quotidien de mon BÉBÉ préféré: la série Dinosaures!!! C'est tellement génial. Je galère sur le plan technique, car les DVD ne passent pas sur mon lecteur de salon parce que c'est de la zone 2 et mes vieux ordis dotés d'un lecteur DVD mettent à peu près quinze minutes à comprendre qu'ils ont un DVD dans le ventre. Mais ça en vaut la peine. Je lui consacrerai peut-être un billet dédié un jour. Il y a 65 épisodes et j'en regarde deux par semaine quand tout va bien, donc ça va me prendre trente-deux semaines au moins, j'ai le temps d'y réfléchir.

Et le reste


J'ai feuilleté deux anciens numéros de Livres Hebdo (ça y est! Je suis venue à bout de ma pile!) et j'ai lu Le Monde Diplomatique d'août, que j'ai acheté en raison d'un article sur le yoga. Malheureusement, Cheval Magazine est arrivé trop tard pour que je le lise en fin de mois comme d'habitude, donc il y aura double dose en octobre.