dimanche 23 septembre 2012

Mes Haines (1866)

Mes Haines est un recueil de critiques littéraires que Zola a publiées dans la presse en 1865 et 1866. C'était l'époque où il travaillait chez Hachette, collaborait avec plusieurs journaux et commençait doucement à publier ses propres textes (Les Contes à Ninon, La Confession de Claude, Les Mystères de Marseille).



Pas hyper évident de lire ces critiques 150 ans plus tard. La moitié des auteurs concernés ne sont pas vraiment passés à la postérité et je n'ai lu aucun de ces livres. Avant de m'intéresser à la vie de Zola, je ne savais d'ailleurs même pas que des Goncourt en chair et en os avaient existé avant que ne soit créé le concours littéraire du même nom...

Heureusement, Zola résume toujours l'intrigue et explique bien pourquoi il aime ou n'aime pas ces œuvres et on s'y retrouve assez bien.

Ce que je retiens le plus de ce livre, c'est la préface, que Zola a écrite pour l'édition en volume. Un beau coup de gueule commençant par les paragraphes suivants:

"La haine est sainte. Elle est l'indignation des cœurs forts et puissants, le dédain militant de ceux que fâchent la médiocrité et la sottise. Haïr c'est aimer, c'est sentir son âme chaude et généreuse, c'est vivre largement du mépris des choses honteuses et bêtes.
La haine soulage, la haine fait justice, la haine grandit.
Je me suis senti plus jeune et plus courageux après chacune de mes révoltes conte les platitudes de mon âge. J’ai fait de la haine et de la fierté mes deux hôtesses; je me suis plu à m’isoler, et, dans mon isolement, à haïr ce qui blessait le juste et le vrai. Si je vaux quelque chose aujourd'hui, c'est que je suis seul et que je hais."

Après la préface, se succèdent les textes suivants:

- L'abbé ***
- Proudhon et Courbet
- Le catholique hystérique (déjà lu dans un recueil de textes contre le romantisme; à éviter soigneusement si vous aimez Barbey d'Aurevilly vu que c'est lui, le catholique hystérique)
- La littérature et la gymnastique
- Germinie Latercieux par MM. Ed. et J. de Goncourt (à lire si vous aimez Zola car ce roman l'a beaucoup influencé)
- Gustave Doré (intéressant si on aime cet illustrateur ou si l'on connaît ses dessins)
- Les Chansons des rues et des bois (recueil de poésies de Hugo, que Zola critique comme toujours, mais assez gentiment)
- La Mère par M. Eug. Pelletan
- L'Égypte il y a trois mille ans (pas mal, ça fait rêver!)
- La géologie et l'histoire (intéressant en ce qu'elle nous resitue dans cette époque où certains scientifiques croyaient à une sorte de déterminisme physique; ici l'auteur trace un parallèle entre les caractéristiques géologiques de la France et le caractère des habitants)
- Un livre de vers et trois livres de prose
- Les Moralistes français (M. Prévost-Paradol) (vraiment super, donne envie de lire La Bruyère et La Rochefoucauld!)
- Le Supplice d'une femme et Les deux sœurs
- Erckmann-Chatrian
- M. H. Taine, artiste (pas tout suivi, mais au moins je connaissais Taine grâce à Vie et opinions philosophiques d'un chat)
- Histoire de Jules César (une critique intéressante dans la mesure où ce livre a été pensé par Napoléon III)

En bref, un livre pour ceux qui connaissent déjà Zola et veulent approfondir son œuvre non romanesque. Évitez de commencer par ici si vous n'avez jamais rien lu de lui. :)

jeudi 20 septembre 2012

Différences culturelles France/Irlande

Le grand choc culturel de mes vacances a été le suivant:

En Irlande, le Philadelphia n'est pas au chocolat Milka mais au chocolat Cadburry.


Je n'ai pas tellement aimé le Philadelphia au Milka --je pense qu'il vaut nettement mieux tartiner une tranche de pain de Philadelphia et y poser des carrés de chocolat--, mais je me devais d'en acheter une barquette au Cadburry pour établir une comparaison. Je vous tiendrai informés du gagnant.

L'autre comparaison intéressante, c'est que la grande majorité des station-service affichent les prix de l'essence en centimes. Le litre n'est donc pas à 1,699 euros, mais à 169,9 centimes. Fascinant, isn't it? Malheureusement, j'ai oublié de prendre les prix en photo et vous devrez me croire sur parole...

mercredi 19 septembre 2012

Abraham Lincoln, Chasseur de vampires

OUI!! Je l'ai fait!! J'ai acheté et lu l'improbabilissime biographie d'Abraham Lincoln récemment adaptée au cinéma!!


Il faut dire que je savais qu'une certaine Fée se l'était procurée et que Michel Dufranne en avait fait un de ses "derniers pour la route" dans une émission de Livrés à domicile; alors, quand je l'ai trouvé neuf à 5€ dans le rayon "Bonnes affaires" d'une librairie dublinoise, j'ai franchi le pas...

Et bien il faut dire que j'ai bien aimé. C'est vraiment une biographie et pas un roman, et, si on se laisse aller, c'est franchement amusant. On alterne entre les extraits du journal d'Abraham, des témoignages de tiers et le travail de recherche de l'auteur, avec quelques "images d'époque" représentant le futur Président sur le chemin de la vengeance anti-vampires. Le ton donne donc quelque chose comme: "Nous savons que les Lincoln s'étaient installés à tel endroit à tel moment, et qu'ils étaient mariés depuis x années au moment de la naissance d'Abraham, comme le confirme telle personne les ayant connus à l'époque, qui déclare que blablabla". Il y a aussi une théorie pas mal fichue sur la relation entre vampirisme et esclavage.

Bref, si vous acceptez de lire quelque chose de totalement loufoque, vous vous amuserez bien, vous apprendrez des choses fort intéressantes sur Lincoln (saviez-vous qu'il est issu d'une famille de fermiers pauvres vivant au milieu des bois et de la prairie?) et vous réviserez au passage l'histoire de la Guerre de sécession, ce qui ne fait pas de mal non plus! :)

mardi 18 septembre 2012

Top Ten Tuesday (12)

Le Top Ten Tuesday est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel on liste notre top 10 selon le thème littéraire défini. Ce rendez-vous a initialement été créé par The Broke and the Bookish et repris en français par Iani.


Le thème de cette semaine:
Les 10 personnages les plus énervants

1. Joséphine dans les bouquins "animaliers" de Katherine Pancol. Dommage, d'ailleurs, car ce personnage hautement complexé avait un potentiel d'évolution énorme, dans la mesure où on la rencontre au moment où elle met son mari, qui la trompe depuis des mois, dehors. Ce qui n'est pas rien. Malheureusement, Joséphine reste aussi effacée et victimée tout au long des 2000 pages des Crocodiles, des Tortues et des Écureuils, et les bras nous en tombent un peu.

2. La Reine Guenièvre dans Les Brouillards d'Avalon de Marion Zimmer Bradley. Bigote, immature, terrorisée par la moindre chose, hypocrite, manipulatrice (d'Arthur) et manipulée (par les prêtres). Pulsions d'étranglement incontrôlables en cours de lecture.

3. Lestat de Lioncourt dans les romans d'Anne Rice. Vulgaire (au sens de "manquant de finesse") et imbu de lui-même, tête à claques notoire, pleurnicheur (de larmes de sang) regrettant chacune de ses conneries seulement pour en faire une autre la seconde suivante. Dommage qu'il soit le narrateur et le héros de la grande majorité des Chroniques des vampires... Mais heureusement qu'Anne Rice compense avec ses autres personnages et son écriture que je trouve à tomber. :)

4. Marthe Rougon dans La Conquête de Plassans de Zola, à partir du moment où elle tombe sous la coupe de l'abbé Faujas et entre dans une crise mystique extatique la poussant à passer son temps à genoux à l'église.

5. Fat Charlie dans Anansi Boys de Neil Gaiman. Bon, j'ai déterminé que Neil Gaiman et moi ça ne marche pas, mais un protagoniste aussi mou, c'est juste insupportable!

6. La sœur et la mère d'Elizabeth dans Orgueil et préjugés....... Une mitrailleuse, vite........

Je m'arrête là. Il m'arrive souvent de ne pas aimer des personnages, mais il est quand même assez rare que j'ai ce type de pulsions meurtrières en lisant!

lundi 17 septembre 2012

Ivanhoé (1819)

Pendant mes vacances, j'ai relu Ivanhoé de Walter Scott.


J'aime beaucoup ce roman de chevalerie, même si l'intrigue est relativement invraisemblable (comme toujours chez les Romantiques?) et que les dialogues sont un peu pénibles à lire en VO, car tous les personnages parlent en thou et en art au lieu qu'en you et en are (d'ailleurs, si quelqu'un l'a lu en français, je serai curieuse de savoir comment le/la traducteur/trice a rendu ce côté désuet!). Les nombreuses aventures et les personnages vraiment inoubliables (Wamba!! le Chevalier Noir!! et surtout Rebecca!!) compensent largement ces petits bémol et c'est vraiment un bon moment de lecture.

En revanche, je voulais parler ici d'un point bien particulier, qui m'intéresse beaucoup dans ce roman: environ un tiers du livre aborde ou repose sur l'opposition entre Saxons et Normands, du point de vue social ou linguistique.

L'intrigue se passe en 1194, soit un peu plus d'un siècle après que Guillaume le Conquérant ait conquis l'Angleterre en 1066. Les Normands ont occupé tous les postes de pouvoir. Les nobles anglo-saxons, vaincus, sont désormais les vassaux des Normands. Les Normands parlent "français" (entendre: le français parlé à l'époque en Normandie), les autres parlent le old English (qui n'a franchement rien à voir avec l'anglais actuel), une langue germanique. À la longue, le mélange de ces deux langues donnera le middle English, qui évoluera à son tour jusqu'à donner l'anglais moderne.

L'exemple le plus connu de la coexistence de ces deux langues, comme le souligne le fou Wamba dans les premières pages, et comme votre dévouée blogueuse l'avait appris dans son cours d'Histoire de la langue anglaise, est l'existence de deux mots pour désigner un certain animal (tant qu'il est vivant) puis la viande qui en est tirée (une fois qu'il est mort): ainsi, le cochon est un swine, mais sa viande est du pork; et le bœuf est un ox jusqu'à ce qu'il devienne du beef. Tout simplement parce que les Saxons élevaient les animaux, mais les Normands riches les mangeaient.

Exemple de l'opposition sociale entre Saxons et Normands dans le récit: Cédric le Saxon est brouillé avec son fils Ivanhoé, entre autres, parce que celui-ci a décidé de partir aux Croisades à la suite du roi Richard Cœur de Lion (un Plantagenêt et le fils d'Aliénor d'Aquitaine). Or, les Croisades, c'est un truc de chevalier normand, et, aux yeux de Cédric, il n'y a aucune raison pour qu'un jeune noble saxon y participe...

Il semblerait que Walter Scott a forcé le trait et que les tensions étaient largement apaisées à cette époque, mais je trouve néanmoins cet aspect linguistico-politique très intéressant. Il est amusant de penser que les conquérants normands de l'Angleterre se sont tellement bien "fondus dans la masse" que plus personne ne se souvient de cet élément quand on pense à l'identité anglaise actuelle. En revanche, c'est à la même époque que l'Angleterre (enfin, les nobles Normands vivant en Angleterre) a commencé à envahir l'Irlande, et là-bas le "mélange" entre conquérants et vaincus n'a jamais eu lieu, la société étant restée très nettement découpée entre Irlandais parlant le gaélique et occupants anglais.

Voilà, vous savez tout de mes indispensables pensées de linguiste sur le sujet. :)

dimanche 16 septembre 2012

Rentrée

Rentrée (de vacances), dépitée par la rentrée (professionnelle) qui s'annonce demain. Heureusement, j'ai de quoi me consoler.

Quelques bouquins en anglais pour cet automne...


....un marque-pages magnétique qui semble avoir été pensé exprès pour moi...


...et un coffret de six documentaires de Discovery Channel réalisés en 1996: "When dinosaurs ruled". L'image de synthèse a horriblement vieilli, mais le premier documentaire (sur le Tyrannosaure) était très intéressant. J'espère que la suite de la série sera à la hauteur.

mercredi 5 septembre 2012

Sepúlveda

Comme je le disais il y a une quinzaine de jours, j'adore Luis Sepúlveda et ses merveilleux livres. J'ai donc été tout particulièrement ravie de découvrir que Terra Eco, le magazine du développement durable, lui consacrait sa rubrique Portrait à l'occasion de la sortie française de son dernier livre, Dernières nouvelles du Sud.



L'article n'est pas long (un recto-verso), mais c'est une bonne manière de découvrir cet auteur si vous ne connaissez pas son histoire mouvementée. Et puis, ce sera une bonne occasion de mélanger littérature et modernité en lisant un magazine vraiment fantastique, plein d'optimisme et d'énergie pour construire un monde de demain un peu moins navrant que celui d'aujourd'hui. :)

mardi 4 septembre 2012

Michael Clarke Duncan

Je n'ai pas l'habitude de m'apitoyer sur le décès des stars de cinéma, mais la mort de Michael Clarke Duncan m'attriste vraiment beaucoup. D'une part parce que je ressentais une réelle sympathie pour lui, même si cela est absurde, dans la mesure où un acteur n'est pas son personnage... Et d'autre part parce qu'il me semble que cet acteur vraiment excellent n'a pas eu le succès qu'il méritait auprès du grand public. À part ce rôle vraiment magnifique dans La Ligne verte, je ne l'ai vu au cinéma que dans un rôle assez oubliable dans Daredevil et dans une petite apparition dans Sin City. Moi, si j'avais été réalisatrice, je lui aurais donné le premier rôle dans tous mes films...


**Soupir.**

Laissons-le avec les paroles de son personnage, une des citations qui m'ont le plus marquée dans La Ligne verte: "John Coffey. (...) Coffey like the drink, only not spelled the same way."