dimanche 30 janvier 2022

Vampires Never Get Old. Tales With Fresh Bite (2021)

Les vampires ne vieillissent jamais. Mais est-ce qu'ils peuvent survivre au young adult et au wokisme? 🙈

Bon, blagues et provoc' gratuite à part, ce recueil de nouvelles de la maison britannique Titan Books – liée de près à Forbiden Planet, chaîne de magasins pop culturelle 😉 – dirigé par Zoraida Córdova et Natalie C. Parker donne la parole à une dizaine d'autrices et d'auteurs young adult, dont les editrixes en personne, pour proposer un nouveau point de vue sur la figure centenaire du vampire. En effet, les vampires sont majoritairement "des hommes, blancs, cisgenres, hétéros et valides" (je traduis) et nos editrixes avaient envie de changement.

En dépit de quelques bons éléments, le résultat n'est pas bien marquant. Bien que les editrixes semblent croire que les textes réinventent le genre, j'y ai surtout vu du young adult simplet, à commencer par la rédaction: je crois que toutes les nouvelles sont à la première personne et au présent, ce qui a probablement vocation à rapprocher le narrateur du lecteur mais me semble surtout désespérément digne d'un roman pour CE1. Il y a aussi cette manie du young adult (peut-être issue des cours d'écriture créative?) de "montrer sans dire" (le célèbre "show, don't tell") en détaillant, à chaque putain de réplique, ce qu'un personnage fait: il hausse les épaules, il rejette une mèche de cheveux en arrière, il relève les yeux, il regarde son interlocuteur, etc. etc. Je ne supporte plus ce procédé car les romans que je traduis en sont blindés et que ça rend vite un traducteur zinzin de traduire du vent ou dix mille fois la même chose...

Point de vue histoires, on est dans un contexte résolument moderne, même si les thèmes du deuil et du choix restent intemporels. Je ne cite que les textes dont j'ai retenu un minimum quelque chose. Les autres sont déjà oubliés...

Le seul texte un peu inquiétant est The Boys from Blood River de Rebecca Roanhorse, avec son juke box qui diffuse une chanson que personne ne connaît. Sinon, j'ai apprécié Seven Nights for Dying de Tessa Gratton, dans lequel la narratrice a, justement, sept nuit pour décider si elle veut devenir une vampire ou non – un délai de réflexion que j'ai trouvé intéressant pour une décision qui vous engage pour... bein pour toujours, en fait, et qui est souvent bâclée ou subie. A Guidebook for the Newly Sired Desi Vampire de Samira Ahmed se passe en Inde ou est lié de très près à la culture indienne, ce qui change agréablement du monde anglo-saxon, même si je n'ai saisi aucune des références culturelles. Mirrors, Windows & Selfies de Mark Oshiro n'est pas marquant dans son récit, mais a quelque chose d'amusant pour moi car il se compose.... de billets de blog. 😉

Enfin, In Kind de Kayla Whaley m'a fait réfléchir à la valeur que j'accorde à la vie des personnes lourdement handicappées: dans ce texte, la narratrice est en fauteuil roulant et la vampire qui l'a transformée lui a en fait sauvé la vie, son propre père l'ayant étouffée avec un oreiller. Aux yeux de la société, cet homme n'est pas un meurtrier; les médias parlent de "mercy killing", c'est-à-dire de "mort miséricordieuse". Sous-entendu, la jeune femme avait une vie pourrie et il lui a pratiquement rendu un service en la tuant. J'ai passivement adopté ce point de vue jusqu'à ce que je comprenne que la narratrice – qui est la principale intéressée, vu que c'est de sa mort et de sa vie dont on parle – n'était pas du tout du même avis. Son handicap faisait partie d'elle et elle voulait vivre. Voilà qui fait réfléchir...

Et voilà. Un recueil très oubliable pour moi, malgré les points positifs que j'ai abordés ici. C'est un peu la plaie de certains bouquins de young adult: même quand ça part d'une démarche louable et que ça parle de thèmes pertinents, c'est plat...

mardi 25 janvier 2022

La Débâcle (1892)

Après quatre ans de lectures enthousiastes, ma relecture des Rougon-Macquart en compagnie de Tigger Lilly approche de sa fin. La Débâcle, paru en 1892, est en effet le dix-neuvième et avant-dernier tome de la saga. Il ne nous reste maintenant qu'à relire le Docteur Pascal et la grande épopée sera terminée...

Pour cette étape militaire, nous étions de nouveau accompagnées de notre Baroona (inter)national.

L'intrigue
En août 1870, Jean Macquart, que nous avons connu dans la Terre, a repris du service et est caporal dans le 106e régiment de ligne de l'armée française. Son escouade réunit cinq ou six membres, dont Maurice Levasseur. Au début, les relations entre les deux hommes sont tendues: le deuxième, plus instruit, méprise fortement le premier, qu'il considère comme un rustre. Au fur et à mesure que les marches insensées de l'armée française se succèdent, toutefois, une amitié solide va se forger entre eux et les aider à surmonter les difficultés grandissantes, jusqu'à l'affrontement terrible contre les Prussiens à Sedan.

Un roman militaire
La Débâcle est le roman de guerre de Zola. Commençant en août 1870, il tourne essentiellement autour des journées précédant la bataille de Sedan, puis autour de cette bataille en particulier. Tout est raconté avec beaucoup de minutie: organisation de l'armée française, quotidien des soldats, mouvements de troupes, ordres des généraux ou de Paris, positions des Français et des Prussiens... Zola a bien fait ses devoirs, comme d'habitude. Pour ma part, j'ai vite décidé qu'il était inutile que j'essaye de comprendre avec précision qui était où (et encore, mon édition du Livre de Poche comprend deux cartes de Sedan et des environs!) et j'ai simplement suivi les aventures de nos personnages, dont ressortent deux éléments majeurs: la désorganisation de l'armée française et la supériorité technique, organisationnelle et stratégique de l'armée prussienne.

Des va-et-vient insensés
En juillet 1870, la France déclare la guerre à la Prusse (je vous invite à lire la page Wikipédia sur le pourquoi du comment: ça me semble particulièrement insensé) et nos personnages zoliens partent à la guerre avec le sourire, convaincus qu'ils vont botter le cul des Prussiens rapidement et proprement. Hélas pour eux, les défaites se succèdent et Jean et Maurice sont pris dans des mouvements de troupes insensés: pendant plusieurs chapitres successifs, ils avancent puis reculent, puis changent de direction, puis font du surplace, au gré des ordres contradictoires venus d'en haut. Un temps, l'armée semble se replier sur Paris pour la défendre, puis il faut aller à la rencontre de l'ennemi, puis on ne sait plus, puis on réavance, puis on ne sait plus, etc. On partage totalement le désarroi des soldats, qui sentent bien que l'armée manque d'un commandement net. Bien sûr, ces mouvements de troupes chaotiques entraînent d'énormes problèmes logistiques, les convois de nourriture se retrouvant au mauvais endroit. Et comme disait Napoléon (le premier!), "une armée marche à son estomac"...

Un Empereur perdu
Après jenesaisplusquelle défaite, Napoléon III a perdu le commandement direct de l'armée, qui a été confié en partie à l'Impératrice régente et en partie à jenesaisplus quel général. Là aussi, désaccords sur la stratégie à suivre, ordres insensés, tout ça. Ce qui est intéressant, c'est que Napoléon III, présent aux côtés de ses troupes dans l'Est de la France, fait furieusement pitié. Dans les romans précédents, c'était une figure floue, toute-puissante et assise sur un tas d'or aux Tuileries dans la Curée ou un chef de gouvernement planant un peu dans Son Excellence Eugène Rougon, avec, dans tous les cas, un contrôle rigoureux de l'opposition. Donc, bon, pas le genre de dirigeant pour qui vous avez envie de verser une larme. Là, le pauvre homme est au bout de sa vie. Il sait qu'il ne sert à rien, vu qu'il a perdu tout pouvoir exécutif, et il sait même que la défaite face aux Prussiens est inévitable. Il traîne sa carcasse d'homme malade de maison en maison et ne peut rien faire, jusqu'au moment où, dans un sursaut, il décide de hisser le drapeau blanc sur Sedan, mettant ainsi fin au massacre. Et encore, même là, il est obligé d'attendre la signature d'un général! 

Ah ! ce misérable empereur, à cette heure sans trône et sans commandement, pareil à un enfant perdu dans son empire, qu’on emportait comme un inutile paquet, parmi les bagages des troupes, condamné à traîner avec lui l’ironie de sa maison de gala, ses cent-gardes, ses voitures, ses chevaux, ses cuisiniers, ses fourgons, toute la pompe de son manteau de cour, semé d’abeilles, balayant le sang et la boue des grandes routes de la défaite !

La débâcle du Second Empire
Comme son nom l'indique, la Débâcle parle de la grande défaitede l'armée française à Sedan – éreintée par des jours de marche et plusieurs défaites, elle met le cap sur Sedan et les Prussiens parviennent à encercler la ville –, mais aussi de la chute du Second Empire au sens large. La saga des Rougon-Macquart est étroitement liée au Second Empire et  se termine avec lui. Le Docteur Pascal, dans mon souvenir, fait plus office d'épilogue et de bilan. Zola voit dans cette défaite militaire la chute d'un monde pourri de l'intérieur par l'excès d'argent, entre autres, et considère la guerre comme un gros coup de balai qui remet les compteurs à zéro; la chose est exprimée par Maurice à la fin du roman et est confirmée par un article publié par Zola dans le Figaro à propos de Sedan, repris dans mon édition du Livre de Poche. La guerre comme mal nécessaire et cyclique permettant aux sociétés d'avancer, ce n'est pas du tout mon point de vue sur la question, mais ça a quelque chose de dantesque sous la plume de Zola...

Des personnages humains
En parallèle des faits militaires et du contexte politique, Zola met en scène de nombreux personnages, et la Débâcle est avant tout leur roman. Jean et Maurice, en leur qualité de soldats, portent la plupart des chapitres et permettent au lecteur de voir la guerre de l'intérieur. Mais on s'attache aussi à d'autres soldats, comme Honoré, qui porte la cicatrice d'un amour déçu, Prosper, qui prend grand soin de son cheval Zéphyr, ou Bouroche, le médecin qui soigne et ampute dans Sedan assiégé. Et on rencontre plusieurs civils: Henriette, la sœur de Maurice, Weiss, son époux qui fera une fin épique face aux Prussiens (à croire que le personnage a en fait été écrit par David Gemmel, grand spécialiste des combats désespérés!), les Delaherche qui mettent une touche de normalité bourgeoise et de vaudeville dans tout ça... De "petites gens" qui permettent de voir la guerre d'un autre point de vue et d'en mesurer toute la portée, au-delà des champs de bataille et des morts.

La guerre et ses conséquences
Le roman ne s'arrête pas avec la défaite de Sedan, puisque toute la troisième partie raconte l'après-Sedan: traitement inhumain des prisonniers français, occupation allemande, organisation des civils pour reprendre leur vie comme faire se peut, poursuite du combat ailleurs en France... Le constat, pour moi, est complètement déprimant: la violence appelle la violence et la guerre appelle la guerre, dans une succession insensée où les responsables politiques ne répondent pas réellement de leurs actes puisqu'ils ne sont pas sur le terrain en train de mourir. C'est d'autant plus consternant dans le cas des conflits franco-allemands, car, contrairement à Zola, le lecteur du XXIe siècle connaît les évènements de 1914 et 1940. Quant aux deux derniers chapitres, ils [divulgâcheur] tracent un portrait désolant de la Commune, comme une parenthèse insensée et sanglante, qui m'a confortée dans mon rejet des révolutions. Mais Paris qui brûle, holàlà, c'est un des panoramas les plus incroyables que Zola ait jamais peints! [fin du divulgâcheur]

Bref, un roman dur et cruel, plein de sang et de clairons, mais aussi de sentiments forts entre humains noyés dans la guerre. Et comme d'habitude, ça se lit tout seul parce que Zola écrivait comme un dieu. Un indispensable de plus!

Allez donc voir ailleurs si cette débâcle y est!
L'avis de Baroona
L'avis de Tigger Lilly

jeudi 20 janvier 2022

Bilan 2021 – Lectures

Après le bilan cinématographique, retour sur les lectures de 2021. Et par chance, c'est nettement plus reluisant!

Niveau chiffres, la tendance à la baisse se poursuit, comme les trois dernières années, avec 58 lectures. C'est moins que les 62 de 2020 et encore moins que les années précédentes. Mais vu que je n'ai pratiquement pas lu en novembre et en décembre, je craignais pire et j'ai l'impression d'avoir bien géré. 😃

Le comptage de fin d'année a également fait ressortir un fait qui m'étonne moi-même: sans le faire exprès et sans en avoir la moindre idée, j'ai, certainement pour la première fois de ma vie, lu plus de femmes que d'hommes. Et on peut même dire beaucoup plus: 34 livres écrits par des femmes, contre seulement 24 écrits par des hommes! Je suis stupéfaite!

Les géants

Deux romans dépassent largement les autres, à tel point que je suis incapable de les départager: Rebecca de Daphne du Maurier (chronique) et Watership Down de Richard Adams (chronique). J'ai tendance à penser que Rebecca est encore supérieur car plus élégamment écrit, mais Watership Down réussit l'exploit de faire parler des lapins, alors, vraiment, je ne me sens pas en mesure de décider.

Je tiens également à citer We Have Always Lived in the Castle de Shirley Jackson, une histoire d'enfermement sur soi doublée de pensée magique. Chronique.

Les séries

Cette année aura été marquée par quelques séries de qualité.

J'ai conclu la Passe-Miroir de Christelle Dabos avec la Mémoire de Babel (chronique) et la Tempête des échos (chronique). Hélas, la deuxième moitié de la saga m'a beaucoup moins plus que la première, mais ça reste une série intelligente et bourrée d'inventivité que je recommande.

J'ai lu la trilogie d'une nuit d'hiver de Katherine Arden. Un délice. Merci à l'amie qui m'a offert le premier tome. Avec le recul, je trouve aussi amusant d'avoir lu ces romans d'inspiration russe l'année où j'ai repris le russe, même si les deux choses n'ont aucun rapport. Chroniques ici, ici et ici.

J'ai découvert avec grand plaisir la détective Bruna Husky de Rosa Montero, ce qui m'a également permis de lire un peu en espagnol. J'ai hâte de continuer! Chroniques ici et ici.

Les tant attendues

En 2021, j'ai enfin lu Daphnee du Maurier, Shirley Jackson, Sylvie Lainé et Becky Chambers, que je voulais lire depuis des lustres. Yeah!

Les inattendues

J'ai aussi lu une autrice que j'ai découverte récemment, Benoîte Groult, et une autrice que je ne voulais pas lire mais qui a su me captiver, Kameron Hurley.

Le pavé

J'ai terminé l'intégrale des nouvelles d'Arthur C. Clarke, qui m'a demandé plusieurs mois de labeur. Un grand écrivain et un grand visionnaire. 😍 Chronique.

La relecture au long cours

Lentement mais sûrement, j'ai continue à relire les Rougon-Macquart d'Émile Zola avec Tigger Lilly et Baroona. Un plaisir constant, Zola étant l'immense écrivain qu'on connaît.

Du côté des revues

Depuis quelques années, j'ai pour ambition de lire une revue par mois en plus de Cheval Magazine. Objectif atteint en 2021 avec 16 revues. J'en ai tiré une nouvelle bonne résolution que j'espère transformer en habitude: lire Le Monde diplomatique deux fois par an. J'ai aussi lu de nombreux Livres Hebdo, mais plutôt en diagonale.

Du côté des BD

En volume, j'ai lu 21 bandes dessinées ou comics cette année. C'est beaucoup moins que les années précédentes, certainement parce que les intégrales de Hellblazer sont de gros pavés demandant beaucoup de temps. J'ai aussi lu une soixantaine d'épisodes de X-Men en fin d'année. Chaque épisode faisant seulement vingt-deux pages, j'ai du mal à compter ça comme "une vraie BD", mais, cumulés, ça fait tout de même un sacré volume.

Et la pile à lire dans tout ça?

Pioupioupioupiou! Après des années de baisse, la pile à lire s'est réveillée et a craché du feu, passant de dix à pas moins de 31 volumes. En pourcentage, ça fait +210%, si je ne trompe pas – le calcul me semble tellement simple que je crains d'être à côté de la plaque. Pioupioupioupiou! 🤣

samedi 15 janvier 2022

Bilan 2021 – Cinéma

Comme toujours, on commence la nouvelle année en se penchant sur l'année écoulée, et on commence par le cinéma!


Après le bilan très modeste de 2020, le bilan de 2021 est... euh... navrant? Déjà, les cinémas ont été fermés pendant cinq mois. Ensuite, j'ai mis un mois à y aller après la réouverture, probablement parce que c'était une période chargée professionnellement, mais je ne me souviens plus vraiment. Durant l'été, je suis partie un mois loin des salles. En fin d'année, je suis tombée dans un trou noir professionnel; je regrette d'ailleurs la période où j'étais seulement "chargée".

Résultat: seize séances cette année. C'est-à-dire rien qui justifie un abonnement illimité.

En plus, on ne peut pas dire que tout ça soit super marquant. Seuls cinq films sortis cette année me semblent réellement dignes d'intérêt: Nomadland, Shang-Chi et la légende des dix anneaux, Dune, le Dernier duel et les Éternels. Et encore, aucun de ces films n'est un coup de cœur majeur. Nomadland m'a quand même un peu ennuyée, Shang-Chi est très sympa sur le coup mais pas marquant, Dune est réalisé avec maestria mais ne m'a pas touchée, le Dernier duel est un film important mais épouvantable à endurer et pas convaincant sur tous les plans, et les Éternels est super mais pas franchement bouleversant non plus...

Voilà.

Au final, ce que j'ai préféré au cinéma cette année, comme l'année dernière, c'est de revoir les vieux films. Si Starship Troopers ne m'a pas séduite, j'ai en revanche adoré voir Basic Instinct et Moulin Rouge sur grand écran. ❤❤ Pour 2022, je guette donc les séances UGC Culte et UGC Memories avec beaucoup plus d'attention que les sorties... 😜

lundi 10 janvier 2022

Les BD du quatrième trimestre 2021

Comme tous les trimestres, retour sur mes dernières lectures de bandes dessinées et de comics.

Garth Ennis présente Hellblazer. Volume 1 de Garth Ennis (et de multiples dessinateurs), traduit de l’anglais par Philippe Touboul (2015)


Après les trois volumes Urban consacrés aux numéros de Hellblazer scénarisés par Jamie Delano, j’ai attaqué le premier des trois volumes consacrés à Garth Ennis. On a ici les numéros 41 à 50 et 52 à 56 (qui du numéro 51? Je n’en sais rien), parus à l’origine en 1991 et 1992. Les numéros 41 à 46 forment une histoire complète (un "arc", je crois), tout comme les numéros 52 à 55. Les autres sont des histoires indépendantes en un seul épisode. Le texte est beaucoup moins dense et verbeux que chez Jamie Delano, ce que j’ai apprécié, et les histoires sont plus prenantes. Le premier cycle parle notamment du cancer du poumon de John Constantine, qu’on retrouve dans le film avec Keanu Reeves. Le numéro 50 est très réussi et permet de revisiter le passé du personnage. Je n’ai que deux reproches: le dessin est toujours d’une grande laideur (parfois, ça sert l’histoire car on a affaire à un démon dégueulasse, mais généralement c’est plutôt douloureux à regarder) et l’opposition entre pauvres et riches est plus manichéenne que précédemment. Chez Delano, on sentait le Londres punk et déshérité des années 80; ici, on a plutôt l’impression que tout représentant de l’ordre établi, qu’il soit religieux ou politique, est un méchant par définition.
Éditeur: Urban Comics

La jeune femme et la mer de Catherine Meurisse (2021)

La nouvelle bande dessinée de Catherine Meurisse nous emmène au Japon, où notre dessinatrice préférée est partie en résidence artistique. L’album est simple, beau et drôle (le tanuki!! 😍) et se lit avec plaisir. Il ne m’a pas touchée avec la même force que les Grands espaces, et de loin, mais je l’ai offert à des personnes qui connaissent ou espèrent connaître un jour le Japon.
Éditeur : Dargaud

Garth Ennis présente Hellblazer. Volume 2 de Garth Ennis (scénario) et Steve Dillon et William Simpson (dessin), traduit de l’anglais par Philippe Touboul (2015)

Le deuxième volume des numéros de Hellblazer scénarisés par Garth Ennis m’a encore plus enthousiasmée que les précédents. En effet, le dessin s’améliore nettement grâce à Steve Dillon. Et comme le dessin était mon principal problème dans cette série, ça a changé pas mal de choses! On a ici les numéros 57 à 71, plus un numéro non numéroté (pourquoi?) et un spécial, originellement publiés de 1991 à 1993. Le fait que les numéros s’enchaînent sans qu’aucun numéro ne saute, contrairement aux volumes précédents où il manquait parfois dix ou vingt numéros parce qu’ils avaient été scénarisés par une autre personne, m’a aussi aidée à bien suivre les histoires, même si elles sont dans la plupart des cas indépendantes les unes des autres. On parle de démons, d’anges déchus, de Kit, la compagne de Constantine, de gens déshérités… J’adore!
Éditeur: Urban Comics

Garth Ennis présente Hellblazer. Volume 3 de Garth Ennis (scénario) et Steve Dillon, John Higgins, William Simpson, Peter Snejberg et Glyn Dillon (dessin), traduit de l’anglais par Philippe Touboul (2016)

Le troisième et dernier volume des numéros de Hellblazer scénarisés par Garth Ennis est dans la droite lignée du précédent. Je me suis habituée au dessin de Steve Dillon, qui était, de base, bien meilleur que les dessinateurs précédents, et j’aime bien les couvertures de Glenn Fabry. J’ai aussi été ravie de retrouver Kit, l’ex-petite amie de John Constantine repartie en Irlande, même si elle est sortie de la vie de notre héros, car elle mérite bien un numéro dédié. Sinon, c’est toujours fort plaisant à lire, même si, parfois, je ne saisis pas l’enchaînement entre deux cases. À ce stade, je peux dire sans hésitation que j’adore Hellblazer et John Constantine, même s’il la ramène tout le temps avec les fantômes de son passé. 😉
Point de vue éditorial, on a ici les numéros 72 à 83, un numéro non numéroté, Hellblazer: Heartland (encore une fois: pourquoi?), puis les numéros 129 à 133 et un autre numéro non numéroté, Winter’s Edge numéro 2. Les publications originales datent de 1993, 1994, 1998, 1999 et 2016.
Éditeur: Urban Comics

All New X-Men Vol. 1 #1 à 30 environ (2012-2014) et Uncanny X-Men Vol. 3 #1 à 35 (2013-2015) de Michael Bendis (scénario) et de multiples dessinateurs, traduit de l’anglais par Jérémy Manesse

Ma conscience professionnelle n'ayant décidément aucune limite, j’ai lu avec attention les 35 épisodes de la série Uncanny X-Men Vol. 3 de Michael Bendis afin de me familiariser avec quelques X-Men en particulier et j’ai lu en diagonale une trentaine d’épisodes de la série All-New X-Men Vol. 1, qui, je l’ai vite compris, est étroitement imbriquée avec la première. Le contexte politique est intéressant, car les autorités emprisonnent sommairement pas mal de jeunes mutants et que le S.H.I.E.L.D. recherche activement Cyclope, coupable du meurtre de Charles Xavier. Cyclope a fondé une nouvelle école quelque part au Canada, tandis que c’est Wolverine qui dirige le célèbre manoir de Xavier. J’ai apprécié certains personnages (Illyana Raspoutine!!!!), traits d’humour (Maria Hill, la directrice du S.H.I.E.L.D., n’en peut plus d’entendre parler des mutants 🤣) et dessinateurs, mais j’ai souffert les peines de l’enfer avec les multiples voyages dans le temps. La série All-New X-Men commence en effet par l’arrivée, dans notre présent, des cinq premiers X-Men, ramenés du passé par le Fauve. Mais il y a aussi des voyages des personnages du présent dans l’avenir, des voyages dans notre présent de X-Men du futur, et ainsi de suite, enfin c’est un gros bordel temporel et quand on n'aime pas le voyage dans le temps..... Dans la foulée, j’ai réécouté l’émission des GGComics consacrée à Bendis et celle consacrée à Cyclope, un personnage que les films n’ont guère mis en valeur mais qui est en fait hyper important. Il faudrait que je lise les séries scénarisées par Chris Claremont, qui ont très bonne réputation, car j’aime bien le potentiel épique et politique des X-Men.
Éditeur: Panini (en kiosque) (je précise que je mesure la chance que j'ai de partager la vie de quelqu'un qui a acheté des comics en kiosque pendant trente ans et que je le bénis tous les jours!)

mercredi 5 janvier 2022

La gamelle de décembre 2021

En décembre, j'ai sombré dans un trou noir professionnel. Je dis tout le temps que le mois est passé trop vite et que je n'ai eu le temps de rien, mais là, c'est particulièrement marqué, à tel point que j'ai dû laisser le blog en friche une quinzaine de jours, après des années de publications à la régularité métronomique. Aujourd'hui, je vais donc essentiellement vous parler du dernier Marvel, les Éternels! (Enfin, il y a eu Spider-Man entre-temps, mais je m'en fous, j'aime pas les multivers!)

Comme d'habitude, j'espère faire mieux à l'avenir, mais le trou noir devrait durer une bonne partie de 2022, alors je ne peux que croiser les doigts!

Sur petit écran

The Witcher. Le Cauchemar du loup de Kwang Il Han (2020)

Un petit dessin animé sympathique pour explorer l’univers de la série The Witcher et patienter en attendant la saison 2. Je n’ai guère aimé l’animation, malheureusement, et j’ai eu un peu de mal à suivre les dialogues au début. Mais dans l’ensemble j’ai beaucoup apprécié l’histoire et les personnages, surtout les deux protagonistes féminines qui sont très différentes l’une de l’autre. Et c’est l’occasion de rencontrer Vesemir, le sorceleur qui a formé Geralt. Et puis très clairement, j’adore l’univers qui allie fantastique et fantasy, c’est tellement ce dont j’ai toujours rêvé!

Sur grand écran

Les Éternels de Chloé Zhao (2021)

Une très belle découverte, que j'ai vue juste à temps, un mois et demi après sa sortie! Les Éternels me semble être aux films Marvel ce que les Animaux fantastiques est à Harry Potter: un nouveau départ avec un ton différent, qui reste dans le prolongement des précédents mais fait tout différemment. Ici, la photographie est soignée et la mise en scène est pratiquement contemplative (qui aurait cru dire ça d’un Marvel, sérieux?), avec des tas de scènes où les personnages restent les bras ballants et/ou se regardent dans les yeux. Chloé Zhao, réalisatrice de Nomadland (jamais je n'aurais cru la retrouver chez Marvel, ni Marvel confier ses millions à un ou une réa ayant réalisé ce type de film, ce sont juste deux galaxies séparées... 🤯) réussit à poser tous ses personnages avec brio et j’ai adoré suivre les Éternels tout au long des cinq millénaires qu’ils ont passés sur Terre, parmi les plus grandes civilisations humaines. J’ai aussi adoré voir une équipe multiethnique sans que cela ne soit un sujet; loin d’avoir l’impression que la réalisatrice a choisi toutes les couleurs de peau pour cocher les cases, j’ai eu l’impression de voir des vrais gens que le hasard des évènements a réunis. Certains Éternels présentent parfois leurs camarades à des humains en disant "ce sont mes copains de la fac" et c’est trop ça. Notez aussi que ce film contient, sauf erreur de ma part, le premier personnage Marvel muet, la première scène de sexe dans un film Marvel et le premier couple homosexuel dans un film Marvel – et tenez-vous bien, ces deux garçons n’ont pas la même couleur de peau, ils s’embrassent à l’écran et ils ont un enfant. Mes yeux ont piqué. 🥰 Et puis sur les sept ou huit membres de l’équipe, un seul a trouvé son accomplissement dans la parentalité…

Je n’ai que deux critiques à faire à ce film. Tout d’abord, les scènes avec Ikaris qui vole sont un peu ridicules. Comme avec Superman, c’est difficile de rendre ça canon. Deuxièmement, le personnage d’Angelina Jolie n’est pas exploité. On nous dit plusieurs fois qu’elle est super balèze – on parle de (A)Thena, la déesse de la guerre! –, mais elle a des problèmes de mémoire et de contrôle du comportement et elle reste donc beaucoup sur le bas-côté. Elle n’a pas LA scène de baston à la hauteur de sa réputation. Depuis que Dragnir a indiqué, dans jenesaisplusquel épisode des GG Comics, que Marvel a la mauvaise habitude de faire l’équation "femme puissante = perte de contrôle et donc danger", je suis plus sensible à cet aspect et il y a un peu de ça ici (mais ce n’est pas non plus entièrement ça, attention). Dommage. J’espère que Thena aura sa scène patator dans le 2! 🤩🤩💔

Du côté des séries

The Witcher – saison 2 (2021)
Le trou noir est tel que je n'ai regardé qu'un seul épisode en deux semaines... Je suis enthousiaste, bien que mes espoirs d'amélioration technique aient été douchés en deux temps trois mouvements, dès que j'ai vu les lentilles yeux de Geralt. 🤣🤣

Et le reste


J'ai lu le Cheval Magazine de décembre, que je n'avais pas pu lire fin novembre, et celui de janvier. J'ai également lu un vieux numéro de Pour la science, le numéro 494 de décembre 2018. Trop pointu pour moi dans certains domaines (j'ai abandonné un article mathématique très rapidement...), mais une très bonne découverte dans l'ensemble. Merci, Tigger Lilly! Par contre, vu qu'il s'agit de "l'édition française de Scientific American", j'aurais pensé qu'il s'agissait de traductions. Là, je ne trouve aucune mention de traducteurs, ni dans la revue ni sur le site, donc je suppose que la publication est totalement indépendante de celle de la revue américaine. Si quelqu'un est bien informé, ça m'intéresse... 😃