vendredi 30 août 2019

A Brief History of Time: From the Big Bang to Black Holes (1988)

Chronique express!
 


Après avoir vu le film The Theory of Everything (Une merveilleuse histoire du temps) de James Marsh, j'ai souhaité lire le célèbre livre de vulgarisation scientifique du non moins célèbre Stephen Hawking. Après un début enthousiaste, durant lequel j'ai amèrement regretté de n'avoir pas pu assurer la traduction française de cet ouvrage lors de sa sortie (mais j'avais 3 ans à l'époque, la chose m'aurait été difficile... 😉), j'ai progressivement décroché à partir du chapitre 4, quand, après avoir parlé de la relativité et des origines de l'univers, Hawking a abordé la physique quantique, une discipline que je n'aime et ne comprends guère. En outre, j'adore m'informer sur l'univers et les astres, mais je ne comprends plus rien quand on me parle de spin des particules, de force électromagnétique et du temps. Et ce livre parle énormément du temps, tel qu'on le connaît et tel que les scientifiques l'envisagent (inutile de me demander plus d'informations, vu que je n'ai rien compris; sachez seulement qu'il existe quelque chose appelé "le temps imaginaire"). Par ailleurs, Hawking rappelle à maintes reprises que le grand défi de la science consiste actuellement à réunir la relativité générale, qui explique l'infiniment grand, à la physique quantique, qui explique l'infiniment petit, dans une même théorie globale – mais je le savais déjà...

En bref, je suis tellement passée à côté de la moitié des chapitres que je me suis sérieusement dit que je devais recommencer ma lecture à zéro une fois tournée la dernière page. 😂 Pourtant, Stephen Hawking fait un vrai travail de vulgarisation (imaginez qu'il n'y a qu'une seule formule mathématique dans cet ouvrage, la célèbre E=mc2) et est plutôt clair dans son propos. Il fait même de l'humour de temps en temps. Je réessaierai peut-être cette lecture un jour où j'aurai de longues vacances devant moi... 😀

lundi 26 août 2019

La metamorfosis (1915)

Quand j'ai trouvé cet exemplaire de la célèbre Métamorphose de Kafka en bouquinerie, j'ai décidé de tenter ma chance même si s'agissait de la version espagnole. Après tout, la traduction espagnole d'un livre rédigé en allemand n'est a priori ni meilleure ni moins bonne que la traduction française (à moins qu'un des deux traducteurs ne soit meilleur que l'autre, ce que je ne pourrai jamais vérifier vu que je ne lis pas l'allemand ^^) et le prix défiait toute concurrence... Une critique toutefois: le nom du traducteur n'est pas indiqué! 😡


Un beau matin, Gregor Samsa se réveille non seulement en retard mais aussi (et surtout!) transformé en insecte. Difficile de sortir de son lit et de rassurer ses parents, qui s'inquiètent qu'il ne se soit pas levé, puis d'affronter son patron, venu demander pourquoi il ne s'est pas présenté au travail à l'heure habituelle. Une fois la vérité révélée, un nouvel équilibre familial se met en place; Gregor reste enfermé dans sa chambre et seule sa sœur y entre quotidiennement pour lui apporter de la nourriture.

Hm. Bon. Le fait que l'espagnol soit la langue que je lis le moins bien y est peut-être pour quelque chose, mais je n'ai pas tout saisi à cette nouvelle. Le ton léger m'a semblé contraster avec le contenu tragique: ce pauvre homme transformé en insecte, incapable de communiquer avec les siens, enfermé dans sa chambre; la pauvreté grandissante de la famille, qui a perdu un salaire; l'arrivée de locataires assez peu sympathiques; et la fin [divulgâcheur: la mort de Gregor des suites de la faim et d'une infection provoquée par un coup porté par son propre père]. Attention, j'ai lu le livre facilement et agréablement, et même avec curiosité; mais je m'attendais à quelque chose de beaucoup plus intellectuel et dramatique et je me suis demandé si je n'ai pas manqué quelque chose.

Cette édition Alianza Editorial comprend aussi deux nouvelles plus courtes.

Un artista del hambre (1922): Publié en français sous le titre Un artiste de la faim, ce texte raconte l'histoire d'un "jeûneur professionnel", si je puis dire, qui passe de la célébrité à l'oubli quand le jeûne cesse d'attirer les foules. Comme La Métamorphose, il est tragicomique.

Un artista del trapecio (1922): Publiée en français sous le titre Premier chagrin, cette très courte nouvelle parle d'un trapéziste qui passe littéralement sa vie sur son trapèze. Il n'en descend que quand le cirque pour lequel il travaille se déplace de ville en ville.

Même si ces trois textes ne m'ont pas énormément parlé, il est évident qu'ils mettent en scène des personnes en marge de la société: le petit employé devenu insecte, le jeûneur passant sa vie dans une cage, comme une bête de foire, et ne vivant que pour le jeûne, et enfin le trapéziste soudé à son trapèze. J'ignore ce qu'il faut tirer de tout ça mais c'était plaisant à lire...

Note pour moi-même: Kafka n'était pas allemand, comme je le croyais, mais tchèque. 😃

jeudi 22 août 2019

Mémoires d'Hadrien (1951)

J'ai lu Mémoires d'Hadrien de Marguerite Yourcenar sur le bon conseil de Grominou, qui l'a classé dans son Top 3 de 2018. Grand bien m'en a pris: ce livre est un chef d’œuvre!


Le roman se présente sous la forme d'une très longue lettre écrite par l'empereur romain Hadrien, au seuil de la mort, à son petit-fils adoptif Marc (le futur Marc Aurèle). Dans la première partie, il partage plutôt ses réflexions sur la maladie et la vieillesse; par la suite, il retrace sa vie tout entière, de ses débuts dans l'armée jusqu'à son règne relativement pacifique.

Tant dans la forme que dans le fond, Marguerite Yourcenar a écrit un roman exceptionnel. La forme: le style est limpide, élégant, précis et recherché à la fois, une vraie réussite. Si j'avais eu des post-it sous la main pendant ma lecture, j'aurais marqué toutes les pages! Yourcenar est aussitôt entrée, pour moi, dans la liste des meilleurs écrivains français du XXe siècle. Le fond: ces réflexions d'un homme lettré et sage sont d'une justesse incroyable sur bien des sujets. Quel homme, l'Hadrien qu'elle nous présente! Non exempt de défauts, capable d'être impitoyable quand il le faut, désabusé par la nature humaine, mais néanmoins confiant et juste. Il se dégage surtout  de ces lettres une véritable attention au bien commun, une volonté réelle de mettre l'État et Rome au service des peuples conquis et du progrès, quelque chose qui manque cruellement à l'humanité (aujourd'hui comme, à mon avis, tout au long de l'histoire: loin de moi de dire que c'était mieux avant). Sans oublier un amour sincère et absolu, quoiqu'il n'ait pas non plus été exempt de petits égoïsmes bien humains: Hadrien parle longuement d'Antinoüs, son jeune amant mort noyé.

Il y a plus d'un an, j'ai traduit un ouvrage vendu en kiosque sur la Villa Adriana de Tibur, non loin de Rome, et c'est donc avec d'autant plus de plaisir que j'ai suivi l'empereur dans sa superbe demeure, qui n'est qu'esquissée ici mais qui respire le calme et la contemplation de l'art. 💖 

Quelques extraits:
"Le renoncement au cheval est un sacrifice plus pénible encore : un fauve n’est qu’un adversaire, mais un cheval était un ami. Si on m’avait laissé le choix de ma condition, j’eusse opté pour celle de Centaure. Entre Borysthènes et moi, les rapports étaient d’une netteté mathématique : il m’obéissait comme à son cerveau, et non comme à son maître. Ai-je jamais obtenu qu’un homme en fît autant ? Une autorité si totale comporte, comme toute autre, ses risques d’erreur pour l’homme qui l’exerce, mais le plaisir de tenter l’impossible en fait de saut d’obstacle était trop grand pour regretter une épaule démise ou une côte rompue."

"Comme tout le monde, je n’ai à mon service que trois moyens d’évaluer l’existence humaine : l’étude de soi, la plus difficile et la plus dangereuse, mais aussi la plus féconde des méthodes ; l’observation des hommes, qui s’arrangent le plus souvent pour nous cacher leurs secrets ou pour nous faire croire qu’ils en ont ; les livres, avec les erreurs particulières de perspective qui naissent entre leurs lignes."

"De plus en plus, toutes les déités m’apparaissaient mystérieusement fondues en un Tout, émanations infiniment variées, manifestations égales d’une même force : leurs contradictions n’étaient qu’un mode de leur accord."
J'ai aussi été marqué par la dernière phrase du livre, que je ne vous citerai pas pour ne rien divulgâcher. C'est une véritable philosophie de vie courageuse et lucide. Cette fin est d'ailleurs d'une grande lucidité: Hadrien ne se fait guère d'illusions quant à l'avenir de Rome et de l'humanité, mais il garde néanmoins une forme d'espoir, de croyance en la survivance de la civilisation et du droit face au chaos et à la violence. Une croyance à laquelle le lecteur peut d'autant plus adhérer qu'Hadrien laisse son empire à Antonin puis Marc-Aurèle, deux autres empereurs associés à l'apogée de Rome.

Pour info, Mémoires d'Hadrien est accompagné d'un "Carnet de notes" court et passionnant, dans lequel Yourcenar raconte la genèse longue et compliquée de ce roman, et d'une "Note" plus dispensable dans laquelle elle détaille les libertés qu'elle a prises par rapport à la vérité historique et cite de nombreux documents de référence.

Allez donc voir ailleurs si ces mémoires y sont!
L'avis de Grominou

dimanche 18 août 2019

The Sword in the Stone (1938)

Il y a quatre ans, j'ai acheté avec enthousiasme The Once and Future King de T. H. White, un gros pavé réunissant les quatre romans que cet auteur a consacrés au roi Arthur: The Sword in the Stone (1938), The Queen of Air and Darkness (1939), The Ill-Made Knight (1940) et The Candle in the Wind (1958) (écrits dans une petite police désagréable pour les yeux, je ne félicite pas Ace Fantasy...). Malheureusement, j'ai abandonné la lecture au bout de 170 pages sans même finir le premier roman. Cette année, j'ai voulu profiter du challenge Pavé de l'été de Brize pour m'attaquer de nouveau à ce cycle...

Vert, si tu cliques pour agrandir la photo tu peux lire l'avis de Le Guin. 😃

... Et ç'a été un nouvel échec. Enfin, cette fois-ci, j'ai au moins lu l'intégralité du premier roman, que je viens chroniquer ici par la présente. Mais la lecture a été suffisamment laborieuse et insatisfaisante pour que je renonce à lire la suite.

L'histoire: The Sword in the Stone raconte l'éducation du jeune Arthur, surnommé the Wart (la verrue...),  par Merlin. Les "cours" consistent à être transformé en toutes sortes d'animaux: un poisson, une fourmi, un oiseau, un blaireau. Arthur est censé tirer un enseignement de chacune de ces expériences animales. Merlin est un personnage très particulier puisqu'il vit le temps à l'envers (?) et connaît déjà le futur, mais de manière confuse, c'est-à-dire qu'il ne sait jamais trop si quelque chose s'est déjà produit ou va se produire. Il a aussi un hibou ou une chouette (owl en anglais) qui parle.

Si tout cela vous dit quelque chose, c'est parce que ce livre a été adapté par Disney en 1963 sous la forme du dessin animé Merlin l'enchanteur, qui en VO (et en italien, soit dit en passant) s'appelle The Sword in the Stone, comme le roman dont il est tiré. C'est précisément pour découvrir l’œuvre originale de ce film génialissime que j'ai voulu le lire.

Notre rêve à tous quand nous faisons nos valises pour partir en vacances. 💖

Le problème est que ce roman est raconté avec un humour très particulier que je ne comprends absolument pas (serait-ce le célèbre humour anglais?). Les répliques n'ont parfois ni queue ni tête, les personnages racontent n'importe quoi, il y a des tas de jeux de mots et de références difficiles à déchiffrer pour un non-anglophone... J'ai trouvé ça extrêmement difficile à suivre. En outre, l'intrigue m'a semblé sans queue ni tête non plus: Arthur devient successivement plusieurs animaux (mais je n'ai jamais compris quel enseignement il était censé en tirer, à part que la société des fourmis annihile l'individu et que les oies migratrices représentent la liberté) et participe à une quête en compagnie de son frère Kay, de Robin des bois et de Mariane pour sauver frère Tuck, enlevé par Morgane Le Fay. (Oui, Robin des Bois, oui. L'histoire se passe visiblement au XIIe siècle.) Le roi Pellinore pourchasse une créature magique avec son petit chien qui enroule sa laisse autour des arbres, mais de temps en temps la bête et lui se trompent et c'est la bête qui pourchasse le roi...

Un exemple de passage chaotique que j'ai eu du mal à lire (même si ici, je saisis un certain comique de quiproquo):
"Well, there has appeared a sort of sword in a stone, what, in a sort of a church. Not in the church, if you see what I mean, and not in the stone, but that sort of thing, what, like you might say."
"I don't know what the Church is coming to," said Sir Grummore.
"It's in an anvil," explained the King.
"The Church?"
"No, the sword."
"But I thought you said the sword was in the stone?"
"No," said King Pellinore. "The stone is outside the church."
"Look here, Pellinore," said Sir Ector. "You have a bit of a rest, old boy, and start again. Here, drink up this horn of mead and take it easy."
"The sword," said King Pellinore, "is stuck through an anvil which stands on a stone. It goes right through the anvil and into the stone. The anvil is stuck to the stone. The stone stands outside a church. Give me some more mead."
"I don't think that's much of a wonder," remarked Sir Grummore. "What I wonder at is that they should allow such things to happen. But you can't tell nowadays, what with all these Saxon agitators."
Bref. Si certains passages ne manquent pas de croustillant, comme quand Merlin fait référence à des évolutions techniques à venir, quand Archimède prend la parole, quand le narrateur parle de la météo du Moyen Âge qui avait l'amabilité d'être normale (avec juste ce qu'il fallait de soleil en été et de neige en hiver) ou quand le roi Pellinore vole au secours de la bête qu'il poursuit, qui dépérit d'ennui parce qu'il a temporairement arrêté de la pourchasser, j'ai décidé d'arrêter les dégâts au bout de 210 pages, sans lire les trois autres romans.

J'ai ainsi grillé une des mes deux seules chances de participer au challenge Pavé de l'été cette année, mais tant pis! Je ferai peut-être mieux l'été prochain...

Si vous avez lu ou entendu parler de ce livre ou de ce cycle, je suis très intéressée par vos retours! 😁

mercredi 14 août 2019

My Real Children (2014)

Il y a environ un an et demi, j'ai lu Among Others, un roman de Jo Walton encensé par les amis blogueurs et publié en France sous le titre Morwenna. Ayant adoré ce livre, j'ai décidé de poursuivre avec un autre roman encensé par la blogo: My Real Children.


L'histoire est celle de Patricia, une vieille dame en maison de retraite qui n'a plus les idées très claires puisqu'elle se souvient de deux vies différentes et reçoit tour à tour les visites de deux groupes d'enfants et de petits-enfants. Perplexe, elle se demande si elle a fait, un jour, un choix qui aurait pu modifier sa vie de manière radicale. La réponse est oui: en 1949, son fiancé l’a demandée en mariage. Dans une vie, elle a accepté; dans l’autre, elle a refusé.

Après quelques chapitres retraçant sa vie jusqu’en 1949 (le "tronc commun" des deux femmes, si je puis dire), le roman alterne entre un chapitre sur la femme qui a dit oui et un chapitre sur la femme qui a dit non. Deux vies on ne peut plus différentes. Dans l’une, Patricia se retrouve enlisée dans un mariage plus que décevant et une existence de mère au foyer peu satisfaisante; dans l’autre, elle devient une experte de l’Italie, notamment de Florence, et rencontre l’amour en la personne de Bee, une autre femme. Mais les choses ne sont quand même pas si simples et on n’a pas un destin malheureux contre un destin heureux; chaque vie a eu son lot de souffrance personnelle et familiale.

À travers la vie de Patricia, Jo Walton retrace aussi certains évènements de la deuxième moitié du XXe siècle, mais de manière revisitée puisque les évènements politiques de ces deux vies ne sont pas forcément ceux que nous avons connus. Par exemple, il y a une base sur la Lune et d’autres explosions nucléaires après celles de 1945 dans une des deux vies.

Dans l’ensemble, j’ai adoré ce roman ultra-humain et passionnant et je l’ai lu avec enthousiasme. C’est bien écrit, c’est plein de sentiments très réalistes, c’est la vie, la vraie, avec ses hauts et ses bas, ses petites choses qui donnent du sens aux autres. En plus, Jo Walton aborde des tas de thèmes importants : la tolérance, le rejet ou l’acceptation de l’homosexualité, la place de la femme, les relations familiales, le militantisme politique.

Je dois toutefois y ajouter deux petites réserves. Tout d’abord, le fait que j’aie parfois perdu le fil des relations familiales et amicales des deux Patricia: l’une a quatre enfants, l’autre trois, chacun desquels a à son tour un ou deux enfants, et je ne savais plus qui était qui et faisait quoi dans la vie. Ensuite, le fait que ces deux existences tournent justement beaucoup autour des enfants. Cela tombe sous le sens dans un livre intitulé Mes vrais enfants, hein, mais quand, comme moi, vous ne prévoyez toujours pas d’en avoir malgré votre trentaine bien entamée, vous vous demandez un peu si cela implique que vous avez tout raté. Dans ce livre, on vit pleinement son homosexualité et son polyamour, mais personne ne songe à ne pas devenir parent…

Ces deux critiques, toutefois, ne ternissent en rien ce beau roman qui parle avec une grande justesse de la vie et qui confirme que Jo Walton a quelque chose à dire à ses lecteurs. À lire sans hésitation.

Allez donc voir ailleurs si ces enfants y sont!

samedi 10 août 2019

Pauline (1838)

Les fidèles lecteurs et lectrices de ce blog savent que j'adore Alexandre Dumas père, le roi du roman historique. Un an après ma dernière lecture (l'excellent Collier de la reine), j'ai sauté avec enthousiasme sur ce court roman acheté d'occasion. Il s'agit du tout premier roman de Dumas, qui avait jusque-là écrit des nouvelles et des pièces de théâtre.


Pauline s'insère pleinement dans la tradition du roman gothique et dans le courant romantique. Voyez plutôt ce qu'on y trouve:
- une belle et jeune femme mystérieuse et attristée qui parcourt l'Europe,
- une nuit de tempête,
- une mer tumultueuse,
- des ruines éclairées par la lune,
- un souterrain sombre et humide,
- une héroïne victime d'un homme démoniaque,
- des passages secrets,
- un voyage en Écosse avec sa mention obligatoire de Walter Scott,
- des airs d'opéras romantiques,
- une tombe solitaire.

Pauline est absolument génial: comme tous les Dumas, il se lit tout seul, les mots coulent tout simplement de source; l'histoire, si elle ne présente pas de surprise majeure vu qu'on sait d'emblée que l'héroïne a trouvé la mort, est prenante; et l'atmosphère de cette Normandie mystérieuse est très réussie.

Il n'a pourtant pas grand-chose en commun avec les autres romans que j'ai lus de l'auteur. D'une part, il n'y a pas d'humour, un trait caractéristique de Dumas. Le ton est résolument tragique. D'autre part, ce n'est pas un roman historique: l'intrigue se passe à l'époque de la publication et, d'après le dossier de cette édition Folio Classique, l'auteur a dépeint le mal-être de la noblesse née après l'époque napoléonienne, alors que cette classe n'avait plus l'influence d'autrefois et errait en quelque sorte sans but dans une société riche et oisive.

Stylistiquement, la narration est beaucoup moins "enlevée" que d'habitude. Il y a un petit style Dumas dans la manière de rédiger et je ne l'ai pas retrouvé ici. Mais ce n'est pas un problème; je le précise seulement pour éviter toute déconvenue. Il ne faut pas lire Pauline en s'attendant à retrouver Les Trois mousquetaires, mais plutôt en lorgnant du côté de Maupassant. 😊 Ce roman est d'ailleurs une bonne porte d'entrée dans le roman gothique, même s'il n'a pas tellement marqué le genre, et il est nettement plus digeste que Le Château d'Otrante de Walpole. (En relisant mon billet sur ce livre, je constate avec horreur que je n'ai toujours pas lu Ann Radcliffe, quatre ans plus tard... 😭)

Bref, Dumas c'est génial, lisons Dumas, d'autant plus qu'il a écrit tellement de livres, notamment grâce à ce bon Maquet qui les écrivait en grande partie à sa place, qu'on peut lire du Dumas à l'infini. 😂

mardi 6 août 2019

The Hollow (1946)

Chronique express!


Je le dis à chaque fois: les romans d'Agatha Christie sont une valeur sûre... Et cette enquête de Poirot n'a pas fait exception à la règle. Au menu: un week-end à la campagne, une maîtresse de maison qui plane totalement (du genre à détruire une bouilloire par semaine en l'oubliant sur le feu), une cousine pauvre amoureuse de son cousin riche, lui-même amoureux d'une autre cousine, elle-même amoureuse d'un homme marié, lui-même poursuivi par le souvenir de l'amour de jeunesse qu'il n'a pas épousé et irrité par son épouse qui ne comprend rien à rien... Et, pour pimenter un peu ce week-end qui risque de mal se passer vu les tensions entre invités, Hercule Poirot.

Hercule Poirot qui arrive juste à temps pour voir un homme blessé par balle mourir au bord de la piscine, le nom d'une femme sur les lèvres, juste devant une autre femme qui tient l'arme du crime à la main. Mais les choses sont-elles vraiment si claires? Une culpabilité si flagrante est-elle crédible? Et si ce n'était qu'une mise en scène? Et si les raffinés habitants de la belle demeure en savaient plus qu'ils ne le disent? Et si les masques de cette politesse mondaine et bien britannique cachaient des esprits plus complexes qu'il n'y paraît?

Une lecture addictive et passionnante avec cette mixture qui fait tout le sel d'Agatha Christie: un style simple et limpide mais plein de nuances et une intrigue qui repose sur des détails infimes. Pour vous donner une idée du grand écart que pouvait accomplir la dame, le premier chapitre m'a fait rire tandis que le deuxième m'a fait froid dans le dos – et on était seulement dans l'atelier d'une sculptrice, pas sur une scène de crime. Christie était décidément un génie...

vendredi 2 août 2019

La gamelle de juillet 2019

Juillet: l'été! Les vacances! J'ai enfin eu le temps de lire! Par contre, toujours peu de temps pour des films! 😂

Sur petit écran

La Princesse et la grenouille de Ron Clements et John Musker (2009)


Après un début prometteur (héroïne rappelant Belle dans sa volonté de vivre ses rêves, première fois qu'un dessin animé Disney se concentre sur des personnages noirs), j'ai été aussi déçue par ce film que lorsque je l'ai vu au cinéma lors de sa sortie. Je le trouve sans grand intérêt: chansons fades et oubliables, scénario simpliste, comique grotesque (surtout la scène avec les chasseurs de grenouille, c'est vraiment pour des enfants de moins de sept ans), histoire d'amour cousue de fil blanc, méchant sous-exploité (ce qui est dommage car Facilier est plutôt puissant. Les ombres qu'il commande, par contre, ont quelques scènes sympas). En outre, j'ai été agacée par le fait que le prince Naveen de Maldonia, dont le nom, la présentation et la langue maternelle rappelant vaguement l'italien me laissent penser qu'il est européen, soit noir. Genre l'héroïne est noire donc elle doit épouser un homme noir? Un couple mixte aurait été trop choquant? Grrr.

Hercule de Ron Clements et John Musker (1997)


Hercule est dessiné d'une façon que je continue de trouver repoussante, plus de vingt ans après sa sortie, mais est tellement drôle et entraînant que je l'aime quand même beaucoup. Hadès est vraiment un super méchant avec ses crises de rage perpétuelles. Par contre, le personnage de Megara, la séductrice hypocrite, pose quelques questions concernant les rapports hommes-femmes... Pas sûre que Disney sortirait un personnage féminin de ce type aujourd'hui!

Astérix et Obélix: Mission Cléopâtre d'Alain Chabat (2002) 


Petit rafraîchissage de mémoire pour ce film que je n'ai vu qu'une fois, à l'époque de sa sortie, histoire de comprendre les nombreuses références de certains amis (par exemple, quelqu'un m'a récemment répondu "Force et robustesse" quand j'ai dit "Ave"). C'est très sympa, malgré un côté beauf français moyen dont j'ignore s'il est parfaitement assumé ou totalement insoupçonné tellement tout ceci est franco-français...

Sur grand écran

Nevada de Laure de Clermont-Tonnerre (2019)


Ce film sur un détenu américain participant à un programme de vente de mustangs est, comme tous les films de chevaux, l'histoire d'une personne qui est au bout de sa vie et qui se pardonne et se remet en selle, métaphoriquement et littéralement, grâce aux chevaux. Il est impeccable dans sa réalisation et ses acteurs, tous très bons, et j'ai particulièrement aimé qu'on entende le souffle des chevaux, une des choses les plus apaisantes en leur présence. Il y a une vraie compréhension du calme du cheval, de cette "générosité" animale qui consiste à "tout donner" et à "être vraiment là" et qui explique que le simple contact avec un cheval soit libérateur ou révélateur quand on arrive avec des problèmes psychologiques plus ou moins lourds. Dans le monde étroit de la prison, la pratique de l'équitation, même surveillée, est une liberté incroyable et précieuse. On regrettera juste quelques poncifs et absurdités équestres: le cheval "indomptable", les hennissements récurrents, le fait d'enfermer dans une boîte un cheval particulièrement tonique alors qu'il y a des enclos juste à côté...

Parasite de Bong Joon Ho (2019)


Un Grand Film aussi drôle qu'effrayant que j'ai vu avec une jubilation considérable. C'est un croisement improbable entre Downton Abbey et Very Bad Things et je suis certaine qu'Hollywood en fera un remake, le potentiel comique étant ÉNORME si on décide d'aller seulement dans cette direction-là. Mais le film est bien plus d'une comédie puisqu'il est porté par une mise en scène impeccable et des acteurs très bons, sans oublier un fonds social triste et totalement désabusé. Une réussite sur toute la ligne.

Du côté des séries

Je profite des vacances pour regarder Love, Death + Robots. Mon avis le mois prochain.

Et le reste


J'ai lu le Rockyrama de ce printemps, que mon homme m'a offert en pensant qu'il s'agissait d'un numéro consacré à Kubrick. En fait, il y avait en effet un dossier Kubrick, mais il ne représentait qu'une petite partie du magazine. Les autres articles sont consacrés à d'autres films ou personnalités du cinéma. Je découvrais Rockyrama avec ce numéro et je ne le relirai pas: c'est beaucoup trop pointu pour moi, avec des tas de références cinématographiques que je ne connais pas, et j'ai trouvé que les journalistes se prenaient terriblement au sérieux. (Et malgré ma lecture, je suis incapable de vous dire ce qu'il reste de Kubrick, ce que je trouve quand même emmerdant au vu de la couverture. 😂)

Bel été à vous, chers lecteurs!