mercredi 26 avril 2023

Madame Bovary (1856)

Comme souvent, je me suis retrouvée un soir à errer devant ma bibliothèque, à la recherche d'un truc à lire dans un temps raisonnable, et j'ai soudain décidé de relire Madame Bovary de Flaubert. Je suis rentrée dedans super facilement, mais je n'ai pu lire qu'un chapitre avant de dormir, puis je n'ai rien pu lire pendant deux jours, puis j'ai bien vu que je n'allais pas avoir le temps de le lire dans de bonnes conditions, alors je l'ai enfilé dans une pile à lire annexe, la pile à relire. (Je vous laisse méditer sur ce concept un chouïa angoissant: la pile à relire. Elle contient tous les bouquins du monde, même ceux que tu as déjà lus. 👀)

Environ un mois plus tard, j'ai eu un créneau, et je l'ai donc relu.

Quel putain de bouquin, mes petits.

Alors, pour être honnête, je l'ai moins aimé que lors de ma précédente lecture, il y a une quinzaine d'années. Je m'étais alors beaucoup retrouvée en Emma Bovary, notamment dans son achat de deux vases bleus. En fait, ces vases sont mentionnés une seule fois, dans une liste d'achats, et n'ont strictement aucun rôle dans l'intrigue, hihi. Mais je m'étais VUE, moi, les innombrables fois où je me suis procuré quelque chose non pas pour l'objet en lui-même mais pour l'effet que cet objet était censé avoir sur moi, sur mon image de moi, sur ma valorisation de moi-même.

Cette fois, donc, l'identification a nettement moins marché, parce qu'Emma a aussi un côté écervelé. Et, bien que Flaubert écrive très bien, il n'est pas aussi brillant que Zola. Donc, mon enthousiasme a été plus modéré que la dernière fois (mais plus élevé que lors de ma toute première lecture, au lycée, dont je n'ai guère de souvenirs). Mais enthousiasme il y a tout de même, parce que Madame Bovary est d'une acuité et d'une modernité assez bluffantes.

Acuité parce que Flaubert croque ses personnages avec lucidité et précision, en leur donnant des caractères bien vivants même lorsqu'ils sont excessifs. Ce pauvre Charles Bovary, par exemple, est décidément bien peu fûté, mais on a tous connu, je suppose, des gens vraiment aussi peu fûtés que lui. Le pharmacien sympathique, mais très occupé à étaler sa science, est aussi très coloré. Et Emma évidemment, mais j'en parlerai plus dans le point suivant.

Modernité parce que Flaubert avait tout compris à la situation de la femme et que la plupart de ses propos restent d'actualité aujourd'hui. Élevée dans une campagne paumée puis au couvent, Emma ne connaît que la ferme, le catéchisme et les romans romantiques et naïfs avec des amours passionnés et torturés, type Walter Scott, et elle croit sincèrement que c'est cela qu'éprouve et vit une femme dans le mariage. Se retrouver à ne rien faire de ses journées et à partager ses soirées avec Charles Bovary, vous conviendrez que c'est la désillusion. Et comme l'amour est, croit-elle, la seule étincelle susceptible d'éclairer ses journées, elle tombe dans les bras du premier venu qui lui jette des regards langoureux ou lui fait des déclarations. On la voit prendre des tas de mauvaises décisions et on comprend qu'elle les prenne, à un certain niveau.

Moi, je n'ai pas été élevée au couvent, mais j'ai été élevée par Walt Disney, et je pense qu'il m'a fallu dix ans de couple stable pour me rendre compte que non, dans la vraie vie, on ne trouve pas la félicité éternelle en s'embrassant à la fin du dessin animé. Dix ans au cours desquels je me suis sentie flouée, j'ai été jalouse de tout le monde et je me suis sentie super illégitime dans mon couple, parce que ce n'était pas comme dans les films. Voilà. Merci, Walt.

(Sauf que moi, je ne me suis pas lancée dans l'adultère, hihi!)

Bref, la thématique de la prégnance de l'amour et du couple dans la vie d'une femme et les inconvénients d'une éducation limitée sont bien mis en avant et restent très pertinents aujourd'hui. Côté modernisme, il y a aussi une réplique sur la domination qui plairait à de nombreux militants:

"[Ces hommes] avaient le teint de la richesse, ce teint blanc que rehaussent la pâleur des porcelaines, les moires du satin, le vernis des beaux meubles, et qu’entretient dans sa santé un régime discret de nourritures exquises. [...] Ceux qui commençaient à vieillir avaient l’air jeune, tandis que quelque chose de mûr s’étendait sur le visage des jeunes. Dans leurs regards indifférents flottait la quiétude de passions journellement assouvies ; et, à travers leurs manières douces, perçait cette brutalité particulière que communique la domination de choses à demi faciles, dans lesquelles la force s’exerce et où la vanité s’amuse, le maniement des chevaux de race et la société des femmes perdues."

Les méchants hommes riches qui dominent les animaux et les femmes? Flaubert aurait pu être journaliste au Monde diplomatique. Et cette assurance discrète des riches n'a pas changé d'un iota depuis cent cinquante ans, à mon humble avis.

En sus, Flaubert est parfois assez drôle, par exemple dans cette description de ce pauvre Charles:

"Charles était là. Il avait sa casquette enfoncée sur ses sourcils, et ses deux grosses lèvres tremblotaient, ce qui ajoutait à son visage quelque chose de stupide ; son dos même, son dos tranquille était irritant à voir, et elle y trouvait étalée sur la redingote toute la platitude du personnage."

"Comment tailler en pièces son propre personnage", une formation express assurée par Gustave Flaubert. 👀

(Et c'est tellement VRAI, en même temps, ces gens qu'on prend tellement en grippe qu'une partie du corps en devient irritante. En tout cas, ça m'est arrivé.)

Enfin, la fin du roman est d'une cruauté rare, avec une agonie affreuse et des réactions exécrables – par exemple, tous les habitants du village qui défilent pour arracher une consultation au médecin de renom venu essayer de sauver Emma. Ce pauvre Charles, si banal, si bête et si chiant, était au final le seul individu bon de toute la ménagerie, avec un personnage secondaire que l'on voit pleurer. Les amants sont lâches et égoïstes; Lheureux est un monstre; le pharmacien ne pense in fine qu'à lui et son image. Une fin rude et dure, qui témoigne d'un gâchis effroyable. Et pourtant, on sort de là avec une sorte de rire sinistre aux lèvres, car Flaubert ne fait pas du tout dans le pathos, mais dans une sorte d'excès théâtral destiné à porter son message. Et ça marche très bien, cent soixante-cinq ans plus tard.

Une petite question demeure en suspens: qui est donc le narrateur de ce roman? Car les premières lignes, qui décrivent l'arrivée de Charles Bovary dans son école, sont écrites à la première personne du pluriel: "Nous étions à l'Étude, quand le Proviseur entra..." Un narrateur très discret, qui disparaît après quelques lignes, la suite du roman étant narrée à la troisième personne en point de vue omniscient. Mystère et boule de gomme.

vendredi 21 avril 2023

Nous entrerons dans la lumière (2016)

Dans un avenir imprécisé, mais a priori pas très lointain, la France sombre lentement dans le chaos. Les établissements publics ont fermé, les bandes de pillards rôdent librement, l'État ne semble présent que pour organiser des camps de réfugiés, l'eau se fait rare... À chacun de survivre comme il le peut, dans la méfiance envers son voisin et l'incertitude du lendemain.

Un homme continue néanmoins de rendre visite à sa fille, internée dans un établissement pour enfants depuis ses huit ans et un traumatisme majeur. Mais l'établissement ferme ses portes, lui aussi, et le père et la fille sont réunis. En parallèle, une femme que l'homme a aimée durant sa jeunesse, et depuis devenue une documentariste d'un certain renom, le recontacte pour réaliser un dernier documentaire avec lui et d'autres personnes ayant participé au tournage d'un film, des années auparavant.

Road trip post-apo, Nous entrerons dans la lumière de Michèle Astrud est un roman pratiquement dénué d'action, l'essentiel du récit étant centré sur les ressentis du père et de la fille. Il se passe des choses par moments, y compris des choses qui m'ont mise horriblement mal à l'aise car ce monde est bien plus dangereux pour les femmes que pour les hommes, mais on est loin d'un blockbuster d'action. J'ai été un peu contrariée par le fait que la rédaction soit à la première personne, dans la bouche du père, car c'est un personnage passif dont on comprend parfois mal les motivations, notamment quand il s'agit de protéger sa fille, qui n'a que dix-sept ans et n'a pas totalement conscience des réalités. Encore un qui aurait mieux fait de ne pas avoir de gosse, dirai-je, moi qui juge très durement les parents.

Néanmoins, j'ai lu ce roman facilement et avec plaisir, car il est bien écrit, de manière simple et claire, et qu'il brasse pas mal de choses: le côté post-apo est angoissant, mais l'amour entre les deux personnages est bien présent; on voit la vie se resserrer sur de petites choses, et comment le quotidien d'hier n'a plus tellement de sens; et il y a un sujet qui me parle beaucoup, le souvenir d'une jeunesse plus libre et insouciante, plus artistique et rêveuse, qui apparaît soudain avec une distance incroyable. Sur les photos de ses vingt ans, le père se trouve beau et ne comprend pas pourquoi, à l'époque, il n'en savait rien; Mona Chollet dit quelque chose de très semblable dans D'images et d'eau fraîche, au sujet des femmes qui se demandent, vingt ans après, pourquoi elles se jugeaient si durement quand elles voient à quoi elles ressemblaient, plus jeunes.  Et il y a l'ombre de cette femme qui a suivi sa voie d'artiste, elle, qui fait réfléchir, comme un sentier qu'on n'a pas suivi. Quelque chose d'humain, en somme.

"Je lis les affichettes punaisées sur les grands panneaux de liège: Maman cherche enfants perdus... Papa arrivera plus tard, prendra le prochain train... Surtout n'attendez pas Jean-Jacques, parti en bateau vendredi... Jeanne cherche sa petite valise rouge, pas d'objets de valeur, juste des souvenirs..."

"Pas d'objets de valeur, juste des souvenirs." Quel crève-cœur. Tout le sens du mot "humanité" tient en ces mots, non?

Pourquoi ce livre?
Parce que l'ami Xapur. 💖

Allez donc voir si cette lumière y est!

dimanche 16 avril 2023

Bilan du mot de l'année 2023: premier trimestre

J'ai oublié d'en parler lors de mon bilan de l'année 2022, mais j'ai eu une soudaine évidence en octobre dernier, à l'occasion de ma visite de l'expo sur Füssli au musée Jacquemart André: le mot de mon année 2023, ce serait "imaginaire".

J'ai découvert l'idée de choisir un mot pour guider son année, et non des résolutions, chez Florie Teller il y a quelques années. Je ne l'ai jamais appliqué, ayant plutôt été guidée par des mantras à l'époque où mon enseignante de yoga nous faisait travailler un mantra en début d'année. En 2015 ou 2016, par exemple, c'était "je vis. Je vis à cheval", une manière de m'ancrer dans les sensations du moment, surtout en équitation, et de m'ouvrir à une forme de plénitude. Une autre année, ça a été "j'ouvre ma gueule" – un programme que j'ai abandonné après trois semaines suite à une dispute avec une amie à qui j'ai osé dire quelque chose qui me pesait. 👀

En octobre 2022, donc, une évidence s'est imposée: IMAGINAIRE. L'expo Fussli m'a en effet rappelé une époque lointaine où je regardais des tas d'images de dragons, de licornes et de paysages inspirants et projetais immédiatement dessus toute une histoire et un ressenti. J'ai ressorti des cartes postales de ce type et retrouvé une image d'une statue vue dans un musée que j'avais visité à l'occasion d'un séjour chez un ami – un ami que j'ai énormément aimé, comme tant d'autres, et que je ne vois plus et qui me manque. Comme tant d'autres.

À défaut de retrouver tous ces gens que je regrette, je veux retrouver ces sources d'inspiration, me nourrir de jolies choses, ouvrir des portes pour l'écriture qui est revenue dans ma vie.

Alors, oui, je sais, il est IMPOSSIBLE de retrouver le regard de son adolescence. JE SAIS. Je n'ai plus quinze ans. JE SAIS. Mais entre l'adolescente que j'étais et cette adulte si décevante, qui ne rêve plus les yeux ouverts, qui ne guette plus les vampires dans les escalators (petite blague que personne ne comprendra, hihi!), il y peut-être quelque chose d'un peu mieux que la deuxième et de plus fidèle à la première.

Alors, j'ai collé des post-it dans mon agenda, pour, tous les trimestres, faire le bilan du mot imaginaire durant les trois mois écoulés.


Et me voilà aujourd'hui, avec un peu de retard, pour faire le bilan du premier trimestre 2023.

Ce bilan est tellement infime que j'ai d'abord décidé de ne pas le faire. Puis je me suis dit que si je ne faisais même pas le premier bilan de l'année, c'était vraiment fini, il n'y aurait aucune chance que ce mot oriente mon année ou tout du moins l'accompagne. Un début insignifiant, ce n'est pas nécessairement la preuve que la suite sera insignifiante aussi.

Donc, au premier trimestre:

- j'ai regardé une fois mes vieilles cartes postales inspirantes de fantasy;

- j'ai lu le hors-série de Beaux-Arts Magazine sur Füssli;

- j'ai lu Oraisons de Samantha Bailly l'esprit particulièrement ouvert, prête à me nourrir de l'œuvre de cette jeune femme qui a réussi à faire ce que je rêvais tant de faire quand j'avais cet âge-là. Le roman m'aurait plu quand même, mais j'ai abordé ma lecture avec plus de bienveillance et moins d'aigreur et de jalousie en l'insérant dans le grand monde des gens qui rêvent;

- j'ai aussi eu l'esprit plus ouvert pour lire L'Ombre du savoir perdu de James Islington, un roman que j'ai trouvé nul, fondamentalement (😂), mais que j'ai inséré dans cette démarche et qui m'a donné, à sa modeste mesure, un monde d'inspiration médiévale avec des châteaux et des quêtes.

Dans une moindre mesure, lire D'images et d'eau fraîche de Mona Chollet rentre aussi dans cette démarche, car je suis sensible aux images et à ce qu'elles nous apportent, aux mondes que les illustrateurs nous offrent.

Voilà. J'espère qu'il y aura plus de choses dans les mois à venir, mais si je ne notais pas ces petites choses pour les valoriser à mes propres yeux, c'était perdu d'avance. Et je ne veux plus que tout soit tout le temps perdu d'avance.

mardi 11 avril 2023

Breakfast at Tiffany's (1958)

Étant toujours à la recherche de livres courts, que je peux espérer lire dans un laps de temps suffisamment raisonnable pour ne pas être incapable, page 100, de dire ce qu'il s'est passé page 20, j'ai ressorti de ma bibliothèque ce recueil de nouvelles de Truman Capote. Une belle plongée dans la littérature américaine du XXe!

Breakfast at Tiffany’s

Bien sûr, c’est pour cette nouvelle que j’ai acheté le recueil, il y bien longtemps, lorsque je suis tombée sous le charme de l’adaptation cinématographique de Blake Edwards avec Audrey Hepburn.

Le narrateur parle de sa voisine Holly Golightly, une jeune femme très particulière, un peu fofolle, très franche, très charmante, tout à fait insaisissable, qui gagne plus ou moins sa vie grâce aux hommes – je ne sais pas si on peut parler de prostitution à proprement parler, mais il est clairement dit, dans le bouquin, qu’elle couche avec certains des hommes qui l’entretiennent, là où le film me semble plus vague. Le narrateur, totalement épris d’elle, partage quelques bribes de sa vie durant quelques mois, à New York, durant la Seconde Guerre mondiale.

Le personnage de Holly est aussi irrésistible que dans le film. Je me retrouve énormément en elle, dans ses erreurs et dans son aspiration à un lieu qui lui procure la même sensation que Tiffany’s, la grande bijouterie de la Ve Avenue. Je ne suis pas étonnée que ce texte soit devenu un classique, et recruter Audrey Hepburn pour l’incarner au cinéma était un coup de génie qui lui a donné encore plus de fraîcheur. Un vrai personnage féminin plein de nuances, qu’on n’oublie pas facilement. Je pense que Truman Capote était plutôt progressiste et a épinglé pas mal de choses dans le destin de cette femme. Après tout, on parle d’une fille qui s’est mariée à quatorze ans… 🤯

Il y a aussi une certaine nostalgie et tristesse qui se dégage du récit, car on sait d’entrée de jeu que le narrateur n’a pas vu Holly depuis longtemps. Seule difficulté: l’anglais n’est pas facile à lire, il y a beaucoup de slang américain, voire peut-être new-yorkais, et j’ai souvent dû deviner ce que racontaient les personnages!

[Divulgâcheur] Le film est très fidèle et certains dialogues et scènes sont repris quasiment à l’identique, mais la fin n’est pas du tout la même. Il y a une note d’espoir malgré tout, mais pas le happy end du film… [Fin du divulgâcheur]

House of Flowers

Cette histoire est celle que j’ai le moins aimée du recueil. Ça se passe à Haïti, où une jeune femme (qui gagne elle aussi sa vie grâce aux hommes…) retourne vivre dans les montagnes paumées par amour pour un homme. S’ensuit une relation tout à fait désastreuse avec sa belle-mère. Apparemment, le texte a été adapté en comédie musicale, ce que je trouve éminemment bizarre…

A Diamond Guitar

Une belle et triste histoire sur deux hommes emprisonnés dans un camp. L’un d'eux possède une belle guitare recouverte de diamants et une amitié se noue à partir de là. Hélas, on comprend assez vite que cela ne se passera pas parfaitement bien…

A Christmas Memory

Le clou émotionnel du recueil décrit comment un petit garçon et une vieille femme, qui n’a peut-être plus toute, toute sa tête, préparent des gâteaux à l’approche de Noël. De la recherche de fonds aux envois par la poste, c’est toute une histoire. Si cette nouvelle est probablement moins marquante pour la littérature nationale des États-Unis que Breakfast at Tiffany’s, elle est néanmoins un véritable bijou, que j’ai terminé en larmes et qui transmet quelque chose de fort et de poignant sur les relations humaines et le passage du temps. 💖

jeudi 6 avril 2023

Les BD du premier trimestre 2023

Comme d'habitude, retour sur les bandes dessinées lues au cours du dernier trimestre.

Le droit du sol d’Étienne Davodeau (2021)

Étienne Davodeau raconte ici la marche de 800 km qu’il a effectuée depuis le site préhistorique de Pech Merle jusqu’à Bure, ville désignée pour accueillir un important site de stockage des déchets nucléaires. Le propos est militant: l’auteur est opposé à ce projet et au nucléaire en général, il explique pourquoi et il donne la parole à des experts de différents aspects de la question pour étayer son propos. C’est très intéressant en soi, mais j’aurai tout aussi bien pu lire un article; le fait que le support soit une bande dessinée n’apporte pas grand-chose sur ce point. En revanche, les dessins sont beaux et Davodeau nous dit aussi quelque chose sur la marche en solitaire et les rencontres qu’elle occasionne. Malgré cela, je n’ai pas retrouvé l’enthousiasme et l’humanité que j’avais tant appréciés dans Les Ignorants, qui m’avait donné du courage pour mener ma vie d’une manière plus cohérente avec mes valeurs.
Éditeur: Futuropolis (qui, comme l’auteur, a bien du courage à publier cette BD si ce qu’elle dit sur la répression de l’opposition au projet est vrai…)

Poltron Minet. La voie Romane de Mayen (scénario) et Madd (dessins et couleurs) (2023)

Un premier tome prometteur sur les aventures d’un chaton qui se retrouve tout seul dans la maison de vacances de ses humains, qui sont repartis sans lui parce qu’il était introuvable au moment du départ. Le petit chat va découvrir que la forêt est peuplée d’animaux qui parlent et portent des habits, et il va tout faire pour essayer de retrouver sa famille humaine. Bien que quelques cases ne s’enchaînent pas extraordinairement bien, cette bande dessinée est charmante et ultra mignonne (surtout les hérissons, qui sont les rejetés de la communauté animale et qui fendent le cœur 😭) et j’ai passé un bon moment. J’espère me souvenir de lire la suite quand elle sortira.
Éditeur: Dupuis

La Femme corneille de Camille Royer (dessin et couleurs) et Geoffrey Le Guilcher (2023)

Une bande dessinée génialissime découverte chez le Chien critique (merciiiiiii). Avec Marie-Lan, jeune joueuse de Pokémon Go, on va à la rencontre des corneilles du Jardin des plantes, pour en savoir plus sur leur intelligence impressionnante et leur vie sociale mouvementée. Je n’ai pas aimé le dessin, mais le contenu était un vrai régal. Je vais désormais guetter les corneilles partout où je vais.
Éditeur: Futuropolis

Neko Damari. Nid de chats de Goumoto, traduit du japonais par Yoan Giraud (2018)

Le premier tome de l’énième manga sur les chats, plus précisément sur une fille et ses trois chats. Rien de bien marquant. Il faut que j’arrête de lire les bouquins avec des chats par pur principe. 😂
Éditeur: Ototo

samedi 1 avril 2023

La gamelle de mars 2023

Le bilan de mars s’annonçait morne, puisque je ne suis pas allée au cinéma durant un mois, du 19 février au 19 mars… Puis il y a eu une journée libre et un sursaut d’énergie, et j’ai réussi à faire cinq séances sur les dix derniers jours du mois. C’est bien. Je me rends toutefois compte, au moment de chercher les photos  pour cet article, que c'était bien masculin, tout ça... 😄 Je me rends aussi compte que je taille à peu près tout en pièces, mais je vous assure que j'ai bien profité de mes visionnages du mois, même si la qualité n'était pas trop là. 😂

Sur petit écran

Pas de film. Je garde cette catégorie juste pour me rappeler tous les mois que c'est possible, de regarder des films chez soi. 😂

Sur grand écran

Le grand bleu de Luc Besson (1988)

À part quelques scènes rigolotes, comme la coupe de champagne bue au fond d’une piscine et l’évasion d’un dauphin organisée par des mecs en slip, je n’ai à peu près rien aimé dans ce film que j’ai trouvé horriblement long et ennuyeux. La plongée en apnée ne m’intéresse pas, la rivalité entre athlètes ne m’intéresse pas non plus, le doublage était affreux (il n’y a aucun lien avec les mouvements des lèvres et certaines répliques sont tellement peu articulées que je ne comprenais ni le français ni l’italien… 🤯), l’image de la Sicile est un cliché ambulant (et c’est quelqu’un qui n’a pas une bonne image de la Sicile qui le dit 😄) et le personnage de Rosanna Arquette fait une fixette sur l’idée d’avoir un bébé. J’ai regardé l’heure tellement je m’ennuyais, chose que je ne fais jamais. Je préfère quand même l’avoir vu que vivre dans l’ignorance, mais un visionnage me suffira largement.

Emily de Frances O’Connor (2022)

Un biopic sur Emily Brontë. La mise en scène est impeccable et les acteurs y mettent du leur pour faire passer des tas d’émotions différentes. Résultat: c’est figé et chiant. J’ai eu envie de vérifier l’heure qu’il était, chose que je ne fais jamais, comme je viens de le dire au sujet du Grand bleu. En plus, il y a plein de ralentis sans intérêt et des éléments que j’ai trouvés très bizarres (la scène du masque évidemment, et la jalousie de Branwell, le frère d’Emily, qui est amoureux d’elle. Où sont-ils allés chercher ça? 🤨 Et Charlotte était-elle vraiment si pressée de devenir une jeune fille rangée étouffant la créativité de ses sœurs?). Je pense toutefois que le film doit être un régal pour les amateurs des Hauts de Hurlevent: je ne connais pas assez bien ce roman pour l’affirmer avec certitude, mais je pense que certaines scènes et répliques y font référence, voire en sont directement tirés. Et le Yorkshire, c’est toujours un régal à regarder. Surtout le Yorkshire d’avant la catastrophe climatique. Je veux vivre dans un endroit comme ça.

The Truman Show de Peter Weir (1998)

Un film très dickien, dans lequel une réalité lisse et sans histoires commence soudain à se fissurer, à devenir sérieusement louche, puis de plus en plus hostile… À l’époque, j’avais retenu le parallèle avec les émissions naissantes de téléréalité, mais il y a en réalité plusieurs niveaux de lecture: critique de la télévision en effet, mais aussi de l’American way of life, recherche d’une vie plus libre et authentique, utopie des relations humaines… Jim Carrey est par moments insupportable, mais Ed Harris est impeccable et j’ai retrouvé avec plaisir Laura Linney de Love Actually et Paul Giamatti, le génial manager avide de tubes dans l’excellent Rock Forever. (Sérieux. Cliquez sur le lien. Vous aurez un aperçu d’un des meilleurs rôles de Tom Cruise. Le seul problème sera la fin abrupte de la vidéo. Vous serez obligé de vous procurer le film pour rester plus longtemps avec Tom Cruise. 👀)

 -65 de Scott Beck et Bryan Woods (2023)

Un film survivaliste dans lequel les acteurs humains, Adam Driver et Ariana Greenblatt, tiennent mieux la route que les dinosaures très bizarres et le scénario qui enchaîne inlassablement les difficultés. M’enfin, il y avait Adam Driver, il y avait des dinosaures, donc il fallait que je voie ce film. Notons qu’il a le mérite de durer seulement 1 h 33, ce qui est bien.

John Wick Chapitre 4 de Chad Stahelski (2023)

Fidèle au rendez-vous, j’ai retrouvé notre tueur préféré pour une quatrième aventure qui, contrairement à -65, n’a pas le mérite de la brièveté, puisqu’elle dure pas moins de 2 h 45. Et je dois dire que j’ai fini par totalement décrocher lors de la scène de la place de l’Étoile, et que j’ai soupiré d’exaspération lorsque le pauvre John dégringole toutes les marches de Montmartre, qu’il vient de mettre dix minutes à monter en butant tout le monde. 👀 En toute objectivité, les combats restent spectaculaires et le film remplit le cahier des charges avec ses costumes, ses gros flingues, ses "yeah" prononcés d’une voix grave, le côté rétro de la mafia et ses balles en pleine tête pour achever les blessés, mais deux heures auraient suffi. Et pour la féminisation, c’est raté (féminiquoi?). Hmpf. Comme souvent, chaque film est un peu moins bien que le précédent: je recommande le premier, mais ensuite c’est un peu de la redite avec moins d’âme...

Du côté des séries

The Witcher: Blood Origin – saison 1 (2022)

Bon. J’ai beau être partiale envers l’univers de The Witcher, cette mini-série en quatre épisodes a été douloureuse à regarder. Costumes miséreux, effets spéciaux honteux, distances incompréhensibles entre lieux, figurants qui ne savent pas ce qu’ils font là, maquillage ultra tapageur de la méchante… Il n’y a pas grand-chose à sauver. Heureusement que cinq des sept personnages principaux sont charismatiques (dont Michelle Yeoh, évidemment 😊). Ils ne peuvent pas empêcher la fadeur de l’ensemble, mais, au moins, ils apportent quelque chose. J’ai toutefois bien aimé de voir des elfes très "humains" – ils peuvent être sales et vulgaires, par exemple – et le fait que l’histoire soit racontée en voix off, comme dans une balade.

Et le reste

Coucou, Reloue! 😍

Outre mon Cheval Magazine habituel, j’ai lu le hors-série de Beaux Arts magazine sur Füssli, sorti en septembre 2022 à l’occasion de l’exposition au musée Jacquemart-André. Je n’aime pas grand-chose de cet artiste, mais ce que j’aime, j’adore! J'ai aussi avancé sur Livres Hebdo en survolant/lisant partiellement deux anciens numéros.