dimanche 28 août 2022

La ridícula idea de no volver a verte (2013)

Chronique express!


Comme le nom et la couverture de cet ouvrage ne l'indiquent pas le moins du monde, La ridícula idea de no volver a verte de Rosa Montero, écrivaine et journaliste espagnole, est une biographie de Marie Curie. Une biographie en pointillés, entrelacée avec les réflexions de l'autrice sur la condition des femmes et sa propre vie, car Marie Curie et Rosa Montero ont ceci en commun d'avoir perdu leur mari prématurément. On parlera donc beaucoup du deuil, notamment de la manière dont on revit les dernières heures d'insouciance avant l'annonce de la mort ou de la maladie (insouciance qui n'est insouciance qu'avec le recul: sur le coup, c'est juste la vie de tous les jours. Le jour où Pierre Curie est mort, sa dernière conversation avec sa femme Marie a porté sur le salaire de leur servante et a été tendue, quasiment une dispute). Pour ce faire, Rosa Montero a lu plusieurs biographies reconnues sur Marie Curie, ainsi que le journal que celle-ci a tenu après la mort de Pierre Curie.

Bien sûr, cette biographie est extrêmement intéressante. Marie Curie, de son nom polonais Maria Skłodowska, a eu une vie vraiment hors du commun, de sa jeunesse en Pologne à carrière scientifique en France! Toutefois, j'ai eu un peu de mal avec cet essai, qui se trouve à mi-chemin entre la biographie (de Curie) et l'autobiographie (de Montero) et est émaillé de hashtags dont je n'ai pas compris l'utilité (#HacerLoQueSeDebe, #HonrarALosPadres, #CulpaDeLaMujer, etc.). Je suppose que l'idée était de mettre en relief certains thèmes récurrents, mais j'ai trouvé ça artificiel et, pour être honnête, quelque peu ridicule. Peut-être que les hashtags semblaient plus modernes il y a dix ans... ^^ Je dirais donc que cet ouvrage est à réserver aux personnes ayant un intérêt fort pour l'une ou l'autre de ces deux femmes. Si vous voulez découvrir Rosa Montero, mieux vaut lire les enquêtes de Bruna Husky. :)

Allez donc voir ailleurs si cette idée ridicule y est!
L'avis de Marilyne

mardi 23 août 2022

Le cannabis, quelle histoire! (2021)

Dans cet ouvrage court et synthétique, Joël Bockaert, un biologiste français et directeur de recherche au CNRS, passe en revue nos connaissances sur le cannabis, la plante de tous les fantasmes et tous les interdits.

Le chanvre, de son nom scientifique Cannabis sativa, est présent aux côtés de l'humanité depuis très longtemps, soit pour la grande résistance de ses fibres, soit pour ses propriétés psychotropes et antidouleur, qui ont été utilisées dans bien des religions et des traitements. Aujourd'hui, le débat tourne autour de son usage médical et de la légalisation de son usage récréatif. Plusieurs pays ont déjà autorisé des médicaments à base de cannabis, qui sont en vente tout à fait légalement de manière plus ou moins encadrée (prescription d'un médecin agréé ou vente en hôpital ou en pharmacie). D'autres l'interdisent toujours totalement, comme la France.

Sur la forme, cet ouvrage n'est pas rédigé avec une grande élégance. Il y a pas mal d'anacoluthes, d'erreurs de ponctuation et même des erreurs d'orthographe ("il [...] décrits" page 45 🙄). Mais le contenu est, bien entendu, très intéressant. Déjà, le cannabis peut tuer; c'est rare, mais ça arrive. Je l'ignorais. (Par contre, l'auteur n'explique pas comment sont mortes les personnes concernées, ce qui aurait pu être bon à savoir.) D'autre part, ses effets dépendent directement du taux de tétrahydrocannabinol (THC), qui augmente constamment dans les variétés destinées à la consommation récréative, mais aussi du taux de cannabidiol (le célèbre CBD en vente partout) (j'en ai moi-même acheté une boîte l'année dernière, mais ça n'a eu aucun effet sur mes insomnies 🙃); le CBD n'est pas psychotrope et sa présence semble atténuer l'effet du THC. Dans les variétés destinées à l'usage récréatif, on essaye d'augmenter le THC et de réduire le CBD, ce qui n'est pas bon pour l'utilisateur final. En revanche, le cannabis est beaucoup moins addictif que l'alcool et la nicotine, ahah. Il s'accompagne toutefois du problème des produits de synthèse, qui ont des effets analogues mais ne sont pas régulés et sont parfois dangereux pour la santé. Et, bien sûr, tout un aspect lié au trafic illicite entre également en jeu, vu que le cannabis récréatif est interdit dans de nombreux pays.

Il y a beaucoup plus que cela dans cet ouvrage, mais voilà ce que j'en ai retenu dans les grandes lignes. J'ai lu une bande dessinée sur le cannabis il y a quelques années, mais j'avais évidemment tout oublié, donc c'était super intéressant de tout redécouvrir. Ah, il y a aussi un chapitre dédié aux perspectives économiques du cannabis et, vu que la tendance est plutôt à la légalisation à l'échelle mondiale, il semble y avoir beaucoup d'argent à se faire dans le secteur. Si vous voulez diversifier vos sources de revenus, ça peut être une piste. 💰

Pourquoi ce livre?
Parce que UGA Éditions, la maison d'édition de l'université Grenoble-Alpes, a lancé une collection de vulgarisation scientifique très sympathique, Histoires de sciences, dont cet ouvrage est le premier.

jeudi 18 août 2022

Interview with the Vampire (1976)

Un soir, alors que j’observais avec désolation ma bibliothèque, cherchant désespérément un livre en anglais facile à lire, j’ai sorti Entretien avec un vampire, qui m’était revenu en tête avec insistance à cause d’un projet professionnel, la relecture d’un roman se déroulant à la Nouvelle-Orléans. J’ai voulu relire quelques pages, histoire de voir ce que je pensais, dans la deuxième moitié de ma trentaine, de ce roman qui a tant marqué mon adolescence et que j’ai relu avec autant de plaisir à dix-huit ans puis à vingt-cinq ans.

“I see…” said the vampire thoughtfully, and slowly he walked across the room towards the window.
Et les premières pages se sont révélées si riches, si précises et si parfaites que j’ai continué à lire. La magie a opéré de nouveau. Je vais tenter de poser par écrit ce qui, selon moi, fait d’Entretien avec un vampire un chef d’œuvre de la littérature anglophone.

❗ Supposant que l’intrigue du roman est bien connue en raison du succès de l’adaptation de Neil Jordan en 1994, ce billet sera empli de divulgâcheurs. ❗

Ce que je trouve le plus stupéfiant chez Anne Rice, c’est la richesse de son style. C’est difficile à décrire. Tout déborde chez elle, tout est riche, luxuriant. Les phrases ressemblent aux fleurs de la Nouvelle Orléans – telles qu’elle les décrit, en tout cas. Vous sentez l’air qui embaume, vous vous enfoncez dans un fauteuil en velours. Il n’y a rien d’ampoulé, pas de phrases à rallonge; au contraire, c’est parfois très simple, mais ça véhicule des tonnes de choses. Anne Rice touche à une précision incroyable dans la description de ce qui ne peut pas être décrit, ou si difficilement: la beauté surnaturelle des vampires, les regards et les gestes qui en disent plus que mille mots, les questionnements moraux, voire métaphysiques, qu’on ne comprend pas soi-même. Et les époques historiques: la Nouvelle Orléans de la fin du XVIIIe et de la première moitié du XIXe, puis le Paris du Second Empire. Deux villes qui flamboient différemment mais flamboient quand même, animées par une vie riche et incessante pleine de lumières et d’odeurs.

“But how much tape do you have with you?” asked the vampire, turning now so the boy could see his profile. “Enough for the story of a life?”

Les personnages, ensuite: comme l’écriture, ils sont incroyablement complexes, pleins de replis et de sous-couches qu’on n’aperçoit que brièvement. Louis, le narrateur, est le plus attentif à cette richesse qui l’entoure; plein de doutes, de culpabilité à cause de la mort de son frère et de son mode d’alimentation meurtrier, il erre à la recherche d’un réconfort auquel il ne croit pas réellement, que celui-ci soit divin ou démoniaque. Claudia est juste stupéfiante. Transformée en vampire à l’âge de cinq ans environ, elle n’a aucun souvenir de sa vie humaine: elle est le vampire ultime, dénué de tout lien avec les humains qu’elle tue. Son drame, c’est évidemment d’habiter, avec un esprit acéré et hors du commun, un petit corps d’enfant qui ne peut survivre seul. Claudia est franchement flippante, quand on l’imagine vraiment comme une enfant de cinq ans. Je pense que ce n’est pas par hasard si on l’a considérablement vieillie dans le film, en en faisant une pré-ado… Et Armand, enfin: le vampire tout en retenue, prêt à tout pour parvenir à ses fins, un vampire qui ne s’abreuve pas seulement de sang. Lestat, si magistralement campé par Tom Cruise dans le film, est lui moins nuancé; on sent bien qu’il y a un vécu derrière son arrogance et ses sautes d’humeur, mais il ne révèle rien de son passé et Louis ne le tient pas grande estime.

“Of course, Lestat didn’t understand this himself. I came to understand it. Lestat understood nothing.”

Lorsque Lestat transforme Louis en vampire, c’est pour s’approprier sa maison et son argent. Lorsqu’il transforme Claudia en vampire, c’est pour retenir Louis, qui, après plusieurs années de cohabitation difficile, est prêt à lui tourner le dos. Il m’est apparu très clairement, cette fois-ci, que le trio Louis-Lestat-Claudia est un couple d’hommes avec un enfant. Je m’explique: j’avais évidemment, précédemment, vu le potentiel érotique homosexuel des couples de vampires d’Anne Rice, qui sont neuf fois sur dix des couples d’hommes. Quand j’avais quatorze-quinze ans, les deux années où j’ai lu plusieurs bouquins de cette écrivaine et regardé de multiples fois le film, c’était ce que je trouvais le plus excitant. Le plus érotique, justement. Mais je n’avais jamais réellement vu ce trio comme une famille avec deux parents de même sexe.

Je ne pense pas qu’il faille y voir un message LGBT, à vrai dire. J’ai l’impression qu’Anne Rice écrivait pour porter ses réflexions sur les sentiments et le sens de la vie plutôt que pour exprimer un message d’égalité ou de défense des droits civiques. Toutefois, je pense aussi, et depuis longtemps, qu’elle avait largement dépassé les clivages de genre et écrivait avec une liberté totale sur la question des relations amoureuses et sexuelles. Dans un de ses romans, Blackwood Farm, elle met même en scène un vampire hermaphrodite. J’ai honte de dire que, lorsque j’ai lu ce roman pour la première fois, en 2011 ou 2012, j’y ai vu un élément scabreux et ridicule à la fois, et un indice que, décidément, Anne Rice s’était perdue en route avec ses Chroniques des vampires. Aujourd’hui, je suis stupéfiée de voir tant d’avant-gardisme. Même en cette époque où les combats LGBT+ sont sur toutes les lèvres, je n’ai jamais entendu parler des hermaphrodites – j'apprends d'ailleurs seulement à l'occasion de la rédaction de ce billet qu'on parle plutôt de personnes intersexuées. Il y aussi énormément de fluidité du genre chez elle, dans le sens homme vers femme, tous ses personnages masculins ayant globalement une beauté correspondant à ce que l’Occident considère comme féminin.

Quant à l’amour de Louis et Claudia, il dépasse tout. Louis est le père de Claudia et il l’aime comme sa fille et son amoureuse à la fois. Il aime la femme dans le corps de l’enfant. Et cet amour est d’autant plus singulier que Claudia est, comme je l’ai dit, une créature totalement inhumaine, plus vampire que n’importe quel vampire – et donc ce que Louis hait le plus en lui-même.

“[…] I love him”, I said. 

“No doubt you do,” she mused. “But then, you could love even me.”

(Putain. J’en reviens pas, Claudia qui dit à Louis: oui, ça ne m’étonne pas que tu puisses aimer Armand, parce que même moi, tu peux m’aimer. Je suis 🤯)

Je suis étonnée et attristée qu’Anne Rice ne ressorte pas plus que ça en cette époque de profondes réflexions sur le genre, où la question de la non binarité est entrée dans les grands débats de société. Elle était tellement en avance sur son temps qu’elle est encore en avance sur notre temps, quarante-six ans après la publication de son premier roman!!

Enfin, j’adore, dans Entretien avec un vampire, l’absence d’explication religieuse à l’existence des vampires. Dans Dracula, ce monument victorien, et même dans Buffy un siècle plus tard, le fait que les armes consacrées par la chrétienté soient efficaces contre les vampires confère une légitimité à cette religion, impliquent qu’elle a un pouvoir. (A-t-on jamais su si la Tueuse pouvait repousser un vampire en lui balançant un objet sacré du bouddhisme ou de n’importe quelle autre religion? C’est une vraie question. Je ne crois pas…) Ici, il n’y a point de ça. Louis, qui cherche désespérément sa place de tueur sur Terre, est aussi ignorant que nous des questions de l’au-delà. Étant né catholique, il cherche une réponse dans le catholicisme, en réfléchissant en termes de Dieu, du Démon et de la damnation. Mais sa recherche reste aussi stérile que celle de n’importe quel humain. Il ne dispose d’aucune preuve de l’existence du divin en particulier ou du surnaturel en général, si ce n’est… sa propre existence, entretenue de nuit en nuit et de décennie en décennie par la mort d’innombrables humains. Attention, je ne crois pas que cela signifie, pour autant, qu’Anne Rice s’exprime contre l’existence du divin, qu’elle déclare haut et fort que le divin n’existe pas. Au contraire, je crois qu’elle y a cru toute sa vie, même quand elle a déclaré sortir du christianisme. Mais le mystère demeure entier pour le vampire et, chez Louis, c’est une terrible source de désespoir.

S’il y a une critique à faire à ce roman, c’est, pour moi, la passivité extrême de Louis. Lorsque Lestat donne son sang à boire à Claudia, il est difficile de concevoir que Louis ne se doute de rien et n’intervienne pas. Mais c’est une broutille dans un roman d’une extrême richesse, et Louis lui-même reviendra sur cette passivité à la fin.

Un chef d’œuvre. Je n’ai pas d’autre mot.

Le petit truc en plus que vous devez absolument savoir
Mon exemplaire d'Entretien avec un vampire est celui que j'ai fait signer à Anne Rice lorsqu'elle est venue en France en 2013. Un livre précieux.

samedi 13 août 2022

Jusque dans nos bras (2010)

Dans ce récit à la première personne, Alice Zeniter met en scène une jeune femme française d’origine algérienne qui accepte d’épouser son meilleur ami, qui est malien, afin qu’il puisse, à terme, obtenir la nationalité française.

J’ai été très surprise en découvrant le sujet. Le premier chapitre, que j’ai lu bien avant d’attaquer le roman, parle plutôt de la génération de la narratrice, Alice ("Je suis de la génération qui vivra plus mal que ses parents, je suis de la génération qui n’est pas née avec Internet mais a grandi avec lui…"). En fait, toutes ces pensées lui viennent en tête alors qu’elle approche de la mairie, le grand jour. Le roman retrace sa vie depuis la maternelle, notamment grâce à sa relation avec son meilleur ami et au rôle tenu par le racisme, de près ou de loin.

Le style ne m’a pas toujours convaincue à 100%. On est dans la tête de la narratrice, avec un langage qui va très vite, empli de virgules plutôt que de points et très "jeune", ce qui ne rend pas toujours bien à l’écrit, à mon avis. Mais le résultat est quand même là. Après trois semaines de galère lecturesque, où j’ai même galéré à lire Becky Chambers alors que j’adore cette autrice et où j’ai abandonné coup sur coup deux romans que j’avais pourtant hâte de lire, j’ai été prise tout de suite et j’ai lu quasiment tout le livre en l’espace de deux ou trois heures dans les transports en commun. Il fait moins de 200 pages, certes, mais parfois je traîne 200 pages pendant une semaine, alors c’est la preuve que c’était efficace!

Je me suis beaucoup retrouvée dans le parcours de la narratrice. Par que j’aie contracté un mariage blanc ou que j’aie été victime de racisme, mais on respire ici un enthousiasme et une impétuosité d’adolescent et de jeune adulte phénoménales, qui m’ont rappelé mes propres jeunes années, et ce sous un jour plus positif que d’habitude. Il y a une espèce de mouvement en avant impossible à endiguer. Et des amitiés super fortes. C’est vraiment beau. Alice et son meilleur ami, Mad, se connaissent depuis la maternelle et partagent tout, c’est dingue et c’est beau! Quand il a besoin d’elle, il est évident qu’elle accepte. Je ne dis pas que les mariages blancs sont une chose bonne ou souhaitable dans l’absolu, mais, ici, ça semble la chose à faire, même si c’est risqué et complètement insensé. Un vrai hommage à l’amitié!

L’autre fil rouge, c’est évidemment le racisme, dont souffre Mad en raison de sa peau noire et qui marquera aussi toute la vie d’Alice: elle n’est pas visée, elle, mais son père est algérien ou d’origine algérienne et elle a donc, elle aussi, un rapport avec un pays autre que la France. Et cela joue. À l’adolescence, elle s’approprie cette "algéritude" volontairement, presque artificiellement, et ces origines ressortent lorsqu’elle annonce cette histoire de mariage à ses parents. Mais elle a la nationalité française et a toujours vécu en France, alors ce n’est pas prégnant comme pour Mad…

La narratrice ayant juste un an de moins que moi (comme l’autrice), beaucoup d’évènements qui ont marqué ses jeunes années ont aussi marqué les miennes, comme les attentats du 11-Septembre et l’arrivée de Jean-Marie Le Pen au second tour des présidentielles de 2002 (j’étais en Première durant l’année scolaire 2001-2002, je vous raconte pas la prise de conscience politique…). Ce roman m’a aussi fait redécouvrir des éléments de la deuxième moitié des années 2010 que j’avais oubliés, tels que:
- l
e fichier EDVIGE,
Brice Hortefeux, 🙃
le ministère de l’Immigration et de l’IDENTITÉ NATIONALE. 🤮🤮🤮🤮🤮🤮🤮🤮🤮🤮

Bon. Franchement, je n’avais pas besoin de me souvenir de tout ça. Mais cette décennie-là éclaire quand même vachement bien la décennie suivante. 🙄

À un moment, Mad explose contre le personnel administratif de la Préfecture où il se rend pour son titre de séjour; tous les employés seraient odieux, méprisants et déterminés à le faire tourner en bourrique. C’est peut-être la seule fausse note du bouquin, un côté "tout le monde il est méchant". Mais qui sait, je donnerai peut-être raison à Mad dans un avenir pas si lointain, vu que je suis censée m’atteler au grand chantier d’obtention de la nationalité française dans l’idée de voter aux présidentielles de 2027. On me traitera peut-être comme une crotte de Méditerranéenne et je me dirai que Mad n’avait pas tort, en fait. 💩👀

Bref, une belle lecture pleine de souvenirs et de belles relations humaines. Merci, Shaya!

lundi 8 août 2022

A Closed and Common Orbit (2016)

Chronique express!

Les lecteurs assidus de ce blog savent que j’ai aimé Becky Chambers d’amour dès que je l’ai rencontrée avec The Long Way to a Small, Angry Planet. J’ai le plaisir de vous annoncer que j’ai retrouvé tout ce que j’ai aimé chez elle dans ce roman, son deuxième: une intrigue toute douce, centrée sur les relations humaines et les parcours personnels, avec bien peu d’action. Enfin, je parle de relations "humaines", mais, en réalité, cette histoire est principalement celle de Sidra, une intelligence artificielle consciente installée dans un androïde et contrainte de commencer une nouvelle vie loin du vaisseau dans lequel elle est née. Heureusement pour elle, elle bénéficie de l’aide de Pepper, une humaine pas comme les autres. Le roman alterne entre les chapitres consacrés au présent de Sidra et ceux consacrés au passé de Pepper, qui a vécu une enfance plus que difficile.

Ces va-et-vient entre présent et passé sont très efficaces pour stimuler l’intérêt. Autant le passé de Sidra est plutôt tranquille, autant le passé de Pepper est plein de dangers et suscite suspense, impatience et empathie. Mais l’un comme l’autre parlent d’intelligences artificielles super avancées, conscientes et capables de sentiments, et posent plein de questions fascinantes. Ci-dessus, par exemple, je vous ai dit que Sidra était "née" à bord d’un vaisseau, mais peut-on franchement dire cela d’un programme qu’on a installé dans un système informatique de bord? La question se pose, évidemment, et me donne le vertige, personnellement. En parallèle, on découvre ou retrouve d’autres espèces non humaines, dont les Aandrisks, que je visualise toujours comme Earl Sinclair et qui me font donc bien marrer (si vous ne savez pas encore qui est Earl Sinclair, qu’est-ce que vous attendez pour cliquer??), et les Aeluons, qui incarnent la fluidité de genre à l’état pur. Becky Chambers est très douée pour créer des espèces extraterrestres avec des caractéristiques physiques, des coutumes et des psychologies différentes des nôtres, c’est très agréable. Le tout avec cet optimisme confiant et simple. Je suis conquise.

mercredi 3 août 2022

La gamelle de juillet 2022 🎶

Comme d’habitude, retour sur les activités culturelles du mois écoulé, qui se sont caractérisées par une certaine musicalité.

Sur petit écran

Rien.

Sur grand écran

Bodyguard de Mick Jackson (1992) 🎶

Quel bonheur, que les cinémas UGC repassent de vieux films! Redécouvrir Bodyguard, que je n’avais vu qu’une fois et il y a fort, fort longtemps, a été un plaisir, et le cinéma était le lieu idéal; chez moi, avec mon téléphone à portée de main, j’aurais probablement décroché à un moment donné, du fait que l’intrigue amoureuse, centrale, n’est pas le type d’élément scénaristique qui m’intéresse le plus. Dans le noir, au calme, j’ai pu en profiter pleinement. J’ai trouvé que le film transmettait bien une certaine tension dans les scènes en public, quand on comprend à quel point la foule et l’agencement des lieux clos deviennent un enfer pour un garde du corps. On sent qu’il est impossible de tout surveiller et que le danger peut surgir de partout. Niveau acteurs, Kevin Costner n’est pas forcément super séduisant, mais il dégage quelque chose d’assez hypnotique; quant à Whitney Houston, elle est superbe ET dégage quelque chose d’assez hypnotique.

J’ai parfois l’impression que la mise en scène des personnages féminins a régressé depuis les années quatre-vingt-dix. Ici, comme d’autres fois, j’ai trouvé le personnage féminin très libre et indépendant. Elle a un enfant dont on ne connaît pas le père (et on se fout éperdument de savoir qui est le père, ce n’est même pas mentionné), elle dit en face au perso de Kevin Costner "But I can’t fuck you?" quand il la quitte, elle flirte avec un autre mec et le fout dehors quand elle décide de ne finalement pas coucher avec lui… Et même quand elle présente les Oscars, on ne voit pas ses seins. Je trouve que bien des actrices pourraient en prendre de la graine, car les remises de prix c’est souvent un Grand Défilé de Nichons, quand même.

Enfin bon bref, un film certes pas inoubliable, mais qui a ses bons côtés et qui ne manque pas de modernité. Et à la fin, vous inspirez un bon coup et vous chantez "And IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII willlll aaaaaaaaaaalllllwaaaaaaayyyyyyyyyzzzzzzz looooooooooooooooooooovvve youuuuuuuuuuuuuuuuuuu". 🤩🎶 Que demander de plus?

Elvis de Baz Luhrmann (2022) 🎶
Biopic musical longuet, ce film m’a beaucoup plus captivée durant sa première partie, qui retrace l’ascension d’Elvis Presley, que durant sa deuxième partie, qui montre la dégradation de ses relations avec son imprésario et sa lente déchéance. La musique est plutôt prenante au début, y compris dans des genres que je n’écoute pas (le blues? Je n’en sais rien…), et j’aime beaucoup les rares chansons que de connais d’Elvis Presley (Heartbreak Hotel!!! 🤩), mais à la fin, j’avais hâte que ça se termine, car je m’ennuyais. Disons que j’ai trouvé Baz Luhrmann nettement plus inspiré dans Moulin Rouge!. 😄 Il est toutefois très intéressant de voir Tom Hanks dans un rôle de méchant, lui qui me semble toujours jouer le type bien et chiant à mourir, et j'ignorais totalement qu'il y avait eu une composante raciale dans le scandale entourant les débuts d'Elvis. Et ouvrez grand les yeux si vous voyez ce film, car vous pourriez bien apercevoir des photos des personnages de Star Trek. 😍

Thor: Love and Thunder de Taika Waititi (2022) 🎶⚡
Un quatrième opus poussif, qui force le trait jusqu’à la caricature – tout du long, je me suis cru dans un pastiche des côtés les plus ridicules des films Thor et non dans un film Thor à proprement parler. Après les bandes-son des années quatre-vingt destinées à faire "authentique" et "cool" dans les Gardiens de la Galaxie, on dégaine maintenant les années quatre-vingt-dix... Et ça n'a pas l'air plus authentique, même ces bons vieux Guns 'n' Roses ne m'ont pas motivée. 😄 J’ai rigolé à certains trucs, j’ai été contente de retrouver certains personnages, mais j’espère qu’ils réussiront à trouver un second souffle pour la suite… Quant à Russel Crowe, je ne comprends pas qu’il soit allé jouer un personnage si grossièrement ridicule, ça me dépasse. 😄

Du côté des séries

Toujours rien. 🤯

Et le reste

J’ai eu beaucoup de mal à lire des livres, mais j’ai réussi à avancer considérablement dans les revues. J’ai d’abord lu le Cheval Mag de juillet, que je n’avais pu lire fin juin, puis un vieux numéro de Courrier International (numéro 1613, du 30 septembre au 6 octobre 2021) dont la une était consacrée à la rivalité entre la Chine et les États-Unis. Quand je l’ai vu dans l’entrée de mon immeuble, sur le comptoir où l’on peut déposer les livres à donner, je me suis dit que l’actualité va bien vite et que la Russie a envoyé la Chine aux oubliettes pour bien des gens… (Dont moi, hein.) En vacances, j’ai lu un hors-série de Première consacré à Matrix, ce qui donne, bien entendu, fortement envie de replonger dans ce film mythique et de (re)découvrir ses suites. Sur l’ensemble du mois, j’ai aussi lu trois anciens numéros de Livres Hebdo. Je ne lis qu’une partie des nombreuses chroniques de sorties, ce qui me permet de gagner beaucoup de temps, mais je suis quand même heureuse d’en avoir sorti trois de la pile d’environ dix mille anciens numéros que j’ai laissée s’accumuler. Et enfin, en fin de mois, j’ai lu le Cheval Magazine d’août. 🤗

Et vous, mes petits lecteurs, comment ça se passe cet été?