dimanche 29 janvier 2017

Resident Evil: The Final Chapter (2016)

Mon avis sur le chapitre final de Resident Evil étant devenu bien trop long pour la gamelle du mois, je lui accorde un billet dédié!


"My name is Alice and this is my story. The end of my story."

Du bon et du moins bon pour un film que j'attendais avec impatience, vu que j'avais adoré le cinquième épisode des aventures d'Alice contre les zombies. Soulignons d'emblée ce qui ne va pas dans ce film: au-delà des habituels problèmes de cohérence des films d'action américains (nombre de combattants fluctuant, soudaine absence de zombies dans un endroit qui en grouillait une seconde auparavant...), il y a un vrai problème dans la manière de filmer. Les combats sont super saccadés et illisibles à cause de mouvements de caméra très soudains et d'un découpage bien trop rapide. Impossible de suivre les coups et surtout de voir les zombies et autres créatures dragonesques et tentaculaires tombées du ciel. C'est bien dommage et très frustrant pour un film qui pourrait pourtant, visuellement, en jeter. J'imagine que ça permet de réaliser des économies en images de synthèse... Mais le spectateur se sent floué, il n'y a pas d'autre mot.


Ce qui est bien, évidemment, c'est la recette Resident Evil habituelle – ou tout du moins celle des opus 4 à 6, vu que je n'ai pas vu les trois premiers films – : une fille qui dégomme des zombies à tour de bras, je kiffe et j'en redemande. J'adore cette guerrière super résolue et impitoyable, c'est vraiment le genre de personnage que j'aurais aimé écrire, et j'adore, en l'espèce, que le film accorde des rôles secondaires tout aussi "badass" à d'autres femmes. Les hommes, pour une fois, se cantonnent à des rôles de méchants pas très charismatiques ou de guerriers interchangeables et banalement virils qui ne servent [divulgâcheur] qu'à mourir en route pour montrer que l'aventure est vraiment dangereuse [fin du divulgâcheur]. Et que dire de la "trinity of bitches", qui m'a bien fait rire et qui m'a semblée bien symbolique? La petite fille, la femme et la vieille à l'article de la mort: c'est tellement universel que j'ai pensé qu'Anderson ne peut pas ne pas avoir fait exprès. Et quand Alice [divulgâcheur] fait face, seule, à la horde qui s'effondre à ses pieds, [fin du divulgâcheur], j'y ai vu une vraie déesse de la guerre (oui oui, rien que ça, je vais voir Resident Evil et je m'exclame dans ma tête: "haaaa mais c'est une déesse de la guerre!!!").


Notons que si Mila Jovovich a quelques plans nichons (et qu'on peut s'interroger sur le choix d'une combattante de l'acabit d'Alice de régulièrement porter des débardeurs plutôt que des hauts plus susceptibles de la protéger des chocs et des coups), ils ne sont pas particulièrement rageants parce que même les seins de son personnage sont virils, HAHA. Vous y croyez ou vous y croyez pas. Trois jours après Passengers, je me suis dit que Jennifer Lawrence pouvait prendre note...

J'espère quand même un peu qu'il y aura un septième film, mais surtout il faut tellement que je voie les trois premiers pour découvrir les débuts de la saga au cinéma!

jeudi 26 janvier 2017

Club Uranium (2016)

Après Le Château des millions d'années et Le Marteau de Thor, je continue la tétralogie Origines de Stéphane Przybylski avec Club Uranium, un troisième tome encore plus épais que le deuxième: environ 580 pages en grand format.


Le procédé des va-et-vient temporels est maintenu dans ce tome, mais il m'a semblé moins saccadé et donc plus facile à suivre. On change assez rarement de date à chaque page comme ça a pu être le cas précédemment. D'une manière générale, les deux tiers du livre s'articulent autour de deux expéditions archéologiques concurrentes: le Club Uranium mené par M. Lee et une mission allemande menée par Saxhäuser essayent d'atteindre au plus vite la vallée irakienne où se sont produits les mystérieux évènements du premier tome. Mais la Seconde Guerre mondiale bat son plein et la situation est quelque peu tendue en Irak, rien n'est facile pour nos pseudo-archéologues!

Toute cette partie est l'occasion d'une belle leçon d'histoire sur la guerre au Moyen-Orien: je ne connaissais rien aux mouvements de troupes et à la situation politique irakienne et ça a été vraiment génial de découvrir tout ça. (Même si ça laisse songeur quant à l'histoire irakienne, ça fait combien de temps que l'Irak est un pays en guerre?)

À partir de la troisième partie, on entre plus résolument dans "l'histoire secrète", avec l'explication de faits réels très importants par la présence d'extraterrestres. J'ai trouvé ça assez génial et j'ai adoré.

Ce tome est très clairement placé sous le signe de la manipulation et du double jeu; encore plus que précédemment, tout le monde manipule et trompe tout le monde. Ce n'est pas toujours facile de tenir toutes les ficelles mais c'est assez génial à suivre. Remarquez que même les extraterrestres se trompent les uns les autres, ce n'est pas anodin! :) Le seul truc que je n'arrive vraiment pas à suivre et retenir, c'est la rivalité des services secrets allemands, avec Canaris et Heydrich (je crois) qui ne s'entendent guère – impossible de me souvenir de leurs services respectifs à chaque fois.

Il y a enfin eu une timide apparition des Russes avec une espionne basée au Moyen-Orient. Je pense qu'elle tiendra un vrai rôle dans le quatrième tome car elle a quelques comptes à régler avec Saxhäuser...

La fin m'a fait assez jubiler, d'une part car il y a un mort qui n'est pas mort (haha!! théories de la conspiration je vous aime!!) et d'autre part car elle m'a semblé ouvrir l'intrigue sur toute la Guerre froide, pas juste la Seconde Guerre mondiale. J'ai vraiment hâte de lire la suite et d'avoir enfin le fin mot de l'histoire, d'autant plus qu'on ne sait toujours pas grand-chose sur les origines de quoi que ce soit. Rendez-vous en septembre...

Allez donc voir ailleurs si ce Club y est!

lundi 23 janvier 2017

The Gunslinger (1982)

"The man in black fled across the desert,
and the gunslinger followed."

Ça fait au moins quatre ans que je veux lire La Tour sombre (la preuve ici), et maintenant que je suis enfin passée à l'acte, un peu affolée par l'arrivée prochaine d'une adaptation cinématographique, je suis bien embêtée pour en parler!

Une lecture approuvée par Edward.

C'est que ce premier tome, The Gunslinger, est aussi ambitieux que je le pensais et même plus. L'univers est complexe et riche, et, s'il basé sur notre monde (on y parle par exemple de New York et de Jésus), il en est trèèèèès différent. C'est un avenir distant dans lequel notre société n'a laissé que des traces, que les habitants ne comprennent pas forcément. Ici, une pompe à essence en état de marche peut devenir un dieu! Des mutants vivent dans les souterrains et les araignées ont des yeux au mauvais endroit. On y croise des démons lubriques. On a affaire à un cadavre réanimé. L'anglais des personnages si tant est qu'ils parlent anglais en réalité – a évolué également et n'est pas toujours facile à déchiffrer pour un non-natif.

On entrevoit et devine une fresque immense. Il est question du passage du temps et de la taille de l'univers. Un jeune garçon s'est retrouvé on ne sait comment sur la route du gunslinger (le pistolero dans l'adaptation française); avant, il était bien ailleurs, dans une cité qui ne peut même pas exister aux yeux de son compagnon. La technologie s'est effacée, l'humanité utilise à nouveau la mule comme moyen de transport. Le gunslinger se souvient de ses jeunes années à Gilead, la cité où il a appris son métier. Mais le monde a changé, il est le dernier gunslinger, ses amis et son amour sont morts, et il poursuit l'homme en noir à travers le désert.

Pourquoi, depuis quand? Nous n'en saurons presque rien dans ce tome, le plus court, qui raconte la traversée du désert du gunslinger et nous fournit seulement des bribes d'informations sur son passé. Et qui nous indique son but. Au bout de son chemin se tiendra la Tour Sombre.

Stephen King sait à quoi il joue, c'est sûr. J'ai pensé à G. R. R. Martin et à A Game of Thrones, la manière dont on sent bien, en lisant le premier tome, que l'échiquier est immense et les pièces nombreuses. (Sauf que, ici, l'échiquier fait la taille de mon appart et ce premier tome la taille d'une grosse tasse de thé.) J'ai aussi pensé à Neil Gaiman lors de certaines descriptions un peu rêveuses, imprécises mais très évocatrices. King est capable ici de vous dire des choses comme (j'invente) "Il était là devant lui, mais il n'était pas là".

Une lecture exigeante, donc, qui ne mâche en rien le travail du lecteur. Je dois dire que j'ai été décontenancée. Je savais qu'il y aurait mélange des genres, mais je ne m'attendais pas du tout à quelque chose d'aussi complexe à appréhender. Je suis revenue en arrière plein de fois, j'ai relu des dialogues pour m'y retrouver. Mais j'ai adhéré (le poisson est ferré, comme dit Grominou!) et j'ai été émue (car oui, il y a pas mal d'émotion ici, une émotion désespérée et aussi aride que le paysage...). Et j'ai déjà hâte de lire la suite.

Un mot sur la date de publication: Pour le titre de ce billet, j'ai retenu la date de publication du Gunslinger en volume. En réalité, les différentes parties ont été publiées précédemment sous forme de nouvelles.

Un mot sur l'adaptation cinématographique: Maintenant que j'ai mis le nez dans l'univers, je me demande vraiment comment tout ceci va passer au cinéma. Je trouve ça parfaitement inadaptable. Il y a trop de fond, de contexte pour en faire un film de deux ou trois heures. Et j'ai encore six tomes et un roman séparé à lire...

Allez donc voir ailleurs si ce gunslinger y est!
L'avis de Grominou (à qui je dois une bonne partie de mon intérêt pour cette série, merci!)
L'avis de Ksidraconis

vendredi 20 janvier 2017

Ada (2016)

Finir 2016 et commencer 2017 avec des amis formidables, c'est beau! 😻 Merci, chers Amis. Pour ce livre et tous les bons moments passés chez vous, pour votre gentillesse et votre bienveillance, toujours au rendez-vous malgré les difficultés que vous affrontez.... 💓


Prémisse: je suis (à peu près) sure d'avoir lu une chronique de ce livre chez un autre blogueur, mais impossible de me souvenir chez qui! Faites-moi signe si vous l'avez lu...

Frank, flic dans la Silicon Valley, se voit confier l'enquête sur la disparition d'Ada, une intelligence artificielle programmée pour écrire un roman à l'eau de rose pouvant s'écouler à 100 000 exemplaires. Il découvre avec consternation les capacités de ce programme et l'usage que compte en faire sa société-mère, Turing Corp. Auteur de haïkus à ses heures perdues, Frank n'apprécie guère que la création littéraire, même d’œuvres aussi "balisées" et peu reconnues que le roman Harlequin, devienne la prérogative d'une machine. Et puis Ada se manifeste dans son salon, à travers la télé si je me souviens bien, et lui demande son aide. En réalité, notre AI n'a pas été "enlevée" mais s'est enfuie! Et elle voudrait comprendre ce qu'est l'amour pour mener à bien son projet littéraire...

Chère amie C., tu avais raison: ce livre est très sympa et se dévore! Je l'ai lu avec grand plaisir à côté du jacuzzi, c'est-à-dire que j'ai fait consciemment le choix de rester lire sur un transat au lieu d'aller barboter dans le jacuzzi – c'est fou.

Comme Frank ne connaît rien à l'intelligence artificielle, il pose des questions et se cultive au fur et à mesure de son enquête, ce qui rend le roman parfaitement accessible. Il y a une profusion d'informations sur l'IA et ses applications potentielles, mais on n'est jamais perdu. Il y a aussi tout plein de références à des œuvres littéraires et des personnages historiques - Ada doit d'ailleurs son nom à Ada Lovelace –, c'est vraiment un roman "érudit" mais facile à la lire à la dois.

J'ai été un chouïa déçue par la fin, que je n'ai pas tout à fait trouvé à la hauteur du corps du roman. J'avais vu venir une partie du retournement final, mais en même temps une autre partie était totalement inattendue. [Attention, divulgâcheur: je veux bien que Frank soit naïf, mais à ce point là... Fin du divulgâcheur.]

L'écriture et la création littéraire sont évidemment abordées parce que Ada a été conçue pour écrire un roman. Est-il possible d'écrire un roman à partir des statistiques de tous les romans du même genre déjà publiés? Le roman Harlequin a beau être balisé, est-ce que c'est si "automatique" que ça? C'est assez terrifiant d'entendre Ada parler de sa méthode de travail parfaitement rationnelle et ultra-rapide et de voir que ça marche plutôt pas mal. On a beau se dire, comme Frank, que la littérature est affaire de sensibilité humaine, et se révolter face aux vues de Turing Corp, les performances d'Ada posent bien des questions. (Je me suis dit une fois de plus qu'il faut vraiment éviter les multinationales, ces gens n'ont aucun scrupule!)

J'ai beaucoup aimé le passage où Frank compose ses haïkus, la manière dont il tâtonne pour trouver une formulation satisfaisante. 😍

Ada est publié chez Gallimard et devrait donc toucher un public plus large que les purs et durs de la SFFF française, ce qui me semble très bénéfique!

Allez donc voir ailleurs si cette Ada y est!
La note de lecture du blog de Charybde
L'avis de TmbM


Je vous suggère aussi de lire:
Cet article sur les données des lectures numériques. Rien à voir avec Ada et l'écriture même, en réalité, mais c'est le monde de demain (et perso je suis presque aussi horrifiée que Frank!).

mardi 17 janvier 2017

The Mistletoe Murder and Other Stories (2016)

P. D. James est un génie! Ce recueil de nouvelles de Noël me l'a confirmé une fois de plus...


The Mistletoe Murder (1995)
Noël pendant les années quarante, dans une vieille maison de famille isolée dans la campagne anglaise. Peu de convives, une discrète décoration de Noël... On s'offre des présents et on finit par retrouver l'un des participants morts dans la bibliothèque. "And it seems entirely appropriate that the body should have been discovered in the library, that most fatal room in popular British fiction."
Un whodunnit charmant, plein de petits détails à l'importance primordiale... J'avais repéré le meurtrier mais la nouvelle n'en reste pas moins très bonne.

A Very Commonplace Murder (1969)
Je n'ai pas relevé de référence à Noël dans cette nouvelle très différente des trois autres: ici, l'affaire est sordide, le meurtre étant associé à un élément sexuel assez malsain. Pour commencer, le protagoniste a assisté pendant des semaines aux rencontres extra-conjugales de la future décédée et de son amant parce qu'il revenait tous les vendredi soirs, après la fermeture du bureau, sur son lieu de travail afin de lire des œuvres pornographiques trouvées dans les dossiers d'un client. Charmant, n'est-ce ce pas? Et les choses ne s'arrangent pas une fois que le meurtre est commis et l'amant accusé, notre voyeur assistant au procès sans signaler qu'il a bien vu que l'amant est innocent...
Ce texte m'a vraiment mis mal à l'aise. P. D. James est vraiment très forte dans tous les tons qu'elle explore.

The Boxdale Inheritance (1979)
Un nouveau whodunnit charmant. Le célèbre Dalgliesh enquête sur une affaire vieille de 66 ans à la demande de son parrain, qui vient d'hériter d'une belle somme d'argent et qui hésite à l'accepter, de peur qu'elle ne soit issue d'un meurtre. Il faut remonter la piste après toutes ces années, rencontrer les dernières personnes encore vivantes ayant assisté à ce Noël fatal... Je n'ai rien vu venir et comment aurais-je pu, de toute façon? Ici, [divulgâcheur] le tueur a quatre ans...... 😈

The Twelve Clues of Christmas (1996)
Un autre whodunnit mettant en scène Dalgliesh, qui se retrouve confronté à un cadavre alors qu'il roulait tranquillement pour passer Noël chez sa tante. Un homme s'est suicidé dans une mise en scène farfelue et grotesque. Mais il y a douze petits détails, douze indices qui mettent la puce à l'oreille de Dalgliesh... Une nouvelle brillante et pleine d'humour, vraiment adorable. "I don't think I'll ever have another case like it. It was pure Agatha Christie." 💞

Nous saurons donc désormais que P. D. James était aussi forte pour rédiger des nouvelles que des romans! C'est un vrai plaisir de la retrouver et je m'inquiète un peu de voir que j'ai lu plus de la moitié de ses livres...


Ce recueil est disponible en français sous le titre Les douze indices de Noël, chez Fayard. Évidemment je voulais le lire avant Noël ou le jour même, mais je n'ai pas pu et j'étais moins dans l'ambiance en janvier; mais je ne pouvais quand même pas attendre un an! ^^

samedi 14 janvier 2017

Petit pays (2016)

Petit pays, le premier roman de Gaël Faye, a été très bien reçu par la critique lors de la rentrée littéraire de septembre et a obtenu le prix Goncourt des lycéens.


Le récit est raconté à la première personne par Gabriel, un jeune garçon d'une dizaine d'années qui mène une existence plutôt tranquille dans une impasse de Bujumbura, capitale du Burundi, au début des années quatre-vingt-dix. Son père est français, sa mère est rwandaise. Gabriel a une bande de copains dans l'impasse et va à l'école française sans trop se soucier de ces histoires de Tutsis et d'Hutus dont il entend parfois parler sa mère...

La première moitié du roman, voire les deux tiers, retrace ce quotidien perdu, ces derniers mois d'enfance savourés avec inquiétude par un enfant qui sent que les choses changent autour de lui et qui voudrait empêcher le temps de passer. Mais le changement arrive, inéluctable: ses parents se séparent et la situation politique devient de plus en plus tendue...

Bon, j'ai un peu honte de le dire, mais avant de lire ce Petit pays je ne savais pas placer le Burundi sur une carte et j'ignorais totalement que les Hutus et les Tutsis habitaient d'autres pays que le Rwanda. J'ai donc fait une remise à niveau express (merci Wikipédia...) sur la triste succession de coups d'État et d'affrontements ethniques dont a souffert le Burundi après son indépendance au début des années soixante. Le génocide rwandais a probablement attiré plus d'attention du fait de son ampleur exceptionnelle, mais je peux vous dire que ce pays a eu sa part de massacres, c'est vraiment effrayant. Et la situation reste très tendue à l'heure actuelle.

Gaël Faye a grandi au Burundi et on sent qu'il y a du vécu dans la description du quotidien de ce petit garçon qui veut juste jouer avec ses copains. L'auteur réussit d'ailleurs très bien à adopter un regard d'enfant sur les choses. Le style est parfois un peu faussement lyrique (peut-être sous l'influence de l'éditeur, désireux d'obtenir un "produit" haut de gamme?), mais très fluide et bien maîtrisé pour un premier roman. J'ai lu ce livre en une journée pendant mes vacances. C'était plaisant et prenant, malgré (ou à cause?) de la montée très progressive mais inexorable que l'on sent en arrière-plan. Il faut beaucoup de temps pour en venir au vif du sujet, l'entrée du Burundi dans la guerre civile au lendemain de ses premières élections et les liens de la mère du narrateur avec son pays d'origine, le Rwanda, qu'elle a fui mais où elle a encore de la famille. Des Tutsis, comme elle. Les derniers chapitres nous plongent enfin dans l'horreur qu'on imagine.

J'étais en thalasso quand j'ai lu ce livre et ça m'a laissée songeuse. Barboter dans le jacuzzi et manger des fruits de mer quand le quotidien d'autres personnes de ma génération a été marqué par ça, alors même que ça se répète partout dans le monde... Comment est-ce possible?

Je parlerai en dernier d'un élément qui n'est que peu abordé mais qui m'a marquée, forcément: le poids de l'héritage / la différence entre l'héritage et le ressenti (j'ignore si c'est clair...). Notre narrateur métis représente plus qu'une union Europe-Afrique: son père lui apporte sa nationalité française, sa naissance et sa vie au Burundi font de lui un Burundais, sa mère lui apporte l'héritage rwandais mais aussi tutsi... Mais il ne se reconnait que dans ce qu'il connaît, le Burundi... J'entends souvent dire que le biculturalisme est un atout, mais franchement c'est dur à porter quand on est petit et qu'on ne comprend pas bien les tenants et aboutissants de la chose. 😔

Je remercie chaleureusement mon amie M. de m'avoir prêté ce roman!  Ça fait au moins deux ans que je n'ai pas lu de livre de l'actualité littéraire "officielle" et ça fait du bien... 💋

Allez donc voir ailleurs si ce petit pays y est!

mercredi 11 janvier 2017

Bilan 2016 - Lectures

Place maintenant, avec un léger décalage sur la date de publication prévue, au bilan lecture 2016. Qu'ai-je lu cette année? Qu'est-ce qui m'a marquée?

La tendance à la baisse continue inexorablement, puisque je comptabilise 55 livres. C'est quatre de moins qu'en 2015. Je réalise à peu près la moitié de mon objectif, qui était de lire deux livres par semaine (soit 104 sur l'année). 😀
[Mise à jour d'avril 2018: Je réalise en fouillant dans mon agenda 2016 que je me suis trompée et que j'avais en réalité lu 57 livres, pas 55.]

La qualité ayant été au rendez-vous, il m'est très difficile de faire une sélection. Ce billet sera donc interminable!

Comme chaque année, quelques valeurs sures m'ont fait passer d'excellents moments: 
Agatha Christie avec The Secret of Chimneys;
Arthur C. Clarke avec The City and the Stars; 
Alexander McCall Smith avec The Full Cupboard of Life et In the Company of Cheerful Ladies;
Jules Verne avec L'Île mystérieuse;
P. D. James avec The Black Tower;
Maupassant avec Fort comme la mort.

Deux valeurs sures ont réussi à me bluffer et à m'impressionner alors que je connais déjà (très) bien leur œuvre: 
Anne Rice avec The Feast of All Saints, une fresque historique riche, brillante, émouvante et sordide qui est peut-être son roman le plus ambitieux avec le premier tome des sorcières Mayfair;
David Gemmel avec la trilogie de Troie (Lord of the Silver Bow, Shield of Thunder et Fall of Kings), une série de qualité et ambitieuse qui réunit tout ce que j'aime chez Gemmell et constitue peut-être son apogée (même si Légende, bien sûr, reste mon petit préféré).

Une saga jeunesse m'a enthousiasmée et émue: 
Je dois à Warrior Cats d'Erin Hunter (La Guerre des Clans) quelques uns des meilleurs moments de lecture de l'année et quelques larmes. Je n'oublierai pas de sitôt les chats de Into the Wild, Fire and Ice, Forest of Secrets, Rising Storm, A Dangerous Path et The Darkest Hour!

Quelques livres m'ont permis de passer par le fantastique, le surnaturel, le mystère ou l'horreur, vaste catégorie qui reste ma préférée: 
Elle de Ridder Haggard, un auteur que je devrais continuer à lire; 
Le Roi en jaune de Robert W. Chambers, un recueil qui m'a assez durablement traumatisée et auquel je pense encore quand je vois quelque chose d'un peu dérangeant ou répugnant (merci Oukoulou!!!);
The Rats de James Herbert;
Tales of Terror and Mistery de Conan Doyle;
et quelques courts textes de Lovecraft et Howard, écrivains géniaux et inimitables que je devrais lire plus souvent.

Quelques relectures enthousiastes et enthousiasmantes sont venues me rafraîchir la mémoire:
The Strange Case of Dr Jekyll and Mister Hyde de Robert Louis Stevenson;
Histoire d'une mouette et du chat qui lui apprit à voler de Luis Sepulveda;
La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules de Philippe Delerm.

Quelques rencontres adorables et charmantes m'ont émue ou donné envie d'aller plus loin:
The Guernsey Literary and Potato Peel Pie Society de Mary Ann Shaffer et Annie Barrows;
Pour l'amour de Finette de Remo Forlani;
Arsène Lupin, gentleman-cambrioleur de Maurice Leblanc.

Une série de SF (mais plus ou moins inclassable) m'a fait jubiler:
Longue vie à Eymerich, l'exécrable inquisiteur de Valerio Evangelisti: Nicolas Eymerich, inquisitore, Il corpo e il sangue di Eymerich et Le catene di Eymerich.

Une touche de SF m'a complètement donné le vertige: 
Do Androids Dream of Electric Sheep? de Philip K. Dick, probablement le roman le plus abouti et maîtrisé que j'ai lu cette année...

La grande lacune de cette année, c'est la fantasy, puisque j'ai uniquement lu A Natural History of Dragons de Marie Brennan.

Je note également que j'ai recommencé à lire en italien et en espagnol, après une voire deux années de pause. C'était modeste mais ça fait du bien de remettre le nez dans ces langues, et je constate avec plaisir que mes neurones se mettent au travail assez docilement lorsque je le leur demande.

Et maintenant, quid de 2017?

La nouvelle année s'ouvre avec deux axes de progression.

Le premier est fort simple et c'est le même tous les ans: LIRE PLUS!!! Par exemple, deux livres par semaine et/ou la moitié de ma PAL au 1er janvier, que voici. (J'ai un peu triché, techniquement j'ai pris la photo le 9 janvier quand j'avais délu certains livres et en avais acheté d'autres, mais j'ai reconstitué ce que la PAL était le 1er...) (Et je réalise que j'ai oublié un livre, il devrait aussi y avoir Ada d'Antoine Bello, damnation!)

Vous noterez que les tranches de cette édition de la Tour Sombre  
composent le nom de la série. Et que la Tour grandit au fil des tomes...

Le deuxième m'est venu à l'esprit lors de mes premiers achats de l'année, quand je suis tombée sur L'écriture comme un couteau d'Annie Ernaux. J'aimerais lire des œuvres d'écrivains qui parlent de l'écriture, qu'il s'agisse de l'écriture en général ou de leur parcours en particulier. Ceci pour m'aider à suivre l'axe de progression que j'ai identifié pour cette année dans ma vie perso, qui est de reprendre l'écriture, d'accorder à nouveau du temps et de l'énergie à la rédaction de fiction pour exprimer ce qui me trotte dans la tête; ressusciter des personnages que je n'ai jamais oubliés mais dont je me suis sentie séparée et indigne (oui!) pendant des années.

Certes, ce n'est pas demain la veille que j'écrirai un truc bien: quand j'ai recommencé à écrire en novembre à l'occasion de NaNoWriMo, je suis vite passée de l'euphorie au désarroi, en mode "mais c'est ni fait ni à faire, il vaudrait peut-être mieux consacrer mon énergie à autre chose qu'à une telle daube". Mais j'ai été "rassurée" et boostée par les articles de la Nife en l'air, une blogueuse qui m'apaise énormément et me donne du courage, et j'essaye de prendre exemple sur deux amies qui ont repris l'écriture ces dernières années malgré des emplois du temps super chargés, deux filles que j'estime beaucoup et qui sont tellement bienveillantes et adorables que je me sens une meilleure personne avec elles. Une personne capable d'écrire, notamment. (A.-S. et C., si vous passez par ici, c'est vous!)

Tout ça pour dire, donc, que j'ai envie de voir ce que les écrivains pensent de leur métier ou de leur art (et il y a déjà matière à réflexion ici, l'activité de l'écrivain est-elle un métier, un art ou les deux?). Je n'ai pas encore fait de recherches et vos propositions sont les bienvenues. J'ai acheté le livre d'Annie Ernaux et j'ai réalisé hier, en lisant l'intro du premier tome de la Tour Sombre, que Stephen King a abordé le sujet dans On Writing. La création littéraire est aussi traitée dans Ada, que je viens de lire et dont je vous parlerai bientôt. Il devrait y avoir un échange en direct sur la page Facebook d'Anne Rice demain. (Anne Rice fait un usage vraiment unique de sa page Facebook, je vous en parlerai peut-être un jour.) J'ai la vague idée que Jack London a dû publier quelque chose sur le sujet. Ce n'est pas encore très concret mais j'espère m'y tenir tout au long de l'année!

Et vous les amis? Des idées pour 2017?
Des envies, des désirs particuliers? 😊