mercredi 30 décembre 2015

Harry Potter et les Reliques de la mort (2007)

Note générale: En rédigeant cette chronique, je pars du principe que tout le monde a lu ou vu Harry Potter et connaît l'intrigue des romans, ou a tout du moins été largement spoilé il y a des années.


Et voilà, c'est fini!

Je suis malheureusement super pressée pour écrire ce billet car je pars en week-end cette après-midi – à l'heure où il sera en ligne, je serai dans le train –, donc je ne vais pas forcément pouvoir écrire tout ce qui mériterait d'être écrit.

Je dois dire que j'ai été un peu déçue par cette conclusion. Pour la première fois, je ne peux pas vraiment dire "mon tome préféré, c'est le dernier que j'ai lu"...

Deux raisons à cela: d'une part une première partie que je trouve longue et un peu ennuyeuse (toute la partie dans la forêt et les excursions au ministère de la Magie et à Godric's Hollow, que j'ai trouvées assez inutiles) et d'autre part une fin que je trouve vaguement confuse. Je suis peut-être débile, mais je ne pense pas avoir tout capté au pourquoi du comment de la chute de Voldemort. L'histoire des baguettes qui changent de maître en fonction des résultats des duels est intéressante, mais de là à ce que la baguette de Voldemort se retourne contre lui parce qu'elle appartient à Harry parce qu'il a désarmé Draco qui a désarmé Dumbledore... Et que le sacrifice de Harry protège tout le monde... Déjà que je trouvais ça nul dans le cas de sa mère... Et surtout que Harry revienne à la vie en laissant l'Horcrux de Voldemort derrière lui juste parce qu'il a accepté de mourir... J'ai l'impression d'avoir loupé quelque chose! Et aussi que Rowling a tué plein de persos secondaires pour "faire sombre" mais n'a pas osé tuer Harry...

Bon, ceci étant, c'était une super lecture comme d'habitude, et la fin absolument épique m'a pas mal transportée. Malgré ce que je disais ci-dessus, je trouve que Rowling a fait preuve d'une grande maîtrise pour boucler son intrigue en revenant sur plein d'éléments des tomes précédents et c'est assez jubilatoire. Le coup de maître revient au chapitre The Prince's Tale, que je trouve doublement génial: réhabiliter Snape en même temps qu'elle présente un Dumbledore nettement plus froid et moins charmeur qu'à l'accoutumée était vraiment brillant. Cette partie-là m'a mise un peu mal à l'aise tellement elle est dure et je trouve que rien que pour ça, pour ce retournement dont on pouvait sûrement se douter si on était un lecteur plus perspicace que moi mais dont on ne pouvait tout de même pas prévoir la tristesse et l'injustice, ça vaut le coup de lire Harry Potter...

La fin est également jubilatoire parce qu'elle fait revenir d'un coup les personnages secondaires qu'on n'avait pas vus du tome, comme Neville et Mc Gonagall, et j'adore les voir au combat; ce sont vraiment deux de mes personnages préférés. J'aime aussi que les araignées et les centaures prennent part à la bataille, ça permet de ne pas oublier leur existence, du genre "j'en avais besoin dans le tome un mais je les ai oubliés après", et c'est ce que j'aime dans Harry Potter, cette manière dont les éléments secondaires réapparaissent bien plus tard et peuvent tout changer.

Dommage qu'il n'y ait pas le moindre Slytherin pour changer de camp, tout de même... Ils sont un peu trop irrécupérables à mon goût. Les Malfoy évoluent, certes, mais bien malgré eux...

Comme la première fois que j'ai lu ce tome, j'ai été très choquée par le mort d'Edwige, que je n'avais tout simplement jamais envisagée. Et cette fois-ci j'ai aussi été très touchée par Dobby et Fred – ou George, je ne sais plus –, j'ai trouvé leurs morts décrites avec délicatesse et violence à la fois....

Le sacrifice d'Hermione, qui envoie ses parents en Australie, est l'un des plus beaux gestes de toute la saga... (Dommage qu'elle pleure encore plus que d'habitude, mais au moins je crois qu'elle n'a pas trébuché dans ce tome! ^^)

J'ai été contente de voir Ron prendre du relief après son retour. Autant il était énervant avant de s'en aller, autant il semble développer plus de maturité et une volonté propre après, il ne passe plus sont temps à ne pas prendre position... C'était bien nécessaire!

Ensuite, comme dans tout le reste de la saga, on peut s'interroger sur la fréquence des coïncidences qui permettent aux héros d'entendre ou de voir des éléments essentiels totalement par hasard, mais bon j'ai accepté ça dès L'école des sorciers donc ça va. :)

Et alors, quid de cette relecture?

Bein c'était génial. Harry Potter est vraiment un plaisir de lecture unique et tellement riche que je ne m'en lasserai probablement jamais. Je vais essayer de tenir dix ans avant de tout relire, pour ne pas me lasser – je connais vraiment bien l'histoire des quatre premiers –, mais je conseille vraiment à ceux qui n'ont pas encore mis le nez dedans de s'y essayer.

Je peux maintenant dire que je pense que J. K. Rowling savait très tôt où elle voulait aller. C'était une de mes grandes questions la première fois que j'ai lu la saga complète. Elle n'avait probablement pas tout en tête, mais je suis certaine qu'elle connaissait les grandes lignes de l'histoire des Horcruxes et de Snape et Dumbledore au plus tard quand elle a sorti La Coupe de feu.

Je referme le coffret avec un sourire débile sur le visage. Il ne me reste plus qu'à revoir les films...
 


Allez donc voir ailleurs si ce sorcier y est!
L'avis de Tigger Lilly
L'avis de Vert

Livres de la série déjà chroniqués sur le blog
Harry Potter à l'école des sorciers
Harry Potter et la Chambre des secrets
Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban
Harry Potter et la Coupe de feu
Harry Potter et l'Ordre du Phénix
Harry Potter et le Prince de sang-mêlé
Les Contes de Beedle le Barde

vendredi 25 décembre 2015

Ocelot (2015)

Chronique express!


Voici une bande dessinée absolument charmante: Ocelot de Jean David Morvan, Séverine Tréfouël et Agnès Fouquart. J'ai beaucoup beaucoup aimé ce chat "qui n'en était pas un" et qui, étant séparé de sa maîtresse, découvre Paris avec une bande de chats des rues. Je pense qu'il s'agit peut-être d'une publication jeunesse – l'intrigue étant relativement peu développée, je pense que des enfants s'y retrouveraient facilement – mais moi j'ai craqué pour ces illustrations superbes et de toute façon je suis ravie dès qu'il y a des chats.... Je vous propose quelques photos pour donner une idée du dessin, qui je pense joue beaucoup. N'hésitez pas si ça vous tente, c'est vraiment choupinou!




mardi 22 décembre 2015

Rosée de feu (2010)

Chronique express!


J'ai emprunté Rosée de feu de Xavier Mauméjean à la médiathèque un peu sur un coup de tête. Réécrire la Seconde Guerre mondiale en dotant les Japonais de dragons me semblait casse-gueule, mais j'étais d'une excellente humeur ce jour-là et j'ai décidé de tenter la lecture avec enthousiasme. Grand mal m'en a pris: j'ai trouvé ce livre vraiment faible. Je n'ai ressenti aucune empathie pour l'histoire ou les personnages, je n'ai rien compris au découpage des chapitres en Terre, Métal, Bois et Feu, je n'ai jamais réussi à retenir plus de trois noms de personnages japonais (certainement une faiblesse de ma part, j'en suis consciente), j'ai trouvé les dragons peu crédibles (voler à dix mille mètres de hauteur, vraiment?), je me suis ennuyée à périr pendant les compte-rendus de bataille et de stratégie et surtout j'ai trouvé que l'auteur essaye de sous-entendre pas mal de choses d'une manière extrêmement peu claire – c'est difficile à expliquer, mais les transitions entre phrases ou paragraphes sont vraiment bancales, il faut complètement deviner ce qu'il a voulu dire. Il y a certes un aspect intéressant du fait qu'on parle de la stratégie d'attentat suicide des Japonais et de la propagande au Japon, et j'ai beaucoup aimé la chute liée à la bombe "atomique" mettant fin à la guerre, mais ça n'a guère rattrapé le reste à mes yeux.

Les critiques "officielles" du milieu SFFF francophone étant radicalement à l'opposé de mon avis, je vous invite à googler Rosée de feu et à lire quelques avis dithyrambiques.

samedi 19 décembre 2015

Harry Potter et le Prince de sang-mêlé (2005)

Note générale: En rédigeant cette chronique, je pars du principe que tout le monde a lu ou vu Harry Potter et connaît l'intrigue des romans, ou a tout du moins été largement spoilé il y a des années.


La fin approche. Quand on a fini Le Prince de sang-mêlé, il ne reste, d'un coup, plus qu'un seul tome à lire; je ne suis pas vraiment triste mais j'ai l'impression que cette relecture est "passée vite". Comme tous les bons moments peut-être...

Sans surprises, j'ai adoré; c'est vraiment trop génial Harry Potter, je suis toujours dans un état second et par moments je me dis même que c'est limite aussi bien que Le Seigneur des Anneaux (mais limite, hein).


Cependant, j'ai laissé passer trop de temps avant d'attaquer ma chronique, donc mes idées sont un peu nébuleuses...

Dans ce tome, j'ai adoré la présence massive de Dumbledore, avec ses dialogues délicieux (son passage chez les Dursley est juste excellent); la découverte du passé de Voldemort, qui était vraiment la bienvenue, voire nécessaire; la romance entre Harry et Ginny, que je trouve à la fois choupinoue et rigolote; et surtout la prise de conscience et de maturité soudaine de Harry, qui devient un peu un vrai héros.

J'aime beaucoup Slughorn aussi, et, d'une manière générale, la vie de Poudlard que je trouve juste géniale...

Ma lecture a cependant été un peu ternie par une fin que j'ai trouvée un peu expéditive. À partir du moment où Harry lance le sort Sectumsempra sur Draco, j'ai eu l'impression qu'on survolait. Il y a toujours une accélération de rythme à la fin dans Harry Potter, certes, mais là ça faisait un peu "je dois boucler mon bouquin, on y va".


Déjà, le fait que le Sectumsempra ne provoque aucun remous dans l'école, aucune campagne de dénigrement des Slytherin, aucune remarque d'un prof... Harry a failli tuer Malfoy et il se retrouve juste à faire des heures de colle? De même avec la scène de Dumbledore buvant le liquide protégeant l'Horcrux: c'est poignant et terrifiant mais ça va tellement vite que je n'ai pas eu le temps de réellement la ressentir. Et après la mort de Dumbledore, ça va encore plus vite, je n'ai pas du tout ressenti de peine ou de sensation de "temps arrêté" comme dans La Coupe de feu, quand Harry est complètement sous le choc. On se demande si l'école va rouvrir en septembre et puis voilà Dumbledore est enterré. La palme revient tout de même à la rupture de Harry et Ginny: le perso de Ginny ayant vraiment pris du caractère (elle a tout de même cassé avec son ex parce qu'il la saoulait à l'aider à passer la porte!), ça m'a étonnée qu'elle se laisse abandonner comme ça, avec un sourire triste et une résignation absolue...

Ceci m'a aussi amenée à tilter plus que d'habitude sur le dernier paragraphe du livre, que je trouve particulièrement mou, et à réaliser qu'à mon avis J. K. Rowling ne sait pas conclure ses livres. Je trouve toujours le dernier paragraphe complètement évident et culcul...
 
Bon, attention, même si je sors un peu de venin, j'ai adoré relire Le Prince de sang-mêlé et j'ai hâte de lire la suite, ne vous trompez pas. Mais je l'ai trouvé léger dans sa conclusion. Peut-être souffre-t-il aussi de passer derrière L'Ordre du Phoenix, qui faisait 200 pages de plus (et était écrit nettement plus petit).

Et maintenant, la dernière ligne droite.



Allez donc voir ailleurs si ce sorcier y est!

Livres de la série déjà chroniqués sur le blog

mercredi 16 décembre 2015

The Crow (1989)

Chronique express!


Je l'ignorais jusqu'à ce qu'une amie ne me l'offre, mais le film The Crow est tiré d'un comics!

L'histoire est sensiblement la même: Eric revient un an après sa mort pour venger son meurtre et celui de sa petite amie. Accompagné du corbeau qui l'a ramené à la vie, il hante une ville sombre et malfamée pour abattre tous ceux qui ont participé à la tuerie et au viol. Quelques personnages secondaires comme le flic et la petite fille sont beaucoup plus mis en avant dans le film, où le méchant est nettement plus charismatique (inoubliable Michael Wincott!), tandis que le comics voit déambuler des chats très inquiétants... The Crow est vraiment très intéressant parce qu'il présente des dessins extrêmement différents d'une page sur l'autre; tous ne m'ont pas convaincue, mais ça donne un patchwork très efficace et étonnamment cohérent. Le noir et blanc colle super bien à l'histoire et à l'ambiance. Pas étonnant qu'il soit devenu culte... En plus, c'est une histoire super triste et James O'Barr parle très justement de l'absence, par exemple quand Eric danse tout seul ou que le chat lui amène une vieille boule de Noël... Une belle découverte en somme!


dimanche 13 décembre 2015

La destruction des Juifs d'Europe (1985)

Il m'aura fallu six mois pour venir à bout de La destruction des Juifs d'Europe de Raoul Hilberg, le "livre de référence sur le génocide" selon Folio.


Une lecture assez ardue et exigeante, principalement pour deux raisons.

Déjà, il s'agit du texte imprimé le plus petit que j'ai jamais lu. C'est limite difficile à lire et ça en fait un livre absolument MASSIF, bien plus long que ne peuvent le laisser penser ses (tout de même) environ mille pages. C'est principalement pour ça qu'il m'a occupée pendant six mois. Ci-dessus, une comparaison avec ma lecture suivante pour vous donner une idée...


Ensuite, c'est un essai, un vrai, rempli de chiffres et de citations de documents, et ce n'est pas toujours palpitant. Aussi sérieux soit le sujet abordé, il est difficile de s'intéresser longtemps à des données très détaillées, disons, par exemple, la répartition des biens juifs expropriés au printemps 1941 ou la liste des personnes présentes à une réunion. C'est aussi pour cela que je l'ai lu petit à petit.


Ceci étant, cette lecture reste édifiante, principalement parce qu'elle fait prendre "vraiment" conscience de la "tentacularité" du génocide. Nous sommes tous bien conscients de ce qu'a été la Shoah: on connaît le chiffre de six millions de Juifs morts, on a vu les photos et on a lu des livres... Mais on "voit" ici la machine administrative et militaire que cela a représenté concrètement, on lit des milliers de noms de gens qui, de près ou de loin, ont participé à la destruction, par exemple les employés de l'administration des chemins de fer qui comptaient les déportés dans les wagons pour facturer leur transport à l'organisme du Reich qui en était responsable.

Ça donne le tournis d'imaginer ce genre de scène. Et le ton tout à fait factuel avec lequel Raoul Hilberg recense ses sources rend très bien l'idée; il n'y a pas de pathos et pas d'atrocités, juste des faits, des télégrammes, des rapports, des factures et des lois.

"Le ministère du Travail entreprit d'élaborer une politique salariale juive à la fin de 1939, en partant du principe qu'il fallait modifier le droit allemand du travail de manière à exclure les Juifs de certains avantages. Mais, tandis que les bureaucrates du ministère discutaient des détails, les employeurs commençaient à appliquer leurs propres mesures. Beaucoup d'entreprises ayant refusé de payer les congés légaux, des salariés juifs les attaquèrent en justice. Le Tribunal du travail de Cassell donna naturellement raison aux employeurs, attendu que les Juifs n'avaient pas de "lien intérieur" avec l'exécution du travail, que le Juif ne voyait dans le travail qu'un produit comme un autre, et que le Juif n'avait pas de loyauté envers son employeur; en conséquence de quoi il n'avait pas droit aux congés légaux."

Le deuxième point qui m'a beaucoup marquée est la structure temporelle du génocide, quelque chose à quoi je n'avais guère pensé auparavant. Si vous estimez que les Juifs sont la cause de tous les maux et que l'État se doit de les éliminer, par quoi devez-vous commencer pour permettre à l'État de les détruire? Et bien il faut les identifier, individuellement et collectivement; alors vous créez de la législation pour DÉFINIR le Juif et vous RECENSEZ les Juifs qui correspondent à la définition.

Selon qu'on était né d'un ou deux parents juifs, pratiquant, marié à un Juif, parent d'un Juif, ou Juif baptisé, on pouvait dans l'Allemagne nazie être quart-juif, demi-juif, trois-quarts juif ou juif tout court, la perspective de survie étant de plus en plus basse pour chaque catégorie. Tout ceci représentait un travail énorme pour l'administration et pas mal de dilemmes; que faire, par exemple, d'un trois-quarts-juif marié à un Allemand, un vrai? Il fallait éliminer le trois-quarts-juif, mais c'était délicat, la population allemande devant être ménagée le plus possible...

Une fois le groupe à éliminer défini, on peut commencer à créer de la législation qui le concerne et passer à l'expropriation des biens, puis à la concentration dans des quartiers dédiés, puis enfin à la déportation et à la mise à mort.


C'est extrêmement logique, mais je ne m'étais jamais penchée avec tant de détail sur ce processus.

Un point que j'ai presque entièrement découvert ici: les opérations mobiles de tuerie déployées en Europe de l'Est et dans les territoires de l'URSS envahis en 1941. Des groupes militaires allemands accompagnaient l'armée avec pour consigne d'exterminer les populations juives. C'est ici que j'ai lu les rares passages un peu gores du livre, par exemple quand Hilberg cite des soldats décrivant les Juifs à moitié morts qui rampaient dans les fosses communes où on les recouvrait de chaux. (Charmant, charmant.) On voit aussi passer des télégrammes "de routine" où les responsables militaires font rapport du nombre de Juifs passés par les armes. Je vous assure que ça laisse songeur de lire des choses du genre "14 536 Juifs éliminés hier, nous continuons la route"...

Dernier élément qui m'a marquée: le très long chapitre sur les déportations de chaque pays d'Europe. Figurez-vous que la tâche des nazis n'a pas été facilitée partout. Les Italiens, par exemple, ne faisaient pas preuve d'un grand enthousiasme pour les rafles de Juifs, et, dans la partie de la France occupée par l'Italie, il est même arrivé que les forces armées italiennes défendent des Juifs contre les autorités de Vichy; au final, Hilberg ne recense "que" 9000 Juifs italiens exterminés. Soixante-dix ans plus tard, on a tendance à penser le génocide comme un processus bien huilé – et il l'était –, mais il impliquait un travail diplomatique et administratif étouffant pour un pays en guerre, et les nazis devaient constamment harceler les pays occupés ou alliés pour se faire livrer des Juifs.


En revanche, au tout début du processus, les associations juives leur ont facilité la tâche. Voulant montrer la "bonne volonté" des Juifs, les autorités des communautés juives fournissaient elles-mêmes les noms et les adresses de leurs membres, ce qui a énormément facilité le travail des nazis quand l'heure est venue de réquisitionner leurs biens et de les escorter aux ghettos. Hilberg remet les réactions collectives des communautés juives dans le long contexte de l'histoire juive en Europe, mais ça donne envie de pleurer...

La veille ou le jour même de son suicide, Hitler a laissé une note dans laquelle il accusait encore les Juifs d'avoir déclenché la guerre et expliquait que le combat de l'Allemagne pour sa liberté entrerait dans l'histoire. Je ne peux vous citer le passage exact car je ne l'ai pas noté (et je renonce à la retrouver vu la taille du machin...), mais c'était édifiant.

Un livre édifiant, donc, qui instruit et fait beaucoup, beaucoup réfléchir; mais sa taille est telle qu'on ne peut guère conseiller facilement de le lire – à moins que vous n'écriviez une thèse sur le sujet ! Il faudrait peut-être que tout le monde l'ait dans sa bibliothèque pour en lire un chapitre de temps en temps...

D'abord édité en 1961, La destruction des Juifs d'Europe a été réédité plusieurs fois après remaniement par l'auteur, c'est pourquoi je cite dans le titre de ce billet la date de mon édition et non la date de parution originelle.

Pourquoi ce livre?
Je ne me souviens plus trop de ma motivation lorsqu'on m'a proposé de me prêter ce bouquin; j'ai dû penser "ha tiens ça doit être intéressant". Quand j'ai vu la taille du texte, j'ai un peu paniqué, mais j'ai tenté quand même.
En juillet, j'ai très consciencieusement et systématiquement lu quelques pages après mes cours particuliers d'équitation, parce que j'étais tout simplement scandaleusement heureuse et qu'il fallait remettre les pieds sur terre. (Et c'est dire combien j'étais heureuse que cette lecture ne refroidissait même pas mon enthousiasme...)

jeudi 10 décembre 2015

Yoga pour chats et pour leurs maîtres (2012)

Chronique express!


Franchement, le marketing et la créativité font bien les choses; proposer d'apprendre le yoga avec des chatons, c'est original. (Mais attention, je tiens à lever toute ambiguïté, ce livre n'est pas du tout destiné à apprendre à des chats à faire du yoga.... ^^)

Ce livre de Claire et Christian Gaudin est vraiment tout petit, mais il a le mérite de commencer par présenter très succinctement, mais (relativement) clairement, ce que sont les chakras et autres trucs un peu conceptuels liés au yoga, avant de proposer quelques postures. La métaphore du chat qui fait du yoga pose parfois problème (genre "levez la patte gauche", "asseyez-vous sur votre queue"), mais les dessins sont tellement choupinous qu'on oublie un peu le reste! J'ai tenté deux séries de mouvements pendant mes exercices de kiné et j'ai trouvé ça pas mal. Suivre les consignes d'un livre reste compliqué quand on est seuls, il faut faire les mouvements petit à petit en reprenant le livre en main pour relire ce qu'il faut faire après, mais bon ça donne des idées.

Si les dessins sont aussi mignons, je m'achèterai Vrai zen pour chats et pour leurs maîtres... :)



lundi 7 décembre 2015

Harry Potter et l'Ordre du Phénix (2003)

Note générale: En rédigeant cette chronique, je pars du principe que tout le monde a lu ou vu Harry Potter et connaît l'intrigue des romans, ou a tout du moins été largement spoilé il y a des années.


Je vais commencer par me répéter: mon tomé préféré d'Harry Potter, c'est toujours le dernier que j'ai lu. En d'autres termes, je trouve que les sept tomes vont en s'améliorant. Et putain avec L'Ordre du Phénix je suis juste dans un état second.


En plus, mon souvenir de ce tome étant beaucoup plus vague que pour les quatre précédents (je ne l'ai lu qu'une fois auparavant au lieu de deux), j'avais un regard beaucoup plus "frais".

 Avant de laisser libre cours à l'hystérie ambiante, citons tout de même trois réserves.

1. Tout au début du livre, quelques passages m'ont semblé un peu forcés par rapport à la manière généralement fluide et limpide avec laquelle tout s'enchaîne dans Harry Potter. Je pense par exemple à la dispute entre Mrs Weasley et Sirius Black: cette scène présente une certaine utilité, mais elle m'a semblé tomber un peu comme un cheveu sur la soupe, du genre "j'en ai besoin, tiens, je vais la mettre là".

2. J'ai relevé quelques éléments invraisemblables, ou plutôt que je trouve un peu tirés par les cheveux. Tout d'abord, le retournement complet du ministère de la Magie, jusque là un organisme vaguement douteux mais néanmoins cohérent, devenu en à peine un mois une horrible machine à propagande déterminée à éliminer Dumbledore. Je veux bien que Fudge soit parano, mais tout de même... Et, à la fin, Neville et Luna ne faisant pas partie de l'Ordre du Phénix et n'étant donc pas au courant que Sirius est un gentil, il me semble étonnant qu'ils se ruent au ministère de la Magie pour le sauver sans rien demander? (Enfin, rien n'est bizarre dans le cas de Luna, mais bon vous voyez...)
  
3. Harry est vraiment trop con dans ce tome. Je veux bien que ce soit sa crise d'ado, mais tout de même. Il se jette dans la gueule du loup à une telle allure, c'est vraiment fou. Après quatre ans, on pourrait supposer qu'il réfléchirait au moins deux misérables secondes ou prêterait attention à Hermione...

Ceci étant, la série continue avec brio dans ce cinquième tome, et, comme dans La Coupe de feu, plus on en lit et plus on veut en savoir, et en plus le rythme accélère à la fin, ce qui rend très difficile de lever les yeux du bouquin sur le dernier quart. L'univers continue de s'étoffer, ce qui est juste un plaisir sans nom: familles des sorciers, passé des personnages, créatures fantastiques, vie de l'école, nouveaux lieux, on apprend plein plein plein de choses!

J'ai vu réapparaître avec plaisir les centaures, dont j'avais totalement oublié le retour et dont je regrettais justement qu'ils n'apparaissent qu'en passant dans le premier tome; j'ai adoré voir Neville prendre du relief (et il m'a émue, le pauvre Neville, quand il glisse discrètement dans sa poche un petit emballage de rien du tout que lui a donné sa mère) et croiser sa grand-mère; j'adore les Thestrals, les chevaux squelettiques; les jumeaux Weasley sont juste trop immensément excellents dans ce tome, leur départ de Poudlard est juste une scène d'anthologie; les réparties de Dumbledore sont tellement savoureuses; le personnage de Snape prend enfin un tantinet de gris dans le noir puisqu'on plonge dans son pire souvenir et qu'on ne peut que le prendre en pitié; en plus, quand il explique qu'il est un expert en Occlumency, J. K. Rowling nous donne à nouveau le fin mot de l'intrigue, c'est juste BANDANT de relire ses bouquins en sachant comment ils se terminent et en se disant "putain mais c'était déjà là!!"; j'aime aussi qu'on mettre du gris dans le personnage de Trelawney, qu'on ne peut que soutenir face à Umbridge, et un tout petit peu dans celui de la tante Petunia; j'aime que des élèves d'autres maisons que Gryffondor prennent la parole; J'ADORE la révolte silencieuse et faussement polie des profs de Poudlard; enfin, Ron fait quelque chose par ses propres moyens en se mettant au Quidditch; et Ginny est non seulement capable d'aligner deux mots mais même une jeune femme tout à fait indépendante, intelligente et rationnelle, avec de l'expérience, de l'humour et la tête sur les épaules...

Je regrette que certains cas irrécupérables restent irrécupérables (à quand un Serpentard qui ne soit pas moche, méchant et con?), que Ron n'ouvre pas beaucoup la bouche entre deux parties, que Hermione continue à couiner de terreur et à trébucher si bien que Harry est obligé de la relever trois fois dans le bouquin, et que Mrs Weasley soit une caricature ambulante sans aucune finesse (merde, même la scène du Boggart ne m'a inspiré aucune sympathie pour elle...), mais J. K. Rowling caricature et écrit avec tellement de brio qu'on lui pardonne vraiment beaucoup!!

À la fin de La Coupe de feu, on a basculé dans un roman beaucoup plus sombre, les éléments rassurants se sont raréfiés propos, j'avais oublié l'attitude infecte de ce petit connard de Percy!!!); même si j'ai éclaté de rire dans ce tome, il est globalement assez dur (toutes proportions gardées évidemment) et l'avenir regorge de dangers. Hâte de passer au Prince de sang-mêlé!


Allez donc voir ailleurs si ce sorcier y est!

Livres de la série déjà chroniqués sur le blog

mardi 1 décembre 2015

La gamelle de novembre 2015

Encore un mois qui a filé à la vitesse de l'éclair. Le chômage technique s'est installé mais je n'ai tout de même eu le temps de rien...

Sur petit écran

Mission: Impossible 2 de John Woo (2000)
Cette fois, c'était la bonne. Après m'être endormie deux fois devant ce film en août, j'ai tenu jusqu'au bout. Et j'ai bien rigolé, parce que ce film est vraiment "maniéré" si je puis dire; John Woo a vraiment des tics qui ne rendent pas du tout à l'écran, et parfois on est limite gêné pour les acteurs qui sont condamnés à être vus toute leur vie dans des scènes toutes pourries (genre le méchant qui attrape le foulard de la fille, ou le face à face des motos à la fin). Lol. Il faut tout de même dire que Mission: Impossible, et bein ça marche même quand ça foire; la franchise repose sur des ficelles efficaces et Tom Cruise est aussi charismatique qu'à l'habitude. J'ai particulièrement aimé la scène de sabotage du laboratoire que le méchant prédit étape par étape parce qu'il connaît bien Ethan Hunt, et bien sûr la réplique inoubliable d'Anthony Hopkins: "Mr. Hunt, this isn't mission difficult, it's mission impossible. "Difficult" should be a walk in the park for you." C'est un film à regarder avec des copains et du pop-corn pour bien rigoler! :)


Spirit, l'étalon des plaines de Kelly Asbury et Lorna Cook (2002)
Retour aux sources. J'aime tellement, tellement ce dessin animé. Spirit est un de mes plus grands héros. J'ai pleuré tout du long.


Sur grand écran

Madame Bovary de Sophie Barthes (2015)
Une adaptation fidèle à l'esprit du roman de Flaubert (pour l'intrigue, je ne me prononce pas, mes souvenirs étant trop peu précis) avec Mia Masikowska dans le rôle d'Emma Bovary. J'aime bien ce personnage et j'ai trouvé l'actrice plutôt pas mal. Les autres personnages sont aussi bien campés. Paul Giamatti est particulièrement excellent et Rhys Ifans a ce côté sournois inimitable. Un peu déçue par Ezra Miller en amoureux transi, mais contente de le voir néanmoins... Et contente de voir aussi Laura Carmichael en bonne, ce qui la change de Downton! En bref, un très beau casting pour une adaptation intéressante, qui manque cependant terriblement de dynamisme.


Seul sur Mars de Ridley Scott (2015)
Le film de SF du moment. Très sympathique quoique conventionnel et un chouïa culcul. Il y a beaucoup d'humour et un bon rythme qui permet de ne pas s'ennuyer face à un pitch qui pourrait être chiant comme la mort: un mec tout seul cultive des pommes de terre sur Mars pour ne pas mourir de faim. Lol.

Les suffragettes de Sarah Gavron (2015)
Un beau casting pour ce film sur une ouvrière britannique qui rejoint le mouvement des suffragettes et s'engage de plus en plus violemment: Carey Mulingham de Drive et Gatsby, Helena Bonham Carter, Ben Whishaw de Bright Star et Cloud Atlas et Brendan Gleeson de Harry Potter, plus une apparition éclair mais délicieuse (bien qu'un peu "ronronnante") de Meryl Streep. Le film a quelques défauts, mais il est plutôt juste dans son propos et sa dureté et il rafraîchit pas mal la mémoire sur le fait que les droits de la femme sont terriblement récents. (La Suisse qui accorde le droit de vote aux femmes en 1971, vous y croyez?) Les personnages féminins sont vraiment fins et forts et on ne peut pas rester indifférents. Il y a de quoi s'interroger sur ce que nous faisons au quotidien pour lutter pour un monde meilleur.
Bien entendu, en cette époque où les trois quarts des gens se croient "engagés" parce qu'ils sortent prendre l'apéro malgré les attentats du 13 novembre et partagent des photos de bougies sur Facebook, le film semble faire un fiasco: je crois qu'on était sept dans la salle...
"We don't want to be lawbreakers. We want to be lawmakers."
"I'd rather be a rebel than a slave."


Du côté des séries

Quelques épisodes de la saison 6 d'Arabesque.

Et le reste

Après des mois, j'ai enfin recommencé à regarder Livrés à domicile, la fantastique émission littéraire de la RTBF. C'est vraiment agréable et stimulant. J'ai même commandé deux bandes dessinées recommandées par Thierry Bellefroid. :)

J'ai lu un charmant numéro de Red Sonja qu'un copain a reçu dans une box. Le niveau intellectuel n'est pas très élevé mais je suis assez fan du personnage et de l'univers, j'aimerais bien creuser un peu. En plus, c'était cool de retrouver Conan!



J'ai aussi repris La Destruction des Juifs d'Europe, que j'avais totalement mis de côté pendant le mois d'octobre. Je commence même à en voir le bout!

Et sinon j'ai lu mon Cheval Magazine adoré. J'ai remarqué une augmentation des publicités dans ce numéro (celui de décembre), une réflexion que je me fais de temps en temps, genre tous les un an et demi, mais ça reste modéré.


Au mois prochain, les copains! 

jeudi 26 novembre 2015

L'Océan au bout du chemin (2013)

Après Fumées et Miroirs (que je n'ai pas fini), Anansi Boys (que je n'ai pas beaucoup apprécié) et American Gods (que je n'ai pas beaucoup apprécié non plus), j'ai encore essayé de lire Neil Gaiman avec L'Océan au bout du chemin parce que j'en ai lu beaucoup de bien chez les copains blogueurs.


Mais je crois que c'est sans espoir. Je ne comprends tout simplement pas Neil Gaiman.

En fait, il y a beaucoup de choses qui m'ont plu ou auraient pu me plaire dans ce bouquin. Déjà, on parle d'enfance et de la manière dont l'enfance garde une importance capitale une fois qu'on est passés à l'âge adulte, avec cette manière un peu schyzo qu'on a de se souvenir de son ressenti et de le ressentir à nouveau tout en le "jugeant" avec un regard différent. Un peu comme si la frayeur d'hier, si elle n'effraie plus aujourd'hui, restait effrayante juste parce qu'elle l'a été à un moment donné.

En plus, cette enfance est très bien décrite, par exemple dans l'attachement aux petites choses qui sont des trésors aux yeux d'un petit ou le souvenir incomparable de ce qu'on a mangé étant petit (miam!).

Ensuite, les personnages sont tous très bien campés, notamment les trois Hempstock à qui appartient l'océan dont parle le titre (qui est en fait une mare aux canards) (qui est en fait un océan). Ces trois femmes sont vraiment charmantes, avec leur force tranquille et les remarques de vieille dame de la campagne que sort la plus âgée.

Ensuite, il y a des chats, et sur ce coup-là je dois dire que Gaiman les décrit plutôt bien, c'est assez jubilatoire même s'ils n'ont pas de rôles importants.

Pour finir, précisions qu'il semble y avoir des dimensions parallèles, ou en tout cas des mondes inconnus desquels peuvent sortir des créatures monstrueuses et cruelles. Donc, un truc qui est censé plaire, ou tout du moins parler, à une inconditionnelle de Lovecraft.

Mais au final j'ai eu beau trouver ce livre charmant à cause des chats et des délicieux repas servis dans la cuisine des Hempstock, il me laisse surtout l'impression que je n'ai pas tout compris. J'aime bien l'idée farfelue de l'océan qui tient dans la mare et des trois femmes qui représentent... quoi exactement, en fait, je ne sais pas, mais genre l'Univers, la Vie et Tout Le Reste... Mais bon voilà... Je n'ai pas compris ce qu'était Ursula, ce qu'étaient les varmints, ni ce qu'est l'océan.... Et j'ai l'impression que le lecteur devrait tout de même comprendre la métaphore, non?

En plus, je n'ai pas du tout eu peur pendant ma lecture, alors que les critiques parlaient de la cruauté de certains passages et qu'un copain m'avait même parlé d'épouvante... Je peux concevoir que ce n'est pas un roman pour enfants, et peut-être même pas pour ados (et encore, à mon avis j'aurais pu le lire au lycée, même si là il m'aurait peut-être foutu les boules), mais mon "moi" adulte n'a pas réussi à croire au danger que court le narrateur. Du coup, pas d'empathie et pas de suspense...

Par contre, je le répète, j'ai bien aimé comment Gaiman souligne la manière dont les souvenirs d'enfance se mélangent au présent, et la toute fin, où le narrateur reperd la mémoire au fur et à mesure qu'il parle, m'a pas mal émue.

Une lecture en demi-teinte donc, avec pas mal d'éléments plaisants mais une expérience globale râtée. Je conclus avec le passage qui m'a le plus touchée, parce qu'il résume un des gros problèmes de mon existence actuelle.

"That's the trouble with living things. Don't last very long. Kittens one day, old cats the next. And then just memories. And the memories fade and blend and smudge together..."

Allez donc voir ailleurs si cet océan y est!