samedi 24 novembre 2012

Le Pendule de Foucault (1988)

Je savais que j'ai une "relation compliquée" avec Umberto Eco: autant j'ai adoré Le Nom de la Rose, un des meilleurs bouquins que j'ai jamais lus, autant je n'ai strictement rien compris à L'Île du jour d'avant. Donc Le Pendule de Foucault avait, en gros, une chance sur deux de me convaincre.

Résultat?

Et bien je trouve ça regrettable à dire, mais je suis incapable de résumer environ 450 des 680 pages de mon édition: j'ai énormément lutté sur ce livre, qui est sûrement une des lectures les plus challenging que j'ai rencontrées.


Ce que j'ai compris, c'est que:

Le narrateur, Casaubon, commence par nous raconter comment il s'est caché dans le Conservatoire des Arts et Métiers de Paris le soir de la Saint-Jean, afin de passer la nuit sur place, près du Pendule de Foucault. Puis il explique qu'il est monté à Paris sur les traces de son ami et collègue Jacopo Belbo, après avoir reçu un appel désespéré de celui-ci et avoir lu des fichiers sur son ordinateur. Puis il remonte encore plus loin en arrière, à l'époque où il allait à l'université à Milan...

À cette lointaine époque post-soixante-huitarde, Casaubon écrivait une thèse sur les Templiers (suivent plusieurs dizaines de pages très intéressantes pendant lesquelles Casaubon raconte l'histoire vraie des Templiers). Un jour, un éditeur, qui s'apprête à recevoir un "chercheur" souhaitant justement publier un livre sur les Templiers, lui demande de participer à l'entretien, vu qu'il connaît bien le sujet. Suivent plusieurs dizaines de pages pendant lesquelles le "chercheur" en question expose toutes les théories possibles sur la non-disparition des Templiers: ils ont rejoint le monde souterrain, ils sont en Écosse, non, ils sont en Allemagne, non, ils font tous les pays d'Europe d'ouest en est afin de retourner à Jérusalem, mais en fait ce sont les Rose-Croix, mais en fait ce sont les Francs-Maçons, mais en fait il faut que vous sachiez que la longueur du côté de la pyramide de Khéops multipliée par le carré de la hauteur puis par 10 puissance 9 est égale à un milliardième de la distance Terre-Lune, ce qui prouve bien, et sans l'ombre d'un doute, que les Templiers sont toujours en vie.

Le chercheur est retrouvé mort dans sa chambre d'hôtel la nuit même. Mais, en fait, on ne sait pas vraiment s'il est mort. Le personnel de l'hôtel le trouve mort sur son lit, mais, le temps de faire venir la police, plus de cadavre... Mystère et boules de gomme.

S'ensuit la partie que je suis incapable de vous résumer, c'est-à-dire le séjour de Casaubon au Brésil puis son retour à Milan, où il commence à travailler pour l'éditeur de tout à l'heure sur une collection sur les sciences occultes. Théories incompréhensibles sur la cabale juive, les mêmes que tout à l'heure, de nouvelles sociétés secrètes dont je ne connais rien.

Ce qu'il faut retenir de tout ça, c'est que, à force de voir passer toutes ces théories du complot, Casaubon, Iacopo Belbo et un autre ami décident de toutes les réunir en un seul Plan, un Plan maître de domination du monde, THE seul et unique Plan, qu'il feront boire à tous ces illuminés du complot pour se moquer d'eux. C'est là que les ennuis commencent.

En fait, c'est la prédominance des théories du complot qui rend ce livre pénible: impossible de suivre tous ces délires, j'enchaînais les paragraphes et les chapitres sans en retenir la moindre idée.

Bon, en revanche, je dois quand même préciser que ce livre a un certain attrait.

Tout d'abord parce que Umberto Eco a une maîtrise de la langue assez incroyable, ce qui rend ses textes très obtus mais assez jouissifs pour quelqu'un qui s'intéresse un tant soit peu au langage. Ensuite, parce qu'il a un humour incisif qui m'a vraiment fait rire. J'aurais dû noter quelques exemples, mais j'aurais dû proposer une traduction et je suis certaine que Jean-Noël Schifano l'a fait bien mieux que moi (heuh sérieux on peut survivre à la traduction d'un bouquin d'Eco??? Non parce que moi je me serais pendue... :D).

Ensuite, parce qu'on comprend assez vite que ce livre ne parle pas de la théorie du complot, mais de la folie de ceux qui croient à la théorie du complot, et que leurs élucubrations sont dépeintes avec leur lot d'erreurs de raisonnement et en mettant bien en évidence que quand on VEUT trouver un lien entre deux évènements historiques, on en trouve un sans difficultés. Dommage qu'on doive suivre des centaines de pages de ces élucubrations pour être sûrs de bien comprendre que celui qui parle est en plein délire!

Enfin, je voudrais signaler l'apparition éclair d'un culte secret auquel je crois fermement, le culte de l'horreur qui hante les océans du globe et qui justifie mon refus catégorique de mettre les pieds dans l'eau. À la fin du livre, le temps d'une réplique, quelqu'un invoque Cthulhu. ^^

vendredi 23 novembre 2012

Le Gató

Une pub absolument merveilleuse pour une marque argentine de café instantané, Arlistán. Le rêve de tout amateur de félins!


mercredi 21 novembre 2012

Disembodied vaginas and things that have teeth

Il y a peu, j'ai lu une biographie de Stephen King: Haunted heart - The life and times of Stephen King de Lisa Rogak. Malheureusement ce livre n'est pas sorti en France. Je vous en parlerai peut-être plus longuement un jour où je serai particulièrement motivée pour écrire un billet.

Ce qui m'a le plus marquée dans cette lecture, c'est la déclaration suivante, tirée d'une interview de Stephen King avec la CNN.

"Lovecraft is the perfect fiction for people who are living in a state of sort of total sexual doubt, because the stories almost seem to me sort of Jungian in their imagery. They're all about gigantic disembodied vaginas and things that have teeth."

Ce qui signifie à peu près, dans la maladroite proposition de traduction de votre dévouée blogueuse:
"La fiction de Lovecraft est parfaite pour des gens qui vivent dans une espèce de doute sexuel complet, parce que l'imagerie de ces histoires me semble presque tenir de Jung. Elles ne parlent que de vagins géants désincarnés et de choses qui ont des dents."

Voilà une névrose dont je ne savais pas que j'étais atteinte. Merci pour cette découverte, monsieur King.

samedi 17 novembre 2012

L'attaque du moulin - Des héros de Zola à ceux des rives de l'Oise

Lors du dernier Pèlerinage annuel à la maison d'Émile Zola, j'ai récupéré ce petit prospectus (ainsi qu'un marque-pages, youhouhou!). Le Moulin de la Naze, situé à Valmondois (dans le Val-d'Oise), accueille une exposition sur la nouvelle de Zola intitulée L'attaque du moulin. Ce texte formait la contribution de Zola au recueil Les soirées de Médan, plus connu pour avoir lancé Maupassant, qui participait avec la nouvelle Boule de Suif.


L'expo dure jusqu'au 24 février. La mairie de Valmondois organise cependant un colloque samedi 1er décembre, avec les quatre "conférences" suivantes (je mets conférence entre parenthèses car je ne pense pas qu'il y ait grand-monde et que je trouve ce mot un peu pompeux):
-1870: la défense du pont de l'Oise, un épisode de la guerre en Vexin;
-Médan: soirées entre amis chez Zola;
-Les Soirées de Médan: manifeste littéraire ou coup médiatique?
-L'attaque du moulin: de la nouvelle au drame lyrique.

Je ne suis pas sure de traîner mes vieux os jusqu'à Valmondois le jour J, le trajet étant un peu long, mais ça ne jamais de mal de relayer l'info. J'imagine que la deuxième et la troisième intervention sont les plus intéressantes pour des amateurs de Zola.

Il est possible de consulter la brochure de l'expo sur le site de la mairie de Valmondois au format PDF.

vendredi 16 novembre 2012

Nouvelles romaines (1954)

Alberto Moravia est un des écrivains italiens les plus connus à l'étranger. En France, j'imagine que l'adaptation cinématographique du Mépris, réalisée par Jean-Luc Godard en 1963 et mettant en scène Brigitte Bardot, a beaucoup participé à sa renommée.

De lui, je n'avais lu, justement, que Le Mépris, un livre que j'adore.

Quid de ces Nouvelles romaines, gentiment ramenées d'Italie par mon Voisin (comme tous les livres italiens dont je vais vous parler cet hiver ^^)?

Le Boubrunisaure part à la conquête de Rome.

Et bien, j'ai retrouvé ici ce que j'apprécie chez Moravia, et que j'aurai bien du mal à vous expliquer sur le plan stylistique: un parler spontané, simple mais très imagé, efficace, ironique. J'imagine que cela est lié au fait que je le lis en italien et qu'il s'applique à écrire comme ses personnages pourraient parler, sans pour autant que cela ne soit pénible à lire ou vulgaire (et sans, comme semblent le croire certains, que ce ne soit du dialecte romain. Il y a certes des exclamations romaines [le célèbre "aho"] et de nombreux mots que je ne connaissais pas, mais on est loin du dialecte, diable).

De manière totalement irrationnelle, lire les mots pasta asciutta --au lieu de pasta tout court ou de pastasciutta-- me met immédiatement l'eau à la bouche. J'imagine des plâtrées de pâtes dégoulinantes de sauce et je me demande soudain pourquoi diable je vis en France....

Sur le plan du contenu, j'ai aussi retrouvé ce que j'ai apprécié dans Le Mépris, c'est-à-dire une grande lucidité mêlée de tristesse et de fatalisme. Sur les 37 nouvelles du recueil, je ne crois pas qu'il y en ait une seule qui se termine bien. La vie n'est pas facile pour le petit peuple de Rome. Les amitiés tombent en pièces, l'amour disparaît à cause de la routine ou de l'égoïsme, et le narrateur se fait généralement avoir. Je me demande dans quelle mesure cette présentation de figures masculines faibles, victimes du sort, qui se dévalorisent et qui n'ont pas grand-chose pour elles, est représentatif de ce que Moravia pensait de lui-même (ce ne serait pas la première fois qu'un grand auteur aurait d'énormes complexes d'infériorité); et je me demande dans quelle mesure la présentation de figures féminines dénuées de cervelle, profiteuses et manipulatrices représente le véritable avis d'un homme qui a épousé deux grandes auteures italiennes à l'esprit remarquable, Elsa Morante et Dacia Maraini...

Alberto Moravia, Nouvelles romaines.
Éditions Garnier Flammarion, 7€, 314 pages.
(En Italie, chez Bompiani, 10,9€)
(contrairement aux idées reçues, les livres coûtent plus cher en Italie!)

jeudi 15 novembre 2012

Downton Abbey (saison 1)

Je n'avais entendu dire que du bien de cette série et j'avais très envie de la regarder. Et, pour une fois, tant d'attente n'a pas été déçue: il n'y a rien de plus à dire, Downton Abbey est une TUERIE!!!

J'imagine votre surprise: en général, j'applique le mot tuerie à des films tels que Transformers et Avengers; on voit mal le rapport avec les "aventures" d'une famille d'aristocrates britanniques (et de ses domestiques) pendant les années dix, où la grande question consiste à savoir qui va épouser qui et qui aura l'honneur de devenir le valet de chambre du lord.

La mère du lord, retraitée de Poudlard.

Et pourtant. Dès les premières images, j'ai été conquise par les décors justes et soignés, les costumes absolument sublimes, les personnages subtils et attachants. C'est ce dernier point qui a constitué pour moi le point fort de la série: après une heure d'épisode pilote, j'étais conquise par la plupart des personnages, par leurs qualités et leurs défauts, par leur manière de tenter d'avancer en faisant ce qui est juste -- et en commettant inévitablement des erreurs. Je crois que ma préférence absolue va à Mister Bates et Anna, mais j'adore les membres de la famille Crawley (au sens étendu du terme), ainsi que Mister Carson et Mrs Hugues.

Le merveilleux Mister Bates.

La merveilleuse Anna.

Le monde de Downton est bien réglé: les domestiques servent le petit déjeuner au lit et changent les fleurs, la famille reçoit les voisins à dîner, on monte en amazone et on chasse à la courre. Et pourtant... Le Titanic a sombré, on installe le téléphone dans la demeure, les tensions grondent en Europe et des femmes manifestent pour obtenir le droit de vote. Où va le monde?

La plus jeune (et la plus belle) des filles Crawley.

Une série qui est vite entrée au panthéon des séries, aux côtés de Rome et de Buffy. Un grand merci à la personne qui m'a prêté les DVD, et vivement que je mette la main sur la saison 2!

Allez donc voir ailleurs si cette série y est!
La chronique de Cachou (avec tout plein de photos!)

vendredi 9 novembre 2012

Zola a-t-il été assassiné?

Comme je l'ai déjà signalé, l'émission L'ombre d'un doute (France 3) de mercredi dernier était consacrée à la mort d'Émile Zola. Ce programme n'a pas vraiment changé mon avis sur la question et je reste sceptique: autant il me paraît tout à fait possible (et même plausible) que la mort de Zola n'ait pas été accidentelle, autant cette histoire de ramoneur qui fait sa confession 20 ans plus tard (à une personne qui attend encore 20 ans pour parler de ladite confession) me semble tirée par les cheveux...

À vous de vous faire votre opinion! La vidéo est disponible pendant une semaine à partir de mercredi 7 novembre.

jeudi 8 novembre 2012

Notre-Dame du Nil (2012)

C'est la grosse nouvelle littéraire de ce matin: Jérôme Ferrari a obtenu le Goncourt pour Le Sermon sur la chute de Rome et Scholastique Mukasonga le Renaudot pour Notre-Dame du Nil.

Je n'ai pas lu le premier (même si je le voyais bien remporter le prix en question, va savoir pourquoi). En revanche, j'ai lu Notre-Dame du Nil pour le comité de lecture de ma médiathèque et je ne peux que vous le recommander. Ma chronique est en ligne sur Bouquin's Blog pour vous convaincre.

mercredi 7 novembre 2012

Orang-outan, citrouille, hippopotames

Croisés sur le boulevard Saint-Germain il y a une quinzaine de jours, dans la vitrine d'une chocolaterie dont je n'ai pas noté le nom... Mais qui osera jamais manger de telles merveilles?




mardi 6 novembre 2012

Top Ten Tuesday (18)

Le Top Ten Tuesday est un rendez-vous hebdomadaire de la blogosphère littéraire. Initialement créé par The Broke and the Bookish, il a été repris en français par Iani.


Le thème de cette semaine:
Les 10 raisons pour lesquelles vous aimez bloguer et lire les blogs

Voilà une vraie bonne question à laquelle je vais apporter de bonnes et de mauvaises réponses.

Pourquoi j'aime lire les blogs.

La mauvaise raison:
Moins ma vie présente d'intérêt, plus je passe de temps à regarder la vie des autres. C'est triste, mais décidément je n'arrive pas à m'en empêcher, et les blogs c'est vraiment super pour voir des centaines de photos d'inconnu(e)s qui montent à cheval et qui ont des belles bibliothèques bien remplies.  Ensuite, je geins parce que moi j'ai pas tout ça blablabla et vivement mes millions blablabla je pourrai collectionner les fossiles blablabla et acheter des livres sérieux sur les dinosaures blablabla. Je vais faire des câlins à Merveilleux Petit Chat pour me consoler et je recommence le lendemain. En d'autres termes, je suis les blogs par névrose (notez l'auto-dérision, s'il vous plaît).

La bonne raison:
Bein, évidemment, découvrir et apprendre. Les blogs m'ont apporté beaucoup depuis que Maelig a ouvert le sien en 2007, soit en culture gé soit, plus récemment, en "activité lecture". 
Du point de vue littéraire, ils présentent deux intérêts majeurs:
1/ les blogueurs ne sont pas "à la solde" des maisons d'édition et on peut donc plus facilement leur faire confiance s'ils disent du bien d'un livre;
2/ ils ne chroniquent pas seulement les nouveautés, mais ce qu'ils lisent, que le livre ait deux ans ou deux siècles, ce qui permet de redécouvrir des livres dont la critique "officielle" ne parle plus. (Anne Rice a très justement fait remarquer sur Facebook que les critiques sur Amazon peuvent jouer un rôle semblable en ré-attirant l'attention sur un livre qui n'est plus une nouveauté.)
En bref, une fois que vous avez repéré des blogueurs avec qui vous avez des goûts au moins partiellement similaires ou qui expliquent clairement, avec des arguments valables, pourquoi ils ont aimé tel ou tel livre, vous pouvez énormément élargir vos horizons de lecture.
Exemple: Pas sûr que j'aurais lu Un été sans les hommes de Siri Hustvedt si je n'avais pas lu la chronique de Cachou. Pas sûr non plus que j'aurais fait l'effort de me mettre à la SF si je n'étais pas tombée chez Le Dragon Galactique (j'aurais probablement continué à renvoyer pendant les 10 ou 15 prochaines années).

Pourquoi j'aime bloguer.

Cette question est plus difficile. Je me la pose régulièrement depuis des années car, très franchement, le "retour sur investissement" de mes deux blogs a été fort maigre, surtout si l'on tient compte qu'il me faut toujours deux heures pour écrire un billet (oui...). Je ne fais pas partie des blogueuses qui reviennent enthousiastes de rencontres entre blogueurs et qui reçoivent des super paquets par la Poste parce que les maisons d'édition leur envoient des nouveautés en service presse. Pourquoi est-ce que je m'obstine, alors?

1/ D'une part, peut-être, parce que j'ai tout simplement quelque chose à dire, bien que mon estime pour moi-même ne soit pas des plus élevées... (J'dis ça au cas où vous n'auriez pas remarqué...)

2/ D'autre part, du point de vue lecture, parce que écrire une chronique oblige à effectuer un travail de réflexion et de rédaction qui va bien au-delà du simple échange de quelques phrases qu'on peut avoir avec son voisin de canapé en refermant un livre. Ça m'oblige à avoir des idées et ça me permet de me rafraîchir la mémoire en détail en relisant le billet.

3/ Parce que j'aimerais faire de la pub à certains livres ou certains films que j'aime et que je considère comme trop peu connus, raison pour laquelle j'ai chroniqué les livres de Zola que personne ne lit, comme Lourdes, Rome et Paris. Espoir peut-être pas si absurde que je ne le pense, vu que M. N. a dit qu'il envisageait de lire Dinosaurs vs. Aliens! \o/

4/ Parce que j'aime parler bouquins, tout bêtement. Disons que la lecture a (re)pris une place prépondérante dans ma vie depuis que je suis traductrice au foyer désespérée et que j'y consacre au moins deux heures par jour (et encore, deux heures c'est quand j'ai vraiment beaucoup de boulot), ce qui fait évidemment un gros volume d'idées à traiter. Il faut bien que je m'épanche quelque part. :)

Après une longue série de TTT (six d'affilée je crois?), je vous annonce une grosse pause, puisque les sujets des trois prochaines semaines ne m'intéressent pas. Si vous voulez en savoir plus sur les thèmes sélectionnés, c'est ici!

vendredi 2 novembre 2012

La clé à molette (1978)

Primo Levi est probablement mon écrivain italien préféré. D'une part parce que je lis fort peu en italien et qu'il a donc très peu de concurrents, et d'autre part parce qu'il a un réel talent d'écriture que je trouve presque prodigieux chez une personne qui était partie pour être chimiste toute sa vie et qui n'en est venue à l'écriture "que" pour raconter ce qu'il a vécu à Auschwitz.

La clé à molette (La chiave a stella) est une oeuvre entièrement imaginaire, contrairement à la plupart des livres de Levi (si ce n'est tous). Un chimiste-écrivain italien anonyme y rencontre Libertino Faussone, un ouvrier en vadrouille avec sa clé à molette dans les chantiers du monde entier qui a tendance à raconter en long, en large et en travers, avec force digressions, les aventures qu'il a vécues sur d'autres chantiers. Du coup, à force de le suivre de parenthèse en parenthèse, je n'ai pas tout capté au bouquin; mais je crois que le vrai intérêt consiste à prendre ce Faussone comme il est, avec son italien parfois pas très correct, et à se laisser porter par son récit.

C'est un exemple relativement classique (mais bien fichu) d'homme un peu "brut", qui n'a pas fait de grandes études et qui n'est pas très raffiné, mais qui a quand même, dans sa simplicité pas si simple que ça, un peu tout compris à la vie. Avec des réflexions intéressantes sur le métier d'écrivain et des chapitres de fin très amusants sur une mystérieuse histoire de peinture et d'anchois, racontée par le chimiste qui prend à son tour la parole pour raconter une aventure à Faussone.

À en croire l'article de journal qui suit l'édition de poche italienne (chez Einaudi, l'éditeur de Levi depuis toujours), c'est aussi un livre sur le travail en tant que valeur et sur quantité de thèmes politiques, mais franchement je n'ai rien compris du tout à cette parenthèse marxisto-pédante et je m'en tiendrai donc à mon propre ressenti.

Primo Levi a obtenu le Prix Strega (un important prix littéraire italien) en 1979 pour ce bouquin.

On remercie le Voisin qui me l'a ramené de son séjour en Italie. :)