lundi 29 juillet 2019

Pirates et corsaires (2004)

Chronique express!


Mon homme aimant bien les pirates, je lui offre régulièrement des livres sur le sujet, puis je les lis dans la foulée (ici, ici et ici). Ce petit volume d'Olivier et de Patrick Poivre d'Arvor, que j'ai trouvé dans le camion-bouquinerie de Pornic l'été dernier, relate la vie de nombreuses figures de la piraterie et de la course, mais surtout de cette dernière profession: Barberousse (en réalité deux frères corsaires), Jean Jansz, Jean Bart, Duguay-Trouin, Robert Surcouf et d'autres...

La lecture était intéressante de par son contenu, d'autant plus que la course était directement liée aux guerres, ce qui permet de replonger un peu dans les tensions internationales des XVIe et XVIIe siècles (mais pas que). Malheureusement, ce livre m'est tombé des mains tellement il est rédigé de manière ampoulée et lourdement lyrique, dans un style d'un nombrilisme époustouflant – on sent que les auteurs sont très fiers de rédiger comme ils le font... Par exemple en basculant l'ordre des propositions d'une phrase: "L'enfant est terrorisé. Jeune mousse qui fait ses armes sur La Serpente, avec ses vingt-quatre canons, une frégate française, face à un ennemi plus puissant, un vaisseau hollandais." Je ne vois pas l'intérêt de séparer "une frégate française" de "La Serpente" et au bout de la vingtième fois ça m'a gavée... Bref, je passerai mon chemin si je croise de nouveau un de leurs livres... 😕

mercredi 24 juillet 2019

Pot-Bouille (1882)

Pot-Bouille est le dixième tome des Rougon-Macquart. Tigger Lilly et moi en sommes donc à la moitié de notre relecture! 😀


L'intrigue
Le jeune et ambitieux Octave Mouret débarque à Paris, bien décidé à faire fortune en séduisant autant de femmes qu'il le faudra. Il s'installe au troisième étage d'un immeuble bourgeois de bonne réputation et commence tout de suite à évaluer les forces féminines en présence afin de repérer ses proies potentielles. Zola va ainsi nous faire entrer dans tous les appartements et révéler une réalité pas très nette...

"Faites ce que je dis, pas ce que je fais"
Pot-Bouille peut se résumer par ces quelques mots. Tout le roman montre le décalage entre les propos vertueux et même fortement moralisateurs des bourgeois de l'immeuble et la réalité de leurs actions: avarice, méchanceté et surtout adultère permanent. Tout le monde ou presque couche à droite et à gauche et tout le monde fait semblant de rien. C'est assez hallucinant. Il y a des codes bien en place pour évaluer ce qui est acceptable ou non et tant que tout le monde fait semblant de ne rien voir, il n'y a aucun problème.

Le cloaque de Downton Abbey
Pot-Bouille peut évoquer Downton Abbey parce qu'il met en scène les bourgeois, qui occupent la partie visible et officielle de l'immeuble, et leurs domestiques, qui se défoulent à la fenêtre des cuisines et vivent dans les chambres de bonne du dernier étage. Mais on ne trouvera ici aucune complicité et sympathie entre les deux classes. Les bourgeois détestent, méprisent, exploitent, critiquent, insultent et violent leurs domestiques, tandis que les domestiques volent et critiquent leurs maîtres. C'est une guerre larvée permanente.

Le viol
Une partie importante des coucheries de Pot-Bouille sont en réalité des viols, plus précisément cette forme de viol dans lequel la femme ne se défend pas vraiment parce que c'est comme ça que les choses vont. C'est le cas de Marie Pichon, qui reste sans défense devant Octave quand il lui saute dessus parce qu'elle n'a aucune forme de caractère et ne connaît/comprend rien au sexe malgré son mariage et une première grossesse, et d'Adèle – même si je n'ai pas suivi qui a couché avec cette pauvre bonne tellement ignorante qu'elle est la victime des domestiques, pas juste des maîtres.
C'est horrible, cette manière dont les hommes ont tous les droits en matière de sexe, et ça reste d'une actualité déconcertante.

De manière plus générale, la place de la femme
Au-delà du viol, ce roman interroge toute l'éducation des femmes de la bourgeoisie: leur enfance surprotégée, leur éducation inexistante, leur passivité extrême dans la vie. Zola estime que l'adultère est la conséquence de cette éducation, qui en fait des sottes, il n'y a pas d'autre mot, ou des hystériques au sens attribué au mot à l'époque, à savoir des personnes ayant des troubles mentaux. Il est vrai que quand on voit la jeune Berthe Josserand traînée par sa mère de salon en salon et jetée à la figure de tous les jeunes hommes susceptibles de l'épouser, on comprend que le mariage ne puisse pas bien se passer. La seule qui s'en sort bien est Mme Hédouin, la propriétaire du Bonheur des Dames, une femme raisonnable, c'est-à-dire douée de raison: travailleuse, prudente, modérée en tout, elle ne perd jamais la tête et aime le travail bien fait. C'est le genre de personne que j'aimerais être et elle met en relief les vertus du travail et tout simplement de la modération (pas au sens de "je me fais discrète" mais de "je ne fais pas n'importe quoi").

Le manteau pudique de la religion
Toute cette population bourgeoise fait bien entendu des professions de foi régulières et profite de l'abbé Mauduit pour se donner un vernis de respectabilité. L'abbé, un religieux mondain, sourit avec élégance et fait semblant de rien, mais on verra qu'il est ravagé par les doutes et est horrifié par les horreurs qu'il voit au quotidien.

Les bons sur le bas-côté, comme d'habitude
Les figures de personnes honnêtes sont rares dans ce livre: il y a Mme Hédouin dont j'ai déjà parlé, Marie Pichon, qui reste une bonne âme dans sa passivité, et le pauvre M. Josserand, qui finira écrasé de chagrin face à toutes les horreurs qui se trament dans sa propre famille...

Une caricature mordante
Pot-Bouille force un peu le trait avec cet immeuble rempli d'horreurs; c'est un réquisitoire contre la bourgeoisie et sa façade moralisatrice et Zola n'y va pas de main-morte. C'est souvent drôle et mordant, mais dans l'ensemble extrêmement déprimant. Je gardais d'ailleurs un souvenir épouvanté de l'accouchement d'Adèle, qui m'a moins terrifiée cette fois-ci mais encore plus attristée (et ce n'est rien par rapport à ce qui nous attend dans La Joie de vivre). Ce ne sera pas mon Zola préféré car je préfère les romans aux descriptions longues, portés par une sorte de souffle littéraire qui m'a manqué ici, mais c'est un roman parfaitement d'actualité, plus de 135 ans après sa publication...

Allez donc voir ailleurs si cette bourgeoisie y est!
L'avis de Tigger Lilly
L'avis de la Petite marchande de prose

vendredi 19 juillet 2019

Lady Windermere's Fan (1892)

Chronique express!


Le jour de ses 21 ans, Lady Windermere, honnête représentante de la bonne société victorienne, apprend que son mari entretient des rapports suspicieux avec Mrs Erlynne, une femme à la réputation scandaleuse. Touchée au cœur, elle risque de claquer la porte pour fuir avec un autre... Dans cette nuit pleine de quiproquos et de secrets, son éventail jouera bien sûr un rôle majeur.

Lady Windermere's Fan est une pièce de théâtre d'Oscar Wilde satirique et délicieuse sur l'institution du mariage, les relations sociales et les notions de bien et de mal. On n'éclate pas de rire mais on a le soutire aux lèvres tout du long tellement les répliques des personnages sont amusantes. C'est d'ailleurs de cette pièce que sont tirées deux citations extrêmement célèbres de Wilde: "I can resist anything except tentation" et "We are all in the gutter, but some of us are looking at the stars." Mais la pièce ne manque pas non plus de fond, puisqu'on parle d'amour et de sacrifice de soi et que, si les choses semblent noires ou blanches au début, elles s'avèrent en définitive très grises. Une pépite qui a en plus le mérite de se lire extrêmement vite. 😉 J'avais déjà adoré The Importance of Being Earnest et cette pièce me confirme que Wilde était aussi doué pour le théâtre que pour la nouvelle. Si j'avais plus de temps, je relirais bien The Happy Prince et The Portrait of Dorian Gray...

dimanche 14 juillet 2019

The Last Guardian (1989)

Il y a deux ans, j'ai lu le premier roman de David Gemmell sur John Shannow, un pistolero solitaire arpentant un monde post-apo la Bible à la main dans l'espoir d'arriver à Jérusalem. C'était Wolf in Shadow, un livre que j'ai apprécié mais dont je n'ai gardé pratiquement aucun souvenir, à part qu'il y avait le Titanic à la fin. Relire ma chronique m'a un peu rafraîchi la mémoire, mais j'ai quand même eu du mal à recoller les éléments quand j'ai commencé la suite, dont je vous parle aujourd'hui...


The Last Guardian nous permet de retrouver John Shannow, qui continue d'arpenter un monde post-apo la Bible à la main en 2341, mais nous emmène aussi à Ad, l'une des villes du royaume de l'Atlantide, en 9364 avant notre ère. Là, un prêtre ayant assisté à la destruction de l'Atlantide dans une vision tente de mettre le peuple en garde contre le roi, qui sera responsable du cataclysme. Le souverain n'appréciant guère la critique, le prêtre prend la fuite à l'aide d'une Pierre de Pouvoir qui, au lieu de l'envoyer dans une autre ville du royaume, le propulse à peu près au même endroit mais 11 700 ans plus tard...

Vous l'aurez compris, le prêtre de l'Atlantide atterrit dans le monde de Shannow, où rôdent aussi de dangereux soldats reptiles travaillant pour le mauvais roi, et son destin et celui de Shannow vont bien sûr converger. Leur aventure les mènera dans les ruines d'Ad, où se trouve la Croix de Dieu, une arme formidable et mystérieuse. D'autres personnages entrent bien sûr en scène: des bandits sans foi ni loi, une générale que le roi aime particulièrement fouetter, une scientifique détentrice des dernières connaissances de notre monde, une femme à la recherche d'un endroit tranquille où recommencer sa vie avec ses deux enfants, un pasteur convaincu d'avoir raison, etc. etc.

Le contexte est riche: voyage dans le temps et influence du passé sur le futur mais aussi du futur sur le passé, modifications génétiques (de nombreuses personnes se transforment en animaux à partir d'un certain âge), irresponsabilité de la construction des armes nucléaires, reprise du mythe de l'Atlantide de manière (relativement) rationnelle, ambiance western très sympathique.

Ma lecture m'a néanmoins frustrée parce que tout est trop simple et que Gemmell se répète à l'infini, ce qui devient quand même pénible quand on lit une quantité relativement importante de ses livres. C'est assez difficile à expliquer mais les gens vont et viennent à l'infini d'un feu de camp ou d'une pièce à une autre, échangent quelques phrases et s'en vont... Il y a toujours quelqu'un pour parler de la volonté d'un dieu ou des dieux en général et de la manière de mener sa vie, d'entrer dans la légende ou pas... Des tas de personnages ont un nom juste pour leur donner un semblant d'apparence avant de les tuer... Et il y a toujours des hommes-animaux vivant plus ou moins mal leur condition...

En bref: malgré des éléments super intéressants et un héros indéniablement charismatique, j'ai un peu l'impression d'avoir juste lu un Gemmell de plus, un récit relativement simple que j'aurai vite oublié. Je vais donc enchaîner assez rapidement avec le troisième et dernier roman sur John Shannow afin de ne pas perdre totalement le fil.

mardi 9 juillet 2019

Les BD du deuxième trimestre 2019

Retour sur les bandes dessinées lues ces derniers mois...

Howard P. Lovecraft. Celui qui écrivait dans les ténèbres de Nikolavitch, Gervasio, Aón et Lee (2018)


Une biographie d’Howard Phillips Lovecraft allant de 1925, époque à laquelle il vivait sans joie à New York, à sa mort en 1937. L’occasion de retracer les principales influences littéraires de l'écrivain, ses rencontres importantes et son incroyable correspondance. C'est autant adapté pour découvrir l'auteur si on ne le connaît pas que pour se rafraîchir la mémoire si on le connaît bien (avec ma cervelle de moineau, j'ai bien sûr oublié à peu près tout ce que j'ai lu dans le Bifrost qui lui était consacré et dans le livre de Lin Carter que j'ai lu l'année dernière). Le dessin est efficace et mélange adroitement faits réels et imaginaire.
Éditeur: 21g.

Croquettes story de Regnauld et Isadora (2017)


Une histoire de chats avec des dessins rigolos? J'ai acheté sans hésiter. Mais quelle déception. Cette bande dessinée est une métaphore non voilée de l'Occident qui refuse d'accueillir les migrants. Deux chats d'appartement voient débarquer une meute de chats des rues. Le matou s'attache à eux et partage tout avec eux. La matoune refuse de se séparer de ses croquettes et délimite soigneusement son territoire autour de son panier pour qu'on n'envahisse pas son espace vital. C'était tellement binaire que le truc m'est tombé des mains. En plus, j'étais du côté de la matoune, qui est clairement montrée comme un horrible personnage égoïste, ce qui n'est jamais très flatteur. 😂
Éditeur: Éditions du Long Bac

Broie la vie en rose (2007) et Une rose à l'amer (2008) de Maliki (Maliki, tomes 1 et 2)


J'ai récupéré ces deux bandes dessinées suite au déménagement d'une amie. C'est rose, c'est kawaï, c'est drôle et il y a des chats: c'est donc une réussite. C'est triste aussi, parfois, comme dans le strip Working Girl. Une belle découverte qui m'a donné envie de lire la suite des aventures de cette jeune fille aussi naïve que cynique.

jeudi 4 juillet 2019

La gamelle de juin 2019

Juin aura été comme tous les autres mois: pas de temps, pas de temps. Je ne peux même pas me consoler en me disant "je ferai mieux le mois prochain" car ce ne sera pas le cas à cause des vacances. 😂

Sur petit écran

John Wick 2 de Chad Stahelski (2017)


Super mais moins fascinant que le premier. Il y a un peu de redites (par exemple, la tuerie pendant la soirée dans les ruines romaines reprend de trop près la scène dans la boîte de nuit du film précédent). Les femmes sont plus nombreuses mais peu mises en avant (mais quelle classe que de se couper les veines dans une piscine à Rome, quelle mort tragique et superbe!!). Le film reste très sympa et l'univers de la mafia est très intéressant. L'ouverture sur le 3 est parfaite.

Sur grand écran

Tolkien de Dome Kaurkoski (2019)
Ce biopic a du bon et du moins bon. J'ai beaucoup apprécié l'insertion de l'imaginaire dans la vie réelle, que j'ai trouvée subtile et plutôt adaptée à (je pense) ce que Tolkien voyait. Les plans sont lents, délibérés, les créatures surgissent de la brume et prennent corps progressivement. J'ai aussi aimé le lien entre langage et création. Par contre, je n'aime pas trop cette manière de relever les détails de la vie d'une célébrité pour expliquer comment elle en est arrivée à quelque chose, comme si cela avait été son destin; il y a quelque chose de beaucoup plus fortuit dans la vraie vie. Et l'histoire d'amour m'a semblé terriblement mièvre, même si le personnage d'Edith, la femme de Tolkien (joué par Lily Colins, qui incarnait Blanche-Neige il y a quelques années), est suffisamment mis en avant pour avoir sa propre personnalité. J'ai été émue par certains éléments, notamment la mère d'un camarade de Tolkien mort à la guerre, jouée par Genevieve O'Reilly que j'ai trouvée époustouflante dans sa retenue.

John Wick Parabellum de Chad Stahelski (2019)


Après avoir revu le 1 et rattrapé le 2, il était temps de clôturer la trilogie John Wick avec Parabellum. La recette reste la même et fonctionne très bien: John Wick explore le monde ultra-classe de la pègre, John Wick tue avec un livre (!!), John Wick tue avec un cheval (!!), John Wick tue en faisant du lancer de couteaux, John Wick tue avec des chiens. Keanu Reeves est parfait et la première partie du film est à la fois palpitante et innovante. L'interlude avec les chevaux sonne un peu faux pour qui connaît ces animaux, mais reste intéressant, tandis que l'intervention de deux chiens de combat est géniale et apporte un dynamisme remarquable. Point de vue féminin, Anjelica Huston est d'une classe intergalactique absolument irrésistible et Halle Berry se bat comme une forcenée; j'ai vraiment apprécié, même si ce monde reste un monde d'hommes. J'ai aussi beaucoup aimé, comme dans les opus précédents, que les armes à feu finissent régulièrement leurs munitions et que la douleur soit montrée dans une certaine mesure (mais paradoxalement, les deux plans qui m'ont le plus fait horreur sont ceux des ballerines: une danseuse au corps martyrisé et une autre qui s'arrache un ongle). La deuxième partie m'a un peu moins plu et devient un peu "normale" pour John Wick, sans compter que l'ajout constant de nouveaux niveaux dans la hiérarchie de la mafia me semble peu crédible (je pense au gars dans le désert). J'aurais donc préféré que la série s'arrête ici, mais ce n'est pas le cas: John Wick n'est pas au bout de son combat, Laurence Fishburne est furieux et il y aura clairement un 4. Dommage, j'ai peur que la flamme ne s'étiole au fil du temps.

Et le reste

J'ai lu un ancien Bifrost, le numéro 77 consacré à Mélanie Fazi. La nouvelle de cette autrice, La Clé de Manderley, est excellente (alors que je ne connais pas Rebecca, œuvre à laquelle elle est liée; c'est dire la qualité du texte) et son interview-fleuve est passionnante. Par contre, j'ai trouvé le texte de Stéphane Beauverger (Replay) intéressant mais raplapla et celui de Greg Egan (Essaim fantôme) sans grand intérêt.

Par ailleurs, j'ai lu deux Cheval Mag: le numéro de juin, arrivé trop tard pour que je le lise en mai, et le numéro de juillet.


Et voilà. Avec les vacances qui arrivent, je n'irai sûrement pas plus au cinéma au juillet. C'est triste mais je me dis que le sport, activité si chronophage, est plus utile pour ma santé que le cinéma... ^^