En pleine Grande Dépression, deux hommes très différents se présentent dans un ranch de Californie pour y travailler les champs. George est petit, rapide et débrouillard; Lennie est grand, baraqué et lent. On comprend rapidement que ce dernier a eu des ennuis dans leur ranch précédent, car il a caressé une fille de trop près. Lennie adore caresser les lapins et les chiens, et il ne voit pas bien la différence avec une fille... Dans leur nouveau ranch, ils rencontrent les différents travailleurs, ainsi que le fils du patron. Une nouvelle vie commence, avec le rêve, répété chaque jour, de mettre suffisamment de côté pour acheter un lopin de terre et devenir leurs propres patrons. De travailler pour eux. Et, pour Lennie, de s'occuper de leurs lapins.
Dans ce monde pauvre, où les employés du ranch travaillent onze heures par jour, le lecteur, en très peu de temps, comprend que tout ça va mal finir.
Tout ça va mal finir pour le chien de Candy, un autre employé du ranch. Le chien de Candy est vieux et à moitié aveugle. Le chien de Candy a du mal à se déplacer. Le chien de Candy pue.
Tout ça va mal finir pour nos deux protagonistes. Vous ne savez pas exactement comment, mais la dynamique est évidente d'emblée: George passe son temps à protéger Lennie et à rattraper ses conneries, mais Lennie continue à répéter les mêmes erreurs parce qu'il n'a pas du tout conscience de ce qu'il se passe autour de lui et de sa force. Je ne sais pas quel trouble mental on pourrait lui diagnostiquer, mais il n'est clairement pas en pleine possession de toutes ses facultés. Il m'a beaucoup rappelé John Coffey dans La Ligne verte de Stephen King, bien que ce dernier personnage soit plus attachant et encore plus tragique.
Même si on comprend dès le début que tout ça va mal finir, la manière implacable dont les événements s'enchaînent m'a serré la gorge, jusqu'à la fin qui m'a paru effroyable.
Stylistiquement, Of Mice and Men est très simple et efficace, sans grandes fioritures stylistiques, mais avec un style très visuel. Je me suis dit plus d'une fois que ça doit être l'enfer à traduire. Les dialogues ne sont pas faciles à suivre pour un non-anglophone, car ils emploient beaucoup de vocabulaire spécifique, de slang et de déformations vocales transposées à l'écrit.
"I like it here. Tomorrow we're gonna go to work. I seen trashin' machines on the way down. That means we'll be bucking grain bags, bustin' a gut. Tonight I'm gonna lay right here and look up. I like it."
"Curley's like a lot of little guys. He hates big guys. He's alla time picking scraps with big guys."
Je ne vous propose pas de traduction, c'est au-dessus de mes moyens de rendre ça, mais, par exemple, j'attire votre attention sur "alla time" pour "all the time". Ça se comprend, mais ça demande un peu d'ajustement quand ce n'est pas votre langue maternelle.
Cette rencontre avec John Steinbeck, dont j'avais lu uniquement Le Roi Arthur et ses preux chevaliers (qui me semble fort peu représentatif de son œuvre 😁), est décidément puissante, et ce malgré sa brièveté (121 pages dans cette édition Penguin). Un auteur dont je comprends le succès, et le Nobel, et que j'espère retrouver sur mon chemin.
ça me tente bien, un jour peut-être...
RépondreSupprimer@Xapur: J'espère que tu auras l'occasion de le lire. 😊
SupprimerEn commentaire de "Le Roi Arthur (...)" je disais "dans mon souvenir c'est très triste mais très marquant" à propos de celui-ci. À priori mon souvenir était correct, et ce que tu en dis a ravivé des images, c'est dire comme ce livre m'a marqué ! Je le relirai bien un jour, et Steinbeck de manière générale. Surtout qu'il est court, ça augmente ses chances. ^^
RépondreSupprimer@Baroona: Je croise les doigts! D'ailleurs, ton commentaire de l'époque m'a confirmé qu'il fallait que je lise cet auteur. J'aurais probablement acheté le livre d'occasion quand même, pour une question de culture générale, mais ça a joué pour que je ne le lise pas que pour ça.
SupprimerPas encore lu de Steinbeck, c'est clairement une erreur à réparer. Ce texte-ci est en plus un classique chez nous.
RépondreSupprimer@Shaya: Je le recommande, en effet. 😊
SupprimerZola en Amérique ce Steinbeck non ?
RépondreSupprimerJ'ai une question piège sur le titre : y a -t-il une explication à ce of ? On m'aurait demandé le titre original je me serais spontanément dit Mice and Men, mais ce "des" que je pensais être l'article indéfini est visiblement un "des" qui contracte "de les" donc il y a quelque chose de sous-entendu auquel se rapporte mice and men.
@Tigger Lilly: C'est un peu Zola en Amérique, en effet! 😊😊
SupprimerAlors, ce "of", je l'ai compris comme le "de" utilisé pour introduire un titre de chapitre ou d'ouvrage, pour dire "au sujet de". Exemple: De l'origine des espèces. C'est une manière un peu classe de dire "Livre sur l'origine des espèces". 😅 Sauf que... sachant qu'il y avait dessous une référence à un poème, je suis allée revoir de quoi il s'agissait exactement, et j'ai constaté qu'il s'agit bien d'une préposition exprimant la possession. 😂 Le vers serait, selon Wikipédia: "The best laid schemes o'mice an'men / Gang aft a-Gley" ("Les plans les mieux conçus des souris et des hommes souvent ne se réalisent pas", toujours selon Wikipédia) (moi, je comprends pas "gang aft a-gley", lol...).
Super merci pour la réponse avec vers en vieil anglais à l'appui, haha ^^
Supprimer@Tigger Lilly: Avec grand plaisir, et en plus ça m'a été utile de relire ça!
SupprimerJ'avais la même question que Tigger, je ne me doutais pas non plus qu'il y avait un "of" dans le titre original ! Intéressant même si ça ne m'éclaire pas tout à fait 😅
RépondreSupprimerJe sais que je l'ai lu il y a très longtemps mais je ne m'en souviens plus... ça vaudrait une petite relecture !
@Ksidra: Oh oui, relis-le, il est tellement bon 💓 Et il est court, ce qui est un argument de poids! (Le poids de l'argument est inversement proportionnel au poids du livre 🤣)
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