Aujourd'hui, petit interlude poétique!
Quand la fontaine coule dans la vallée.
Fables d'ici pour maintenant (2022)
En octobre dernier, François Lavallée, traducteur canadien de passage à Paris, a animé la Matinale de la Société française des traducteurs pour présenter le Wiktionnaire, auquel il a largement contribué, et j'ai eu la chance de gagner un de ses ouvrages. (Il y a toujours un petit cadeau tiré au sort pour les personnes inscrites à l'avance, car l'inscription aide le café qui nous reçoit à s'organiser.) Quelques mois plus tard, j'ai donc lu de la poésie, ce qui ne m'arrive pour ainsi dire jamais.
Ce recueil réunit des poèmes en vers, à la métrique classique (= comme ce qu'on a étudié à l'école si vous êtes de ma génération), mais portés par un regard plus moderne ou malicieux. Voici deux titres pour vous donner une idée: "Le bonhomme de neige amoureux du feu" et "Le bilieux et l'urinoir à l'œil magique". 😂 Le mélange est assez rigolo et le rythme très réussi, à quelques exceptions près – par exemple, j'ai du mal avec les vers faisant soudain un nombre de syllabes très réduit par rapport au reste du poème. Les poèmes étant indépendants les uns des autres, j'ai lu l'ensemble "en picorant", par exemple tard le soir, pour décompresser deux minutes avant de dormir.
Éditeur: Les Presses de l'Université de Montréal
Treize âges de la vie d'une femme (2024)
Ce mois-ci, j'ai lu ce recueil de Marie Rouzin, qui m'a été offert par une amie il y a plus d'un an. Étant donné que le recueil suit un seul personnage et que l'amie en question m'avait prévenue qu'il y aurait des violences sexuelles, je l'avais laissé en attente, dans l'espoir de le lire à un moment où j'aurais du temps pour le lire en deux fois maximum pour ne pas perdre le fil ET où je serais "d'humeur" à me plonger dans des violences sexuelles (pas un jour où l'expérience humaine semble déjà intolérable, par exemple).
Le format est tout à fait différent ici: pas de métrique particulière ou régulière, pas de rimes. Je suppose qu'il s'agit de "vers libres" (mais si vous vous y connaissez en poésie, dites-moi; si ça se trouve, ce n'est pas du tout du vers libre, ni même de la poésie, lol). De base, ce format n'est pas du tout ce que j'aime, mais j'ai tout de suite été entraînée. Il s'en dégage un vrai rythme, quelque chose qui coule tout seul. Je me suis même retrouvée à penser, dans ma tête, mon propre récit de mon enfance ou de mon adolescence sur le même rythme. Chapeau! Je suis très admirative...
Quant au récit de ces treize âges, il est très varié et brasse pas mal de choses: la vision d'une enfant qui pédale sur son vélo, la découverte de la littérature, les différences de classe. Et la violence des hommes, donc. Mon amie a bien fait de m'informer. Il y a plusieurs scènes dérangeantes, du genre que nous avons probablement toutes vécues, et une scène épouvantable, que j'ai lue pratiquement sans respirer. Après, je me suis levée, je suis allée fermée à clé la porte d'entrée, j'ai fermé une fenêtre ouverte et je crois que j'ai même baissé les stores. Et une question revient depuis: "As-tu fermé ta porte?".....
L'ouvrage n'est toutefois pas étouffant, car il se termine sur une parole libérée et le partage avec d'autres femmes. Je ne sais pas dans quelle mesure tout ceci est autobiographique, mais j'espère que, si ça l'est (et le fait que l'éditeur le classe dans la catégorie "Récit" irait en ce sens), Marie Rouzin a effectivement pu trouver cette forme de "soulagement".
Pourtant, c'est vrai, tu le racontes."
❤️🩹
Éditeur: Le Castor Astral
Puisque c'est de la poésie, est-ce que tu en as lu tout ou partie à haute voix ?
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