L’Ombre du savoir perdu de James Islington, auteur australien, est le premier tome de la trilogie de Licanius. On y suit les aventures de divers jeunes Talentés, des personnes capables de maîtriser la magie, dans un univers médiéval assez classique. Une ancienne menace s’est réveillée au nord et met en péril les royaumes des hommes. Davian et Wirr, deux Talentés, quittent leur école par miracle, juste avant que leurs camarades ne soient massacrés, et partent à l’aventure avec un artefact magique, qui les mènera à un jeune homme amnésique et divers autres personnages.
Aïe aïe aïe… Lire ce roman a été une petite épreuve. Déjà, ce
n’est pas d’une grande originalité, à commencer par la vieille menace qui sort
d’une léthargie millénaire en passant par les Mots à Majuscule en finissant par
les noms typiques de fantasy qui font qu’on ne se souvient jamais qui est qui –
d’autant plus que les personnages sont à la fois nombreux et raplaplas, ce qui
complique leur repérage. Les péripéties s’enchaînent très vite,
sans que rien ne soit jamais creusé. Davian, par exemple, est catapulté
soixante-dix ans en arrière sans que cela ne l’émeuve plus que ça. Les secrets
et les messages cryptiques se multiplient et tout le monde cache quelque chose
à quelqu’un, dans un fouillis difficile à suivre qui semble reposer sur le
voyage dans le temps. (Et moi et le voyage dans le temps, ce n’est pas une histoire
d’amour…)
Donc, bon, sur le plan de l’intrigue, je n’avais pas
grand-chose auquel me raccrocher.
Et sur le plan de la rédaction… Gloups! C’est le roman le
plus mal ficelé en français que j’aie lu depuis longtemps. L’ami Xapur a abordé
la chose en détail sur son blog et je vous renvoie vers son billet si vous
voulez en savoir plus. J’ai passé mon temps à lever les yeux au ciel face à
l’usage de la virgule au détriment de tout autre point de ponctuation, ce qui
empêche de structurer correctement la moindre phrase un tant soit peu complexe.
Chaque page regorge de perles telles que:
"Au bout d’un moment, Fessi leva les yeux, regarda Asha, ils étaient froids."
Quant au fait de transposer les dialogues anglais, qui sont
structurés par des guillemets, dans des dialogues structurés par des tirets,
c’est pertinent, mais, par pitié, ne gardez pas toutes les didascalies entre
parenthèses au sein de chaque réplique, c’est imbuvable dans une telle quantité!!!
J’ai tenu environ deux cents pages, puis j’ai lu en
diagonale, en lisant essentiellement les dialogues. C’est d’ailleurs fascinant
comme les parties hors dialogue ne servent quasiment à rien dans ce roman, je
m’en suis passée sans aucun problème. 👀
Alors, à qui la faute? À mon humble avis, à l’éditeur, la
maison Léha. Si James Islington ne sait pas structurer ses phrases en anglais,
la traduction peut corriger et doit le faire un minimum. Si le
traducteur ne sait pas structurer ses phrases en français, il faut soit changer
de traducteur, soit faire intervenir un relecteur compétent. Ici, la
traductrice est Sara Doke, et vu qu’elle a traduit pas mal de bouquins que les
copains de la blogo ont lu sans signaler de problèmes de ce genre, elle n’y est
à mon avis pour pas grand-chose. 👀
En lisant en diagonale, j’ai réussi à venir à bout de ce
roman en une quinzaine de jours. Ouf. Car le bougre est une brique, en plus: 630
pages en grand format. Mince, j’aurais dû le lire l’été dernier ou l’été
prochain, ça m’aurait fait une participation au challenge Pavé de l’été de
Brize. 🤣
Un point positif, toutefois: comme j’ai repris l’écriture il
y a quelques mois, j’ai pris cette lecture comme une opportunité d’apprentissage
et j’ai observé le tout avec un certain amusement.
"Pourquoi ce livre?", vous demandez-vous, perplexes?
Je ne sais pas vraiment... Xapur, qu'avais-tu en tête? 😂 Bon, ça nous fera un sujet de conversation pendant quelques années, on n'a pas fini d'en rire!
Allez donc voir ailleurs si ce savoir perdu y est!
L'avis de Xapur
J'étais clairement perplexe en voyant que tu chroniquais ce livre et je le suis tout autant après lecture de ta chronique. 😅
RépondreSupprimer"la traduction peut corriger et doit le faire un minimum" : mais du coup ça ne serait plus le livre de James Islington, non ?
@Baroona: Tu viens de cerner un des problèmes essentiels du métier. Moi, je suis plutôt – voire résolument – sourciste, donc je suis d'avis que mon boulot n'est pas de rendre bon un texte merdique. Mais même moi, j'arrange des choses dans mes traductions, parce que mon boulot est quand même que ce soit lisible en français. Mais c'est un vrai débat.
Supprimer(En te voyant utiliser le mot "sourciste", je réalise que je suis à peu près sûr qu'on a déjà eu cette même conversation dans les commentaires d'un autre de tes billets. xD) #TeamSouciste
Supprimer@Baroona: On en a sûrement parlé suite à mon billet sur le bouquin de Bérengère Viennot sur Trump!
SupprimerMais oui c'est Sara Doke qui a traduit La fille automate. Pas de relecture ou des délais de remis de trad absurdes, je ne vois que ça.
RépondreSupprimerPar contre, je note de ne jamais accepter un livre des mains de Xapur XD
@Tigger Lilly: En effet. Ou des gens nazes qui repassent derrière. 👀
SupprimerMais que ferais-tu si Xapur se présentait en te tendant Annihilation de Jeff Vandermeer? 👀
Bon ben je note de ne pas suivre le conseil de Xapur sur ce livre en tout cas :p
RépondreSupprimer@Shaya: À vrai dire, il faut précisément suivre son conseil, qui était de ne pas le lire 😂 Sa chronique est très claire à ce sujet 😂
SupprimerHaha, je suis moi aussi un spécialiste, des phrases à rallonge, entrecoupées de virgules, placées n'importe comment, et du coup, on n'y comprend plus grand chose, en plus du fait que c'est très désagréable à lire, n'est-ce pas ? :D
RépondreSupprimerBon, ceci dit, je suis blogueur, pas écrivain. :D
Mais bon, en plus du fait que je suis un peu surpris de voir ce roman chroniqué ici, je note que j'ai bien fait de l'éviter, merci. ;)
@Lorhkan: Hihi, ça sert aussi à ça, la blogo!!! 😃
SupprimerGénial, tu me donnes envie de le lire, je cherchais justement une lecture pour cet été !
RépondreSupprimer(Je plaisante)
@Ksidra: Lol!!
SupprimerCompte sur moi pour te trouver des bouquins pourris 😂
RépondreSupprimerJe suis toujours étonné de lire des avis dithyrambiques sur ce... cette... chose... Franchement, je ne comprends pas. Entre la traduction et la relecture, comment ça a pu passer tel quel ?
Bon, au moins je ne suis pas le seul à avoir trouvé ça mauvais, merci de me rassurer et désolé 😓
@Xapur: C'est un vaste mystère pour moi aussi 😂 Merci de cette découverte inouïe!!! Et ravie de te rassurer!!! Je rejoins totalement ton avis!
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