Mieux vaut tard que jamais: des années après avoir lu
Dinotopia. A Land Apart From Time de James Gurney, j’ai profité d’avoir reçu le
troisième tome en cadeau pour compléter cette série de quatre romans
illustrés et m’y attaquer sérieusement. Suivez-moi, je vous emmène à la découverte
d’une île pas comme les autres...
Dinotopia : A World Apart From Time (1992)
Ayant lu le premier tome il y a déjà huit ans (🤯),
j’ai commencé par le relire pour me rafraîchir la mémoire. Il est absolument
merveilleux et je n’ai pas grand-chose à ajouter à ma chronique de l’époque, que
je vous invite chaleureusement à lire ou relire, si ce n’est que l'île de Dinotopia est
bien, comme son nom l’indique, une utopie, c’est-à-dire un monde où les choses
se passent bien. Une société en harmonie, où deux familles d’êtres vivants très
différents profitent de leurs forces respectives pour s’entraider. Même les
dinosaures carnivores, qu’on voit à peine dans ce tome, ne sont pas gérés
par la violence, mais... par des dons de poissons destinés à satisfaire leur faim
sans qu’ils ne tuent et ne mangent les habitants conscients de l’île.
Des dinosaures, des dessins superbes et un message positif:
on tient le livre parfait, non? 😍
Dinotopia. The World Beneath (1995)
Le deuxième tome change de structure par rapport au premier,
puisqu’on lit un texte rédigé à la troisième personne, comme dans la plupart
des récits, et non le journal de l’un des personnages. J’ai trouvé ça dommage.
Le fait qu’on lise les impressions d’Arthur Denison et qu’on voie ses dessins
donnait quelque chose de touchant au récit et le rendait très cohérent. Là,
texte et légendes de dessins font avancer l’intrigue de concert, mais ça paraît
beaucoup moins logique que dans un journal…
Un autre élément m’a gênée: il semble souvent manquer des
informations, comme si on sautait des pages entre deux paragraphes, ou bien le
passage du temps n’est pas bien marqué. Ainsi, au début, ça fait cinq ans que
les Denison sont à Dinotopia. Mais qu’ont-ils fait durant ces cinq années? Le
premier tome ne suffit pas à remplir une période aussi longue, et on ne
comprend pas pourquoi Arthur s’attaque soudain au mystère du monde souterrain
qu’il a découvert à la fin du premier tome. Pourquoi ne pas avoir agi avant? De
même, à la fin de l’ouvrage, la course-poursuite à dos de Giganotosaurus m’a
laissée perplexe. Vu la carte, elle devrait durer des jours, car les ruines où
elle commence et la mer où elle se termine sont très éloignés. Là, on dirait un
simple sprint… 🤔🤨
Malgré ces bémols, The World Beneath reste un plaisir
extraordinaire, car l’île de Dinotopia est toujours aussi riche de merveilles
et que le dessin de James Gurney est toujours aussi superbe. C’est un vrai
plaisir de s’attarder sur les dessins pleins de couleurs, de douceur et de
détails, avec des influences multiples. Globalement, l’art visible ici est
occidental, mais il y a aussi des éléments provenant d’autres parties du monde,
ce qui n’a rien d’étonnant quand on sait que Dinotopia accueille, depuis
toujours, les naufragés sauvés par les dauphins – et qu’il n’y a évidemment pas
de nationalité particulière à avoir pour faire naufrage. Un petit Triceraptops
pourra ainsi jouer avec un enfant blanc, noir ou asiatique, et ça va de soi. 😍
Dans ce tome, il y a aussi un petit côté steampunk avec un
sous-marin très vernesque et des véhicules autonomes en forme de dinosaure.
Dinotopia. First Flight (1999)
Le troisième tome raconte l’histoire de Gideon Altaire, un
jeune garçon vivant à Poséidos durant l’Âge des Héros. Ayant découvert que le
royaume de Poséidos, qui a remplacé tous les animaux par des robots, s’apprête
à attaquer les autres royaumes de Dinotopia, il prend la fuite pour les
prévenir et les aider. Il fera équipe avec plusieurs animaux (un ptérosaure, un
reptile et des mammifères) et sera le premier humain à voler à dos de
ptérosaure, d’où le titre. Cette édition spéciale vingtième anniversaire est
complétée par un récit de la même époque, qui n’a que peu d’illustrations et que
j’ai trouvé incomplet; c’est comme si on avait uniquement le plan et non le
texte final. Cette lecture m’a donc semblé constituer, avec le tome précédent,
une sorte de "ventre mou" de Dinotopia.
Dinotopia. Journey to Chandara (2007)
Le quatrième ouvrage renoue avec le format du journal et
redonne la parole à Arthur Denison, narrateur du premier tome. Et c’est une
pure merveille. J’y ai retrouvé toute la force du premier.
Arthur et Bix, le (la? 🤔) Protoceratops, se mettent en route
pour Chandara, un royaume de Dinotopia refermé sur lui-même. C’est l’occasion,
pour les deux personnages, de rencontrer des communautés différentes, et, pour
l’auteur, de nous présenter de nouveaux dinosaures, dont des espèces dotées de
plumes! Comme il l’explique dans la postface de cette édition Calla, les
connaissances sur les dinosaures ont évolué après la publication du premier
Dinotopia et ce royaume resté mystérieux jusque là était très commode pour
montrer de nouvelles espèces. On retrouve aussi une inventivité extraordinaire
avec des lieux de vie improbables (trois bateaux plantés à la verticale dans le
sol!), des dinosaures pleinement intégrés à la vie en ville (le Brachiosaurus
pompier!! Holàlà!!) et des modes de vie tranquilles qui font du bien au moral.
Dinotopia, c’est un peu comme Becky Chambers: il ne se passe pas énormément de
choses, on se doute bien que tout se terminera bien, on se promène
tranquillement avec des gens sympas… mais il y a des dinosaures. 😍
Pour conclure, je ne saurai trop vous inciter à lire
Dinotopia si vous lisez l’anglais ou réussissez à dénicher une édition
française – le premier tome a été publié en français par Albin Michel, le
quatrième par Fleurus. C’est de l’émerveillement à l’état brut, le genre
d’univers qui met des étoiles dans les yeux et vous fait regretter de ne
pouvoir vous y rendre sur le champ. Et la vision qui sous-tend ces ouvrages est
formidable: James Gurney ne nous dit pas que la collaboration et le
pacifisme sont possibles, il nous montre comment ça se passe quand une
société fonde son fonctionnement sur ces valeurs. Je classe ces bouquins avec
Arthur C. Clarke, Becky Chambers et Star Trek, ces gens et ces persos que j’ai
envie de prendre comme modèle moral dans ma propre vie.
Si vous avez des enfants, je vous le recommande encore plus;
si j’avais lu Dinotopia quand j’étais enfant, cette île aurait eu autant
d’importance pour moi que Fantasia. 💖
Il va sans dire que mon nouvel objectif de vie perso et pro
est donc maintenant de motiver un éditeur français à (re)publier Dinotopia en français
en me confiant la traduction, comme pour Saurian. Si vous avez des idées de
maison, je prends. 😊
Le petit truc en plus que je tiens à vous dire: vous vous souvenez peut-être de mes galères pour me procurer Saurian sans passer par Amazon (ou plus précisément par The Book Depository, que j'ai longtemps utilisé mais qui appartient à Amazon).Cette fois, j'ai comandé auprès de Kennys', une librairie de Galway, dans l'ouest de l'Irlande. Outre leur service de vente sur place, ils livrent dans toute l'Union européenne pour un euro l'ouvrage. La livraison n'est pas aussi rapide que chez certains concurrents, mais moi je m'en fiche, je préfère attendre et donner des sous à une entreprise de plus petite taille. En plus, ils réunissent les ouvrages d'une même commande dans un seul carton, dans la mesure du possible. Le site est facile à utiliser et mes deux Dinotopia sont arrivés dans un état impeccable. Je pense donc avoir trouvé mon nouveau fournisseur. 🤩 Je leur délègue avec bonheur la gestion des formalités douanières avec le Royaume-Uni quand celles-ci sont nécessaires. 😂
Allez donc voir ailleurs si Dinotopia y est!