samedi 30 avril 2022

Shining in the Dark (2017)

Chronique express!

Une couverture de toute beauté réalisée par Zariel.

À l’occasion des vingt ans de Lilja’s Library, un site sur Stephen King, son responsable, Hans-Åke Lilja, a publié un recueil de douze textes: un écrit par Stephen King lui-même et onze qui lui rendent hommage ou ont un lien avec son œuvre. Ainsi, le Cœur révélateur d’Edgar Allan Poe, proposé ici dans sa traduction de Baudelaire, est utile pour comprendre le texte de King, le Compresseur bleu, traduit de l’anglais par Éric Holstein. Hélas, comme le laissaient présager les chroniques de Tigger Lilly et Xapur, le tout n’est pas bien qualitatif. Seuls trois textes m’ont un minimum marquée: le Roman de l’Holocauste de Stewart O’Nan, traduit par Éric Holstein, qui montre le décalage entre l’image d’un écrivain et son for intérieur, l’Amour d’une mère de Brian James Freeman, traduit par Annaïg Houesnard, qui évoque la nouvelle The Woman in the Room de Stephen King (dans le recueil Night Shift), et le Manuel du Gardien de John Ajvide Lindqvist, traduit par Éric Holstein, qui m’a amusée parce que mon copain joue à de nombreux jeux de rôles.

Les deux traducteurs sont cités dans le sommaire, en gros caractères, c’est vraiment chouette. En revanche, on apprend dans l’intro que le texte de Lindqvist a été écrit en suédois et traduit en anglais par Marlaine Delargy. Toute la question qui se pose est donc: Éric Holstein traduit-il aussi du suédois, ou a-t-il traduit la traduction de Marlaine Delargy? J’aurais bien aimé savoir. Et s’il a traduit la version anglaise, pourquoi l’éditeur français, ActuSF, n’a-t-il pas cherché un traducteur suédois>français? 🤓

Un grand merci à Xapur pour cette lecture! 😃😃

Allez donc voir ailleurs si ces phalènes y sont! 🦋
L’avis de Tigger Lilly
L’avis de Xapur

lundi 25 avril 2022

TysT (2022)

Les éditions Scylla, dont j’ai déjà lu Il faudrait pour grandir effacer la frontière, Roche-nuée et Bienvenue à Sturkeyville, organisent actuellement un nouveau financement participatif afin de publier TysT, un court roman de luvan. J’ai eu la chance de lire ce texte avec un peu d’avance…


L’intrigue

Euh bein, l’intrigue n’est pas facile à présenter, justement. J’ai même dû lire deux fois le premier chapitre pour bien le cerner (et, pour tout vous dire, je l’ai lu une troisième fois avant de m’embarquer dans cette chronique 😅). La narratrice est une humaine, a priori, mais éveillée: elle peut passer de notre monde, le pays dormant, à un autre, le pays vif. Pour cela, il lui faut trois objets, des soga, et un nœud, un lieu chargé symboliquement pour elle, où elle a vécu quelque chose d’important. Une fois arrivée en pays vif, elle accepte d’accomplir une quête en compagnie d’un corbeau, Courroux Clapet Dhorst, et d’une hort, Bibi Ziggurat Tremeneur. Qu’est-ce qu’une hort, me demandez-vous? Eh bien, je ne sais pas. Mais c’est poilu… 👀

Le style

Ce que je viens d’écrire est beaucoup plus factuel et rationnel que le texte de luvan, qui est hautement onirique et plein d’implicites et de brumes. Étant donné que je ne lis qu’au moment du coucher et que j’ai tendance à m’endormir toutes les dix minutes, le fait que rien ne soit expliqué ne m’a pas aidée. Mais je ne pense pas qu’il faille vraiment comprendre ce récit et cet univers. Il s’agit plutôt d’un texte à prendre comme il est, par lequel il faut se laisser porter, en vue de se laisser aller à rentrer dedans. En soi, le style est superbe, riche et évocateur, ce qui colle parfaitement au pays vif et à l’atmosphère de ces réalités parallèles, qui se mêlent malgré tout.
"Je suis en pays vif. Je suis en pays dormant. J’existe simultanément ici et là.
Les éveillées ne quittent jamais l’ici quand elles gagnent le là."
C’est une ambiance tout à fait appropriée pour la Bretagne, où se situe une partie de l’action: une Bretagne brumeuse, pleine de légendes et de chansons. Pour tout vous dire, c’est, un peu comme Vert-de-Lierre de Louise le Bars (mais en beaucoup plus abouti), le genre de texte que j’aurais aimé, moi, écrire à un moment donné de ma vie, notamment quand j’étais émerveillée par les Brumes d’Avalon de Zimmer Bradley et la minisérie Merlin de 1998. 💔

luvan évoque aussi un avenir peu reluisant pour l’humanité, avec la mention de la troisième guerre et de la fermeture des frontières, mais on n’en saura presque rien. La narratrice, âgée d’une cinquantaine d’années au début du roman, a consacré sa vie à la musique et ne semble pas s’être penchée sur les tourments du monde. Il y a, en revanche, des passages poignants sur sa relation avec sa sœur, cette dernière étant partie vivre à l’autre bout de la planète longtemps auparavant.

Le roman s’accompagne d’une playlist, d’un jeu de rôle d’écriture solo créé par Melville Tilh-Pluñvenn (je n’ai pas essayé de jouer, mais j’essaierai peut-être quand j’aurai la version papier), de superbes illustrations intérieures réalisées par Stéphane Perger, de cartes et de symboles dessinés par Arnaud S. Maniak et d’une postface de Laurence Jonard.

Moralité: maintenant que je connais la fin, je devrais lire ce roman une deuxième fois, afin de mieux en savourer le style sans autant essayer de raccrocher les wagons entre deux endormissements. 😅 Je suis certaine, de toute façon, que c’est un texte qu’on peut lire plusieurs fois, en explorant sa richesse plus à fond à chaque fois!

Allez donc voir ailleurs si TysT y est!
L'avis de Tigger Lilly
L'avis de Vert

mercredi 20 avril 2022

To Be Taught, If Fortunate (2019)

Chronique express!


Ayant adoré The Long Way to a Small Angry Planet de Becky Chambers, j’avais très envie de continuer avec cette autrice merveilleuse, qui avait proposé un premier roman si doux à lire. J’ai donc sauté sur To Be Taught, If Fortunate quand je l’ai vu en librairie (béni soit l’American Book Centre d’Amsterdam d’avoir du Becky Chambers en rayon, et même plusieurs bouquins de Becky Chambers en rayon 💖).

Et quel plaisir. D’une part, ce livre est très court, et j’ai donc pu le lire en un temps raisonnable (cinq jours?), ce qui m’a évité de perdre totalement le fil comme je le fais d’habitude. Il se divise en quatre parties, chacune présentant l’exploration d’une planète par une équipe de scientifiques humains, qui ont quitté la Terre au XXIIe siècle. On découvre ainsi quatre mondes différents, qui n’ont rien à voir les uns avec les autres, et on partage le plaisir des chercheurs espérant trouver des formes de vie, puis les cataloguant. Et quand les choses se passent mal, on peine avec eux – même si, Becky Chambers oblige, le scénario du pire ne tourne pas non plus à l’horreur. (C’est comme chez Arthur C. Clarke: vous pouvez lire tranquille, a priori personne ne finira découpé en morceaux. Quel soulagement. Quel bonheur.) De manière plus générale, j’adore la vision de la science présentée ici: la science comme facteur de progrès et de connaissance, portée par une volonté partagée de gens différents les uns des autres. La fin m’a carrément donné la chair de poule. Et le titre, extrait d’un message de Kurt Waldheim, ancien secrétaire général des Nations Unies, est un programme d’humilité et de foi en la science à lui tout seul. Cette édition Hodder se termine, en outre, par un échange de questions-réponses entre Becky Chambers et sa mère, Nikki Chambers, qui est prof d’astrobiologie. Formidable.

En écrivant cette chronique, je réalise qu’on peut clairement dire que Becky Chambers est la digne héritière d’Arthur C. Clarke. Je suis joie. 😍

vendredi 15 avril 2022

Le Docteur Pascal (1893)

Depuis quatre ans, je relis les Rougon-Macquart avec Tigger Lilly, et parfois d’autres intrépides lecteurs. Quatre ans de grands moments et de scènes grandioses, avec quelques passages moins convaincants, mais toujours dans l’extase zolienne.

En ce début d’année, a sonné l’heure du dernier tome, le Docteur Pascal, paru en 1893 et lu également en compagnie de Baroona.


Et hélas, le baisser de rideaux n’a pas été à la hauteur du spectacle…

L’intrigue

Le docteur Pascal vit à Plassans, le fief des Rougon, en compagnie de sa nièce Clotilde, la fille de Saccard (vous savez, le gars qui spéculait à mort sur l’immobilier parisien dans la Curée et sur la naïveté des catholiques dans l'Argent). Il coule de longues et belles journées à étudier l’hérédité, notamment dans sa famille de fous furieux, les Rougon-Macquart, et à soigner ses patients par des injections improbables de matière cérébrale (…).
Hélas, sa relation avec Clotilde tourne au vinaigre sous l’influence de Félicité, la féroce matriarche Rougon. Et puis, l’esprit de Pascal se détraque avec l’âge. Pascal et Clotilde se disputent. Pascal s’épuise au travail. Pascal déprime. Puis Pascal comprend qu’il est, en fait, amoureux de Clotilde…

Des considérations philosophiques floues

Évacuons d’emblée un des problèmes de ce roman: les recherches parfois délirantes de Pascal et ses conversations floues avec Clotilde. Pascal a beau être un médecin super motivé, je ne le laisserais jamais m’injecter quoi que ce soit. 👀 Il y a pas de mal de pages sur ses réflexions sur l’hérédité ou la médecine et ce n’est pas bien intéressant. Ses échanges avec Clotilde sont quant à eux flous. Il y a toute une scène capitale où ils affrontent leurs points de vue – lui est athée, elle est croyante – et c’était tellement flou que je ne comprenais pas bien qu’ils s’estiment en opposition.

Des nichons à gogo et l’exaltation de la femme jeune regénérant l’homme vieux

Passons maintenant au deuxième problème: la relation entre Clotilde et Pascal. Précisons d’emblée que ladite relation n’a rien d’un viol. Clotilde a vingt-cinq ans au moment du roman et est donc une adulte, il n’y a pas de manipulation d’une enfant. Et pour une rare fois vu l’époque, elle est informée sur le sexe, car elle a toujours lu les bouquins de médecine de Pascal, il n’y donc pas non plus d’exploitation de l’ignorance. Et l’attirance est réciproque. Mais néanmoins. NÉANMOINS. Pascal a élevé Clotilde pendant des années et lui a tout appris. Elle l’appelle "Maître" comme si elle était à l’école. Pascal a cinquante-neuf ans. Clotilde en a vingt-cinq. En chiffres: 59 et 25. Ils sont trente-quatre ans d’écart. En chiffres: 34. Et ils sont oncle-nièce. Clotilde est la fille du frère de Pascal. Quelle bonne idée, de coucher ensemble! 🤯🤯🤯

Au-delà de la différence d’âge, c’est le traitement du corps de Clotilde qui m’a renversé le cerveau. Clotilde est jeune. Donc, Clotilde est mince et pleine de vie. Elle a une taille fine, des jambes musclées, et surtout, SURTOUT, elle a des nichons bien fermes et bien sexy. C’est important que le lecteur le sache. Et comme elle est jeune et pleine de vie et équipée de nichons bien fermes, Pascal revit! Pascal retrouve sa propre jeunesse! Exaltation suprême: à la fin du roman, Pascal apprend qu’il l’a mise enceinte!

Au-delà du traitement du corps de Clotilde, c’est le parallèle avec la vie de Zola et les dédicaces du bouquin qui m’ont renversé le cerveau. Car Zola a, lui aussi, couché avec une femme beaucoup plus jeune que lui, sa lingère Jeanne Rozerot, et eu des enfants très tard. Impossible de ne pas croire qu’il parle de lui en parlant de Pascal. Et Zola, avec une finesse hors pair, a dédié ce roman….. à sa femme, Alexandrine. Sa femme qui a été cocue pendant vingt ou quinze ans. "Regarde, ma chérie, je t’ai dédié ce roman dans lequel j’explique ce que c’est bien de coucher avec une fille qui a la moitié de mon âge et des seins bien fermes." Et il a écrit à ses enfants qu’ils sauraient, en le lisant, "combien [il avait] adoré leur mère". Ou ses seins, donc.

La vie qui va

Comme la fin de Germinal et certains passages de la Faute de l’abbé Mouret, le Docteur Pascal encense la vie: la vie qui continue à l’infini, qu’on le veuille ou non, et apporte toujours de nouvelles promesses. C’est un message qui me parle, de manière générale. Ici, toutefois, il est réduit à la virilité retrouvée de l’homme mûr qui se croyait impuissant et enterré et à la procréation. Clotilde tient d’ailleurs à expliquer que le sexe, c’est pour enfanter, sinon ça n’a pas de sens. Mon cerveau a continué de se renverser.

Quelques bons souvenirs, tout de même

Je râle, je râle, mais il y a quand même quelques éléments qui surnagent dans ce roman. D’une part, un chapitre est dédié à l’arbre généalogique des Rougon-Macquart, ce que je trouve exaltant: on retrouve toute la famille qu’on connait depuis vingt romans, c’est beau.
"Et c’était Saccard encore, à quelques années de là, qui mettait en branle l’énorme pressoir à millions de la Banque Universelle, Saccard jamais vaincu, Saccard grandi, haussé jusqu’à l’intelligence et à la bravoure de grand financier, comprenant le rôle farouche et civilisateur de l’argent, livrant, gagnant et perdant des batailles en Bourse, comme Napoléon à Austerlitz et à Waterloo, engloutissant sous le désastre un monde de gens pitoyables..."
Il y a aussi quelques personnages de grand relief, comme le détestable oncle Macquart, qui connaîtra une mort à sa hauteur (🔥👀), la spectaculaire Félicité, plus grande que nature que jamais, et le pauvre petit Charles, qui mourra d’une triste mort. (Oui, deux des éléments positifs de ce roman sont des décès, prouvant une fois de plus que Zola excelle dans le domaine. 👀) Je retiendrai aussi les promenades de Pascal et Clotilde dans la ville de Plassans, car, malgré ce que je reproche à leur relation, ils s’aiment sincèrement et marchent joliment ensemble, dans le triomphe et l’insouciance du bonheur comme dans la peine et l’anxiété du malheur.

Et voilà. Une fin de saga en demi-teinte, et même franchement décevante, donc. Je n’arrive pas à croire que j’avais oublié les détails de cette histoire tellement c’est renversant. 🙃

Allez donc voir ailleurs si ces nichons y sont!
L'avis de Baroona
L'avis de Tigger Lilly

dimanche 10 avril 2022

Les étoiles qui meurent dans le ciel (2020)

Allongé dans le jardin de ses grands-parents, Jacques regarde les étoiles. Un jour, il en voit une s’éteindre. Elle est morte. C’est le choc. À partir de là, il oriente toutes ses études vers l’étude des étoiles, jusqu’à se lancer dans une thèse sur les effets du mouvement sur le vieillissement des astres. Un millionnaire philanthrope s’empare de son sujet et de son projet de machine en annonçant à tous qu’ils vont "arrêter le temps". Direction une zone désolée de la Russie pour construire une machine inédite…

J’ai adoré les Étoiles qui meurent dans le ciel de Benjamin Lesage, roman que j’ai dévoré. C’est super humain, avec plein de sentiments et de ressentis subtils, expliqués avec une grande précision et simplicité. Tous les personnages sont posés efficacement, en quelques paragraphes, mais semblent très réels à la fois.

"Monsieur Troupont a eu une vie bien remplie et, par habitude, il vit pour la remplir un peu plus encore. Son passé, aussi glorieux qu’il puisse être, lui importe bien moins que le futur qui s’élance à toute allure devant lui et dont il peine à suivre les méandres. Il se tient au courant des avancées de ce monde qui tourne décidément trop vite grâce à son fidèle Hippolyte, son majordome, qui se prénomme en réalité Bernard."
J’avais une petite inquiétude à cause de "l’opposition des militants écologistes" mentionnée en quatrième de couverture, mais lesdits militants, ou plutôt la militante que l’on suit de près, ne sont pas du tout présentés comme des réactionnaires anti-progrès. Ils forment le seul élément doux-amer du roman, avec leur volonté de se battre contre des moulins à vent qui peut parfois s’étioler face aux difficultés sans cesse répétées…Entretemps, Google m'a appris que l'auteur vit dans un éco-hameau, alors je m'étais vraiment inquiétée pour rien. 😉

Si vous lisez ce blog avec une très grande attention, vous vous souvenez peut-être que j’ai râlé deux fois contre les histoires écrites au présent durant les derniers mois: une fois à propos de The Stars are Legion de Kameron Hurley et une fois à propos du recueil Vampires Never Get Old. Ici, c’est le contre-exemple: le roman est au présent, et c'est très bien! J’irais même plus loin: ça implique le lecteur, ça donne au récit quelque chose d’universel. Comme quoi tout dépend de l'auteur... 

En bref: une belle réussite pour une lecture qui saura ravie aussi bien les jeunes lecteurs que des adultes.

Éditions Courtes et Longues.

Pourquoi ce livre?
Parce que j’ai rencontré l’auteur au salon du livre de Boulogne-Billancourt et qu’il est sympa. 😊

mardi 5 avril 2022

Les BD du premier trimestre 2022

Comme d'habitude, retour sur les BD et comics lus durant le trimestre écoulé.

Dark Avengers de Michael B. Bendis (scénario) et de multiples dessinateurs, traduit de l’anglais par Jérémy Manesse et Khaled Tadil (2009)

J’ai lu avec un certain plaisir cette série de seize épisodes mettant en scène une équipe de superméchants dirigés par Norman Osborn, alias le Bouffon Vert. Après l’invasion de la Terre par les Skrulls, le S.H.I.E.L.D. a été démantelé et ses leaders sont passés dans la clandestinité. C’est le H.A.M.M.E.R., présidé par Norman Osborn, qui est responsable de la paix sur Terre. Quant aux Avengers, ils ont été remplacés par les Dark Avengers: Venom (qui se fait passer pour Spiderman), Arès (qui remplace Thor), Moonstone (qui se fait passer pour Ms. Marvel), Bullseye (un méchant de Daredevil qui se fait passer pour Hawkeye), Noh-Varr (un Kree qui se fait passer pour Captain Marvel), Daken (le fils de Wolverine, qui se fait passer pour son père) et Sentry (l’équivalent Marvel de Superman). Le problème de cette série, c’est qu’elle est un "tie-in", une série en soutien d’une ou plusieurs autres séries, et qu’elle ne se suffit donc pas à elle-même. Par exemple, les épisodes 7 et 8 voient débarquer les X-Men en pleine action sans aucune explication, car il s’est passé des tas de trucs dans d'autres comics. C’est déroutant. Je suis contente de l’avoir lue car j’aime bien certains de ces méchants et le personnage de Victoria Hand, la directrice adjointe du H.A.M.M.E.R. (et puis, j’en avais besoin pour le boulot, donc…), mais décidément, il faut beaucoup de volonté pour prendre les comics Marvel en cours de route…
Mise à jour: j’ai ensuite lu les séries Utopia, traduite de l’anglais par Nicole Duclos, et Siege, traduite de l’anglais par Jérémy Manesse, ce qui m’a permis d’avoir l’histoire complète. Pour savoir dans quel ordre lire Siege, vous pouvez demander l’aide de l’ami Xapur. 🤪
Éditeur: Panini (en kiosque)

La Ligue des chats contre l’humain écolo de Bénédicte Moret (2022)

Une bande dessinée amusante sur Pascal, un chat bien déterminé à empêcher son humaine de le nourrir de croquettes bio, et Michel, lui aussi un chat, peu réceptif à ses enseignements et plans machiavéliques. J’ai bien rigolé, mais le concept du chat en guerre contre son humain commence à me sembler un peu éculé, et le titre m’avait laissée entendre des actions "écolo" de plus grande envergure. Or, pour l’instant, la seule action écolo de l’humain, c’est justement des croquettes bio…
Éditeur: Le Lombard

Warren Ellis présente Hellblazer de Warren Ellis et de multiples dessinateurs, traduit de l’anglais par Philippe Touboul (2015)

Après Garth Ennis, place à Warren Ellis, qui a scénarisé onze épisodes de Hellblazer en 1998 et 1999. Les numéros 134 à 139 forment une histoire complète, "Hanté", que j’ai trouvé très réussie et dans laquelle John Constantine enquête sur le meurtre (particulièrement macabre et répugnant 🤢) d’une de ses ex. Les numéros 140 à 143 sont tous indépendants et m’ont paru plus anecdotiques, sauf la deuxième partie du 142, qui montre toutes les ex de Constantine (dont celle dont j’ai déjà parlé) et déborde de mélancolie. Enfin, cette intégrale contient l’épisode intitulé "Tire", qui parle de tueries à l’arme à feu dans les écoles américaines et que DC a refusé de publier car le massacre de Columbine s’est produit juste avant la date de sortie prévue… C’est d’ailleurs ce désaccord entre scénariste et maison qui a mis fin à leur collaboration. Un épisode éclairé, qui contient tout le débat sur les armes à feu. Enfin, l’introduction est rédigée par Philippe Touboul, traducteur français de Hellblazer, et retrace l’histoire éditoriale du personnage, ce qui est très intéressant. (Faut-il rappeler que les traducteurs sont extrêmement bien placés pour parler des œuvres qu’ils traduisent?) Tout ceci confirme que j’adore Hellblazer – mais ça, je l’avais déjà compris.
Éditeur: Urban Comics

Hellblazer, épisodes 146 à 174, par Brian Azzarello (scénario) et de multiples dessinateurs (2000-2002)

J’attendais beaucoup des épisodes de Hellblazer scénarisés par Azzarello car les GG Comics en ont dit du bien lors de leur épisode dédié, mais j’ai été plutôt déçue. Les épisodes 146 à 150 sont dessinés par Richard Corben et j’ai détesté: les visages sont difformes et caricaturaux, ça m’a complètement sortie du truc. En plus, je n’ai pas reconnu John Constantine, qui a l’air super puissant sans faire de rituel magique, alors que jusque là, il était plutôt dans la simple évocation de démons, il n’avait pas l’air capable de rendre tout le monde dingue ou de faire passer un homme pour une femme. Et cet arc se passe en prison, avec un mec qui dit dès la première planche "toutes mes dents qui sautent… parce que comme ça, ça glisse mieux", ce que j’ai interprété comme une référence à la fellation (forcée, bien sûr: un mec puissant dans la prison en prend un autre comme objet sexuel). Je n'ai aucun problème avec les possessions démoniaques et les carnages, mais alors ce truc, ça m’a dégoûtée et terrifiée.
Les épisodes suivants sont dessinés dans la plupart des cas par Marcello Frusin, si j’ai bien compris, et c’est beaucoup mieux. Mais Constantine est méchant et moqueur envers les faibles, et il a un sourire carnassier que je ne lui ai jamais vu. Constantine n’est pas quelqu’un de bien, on le sait depuis le début: il est lâche, il sacrifie des gens s’il le faut, et il est désabusé. Mais il y avait aussi une souffrance partagée avec les gens écrasés par le système. Je n’ai pas du tout retrouvé ça ici. Ajoutez à cela que je crois n’avoir pas compris l’intrigue globale liée au suicide de son pote Lucky (Constantine est vraiment mort, à la fin? Il a couché avec le gars riche ou pas? Pourquoi Lucky s’est suicidé, juste pour que sa femme ait l’argent de l’assurance-vie? Comment sa femme l’a-t-elle convaincu de le faire?).
J’ai lu les épisodes 146 à 163 dans l’édition française de TOTH, traduite de l’anglais par Jean-Marc Lainé, et les épisodes 164 à 174 dans l’édition américaine de Vertigo.

Sous les arbres. Tome 4: Le premier printemps de Dan (2022)

Après l’automne et l’hiver, puis l’été, est enfin arrivé le printemps. Et il a fait fort, avec un papa sanglier et son bébé marcassin mignon à mourir (plus que bébé Yoda!) qui aimeraient faire un bouquet de fleurs mais n’y arrivent pas à cause des éternuements du petit. C’est TROP mignon, c’est MERVEILLEUX, et en fait c’est trop triste et j’ai pleuré à la fin. Cette série est extraordinaire dans sa simplicité, je recommande de l’acheter sans hésitation à tous les enfants! Ma seule réserve, comme je l’ai déjà dit, c’est que c’est encore un univers où les femmes existent à peine… C’est chaud de voir qu’on conçoit encore des œuvres comme ça pendant les années 2020…
Éditeur: les éditions de la Gouttière 

Mes Hommes de lettres de Catherine Meurisse (2008)

Une brève histoire de la littérature française en bande dessinée, avec plein d’humour dans les mises en situation des écrivains et de leurs personnages. La partie sur Zola m’a bien fait marrer. La préface est dispensable, mais elle est signée François Cavanna, alors elle est bien quand même. 😉
Éditeur: Sarbacane