vendredi 27 avril 2018

7!!

Une année de plus s'est écoulée depuis la création de ce blog en avril 2011. Beaucoup de choses ont changé depuis mais le blog demeure et continue son bonhomme de chemin. Comme je le dis à chaque fois, il a profondément fait évoluer ma pratique de la lecture et je ne peux plus m'en passer! Et depuis que je connais des blogueurs dans la vraie vie et participe à des lectures communes, c'est encore mieux!

J'en profite pour mettre à jour la description du blog et révéler mon nouvel avatar, créé par un ami dessinateur qui a su capturer à la perfection mon côté zèbre. 😉 C'est sous cette forme que je me promènerai désormais sur le net. Vous pouvez retrouver tous les dessins d'Inko Niko sur son site!


Comme toujours, un immense merci à tous mes lecteurs et commentateurs, sans qui je n'aurais peut-être pas tenu si longtemps et qui m'apportent énormément! 💖💖💖

lundi 23 avril 2018

Une histoire sans nom (1882)

Jules Barbey d'Aurevilly, c'est tout un programme! Écrivain visiblement torturé et tourmenté, royaliste et réactionnaire, fervent défenseur du "c'était mieux avant", il avait un style incomparable aux accents romantiques, pompeux et élégant à la fois, et fait partie, je pense, de ces plumes qu'on aime ou qu'on déteste. Après l'avoir rapidement abordé au lycée, je l'ai oublié pendant des années avant de le redécouvrir complètement il y a deux ans en relisant L'Ensorcelée puis en lisant Les Diaboliques.


J'ai ramené ce livre de mes vacances de juillet dernier, mais je ne sais plus si je l'ai acheté ou récupéré auprès d'une amie qui faisait du vide, et je l'ai sorti de ma pile à lire ce mois-ci car une amie m'a transmis cet article sur la Normandie de Barbey d'Aurevilly.

Une histoire sans nom (1882)
Ce recueil s'ouvre sur une longue nouvelle psychologique sombre et lugubre, qui se passe d'abord dans un village immobile à l'ombre de hautes montagnes puis dans un château normand abandonné depuis des années. Mme et Mlle de Ferjol voient leur vie bouleversée par un capucin qu'elles accueillent chez elles pendant le Carême.
Difficile de parler de l'intrigue sans tout divulgâcher. C'est une histoire bien caractéristique du XIXe, avec ses personnages torturés, ses maladies mystérieuses, ses vierges innocentes et son invraisemblance la plus absolue. Mais l'idée n'est pas, je pense, de prendre l'historie au sérieux (ou pas, donc), mais de souffrir pendant plusieurs mois avec deux personnages qui auraient pu s'aimer et se sauver mais qui n'y arriveront pas. Barbey décrit avec une lucidité terrible le processus psychologique à l’œuvre et ne nous épargne aucune des souffrances de ses personnages, jusqu'à la chute qui vient encore plus plonger l'un d'entre eux dans la souffrance et les regrets éternels.
"[...] cette vie infernale [...] à laquelle il n'y a rien de comparable dans les situations tragiques et pathétiques des plus sombres histoires. Ce fut vraiment là une histoire sans nom!"
Barbey donne ici un exemple parfait de son côté "c'était mieux avant": l'histoire se passe juste avant la Révolution française, évènement cataclysmique marquant la fin de tout ce qui était Bon et Juste et le début de la fin de la France. 😂
J'ai adoré.

Une page d'Histoire (1886 ou 1887)
Une courte nouvelle sur un frère et une sœur normands incestueux. Ce texte est tiré d'une histoire vraie et est inspiré par la visite du narrateur (Barbey lui-même, j'imagine) dans la ville dont était originaire la famille maléfique ayant engendré ces deux enfants. J'ai adoré.
"Impossible à connaître dans le fonds et le tréfonds de la réalité, éclairée uniquement par la lueur du coup de hache qui l'entr'ouvrit et qui la termina, cette histoire fut celle d'un amour et d'un bonheur tellement coupables que l'idée en épouvante... et charme (que Dieu nous le pardonne!) de ce charme troublant et dangereux qui fait presque coupable l'âme qui l'éprouve et semble la rendre complice d'un crime, qui sait? envieusement partagé..."

Le Cachet d'onyx (1831) (publication posthume en 1919)
J'ai moins apprécie ce texte qui était pourtant extrêmement prometteur, l'extrait proposé en quatrième de couverture étant à tomber! Je suis largement passée à côté à cause des digressions sur la jalousie et l'amour (qui m'ont rappelé mon ennui profond face à La Nouvelle Héloïse de Rousseau, œuvre citée ici) et des références shakespeariennes que je n'ai pas comprises. En outre, j'ai dû lire trois fois les derniers paragraphes pour être sure de comprendre (et encore...): l'auteur dit les choses crues tellement à demi-mot (pudeur oblige!) que ce n'est pas clair du tout...

Léa (1832)
Une histoire d'amour torturé et cruelle à la chute sanglante. On a ici un parfait exemple de ces mystérieuses maladies dont souffraient les héroïnes d'antan, ces beautés pâles qui se consumaient lentement sur leur chaise longue! Entre amour silencieux et angoisse face à la mort de son enfant, aucun personnage n'est épargné, et la fin est remarquablement saisissante.

Vous l'avez probablement remarqué avec les deux extraits que j'ai proposés, Barbey a un côté torturé et ténébreux qui ne convient pas à tout le monde (d'autant plus que son style est très ampoulé). C'est en cela que je le rapproche du romantisme, cette manière de se croire au centre d'un malheur cosmique et d'une damnation éternelle. D'après la biographie de cette édition Folio classique, il aurait écrit "Je suis venu au monde un jour d'hiver sombre et glacé, le jour des soupirs et des larmes..." Vous voyez le genre.

Par ailleurs, il voit Dieu partout et parle beaucoup des sentiments religieux de ses personnages, mais il est aussi profondément attiré par le mal (j'ai parlé de l'inceste) et n'hésite pas à faire saigner ses personnages. En plus, la moitié de ses histoires se passent dans une Normandie désolée, pluvieuse, coupée du monde et lu-gu-bre, c'est absolument formidable.

Je vous laisse avec le passage qui m'a le plus marquée, tiré de Léa: "Âme religieuse, toute d'amour et de dévouement, avait-elle immensément souffert, cette pauvre femme, pour sentir ainsi, comme un homme, le soudain regret qui nous prend tant de fois dans la vie de ne pouvoir poignarder Dieu", et avec la tombe du monsieur, que je suis passée voir à Saint-Sauveur le Vicomte (ville morte et effectivement d'un lugubre angoissant malgré son beau château) un jour où j'étais en vacances dans le coin. 😊

jeudi 19 avril 2018

Tales of Adventure and Medical Life (1922)

Vous le savez déjà si vous suivez un tant soit peu ce blog: j'adore Arthur Conan Doyle et sa production d'une quantité, d'une qualité et d'une diversités remarquables qui va bien au-delà des célèbres enquêtes de Sherlock Holmes.


Avec ce troisième recueil publié par la maison londonienne Alma Books, que j'ai acheté lors de mon passage à Dublin en octobre dernier, place à l'aventure et à la médecine – car Doyle, avant d'être écrivain, était médecin...

Tales of Adventure

The Debut of Bimbashi Joyce (1900)
Un texte sympathique sur un jeune officier britannique faisant ses débuts au cœur du désert soudanais. Pour la petite histoire, j'ai feuilleté ce recueil un soir de février où j'hésitais entre lui et Bakhita de Véronique Olmi, et ce sont les notes de cette nouvelle qui m'ont permis de comprendre le contexte politique et militaire dans lequel se situe Bakhita! 😄

The Surgeon of Gaster Fell (1890)
J'ai beaucoup aimé ce texte à l'ambiance lugubre, mystérieuse et potentiellement fantastique se déroulant au cœur de la lande du Yorkshire, où s'est retiré un homme désireux de s'isoler du reste de l'humanité. Mais pourquoi une inconnue lui recommande-t-elle de tirer le loquet de sa porte la nuit? Et qui est son mystérieux voisin le plus proche (à quelques kilomètres bien sûr...), qui ne donne pas son nom mais se présente simplement comme le chirurgien de Gaster Fell?

Borrowed Scenes (1913)
Je n'ai rien compris à ce texte qui fait entièrement référence à un écrivain que je ne connais pas, George Borrow. Le protagoniste décide de se comporter comme les personnages de Borrow dans l'idée de vivre les mêmes choses qu'eux (d'où le titre, qui signifie autant "scènes empruntées" que "scènes à la Borrow"). 😂

The Man from Archangel (1885)
Un texte tellement XIXe avec un enlèvement hautement improbable. C'est le décor de la mer déchaînée le long des côtes de la campagne anglaise que j'ai adoré. 💕

The Great Brown-Pericord Motor (1892)
J'ai moins aimé ce texte qui tourne autour des deux inventeurs d'un moteur fort utile et de leur premier essai de ce moteur. Ça reste sympathique et de qualité parce que c'est Doyle, entendons-nous, mais ce n'est pas mémorable.

The Sealed Room (1898)
Lors d'une promenade dans les quartiers excentrés de Londres, le narrateur rencontre un jeune homme vivant seul dans une grande maison à l'abandon. La porte de l'une des chambres est scellée depuis des années et le jeune homme a promis à son père de ne pas l'ouvrir avant d'être majeur. Quel secret peut bien s'y cacher? Je pense avoir déjà lu ce texte ailleurs car j'étais assez sure de la surprise que le jeune homme y trouverait...

Tales of Medical Life

The Physiologist's Wife (1890)
Autre histoire improbable comme le XIXe les adorait, cette nouvelle met en scène un médecin ultra rationnel qui décide de se marier assez soudainement à une Australienne rencontrée depuis peu. Tout se passe bien pour le couple, mais leur bonheur ne durera pas longtemps, coïncidences de dingue obligeant. La fin est un peu triste, du coup...

Behind the Times (1894)
Cette nouvelle brosse le portrait d'un vieux médecin de campagne dépassé par les temps, tel que le voit un jeune médecin travaillant dans la même région. C'est drôle et bienveillant et la chute est délicieuse.

His First Operation (1894)
Un texte plus anecdotique, mais néanmoins sympa, sur un étudiant en première année de médecine qui assiste à sa première opération en amphithéâtre (une remarque au passage: quelle détresse pour l'opérée que d'être installée et endormie sur la table d'opération devant des dizaines d'étudiants!!), avec un étudiant plus âgé qui ne cesse de lui monter la tête sur les horreurs qu'il va voir.

The Third Generation (1894)
Une nouvelle triste et même dramatique sur un homme qui consulte un médecin de renom et qui découvre qu'il est victime, lui aussi, de la maladie dont souffraient déjà son père et son grand-père en raison de la faute de ce dernier (oui, la maladie est vue ici comme une punition divine s'abattant, comme le dit apparemment un passage de la Bible, sur le pécheur mais aussi sur ses descendants). Et son mariage n'est justement qu'à quelques jours! Un texte triste, qui fait vivre pleinement l'impression d'injustice que l'on ressent face à la maladie.

The Curse of Eve (1894)
L'histoire d'un accouchement difficile vécu par le mari, un homme fort peu émotif qui se découvre soudain un énorme potentiel émotionnel, tout seul dans son salon pendant que sa femme souffre à l'étage avec sa mère, la domestique et deux médecins. Houlàlà. Ça ne donne guère envie d'accoucher tout ça. (Divulgâcheur: ça se termine bien, j'ai été très soulagée après avoir bien retenu mon souffle...)

A Medical Document (1894)
Une belle ambiance de cercle médical anglais (les messieurs installés devant le feu avec leurs verres à la nuit tombée...) pour ces trois médecins qui évoquent des cas hors du commun. Celui des trois bossues, par exemple, était un peu inquiétant. Il ne se dégage pas une impression générale de cette nouvelle, qui reste néanmoins sympathique.

The Surgeon Talks (1894)
Ce texte ressemble au précédent puisqu'il s'agit du monologue d'un chirurgien décrivant certains cas de sa carrière. Rien de particulier à signaler.

The Doctors of Hoyland (1894)
Mon texte préféré du recueil, une nouvelle géniale et drôle sur un médecin de campagne, qui découvre, scandalisé, que le nouveau médecin installé en ville est unE médecin! Outrage à la pudeur, à la sensibilité féminine, aux mœurs, à tout ce qu'il y a de plus sacré! Abasourdi par sa découverte, il en oublie même la politesse due à une dame! Mais à son grand étonnement, la médecin réussit à se créer une clientèle... Changera-t-il d'avis sur son compte? 😉

Crabbe's Practice (1894)
Le recueil se clôt sur une note comique: pour aider son ami et confrère Crabbe à lancer son activité dans une nouvelle ville, un médecin accepte de mettre en scène sa propre noyade. Un plan grotesque et hilarant, mais qui aura malgré tout l'effet escompté. 😀

Voilà. Doyle était un génie, je l'ai déjà dit et je le répète. Et Alma prouve avec ce troisième volume la qualité de son travail éditorial. J'en redemande. 💖

Remarque: Comme dans un billet précédent, j'ai trouvé les dates de publication des différentes nouvelles ici.

dimanche 15 avril 2018

La Faute de l'abbé Mouret (1875)

Cinquième tome des Rougon-Macquart d'Émile Zola, La Faute de l'abbé Mouret nous ramène dans le sud de la France, pas loin de Plassans, ville d'origine de la célèbre famille frappée par la folie. Je gardais le souvenir d'un débordement de feuillages et de fleurs... Quid de cette relecture?


L'histoire
Serge Mouret, que nous avons rencontré dans La Conquête de Plassans, le tome précédent, est prêtre dans un tout petit village perdu au milieu d'une plaine désolée et desséchée. Retiré du monde, renfermé sur lui-même, il vit dans la dévotion de la Vierge Marie et plane (il faut le dire) dans un monde contemplatif et mystique. La tentation charnelle ne l'effleure même pas, la notion de femme étant sensiblement absente de son esprit. Suite à une grave maladie, il se réveille dans une demeure oubliée au bord d'un jardin abandonné, le Paradou, où il va revenir à la vie en compagnie d'Albine, une jeune fille innocente qui a grandi pratiquement seule dans le jardin.

D'Éden au Paradou, le jardin de la vie et le récit de la Bible
On ne peut pas dire que Zola ait fait preuve d'une grande finesse avec ce roman. Après une première partie située dans la plaine aride des Artaud, on passe à la vie végétale débordante du Paradou, un jardin protéiforme aussi immense et préservé que le jardin d'Éden de la Bible. Serge et Albine, complètement innocents et ignorants des choses du monde, y courent comme Adam et Ève, portés par la vie débordante des végétaux. Serge a perdu la mémoire suite à sa longue maladie et Albine vit coupée du monde depuis tant d'années qu'elle n'accorde aucune forme d'importance aux conventions sociales.
Mais un élément perturbe leur bonheur, le souvenir d'une dame morte qui aurait connu l'amour charnel en ces lieux, notamment dans une mystérieuse clairière dévouée à la passion. D'adorables camarades de jeux et d'escapades, Serge et Albine sentent peu à peu monter un appel qu'ils ne comprennent pas et qui les terrifie. À force de chercher, Albine trouvera la clairière, dans laquelle ils consommeront leur amour. Et cet acte les verra chassés du paradis, un certains Archangias faisant même son apparition.

Un manque de rythme certain
En toute honnêteté, ce roman n'est pas le plus facile à lire ou le plus palpitant de Zola. La première et la troisième partie sont plus factuelles et s'écoulent plus facilement (quoique, Tigger Lilly a compté seize pages de dévotion à la Vierge dans la première... ^^), mais la deuxième, qui forme le cœur du roman, est rendue incroyablement longue par les tergiversions et dilemmes de ces deux adolescents qui se tournent autour sans le savoir et qui auront besoin de looooongues journées en compagnie des fleurs et des feuilles pour enfin passer à l'acte. Zola exprime plein de choses en traçant des parallèles avec les différentes parties du jardin et les descriptions de plantes sont superbes; mais au bout d'un moment on n'en peut plus trop tellement ça n'avance pas.

Un protagoniste mollasson
Serge Mouret tient de sa mère Marthe: d'une part à cause de ses crises mystiques, qui le font s'effondrer pendant des heures devant des statues religieuses, et d'autre part à cause de son manque total de volonté/répartie/intérêt. Dès la première partie, avant l'entrée en scène d'Albine, on découvre un homme extrêmement discret, certes bienveillant dans son rôle de prêtre (et sincèrement convaincu, je pense, de l'aide spirituelle qu'il représente pour ses paroissiens), mais tellement MOU qu'on a envie de le secouer. La Teuse, la femme qui tient son ménage, lui tient la jambe ou lui fait la leçon; Archangias, un autre prêtre, le moque et le critique pour sa dévotion à la Vierge; mais notre abbé se laisse faire comme un morceau d'étoffe. On dirait vraiment qu'il lui manque quelques cases pour comprendre la réalité du monde et interagir avec lui (en même temps, c'est un Rougon-Macquart, bien entendu qu'il lui manque quelques cases... 😂).

Des personnages secondaires abjects
Zola présente toujours un échantillon pas très reluisant d'humanité dans ses romans. La palme revient ici à Archangias, prêtre extrémiste et misogyne (voire plus que misogyne, il faudrait inventer un nouveau mot pour les gens qui ont autant la haine de la femme!) qui respire la malveillance et la bassesse. Il aura, heureusement, une juste punition à la fin du roman. J'ai aussi détesté avec énergie les paysans des Artaud, présentés comme ignorants, avares, intéressés, vulgaires et sans cœur... Tout ce que j'aime! 😂

Des personnages secondaires plus reluisants
D'autres personnages interagissent de près ou de loin avec Serge et Albine: Pascal Rougon, le médecin qui entraîne leur rencontre et provoque involontairement leur idylle, la Teuse, la femme qui tient le ménage de l'abbé et qui, derrière ses airs bougons, fait preuve d'une grande ouverture d'esprit et est une bonne âme, et, Désirée, la petite sœur simple d'esprit qui adore les animaux de sa basse-cour. Pascal et Désirée n'ont pas soulevé que ma sympathie, je dois le dire, mais ils restent des personnages normalement bienveillants envers leur prochain.

L'opposition entre la vie et la mort ou plus précisément entre fertilité et stérilité
Tout ce roman est centré sur l'opposition entre la vie et la mort: la vie d'Albine, du Paradou, des végétaux, de l'enfantement, des animaux de la basse-cour de Désirée, de la sexualité, cet élan vers la lumière et le bonheur; et la mort de la plaine aride des Artaud, de l'église froide et vide, de la prêtrise, du célibat, de la chasteté vue comme renoncement à l'enfantement, du cimetière dans lequel se termine le roman. C'est un des grands chevaux de guerre de Zola, dont le mariage était stérile et qui a eu des enfants tard, quand il avait au moins cinquante ans je crois, et qui est obsédé par l'enfantement et la vie, thème qui revient en force dans d'autres romans (à travers la création littéraire dans L'Oeuvre, le dévouement de Pauline Quenu dans La Joie de vivre et surtout la paternité tardive du Docteur Pascal dans le tome éponyme qui clôt la saga, mais aussi, me semble-t-il, dans la paternité du prêtre des Trois villes qui renonce à la soutane).
Je ne peux pas dire que ce soit ce qui me parle le plus chez lui, vu mon désintéressement absolu pour la maternité en particulier et la parentalité en général, et j'ai trouvé ici que le trait était forcé concernant la stérilité des prêtres (dont la chasteté peut être vue comme un détachement du physique plutôt que comme une haine de la vie), ce qui ne m'a pas pleinement convaincue (en même temps le trait est forcé dans tout ce roman 😂).

Pour quel public?
Vous l'aurez compris, ma lecture a été mitigée. J'adore Zola et son style si particulier et j'ai donc apprécié ce livre du point de vue rédactionnel. J'aime aussi sa manière si vivante et précise de décrire les lieux et les êtres et le Paradou est clairement un endroit à découvrir dans la géographie des Rougon-Macquart. Le roman, en outre, se termine par une mort ô combien invraisemblable mais ô combien symbolique et superbe! Mais qu'est-ce que c'est long, ces deux tourtereaux, et qu'est-ce que je n'aime pas Serge Mouret... C'est en tout cas un livre à réserver aux amateurs de Zola; je doute qu'un néophyte puisse y trouver son compte!

Allez donc voir ailleurs si cet abbé y est!
L'avis de Karine
L'avis de Tigger Lilly

mercredi 11 avril 2018

Issa Elohim (2018)

Avec Issa Elohim de Laurent Kloetzer, je lis une deuxième fois la collection Une Heure-lumière du Bélial', encensée à maintes reprises par les amis blogueurs. Il y a quelques mois, j'ai lu Dragon de Thomas Day. Cette fois-ci, on suit une journaliste suisse partie rédiger un article sur un camp de réfugiés en Tunisie. Parmi les réfugiés, elle rencontre un jeune garçon aux pouvoirs psychiques étonnants. Il s'agirait d'un Elohim, de mystérieux personnages apparus un peu partout dans le monde et considérés comme des envoyés du ciel ou de "simples" extraterrestres. La journaliste va s'employer à soutenir la démarche du jeune garçon et de ses amis pour obtenir l'asile en Suisse.


Cette longue nouvelle se lit très vite et est prenante, j'ai vraiment passé un bon moment. Laurent Kloetzer a trouvé un ton très crédible pour donner la parole à sa journaliste, qui s'exprime à la première personne (sauf peut-être quand elle est stressée et angoissée, je me suis demandé s'il aurait imaginé un journaliste homme avec les mêmes réactions), et propose un contenu très intéressant, très humain et fort peu science-fictif en réalité. Apparemment, la nouvelle se passe dans le même univers qu'Anamnèse de Lady Star, mais cela n'est pas du tout gênant si on n'a pas lu ce livre-là; elle se tient parfaitement bien toute seule.

Quand j'ai lu les critiques di-thy-ram-bi-ques sur le net, toutefois, je me suis un peu interrogée. Je n'y ai pas vu un chef d’œuvre. Suis-je passée à côté de quelque chose? Je ne sais pas. La fin m'a déplu, c'est sûr, mais elle est tout à fait pertinente, c'est juste que j'aurais préféré autre chose. J'ai trouvé dans cette lecture un texte de qualité, mais pas non plus une œuvre mémorable ou marquante...

Une confession: je trouve le thème de l'opposition entre Suisse et camps de réfugiés, encensé par les critiques que j'ai lues sur d'autres blogs, à la fois d'une grande banalité (du genre on enfonce les portes ouvertes, bien entendu que c'est injuste) et d'une grande naïveté (moi, voyez-vous, je n'accueillerais pas un inconnu chez moi même si ça pouvait le sauver des bombes - j'ai l'impression que ça fait de moi un horrible monstre fasciste mais c'est comme ça - dans Black Panther, je suis résolument contre le coming out du Wakanda 😂). Toutefois, le livre ne me semble pas tant tourner autour de ça que de la relation affective entre la journaliste et les jeunes garçons réfugiés, l'opposition foi/scepticisme et la réaction face à l'inconnu...

samedi 7 avril 2018

Dialogues de bêtes (1905)

Après La Maison de Claudine et Chéri, deux belles découvertes de l'année dernière, j'ai continué ma lecture de Colette avec ces Dialogues de bêtes, un recueil que j'ai acheté d'occasion (mais où? Je suis incapable de m'en souvenir. Peut-être à la librairie du père Pennard à Lyon, en même temps que Chéri.)


J'ai laissé passer plus d'une semaine avant d'attaquer cette chronique et je suis bien incapable de parler correctement de cette lecture. Il s'agit d'un dialogue entre un chat, Kiki-la-Doucette, et un chien, Toby-Chien, qui vivent avec deux humains, Lui et Elle. Bien entendu, leurs visions du monde sont quelque peu différentes et le dialogue donne quelques répliques croustillantes (comme "Plus on me donne, plus je demande. [...] J'ai droit à tout" de la part du chat) ou émouvantes (comme "C'est à lui que j'ai donné mon cœur avare, mon précieux cœur de chat", toujours de la part du chat). Il y a aussi plein de considérations sur le monde humain vu par ces animaux qui ne le comprennent pas totalement. Et puis la plume de Colette, très simple et très élégante à la fois.

Voilààà! J'ai vraiment laissé trainer cette chronique trop longtemps, je suis incapable de vous en dire plus, mais ça m'a confortée dans l'idée de lire Colette! 😊

Le petit truc en plus que je ne veux pas oublier et que vous devez absolument savoir
Cet achat d'occasion contenait une lettre d'American Express présentant à l'un de ses clients le guide "American Express Destination Paris", qui fournit notamment des réductions dans des restaurants. La lettre date d'octobre 1999 et le destinataire (que je ne citerai pas bien sûr ^^) habitait à Saint Quentin Fallavier.

mardi 3 avril 2018

La gamelle de mars 2018

Ce mois de mars a été marqué par une santé chancelante: d'abord celle de mon Homme, puis la mienne pendant quelques jours. Rien de grave heureusement. Du coup, on a regardé des films!

Sur petit écran

Transformers 3 de Michael Bay (2011)
Un troisième opus qui marque la rupture dans la franchise. Chronique complète ici.

Mission: Impossible 5 - Rogue Nation de Christopher McQuarrie (2015)
Je gardais un souvenir mitigé de ce film vu au cinéma lors de sa sortie, mais j'ai vraiment bien aimé cette fois-ci. Il y a pas mal d'humour, ce qui évite au film de se prendre trop au sérieux. C'est dans ce film-ci que Tom Cruise est accroché à un A400M en train de décoller. 😉 J'ai hâte de voir le prochain!

Mission: Impossible 4 - Ghost Protocol de Brad Bird (2011)
J'ai moins aimé cet opus que j'ai trouvé un peu plus décousu (quand l'intrigue s'est dirigée vers l'Inde, j'ai même partiellement décroché). Il fait pourtant partie des films qui m'ont totalement fait changer d'avis sur Tom Cruise il y a quelques années de ça. Notons qu'on a ici la cascade de la tour Burj Khalifa à Dubaï et que la dernière scène lance l'intrigue avec le Syndicate, l'organisation terroriste du 5 et (visiblement) du 6 qui sort cet été.

Pacific Rim de Guillermo del Toro (2013)
J'ai revu avec un immense plaisir ce film que j'adore et qui garde toute son efficacité avec les années. KAIJU GROUPIE quoi. Et quelle musique! Hâte de voir le 2. Des réserves toutefois, quant à l'immense sexisme du machin... 😠😱

Transformers 4 de Michael Bay (2014)
Aïe. Si Transformers 3 marquait la rupture dans la franchise, Transformers 4 en symbolise le naufrage. Un film truffé d'explosions, de belles voitures et de robots géants: on dirait que le contrat est rempli, mais en réalité on s'ennuie ferme et on ne comprend plus rien. Quelle erreur d'avoir échangé le héros gringalet pour un homme aux muscles saillants qui développe on ne sait comment des compétences de combattant et de cascadeur de fou. Quelle erreur de n'avoir fait revenir aucun personnage humain de la trilogie initiale... Quelle erreur d'avoir adopté un ton encore plus sexiste et paternaliste, avec la blonde qui non seulement ne sert à rien mais appelle à l'aide constamment et ne peut rien faire toute seule! Quelle erreur d'avoir gâché le retour de Megatron, notre méchant préféré. Et quelle erreur d'avoir encore compliqué l'histoire des Transformers sur Terre.
On découvre cette fois-ci que les créateurs des Transformers, des extraterrestres mystérieux, ont ravagé la Terre il y a 65 millions d'années en faisant exploser une bombe qui transforme la matière organique en transformium, le métal dont sont composés les Transformers, en vue de créer les Transformers. (Donc, oui, vous avez bien compris, les dinosaures ont été anéantis pour créer les Transformers.) Mais les créateurs sont maintenant décidés à détruire leur création (pourquoi?) et ont envoyé Lockdown chasser les Transformers sur Terre. Heureusement, Optimus réactive les Dinobots se trouvant dans le vaisseau qu'il a volé à Lockdown (que font-ils là? Pourquoi Lockdown les a-t-ils avec lui? Pourquoi ne les réveille-t-il pas pour les faire combattre à son côté?) et remporte le combat.
Bien sûr, le fan sera ravi de voir des Transformers partout, mais même les Dinobots sont sous-exploités et n'arrivent pas à rattraper cet opus. Je recommande chaudement de l'éviter...

Sur grand écran

El laberinto del fauno de Guillermo del Toro (2006)
Une séance UGC Culte chroniquée en détail ici.

Hurricane de Rob Cohen (2018)
Un film catastrophe. J'ai bien aimé. Notons que la présence d'un météorologue équipé d'un véhicule conçu spécialement pour affronter les tempêtes permet de courir les rues assez longtemps et donne des scènes assez sympas.

Black Panther de Ryan Coogler (2018)
J'ai beaucoup apprécié ce film de super-héros très différent des autres Marvel. Déjà, j'ai apprécié qu'on ait affaire à un protagoniste qui 1. a déjà été présenté dans un autre film et 2. a toujours su qu'il serait la Panthère noire et n'a donc pas besoin de découvrir ses pouvoirs ou d'accepter qui il est. En plus, la longue histoire secrète du Wakanda permet d'introduire une réflexion sur la tradition et le passage à la modernité, un truc totalement absent des autres films de ce type (la seule susceptible d'avoir ce type de problème est Wonder Woman, elle aussi héritière d'une longue lignée). Bon et bien sûr c'est LE film d'action américain le plus avancé de tous les temps, je crois, concernant la représentation féminine, étant donné qu'ici LA FEMME EST UN HOMME COMME LES AUTRES ET A AUTANT DE TEMPS DE PAROLE QUE L'HOMME ET NE SERT JAMAIS, JAMAIS DE FAIRE VALOIR. Holàlà. Je jubile. Seule fausse note: les rhinocéros de guerre qui déboulent de nulle part... 😂😂😂

Du côté des podcasts

Incroyable! Je ressuscite cette catégorie que j'avais inaugurée l'année dernière et aussitôt abandonnée, vu que je n'arrivais pas à prendre l'habitude d'écouter des podcasts. Ce n'est qu'un début mais j'ai installé Podcast Addict sur mon téléphone et cela m'a permis d'écouter quelques épisodes de la première saison de Procrastination, le podcast d'Elbakin sur l'écriture, en vaquant à d'autres occupations, genre en découpant des légumes. J'adore cette émission qui est sûrement aussi intéressante pour les écrivains (ou aspirants écrivains) que pour les "simples" lecteurs.

Du côté des séries

Agatha Christie's Poirot - saison 3 (1990-1991)
Nous avons fini la saison 3, aussi délicieuse que les précédentes avec ses manigances meurtrières alambiquées et son enquêteur quelque peu excentrique.

Et le reste

Ayant décidé de lire un magazine par mois en plus de mon fidèle Cheval Magazine, j'ai lu ce mois-ci un anciens hors-série de Mad Movies et Comic Box sur les super-héros. Je l'avais offert à Noël à mon Homme, qui l'avait malheureusement déjà. C'était extrêmement intéressant d'en apprendre plus sur les super-héros et très amusant pour ce qui est de leurs adaptations au cinéma: je pense en effet que ce magazine date de tout début 2005! Je n'ai trouvé la date nulle part, mais on y parle de la récente élection de Bush et on y attend les sorties du premier semestre 2005. Donc tout ça date d'avant Batman Begins et surtout d'avant la déferlante Marvel! Dingue. J'ai découvert tout plein d'adaptations qui ne se sont pas faites (genre Chris Columbus devait adapter Namor, un comics dont je n'ai jamais entendu parler, et Ryan Reynolds était pressenti pour jouer Flash dans un film sur Flash...). C'était passionant.

Bon et bien sûr j'ai lu Cheval Mag: celui de mars en début de mois et celui d'avril en fin de mois.


Merci d'avoir lu jusqu'ici et rendez-vous le mois prochain
pour une nouvelle portion de croquettes!