dimanche 27 octobre 2019

Memoirs of a Geisha (1997)

Chronique express! 


Sayuri, une vielle dame japonaise vivant aux États-Unis, raconte son parcours de geisha dans la Kyoto des années trente, quarante et cinquante. Née dans une famille pauvre dans un village de pêcheurs, la petite Chiyo est vendue par son père à une maison de geishas, tandis que sa sœur, moins jolie, est "orientée" vers la prostitution. Chiyo tente bien de fuguer, mais elle échoue et voit son destin compromis; sa maîtresse ne souhaite pas investir le coût de la formation d'une geisha en faveur d'une jeune fille susceptible de prendre la fuite et la relègue donc au rôle de servante. C'est l'intérêt d'une geisha très célèbre, Mameha, qui permet à la jeune fille de reprendre sa formation, de "percer" à Gion, le quartier des geishas, sous le nom de Sayuri et de vivre son destin marqué par une figure masculine assez discrète, "le président".

Une immersion très intéressante dans la formation et la vie d'une geisha. Sous certains aspects, le Japon me laisse très perplexe – il en va ainsi du "masque" blanc du visage des geishas, que je trouve fort peu séduisant –  et je pense que ce qui m'a fait accrocher à ce livre (la langue recherchée dans sa simplicité, le souci du détail) relève plutôt de la vision occidentale du Japon que de Japon à proprement parler. Quoi qu'il en soit, j'ai beaucoup apprécié cette lecture; Arthur Golden a su me tenir en haleine alors même qu'il ne s'y passe pas grand-chose et il a le mérite de parler (bien que sans aucune revendication) d'exploitation de la femme, de l'enfance et de la pauvreté. Un petit bémol sur la fin, malheureusement ([divulgâcheur] je n'ai pas trop aimé que Sayuri fasse (excusez-moi) un tel coup de pute à Nobu pourvu d'avoir une chance de finir avec le président, il ne méritait vraiment pas ça [fin du divulgâcheur]), mais je recommande néanmoins. Je ne suis pas sûre de faire l'effort de revoir le film un jour, toutefois; le fait que les rôles des geishas japonaises aient été attribués à des actrices chinoises me laisse très perplexe...

mardi 22 octobre 2019

Marcovaldo ovvero Le stagioni in città (1963)

Chronique express!


Lors d'un week-end à Vérone il y a quelques semaines, un ami m'a offert ce recueil d'Italo Calvino mettant en scène Marcovaldo, un ouvrier pauvre, père de famille nombreuse, qui vit de petites aventures au contact de la nature, discrète mais néanmoins présente en ville. Chaque texte aborde une saison et le cycle se répète cinq fois (sur cinq ans, donc).

Le ton est résolument tragicomique. Dans la postface, on apprend même que Calvino parlait "d'éducation au pessimisme"! 😂 En effet, tout tourne toujours mal pour ce pauvre Marcovaldo. Dans le premier texte, par exemple, son immense joie de pouvoir offrir un bon repas à ses enfants grâce à l'apparition de champignons à côté de son arrêt de bus se solde par une intoxication alimentaire. 😂 Parfois, la chute est plus symbolique et touche justement au tragicomique. Calvino parle de la société italienne au lendemain de la guerre; des textes comme Luna e gnac, sur la pollution lumineuse, ou Marcovaldo al supermarket sont d'une actualité folle, ce dernier présentant la course éperdue de Marcovaldo, sa femme et ses nombreux enfants dans un supermarché: ils ne peuvent rien se payer, mais ils fantasment de remplir leur chariot comme les autres clients... 😭 Je retiendrai aussi un passage poignant sur un lapin de laboratoire et un texte sur des chats très déterminés.

Il faut que je laisse décanter cette lecture pour savoir si j'en retiendrai plutôt l'aspect comique ou tragique, mais il est certain que j'ai adoré et que je recommande chaudement. Après une expérience difficile avec Pourquoi lire les classiques, je me dis maintenant qu'il faut que je lise d'autres romans de Calvino! En France, le recueil existe chez Folio sous le titre Marcovaldo ou Les saison en ville dans la traduction de Martin Rueff.

jeudi 17 octobre 2019

The Legend of Sleepy Hollow and Other Tales (1819-1820)

Nous connaissons tous le film Sleepy Hollow de Tim Burton. J'avais 14 ans quand il est sorti et il a largement façonné mes goûts et mon imaginaire. Enthousiaste, j'ai aussitôt lu la nouvelle de Washington Irving qui l'a inspiré, La Légende du Val dormant, mais j'ai été assez déçue, le texte et le film n'ayant pas grand-chose en commun. Je voulais toutefois la relire en anglais depuis de nombreuses années et je suis enfin passée à l'action, trois ans après avoir acheté cette jolie édition économique de Collins.



Pour la petite histoire, ce recueil devrait plutôt s'appeler The Sketch Book of Geoffrey Crayon, Gent. Je suppose que Collins a voulu capitaliser sur la célébrité de Sleepy Hollow. 😉

Le recueil contient 34 textes, principalement de courtes descriptions de la vie en Angleterre, et forme une sorte de carnet de voyage. Il y a aussi quelques nouvelles. Par manque de temps, d'énergie et (soyons honnêtes) de choses à dire sur certains d'entre eux, je ne vais pas les chroniquer un par un.

Dans la préface, Washington Irving remercie Walter Scott, qui a largement contribué à la publication du recueil en Angleterre. Le XIXe, mes enfants, était vraiment un siècle de géants. 😉

Dans The Voyage, il décrit la traversée de l'Atlantique en bateau et son arrivée en Angleterre. Le ton est donné, la langue est belle et recherchée, mais avec cette limpidité du XIXe que j'adore. J'ai tout de suite adhéré.

Tout au long du recueil, de très nombreux textes recensent ses expériences en Angleterre et décrivent le quotidien des habitants: Rural Life in England, The Country Church, A Sunday in London, The Boar Head's Tavern, Eastcheap (un texte sur Shakespeare auquel je n'ai rien capté), Rural Funerals, Westminster Abbey, London Antiques, Little Britain, Stratford-on-Avon (autre texte sur Shakespeare auquel je n'ai rien capté) et John Bull.

Vers la moitié du recueil, une série de cinq textes (Christmas, The Stage Coach, Christmas Eve, Christmas Day et The Christmas Dinner) décrivent les célébrations de Noël dans un manoir anglais dirigé par un vieux monsieur très à l'ancienne. C'est charmant et amusant. Ce recueil pourrait donc aussi bien se lire à Noël qu'à Halloween, en fait. ^^

Deux textes, Traits of Indian Character et Philip of Pokanonet, abordent avec une modernité étonnante le génocide des Amérindiens, dont Irving prend la défense.

La fiction est également présente. Rip Van Winkle, un des textes les plus célèbres d'Irving, nous ramène aux États-Unis auprès d'un vieux monsieur qui s'endort vingt ans dans la montagne et ne reconnaît plus son pays, devenu indépendant pendant son sommeil. The Spectre Bridegroom parle avec humour d'une légende allemande sur un fiancé décédé le jour même où il devait rencontrer sa future épouse. La célèbre Legend of Sleepy Hollow raconte comment Ichabod Crane, un maître d'école quelque peu tyrannique, essaye de séduire la belle et riche Katrina Von Tassel dans une petite ville isolée de l'État de New York peuplée de colons hollandais. Les noms des personnages et la légende du cavalier sans tête sont à peu près les seuls points communs entre ce texte et le film. 😜

Quelques textes indépendants parsèment aussi le recueil: Roscoe parle d'un auteur de Liverpool, The Wife raconte une histoire conjugale, English Writers on America décrit comment les écrivains anglais comprennent les Américains totalement de travers, The Broken Heart parle des chagrins d'amour irréparables, The Pride of the Village parle de l'enterrement d'une jeune fille. The Widow and her Son, le texte qui m'a le plus marquée, décrit un enterrement auquel n'assiste qu'une vieille et pauvre femme tout en noir; je ne sais plus si j'en ai pleuré mais il m'a brisé le cœur.

Apparemment, ce recueil a constitué l'un des premiers succès de la littérature américaine en-dehors des États-Unis et a contribué à "légitimiser" les auteurs américains, au même titre que l’œuvre de James Fennimore Cooper. Son succès est mérité. J'ai adoré le style élégant et recherché, qui correspond bien à ce que j'aime dans le XIXe. Comme je le disais à propos d'Edgar Allan Poe, il y a quelque chose de très européen ici – mais sans citations latines et sans le côté ampoulé. 😀 La lecture de ce type de texte en version originale reste toutefois assez exigeante, il faut être assez à l'aise avec l'anglais pour se lancer dans ces 400 pages.

Je vous laisse avec un extrait touchant de Rural Funerals:
"The sorrow for the dead is the only sorrow from which we refuse to be divorced. Every other wound we seek to heal - every other affliction to forget; but this wound we consider it a duty to keep open - this affliction we cherish and brood over in solitude. Where is the mother who would willingly forget the infant that perished like a blossom from her arms, though every recollection is a pang? Where is the child that would willingly forget the most tender of parents, though to remember be but to lament? Who, even in the hour of agony, would forget the friend over whom he mourns? [...] No, the love which survives the tomb is one of the noblest attributes of the soul. If it has its woes, it has likewise its delights; and when the overwhelming burst of grief is calmed into the gentle tear of recollection, when the sudden anguish and the convulsive agony over the present ruins of all that we most loved are softened away in pensive meditation on all that it was in the days of its loveliness - who would root out such a sorrow from the heart?"

samedi 12 octobre 2019

Au Bonheur des Dames (1883)

La relecture commune des Rougon-Macquart avec Tigger Lilly se poursuit avec Au Bonheur des Dames, ce onzième roman qui est parmi mes préférés de toute ma vie, un coup de foudre de mes années lycée. 💖


L'intrigue
Après la mort de ses parents, Denise débarque à Paris avec ses deux petits frères et deux sous en poche et vient frapper à la porte de son oncle Baudu, qui tient un petit commerce familial. Les affaires ayant ralenti à cause de l'ouverture du Bonheur des Dames, un grand magasin situé de l'autre côté de la rue qui leur vole des clientes, l'oncle ne peut lui offrir de travail. Heureusement, Denise est aussitôt embauchée, justement, au Bonheur des Dames, où elle découvre le commerce moderne: employés exploités et mis en concurrence entre eux, rôle primordial de la réclame, recours aux bas prix et aux grandes quantités... Le tout dans une ambiance de travail détestable. Les autres vendeuses lui font un bien mauvais accueil et Denise parvient à peine à gagner sa vie. Mais le patron du magasin, Octave Mouret, ne la laisse pas indifférente...

Une romance à la Zola
OUI, Au Bonheur des Dames est (entre autres) un histoire d'amour. Le fil rouge, ce pour quoi on se passionne, c'est la relation entre Denise et Octave: d'abord de rares contacts sans conséquences, puis une relation plus saine entre adultes, puis l'adoration maladive d'Octave qui est fou de Denise. C'est l'histoire de Cendrillon, en quelque sorte: la fille pauvre, mais courageuse, bonne et juste, triomphe de femmes plus belles et aguerries et des hommes qui la haïssent et se retrouve au bras de l'homme riche, qu'elle a réussi à faire évoluer sur certains points (ici, les droits sociaux des employés). C'est pour cela que j'ai autant aimé ce livre quand j'étais au lycée et qu'il me fait encore autant rêver: pour une fois, le personnage positif du roman a une fin heureuse. Ses efforts sont récompensés et le bien l'emporte.

Un protagoniste d'envergure: le magasin
Au-delà de Denise, le Bonheur des Dames est un personnage à part entière: comme les Halles dans Le Ventre de Paris, les plantes dans La Faute de l'abbé Mouret et l'alambic dans L'Assommoir (et comme, plus tard, la mine dans Germinal et la Lison dans La Bête humaine), le magasin est animé d'une vie propre, c'est une machine géante et animée qui souffle, qui agit, qui se démène et qui écrase le monde autour d'elle. Avec ses milliers d'employés, ses dizaines de rayons, ses réclames, son service d'envoi, ses voitures, ses courriers, ses millions de produits et ses centaines de milliers de francs de recettes, il n'a pas une seconde de répit et n'accorde ni pitié ni repos aux êtres humains.

Première victime: le personnel
Travailler au Bonheur n'est pas chose aisée. La paie fixe est maigre et il faut vendre beaucoup pour toucher un intéressement sur les ventes effectuées. Les journées de travail durent 13 heures. La cantine laisse à désirer, l'investissement de la direction en nourriture étant dérisoire. Il n'y a aucune protection sociale en cas de blessure ou même de grossesse. On peut travailler à temps plein au Bonheur des Dames et crever de faim. Dès que l'activité ralentit, à la morte saison, les directeurs licencient des dizaines de personnes au moindre prétexte. Passez à la caisse!

La mort du petit commerce
On a tendance à penser que les multinationales détruisent les boutiques de quartier, mais en réalité le phénomène de la destruction du petit commerce n'est pas nouveau. Zola nous le montre à l'œuvre ici avec ce Bonheur dont l'ascension s'accompagne d'innombrables faillites. Chaque ouverture de rayon provoque le déclin puis la fermeture d'un commerce local: ainsi, la maison bien établie de l'oncle Baudu ne peut tenir la concurrence sur les tissus; le père Bourras, vendeur de parapluies, perd sa clientèle; la ganterie de la rue d'à côté est en difficulté; et ainsi de suite, à l'infini, parce que ce grand magasin est affamé de croissance. Il y a même un cortège funèbre très symbolique, où le cadavre qu'on enterre n'est pas seulement humain.
Ça vous parle? Vous pensez à Amazon qui vend tout, des livres à la vaisselle? Oui. Les choses ont été exacerbées et élargies par la mondialisation et le numérique, mais elles ne sont pas apparues en ce début de XIXe siècle.

La naissance du marketing moderne
La stratégie de vente d'Octave est exactement celle de la société consumériste: vendre beaucoup pour vendre peu cher et vice versa. La cliente doit constamment trouver de nouvelles choses à acheter et avoir l'impression de faire une affaire. Pour cela, Octave utilise son génie de l'achalandage, mais introduit aussi des nouveautés: voitures de livraison aux couleurs de la maison pour porter la réclame dans les rues, investissements massifs dans la publicité, possibilité de retourner les articles achetés (une nouveauté à l'époque, une évidence pour nous), présence d'un espace repas, vente de produits à perte pour attirer la foule. Il offre même des ballons aux enfants!!! Comme moi, vous avez tendance à penser que c'est Ingvar Kamprad qui a inventé le magasin labyrinthique où il faut forcément voir 35 canapés pour arriver aux cuisines? Que nenni! Octave Mouret organise ses rayons de manière à ce que la cliente soit obligée de faire des kilomètres et donc de découvrir beaucoup plus de marchandises... 😱 Je le dis à chaque fois, mais l'œuvre de Zola est d'une modernité déroutante. Il vivait dans le même monde que nous, le monde moderne né de la révolution industrielle. Ce qu'il n'a pas vu venir (et comment l'aurait-il pu, d'ailleurs?), c'est la mondialisation (et encore, la chose est vaguement abordée dans Germinal avec les mineurs belges venus remplacer les Français grévistes...), la dégradation de l'environnement, l'évolution des armements jusqu'à l'arme atomique... Mais sinon, la France du Second Empire est très, très semblable à celle du XXIe siècle.

Dans le prolongement de Pot-Bouille
Malgré un ton radicalement différent, Au Bonheur des Dames est bien la suite de Pot-Bouille. Avant tout parce qu'on retrouve Octave Mouret, personnage central du dixième opus. Je crois que c'est la seule fois qu'un personnage majeur apparaît dans deux romans de suite. Le jeune homme, veuf depuis la mort de Mme Hédouin qui lui a laissé son magasin, continue d'exploiter la femme: dans Pot-Bouille, il cherchait à faire fortune à Paris; ici, il fait fortune en vendant des tas de choses à ses clientes, qu'il connaît parfaitement et qu'il compte bien dépouiller. Par ailleurs, l'adultère, thème essentiel de Pot-Bouille, et les relations illicites en général sont de nouveau tolérées par la société policée dans laquelle Octave évolue, comme le montrent les passages savoureux sur M. de Boves, inspecteur des Haras, qui prétend visiter des écuries alors qu'il retrouve sa maîtresse, et la relation d'Octave même avec Henriette, la maîtresse à laquelle il doit sa rencontre avec un important investisseur. Et Zola montre de nouveau que ces relations illicites sont le fruit de la société: dans Pot-Bouille, la femme bourgeoise tombait dans l'adultère par ennui et ignorance; ici, les vendeuses du Bonheur des Dames ont toutes un amant (ou plusieurs) pour survivre, leur revenu ne leur permettant pas de vivre dignement.

En bref
Un chef d'œuvre. Un roman social sur le monde du travail et l'économie d'hier qui nous parle en fait de notre monde à nous, 136 ans plus tard, et une histoire d'amour comme un rayon de soleil. C'est, je crois, la quatrième fois que je le lis et une chose est sûre: il y en aura une cinquième.

Allez donc voir ailleurs si ce Bonheur y est!
L'avis de Tigger Lilly

lundi 7 octobre 2019

Les BD du troisième trimestre 2019

Un récap trimestriel très long grâce aux vacances estivales qui m'ont permis de lire beaucoup de bandes dessinées. Préparez un thé ou un café et c'est parti!

Le trauma, quelle chose étrange de Steve Haines et Sophie Standing (2016)


Une excellente bande dessinée de vulgarisation sur le psychotrauma et, notamment, la dissociation qu'il peut provoquer (une sorte de perte de contact avec son propre corps qui peut se manifester de différentes façons, comme l'impression d'être en dehors de soi ou la perte de sensibilité dans une partie du corps). Le mécanisme du cerveau face à une situation d'insécurité est également expliqué. C'est très clair et intéressant et l'ouvrage présente de nombreuses références bibliographiques pour qui voudrait aller plus loin. Il faudrait que je lise les deux autres BD des mêmes auteurs, qui parlent de l'anxiété et de la douleur.
Traductrice: Fanny Soubiran
Éditeur: Ça et là (que je connaissais déjà grâce à Émile Zola à l'usage des personnes pressées)

Conan le Cimmérien. La reine de la côte Noire de Jean-David Morvan et Pierre Alary (2018)


Premier volume de la collection Conan de Glénat, cette bande dessinée est l'adaptation d'une nouvelle de Robert E. Howard mettant en scène une pirate qui écume les mers au large de la côte Noire et qui "embauche" Conan après avoir massacré l'équipage du navire sur lequel il voyageait. C'est du Howard tout craché: des combats, une jeune femme fort peu vêtue, des ruines perdues, des créatures démoniaques et mystérieuses, un décor exotique... L'univers de Conan me fait vraiment rêver. La bande dessinée est suivie de deux courts textes de Patrice Louinet, le grand spécialiste français de Howard, qui remet bien le personnage dans son contexte littéraire, en dehors de l'image véhiculée par les films plus tardifs.
Éditeur: Glénat

Mots roses au clair de lune de Maliki (2009) (Maliki, tome 3)


Décidément, j'adore Maliki. J'adore le  dessin, les histoires et la présence de ses deux chats rigolos et mignons. À  noter que cet album propose un beau voyage dans le temps avec un strip sur MSN, ce qui permet de relativiser l'étalage de soi que permet actuellement Facebook.
Éditeur: Ankama

Le vieil homme et son chat n'ont plus peur des chiens (2015) et Le vieil homme et son chat se font les griffes (2016) de Nekomaki


Un joli manga sur un vieux monsieur japonais qui vit seul avec son gros chat dans une île peuplée "de pépés, de mémés et de chats". C'est adorable et les dessins respirent la sérénité. Un petit regret toutefois: les strips manquent légèrement de sel, on arrive parfois à la dernière case sans en tirer grand-chose.
Éditeur: Casterman

Conan le Cimmérien. Le Colosse noir de Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat (2018)


Deuxième tome de la collection Conan de Glénat, qui fait appel à des auteurs différents à chaque numéro. Je me souvenais assez bien de la nouvelle de Howard, dans laquelle Conan prend la direction d'une armée... et à la fin de laquelle la princesse se jette, nue, dans ses bras. Lol. C'est un peu brut de décoffrage mais c'est joliment dessiné. La grande bataille entre armées est toutefois confuse, j'ai eu du mal à suivre qui combattait qui.

Conan le Cimmérien. Au-delà de la rivière Noire de Mathieu Gabella et Anthony Jean (2018)


Le troisième tome de la collection est lui aussi une réussite. Point de jeune femme dénudée ou de désert exotique ici, mais une épaisse forêt peuplée de colons et de barbares qui essayent de lutter contre l'ennemi venu s'installer sur leurs terres. Mais il y a un sorcier. Et du sang. Et du muscle. Et une postface intéressante de Patrice Louinet.

Conan le Cimmérien. La fille du géant du gel de Robin Recht (2018)


Premier raté de la collection Conan de Glénat. Je n'ai aucun souvenir de la nouvelle de Howard dont cette bande dessinée est tirée, mais ça m'étonnerait fortement qu'une déesse se masturbe dans la neige pendant que Conan combat des spectres... Le contenu érotique est très marqué et je n'ai pas aimé les grandes planches représentant les combats, qui sont très flous. Une grosse déception, donc.
Mise à jour: J'ai relu la nouvelle en question, qui est très bien, et je confirme que la déesse ne se masturbe pas dans la neige. 😦

Conan le Cimmérien. La Citadelle écarlate de Luc Brunschwig et Étienne Le Roux (2019)


Le cinquième tome de la collection rattrape assez bien le quatrième. Je n'ai pas trop aimé le dessin, mais il a le mérite d'être clair. La Citadelle écarlate est une histoire que j'affectionne puisque Conan y traverse un souterrain peuplé de créatures abominables. En outre, je la trouve assez représentative de l'œuvre d'Howard sur ce personnage.

Conan le Cimmérien. Chimères de fer dans la clarté lunaire de Virginie Augustin (2019)


Le sixième tome est très bien. Le dessin ne m'a pas toujours plu, mais il donne une ambiance très adaptée au récit. Il y a dix ans, j'avais tellement aimé cette nouvelle que je trouve délicieusement inquiétante que j'avais commencé à la pasticher tout à fait sciemment: à l'époque, j'écrivais encore et je m'étais fait super plaisir à écrire un court texte sur le même ton. À noter qu'il y a ici une jeune fille fort peu vêtue, mais plutôt débrouillarde. 😏

Chasseuse de nazis de Minaverry (2009) (Dora, tome 1)


En 1960, Dora, une jeune Juive franco-marocaine, travaille comme archiviste en Allemagne, ce qui lui donne accès à des documents sensibles sur les activités nazies. Plus tard, elle a l'occasion de partir en Argentine à la recherche de Mengele, le médecin d'Auschwitz. Autant cette bande dessinée fournit quelques informations pertinentes sur les camps de concentration (du genre: Auschwitz employait 3 000 militaires en 1943), autant elle m'a laissée de marbre: je n'ai pas aimé le dessin, j'ai eu du mal à identifier les visages des personnages masculins (ce qui est très problématique quand la protagoniste fait de l'espionnage) et je n'ai pas du tout adhéré à son ambiance anarcho-communiste (avec un passage à Bobigny, auprès d'un groupe communiste soutenant l'indépendance de l'Algérie, et des références au péronisme en Argentine) (j'ai dû aller vérifier dans l'encyclopédie qui était Perón tellement je ne connais rien à l'histoire sud-américaine, c'est une catastrophe). Mon copain m'a demandé de la lire pour avoir mon avis et je ne lui ai pas recommandé de la proposer à ses clients. 😕
Éditeur: L'Agrume

Chatons contre dinosaures de Davy Mourier, Stan Silas et Valérie Sierro (2019)


Ça, c'est vraiment du lourd! Vous avez du mal à y croire? C'est pourtant vrai. Cette bande dessinée existe! 😆
Plus improbable encore: l'action est située à Saint Malo! 😂
Éva reçoit trois adorables chatons en cadeau pour ses dix ans. Le lendemain, elle découvre avec horreur que son père a disparu et que Saint Malo a été évacuée par l'armée. En effet, les habitants se transforment... en dinosaures! 😁😍😱 Quand sa propre mère, métamorphosée en tyrannosaure, l'attaque, elle a la surprise d'être sauvée par ses chatons, qui sont en fait... des ninchats!!!! 😂😂 Tous ces mystérieux évènements s'avèreront liés au travail classé secret de son père et à la présence à Saint Malo d'un extraterrestre. Et ils se résoudront, entre autres, grâce à un cartable d'école qui se transforme en avion. 💖💖💖 Une bande dessinée clairement destinée à un jeune public, mais qui vaut le détour si vous voulez découvrir quelque chose de très spécial avec des jeux de mots rigolos. Genre ninchat, quoi.
Éditeur: Jungle

Ar-Men. L'enfer des enfers d'Emmanuel Lepage (2017)


Une bande dessinée superbe qui nous emmène au cœur d'Ar-Men, un phare situé à dix kilomètres des côtes bretonnes – autant dire "sur une autre planète" quand il a été décidé de le construire, pendant les années 1860. Les travaux, achevés en 1881, n'ont pas duré quinze ans par hasard. La narration alterne entre différentes époques et personnages. Un beau sans faute pour Lepage que je connaissais déjà grâce à Un printemps à Tchernobyl. D'autres avis: Baroona, Lorhkan.
Éditeur: Futuropolis.

Guerilla Green. Guide de survie végétale en milieu urbain d'Ophélie Damblé et de Cookie Kalkair (2019)



Une bande dessinée militante sur la végétalisation "sauvage" des espaces urbains, c'est-à-dire la plantation délibérée de végétaux dans des espaces publics de la part de personnes soucieuses rendre les villes plus autonomes en nourriture et de retisser des liens sociaux distendus. C'est très intéressant et plein d'informations et de conseils pour faire quelque chose, nous aussi, et l'autrice, également youtubeuse, propose des renvois vers ses vidéos pour en savoir plus. Toutefois, je n'ai pas aimé le ton très anti-système et parfois un peu cassant (par exemple, je ne suis pas convaincue que qualifier les gens de "mollusques zombifiés" soit un bon moyen de les faire réagir). Il faut maintenant que je trouve un petit bout de terre inutilisé dans ma ville pour y planter de la menthe, une plante pratiquement indestructible qui poussera très bien sans personne pour l'aider...
Éditeur: Steinkis

Nos compagnons de Jirô Taniguchi (2019) 


Recueil de cinq bandes mangas sur les animaux de compagnie (toutefois, le sens de lecture est celui utilisé en Occident). La première est tellement triste que les suivantes paraissent fades à côté, mais elles sont toutes de belles histoires entre humains et animaux. Le dessin en noir et blanc est à la fois épuré et détaillé, c'est assez intéressant même s'il n'est pas totalement à mon goût. Je recommande.
Éditeur: Casterman

Et voilà. Merci d'avoir lu jusqu'ici. 😃
En espérant vous avoir donné envie d'en lire certaines. 😉

mercredi 2 octobre 2019

La gamelle de septembre 2019

Septembre, le mois de la rentrée, marque le retour à une vie normale. Dans l'ensemble, j'ai l'impression de n'avoir le temps de rien. Toutefois, j'ai miraculeusement réussi à aller au cinéma plusieurs fois et je semble avoir réussi à prendre l'habitude d'écouter des podcasts pendant que je fais la vaisselle. Une excellente chose. 😀

Sur petit écran

Serenity de Joss Whedon (2005)


Le prolongement filmique de la série Firefly, que je n'ai jamais vue, est pas mal du tout. C'est à mi-chemin entre Buffy, dont Joss Whedon sortait tout juste, et Avengers qu'il a réalisé bien plus tard. Le fait de ne pas connaître la série m'a fait manquer un certain nombre de références mais n'est pas non plus handicapant. À noter, le traitement très égalitaire des personnages féminins, vraiment appréciable.

Sur grand écran

Fast and Furious: Hobbs & Shaw de David Leitch (2019)
À part les échanges de vannes entre Hobbs et Shaw, le film est long et ennuyeux et n'a même pas de cascades palpitantes. Bien que le personnage féminin principal ne soit pas sexualisé à outrance, la représentation de la femme est d'un paternalisme consternant. (Et c'est une fan de Transformers qui vous parle.) Intérêt inexistant, donc.

Once Upon a Time... in Hollywood de Quentin Tarantino (2019)
Malgré de nombreux éléments intéressants, notamment une scène d'une tension remarquable que je n'oublierai pas de sitôt, je me suis ennuyée. La fin valait toutefois la peine de patienter. 😂😈

Downton Abbey de Michael Engler (2019)


Retrouvailles émouvantes avec les personnages de la série, qui ont toujours eu une influence bénéfique sur moi: droits dans leurs bottes, réfléchis, déterminés, ils représentent à peu près tout ce que j'aimerais être. Le film est parfaitement fidèle à la série avec ses petites intrigues parallèle, son ambiance surannée et sa classe toute britannique. J'ai seulement un tout petit peu trouvé dommage que le couple soit si omniprésent à la fin, comme s'il était la seule fin heureuse possible, mais dans l'ensemble c'était parfait. 💖

Du côté des podcasts

Je me délecte des bons conseils de Florie Teller dans Simple & Cité et de l'univers délicieux de Mango & Salt dans Tout ce que j'aime.

Et le reste

J'ai lu deux numéros de Cheval Magazine (septembre et octobre), un vieux numéro de Livres Hebdo guère intéressant (l'actualité littéraire ne me botte pas du tout) et un numéro passionnant de Histoire et civilisations, revue que je découvrais et que je tâcherai de relire à l'avenir.

Une intruse est passée par là...

Bon mois d'octobre, chers lecteurs!
L'automne est là et c'est le moment de lire sous un plaid avec du thé! 🌰🍂🍄