mardi 25 février 2020

Beggars in Spain (1993)

Commencer Beggars in Spain de Nancy Kress, c'est un peu comme plonger dans Bienvenue à Gattaca: un couple décide quelles modifications génétiques apporter à son futur enfant. Certaines concernent son aspect physique, mais le père, Roger Camden, veut surtout que son enfant n'ait pas besoin de dormir. La technique est encore expérimentale, mais qu'importe... Cet homme richissime n'a pas l'habitude qu'on lui dise non. L'enfant ne dormira pas.

Puis un coup de théâtre secoue les parents: par le plus grand des hasards, ils auront des jumeaux. Un ovule a été fertilisé naturellement, sans modification génétique. Ainsi naissent Leisha, qui ne dort pas, est extrêmement belle et possède une intelligence hors du commun, et Alice, qui est... normale.

Ne prenez pas peur en voyant cette couverture hideuse...

Tout au long de la première partie de ce roman, intitulée "Leisha" et d'abord parue sous la forme d'une novella qui a remporté – à juste titre – le Hugo et le Nebula, Nancy Kress raconte l'enfance, l'adolescence et les premières années d'adulte de Leisha dans un monde où les Non Dormeurs (les Sleepless en VO) sont de plus en plus nombreux, mais toujours très peu nombreux – de l'ordre de quelques milliers de personnes dans le monde.

C'est tout simplement brillant. L'histoire est juste sur le plan humain: la vision qu'a Leisha du monde quand elle est enfant, sa compréhension vague des horribles préférences de ses parents par rapport à leurs deux filles, sa rencontre avec d'autres Non Dormeurs et son entrée dans la vie active dans une société qui les craint, les jalouse et les rejette sont poignants d'humanité et riches de nuances émotionnelles. En parallèle, l'intégration (ou plutôt la non intégration) de ces personnes est étudiée avec une lucidité horrifiante. Entre les rumeurs, les mots désagréables, les actes de loi à la con, les États-Unis perdent complètement la tête – et, par conséquent, les Non Dormeurs doivent prendre des décisions difficiles. Comment vivre dans une société qui vous déteste parce que vous êtes plus intelligent, que vous pouvez travailler plusieurs heures de plus par jour et que, par-dessus le marché, votre modification génétique vous a doté d'une vie exceptionnellement longue?

Cette première partie est disponible en France aux éditions ActuSF, dans la traduction de Claire Michel et sous le titre L'une rêve, l'autre pas. Lisez ce livre!

Mon édition Eos est celle du roman que Nancy Kress a écrit dans un deuxième temps. Il comprend trois parties supplémentaires. La deuxième partie, "Sanctuary", se passe en 2051 et tourne autour d'une enquête et d'un procès, eux-mêmes liés à des recherches scientifiques qui permettraient de transformer les Dormeurs en Non Dormeurs. La troisième partie, "Dreamers", commence en 2075 et raconte [divulgâcheur] la création d'une deuxième génération d'humains génétiquement modifiés, les Supers, par les Non Dormeurs dans l'idée de se protéger, un jour, des attaques des Dormeurs [fin du divulgâcheur]. La troisième partie, "Beggars", nous emmène en 2091 [divulgâcheur] pour assister à l'étape ultime du délire d'isolation de Jennifer Sharifi, qui déclare l'indépendance de Sanctuary, la station orbitale où vivent 95% des Non Dormeurs, par rapport aux États-Unis [fin du divulgâcheur].

Si ces trois parties étaient également très riches, je n'ai pas retrouvé l'enthousiasme ressenti à la lecture de la première. Le fait que le point de vue de Leisha, qui était unique au début, ne soit plus qu'un point de vue parmi d'autres, chaque chapitre consacrant quelques pages à plusieurs personnages, m'a clairement fait perdre la proximité émotionnelle que j'avais ressentie. L'effet de découverte est également passé: la présence des Non Dormeurs n'est plus une nouveauté et, même si les choses ne se passent pas bien et que certains passages font froid dans le dos, l'intrigue n'est plus aussi renversante.

Je tiens toutefois à écrire un mot sur Miri, un personnage très particulier, riche de nuances à sa manière. [Divulgâcheur] Il est difficile de s'identifier à elle, sa façon de raisonner n'étant pas réellement humaine à cause des modifications génétiques dont elle a fait l'objet (c'est une Super); et pourtant, sa profonde humanité, sa manière de sentir des notions éthiques essentielles, m'ont touchée [fin du divulgâcheur].

Vous vous demandez pourquoi ce roman s'appelle Beggars in Spain en version originale? Cela fait référence à la métaphore qu'emploie un Non Dormeur. Être un Non Dormeur dans une société de Dormeurs, c'est comme être entouré de mendiants dans un pays pauvre tel que l'Espagne (euh, sur ce point je me suis demandé si Nancy Kress savait où était l'Espagne ou s'il fallait par là comprendre que le personnage est un gros beauf... ^^). Et que font des mendiants quand ils voient tout ce que vous avez alors qu'ils n'ont rien...?

Si cette vision de la mendicité me semble plutôt tenir de la délinquence, elle permet d'utiliser le mot "beggars" de multiples façons tout au long du roman: avec compassion pour Leisha, un personnage très moral et juste, avec un mépris ahurissant par Jennifer Sharifi, et enfin avec humilité par Miri.

En bref: bien que les trois parties suivantes ne soient pas aussi exceptionnelles que la première, qui est vraiment brillante, je recommande cette lecture, qui est extrêmement riche de thèmes sociaux.

En revanche, j'ai survolé, sur Wikipedia, le résumé des deux romans qui sont venus compléter celui-ci de manière à former une trilogie Beggars et je ne les lirai pas: l'intrigue semble retorse et confuse et je ne suis pas pressée de voir les modifications génétiques aller encore plus loin. [Divulgâcheur] Dans le deuxième roman, l'être humain devient même une créature photosynthétique. Heuh? [Fin du divulgâcheur]

Allez donc voir ailleurs si d'autres dorment!

jeudi 20 février 2020

La Joie de vivre (1884)

Autant le onzième tome des Rougon-Macquart, Au Bonheur des Dames, est un des romans les plus lumineux d'Émile Zola, autant le douzième, La Joie de vivre, est probablement le plus sombre, le plus lugubre, le plus étouffant et le plus désespéré. J'en gardais un souvenir horrifié. Qu'en a-t-il été à la relecture?

Eh bien, je ne peux que confirmer mon ressenti: j'ai été horrifiée cette fois-ci aussi.


L'intrigue
Pauline Quenu, la fille du couple de charcutiers du Ventre de Paris, est recueillie par de distants cousins à la mort de ses parents. Les Chanteau vivent à Bonneville, un petit village de pêcheurs en Normandie. Le père est tourmenté par une goutte douloureuse. La mère fonde de grands espoirs sur son fils. La bonne, Véronique, grommelle dans sa cuisine.
Pauline, âgée de 10 ans, se lie d'amitié avec le fils, Lazare, âgé de 19 ans. Ils font de longues promenades au bord de la mer et se baignent ensemble en bons camarades. Puis Lazare, raisonné par sa cousine, accepte de partir étudier à Paris. Au fil des années, leurs rapports évoluent, jusqu'à ce qu'il soit question de les marier.
Mais Pauline a hérité d'une grosse fortune, des titres soigneusement rangés dans le secrétaire de sa tante. Cet argent ne peut passer inaperçu. Voulant aider sa famille, elle finance des projets désastreux de son cousin et accepte peu à peu d'entretenir le foyer tout entier. En outre, une amie de la famille, Louise, passe ses vacances à Bonneville et ne laisse pas Lazare indifférent.
Vous le voyez venir, le désastre?

Un sort funeste et sordide
La Joie de vivre est lourd pour des tas de raisons. Tout le monde semble condamné. Les petits et grands emprunts d'argent se multiplient, le pactole de Pauline diminue. La maladie de M. Chanteau progresse inexorablement jusqu'à faire de lui un infirme. L'adoration de Mme Chanteau pour son fils et son désir d'argent se retournent contre sa propre honnêteté et contre sa nièce, qu'elle dépouille sans scrupules, voire en trouvant cela bien normal, voire enfin en lui en voulant de la dépouiller (!). Lazare se jette tête baissée dans des projets successifs voués au désastre. Le chien de la famille vieillit. La bonne ne fait que marmonner et, après deux ou trois chapitres où elle passe du côté de Pauline, elle retombe dans la mauvaise foi.
Deux évènements particulièrement horribles m'avaient marquée: le décès de Mme Chanteau, en proie au délire et à la paranoïa, et l'accouchement de Louise, un martyre intolérable. Cette fois-ci, j'ai aussi noté l'emprunt de Mme Chanteau, qui vient prendre l'argent de Pauline sous les yeux de celle-ci alors que la jeune fille est gravement malade, la peur de la mort de Lazare (ahah), qui ne se remet pas de la mort de sa mère, et la tentative de viol de celui-ci sur Pauline.
Il n'y a pas une goutte d'espoir dans ce roman. Le chien meurt, Pauline se fait dépouiller et sacrifie son bonheur en faveur d'un pauvre mec, l'accouchement épouvantable donne un enfant chétif, les mariés se détestent, le père souffre le martyre, les villageois restent pauvres, ignorants, vulgaires et profiteurs malgré les efforts de Pauline, la chatte de la maison met bas régulièrement des chatons qu'on noie aussitôt. Les deux seules éclaircies, le revirement de la bonne en faveur de Pauline et les efforts du médecin du village, ne produisent aucun résultat. Même un roman plein d'horreurs comme Germinal met en scène quelques personnages plus positifs. Ici, il n'y a pas de bouée de sauvetage et [divulgâcheur] l'annonce d'un suicide à moins d'une page de la fin [fin du divulgâcheur] vous laisse complètement sous le choc.

Un roman zolien
Quelques thèmes récurrents dans l'œuvre de Zola sont présents. Il aborde l'éducation des femmes, notamment en opposant le savoir de Pauline et de Louise. Pauline a étudié les livres de médecine de son cousin et est donc informée en matière de sexualité; elle regarde la chose avec franchise et simplicité. Au contraire, Louise ne possède que des bribes de savoir pervers récoltées dans un pensionnat; par conséquent, elle n'a aucune information scientifique mais est totalement obsédée par le sexe, qui régit sa vie de femme et la pousse à minauder comme une idiote. Elle est formatée pour se jeter dans les bras d'un homme. Au début du livre, la scène des premières règles de Pauline est saisissante; encore totalement ignorante du fonctionnement de son corps, maintenue dans cette ignorance par sa tante qui estime que cette stratégie est la meilleure éducation pour une femme, la pauvre ado croit qu'elle va mourir.

La parentalité et la fertilité sont aussi évoquées, mais d'une manière très négative, ce qui est rare chez Zola, plutôt enclin à les exalter. (Lui-même a eu des enfants tard, hors mariage.) Pour Lazare, la paternité est un échec: son bébé ne lui procure pas de joie, mais l'horrifie au contraire, car ce petit être continuera de vivre quand lui-même sera mort! Pour Louise, c'est le martyre de l'accouchement suivi d'un mariage malheureux; l'arrivée de l'enfant ne semble pas avoir amélioré son quotidien. Pour Pauline, c'est la frustration et la tristesse de la stérilité, de son corps fécond qu'elle contemple avec désespoir le soir du mariage de son cousin, dans une scène assez crue. On peut franchement dire que Pauline, avec sa volonté héroïque de faire le bonheur des autres et sa patience infinie, était "faite pour être mère". Et elle ne le sera pas. Elle élèvera l'enfant d'une autre et entretiendra cette nouvelle famille avec son argent. HORRIBLE, vous ai-je dit.

De manière plus générale, ce roman aborde, comme tous les livres de Zola, la malhonnêteté sous toutes ses nuances, avec la manière sordide dont M. et Mme Chanteau exploitent Pauline. La tante lui vole son argent, l'oncle ferme les yeux et est bien content de se défouler sur elle quand il souffre de la goutte.

En bref
Ne vous fiez pas au titre! Ne lisez pas La Joie de vivre en vous attendant à quelque chose de joyeux. Ce huis-clos étouffant est tout particulièrement horrible, même dans la production de Zola – l'auteur ayant lui-même perdu sa mère dans des conditions pénibles, le roman semble très personnel. Entendons-nous: comme d'habitude, la prose de Zola est exceptionnelle et le roman se lit tout seul. C'est un excellent livre. Mais putain qu'est-ce qu'on en sort plombé.

Allez donc voir ailleurs si cette dépression y est!

samedi 15 février 2020

La Fée Carabine (1987)

Chronique express!


"C'était l'hiver sur Belleville et il y avait cinq personnages. Six, en comptant la plaque de verglas."

Quelle verve, quel humour! Quel génie, ce Daniel Pennac! La Fée Carabine est aussi joyeusement foufou, irrésistiblement blasé et délicieusement inventif que Au Bonheur des ogres et je l'ai relu avec un immense plaisir – d'autant plus que j'avais oublié l'intrigue, à part que tout commence avec un meurtre qui "fit une jolie fleur dans le ciel d'hiver" (comprendre: la tête de la victime a éclaté sous l'impact de la balle 😂).

Il est extrêmement difficile de rendre honneur à ce style si particulier, très familier et coloré, et à ces personnages hors du commun: Benjamin Malaussène, toujours bouc émissaire de profession (mais pour une maison d'édition cette fois), ses nombreux demi-sœurs et demi-frères plus originaux les uns que les autres, les flics improbables comme l'inspecteur Van Thian (alias la veuve Hô 😂) et Pastor aux méthodes d'interrogation infaillibles. C'est vraiment un joyeux bordel qui, par-dessus le marché, n'est pas sans consistance morale, car Pennac parle aussi de rapports humains et de quelques horreurs, à savoir les violences policières et l'exploitation des personnes âgées.

Je vous laisse sur un passage qui m'a fait éclater de rire..
"[Il] appuie sur la détente de son arme, et la tête [de l'homme] explose. Encore un mec transformé en fleur. [...] Il ne reste plus qu'une mâchoire sur les épaules [...], une mâchoire inférieure qui n'en revient pas d'avoir échappé au massacre, si j'en juge par son air d'intense stupéfaction." 😂😂😂

lundi 10 février 2020

The Dream-Quest of Vellitt Boe (2016)

Après avoir relu The Dream-Quest of Unknown Kaddath, un texte de Lovecraft que j'ai trouvé aussi confus à la deuxième lecture qu'à la première, j'ai enchaîné avec The Dream-Quest of Vellitt Boe de Kij Johnson, un court roman qui, comme son titre l'indique, fait référence à l'œuvre du célèbre écrivain de Providence.


Dans les contrées du rêve, une élève de l'université des Femmes d'Ulthar s'est enfuie avec son amant, un homme provenant du monde de l'éveil. Une de ses enseignantes, Vellit Boe, resort ses affaires de voyages, rangées depuis vingt ans, pour partir à sa recherche. La première étape consiste à marcher jusqu'à Hatheg-Kla, où se trouve le portail que la jeune femme a probablement utilisé pour quitter le monde du rêve. Bien sûr, les choses ne sont pas aussi simples, et Bellitt devra traverser bien des contrées dans l'espoir de rejoindre le monde où s'est enfuie son élève.

Avant tout, une remarque essentielle: ce texte est immensément plus clair que celui de Lovecraft. C'est tout à fait merveilleux. J'ai compris ce que je lisais. 😍

Dans l'ensemble, j'ai beaucoup apprécié cette lecture sympathique, portée par une plume simple et précise. La protagoniste représente un peu la force tranquille; déterminée et réfléchie, elle garde la tête sur les épaules et agit posément, sans pour autant être dénuée d'une humanité touchante. Son voyage dans les contrées du rêve est aussi très plaisant. Champignons géants, dieux déments, goules gourmandes, créatures dérangeantes, noms exotiques à tomber par terre: l'héritage de Lovecraft est bien là, mais présenté de manière bien plus fraîche et facile à appréhender que dans Kaddath. C'est peut-être là que le bât blesse, d'ailleurs: le roman est un peu trop normal, un peu trop facile à lire, pour cet univers immensément riche et tortueux. J'aurais tendance à dire qu'il est l'équivalent d'un roman de plage en littérature blanche. Ce qui ne m'a pas empêchée d'apprécier le voyage, précisons-le, d'autant plus que j'ai beaucoup aimé la fin.

Kij Johnson a délibérément mis en scène une femme et profite de Randolph Carter, le protagoniste de Kaddath, pour critiquer l'absence de femmes dans l'œuvre de Lovecraft. Le procédé est rafraîchissant, mais je suis toujours perplexe face à ces messages politiques qui reprennent les éléments d'un univers ultrasexiste. Car si Vellitt Boe est une femme et qu'elle fait preuve d'une belle indépendance, les contrées du rêves restent un monde masculin, où les femmes n'ont pas forcément droit à une éducation, ne sont pas prises au sérieux et n'ont aucun poste important. Pourquoi ne pas féminiser et rendre équitable tout l'univers?

Mise à part cette réserve, qui reste secondaire, je vous recommande The Dream-Quest of Vellitt Boe, qui constitue une belle aventure dans un univers fantastique aux possibilités infinies. Et puis Vellitt voyage une bonne partie du temps en compagnie d'un chat noir qui, s'il n'a pas de rôle prépondérant, n'en reste pas moins un chat noir. 😍

Allez donc voir ailleurs si cette quête y est!

mercredi 5 février 2020

La gamelle de janvier 2020

Qui dit début d'année dit nouvel élan. Côté lectures, j'ai tâché de donner la priorité à des relectures qui bloquaient certains ouvrages dans ma PAL (exemple: relire Métronome en vue de lire Métronome 2). Côté films, je suis pleine d'enthousiasme pour aller au cinéma plus souvent, si tant est que la programmation s'y prête. En espérant que cela dure...

Sur petit écran

La reine des neiges 2 de Jennifer Lee et Chris Buck (2019)
Troisième visionnage toujours aussi plaisant, même si les faiblesses de l'intrigue ressortent de plus en plus au fur et à mesure.

Sur grand écran

Matrix de Lana et Lilly Wachowski (1999)


Ce film est tellement brillant et visionnaire que j'en suis bluffée à chaque fois. La mise en scène est complètement maîtrisée et superbe (même les décors sales et en ruines sont beaux!), le montage est jouissif tellement il est par-fait, les acteurs sont habités par leurs rôles, le propos est intemporel, l'imagerie est innovante. J'ai l'impression que c'est avec ce film que le cinéma est entré dans le XXIe siècle. Et, comme The Crow et Underworld, c'est un film qui donne une envie incontrôlable d'acheter des habits noirs, noirs, noirs. ❤

Star Wars. L'Ascension de Skywalker de J. J. Abrams (2019)


Tout le monde a détesté mais j'ai passé un bon moment devant le dernier opus de La Guerre des étoiles en date. C'est un peu comme David Gemmell: l'histoire est toujours la même mais elle prend sur moi, d'autant plus que j'aime énormément le duo Rey-Kylo Ren. J'ai eu une frayeur à la fin: j'ai cru qu'on allait nous sortir trois couples à la Jane Austen à la fin (divulgâcheur: le blanc avec la blanche, le noir avec la noire, le Jedi avec la Jedi) mais heureusement on nous a épargné ça, il n'y a eu qu'un bisou. 😜

Les vétos de Julie Manoukian (2018)


Un film TF1 pétri de bons sentiments et extrêmement prévisible: au contact de la France rurale de son enfance, la protagoniste abandonne sa carapace de Parisienne et redécouvre la vraie vie et les vraies valeurs. Le scénario cumule les facilités (en suivant un renard, elle retrouve un endroit où elle jouait enfant, ce qui ravive des souvenirs oubliés) et les énormités (son oncle part en retraite à l'autre bout du monde en lui laissant son poste de vétérinaire rural sur les bras, elle rentre par effraction chez un client pour approcher un chien dépressif), la vision de ces campagnards rustres et alcoliques mais au grand cœur est à la fois naïve et insultante, le message est "travail-famille-campagne" (surtout "famille", la protagoniste glaciale fondant progressivement d'amour pour une petite fille et trouvant bien sûr l'amour au sein de sa clinique vétérinaire). Et pourtant, j'ai passé un bon moment, probablement parce que j'ai profondément envie de cette vision de la campagne et que j'ai adoré les consultations des vétérinaires, de la cliente hypocondriaque convaincue que son chien est en danger à la mise bas d'une vache qui m'a semblé très réaliste en ce qu'on sentait à quel point extraire un veau est une tâche épuisante. Et puis il y a plein d'animaux, mon principal argument pour voir ce film: deux rats, deux lapins, de nombreux chiens, deux chats, de nombreuses vaches, un perroquet, un renard, un poney, des escargots. 💖

Les filles du docteur March de Greta Gerwig (2019)


Une adaptation sympathique, mais relativement oubliable, du classique de Louisa May Alcott. Avec quelques partis pris qui ne m'ont pas plu (des ralentis inutiles, des personnes qui s'adressent directement à la caméra, une narration non chronologique), le film m'a semblé tenté des choses pour dépasser le simple stade de film historique à tendance amoureuse, mais sans succès phénoménal. En revanche, j'ai adoré la manière dont sont saisies les quatre sœurs et j'ai découvert avec un immense plaisir que Laura Dern joue la mère et que Meryl Streep joue la tante. L'amour et la complicité des membres de la famille sont idéalisés, mais j'ai pleuré tout du long tellement j'aurais aimé connaître quelque chose de ce genre dans ma vie.

Du côté des séries

J'ai fini The Witcher, que j'ai adoré. Autant je suis tout à fait consciente que la série a des problèmes sur le plan des effets spéciaux et de la forme (un épisode 2 incompréhensible, un parti pris temporel d'une extrême opacité), autant j'ai été séduite par les personnages, l'univers, les enjeux et la décision de ne jamais réunir les trois personnages principaux. J'ai l'impression que rien ne sera noir ou blanc dans cette série, mais d'un gris bien merdique et désabusé. En attendant la saison 2, je chante "Toss a Coin to Your Witcher" (quand je ne chante pas "Into the Unknown" ou "Show Yourself" – l'hiver a été riche en tubes!).

Du côté des podcasts

Je continue d'écouter Les Bulles nomades, La compagnie des auteurs, La méthode scientifique, A Taste of Russian, Procrastination et Passion médiévistes, une excellente émission qui donne la parole à de jeunes chercheurs en histoire médiévale.

Et le reste

J'ai lu le numéro de décembre de Mad Movies. Cette revue est tellement intelligente qu'elle m'a donné envie de regarder des films d'horreur ou de frayeur qui ne m'intéressaient pas du tout. Même les films pornographiques japonais du roman porno semblent remarquables. 😁 C'est fou.

Pas de Cheval Magazine ce mois-ci: le numéro de février est arrivé dans ma boîte aux lettres le 31 janvier, ce qui faisait un peu court pour le lire en janvier. ^^

Et vous, chers lecteurs?
De belles découvertes pour bien commencer l'année 2020?