mercredi 22 mars 2023

Biographie de la faim (2004)

Chronique express!

J’ai voulu relire Biographie de la faim d’Amélie Nothomb en partie parce que je voulais lire quelque chose de court, dont je ne perdrais pas le fil en m’endormant dessus durant des jours, et en partie parce qu’il me semblait qu’il parlait d’anorexie-boulimie. Si j’ai effectivement pu le lire rapidement, j’ai été plutôt déçue du contenu. La faim dont il est question ici, c’est en effet Amélie Nothomb en personne, car elle s’identifie à sa faim – faim de nourriture, de sucré en particulier, mais aussi de tout ce qui existe. Petite enfance au Japon, enfance et adolescence dans divers pays, relations avec sa sœur et ses parents, anecdotes improbables, le tout avec le franc-parler bien caractéristique de l'autrice: j’ai passé un bon moment, en soi, mais l’anorexie n’est guère présente qu’à la fin, et à peine, et la boulimie n’est pas présente du tout. Déception, donc. Et l’ensemble m’a semblé assez vain au final, comme une pose que l’autrice voudrait prendre sur son passé, à grand renfort de comportements étranges, comme le fait de boire de l’alcool fort dès l’enfance. On est loin de l’écriture brillante de Hygiène de l’assassin, qui m’a enthousiasmée lors de ma relecture il y a deux ans...

vendredi 17 mars 2023

Le roi Arthur et ses preux chevaliers (1976)

Il y a plus de vingt ans, dans ce que je considère aujourd’hui comme une autre vie, j’ai récupéré ce roman sur les chevaliers de la Table ronde. Quelqu’un de ma connaissance le jetait et j’ai sauté dessus. Sauf que, au final, il est resté dans la bibliothèque durant tout ce temps… Je l’ai redécouvert un peu par hasard la semaine dernière et j’ai soudain eu envie de le lire.

John Steinbeck est un écrivain américain connu pour ses romans Les raisins de la colère et Des souris et des hommes. Je n’ai rien lu de lui, mais cette version de la légende arthurienne me semble bien à part dans sa bibliographie. L’auteur a en effet entrepris de réécrire en anglais moderne, durant les années 1950, le manuscrit de Winchester de Le Morte d’Arthur de Sir Thomas Malory, qui date des années 1470. Vous trouverez quelques infos sur sa démarche sur la page Wikipédia du livre en anglais.

L’œuvre, que j’ai lue dans la traduction de Patrick et Françoise Reumaux, se divise en sept parties:

Merlin
Le Chevalier aux deux épées
Le mariage du roi Arthur
La mort de Merlin
Morgane la Fée
Gauvain, Yvain et Marhalt
Le noble conte de sire Lancelot du Lac

La première partie relate les événements précédant la naissance d’Arthur – la guerre entre Uther Pendragon et le duc de Cornouailles, la visite du premier à la femme du deuxième, etc. – puis l’arrivée d’Arthur sur le trône et ses guerres incessantes contre les barons rebelles. Tout est plutôt connu, même si la toute fin m’a laissée bouche bée: ayant appris qu’il a eu un enfant de sa demi-sœur Morgause (et non de Morgane, comme je l’ai toujours entendu dire!!) et que celui-ci est né le 1er mai, Arthur fait enlever tous les bébés nés ce jour-là et les réunit sur un bateau qu’il envoie en mer sans équipage pour s’en débarrasser! C’est d’une cruauté innommable et le parallèle avec Pharaon et Moïse est évident…

À l’exception de "La mort de Merlin", qui décrit l’amour malheureux de l’enchanteur pour Nyneve, et de "Morgane la Fée", qui parle de cette maléfique enchanteresse, les chapitres suivants parlent surtout de chevaliers en quête. Au début, c’était un peu ridicule ou absurde: où qu’ils aillent, ces gens voient des prodiges et se combattent jusqu’à la mort, mais il y a toujours un nouvel ennemi à tuer page suivante. Les actions s’enchaînent sans grand suivi ni vraisemblance. Au mariage du roi Arthur, un cerf blanc déboule dans la salle et personne ne trouve ça bizarre. Il y a bien sûr des pucelles en danger dans toutes les forêts. Et le taux de mortalité des chevaux est très élevé, ce que je trouve hautement répréhensible.

Mais bon, le côté un peu ridicule fait partie des écrits historiques du genre – cela m’a d’ailleurs rappelé La Quête du Graal – et ça se lisait tout seul, alors j’ai continué volontiers. Et j’ai plutôt bien fait, car les deux dernières parties, qui sont aussi les plus longues, m’ont beaucoup plu: il y a beaucoup d’humour et même un certain propos féministe, car Yvain est formé à la chevalerie par une vieille femme qui aurait elle-même voulu devenir chevalier, si elle avait pu, et qui n'a pas du tout sa langue dans sa poche!

N'ayant pas lu Le morte d’Arthur, je ne sais pas dans quelle mesure John Steinbeck a ajouté, supprimé ou retouché des choses par rapport au manuscrit, mais j’ai eu l’impression, sur le plan stylistique, qu’on allait vers quelque chose de plus en plus moderne au fil des pages, comme s’il avait pris de plus en plus de liberté.

John Steinbeck n’a jamais terminé son projet, qui a été publié inachevé après sa mort, et le roman s’arrête donc sur le premier baiser échangé entre Lancelot et Guinevere, alors qu’Arthur est encore au faîte de sa puissance. "Explicit le noble conte de sire Lancelot du Lac", et à nous d’imaginer la suite. Tout ça m’a donné bien envie de replonger dans la légende arthurienne, mais comme j’ai déjà dit il y a dix ans que j’attaquerais mon gros livre sur Chrétien de Troyes et que je ne suis jamais passée à l’acte, ce n’est peut-être pas pour tout de suite… 😁

dimanche 12 mars 2023

L’Œuvre au Noir (1968)

En 2019, j’ai lu Mémoires d’Hadrien de Marguerite Yourcenar, une lecture lumineuse et humaniste qui m’a enthousiasmée (et qui a d’ailleurs fini en tête de mon classement des livres lus cette année-là). J’ai enfin retrouvé cette autrice avec L’Œuvre au noir, autre roman érudit et exigeant, mais très différent.

On suit ici la vie de Zénon, un médecin, alchimiste et libre penseur du XVIe siècle. Né à Bruges en 1510, au sein d’une famille de riches banquiers mais hors mariage, il part assez jeune pour étudier la médecine, puis baraude en Europe et au Moyen Orient avant de revenir à Bruges sous un faux nom vers 1560. La première partie, "La vie errante", s’intéresse surtout à son histoire familiale, et Zénon lui-même est relativement peu présent. La deuxième partie, "La vie immobile", raconte son séjour à Bruges durant les années 1560. Quant à la troisième partie, [divulgâcheur] intitulée "La prison", elle raconte, comme son titre l’indique, le séjour de Zénon en prison après son arrestation [fin du divulgâcheur].

Ce qui marque le plus dans ce roman, c’est la richesse de la plume de Marguerite Yourcenar: un style recherché, érudit, élégant, mais qui coule tout seul et fait preuve d’une limpidité formidable. J’ai totalement retrouvé l’admiration qui m’avait saisie dans Mémoires d’Hadrien. Chaque phrase est un plaisir.

Vient ensuite la richesse du personnage de Zénon, et même de tous les personnages, y compris ceux faisant l’apparition la plus brève. Zénon agit fort peu bien qu’il soit toujours en vadrouille, mais il pense énormément, et avec d’infinies nuances: à propos de la religion catholique et de la réformée, des guerres de religion, de la matière, du malheur, des désirs et des motivations des humains. C’est un observateur très fin, à l’image de l’autrice. Outre lui, ressortent particulièrement son cousin Henri-Maximilien et le prieur des Cordeliers, deux personnages très différents et superbement bien caractérisés. Mais, vraiment, tout le monde est super bien caractérisé dans ce bouquin, c’est formidable. J’ai aussi apprécié que Yourcenar mette du gris dans des personnages qui pourraient si facilement passer pour les méchants et les religieux obscurantistes de l’histoire, à savoir les représentants de l’ordre catholique en pleine lutte antiprotestante et en pleine Contre-Réforme.

Citons enfin la plongée dans une époque historique fort heureusement révolue, pour nous Européens: les guerres de religion ayant suivi la Réforme à partir des années 1510-1520. Un véritable bain de sang, où les catholiques risquaient la vie en terres protestantes, les protestants risquaient la leur en terres catholiques, et les athées risquaient la leur partout. Des querelles religieuses doublées, bien sûr, des affrontements politiques entre les royaumes et États plus ou moins grands de l’époque: Saint-Empire romain germanique, France, duchés et villes d’Italie, forces pontificales, Espagne. Dans ce contexte terriblement tendu et délicat, Zénon doit se mouvoir avec prudence, car l’alchimie n’a pas bonne presse et que certains de ses ouvrages diffusent des idées peu orthodoxes aux yeux de l’Église.

"Médecin, alchimiste, artificier, astrologue, il avait porté bon gré mal gré la livrée de son temps; il avait laissé le siècle imposer à son intellect certaines courbes. Par haine du faux, mais aussi par l’effet d’une fâcheuse âcreté d’humeur, il s’était engagé dans des querelles d’opinions où à un Oui inane répond un Non imbécile."
Et tout ceci avec parfois, dans ces longues réflexions et ces quotidiens dangereux, des éclats de chaleur humaine, comme la relation avec le prieur ou les retrouvailles avec une vieille femme de Bruges qui a connu Zénon enfant.

Alors, certes, je n’ai pas tout compris aux réflexions de Zénon sur l’alchimie ou la religion, et le contexte historique n’est pas facile à suivre quand on l’aborde avec l’ignorance totale qui est la mienne (merci Wikipédia de m’avoir aidée à y voir plus clair), mais ce livre est un chef d’œuvre à lire absolument – même si Mémoires d’Hadrien m’a semblé plus facile à appréhender.

Vraiment, Marguerite Yourcenar était une écrivaine hors du commun, une géante du XXe siècle. Je suis un peu attristée de ne l’avoir jamais étudiée à l’école et de la voir si peu lue autour de moi. Merci encore, et mille fois, à Grominou d’avoir chroniqué Mémoires d’Hadrien en 2018 et de l’avoir mis en tête de ton classement de l’année, attirant ainsi mon attention dessus et me rappelant son existence quelques mois plus tard. 💖

Comme Mémoires d’Hadrien, L’Œuvre au noir est suivi par un "carnet de notes" réunissant des réflexions éparses de l’autrice, puis par une "note" dans laquelle elle décrit ses recherches historiques (quel travail!).

Allez donc voir ailleurs si cet œuvre au noir y est!
L’avis de Grominou

mardi 7 mars 2023

D’images et d’eau fraîche (2022)

Mona Chollet qui publie un essai sur les "collectionneurs d’images en ligne, qui accumulent et partagent au fil des jours, sur Instagram, Tumblr, Flickr ou Pinterest, des photographies d’art, des tableaux, des dessins qu’ils aiment"? En tant qu’ex-droguée à Instagram (et avant cela, à Facebook), il me le fallait impérativement! Et puis, ce titre... 🤩🤩

Le format est différent des essais précédemment sortis chez Zones: Mona Chollet publie cette fois chez Flammarion, dans un format un peu plus grand et un papier nettement plus épais. Un choix qui m’a d’abord désolée, parce que ça ne va pas faire beau dans la bibliothèque, mais qui s’est très vite expliqué: ce livre est presque aussi visuel que textuel; les réflexions de l’autrice sont accompagnées de nombreuses représentations de tableaux et de photos. Un objet de toute beauté, qui me semble justifier son prix de 20€.

En revanche, le texte est beaucoup plus limité que précédemment, ce qui m’a un peu déçue. Mais uniquement sur la quantité, car, niveau qualité, j’ai retrouvé la finesse de Mona Chollet et sa capacité à évoquer des notions abstraites et des ressentis intimes avec une grande clarté. J’adore cette femme et ce qu’elle raconte, c’est formidable; c’est l’introspection par excellence et j’adore l’introspection! Ici, elle partage sa passion pour la beauté et les images, d’abord dans leur version papier, à afficher au mur, puis dans leur version numérique, à épingler en ligne: ce qu’elles nous apportent, ce qu’elles disent de nous… Le manifeste du livre – "j’ai envie de revendiquer ce rapport primaire et entêté à la beauté, cette confiance dans l’appui qu’elle offre, faisant de nous des perchistes arrachés momentanément à la gravité et catapultés dans les airs, libres et légers, avant de retomber… ailleurs" – n’est pas sans rappeler ce qui ressort de La Légèreté de Catherine Meurisse, et je trouve que c’est beau, de rappeler que l’art nous nourrit aussi, bien que dans une mesure moins vitale que les aliments.

Sur un plan plus personnel, cela résonne aussi avec ma propre réflexion depuis que j’ai visité l’expo du musée Jacquemart-André sur Füssli à l’automne: je veux remettre de l’inspiration dans ma vie, notamment visuellement, et le mot "Imaginaire" s’est imposé à moi comme guide pour l’année 2022. Pour cela, j’ai pour projet de créer un compte sur un de ces sites dédiés aux images, probablement Deviant Art.

Un des chapitres est consacré à un des tableaux Pinterest de Mona Chollet, Femmes, qui réunit des portraits de femmes inspirantes, de femmes qui ouvrent la voie. Je veux faire ça, moi aussi. Je sais depuis des années que l’album s’appellera "Je veux être elle" et que la toute première à y figurer sera Jessica Fletcher. 🤩

En bref, c’était un livre hélas vite lu – trop vite lu, dirais-je –, mais néanmoins un bien beau et doux moment en compagnie d’une femme que je tiens en très haute estime – et ce malgré que je ne sois pas entièrement d’accord avec elle parfois, vu qu’elle est positionnée nettement plus à gauche que moi sur l’échiquier idéologique. Peut-être qu’elle fera son apparition dans mon album de femmes inspirantes, elle aussi… 

Livres de l’autrice déjà chroniqué sur le blog
Chez soi. Une odyssée de l'espace domestique (2015)
Sorcières. La puissance invaincue des femmes (2018)
Réinventer l’amour. Comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles (2021)

Allez donc voir ailleurs si ces images y sont!
L’avis de Shaya, ma partenaire de lecture

jeudi 2 mars 2023

La gamelle de février 2023

Comme d'habitude, retour sur les activités culturelles du mois écoulé, marqué par la présence du plus grand réalisateur de tous les temps. 😉

Sur petit écran

Pas de film.

Sur grand écran

Avatar: la Voie de l’eau de James Cameron (2023)

Payakan 💖

Jamais trois sans quatre, dit le dicton. 👀
Après deux séances en 3D, retour à la 2D. Au tout début, ça m’a manqué un peu. Les premiers plans m’ont semblé moins spectaculaires. Mais le changement de cinéma en était peut-être plus responsable, car j’ai aussi trouvé les scènes de nuit plus sombres (ce qui devrait, logiquement, être plutôt le propre de la 3D, en raison des lunettes). Mais à part ça, quel bonheur de plonger de nouveau en compagnie des Na’vis du récif. Je me réjouis tellement de voir grandir ces personnages dans les prochains films.

Titanic de James Cameron (1998)

Quel bonheur de revoir ce chef d’œuvre au cinéma 💖💖 Je l’aime tellement et je le trouve tellement riche 💓💓 Outre tout le bien que j’en ai déjà dit en 2020, j’ajouterai qu’il me donne, paradoxalement, de l’espoir, car c’est une formidable histoire de survie et d’autodétermination. Lorsque Rose siffle de plus en plus fort au fur et à mesure que la lumière de la torche éclaire son visage, Cameron donne du courage et montre la voie. Et tous les personnages qui luttent jusqu’au bout, non seulement pour eux mais aussi pour les autres, en faisant quelque chose en pleine apocalypse – jouer de la musique, couper les cordes d’un canot, essayer d’évacuer les passagers dans un minimum de calme, réciter un passage de la Bible en s’agrippant de toutes ses forces pour ne pas tomber, et même mentir à ceux qu’on aime pourvu de les faire monter dans un canot –, c’est ce que l’humanité fait de mieux. C’est la lumière dans les ténèbres. (Cameron n’est pas naïf, bien sûr, et il montre aussi le pire: la panique qui rend certains fous, et la volonté de vivre aux dépends des autres de ceux qui ne pensent qu’à eux.) Et Kate Winslet est TELLEMENT époustouflante. Il faut voir ce film juste pour elle. Ces yeux. Cette scène d'intro. Les mots me manquent.
J’aurais préféré voir le film en 2D, car je trouve absurde de coller des technologies rétroactivement sur des films, mais la 3D est très bien faite. Cameron est vraiment un dieu.

La Fièvre du samedi soir de John Badman (1977)

Chemise ouverte... 🎶 Chaîne en or qui brille... 🎶


Une séance UGC Culte à la fois enthousiasmante, étonnante et plombante. Enthousiasmante car les trente ou quarante-cinq premières minutes donnent à voir un John Travolta hors du commun, parfaitement maître de son corps, et donnent grave envie de danser. Étonnante parce que le film aborde pas mal de sujets en plus de la passion de la danse, comme le manque de perspectives d’une jeunesse fauchée, l’avortement, les relations sexuelles, les dynamiques familiales, et également parce qu’il se termine bizarrement, comme en plein milieu d’une scène. Plombante parce que le dernier élément d’intrigue avant la conclusion est un combiné entre un viol (un exemple parfait d’une relation qu’une femme recherche, à la base, mais qui tourne au viol) et une mort accidentelle (ou peut-être pas si accidentelle que ça). Je ne m’attendais pas du tout à ça. Encore une fois, l’image que l’on se fait d’une œuvre est parfois très éloignée de sa réalité!

Du côté des séries

Je regarde The Witcher Blood Origin. Bon... On en parlera le mois prochain... 😉

Et le reste

J'ai lu Les Cahiers de Science et Vie de décembre dernier, qui était consacré aux chats 😻, deux vieux numéros de Livres Hebdo (dont un qui avait été bien entamé en janvier, pour être exacte) et mon numéro habituel de Cheval Magazine.

samedi 25 février 2023

Oraisons (2000-2001)

Je suis abonnée aux comptes de Samantha Bailly sur les réseaux sociaux depuis quelques années – je constate avec amusement que je l’ai qualifiée de "mon idole du moment" en 2018 😂 – et j’ai suivi avec beaucoup d’intérêt son mandat à la Ligue des auteurs professionnels – dont je suis membre – et son installation du côté d’Orléans. Au fil du temps, la fascination a laissé la place à un certain agacement mêlé de désespoir et de jalousie mesquine: agacement face à une mise en scène (trop) impeccable, et désespoir et jalousie mesquine face au constat que sa vie a l’air franchement géniale sur tous les plans, ce qui ne rend la mienne que plus incolore et stérile en comparaison.

En revanche, je n’avais jamais lu ses romans, qui, dans l’ensemble, ne me tentent pas. C’est enfin chose réparée avec l’intégrale d’Oraisons: deux romans, La Langue du silence et La Chute des étoiles, sortis à l’origine chez Mille Saisons en 2009 et 2010, puis repris en un volume unique en 2013 chez Bragelonne et actuellement disponibles au Livre de Poche, également en volume unique. C’est l’édition de Bragelonne qu’une amie m’a prêtée et que j’ai lue. Un grand merci à elle!

Cette histoire est celle de deux sœurs, Moony et Aileen, dont la vie est bouleversée par le meurtre violent de leur cadette et une série d’évènements politiques auxquels leur famille n’est pas étrangère. Moony, l’aînée, a grandi à Manérian, une ville du royaume d'Heldérion, et est devenue oraisonnière: elle chante l’oraison des morts et effectue les gestes permettant à leur âme de partir dans les astres, conformément à la religion de son peuple, l'astracisme. Aileen étudie dans un autre continent, Thyrane, qu’Heldérion a conquis quelques décennies plus tôt, mais où des rebelles continuent de combattre pour l’indépendance.

Leur vie paisible est brisée, d’abord par le meurtre affreux de leur sœur, puis par la déclaration de guerre du royaume d’Heldérion contre un autre continent, les Terres-Rouges, pour des raisons religieuses. Chacune de son côté, les deux sœurs vont se rendre compte que les choses sont beaucoup plus complexes qu’elles ne l’avaient imaginé: pour Moony, le bien-fondé de la guerre et de son travail d’oraisonnière est de moins en moins net au fur et à mesure qu’elle voyage vers le front en compagnie d’un Rouge-Terrien et de son lynx (😻); pour Aileen, la piste de l’assassin de sa sœur est décidément bien retorse.

Samantha Bailly nous plonge dans un univers de fantasy très riche. Étant donné qu'elle est née en 1988, le premier tome est sorti quand elle avait vingt-deux ans et a donc été écrit quand elle était encore plus jeune, ce qui est assez bluffant. Les trois peuples ont des coutumes et une histoire bien particulières. Chaque chapitre est introduit par des extraits d’ouvrages qui permettent d’en savoir plus sur la pratique de l’oraison et de l’astracisme, l’origine des villes, les évènements passés… Et les personnages sont nombreux – vu que chacune des deux protagonistes fait de très nombreuses rencontres, parfois éphémères et parfois plus durables, avec des compagnons de route – mais tous posés avec un vrai relief.

Les trahisons et les doubles jeux sont nombreux, ce qui, en soi, ne me plaît pas, mais témoigne d’une excellente maîtrise des tenants et des aboutissants des deux romans. On est ici dans l’anti James Islington: dans L’Ombre du savoir perdu, j’avais l’impression d’un gros fouillis, tandis qu’ici, c’était plutôt un casse-tête délibérément complexe.

Les deux romans sont également sans pitié, car il y beaucoup de morts et que les personnages sont confrontés à pas mal d’horreurs. Le deuxième tome se conclut d’ailleurs par une mort inattendue et déchirante.

D’un autre côté, on sent qu’il s’agit d’une œuvre de jeunesse: certains évènements sont traités très vite dans le premier tome, dans des paragraphes presque télégraphiques, et les relations amoureuses entre personnages sont très présentes et parfois exaspérantes – dans le premier tome, encore une fois. Il y a aussi la beauté stupéfiante de tous les personnages, dans laquelle j’ai retrouvé un de mes propres tics d’ado écrivante d’il y a mille ans.

Enfin, j’ai fait la moue sur l’omniprésence du viol, élément que je rapproche plus d’un changement de société qu’à l’âge de Samantha Bailly à l’époque; avec l’évolution des mœurs de ces dernières années, le viol est critiqué en tant qu’élément scénaristique systématique ou non remis en question et j’ai tendance à penser qu’elle y aurait moins recours aujourd'hui, voire plus du tout.

En bref, c'était une sacrée découverte, qui me fait bien regretter que Samantha Bailly se soit depuis consacrée à des œuvres se déroulant dans le monde contemporain. Si un jour elle se tourne de nouveau vers la fantasy, je serai au rendez-vous!

Et le désespoir et la jalousie mesquine, me demandez-vous? Eh bien, ils sont tour à tour atténués – car j’ai fait l’expérience du talent de l’autrice et que je considère donc ses succès comme largement mérités, ce qui ajoute une grande sympathie à l’estime que je lui portais en tant que militante et personnalité publique – et exacerbés – car moi aussi, j’aurais dû devenir une autrice brillante et prometteuse publiée à vingt-deux ans, pas tomber dans un trou noir et en ressortir tellement longtemps plus tard que je vois le fait d’écrire une phrase par jour comme un miracle. 💔 Mais bon, lire ce roman ne m’a pas plombée comme l’avait fait ma lecture de Vert-de-Lierre de Louise le Bars l’année dernière, et puis il vaut quand même mieux sortir du trou noir et faire de toutes petites choses qu'y rester pour toujours...

Allez donc voir ailleurs si ces oraisons y sont!
L'avis de Shaya sur La Langue du silence

lundi 20 février 2023

My Wing (Remake) (2021) 🎶

Aujourd'hui, nouvel interlude musical!

Je vous propose de découvrir Otyken, un groupe de folk-pop-rock russe, plus précisément sibérien. Les membres appartiennent à diverses ethnies autochtones de Sibérie et mélangent instruments traditionnels et occidentaux, ainsi que les genres musicaux.

Deezer m'a passé cette chanson il y a quelque temps, certainement dans la continuité de mes groupes russes, et je tiens à remercier chaleureusement les développeurs de l'algorithme. Je doute que j'aurais découvert Otyken sans eux. Je n'ai pas encore creusé les albums, mais j'aime beaucoup cette chanson et je me suis dit que ce serait sympa de la faire découvrir. Pour ce faire, j'ai vérifié s'il y avait un clip... Et oui, il y a un clip, et ça change considérablement de ce dont on a l'habitude en occident! Ça m'a rappelé que la Russie est un pays vaste. Et que le monde est vaste aussi, de manière générale.


D'après la page Wikipédia anglophone du groupe, les chansons d'Otyken sont essentiellement en tchoulym – une langue qui me semble condamnée, vu le faible nombre de locuteurs. (Savez-vous que les langues humaines meurent, au même titre que les espèces animales? Un autre effet néfaste de la mondialisation.) Je ne sais pas si c'est le cas de cette chanson-ci, mais je trouve chouette que des langues régionales aient une nouvelle vie grâce à Internet.

mercredi 15 février 2023

L'Ombre du savoir perdu (2014)

L’Ombre du savoir perdu de James Islington, auteur australien, est le premier tome de la trilogie de Licanius. On y suit les aventures de divers jeunes Talentés, des personnes capables de maîtriser la magie, dans un univers médiéval assez classique. Une ancienne menace s’est réveillée au nord et met en péril les royaumes des hommes. Davian et Wirr, deux Talentés, quittent leur école par miracle, juste avant que leurs camarades ne soient massacrés, et partent à l’aventure avec un artefact magique, qui les mènera à un jeune homme amnésique et divers autres personnages.

Aïe aïe aïe… Lire ce roman a été une petite épreuve. Déjà, ce n’est pas d’une grande originalité, à commencer par la vieille menace qui sort d’une léthargie millénaire en passant par les Mots à Majuscule en finissant par les noms typiques de fantasy qui font qu’on ne se souvient jamais qui est qui – d’autant plus que les personnages sont à la fois nombreux et raplaplas, ce qui complique leur repérage. Les péripéties s’enchaînent très vite, sans que rien ne soit jamais creusé. Davian, par exemple, est catapulté soixante-dix ans en arrière sans que cela ne l’émeuve plus que ça. Les secrets et les messages cryptiques se multiplient et tout le monde cache quelque chose à quelqu’un, dans un fouillis difficile à suivre qui semble reposer sur le voyage dans le temps. (Et moi et le voyage dans le temps, ce n’est pas une histoire d’amour…)

Donc, bon, sur le plan de l’intrigue, je n’avais pas grand-chose auquel me raccrocher.

Et sur le plan de la rédaction… Gloups! C’est le roman le plus mal ficelé en français que j’aie lu depuis longtemps. L’ami Xapur a abordé la chose en détail sur son blog et je vous renvoie vers son billet si vous voulez en savoir plus. J’ai passé mon temps à lever les yeux au ciel face à l’usage de la virgule au détriment de tout autre point de ponctuation, ce qui empêche de structurer correctement la moindre phrase un tant soit peu complexe. Chaque page regorge de perles telles que:

"Au bout d’un moment, Fessi leva les yeux, regarda Asha, ils étaient froids."

Quant au fait de transposer les dialogues anglais, qui sont structurés par des guillemets, dans des dialogues structurés par des tirets, c’est pertinent, mais, par pitié, ne gardez pas toutes les didascalies entre parenthèses au sein de chaque réplique, c’est imbuvable dans une telle quantité!!!

J’ai tenu environ deux cents pages, puis j’ai lu en diagonale, en lisant essentiellement les dialogues. C’est d’ailleurs fascinant comme les parties hors dialogue ne servent quasiment à rien dans ce roman, je m’en suis passée sans aucun problème. 👀

Alors, à qui la faute? À mon humble avis, à l’éditeur, la maison Léha. Si James Islington ne sait pas structurer ses phrases en anglais, la traduction peut corriger et doit le faire un minimum. Si le traducteur ne sait pas structurer ses phrases en français, il faut soit changer de traducteur, soit faire intervenir un relecteur compétent. Ici, la traductrice est Sara Doke, et vu qu’elle a traduit pas mal de bouquins que les copains de la blogo ont lu sans signaler de problèmes de ce genre, elle n’y est à mon avis pour pas grand-chose. 👀

En lisant en diagonale, j’ai réussi à venir à bout de ce roman en une quinzaine de jours. Ouf. Car le bougre est une brique, en plus: 630 pages en grand format. Mince, j’aurais dû le lire l’été dernier ou l’été prochain, ça m’aurait fait une participation au challenge Pavé de l’été de Brize. 🤣

Un point positif, toutefois: comme j’ai repris l’écriture il y a quelques mois, j’ai pris cette lecture comme une opportunité d’apprentissage et j’ai observé le tout avec un certain amusement.

"Pourquoi ce livre?", vous demandez-vous, perplexes?
Je ne sais pas vraiment... Xapur, qu'avais-tu en tête? 😂 Bon, ça nous fera un sujet de conversation pendant quelques années, on n'a pas fini d'en rire!

Allez donc voir ailleurs si ce savoir perdu y est!
L'avis de Xapur

vendredi 10 février 2023

Annihilation (2014)

Une biologiste rejoint une expédition dans la Zone X, une région inhabitée et séparée du reste du monde par une mystérieuse frontière. L’équipe se compose de quatre femmes, toutes désignées par leur métier: une psychologue, une géomètre, une anthropologue et, donc, une biologiste, qui raconte l’histoire à la première personne.

La Zone X est désertée par les humains, mais il y reste des animaux étranges, comme un dauphin au regard trop humain, et des végétaux parfois suspects. Point de vue installations, on y trouve le camp de base utilisé par les expéditions précédentes, une tour sordide qui s’enfonce dans le sol, un phare lugubre cachant un secret inquiétant, et un village en ruine. Lorsque les quatre femmes pénètrent dans la tour, la biologiste respire les spores d’une végétation inconnue, et elle se rend compte, à partir de là, qu’elle n’est plus sensible à l’hypnose que leur impose la cheffe d’expédition. Car, oui, la cheffe hypnose les autres membres de l’équipe, ce qui implique qu’on leur cache la vérité sur leur propre mission…

Annihilation de Jeff Vandermeer est un roman de terreur, c’est-à-dire que sa caractéristique principale est de faire peur. Il ne s’y passe à peu près rien et je ne l’ai pas trouvé palpitant, mais, oui, j’ai eu peur. D’une part parce qu’une partie de cette peur est liée à la végétation, un élément qui m’a toujours effrayée. Lorsque j’ai découvert Clark Ashton Smith, dans mes jeunes années, c’est une nouvelle sur la greffe d’organes humains sur des plantes qui m’a le plus marquée. En plus, Jeff Vandermeer joue à fond sur une autre de mes peurs, à savoir le truc qui est juste là mais que vous ne voyez pas encore mais vous savez que vous allez le voir dès que vous ouvrirez la porte ou tournerez à l’angle… Et par-dessus le marché, j’ai eu la bonne idée de regarder la bande-annonce de l’adaptation d’Alex Garland avec Nathalie Portman, qui montre une créature qui ressemble de très près à une autre de mes peurs. Résultat: j’ai lu les deux premiers chapitres une journée et j’ai fait un cauchemar épouvantable le lendemain matin. Dans ma peur, j’ai éjecté mon chat du lit en hurlant pour me protéger.

Donc, j’ai décidé de lire les trois autres chapitres loin les uns des autres, et loin de l’heure du coucher. 👀

Malgré l’efficacité de ce roman sur le plan de l’inquiétant, je n’ai pas réellement aimé.

D’une part, il ne s’y passe vraiment pas grand-chose et le mystère de la Zone X est à peine effleuré, ce que j’ai trouvé frustrant. Un peu dépitée, j’ai commencé à lire le résumé du deuxième tome sur Wiki pour voir s’il y avait quelque chose d’alléchant… Eh bien, non, rien d’alléchant. J’ai fini par lire le résumé en entier, puis celui du troisième tome, et j’ai décidé de ne pas les lire, car il me semble que je m’ennuierais ferme.

D’autre part, la rédaction m’a posé problème. Les phrases s’enchaînent bizarrement et je ne comprenais pas bien le ressenti de la protagoniste, ce qui fait que je n’ai éprouvé aucune empathie envers son vécu. Cela, je l’impute à l’auteur. Et en plus, certaines phrases m’ont semblé confuses en français, pas bien construites, ce que j’impute au traducteur – un grand nom de l’imaginaire, pourtant: Giles Goullet – ou à l’éditeur – le Diable Vauvert. Parce que bon, je suis traductrice, je sais, hélas, qu’on peut parfois voir son travail perdre de sa qualité une fois que d’autres y touchent.

Mais donc, entre le manque total d’activité, mon désintérêt pour la protagoniste et la rédaction qui me faisait tiquer, je n’ai pas trouvé ça ouf. Un grand merci, tout de même, à l'ami Xapur pour cette lecture, car le roman me faisait de l'œil et je n'y serais probablement jamais venue sans son aide! 🤩

Allez donc voir ailleurs si cette Zone X y est!
L'avis de Lorhkan
L'avis de Vert
L'avis de Xapur

dimanche 5 février 2023

La gamelle de janvier 2023

Comme d'habitude, retour sur les activités culturelles du mois écoulé.

Sur petit écran

J’ai regardé deux épisodes de The Grand Tour, une émission sur les voitures, pour préparer d’éventuelles prochaines vacances en Écosse. 😂 Tout est bon, comme inspiration.

Sur grand écran

Avatar: la Voie de l’eau de James Cameron (2023)

Mon cerveau ayant tourné à 50% sur ce film pendant un mois, un troisième visionnage n’a pas été de trop pour creuser les relations entre personnages et réfléchir à la suite. Malgré les réserves que j’ai longuement évoquées le mois dernier, je suis convaincue que tout est à faire et que cette introduction est ultra prometteuse. Je pense qu’un jour, on le regardera après avoir vu le cinq et on dira: "putain, Cameron avait tout préparé".

Tirailleurs de Mathieu Vadepied (2023)

À l’origine, la bande-annonce de ce film m’a fait fuir, mais j’ai fini par me motiver après avoir vu la vidéo de la chaîne YouTube Histoire appliquée, dans laquelle Icarius en disait du bien. (Il en a dit aussi du mal, mais le bien était assez tentant.) Et c’était plutôt pas mal, avec une histoire très resserrée, qui mobilise peu de personnages dans des espaces restreints et étudie leurs interactions. La guerre est montrée comme un catalyseur du changement dans les relations père-fils, par exemple. Et la fin, que j’avais devinée rien qu’à la bande-annonce, n’est pas trop larmoyante. Au contraire, la dernière scène, que je n’avais pas devinée, m’a beaucoup émue ([divulgâcheur] on s’intéresse au Soldat inconnu qui repose sous l’Arc de Triomphe de Paris [fin du divulgâcheur]). En outre, le personnage d’Omar Sy parle peul (et uniquement peul) et le wolof est également évoqué, et je trouve toujours courageux de filmer un film dans une langue différente de celle du (principal) public cible, en plus du fait que ça montre bien que provenir du même continent ne signifie pas parler la même langue. Enfin, le film évite l’écueil du méchant colonialiste blanc raciste. Globalement, ces soldats sont tous des soldats et leur éthique ne dépend pas de la couleur de leur peau. 

Du côté des séries

Willow de Jon Kasdan – saison 1 (2022)

Une roue brisée, c'est compliqué. 😆

Après The Witcher et La Roue du Temps, virage à 180° avec la série issue du film Willow: ici, il y a de l’humour et de la légèreté, personne n’est torturé, la bande-son est composée de reprises de grands tubes du rock, et l’histoire pour ados est parfaitement assumée. Et avec nos quatre jeunes protagonistes qui, contrairement à ceux de La Roue du Temps, ont un vrai charisme (même Elora Danan, qui a pourtant une beauté très canonique), un Warick Davis de retour en Willow avec des doutes et des inquiétudes légitimes, des références discrètes mais récurrentes au film d’origine et une fantasy ultra classique avec des cités aux noms improbables et une méchante très méchante, j’ai été conquise. Et qui apparait dans l’épisode 6? Le plus grand de tous les acteurs, le roi des rois, CHRISTIAN SLATER!!!! AAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHH!!!

Bon, sur le plan technique, c’est certes souvent faiblard, mais pas autant que The Witcher (😆). À quand une série de fantasy qui a les moyens de son ambition?

Et le reste

Une fois n’est pas coutume, j’ai lu un livre illustré: L’atlas des royaumes perdus d’Emily Hawkins (à la rédaction) et Lauren Baldo (à l’illustration). Une merveille présentant des villes ou terres imaginaires issus de l’histoire et des mythes du monde entier, de l’Atlantide à Asgard. Les illustrations sont superbes, les textes ouvrent les portes de l’imagination et on visite vraiment le monde entier, ce qui permet de découvrir des mythes d’Afrique, d’Océanie, d’Amérique du Sud… J’aurais adoré avoir un tel livre en ma possession quand j’étais enfant. Et si vous vous demandez pourquoi je l’ai lu, c’est parce qu’il a été traduit de l’anglais par Lise Capitan.

Côté revues: outre mon Cheval Magazine habituel, j’ai lu un ancien numéro de Livres Hebdo le Mag et le Bifrost numéro 105, dont le dossier est consacré à Leigh Brackett. Il faut tellement que je lise cette autrice, ses bouquins sont faits pour moi. 🤩

mardi 31 janvier 2023

Nous n'irons plus chez nous (1995)

Chronique express!

Court roman de Maciej Krasicki traduit du polonais par Christophe Glogowski, Nous n’irons plus chez nous raconte l’histoire d’un petit garçon polonais durant la Deuxième Guerre mondiale. Le père est absent depuis longtemps à cause du conflit, et l’enfant grandit avec sa mère et ses grands-parents. La famille est expulsée de sa maison par des soldats allemands goguenards et doit survivre tant bien que mal. Puis, à la fin de la guerre, il s’avère impossible de récupérer la maison, car il est mal vu d’être propriétaire dans un pays où le communisme s’impose.

Point de fusils ou de violence dans ce roman, juste le quotidien banal d’une famille certes dysfonctionnelle, mais banale tout de même. Hélas, le style est très bizarre, avec plein de phrases qui semblent sorties de nulle part ou tombent à plat et une alternance étrange entre passé simple et passé composé. En outre, je n’ai ressenti aucune empathie pour les personnages, à part peut-être le père à la fin. La grand-mère se prend pour une victime, la mère est insupportable et le petit garçon n’a aucune personnalité. Voilà.

Pourquoi ce livre, vous demandez-vous? Parce qu’il est apparu dans l’entrée de mon immeuble, là où on place les livres à donner, que je trouve le titre très beau, très évocateur et très déchirant et que je trouve sain de voir la Seconde Guerre mondiale d’un point de vue différent de celui, triomphant, d’Hollywood.

jeudi 26 janvier 2023

Le Silence de la Cité (1981)

Lorsque j’ai lu Chroniques du Pays des mères, il m'a été demandé si j'allais lire Le Silence de la Cité, et Shaya a résolu le problème en me prêtant ce roman, qu’Elizabeth Vonarburg a publié bien avant son chef d’œuvre. Merci à toi, Shaya. 🤗

Ce premier roman a quelque chose de similaire à son successeur, en ceci qu’il suit la vie d’une protagoniste féminine et nous plonge grandement dans ses pensées et ses questionnements. Nous sommes dans un lointain avenir, où notre civilisation s’est effondrée et l’humanité, aux prises avec un mystérieux virus, survit tant bien que mal avec peu de technologie. Sous Terre, en revanche, subsistent des cités, des espaces ultramodernes où se sont réfugiés diverses élites scientifiques ou économiques. Lorsqu’Élisa naît, il reste quelques habitants, qui se font vieux malgré leurs efficaces processus de rajeunissement et qui se déplacent essentiellement par androïdes interposés. L’un d’entre eux, Paul, mène des expériences génétiques sur des embryons et suit l’évolution d’Élisa de près.

J’ai, hélas, laissé passer trop de temps entre la fin de ma lecture et l’écriture de cette chronique, et mes idées ne sont donc plus très claires. Je peux toutefois vous dire que j’ai trouvé ce livre brillant et l’ai dévoré. Le cheminement intérieur d’Élisa est brossé avec beaucoup de finesse, tant dans sa compréhension des choses que dans ses doutes. Les personnages sont tous très intéressants et le monde présenté est très bien construit. La réflexion d’Élisa sur la prise de décision est très intéressante, et il y a un travail de fond sur le genre, ou plutôt la fluidité de genre. Et, bien sûr, le roman éclaire d’un jour nouveau le dernier chapitre de Chroniques du Pays des mères, même si ça n’a pas modifié mon ressenti sur la question. ^^

En revanche, je ne crois pas comprendre à la perfection les expériences et évolutions génétiques de l’humanité, et Élisa m’a parfois exaspérée par ses réactions; dans la troisième et la quatrième partie, elle passe beaucoup de temps à être dépassée par les évènements, ce que je trouve assez insupportable.

Cette chronique n’étant pas du tout à la hauteur de ce bouquin, je conclurai en vous recommandant tout simplement de passer à l’action et de le lire à votre tour. ^^

samedi 21 janvier 2023

Bilan 2022 – Vie perso

NB: Bien que ce billet sorte le 21 janvier, je l'ai rédigé en début de mois, quand l'idée de faire le bilan de 2022 semblait encore tout à fait pertinente et pas légèrement anachronique. 😉 

Après les bilans habituels sur le cinéma et la lecture, je ressens l'envie et le besoin de faire également un petit bilan personnel, indépendant de ma vie culturelle, afin de valoriser quelques actions que j'ai menées cette année et d'en garder une trace écrite, comme une preuve opposable à moi-même. Je souhaite m'aider à commencer 2023 autrement qu'en observant avec découragement une liste de tâches qui prouve, sans l'ombre d'un doute, que je n'ai jamais rien fait de mes dix doigts et que j'ai intérêt à cravacher dur pour justifier mon existence.

En 2022...

💸 J'ai fait un chiffre d'affaires satisfaisant. Le revers, c'est que, pour y parvenir, je n'ai eu que cent jours de repos dans l'année. Avec deux jours de week-end par semaine, les jours fériés et, disons, vingt-cinq jours de congés, comme les salariés, je pourrais légitimement aspirer à en avoir cent trente-cinq. Cela confirme ce que j'avais soupçonné en 2019 et 2020 et confimé numériquement en 2021, à savoir que je travaille suffisamment les week-ends et jours fériés pour "annuler" mes vacances. Il faut que ça change en 2023. Je sens bien que mon cerveau perd de ses capacités depuis deux ans. Mais je tiens le coup et je valorise cette capacité que j'ai à travailler dur pour gagner ma vie.

💻 Suite à l'apparition de douleurs au bras droit fin 2021, j'ai mis en place deux changements pour soulager ledit bras et affronter une longue période très chargée en réduisant le risque de lésion:

- j'ai acheté une souris verticale pour gauchers. La souris verticale, on s'habitue vite, et j'en utilise une depuis des années. Passer la souris dans son autre main, en revanche, ça rend ZINZIN. Je pense qu'il m'a fallu deux mois pour m'y faire pour de bon. Mais c'est autant de gestes en moins pour mon bras droit;

- j'ai appris à taper avec mes dix doigts sur TapTouche. J'ai tapé toute ma vie avec trois doigts et cela a été, pour moi, une révolution. L'apprentissage m'a rendue ZINZIN. Putain. ZINZIN. J'avais de l'urticaire au cerveau et des sensations exaspérantes dans les petits doigts. Et une fois que j'ai appris toutes les lettres, il a fallu apprendre à les taper EN MAJUSCULE, ce qui implique d'utiliser deux doigts en même temps: un petit doigt sur la touche MAJ et un doigt sur la touche concernée. L'ENFER. Et les CHIFFRES, c'est deux doigts aussi. Puis il a fallu apprendre des caractères qui mobilisent trois doigts, genre les trémas. La peste soit de ä, ë et leurs comparses. La peste soit aussi de l'arobase, qui mobilise deux doigts que je place très difficilement comme il faut. Après soixante heures d'exercices, je ne suis pas très rapide; sur le long terme, je tape une quarantaine de mots par minute. Mais j'ai gravi une putain de montagne. Et la vitesse s'améliore. Et j'ai tenu toute l'année sans que les douleurs de fin 2021 ne reviennent. Donc, mission accomplie.

📚 J'ai fait quarante-neuf heures de russe en face-à-face, cinquante-cinq heures sur Assimil et un nombre imprécisé (vingt, je suppose) d'heures sur le manuel papier. Ça aussi, ça m'a bien flingué le cerveau. Mais j'adoooooore le russe. J'ai aussi écouté des podcasts et des chansons, mais je ne sais pas du tout quel temps ça peut représenter.

👁 J'ai commencé l'hypnose pour essayer de résoudre des problèmes – de sommeil et d'alimentation principalement, et plus personnels accessoirement. Ce n'est pas miraculeux, mais ça me fait un safe space où dire la vérité et des horreurs et où pleurer. Et c'est quelque chose. Et à défaut de dormir bien, je dors nettement mieux! 🤩

🖊 J'ai renoué avec l'écriture à l'occasion de la traduction d'un bouquin de développement personnel. L'auteur applique une philosophie des petits pas et j'ai soudain pensé que je pouvais écrire une phrase par jour. C'est tellement modeste, une phrase, que même moi, je peux le faire. Une phrase, ça peut faire trois mots. Voire un mot, en fait. "Dégage!", c'est une phrase. Donc, depuis le 30 août, j'écris tous les matins, fidèlement, une ou plusieurs phrases. Depuis début novembre, j'écris aussi une ou plusieurs phrases le soir, dans le cadre du SlowRiMo de Florie Teller. C'est un petit miracle. Le deuxième petit miracle, c'est que je vois ça pour le miracle que c'est, pas comme une étape insignifiante parce que tout-le-monde-il-est-déjà-publié-et-que-je-démarre-avec-tellement-de-retard-que-c'est-perdu-d'avance. Je suis 100% convaincue que c'est infiniment mieux que rien et que that first step you take is the longest stride. 🎶

Voilà! Et vous, des accomplissements particuliers en 2022, qu'ils soient grands ou petits? 😊

mercredi 18 janvier 2023

Bilan 2022 – Lectures

Après le bilan cinématographique, place au bilan des lectures de 2022.

Sur le plan quantitatif, c'est relativement positif: avec 60 livres, je suis pile à mi-chemin entre les 58 lectures de 2021 et les 62 de 2020. Bien entendu, j'aimerais lire plus, mais ça me semble bien au vu de mon rythme de travail et de mes autres activités.

Sur le plan qualitatif, il y a aussi eu du positif, et même du très bon, avec quelques livres extraordinaires qui resteront avec moi longtemps. Mais il y a aussi eu beaucoup de choses oubliables, ce qui me donne l'impression que la qualité moyenne n'était pas oufissime.

Sur le podium



C'est absolument incontestable et ça n'étonnera personne. Ce roman est un chef d'œuvre sur le fond et la forme.



Une lecture addictive, un contexte très réussi, un personnage positif au cœur des ténèbres.




Le Chien du forgeron est supérieur sur la forme, grâce au ton très réussi du récit oral, mais Becky Chambers m'a beaucoup plus fait vibrer, alors j'ai renoncé à les départager.

La fin d'un long voyage

En 2022, avec Le Docteur Pascal, Tigger Lilly et moi sommes arrivées au terme d'un long projet de relecture des Rougon-Macquart d'Émile Zola, chemin souvent arpenté en compagnie de Baroona. Une fresque socio-familiale incroyable et spectaculaire, pleine de moments riches en émotions.

Des dinosaures ❤

J'ai lu avec un immense bonheur Saurian, le livre accompagnant un jeu vidéo en développement, et les quatre tomes de Dinotopia de James Gurney. Avis aux éditeurs: je suis là pour les traduire ou les retraduire et lancer ou relancer leur exploitation en France.

Une relecture qui compte

Relire Entretien avec un vampire et retrouver Anne Rice au sommet.

Deux valeurs sûres

Primo Levi avec L'altrui mestiere et Emmanuel Carrère avec Yoga.

Du côté des revues

Vingt-six revues ou journaux hors Cheval Magazine. C'est bien. C'est limite trop, l'objectif étant d'en lire un par mois, soit seulement douze par an. En 2023, je peux ralentir sur ce point pour accorder plus de temps aux livres.

Du côté des BD

J'ai lu dix-huit volumes, plus seize épisodes de Dark Avengers publiés en kiosque dont j'ignore combien de volumes ils constitueraient si on les réunissait en intégrale. Ça va de recueils très faciles à lire aux pavés de Hellblazer. C'est bien.

Et la pile à lire dans tout ça?

Elle est passée de trente-et-un à dix-sept livres. C'est bien. C'est un peu moins bien pour la PAL des revues, mais je m'en fous, je ne compte pas la PAL des revues. 🤪

Bref, tout va bien. Le plaisir est là, ce qui est quand même le principal, et les chiffres sont bons aussi. C'est chouette.

dimanche 15 janvier 2023

Bilan 2022 – Cinéma

Maintenant que les chroniques et les récaps mensuels et trimestriels de 2022 sont terminés, il est temps de passer aux bilans annuels.

Je commence, comme toujours, par le cinéma.

Après des années de tendance inexorable à la baisse, 2022 marque une augmentation importante du nombre de séances et un retour aux chiffres non seulement pré-COVID, mais tout simplement pré-débordement total!!! 🤩🤩🤩

2017: 44 séances
2018: 41 séances
2019: 27 séances
2020: 21 séances
2021: 16 séances
2022: 40 séances

🤩🤩🤩

YEEEEAAAHHH!!!

C'est formidable, c'est fantastique!

Et c'est, en toute modestie, un exploit, vu que l'année a été suffisamment chargée pour que les précédentes me semblent, en rétrospective, plutôt tolérables. 🙃

Ce qui ne change pas, en revanche, c'est que les vieilleries m'enthousiasment plus que les nouveautés.

Parmi les sorties de 2022, peu de films m'ont marquée durablement, d'une manière ou d'une autre: le Batman avec Robert Pattinson, Simone. Le Voyage du siècle, The Woman King (Viola Davis 🤩), Mes rendez-vous avec Léo, et bien sûr Avatar 2, qui m'obsède et qu'il me faudra sans doute voir cinq fois pour le retourner suffisamment dans ma tête.

Dans une moindre mesure, je retiens aussi quelques suites qui ronronnent (parfois littéralement 👀😼) et ne révolutionnent rien, mais que j'ai aimées: Downton Abbey 2, Jurassic World Dominion et Le Chat Potté 2. Et bon, citons aussi Top Gun 2, parce que Tom Cruise, mais ce n'est pas trop mon truc, les avions de chasse – sauf lorsqu'ils se transforment, bien sûr. 👀

En revanche, du côté des vieilleries, il n'y a eu quasiment que des films extraordinaires: Kill Bill vol. 1 et 2, Princesse Mononoké ❤, Your Name 💖💖, Bodyguard 😍, le premier Avatar 💚💙💜, Moulin Rouge ❤❤ et Sur la route de Madison 💔. Beaucoup d'histoires d'amour, ce dont je ne m'étais pas rendu compte en cours de route.

J'espère continuer sur le même rythme en 2023, un défi paradoxalement facilité par le fait que je vais au cinéma seule depuis la réouverture en 2020 – entre la trentaine, voire la quarantaine, l'arrivée d'enfants et le recours grandissant aux écrans à la maison, mon copain et ses amis ne mettent plus les pieds dans les salles obscures et notre rythme, déjà essoufflé avant la pandémie, a complètement disparu. Ça tombe bien: c'est plus facile à organiser, et j'adooooore aller au cinéma seule, c'est ce que je trouve le plus immersif. Seule avec mon film, au dernier rang, dans des salles souvent aux trois quarts vides en raison des horaires que je privilégie. Et du pop corn pour Avatar 2, parce qu'il fallait fêter le retour sur Pandora. Que du bonheur.

Et 2023, c'est le retour des Transformers au cinéma. Quelle plus belle nouvelle pour tenir jusqu'en 2024 et Avatar 3, franchement?

mardi 10 janvier 2023

Les BD du quatrième trimestre 2022

Comme d'habitude, petit point trimestriel sur mes lectures de bandes dessinées.

Dinosaur Philosophy de Dinoandcomics (2022)

Le compte Dinoandcomics, qui partage des strips de dinosaures aux prises avec la vie, a fait son arrivée en version papier. J’aime beaucoup ces dinosaures hypersensibles et débordés par le comportement irrationnel et incompréhensible de leur cerveau et je me suis bien retrouvée dans de nombreuses histoires. Il y a aussi eu un Dinosaur Therapy, que j’aimerais beaucoup lire. Jettez-y un œil si vous ne comprenez pas bien les relations humaines, entre autres choses. 😅
Éditeur VO: HarperCollins

Nous vivons chez nos chats d’Eloisa Scichilone (2019)

Eloisa Scichilone ayant sorti une nouvelle BD, j’ai voulu relire cette histoire de chats, que j’ai beaucoup, beaucoup aimée il y a trois ans. C’est une vraie merveille de douceur et de sourires, avec des chats banalement extraordinaires – extraordinaires à la manière de tous les chats, quoi. Je répète mon avertissement de l’époque à l’attention des âmes sensibles: c’est très, très émouvant. J’ai profité d’une soirée seule pour pleurer tout mon saoul. Il paraît que pleurer est un mécanisme de décharge émotionnelle, alors je vis ça mieux, maintenant.
Éditeur: MARAbulles

Avant de partir de Mi-Jin Jung et Ja-Seon Gu (2019)

Dans la foulée, j’ai aussi relu cette petite pépite, dont je gardais un souvenir déchirant – autant profiter de la décharge émotionnelle jusqu’au bout. Quel crève-cœur. Quel crève-cœur. Merci aux artistes qui parviennent à tirer quelque chose de beau, et en quelque sorte de réconfortant, de ces choses qui sont tout l’inverse.
Éditeur: Sarbacane

La vie d’adulte de Sophie Adriansen (scénario) et Eloisa Scichilone et Mauro Gandini (dessin) (2022)

La nouvelle BD d’Eloisa Scichilone ne m’a pas autant touchée que Nous vivons chez nos chats – et pas seulement parce qu’il n’y a pas "chat" dans le titre, je tiens à le préciser pour les petits facétieux que je vois au fond de la salle, là. 😼 Cette histoire d’une trentenaire, qui, après une opération risquée, lâche sa vie pratiquement du jour au lendemain et se casse à Rome chercher le sens de la vie, m’a semblé relativement convenue. [Divulgâcheur] Oui, bien sûr, elle trouve l’amour et change de métier pour renouer avec sa créativité refoulée, cela va sans dire. [Fin du divulgâcheur.] Restent toutefois les dessins et surtout les couleurs absolument stupéfiantes du couple au dessin. C’est une vraie merveille et cela donne un certain cafard de l’Italie.
Éditeur: First

Daytripper de Fábio Moon et Gabriel Bá (2010)

En dix jours et dix épisodes, ce comics explore les évolutions possibles de la vie d’un Brésilien à différents âges. Que lui arrive-t-il en ce jour où il a 52 ans, que lui arrive-t-il en ce jour où il a 7 ans...? Dix destins on ne peut plus différents, avec toutefois le point commun de la relation au père, à l’amour, à la paternité et à l’écriture. C’est très beau visuellement et j’ai apprécié qu’on me parle du quotidien, avec des intérieurs chaleureux par exemple. Mais je n’ai pas tout saisi au message, et le fait que la transmission familiale y tienne un rôle central m’a quelque peu rebutée. Je suis sortie de là en m’imaginant sur mon lit de mort, seule (parce que je n'ai pas de famille et que je n'aurai pas eu d'enfant), hantée par mes échecs (parce que je n'aurai rien accompli dans ma vie) et mal soignée par-dessus le marché (parce qu'il est très probable que je sois une retraitée non seulement tardive, mais surtout pauvre). L’inverse de l’effet escompté, en somme… 😅
Éditeur VO: Vertigo