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lundi 30 juin 2025

La Petite Roque (1886)

Les lecteurs réguliers de ce blog le savent, je suis une grande amatrice de Guy de Maupassant, que je lis toujours avec le même plaisir et le même émerveillement. Ce nouveau recueil, paru la même année que Toine, a confirmé, pour la trente-six millième fois, combien j'aime cet auteur et combien je le trouve uniformément bon.

Ce volume regroupe dix nouvelles, toutes issues de sa veine réaliste. La femme, l'adultère et le sexe y sont un peu moins prégnants que dans les deux derniers recueils que j'ai lu.

La petite Roque: on démarre fort avec le viol et le meurtre d'une enfant de douze ou treize ans, la petite Roque qui donne son nom au texte et au recueil. Horrible, évidemment. Bien que réaliste, il s'agit presque d'une histoire de hantise.

L'épave: changement complet de décor ici, puisque l'histoire se passe à bord de l'épave d'un navire échoué au large de la Vendée. L'histoire est assez simple; c'est vraiment le lieu qui fait le charme du texte.

L'ermite: une histoire très gloups-gloups, qui m'a rappelé le film Old Boy.

Mademoiselle Perle: un très beau texte sur un amour impossible, avec des personnages foncièrement gentils et un passage presque surnaturel où l'on entend un chien hurler pendant une nuit enneigée. Je me suis souvenue l'avoir lu lors de ma toute première rencontre avec Maupassant, au collège. Je l'ai lu, cette fois, le jour où j'ai réservé ma nouvelle voiture.

Rosalie Prudent: le témoignagne affreux d'une femme jugée pour infanticide. Ça fait froid dans le dos et me semble confirmer que Maupassant avait bien compris combien les femmes partaient perdantes dans sa société.

Sur les chats: un texte contrasté, qui commence par une scène d'une cruauté épouvantable et se termine par une nuit nettement plus sympathique. C'est peut-être un peu paresseux pour le génie de Maupassant, d'autant qu'il y cite deux fois des vers de Beaudelaire, ce qui fait pas mal pour un texte de seulement sept pages. Il me semble qu'il a écrit un autre texte du même genre, mais qui pousse plus loin l'élément de la visite nocturne d'un chat. Mais enfin, c'est quand même très bien, vu qu'on y parle de chats. 😼😼

Madame Parisse: ah, là, on retrouve la femme aimée et l'adultère, une constante chez Maupassant. C'est un texte assez rigolo, somme toute.

Julie Romain: un texte nettement plus triste, où le narrateur raconte sa rencontre avec une actrice autrefois célèbre, qui vit à présent seule et recluse. Le temps qui passe, mes amis, le temps qui passe... 💔

Le père Amable: l'histoire d'un paysan radin et méfiant, furieux de voir son fils se marier avec une femme qui a eu un enfant hors mariage. Je sentais venir la catastrophe, bien sûr, mais la catastrophe finale n'a pas été celle que j'imaginais. Merci, Guy, pour cette dernière phrase qui clot le recueil sur une petite note bien sombre et un peu dégueu. 😅😅

Et voilà. Du grand art, comme d'habitude. Maupassant était un génie.

Le petit truc en plus que je ne veux pas oublier: cette édition du livre de poche, qui semble dater de 1968, m'a coûté 90 centimes en bouquinerie et a visiblement appartenu à quelqu'un qui l'a utilisé comme support d'étude, car il y avait quelques pages annotées. C'était très mignon.

dimanche 11 mai 2025

Et si les chats disparaissaient du monde... (2012)

Je ne sais plus trop où j'ai entendu parler de ce petit roman de Genki Kawamura (auteur qui, soit dit en passant, est surtout producteur de cinéma et a notamment été producteur du merveilleux Your Name de Makoto Shinkai). Peut-être a-t-il été mis en avant dans la newsletter de ma libraire. Quoi qu'il en soit, j'ai évidemment sauté dessus – dans le sens que je l'ai réservé dans mon réseau de médiathèques, probablement en adressant une prière à la personne l'ayant emprunté pour qu'elle le rende à la date prévue. Puis, lorsque je l'ai récupéré, je l'ai lu le soir même, d'une traite. Un soir où ça n'allait pas très fort et où le brouillard intellectuel était tel que je ne me sentais pas d'attaque pour lire Jules Romains, pour vous donner une idée.

Le protagoniste, trentenaire, écrit une longue lettre pour raconter la semaine qui vient de s'écouler. Cette semaine a commencé très mal, puisqu'on lui a diagnostiqué un cancer au cerveau. Ses perspectives de survie sont très mauvaises: il est condamné à très brève échéance. Mais alors même qu'il essaye de lister des dix choses à faire avant de mourir, voilà que le diable débarque chez lui et lui propose un marché: il lui accordera un jour de vie en plus si notre héros accepte de faire disparaître quelque chose du monde.

Le premier soir, le narrateur choisit – avec quand même une certaine influence du diable – les téléphones.

En toute objectivité, ce roman n'a rien de véritablement exceptionnel. Mais il a tenu la promesse implicite de son titre, de son résumé, de sa couverture et de la vague de bouquins feel-good japonais dont les éditeurs français nous recouvrent: il m'a touchée, il m'a fait pleurer, il m'a un peu apaisée. Parce que le protagoniste, à l'annonce de sa mort prochaine, se demande bien sûr avec qui il a envie de parler, et qu'il n'a pas énormément de réponses à apporter à cette question. La première personne est son ex, grande amatrice de cinéma, ce qui donne lieu à quelques réflexions touchantes sur le septième art. Mais, surtout, il repense à ses parents – sa mère, décédée, et son père avec qui il est fâché – et à ses chats – Laitue, le chat de la famille, décédé également, et Chou, le sien.

Moi, vous me mettez des chats et des décès, et je me décompose. Et je pense que j'en ai besoin, en fait. Car le lendemain de ma lecture, je me suis réveillée plus reposée, en forme, lucide, dynamique et optimiste que depuis des jours, si ce n'est des semaines. Pas "reposée, en forme, lucide, dynamique et optimiste" dans l'absolu, hein. Mais "plus reposée, en forme, lucide, dynamique et optimiste que depuis des jours, si ce n'est des semaines". Observez la nuance. Bref, cela n'a pas été sans me rappeler le fait que j'ai cessé d'être insomniaque après avoir sangloté désespérément en séance d'EMDR. Foncièrement, je déteste souffrir et je suis convaincue que la douleur détruit, mais il semble y avoir un certain type de chagrin qui vous laisse plus apaisé après vous avoir secoué...

Le pitch de ce roman n'est pas sans rappeler Mémoires d'un chat de Hiro Arikawa, mais je l'ai trouvé mieux géré, et la version française, aux soins de Diane Durocher, m'a semblé mieux rédigée, sans les problèmes de concordance de temps sur lesquels j'ai buté lors de plusieurs traductions du japonais ces derniers temps. Ça se lit tout simplement tout seul.

Pour info, le roman est d'abord paru en France sous le titre Deux milliards de battements de coeur. C'est plutôt cool pour moi que le titre ait été modifié, parce que, évidemment, je l'ai lu essentiellement parce qu'il y avait "chats" dans le titre. 😊😊😸😸

Je n'y vois qu'un seul problème, en définitive: la superbe couverture n'est pas créditée!! 😱😱😱

dimanche 6 avril 2025

Les BD du premier trimestre 2025 😺😺😺

Comme d'habitude, retour sur les lectures graphiques du trimestre écoulé!

Plus que jamais, ce trimestre a été dédié aux chats. J'ai d'abord lu un manga avec un chat que j'ai reçu à Noël. Puis j'ai réorganisé une partie de ma bibliothèque et redécouvert pas mal de BD ou d'albums sur les chats, que je me suis empressée de relire.

Le Chat mène l'enquête de Noho (scénario et dessin), traduit du japonais par Pascale Simon (2023)

Un joli manga sur un gros chat blanc qui se balade à Los Angeles et y rencontre des gens – et parfois des chats. Une fois de plus pour une œuvre japonaise, on est sur le segment "tranches de vie". C'est fou. À la fin, il aide aussi deux détectives à résoudre une affaire, ce qui justifie le titre français; mais le titre d'origine, The Walking Cat (un titre anglais, oui), est plus proche de la vérité. Le chat est très dodu, il a souvent un petit air dédaigneux trop drôle et l'ensemble est plein de douceur, donc j'ai, bien entendu, beaucoup aimé.
Éditeur: Doki Doki

Crapule 1 et 2 de Jean-Luc Deglin (2017 et 2018)


Une BD adorable sur un petit chaton noir et l'humaine qui partage sa vie, entre incompréhensions, coups de griffes, coups de folie et amour. J'adore, mais parfois, quand Crapule a l'air triste, ça me donne pas mal envie de pleurer. J'avais déjà lu ces deux tomes, mais j'en avais oublié jusqu'à l'existence. La série s'arrête ici, il n'y a pas eu de nouveautés depuis.
Éditeur: Dupuis

Madame 1 à 4 de Nancy Peña (2015 à 2022)

Ici aussi, j'avais oublié jusqu'à l'existence de cette série, dont j'avais lu les deux premiers tomes: L'année du chat et Un temps de chien. Enchantée par ma relecture, je me suis procurée les deux qui sont sortis depuis: Grand reporter et Bébé à bord. Grand reporter est essentiellement un recueil de planches parues dans Le Monde, ce qui m'a fait revivre l'actualité de 2017 et 2018 (qui était bien pourrie, à tel point que ça m'a fait relativiser l'actualité actuelle) (eh ouais, Donald Trump était déjà là). Bébé à bord m'a moins emballée, vu qu'il y a un bébé (humain) qui entre en scène (si seulement ç'avait été un bébé chat!!), mais je me marre bien avec les mimiques de Madame, cette petite chatte si mignonne et déterminée. À noter que, dans cette série, Madame communique sans difficulté avec son humaine par la parole, ce qui n'est pas le cas dans les autres ouvrages du mois.
Éditeur: La Boîte à Bulles

Chat-Bouboule de Nathalie Jomard (2015 à 2021) 

Cette série-là, je ne l'avais pas oubliée! De tous les chats que j'ai rencontrés en images, Bouboule est probablement celui qui me fait le plus pisser de rire avec Garfield. Son ventre proéminent et ses mimiques m'éclatent démesurément. Dans le tome 3, son emploi du temps, qui contient pratiquement chaque jour le combo "miauler pour sortir" et "miauler pour rentrer", me plie en deux; les planches "et si l'histoire avait eu un chat sur les genoux", genre Jeanne d'Arc qui ne peut pas se lever pour aller bouter les Anglais hors de France, sont excellentes. J'avais déjà lu les tomes 1 à 4 (Chroniques d'un prédateur de salon, La nuit tous les chats sont gros, Intermittent de la sieste et Fat and furious) (ces titres 🤣🤣🤣) et je me suis procurée le tome 5 (À gras raccourci) (putain j'en peux plus 🤣🤣🤣🤣). Le seul truc qui me laisse perplexe dans cette série, c'est le nombre de blagues sur la litière et les crottes puantes. Peut-être que mes chats ont une activité intestinale moins intense que Bouboule. 👀
Éditeur: Michel Lafon

Et ce qui est beau avec cette réorganisation de bibliothèques, c'est que j'ai pu faire un petit coin 100% chats. Il y a d'autres chats ailleurs, bien sûr, mais, ici, il n'y a qu'eux! 💪💪

samedi 14 décembre 2024

Au revoir les chats ! (2021) 🐈

Chronique express!

Après le roman Les Mémoires d'un chat, l'autrice japonaise Hiro Arikawa a sorti un deuxième livre félin, qui s'apparente cette fois plutôt à un recueil de nouvelles. Le premier texte, "L'heure de Hachi", raconte l'histoire de Hachi, le chat que Satoru, personnage principal de Mémoires d'un chat, avait eu dans sa jeunesse; le deuxième, "Un voyage oublié", raconte un voyage effectué par Satoru et Nana à l'époque du roman; les cinq suivants décrivent les vies d'autres chats, ou des anecdotes autour des chats ("L'Île aux chats", très sympathique dans son peuplement félin mystérieux et vorace).

Dans l'ensemble, c'est plutôt émouvant, et j'ai bien sûr pleuré à la fin. Mais je n'ai rien compris à "Vilain Tom!" et j'ai de nouveau trouvé pas mal de choses décousues ou difficiles à suivre, ou bizarrement répétitives. En revanche, la concordance des temps ne m'a pas choquée cette fois. C'est Sophie Refle qui est à la traduction; peut-être fait-elle plus attention à ce point ou y a-t-il eu plus de travail éditorial de manière générale. Quant à la couverture, on la doit de nouveau à Irina Garmashova-Cawton. On dirait ma petite Reloue!! 🥰🥰🥰

mercredi 4 décembre 2024

La gamelle de novembre 2024

Comme d'habitude, retour sur les activités culturelles du mois écoulé, hors lecture!

Le grand évènement de ce mois de novembre, c'est que je suis allée à l'expo L'Art de James Cameron à la Cinémathèque (merciiiii Lise!): une très belle expo sur un très grand homme! Je savais déjà que Cameron est dieu sur terre, mais, maintenant, j'ai encore plus de preuves!

Sur petit écran

Pearl Harbor de Michael Bay (2001)

Le bouquin de Robert Hospyan m'a donné très envie de me refaire certains films de Michael Bay, et, par un petit miracle, cette idée n'est pas restée lettre morte, puisque j'ai regardé Pearl Harbor. Bon. J'avais trouvé ça nul quand j'avais seize ou dix-sept ans. Adulte, j'ai de nouveau trouvé ça assez raté. L'histoire d'amour est à peu près insupportable et la fin est d'un patriotisme tellement bas du front que j'ai rigolé pendant une demi-heure. Mais, cette fois, j'y ai aussi trouvé du bon: l'attaque de Pearl Harbor est prenante, notamment l'arrivée des Japonais (je ne sais pas si c'est très précis, mais on hallucine de voir qu'ils arrivent jusqu'au port sans se faire repérer); les Japonais, justement, ne sont pas présentés comme des méchants idiots et sanguinaires et parlent japonais entre eux, ce qui est un petit miracle dans le cinéma hollywoodien; le personnage du cuistot noir, bien que largement secondaire, a même un arc narratif pertinent et attachant, avec un passage qui m'a beaucoup émue ("Everybody is where they need to be, captain. You trained us well. You trained us well" – un moment d'humanité et de compassion au cœur du chaos); enfin, le personnage de Kate Beckinsale n'est pas sexualisé particulièrement, même si elle est très belle (pas de plans nichons comme dans Transformers, quoi). Et puis bon, on peut critiquer Michael Bay, mais il sait mettre en scène des explosions et de la destruction titanesque en restant lisible, ce qui est bien. D'ailleurs, il y a plétore d'explosions ici, c'était assez jubilatoire.

Sur grand écran


Terminator de James Cameron (1984)

Le premier film de mon dieu entre tous mes dieux, l'étoile la plus resplendissante de mon panthéon personnel 💖✨✨ Eh bien j'ai beaucoup apprécié cette découverte, même si ce n'est pas le genre de film que j'aime le plus, du fait qu'il n'y a pas d'épées et qu'il y a, au contraire, un truc que je hais, le voyage dans le temps. Mais c'est totalement maîtrisé sur le plan technique, bien joué et même bien assumé en ce qui concerne cet aspect temporel, l'éternelle histoire des gens (enfin, des machines, en l'occurrence...) qui provoquent ce qu'ils voulaient empêcher précisément en essayant de l'empêcher. Linda Hamilton joue très bien une fille tout à fait banale qui évolue énormément en peu de temps sans pour autant devenir imbattable et incassable (un peu comme le personnage de Rose dans Titanic); Arnold Schwarzenegger a une classe iconique en Terminator; et Michael Biehn a trouvé un bon équilibre entre guerrier aguerri et mec qui ne maîtrise rien (mais j'ai passé mon temps à me dire que ce beau blond ténébreux en imperméable gris aurait décidément fait un excellent John Constantine). Et sur le plan technique, c'est très avant-gardiste, bien sûr, malgré l'inévitable vieillissement des effets spéciaux. À noter également, une violence réelle et quelques plans sanglants auxquels je ne m'attendais pas. Enfin, la séance était précédée d'une courte vidéo de James Cameron en personne, qui revient sur l'histoire du film et le passage en 4K. J'ai à peu près fondu d'amour sur mon siège.

Flow. Le Chat qui n'avait plus peur de l'eau de Gints Zilbalodis (2024)

Un capybara, un chat et un maki-cata sont sur un bateau... 👀
Plus sérieusement, ce film est une merveille et un classique instantané. C'est beau, c'est humain, c'est hors de l'ordinaire, on croirait presque retrouver le merveilleux Payakan d'Avatar 2, c'est émouvant. Je ne suis pas sûre d'avoir tout compris à la symbolique, mais j'ai rarement vu quelque chose d'aussi beau qui touche aussi juste tout le temps.

Du côté des séries

Rien.

Et le reste


J'ai acheté le Canard Enchaîné dans l'espoir de rire un peu de la réélection de Donald Trump... Hélas, le palmipède a échoué. 😂😂 Même eux, ils m'ont plutôt fait baliser. Mais leur petit humour mordant est toujours un régal.

(Lire le journal debout dans le métro bondé est une sacrée galère. Mais surtout, ça m'a donné l'impression d'être dans un drôle de tunnel temporel, parce qu'on ne voit plus du tout les gens lire le journal. Deux semaines plus tard, au café de la Cinémathèque, toutefois, mon voisin lisait justement le Canard. Ça m'a fait chaud au cœur pour eux, parce que qui sait comment ils ont fait pour survivre en 100% papier jusqu'à cette année, sérieux.) (Et sans pub! SANS PUB! Vous vous rendez compte!)

En fin de mois, j'ai lu mon Cheval Magazine adoré. 💞

mardi 19 novembre 2024

Les Mémoires d'un chat (2017) 🐈

Un livre avec un chat, c'est déjà très intéressant. Alors, un live avec un chat dont Baroona dit du bien... 🐱

Bon, en vrai, j'avais repéré ce livre depuis des lustres, mais je m'étais arrêtée au fait que le chat en couverture a une drôle de tête. Pour info, c'est une illustration d'Irina Garmashova-Cawton, une femme visiblement très bien qui dessine des tas et des tas de chats. 🥰

Dans ce roman traduit du japonais par Jean-Louis de La Couronne, Hiro Harikawa donne la parole à un chat de gouttière qui, suite à une blessure, s'installe chez un humain. Pas n'importe quel humain, hein. Un humain qu'il connaît déjà et qu'il aime bien. Et puis, le temps passant, le chat décide de rester là même s'il est guéri, et l'humain, Satoru, lui donne un nom: Nana. Mais des années plus tard, Satoru est contraint de se séparer de lui et cherche à le placer auprès d'une personne de confiance, ce qui l'amène à recontacter des proches plus ou moins perdus de vue.

Chaque partie du roman raconte ainsi la rencontre avec un potentiel adoptant.

Sur la forme, je dois dire que j'ai eu du mal avec ce roman à cause de la rédaction en français. (Bon, c'est une évidence: je ne lis pas le japonais, donc je ne risque pas d'avoir du mal avec la rédaction en japonais, HAHAHAHAHAHA.) Dans l'ensemble, le récit est raconté à la première personne par Nana. MAIS les adoptants potentiels s'expriment aussi à la première personne. Par conséquent, il faut déjà faire un petit ajustement au début de chaque chapitre pour savoir si "je" est un chat ou un humain. MAIS en plus, le point de vue des adoptants potentiels peut aussi être exprimé sous forme de récit extérieur à la troisième personne. Et là, vous ne savez plus du tout qui est "il" : l'adoptant, le chat vu par l'adoptant, Satoru vu par l'adoptant...? Ajoutez à cela que la concordance des temps est fluctuante, avec du passé composé, du présent, du passé simple et du plus-que-parfait mélangés au petit bonheur la chance, et vous avez une version de moi-même qui se désespère.

On pourrait attribuer la faute au traducteur, mais mon expérience personnelle me permet d'en douter (j'ai des travaux qui ont été salopés après mon passage, hélas) et, de toute façon, la responsabilité finale incombe à l'éditeur. Actes Sud, c'est un peu la maison que tout le monde encense, mais ce n'est pas la première fois que je m'étonne du manque de rigueur du travail éditorial, alors je suis assez perplexe. Notez toutefois que ces gens mettent le nom du traducteur en couverture, ce qui est bien et merveilleux.

Bon, donc, je critique la forme, mais, sur le fond, j'ai beaucoup apprécié cette lecture. Pas tout à fait autant que Baroona, mais quand même beaucoup. J'ai lu ce roman rapidement et avec plaisir, et j'ai bien sûr sangloté durant pas mal de pages à la fin, voilà voilà. C'est une belle histoire touchante sur les liens d'amitié (entre humains, mais aussi entre humains et non-humains) et sur les innombrables façons dont les vies des gens s'influencent, ainsi que sur une forme de bonheur simple que je ne saurais décrire précisément. Pour broder sur le Japon, c'est un peu comme les films de Miyazaki: à la fin, ça me donne un peu l'impression d'être une meilleure personne que je ne l'étais au début... Et Nana, quand il a la parole, est très très sympathique!!

Il n'est donc pas du tout impossible que je lise autre chose de cette autrice japonaise, d'autant que ce roman a une suite: Au revoir, les chats! Je sens qu'il faudra préparer quelques mouchoirs...

Allez donc voir ailleurs si ce chat y est!
L'avis de Baroona
L'avis de Grominou

dimanche 20 octobre 2024

Dewey (2008) 🐈📚

En janvier 1988, par une froide journée d'hiver, Vicki Myron, directrice de la bibliothèque de Spencer, dans l'Iowa, trouve un chaton transi de froid dans la boîte de retour des livres. Le chaton survit et l'équipe décide vite de le laisser habiter sur place. Baptisé Dewey Readmore Books en hommage à la classification décimale de Dewey (ces bibliothécaires, toujours prêts à faire une petite blague!), il vivra là jusqu'à sa mort en 2006.

Et bien sûr, s'il y a un livre sur lui aujourd'hui, c'est que ce chat était extraordinaire, ou plutôt qu'il a connu un destin hors du commun, vu que tous les chats sont extraordinaires par essence. 😼

Avec l'assistance de Bret Witter, Vicky Myron aborde trois grands sujets dans son livre: bien sûr, la vie de Dewey à la bibliothèque, ses habitudes, ses aventures, ses goûts alimentaires, etc.; la ville de Spencer et l'effet de la présence de Dewey sur les habitants; et sa vie à elle, notamment familiale. La partie sur Spencer donne à voir une petite ville du Mid-West avec ses difficultés économiques et son moral d'acier. C'est un peu le cliché du bon vieux trou paumé américain, où les gens travaillent dur et ne se plaignent pas. La présence d'immenses champs de maïs, pour ma part, m'a fait penser avec une certaine nervosité à Stephen King, HAHAHAHAHAHA. La partie sur la vie de Vicky elle-même est sans doute la moins intéressante, même s'il faut lui reconnaître qu'elle n'a pas eu une vie facile, notamment en raison de problèmes de santé colossaux et de son mari alcolique (j'aurais bien aimé savoir ce qu'il est devenu, d'ailleurs!).

Mais Dewey est là. Tous les matins, Dewey attend Vicky à son arrivée à la bibliothèque. Tous les matins, deux minutes avant l'ouverture au public, Dewey se poste devant les portes. Et en peu de temps, il devient l'attraction de la ville. Vicky Myron détaille plein de petits changements. Elle précise bien que la présence du chat n'était pas non plus un remède miracle, mais les tensions existantes se sont apaisées au sein de l'équipe, le nombre de visiteurs a augmenté, les enfants turbulents ont appris à se tenir plus calmement pour ne pas lui faire peur, des enfants handicapés et des adultes au bout du rouleau ont souri pour la première fois depuis qui sait quand en le voyant. Bref, du lien social s'est retissé autour de ce chat. Et moi, j'adore les histoires de lien social et j'adore les histoires d'animaux et de thérapie par les animaux. Là, ce n'était pas une thérapie, mais il s'est passé quelque chose. Dewey a aidé des tas de gens juste en étant là, en dormant sur leurs genoux et en se baladant sur le chariot à livres. Comme des dizaines de chevaux de club m'ont aidée juste en mangeant leur foin sous mes yeux ou en me laissant les gratouiller.

Une belle histoire vraie, en somme. Vicky Myron n'arrête pas de dire que Dewey savait ce qu'il faisait et était ravi de le faire, ce qui me semble relever de l'antropomorphisme, mais l'histoire est touchante, et donne furieusement envie d'emménager dans une ville dont la bibliothèque a un chat à résidence!

Le petit truc en plus que vous devez absolument savoir:
Ce livre est traduit de l'anglais par Bérengère Viennot, qui a dû bien rigoler en intitulant un article de journal "Charperlipopette" (qui sait ce qu'était l'original!). Je vous ai déjà parlé d'elle, car elle est plus tard devenue la grande experte de la traduction de Donald Trump. Le grand écart. Je pense qu'elle a dû passer un meilleur moment avec Dewey. 😂

lundi 8 juillet 2024

Les BD du deuxième trimestre 2024

Comme d'habitude, retour sur les lectures graphiques des trois derniers mois.

Métal Hurlant hors-série spécial chats (avril 2024)

Métal Hurlant a sorti un hors-série spécial chats! Métal Hurlant a sorti un hors-série spécial chats! Métal Hurlant a sorti un hors-série spécial chats! Métal Hurlant a sorti un hors-série spécial chats! HAHAHAHAHAHAAHAHAHAHAHA!! Fallait-il encore une preuve que les chats dominent l'univers? Non, mais c'est quand même trop cool d'en avoir une aussi mythique!!! 😂😂😂 (Et oui, le numéro est très bien. Je n'ai pas tout compris à certaines BD, mais dans l'ensemble, c'est très bien.)

Giant de Mikaël (2017)

Un beau diptyque sur les ouvriers irlandais qui ont bâti les gratte-ciels de New York. Les dessins ne sont pas 100% à mon goût, mais ils sont extrêmement soignées et évocateurs. Une réussite découverte chez Baroona.
Éditeur: Dargaud

Transformers. Tome 1: Pleins gaz de Daniel Warren Johnson, traduit de l'anglais par Julien di Giacomo (2023)

Ce volume réunit les six premiers numéros de la série Transformers, publiée aux États-Unis par Image. Hélas, je n'ai pas compris grand-chose aux dessins; j'ai eu le plus grand mal à différencier les Transformers les uns des autres, à part Optimus, et vous conviendrez que c'est un problème quand l'histoire tourne autour de l'affrontement entre deux clans qui se bastonnent. 🙈 À noter toutefois: Image sort plusieurs séries Transformers et GI Joe dans un univers partagé, le "Energon Universe", ce qui rejoint la scène de fin du dernier film Transformers, Rise of the Beasts. Je ne poursuivrai pas en comics, mais je me réjouis de voir un jour cela au cinéma, et j'espère qu'Hasbro en tirera suffisamment d'argent pour que les Transformers nous accompagnent encore longtemps. 😊
Éditeur: Urban

dimanche 7 avril 2024

Les BD du premier trimestre 2024

Comme d'habitude, retour sur les lectures graphiques du trimestre.

Wonder Woman: Historia de Kelly Sue DeConnick (scénario), Phil Jimenez, Gene Ha et Nicola Scott (tous trois au dessin), traduit de l'anglais par Thomas Davier (2022)

J'ai lu ce comics parce que les GG Comics lui ont consacré un épisode très enthousiaste, et grand bien m'en a pris – ou plutôt, quelle claque je me suis prise! Sur un scénario de Kelly Sue DeConnick, trois dessinateurs décrivent, en trois livres, l'origine des Amazones. (Le titre original est d'ailleurs WonderWoman: The Amazons.) Dans le premier livre, dessiné par Phil Jimenez, l'histoire commence avec sept déesses exaspérées par le traitement réservé aux femmes: Hestia, Artémis, Démeter, Hécate, Aphrodite, Athéna et Héra. Défiant Zeux, les six premières façonnent les Amazones, qui se répartissent en six tribus; la septième ne participe pas au projet, mais le soutient de loin. Les dessins de cette partie sont tout simplement ahurissants. La richesse des costumes et des symboles des déesses est FOLLE. Dans le deuxième livre, qui est dessiné par Gene Ha, se forme une septième tribu, composée de femmes mortelles, dont une certaine Hippolyte, la mère de WonderWoman dans l'univers de DC. J'ai beaucoup moins aimé le dessin et j'ai même trouvé certains visages ratés, mais l'histoire se poursuit avec brio. Enfin, le troisième livre, dessiné par Nicola Scott, raconte la guerre entre les dieux (masculins!) et les Amazones une fois l'existence de celles-ci révélée au grand jour (et c'est le cas de le dire, le soleil jouant un rôle important dans cette révélation). Une fin brillante et logique, quoiqu'un peu tragique, et qui ouvre la voie à l'arrivée de la plus célèbre des super-héroïnes.

Même si j'ai parfois galéré à comprendre dans quel ordre lire les bulles (un problème que je rencontre souvent si je lis quelque chose de moins cadré que le franco-belge à la Tintin) et que j'ai moins aimé les dessins de la deuxième partie, je suis sortie de là tout ébourrifée par la maîtrise du scénario, le souffle épique, l'inspiration mythologique, le détail des costumes des déesses et des Amazones et la manière dont les déesses sont clairement non humaines. Un comics d'exception (et ultraféministe par-dessus le marché!), qui méritait effectivement que les GG lui consacrent un épisode dédié!

Éditeur: Urban

Amitié. Tout ce qui nous lie de Heike Faller (texte) et Valerio Vidali (dessin), traduit de l'allemand par Olivier Mannoni (2020)

Un album "dédié à toutes les amitiés", dans laquelle chaque page associe une phrase et un dessin illustrant un moment entre deux amis. C'est très joli, mais personnellement ça m'a totalement déprimée et c'est venu renforcer mon impression tenace que je n'ai jamais vécu une grande et belle amitié. Mais bon, ça prend dix minutes à lire, alors n'hésitez pas si ça vous tente. Notez qu'il est traduit de l'allemand par Olivier Mannoni, qui fait ainsi le grand écart par rapport à Mein Kampf et son travail habituel et illustre à la perfection l'extrême polyvalence du traducteur professionnel. 😅

Éditeur: Sous-sol / Seuil

Le premier chat dans l'espace a mangé de la pizza de Mac Barnett (texte) et Shawn Harris (dessin), traduit de l'anglais par Philippe Touboul (2022)

La lune est en danger! Des rats la grignotent! La seule solution: envoyer sur place un chat. 😼 Ce pitch délirant lance une BD fort sympathique, créative et amusante, dans laquelle ledit chat – qui s'exprime uniquement en disant "miaou" – s'allie à un robot coupe-ongles (😂) et à la reine de la Lune pour tuer le roi des rats, qui habite du côté obscur de la Lune. J'ai bien rigolé et c'était vraiment chouette.

Éditeur: Albin Michel

Poltron Minet. Le protocole Seth de Mayen (scénario) et Madd (dessins et couleurs) (2024)

Suite de La Voie romane, que j'ai lu l'année dernière, ce deuxième tome est tout aussi adorable et joliment dessiné, mais probablement plus dur. En tout cas, je n'ai pas le souvenir qu'il y ait eu des cadavres dans le premier. J'ai trouvé le thème du laboratoire d'expérimentation animale assez éculé, mais je suis ravie qu'on le propose à des enfants – et assez étonnée en même temps, car, bien que les dessins soient mignons, le contenu de certaines cases est AFFREUX. Il y a quelque chose de politique à montrer les humains comme des tortionnaires et je trouve ça bien, d'autant plus que les personnages non humains ne sont pas tous dignes de confiance, ce qui évite une opposition simpliste. J'ai du mal à reconnaître les renards les uns des autres, ce qui m'a empêché de bien suivre l'histoire, mais je trouve que cette série est vraiment pas mal.

Éditeur: Dupuis

Les Dinosaures du Paradis de Mazan (2024)

Une BD aussi épaisse que dense sur une expédition française au Laos, en 2012, destinée à chercher le squelette d'un spinosaure, Ichthyovenator laosensis. Tout débute, à la base, en Charente, département français connu pour ses gisements de dinosaures. En 2010, Mazan, dessinateur, a l'occasion de passer voir un chantier de fouilles, et le voilà embarqué par Ronan Allain (un des plus célèbres paléontologues français, dont j'ai chroniqué un bouquin il y a mille ans) (dans un des billets les plus courts de l'histoire du blog, lol!) à l'autre bout du monde. J'ai adoré, car les dessins sont superbes et qu'on suit toutes les étapes d'une expédition de terrain qui n'a rien d'évident! En revanche, j'ai trouvé l'auteur peu respectueux des Laotiens. Il n'y a rien d'insultant à proprement parler, mais il donne l'impression d'être un boomer qui trouve tout ce qui est différent ridicule...

De cet auteur, j'avais déjà lu, et avec grand plaisir, Mimo, qui parle d'un dinosaure retrouvé en Charente.

Éditeur: Futuropolis

Mimo. Sur la trace des dinos (2011) et Mimo II. Les dinos des antipodes (2016) de Mazan (dessin), Isabelle Dethan (textes narratifs), Ronan Allain et Jean-François Tournepiche (textes pédagogiques)

Évidemment, j'ai, dans la foulée, relu les deux BD sur Mimo, un ornithomimosaure retrouvé en Charente et mis en scène ici dans deux aventures avec Hector, le carchorodontosaure albinos. Les dessins sont mignons tout plein et les deux histoires sont très amusantes. Dans chaque album, la deuxième partie, beaucoup plus dense et sérieuse, présente des informations scientifiques sur les lieux des fouilles et les espèces qui y ont été retrouvées. D'ailleurs, je ne suis pas sûre que le jeune public visé par la partie en BD puisse vraiment s'y retrouver dans la deuxième, mais bon. Notons que Mazan a réutilisé quelques dessins de ces deux BD dans Les Dinosaures du Paradis, et que Les Dinos des Antipodes se passe justement au Laos (ou plutôt dans ce qui deviendrait, un jour, le Laos).

Éditeur: Eidola

lundi 13 novembre 2023

Les chats dans la pop culture (2021)

Chronique (ultra)express!

Une encyclopédie sur les chats dans la pop culture, c'est tellement une évidence pour moi que je suis étonnée qu'on ne m'ait offert ce bouquin qu'une fois. Écrit par Stéphanie Chaptal et Claire-France Thévenon, Les Chats dans la pop culture recense une multitude de films, séries et livres mettant en scène des chats, de Gros Minet à Alien en passant par des choses plus improbables, telles que Samourai Pizza Cats (oui, oui, ça a vraiment existé!). Il y a même un chapitre dédié à la science-fiction, avec une interview de L'Épaule d'Orion. J'ai adoré le lire, même si la rédaction pourrait être améliorée. Le seul problème avec ce genre de bouquin, au final, c'est que ça donne envie de regarder et de lire des tonnes de choses et que je n'ai pas le temps... 💔 J'ai toutefois ajouté une chanson des Ramones à ma playlist, ce qui était fort inattendu! 🎶

vendredi 29 septembre 2023

Mon chat, mon chien va partir (2017)

Quand on partage la vie d'un animal de compagnie, il est fort probable que la mort l'emporte avant nous, tout simplement parce que l'espérance de vie d'un humain est plus longue.


Ce décès n'est pas toujours facile à vivre et Frantz Cappé, vétérinaire, a écrit ce livre pour proposer un soutien et un accompagnement durant l'annonce de la maladie, la mort – notamment par euthanasie – et l'après, ce terrible après où on se retrouve tout seul. C'est très court et ce n'est pas forcément très profond, mais je trouve formidable que cet homme ait écrit ce livre, qu'Albin Michel l'ait publié et que quelqu'un, dans ma médiathèque, l'ait acheté. Cela me semble témoigner de la profonde évolution du rapport humain-animal dans notre société, avec des animaux de compagnie qu'on considère de plus en plus comme des membres de la famille. C'est une lecture triste, bien sûr, et ça m'a fait beaucoup de peine de le lire, mais ça fait aussi chaud au cœur de voir que quelqu'un prend la peine d'écrire sur le sujet.

Pourquoi ce livre?

En août dernier, lors de notre visite annuelle pour un contrôle et le rappel des vaccins, mon vétérinaire a repéré une masse anormale sur la gencive de mon chat et a recommandé une biopsie. Le collègue qui a effectué cette biopsie m'a dit qu'il s'agissait clairement d'une tumeur. Restait à voir laquelle. J'ai envoyé le prélèvement au laboratoire d'analyses (je vous souhaite de ne jamais mettre un tube contenant des morceaux de votre chat à la poste 😖) et l'attente a commencé. Comme je n'aime pas rester sans rien faire, je suis allée à la médiathèque et j'ai demandé s'ils avaient des livres sur le cancer chez le chat. Hélas, il n'y en avait pas; mais j'ai découvert l'existence d'un rayon chats, je l'ai parcouru et je suis tombée sur ce livre, qui s'est imposé comme une évidence.

Une dizaine de jours plus tard, quand j'en avais lu la moitié environ, mon vétérinaire a reçu les résultats de la biopsie: la tumeur était un carcinome dermatoïde, il était infiltrant et il avait déjà pris l'os. L'option chirurgicale simple, consistant à retirer la tumeur, un peu d'os et une dent, était exclue. Il fallait partir sur l'ablation de la moitié de la mandibule. Mais avant, il fallait vérifier l'étendue exacte du cancer; car s'il débordait déjà sur la moitié gauche de la mandibule, même l'ablation de la moitié droite ne servirait à rien. J'ai pris rendez-vous pour un scanner et j'ai lu la deuxième moitié de ce livre dans un état d'esprit encore plus perturbé que la première, mais bizarrement j'ai moins pleuré – sans doute parce que c'est la partie sur l'euthanasie que j'ai trouvée la plus dure et que je l'avais déjà lue.

Depuis, l'opération a eu lieu avec succès, avec même une ablation seulement partielle, car la tumeur était vraiment bien localisée. Ma petite Reloue a perdu environ 25% de sa mandibule et non 50, ce qui est toujours ça de gagné, et elle s'est remise à une vitesse que j'ai trouvée ahurissante. Je suis plus heureuse que jamais de l'avoir dans ma vie et je la regarde avec encore plus d'émerveillement qu'avant. 🥰🥰🥰

jeudi 6 avril 2023

Les BD du premier trimestre 2023

Comme d'habitude, retour sur les bandes dessinées lues au cours du dernier trimestre.

Le droit du sol d’Étienne Davodeau (2021)

Étienne Davodeau raconte ici la marche de 800 km qu’il a effectuée depuis le site préhistorique de Pech Merle jusqu’à Bure, ville désignée pour accueillir un important site de stockage des déchets nucléaires. Le propos est militant: l’auteur est opposé à ce projet et au nucléaire en général, il explique pourquoi et il donne la parole à des experts de différents aspects de la question pour étayer son propos. C’est très intéressant en soi, mais j’aurai tout aussi bien pu lire un article; le fait que le support soit une bande dessinée n’apporte pas grand-chose sur ce point. En revanche, les dessins sont beaux et Davodeau nous dit aussi quelque chose sur la marche en solitaire et les rencontres qu’elle occasionne. Malgré cela, je n’ai pas retrouvé l’enthousiasme et l’humanité que j’avais tant appréciés dans Les Ignorants, qui m’avait donné du courage pour mener ma vie d’une manière plus cohérente avec mes valeurs.
Éditeur: Futuropolis (qui, comme l’auteur, a bien du courage à publier cette BD si ce qu’elle dit sur la répression de l’opposition au projet est vrai…)

Poltron Minet. La voie Romane de Mayen (scénario) et Madd (dessins et couleurs) (2023)

Un premier tome prometteur sur les aventures d’un chaton qui se retrouve tout seul dans la maison de vacances de ses humains, qui sont repartis sans lui parce qu’il était introuvable au moment du départ. Le petit chat va découvrir que la forêt est peuplée d’animaux qui parlent et portent des habits, et il va tout faire pour essayer de retrouver sa famille humaine. Bien que quelques cases ne s’enchaînent pas extraordinairement bien, cette bande dessinée est charmante et ultra mignonne (surtout les hérissons, qui sont les rejetés de la communauté animale et qui fendent le cœur 😭) et j’ai passé un bon moment. J’espère me souvenir de lire la suite quand elle sortira.
Éditeur: Dupuis

La Femme corneille de Camille Royer (dessin et couleurs) et Geoffrey Le Guilcher (2023)

Une bande dessinée génialissime découverte chez le Chien critique (merciiiiiii). Avec Marie-Lan, jeune joueuse de Pokémon Go, on va à la rencontre des corneilles du Jardin des plantes, pour en savoir plus sur leur intelligence impressionnante et leur vie sociale mouvementée. Je n’ai pas aimé le dessin, mais le contenu était un vrai régal. Je vais désormais guetter les corneilles partout où je vais.
Éditeur: Futuropolis

Neko Damari. Nid de chats de Goumoto, traduit du japonais par Yoan Giraud (2018)

Le premier tome de l’énième manga sur les chats, plus précisément sur une fille et ses trois chats. Rien de bien marquant. Il faut que j’arrête de lire les bouquins avec des chats par pur principe. 😂
Éditeur: Ototo

mardi 10 janvier 2023

Les BD du quatrième trimestre 2022

Comme d'habitude, petit point trimestriel sur mes lectures de bandes dessinées.

Dinosaur Philosophy de Dinoandcomics (2022)

Le compte Dinoandcomics, qui partage des strips de dinosaures aux prises avec la vie, a fait son arrivée en version papier. J’aime beaucoup ces dinosaures hypersensibles et débordés par le comportement irrationnel et incompréhensible de leur cerveau et je me suis bien retrouvée dans de nombreuses histoires. Il y a aussi eu un Dinosaur Therapy, que j’aimerais beaucoup lire. Jettez-y un œil si vous ne comprenez pas bien les relations humaines, entre autres choses. 😅
Éditeur VO: HarperCollins

Nous vivons chez nos chats d’Eloisa Scichilone (2019)

Eloisa Scichilone ayant sorti une nouvelle BD, j’ai voulu relire cette histoire de chats, que j’ai beaucoup, beaucoup aimée il y a trois ans. C’est une vraie merveille de douceur et de sourires, avec des chats banalement extraordinaires – extraordinaires à la manière de tous les chats, quoi. Je répète mon avertissement de l’époque à l’attention des âmes sensibles: c’est très, très émouvant. J’ai profité d’une soirée seule pour pleurer tout mon saoul. Il paraît que pleurer est un mécanisme de décharge émotionnelle, alors je vis ça mieux, maintenant.
Éditeur: MARAbulles

Avant de partir de Mi-Jin Jung et Ja-Seon Gu (2019)

Dans la foulée, j’ai aussi relu cette petite pépite, dont je gardais un souvenir déchirant – autant profiter de la décharge émotionnelle jusqu’au bout. Quel crève-cœur. Quel crève-cœur. Merci aux artistes qui parviennent à tirer quelque chose de beau, et en quelque sorte de réconfortant, de ces choses qui sont tout l’inverse.
Éditeur: Sarbacane

La vie d’adulte de Sophie Adriansen (scénario) et Eloisa Scichilone et Mauro Gandini (dessin) (2022)

La nouvelle BD d’Eloisa Scichilone ne m’a pas autant touchée que Nous vivons chez nos chats – et pas seulement parce qu’il n’y a pas "chat" dans le titre, je tiens à le préciser pour les petits facétieux que je vois au fond de la salle, là. 😼 Cette histoire d’une trentenaire, qui, après une opération risquée, lâche sa vie pratiquement du jour au lendemain et se casse à Rome chercher le sens de la vie, m’a semblé relativement convenue. [Divulgâcheur] Oui, bien sûr, elle trouve l’amour et change de métier pour renouer avec sa créativité refoulée, cela va sans dire. [Fin du divulgâcheur.] Restent toutefois les dessins et surtout les couleurs absolument stupéfiantes du couple au dessin. C’est une vraie merveille et cela donne un certain cafard de l’Italie.
Éditeur: First

Daytripper de Fábio Moon et Gabriel Bá (2010)

En dix jours et dix épisodes, ce comics explore les évolutions possibles de la vie d’un Brésilien à différents âges. Que lui arrive-t-il en ce jour où il a 52 ans, que lui arrive-t-il en ce jour où il a 7 ans...? Dix destins on ne peut plus différents, avec toutefois le point commun de la relation au père, à l’amour, à la paternité et à l’écriture. C’est très beau visuellement et j’ai apprécié qu’on me parle du quotidien, avec des intérieurs chaleureux par exemple. Mais je n’ai pas tout saisi au message, et le fait que la transmission familiale y tienne un rôle central m’a quelque peu rebutée. Je suis sortie de là en m’imaginant sur mon lit de mort, seule (parce que je n'ai pas de famille et que je n'aurai pas eu d'enfant), hantée par mes échecs (parce que je n'aurai rien accompli dans ma vie) et mal soignée par-dessus le marché (parce qu'il est très probable que je sois une retraitée non seulement tardive, mais surtout pauvre). L’inverse de l’effet escompté, en somme… 😅
Éditeur VO: Vertigo

vendredi 11 novembre 2022

Philosophie féline (2020)

Chronique express!


Une couverture félinopensive réalisée par…
eh bien, on ne sait pas, ce n’est écrit nulle part dans le bouquin,
ni sur le site de l’éditeur.
🤪

John Gray, philosophe et enseignant anglais, propose dans Philosophie féline. Les chats et le sens de l'existence de passer en revue quelques notions bien humaines à travers le prisme de l’expérience féline. Le bonheur, l’éthique, la mort… Qu’en pensent les chats, que nous apprennent-ils et qu’en ont pensé les philosophes au cours de l’histoire? Pour une amatrice de chats, le pitch est alléchant, d’autant que j’adorais la philo quand j’étais au lycée (souvenez-vous, j’ai même essayé de m’y remettre il y a quelques années: ici, ici et ici…).

Deux problèmes se sont toutefois posés pour moi. Premièrement, j’ai le cerveau en difficulté après plusieurs années de labeur intense, j'ai lu ce bouquin durant une période de fatigue particulière et j’ai du mal à manipuler des idées; quand j’arrive à la fin d’un chapitre, je suis incapable de résumer ce qui y a été dit (à moins qu’on ne parle d’une notion que je connaissais déjà, comme le pari de Pascal… 😅). Donc, j’ai trouvé ça intéressant sur le coup, mais je n’en tire aucune connaissance sur le long terme. 🙄 (Ce problème vient bien sûr de moi et non de l’ouvrage, hein.) Deuxièmement, l’idée même de comparer le comportement de l’humain à celui du chat me semble absurde. L’auteur rappelle d’ailleurs que le chat, comme tout animal non humain, n’est PAS capable de concevoir des idées abstraites. Donc, dire que l’humain devrait faire comme le chat et profiter de l’instant présent sans se laisser obnubiler par l’angoisse de sa propre mort, ça me laisse perplexe. 🤔 Mais bon, c’était quand même chouette de me hisser temporairement dans le monde des idées, de réfléchir à la morale et à la quête de sens et de voir ce que certains philosophes ont raconté au fil des siècles; et la traduction française, assurée par Fanny Quément, est ciselée à la perfection, avec beaucoup de précision, c’est un régal. On félicite d’ailleurs la maison d’édition, Gaïa, qui indique le nom de la traductrice en couverture! 💪💪💪💪

vendredi 7 octobre 2022

Les BD du troisième trimestre 2022

Ce dernier trimestre a été très léger niveau BD. Heureusement, il marque le retour des chats après leur terrible absence au deuxième trimestre! 😻

Les dossiers de Hellblazer – Pandémonium de Jamie Delano (scénario) et Jock (dessin), traduit de l’anglais par Philippe Touboul (2010)

Dans ce deuxième volume des Dossiers de Hellblazer, une histoire sortie à l’occasion des 25 ans du personnage, notre bon vieux John Constantine se retrouve embarqué en Iraq par les services secrets britanniques, confrontés à un prisonnier dont les pouvoirs les dépassent. Je n’ai pas aimé le dessin de Jock, et ne pas aimer le dessin d’une œuvre est toujours un problème en BD, mais j’ai trouvé cette histoire très réussie. C’est une belle modernisation du personnage. On est loin du punk désabusé des débuts, qui errait dans les rues de Londres à l’époque de Tatcher, mais Jamie Delano, qui a justement scénarisé les débuts de Hellblazer, est resté fidèle à l’esprit du comics et le résultat est à la hauteur. Ça faisait un certain temps que je n’avais pas pensé à l’Iraq et j’ai trouvé qu’il capturait bien la merde noire que connaît ce pays. Et il y a des démons, ce qui est primordial, et John a la langue bien pendue.

Ce volume comprend aussi l’épisode 181, scénarisé par Mike Carey et également dessiné par Jock. Je comprends l’intérêt d’ajouter à l’histoire des 25 ans l’épisode dessiné par le même artiste, mais comme les épisodes scénarisés par Mike Carey forment une longue histoire complète et que cet épisode est en plein milieu de l’intrigue, il tombe un peu comme un cheveu sur la soupe si on le lit en solo. 🤔

Éditeur: Urban Comics

Moi, Tsushima de Opû No Kyôdai, traduit du japonais par (l’excellente) Miyako Slocombe (2018)

Un manga au dessin étrange, un peu brouillon et grotesque, avec un humour moqueur pas toujours à mon goût. L’histoire est quant à elle bien peu originale: on suit les petites péripéties du gros chat Tsushima, de la vieille dame chez laquelle il vit et de quelques autres chats également installés là. J’ai d’abord peiné à rentrer dedans, car je trouvais le ton trop mesquin; certes, l’image du chat méprisant est un classique et c’est ce qu’on adore chez les chats, mais là, je ne sais pas, je trouvais que ça allait loin dans la moquerie de cette vieille dame qui se mettait en quatre pour ses chats. Mais les chats sont bien croqués et l’inévitable thème du décès d’un animal domestique m’a fait pleurer, alors ce manga a aussi su me toucher

Éditeur: Le Lézard noir

Elle et son chat de Makoto Shinkai (scénario) et Tsubasa Yamaguchi (dessin), traduit du japonais par Claire Olivier (2016)

L’adaptation papier du court-métrage homonyme de Makoto Shinkai, brillant réalisateur du non moins brillant Your Name, m’a laissé sur ma faim. Je n’ai pas saisi tous les implicites – et comme tout est implicite… 😅 C’est l’histoire d’une jeune femme solitaire, probablement en dépression, vue par son chat qui l’adore. C’est touchant, mais un peu trop nébuleux pour moi. Je recommande le court métrage, toutefois; c’est très élémentaire, mais on devine déjà la patte du réalisateur.

Éditeur: Pika Édition