Chronique express!
En 2016, Bérengère Viennot, journaliste et traductrice, a été confrontée de près à une sacrée difficulté: traduire Donald Trump, nouvellement élu à la présidence des États-Unis. Après un rappel fort concis et clair sur ce qu’est une traduction – nous restituons un message, pas des mots –, elle explique dans ce court essai comment elle a dû faire évoluer sa pratique dans le cas de Trump.
En général, en effet, le traducteur est censé "réparer" le discours du locuteur d’origine si celui-ci commet des erreurs. Par exemple, si vous traduisez un roman dans lequel un personnage habillé en vert est soudain en bleu, vous rétablissez la couleur verte de sa tenue (à moins que ce changement de couleur ne soit délibéré, bien sûr). Autre exemple: si vous traduisez quelqu’un qui n’a pas beaucoup de vocabulaire, vous trouvez des synonymes pour éviter les répétitions.
Or, chez Trump… Eh bien, sa manière de s’exprimer fait
partie intégrante du personnage et de son message, donc, vous devez vous
exprimer comme lui. À partir de là, Bérengère Viennot aborde plusieurs points
caractéristiques de la communication de Trump: les phrases sans queue ni
tête, la déformation de la réalité, l’usage massif de Twitter, l’égo, la haine
des journaux… C’est passionnant et ça se lit tout seul, c’est vraiment à mettre
entre toutes les mains – même si, bon, quand elle cite Trump pendant plus de
quatre lignes, ça donne un peu mal à la tête d’essayer de comprendre ce qu’il
raconte. Ça manque un peu de complotisme, mais l’essai est paru en janvier
2019, donc bien avant le délire de Trump sur la prétendue fraude électorale qui
lui aurait coûté sa réélection.
Bref: un document d’actualité à lire sans hésiter, et
en serrant les doigts pour que le délire ne recommence pas en 2024. 🙃🙃
Ce doit être une lecture particulièrement passionnante quand on est traductrice !
RépondreSupprimer@Tigger Lilly: Oui, c'est super de voir une consœur s'exprimer! En plus, je me dis que j'ai de la chance de ne pas traduire Trump, ahah!
Supprimer"sa manière de s’exprimer fait partie intégrante du personnage et de son message" : ça ne vaut pas pour tout le monde ça ? Je t'avoue que le fait d'embellir un texte ("vous trouvez des synonymes pour éviter les répétitions"), peu importe la personne, ça me parait bizarre.
RépondreSupprimerEn tout cas c'est intéressant comme réflexion.
@Baroona: "ça ne vaut pas pour tout le monde ça ?" --> Si, j'aurais dû écrire "sa manière de **mal** s'exprimer" 🤣🤣
SupprimerAh oui on est beaucoup plus présent sur une traduction qu'on ne peut le penser. Si tu sors un texte pauvre, ton client n'est pas content, il te demande de refaire et il ne te donne pas detravail la prochaine fois, ou alors le public dit que c'est le traducteur qui a fait n'importe quoi, sans songer que l'auteur est peut-être bien limité...
Ca ne donne pas envie de traduire Trump en tout cas, je la plains !
RépondreSupprimer@Shaya: Tout à fait, je suis ravie de ne pas être amenée à traduire ce genre de chose!
SupprimerJe ne connaissais pas cette journaliste,cet ouvrage est intéressant,et j’avais entendu dire que Trump avait un vocabulaire assez limité.
RépondreSupprimerLe traduire n’a pas du être aisé ,reconstituer un squelette de phrase.. C’est vrai ce que vous dites,le traducteur est un passeur de message,il doit rendre l’auteur accessible tout en restant discret.
On s’en prend souvent au traducteur mais le premier lecteur minutieux et attentif est bien ..le traducteur.
@Anonyme: "j’avais entendu dire que Trump avait un vocabulaire assez limité" --> Oui tout à fait, elle en parle. Il tourne beaucoup sur des mots simples qui manquent de précision, comme son célèbre "great" qui veut tout dire et rien dire à la fois. ^^
SupprimerEt oui, le traducteur a une lecture extrêmement attentive du texte qu'il doit traduire, il doit vraiment prêter attention au moindre mot!
Traduire Trump, quelle horreur ! Le lire, c'est déjà pénible, alors...
RépondreSupprimer@Xapur: Tout à fait XD
SupprimerAh c'est intéressant, je ne savais pas que les traducteurs pouvaient embellir ou corriger l'auteur... Enfin, cet essai sur Trump a l'air passionnant!
RépondreSupprimer@Grominou: Et oui, nous faisons aussi un travail de relecture en quelque sorte. 😁 Toute la subtilité consiste à voir quand il faut corriger, car il s'agit d'une erreur manifeste qui a échappé à l'auteur ou d'un manque stylistique que l'éditeur ou le client n'acceptera pas dans la traduction, et quand il faut rendre l'erreur ou l'énormité car elle est fait partie du message...
SupprimerC'est intéressant ces questions de traduction en effet (et ça ne doit pas être très facile de traduire les propos de ce genre de personnage)
RépondreSupprimer@Vert: Bérengère Viennot cite même un article du Monde où ils avaient précisé que les erreurs de syntaxe faisaient partie de l'original, tellement le truc était décousu 😂
SupprimerMerci pour cette découverte fort intéressante je n'en doute pas!
RépondreSupprimer@Yuyine: Intéressante et un peu déroutante aussi, disons 😄
SupprimerLe travail de traduction est sans aucun doute passionnant et avec Trump, sans doute un risque.
RépondreSupprimerMême si tu dis que c'est un livre à mettre entre toutes les mains, Trump me débecte trop pour consacrer du temps à un livre sur lui. :p
@Ite: Heureusement, ça se lit très vite, on ne passe pas trop de temps avec lui 🤣
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