dimanche 29 septembre 2013

Anne Rice en dédicace

Vendredi 20 septembre, la Fnac de Paris Saint Lazare recevait Anne Rice, la grande écrivain américaine, pour une rencontre suivie d'une dédicace. Son avant-dernier livre, Le don du loup, vient en effet de sortir en France. Un événement majeur pour moi qui vénère cette auteure depuis mes quatorze ans!


Ce fut un vrai plaisir que de la voir en vrai et de constater qu'elle a bien l'air aussi sympa en vrai que dans ses vidéos. Et modeste. Je crois que c'est ça qui m'a le plus marquée. Elle regardait la salle pendant que son interprète traduisait ses réponses en français et elle avait l'air tellement émue et touchée qu'il y ait des gens! Alors qu'elle a sorti Entretien avec un vampire en 1976 et que ça fait donc... 37 ans qu'elle est connue!

Les questions étaient relativement superficielles et, parfois, absolument évidentes (il y a encore des gens qui lui demandent si elle se retrouve dans la quête spirituelle de ses personnages. J'vous jure! C'est une des choses les plus flagrantes dans sa bibliographie, que la quête de ses personnages est précisément la sienne...). Mais bon, j'imagine qu'on ne peut pas creuser très loin en une heure et que tout le monde n'a pas lu dix-sept livres d'Anne Rice. ;) Et c'est un tel plaisir de l'écouter parler: cette femme est juste merveilleuse. Elle a tellement dépassé un certain nombre de conventions sociales, elle a tellement accepté ce qu'elle est sans le revendiquer outre-mesure comme si elle était mieux que les autres. À l'heure actuelle, Anne Rice est pour moi un vrai role-model, limite une figure maternelle tellement je l'aime -- j'ai faille me mettre à pleurer dans l'escalator de la Fnac quand j'ai réalisé qu'elle était quelques marches devant moi...

vendredi 27 septembre 2013

Jane Eyre (1847)

Jane Eyre de Charlotte Brontë est un des grands classiques de la littérature britannique. Je l'ai découvert en première année de fac dans le cadre d'une étude du genre dans la littérature du XIXème. C'est un livre que j'ai adoré et que j'ai relu avec plaisir plusieurs années plus tard, puis avec encore plus de plaisir cette fois-ci.


Pourquoi?

Ce livre a pour moi plusieurs atouts. D'abord, l'écriture de Charlotte Brontë. C'est un style très agréable, à la fois clair et élégant, et qui a un tout petit côté désuet qui permet de remonter le temps et de se plonger dans l'époque de l'action. Même son utilisation un peu déroutante des points virgule et des deux points est merveilleuse. Ensuite, l'ambiance: l'action se situe dans des coins assez perdus d'Angleterre, où il fait froid et sombre et où il vente à longueur de journée et de nuit. Tout ce que j'adore. On se promène d'un bon pas avant de rentrer se réchauffer au coin du feu avec une tasse de thé...

Mais encore plus que cela, c'est le message du livre qui me touche et me réconforte et qui fait que je l'adore. Car, à sa manière, Jane Eyre est un livre féministe dans lequel l'héroïne revendique sa liberté de penser et de décider et tient tête aux hommes quand il le faut. Évidemment, elle n'ira pas voter et la liberté sexuelle est encore loin, mais c'est tellement agréable de voir une héroïne qui utilise son cerveau et qui sait ce qu'elle veut, qui est capable de renoncer aux solutions de facilité pour faire ce qui est juste. Sous certains aspects, Jane est bien plus moderne que les jeunes femmes écervelées des comédies romantiques actuelles!

Enfin, ce que j'aime chez ce personnage, c'est qu'elle estime les gens qui méritent son estime et voit clair dans le jeu des autres. Elle accorde de la valeur à la modestie, la volonté de bien faire, le sens du sacrifice, et fuit l'hypocrisie, la cruauté et la superficialité. Logique, me direz-vous? Certes. Mais je fais partie de ces gens qui redécouvrent au quotidien à quel point la vie est injuste et qui ont envie de vomir en voyant que les gens les plus paresseux sont parfois les plus gâtés -- juste parce qu'ils viennent d'une famille aisée ou ont une chance de cocu --, que les gens qui en font le moins sont aussi ceux qui se plaignent le plus d'être débordés et revendiquent le plus de "mérite", que les gens qui ont des manques affectifs complètement pathologiques passent leur temps à extirper l'énergie des autres pour se rassurer, etc etc. Et des gens comme ça, il y en a dans Jane Eyre. Mais Jane les voit tels qu'ils sont et les plaint d'être si petits et malheureux, et quand je les vois à travers ses yeux je les vois comme elle au lieu d'être complètement effarée. Et franchement, ça fait du bien!

mercredi 25 septembre 2013

UGC Culte: Kubrick (puissance quatre)

Du 11 au 17 septembre, les cinémas UGC ont organisé une Rétrospective Stanley Kubrick en diffusant huit de ses films et le documentaire Room 237. Une bonne occasion de parfaire ma connaissance de ce réalisateur dont je connaissais seulement Orange mécanique, Spartacus et 2001.

Shining (The Shining) (1980): Flippant. Mémorable. Et mémorable justement parce que flippant! Un film maîtrisé de A à Z, une ambiance complètement figée, une musique terrifiante, un acteur simplement énorme (Jack Nickolson) et un autre limite encore plus flippant (l'enfant Danny avec son doigt qui parle). La scène pendant laquelle la mère feuillette le prétendu livre de son mari et découvre la vérité est un des moments les plus angoissants que j'aie jamais vécus au cinéma. Ce n'est pas mon genre de film, mais c'est à mes yeux le meilleur film de Kubrick. À revoir absolument, mais à tête reposée, pour tenter de le décortiquer.



Full Metal Jacket (1987): Un film de guerre. Je n'ai vraiment que ça à dire. Autant la première partie, pendant laquelle un groupe de marines est entraîné aux États-Unis, a un côté assez amusant (bien qu'elle se termine fort mal) et est prenante, autant la deuxième partie m'a peu intéressée. J'attendais patiemment d'être bluffée par la mise en scène léchée de Kubrick, mais j'ai été déçue. Le message ne m'a pas non plus semblé très percutant dans la mesure où Apocalypse Now était déjà passé par là plusieurs années plus tôt. Mais, au moins, je sais désormais ce que signifie le titre!


Barry Lyndon (1975): Un film historique sur les péripéties d'un jeune Irlandais exilé sur le continent. Il me semble que c'est le plus "humain" des films de ce réalisateur: il insiste plus que dans les autres sur le ressenti des personnages. Vraiment très beau visuellement et doté d'une musique superbe. Envie de rentrer en Irlande et de monter à cheval en Irlande et d'y rester...


Docteur Folamour (Dr Strangelove) (1964): Une comédie qui sent bon la Guerre froide. Un gradé américain un peu parano donne l'ordre à certains avions d'aller larguer leurs têtes nucléaires sur l'URSS. Le président et ses aides arriveront-ils à les arrêter à temps? Malheureusement, le film n'est pas aussi drôle que je m'y attendais et j'ai été un peu déçue. C'est surtout le dernier tiers et l'intervention du docteur Folamour qui sont comiques (et qui m'ont fait découvrir une référence de Young Frankestein de Mel Brooks que je n'avais pas comprise jusque là). C'est néanmoins le film de Kubrick que je reverrais le plus volontiers si j'en avais l'occasion.


J'aurais aimé voir également Room 237, mais mon cinéma l'a programmé en même temps que Shining, alors c'était compliqué; et j'aurais aimé découvrir Eyes wide shut parce que je trouve ce titre superbe et parce que j'aime Tom et Nicole. Mais bon voilà on ne peut pas tout avoir, parfois j'ai aussi une vie sociale, et quatre films du même réalisateur en une semaine, avec deux autres séances pour d'autres raisons, c'était déjà pas mal!

lundi 23 septembre 2013

UGC Culte: Taxi Driver (1976)

Premier ratage pour cette superbe initiative cinématographique qu'est UGC Culte: Taxi Driver de Martin Scorsese ne m'a guère captivée!

Ce film très lent et un peu planant suit le quotidien de Travis Bickle, un ancien marine insomniaque et taciturne désormais chauffeur de taxi. Au gré de ses courses dans une ville de New York fort peu reluisante, il tombe plus ou moins amoureux d'une jolie blonde qui travaille dans l'équipe d'un candidat à l'élection présidentielle. Mais leur deuxième rendez-vous tourne mal, la belle n'appréciant pas outre-mesure qu'il l'emmène voir un film porno au cinéma... (En même temps.......) Travis entreprend donc de s'équiper de plusieurs armes à feu, de faire du sport et de sauver Iris,une jeune prostituée, elle aussi blonde, qu'il a repérée pendant ses courses nocturnes. Et, SURTOUT, il s'entraîne à dire "YOU TALKING TO ME?"


Et ouais, en effet, c'est de là que vient cette réplique culte (c'est le cas de le dire). Et je dois dire que ça valait la peine de voir le film juste pour ça. Et aussi pour découvrir que Robert de Niro, quand il était jeune, jouait nettement mieux que maintenant. Je crains de l'avoir découvert alors qu'il commençait à auto-parodier son jeu en le poussant à l'extrême et que cela explique que je n'aime pas du tout cet acteur...

Ca valait aussi le coup de voir le film pour découvrir que Jodie Foster jouait dedans. Elle avait 14 ans à l'époque.


Ouais. Difficile à reconnaître (j'avais déjà eu du mal pour de Niro, mais là il m'a vraiment fallu de longues minutes pour réaliser que c'était elle). Ce rôle lui a valu d'être nominée à l'Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle. À quatorze ans, donc. Le genre de personne avec qui il ne faut pas trop se comparer si on ne veut pas tomber dans la dépression. :p


Au final, bien que je n'aie pas aimé le film en tant que tel, c'était une belle découverte du point de vue acteurs. Pas sûre que j'aie tellement envie de creuser la filmographie de Scorsese, en revanche...

samedi 21 septembre 2013

Le boucher (2012)

"On m'a déjà donné de nombreux noms. Le faiseur de veuves. Le démon cornu. L'épée de feu. Les Koushites m'appelaient Unga'ular, le danseur rouge. Je suis Rekk le boucher. Et je fais toujours la différence."

J'ai découvert Olivier Gay l'année dernière avec Les talons hauts rapprochent les filles du ciel, un bon petit policier avec lequel j'ai passé un très bon moment et que j'ai pu faire dédicacer au Salon du Livre. Je guettais donc avec intérêt ses débuts en fantasy. Et franchement ça faisait longtemps que je ne me prenais pas autant au jeu en lisant un livre de fantasy – probablement depuis que j'ai découvert Michel Robert il y a deux ans!



Le Boucher, c'est Rekk, un homme à la réputation sanguinaire revenu dans la capitale de l'Empire après vingt ou trente ans d'absence pour trouver (et découper en morceaux) l'assassin de sa fille Deria. Accompagné de Mahlin et Shani, un jeune garde et une jeune servante amis de sa fille, il va tenter de mener son enquête tout en déjouant des tentatives de meurtre. Car certains souhaitent visiblement étouffer cette affaire...

J'ai fait le plein de sensiblement tout ce que j'aime avec ce Boucher violent et sanguinaire, une vraie bête sauvage lâchée dans la société policée de la capitale. J'adore ce genre de héros! La petite biographie en fin de volume indique qu'Olivier Gay admire David Gemmell et G. R. R. Martin et je dois dire que la gemmellienne que je suis a bien trouvé son compte ici. J'ai même cru reconnaître deux petits hommages à cet écrivain (le prénom du Boucher et la phrase discrète "Deria lui parlait de Felya le double-lame, qui avait traversé le monde entier et jusqu'aux enfers à la recherche de sa femme enlevée par des esclavagistes"...).

Malgré quelques répétitions (et deux-trois fautes d'orthographe qui m'ont fait grincer des dents), j'ai beaucoup apprécié le style direct et fluide de ce livre. Je pense que l'auteur a bien travaillé depuis Les talons hauts et a su gommer les petites maladresses stylistiques que j'y avais trouvées. C'est sobre et efficace et ça va droit au but. Et l'intrigue est prenante et bien rythmée, on ne s'ennuie pas une seconde. J'ai juste quelques réserves à propos des deux héros, Malhin et Shani, un peu trop gentiment archétypaux à mon goût, mais les autres personnages compensent plus que largement (y compris ceux qu'on a juste envie d'étrangler pour leur apprendre une bonne leçon, hihihi!!!).

J'AI JUSTE TROP HÂTE DE LIRE LA SUITE. Car oui, malheureusement, ce boucher se termine sur les diaboliques mots "Fin du Tome 1"... :(

Par contre, je ne m'explique pas plus la couverture maintenant que j'ai bouclé le livre qu'avant. Est-ce que quelqu'un a compris??

Allez donc voir ailleurs si ce livre y est!

Olivier Gay, Le boucher
Éditions Midgard, 16,50€, 580 pages

jeudi 19 septembre 2013

Lune de miel (2010)

Chronique express!


Cavanna reste fidèle à lui-même dans cette Lune de miel dont le ton est donné d'emblée:

Les médecins neurologues donnent plaisamment le nom de "lune de miel" à une période pendant laquelle les symptômes de la maladie de Parkinson s'atténuent au point de laisser croire à une guérison, avant de reprendre avec une implacable violence.

C'est mordant, c'est drôle, c'est révoltant, c'est triste. C'est Cavanna, quoi, et il n'a rien perdu de son envie de vivre et de son énergie avec l'âge – même si Les Russkoffs reste pour moi son meilleur livre. Mais avec Miss Parkinson qui ricane doucement dans son coin et les derniers chapitres consacrés à la fin du magazine Hara Kiri, c'est aussi assez sombre et j'en ai retenu une certaine amertume... L'impression que le courage et la bonté ne sont pas récompensés et que les petits malins sont souvent ceux qui s'en sortent le mieux. L'impression que Cavanna, comme moi, retombe des nues à chaque fois qu'il redécouvre cette triste réalité. Mais il ne regrette pas et il le dit et son livre est génial, comme toujours. Je crois que c'est le seul vrai Grand Écrivain français d'après la guerre et je ne peux que vous conseiller de le lire!

François Cavanna, Lune de miel
Folio, 7,20€, 336 pages

mardi 17 septembre 2013

Top Ten Tuesday (29)

Le Top Ten Tuesday est un rendez-vous hebdomadaire de la blogosphère littéraire. Initialement créé par The Broke and the Bookish, il a été repris en français par Iani.


Le thème de cette semaine:
Les 10 livres à lire cet automne

Tout d'abord, une précieuse mini-PAL orientée fantastique/horreur pour profiter des longues soirées pluvieuses:



1/ Un recueil de Contes fantastiques de Maupassant. Acheté il y a des lustres pour la fac, jamais relu depuis. J'ai envie de le relire depuis fort longtemps, mais j'attendais l'automne.

2/ The Haunter of the Ring & Other Tales de Robert E. Howard. Un recueil de nouvelles "of Lovecraftian horror" (dixit la quatrième de couverture). Ce sera ma première lecture de cet auteur en dehors de ses écrits concernant deux de ses personnages mythiques, Conan et Solomon Kane.

3/ Scottish ghost stories, un recueil d'histoires de fantômes écrites par des Écossais. Les seuls écrivains représentés que je connais sont Walter Scott et Robert Louis Stevenson.

4/ The Last Hieroglyph, cinquième et avant-dernier tome des Collected fantasies of Clark Ashton Smith. Horreurs et abominations grouillent dans les contrées fantastiques d'un de mes écrivains préférés.

Ensuite, une mini-PAL plus conventionnelle de classiques à découvrir:



5/ La Cousine Bette et Le Père Goriot, deux titres de Balzac que j'ai notés en lisant je ne sais plus quel livre sur Zola, qui les aurait particulièrement appréciés.

6/ Encore du Maupassant: le recueil Clair de Lune. Il faudra juste vérifier qu'il n'y a pas trop de doublons avec les Contes fantastiques.

7/ La guerre du feu de Rosny Aîné. Trouvé d'occasion à Gibert. Pour combler une autre de mes lacunes.

8/ Un livre prêté par des amis: Mystère rue des Saint-Pères de Claude Izner. Parce que j'ai offert un livre de cet auteur à une amie il y a quelques années et que j'ai depuis envie de découvrir ses romans. Autant commencer par le début.

Pour le reste de mes lectures, on verra!

Par ailleurs, l'automne a déjà commencé depuis plusieurs jours chez moi, puisque je profite du temps pluvieux qui s'est abattu sur la région parisienne pour replonger dans Jane Eyre de Charlotte Brontë. Déjà lu deux fois, mais toujours aussi bon!



Et qu'en est-il des livres que je devais lire cet été? Ce n'est pas franchement glorieux, puisque je n'en ai lu qu'un petit tiers à peine. J'espère que le TTT d'aujourd'hui aura un taux de réussite nettement plus élevé!

samedi 14 septembre 2013

UGC Culte: Certains l'aiment chaud (1959)

Après La dolce vita et Drôle de frimousse, place à Certains l'aiment chaud, un des films les plus connus des années cinquante!


Je ne l'avais jamais vu et je savais seulement que c'était un film avec Marilyn Monroe. Ce simple fait était une raison suffisante de le voir, vu que je n'ai jamais vu le moindre film de cette actrice célébrissime. Et quelle bonne surprise! Cette comédie est vraiment drôle et n'a pas pris une ride. On pourrait le proposer au cinéma avec des acteurs de maintenant et des couleurs au lieu du noir et blanc et personne ne se rendrait compte qu'il n'a pas été écrit en 2013!


À Chicago, deux musiciens fauchés, un saxophoniste et un contrebassiste, assistent par malheur à un règlement de comptes entre mafieux. Les mafieux encore en vie les recherchant activement pour les abattre et les empêcher de témoigner, ils se déguisent en femmes et quittent la ville en rejoignant un orchestre féminin devant se produire en Floride. Ils ne tardent pas à craquer pour Sugar, la jolie chanteuse de la troupe...


Ce film vous colle vraiment un gros sourire idiot sur le visage. J'ai ri de bon cœur et en toute simplicité et la réplique de fin est mémorable. La présence de ces deux travestis m'a semblé relativement osée pour l'époque, d'autant plus que, si leur jeu a un but comique, il n'a rien de grotesque. Les hommes sont même présentés sous un jour nettement mois flatteur que les femmes, c'est dire la modernité. ;) Au final, ma seule déception a été Marilyn Monroe... Car elle n'a pas un jeu mémorable et qu'il est évident que c'est son corps qui a lui a fait avoir le rôle. Pas étonnant qu'elle se soit suicidée, avec la terre entière qui regardait ses seins et pas son visage...


Encore une fois, merci l'UGC: cette initiative consistant à repasser de vieux films est tout simplement la meilleure nouvelle de l'année 2013!

jeudi 12 septembre 2013

2061: Odyssée trois (1987)

Chronique express!


Je n'ai jamais vu ça, une suite qui reste d'une telle qualité tome après tome. Odyssée trois d'Arthur C. Clarke est juste aussi bon que 2001 et 2010. On pourrait lui reprocher de reprendre une partie de l'intrigue de son prédécesseur, puisqu'il s'agit de nouveau d'une opération de sauvetage, mais qu'importe... C'est génialissime. C'est surtout le thème de la vie dans l'espace qui me fascine, mais aussi la découverte de nouveaux mondes (ici, la comète de Halley notamment). La possibilité de visiter un endroit totalement vierge de toute influence humaine et riche de surprises. En fait, bien que les paysages n'aient rien en commun, ce livre m'a ramené à ma fascination pour Pandora, une planète tellement splendide que j'ai pleuré d'émotion la troisième fois que j'ai vu Avatar au cinéma. Hâte de lire la suite et de boucler la tétralogie... Mais je vais laisser passer un peu de temps pour faire durer le plaisir. :)

mardi 10 septembre 2013

La Guerre des mondes (2005)

Spielberg et moi, c'est une relation contrastée. Autant Jurassic Park est probablement le film qui m'a le plus influencée (avec L'histoire sans fin et Coeur de dragon), autant ses autres films me laissent un peu sceptique à cause de la trop grande sentimentalité qu'ils véhiculent (sauf Lincoln, qui m'a beaucoup plu du premier coup). Comme, en plus, on ne m'avait dit que du mal de sa Guerre des mondes, je ne m'attendais pas à un chef d'oeuvre...

... Et si le film n'en est effectivement pas un, notamment à cause d'un certain "flottement" généralisé au début, comme si personne ne croyait à son rôle, d'une image de synthèse parfois brouillonne et d'une musique un peu fade, je dois dire que c'est une adaptation réussie et fidèle de La Guerre des mondes de H. G. Wells.


Ce film est d'ailleurs un bon exemple de combien il est compliqué de juger l'adaptation d'un livre. Je m'explique: le livre se passe à Londres à la fin du XIXème et met en scène un homme seul, tandis que le film se passe aux États-Unis à notre époque et met en scène un homme – Tom Cruise – responsable de la vie de ses deux enfants. On pourrait donc penser que c'est mal parti pour être fidèle à l'original.

Malgré cela, j'estime que cette adaptation est une réussite parce que les éléments et le ton du livre sont là: le passage de la curiosité face aux extra-terrestres à la panique, la fuite, la foule incontrôlable, la peur animale, le raisonnement résistance/peur du mec planqué dans la cave et même la chute toute bête que je craignais de voir disparaître au profit de l'intervention d'un héros balèze venu sauver l'humanité.

Je vous avais dit que le livre m'avait beaucoup marquée à cause de la panique des foules et de la dislocation de l'ordre social. Cet élément est très bien rendu dans le film et j'ai franchement été prise à la gorge pendant les scènes se passant autour du ferry.

Je sais que ce que je vais vous dire n'est pas très vendeur... Mais ce passage m'a furieusement fait penser à Titanic. Je garde une grande tendresse pour ce film malgré ses indéniables défauts, et je trouve notamment que James Cameron a bien mis en scène ce même procédé de dislocation – je dirais même de déglinguement si seulement ce mot existait. D'ailleurs, la progression est à peu près la même dans Titanic et La Guerre des mondes: la première réaction face au désastre est une simple curiosité ou une faible protestation parce que, quand même, ce n'est pas pratique de mettre des fichus gilets de sauvetage; puis viennent la réalisation du danger et la terreur qui l'accompagne; puis fait irruption la panique pure, la lutte irrationnelle pour la survie.

D'autres passages m'ont marquée et m'ont semblé, à leur manière, très durs. Je pense au moment où le personnage de Tom Cruise se nettoie de toute la poussière qui le recouvre (poussière qui ne vient pas seulement des bâtiments détruits, mais aussi des gens tués autour de lui), au moment où il comprend pourquoi les plantes extra-terrestres sont rouges, et surtout au moment où il bande les yeux de sa fille et s'enferme dans la cave avec le mec cité plus haut... Cette scène-ci est, dans les faits, abominable, mais elle est présentée avec une grande pudeur, un peu comme l'entrée dans le camp allemand dans Cheval de guerre. Il y a une grande différence entre montrer la violence physique et transmettre l'idée de la violence et je crois que Spielberg sait très bien faire les deux.


Enfin, la performance de Dakota Fanning, qui avait dix ou onze ans au moment du tournage, est vraiment très marquante. Dommage qu'une actrice aussi prometteuse ait ensuite atterri dans cette daube intergalactique qu'est Twilight!

Tom Cruise ne joue pas forcément son meilleur rôle, mais c'est agréable de le voir dépassé par les événements et ne pas être un surhomme mais juste un gars normal. Je suis de toute manière très friande de cet acteur, donc je ne suis peut-être pas hyper objective.

Au final, cette Guerre des mondes n'a pas été un coup de cœur incontrôlable, mais je lui ai trouvé beaucoup de bons côtés et je pense que c'est un film de SF tout à fait valable, dans la mesure où il a avant tout pour objectif de faire réfléchir le spectateur et de le sortir de son petit confort. (Il me semble que la SF ne se résume pas purement à la présence d'extra-terrestres et de gadgets futuristes, mais nécessite aussi une certaine réflexion sur ce que nous sommes et où nous allons.) Je me serais bien passée des éléments critiqués en début de billet et des passages sentimentaux typiquement spielbergiens... On ne bat quand même pas le record de niaiserie de la fin de Cheval de guerre, mais on sent qu'il avait envie d'en approcher, lol.

dimanche 8 septembre 2013

Pèlerinage littéraire de Médan: programme (2013)

Comme tous les ans, le premier dimanche d'octobre verra une petite foule de "zolistes" prendre d'assaut la ville de Médan (Yvelines) à l'occasion du Pèlerinage littéraire à la maison d'Émile Zola. Prendront la parole Bernard-Henri Lévy (oui, le célèbre) et Karl Zieger, professeur de littérature à Lille 3.

Sauf cyclone ou accident majeur, je serai une troisième fois dans le public pour assister à cet événement. Si je ne peux nier que les éditions 2011 et 2013 avaient un côté pompeux et faisaient preuve d'une lenteur déroutante, c'est toujours un plaisir d'entendre parler de Zola et j'ai hâte de voir où en sont les travaux sur sa maison. Avis aux amateurs.

Pélerinages déjà effectués

vendredi 6 septembre 2013

Rien ne s'oppose à la nuit (2011)

Chronique express!


Déception terrible pour ce livre dans lequel Delphine de Vigan raconte l'histoire de sa mère, qui a vécu une vie difficile marqué par les troubles mentaux et a fini par se suicider. Je n'ai pas aimé le style un peu grandiloquent et "victimiste" employé par l'auteur, qui raconte sans fin à quel point écrire ce livre est difficile pour elle. Je comprends bien que c'est un cataclysme émotionnel, mais elle le répète tellement qu'elle semble surtout vouloir se faire plaindre. Je n'ai pas non plus apprécié l'histoire de cette famille nombreuse frappée par les suicides et les non-dits, mais ça Delphine de Vigan n'y peut rien... Quoique j'aurais apprécié un peu plus de condamnation de la figure de Georges, le patriarche en manque d'attention, autoritaire et au comportement plus qu'ambigu avec ses filles et d'une manière plus générale l'ensemble des femmes plus jeunes que lui. Si l'hypothèse de l'inceste reste non vérifiée, il me semble néanmoins que la famille a accumulé assez d'épisodes douteux sur sa conduite pour lui tourner le dos. Mais tout le monde a fait comme si de rien n'était, et l'auteur ne prend pas plus position ici. Déprimant...

Delphine de Vigan, Rien ne s'oppose à la nuit
Le Livre de Poche, 7,60€, 408 pages

mercredi 4 septembre 2013

UGC Culte: Drôle de frimousse (1957)

Après La dolce vita, l'UGC m'a permis de découvrir au cinéma Drôle de frimousse (Funny Face), une comédie musicale sortie en 1957. Je voulais voir ce film parce qu'il met en scène Audrey Hepburn, une actrice que je n'ai vue que dans un seul film mais que je vénère justement à cause de celui-ci, Diamants sur canapé. J'ai découvert en salle qu'il s'agit en réalité d'une comédie musicale et qu'il y avait aussi Fred Astaire. J'ai donc fait d'une pierre deux coups, puisque je n'avais jamais vu un film de ce monsieur...


Tout ça n'a pas très bien vieilli sous certains aspects, mais c'était bien sympa. Le film se déroule en grande partie à Paris et permet donc de s'extasier devant une capitale qu'on reconnaît sans la reconnaître: la ville a bien changé, mais les vues du ciel restent identiques, c'est assez amusant. J'ai bien aimé la chanson qui accompagne l'arrivée des trois personnages principaux en France, Bonjour Paris. Il y a pas mal d'humour et des chorégraphies ou des mises en scène bien pensées, par exemple le shooting photo dans les rues de Paris. Audrey Hepburn est également très amusante en libraire dépassée par les événements du début.


Le personnage de la directrice de magazine fashion qui fait tellement la loi en matière de style qu'elle repeint l'Amérique en rose juste en disant que "le rose, c'est bien", a clairement servi d'inspiration, ou tout du moins de précurseur, au personnage joué par Meryl Streep dans Le Diable s'habille en Prada. La première scène, qui voit son arrivée au bureau puis une danse portant justement sur le rose ("Think pink!"), fait partie des passages les plus réussis.


D'une manière générale, le film a un côté mièvre, qu'on excuse cependant à cause de son époque... Je n'irai pas le revoir, mais c'était une belle découverte. Merci de nouveau, l'UGC. :)

lundi 2 septembre 2013

Into the Wild / Voyage au bout de la solitude (1996)

Ce livre m'a capturée!


Ce n'est pas à proprement parler un coup de cœur, mais il m'a vraiment happée dès les premiers paragraphes et je l'ai dévoré. Jon Krakauer, qui est avant tout journaliste, écrit ici la biographie de Christopher Johnson McCandless, un jeune garçon américain qui est parti camper en Alaska en 1992... et qui est mort dans un bus délabré abandonné dans la forêt.

Après avoir écrit un article sur ce fait divers, Jon Krakauer a ressenti le besoin de faire plus de recherches sur ce jeune homme et de lui consacrer un livre entier. Il retrace son parcours depuis le jour où il a quitté l'Est des États-Unis en voiture pour aller vivre comme un vagabond. Compte en banque vidé pour faire un don à un organisme de bienfaisance, argent en poche brûlé, papiers jetés: Chris veut couper tous les ponts avec la société et avec sa famille.

Jon Krakauer retrace les deux dernières années de sa vie en interviewant des personnes qui l'ont rencontré, par exemple un employeur ou d'autres vagabonds. C'est vraiment fascinant et pas tellement naïf. Je redoutais énormément que l'auteur ne nous donne une vision sublimée de ce jeune qui décide de tout plaquer pour "vivre ses rêves"; je n'avais pas envie de lire un hymne au courage d'un jeune homme qui a tout plaqué pour aller camper dans le désert, puis en Alaska.

Mais j'ai, au contraire, trouvé le ton de Jon Krakauer très juste. Il admire Chris McCandless et ne s'en cache pas. Mais il est aussi capable d'analyser finement son caractère et d'en souligner les contradictions et les défauts. Il le comprend et prend ses distances en même temps. C'était vraiment ce qu'il fallait pour aborder cet épisode très symbolique. Il précise d'ailleurs que s'il n'était pas mort dans son bus, Chris McCandless n'aurait pas fait couler autant d'encre...

Reste désormais à voir le film de Sean Penn. Je pense attendre plusieurs mois, voire un an, afin de bien digérer ce livre que j'ai beaucoup aimé.