mercredi 30 novembre 2016

Tales of Terror and Mistery (1922)

En octobre, je suis tombée sur ce recueil de Conan Doyle chez Hodges Figgis, une grande et belle librairie dublinoise (dont j'apprends avec tristesse qu'elle n'est pas indépendante mais appartient à la chaîne britannique Waterstones). J'ai adoré tout ce que j'ai lu de Doyle, le titre parlait de terreur et il y avait un bel œil de chat en couverture: je n'ai évidemment pas hésité à l'acheter (et j'ai aussi acheté Tales of Twilight and the Unseen qui était à côté ^^).



C'était une lecture jubilatoire et vraiment brillante, même si je dois tempérer un peu son titre: on n'a guère peur ici et on ne risque pas de faire des nuits blanchesl! On est plutôt dans le domaine de l'énigme. Dans les Tales of Mystery, certains textes sont même des compte-rendus d'enquêtes policières apparemment insolubles.

Tales of Terror

The Horror of the Heights (1913)
Si ce n'est pas un titre lovecraftien avant l'heure, ça! 😊 Et c'est même une nouvelle lovecraftienne tout court, puisqu'on y lit le journal d'un aviateur qui explique comment il s'est élevé au-dessus des nuages, à l'altitude record de 30 000 pieds (soit un peu plus de 9 000 mètres), pour explorer les "jungles" aériennes présentes à cette altitude. Et cet aviateur, après avoir aperçu des choses, a disparu...

The Leather Funnel (1902)
Un Anglais de passage à Paris chez un ami très porté sur l'occulte passe la nuit avec un entonnoir en cuir (le funnel du titre – je ne connaissais pas ce mot) qui a attiré son attention et qui, selon son ami, présente des caractéristiques très particulières. Et en effet, une fois endormi, le narrateur semble voyager dans le temps dans ses rêves.
Cette nouvelle fantastique assez classique, que Maupassant aurait très bien pu écrire, est très savoureuse (j'aime tellement ce genre!!) et un peu plus sombre que la précédente. Les histoires de torture, ça met rarement à l'aise...

The New Catacomb (1898)
Pas d'élément fantastique cette fois, juste une belle ambiance mystérieuse et sombre, et un brin étouffante, lorsqu'on accompagne deux amis britanniques dans une toute nouvelle catacombe découverte par l'un d'eux près de Rome. J'ai vu venir la fin très vite cependant, le suspense n'était pas insoutenable.

The Case of Lady Sannox (1893)
Un mystérieux visiteur turc demande l'aide d'un célèbre chirurgien londonien. J'ai vu venir la chute très vite. La nouvelle est cruelle mais n'a rien d'effrayant.

The Terror of Blue John Gap (1910)
Autre nouvelle lovecraftienne avant l'heure!! Haha!! J'ai adoré!!
La rumeur veut que Blue John Gap, une grotte inexplorée dans la campagne anglaise, soit habitée par une créature monstrueuse qui en sort pendant les nuits sans lune pour dévorer quelques moutons dans les environs. Le narrateur, un homme rationnel qui n'est pas du coin, n'y croit pas une seconde et décide d'explorer la grotte pour prouver qu'il n'y a pas de monstre. Haha!! Quelle idée!!

The Brazilian Cat (1898)
J'ai été un peu déçue par ce texte car je m'étais fait tout un film avec un chat-vampire exotique. Mais ce cat brésilien est en réalité un big cat, un grand félin. Le grand félin de la couverture d'ailleurs, l’œil jaune n'étant pas, comme je le croyais, celui d'un chat. La nouvelle est sympa en soi, mais il n'y a pas de surnaturel et ça m'a manqué.

Tales of Mystery

The Lost Special (1898)
Un train express, un special demandé par un riche passager pressé, n'est jamais arrivé à destination. Il est parti à l'heure de la gare de départ, a passé la deuxième gare à l'heure, la troisième gare à l'heure, et soudain, plus personne ne l'a vu passer. Où est-il et qu'est-il advenu des passagers? La police ne sait quoi penser et les indices sont si rares que même un détective très en vue qui parle des "elementary principles of practical reasoning" (suivez mon regard.....) ne sait trouver le fin mot de l'histoire! Des années plus tard, heureusement, une confession vient éclairer l'affaire...

The Beetle-Hunter (1898)
Un jeune médecin londonien sans le sou est recruté pour ses compétences médicales mais aussi, étrangement, en raison de son intérêt pour les insectes! Ce texte est plaisant mais plus anecdotique.

The Man with the Watches (1898)
Autre texte plus anecdotique (à tel point que je ne me souviens plus très bien). Ça concerne un cadavre retrouvé les poches pleines de montres dans un train à bord duquel il n'est jamais monté. Comme dans The Lost Special, l'enquête échoue jusqu'à ce qu'une confession vienne expliquer les faits des années plus tard.

The Japanned Box (1898)
Un texte guère mystérieux à cause des progrès de la technique, mais touchant et un brin triste. Après vérification, japanned signifie en laque.

The Black Doctor (1898)
Autre texte plus anecdotique, une histoire de meurtre à la campagne. Ça reste plaisant parce que Conan Doyle écrit bien, évidemment, mais ce n'est pas mémorable.

The Jew's Breastplace (1899)
Le niveau repart à la hausse avec ce texte assez fascinant qui se passe dans un musée d'antiquités londonien, rempli de momies et de bijoux issus d'un passé lointain. Ça fait rêver! Et le mystère concernant le plastron hébreux est assez intéressant, puisqu'un voleur détache les pierres précieuses qui le décorent mais ne les vole pas...

The Nightmare Room (1921)
Une très belle fin. Dans cette histoire d'empoisonnement, tout tient dans l'ambiance et dans la description de la diabolique empoisonneuse. J'y ai cru jusqu'au bout...

Une très belle lecture, donc. Conan Doyle est un génie, m'a dit un jour un copain sur Facebook, et c'est vrai. Il est vraiment très fort pour poser une atmosphère et distiller les indices de ses histoires, et le petit côté rétro de la société anglaise de la fin du XIXe et du début du XXe est juste jubilatoire. Il est aussi extrêmement plaisant et stimulant de lire autre chose que Sherlock Holmes; j'adore Sherlock Holmes, mais Conan Doyle a eu une production absolument hallucinante et il est dommage qu'elle ait été éclipsée par la célébrité de son détective! J'ai hâte de lire l'autre recueil en ma possession et je pense que je commanderai les autres recueils disponibles auprès de cet éditeur.

Ce qui m'amène au mot de la fin, sur cet éditeur justement: Alma Books. C'est une petite maison d'édition (j'aime!) britannique fondée par deux Italiens (j'adore!), qui s'attache notamment à publier des classiques peu connus dans sa collection Alma Classics, dont fait partie ce recueil. Pour vous donner une idée du niveau, ils ont publié la traduction anglaise du Rêve de Zola, un tome des Rougon-Macquart qui n'est même pas franchement connu en France (un de ceux qu'on ne lit que quand on lit tous les Rougon-Macquart, quoi!).

Je dois dire que ce livre était joliment soigné pour un prix raisonnable (je ne sais plus combien je l'ai payé à Dublin, mais la couverture annonce 8£ pour le Royaume-Uni) et j'ai été marquée par la pertinence des notes explicatives, qui m'ont bien aidée dans le cas de certaines références antiques. Un éditeur à suivre, donc!

Directement ou indirectement, je vous ai déjà parlé de Conan Doyle sur ce blog...
Une citation rigolote quand j'ai fini de lire l'intégrale de Sherlock Holmes
Une adaptation en BD très pratique pour réviser ses classiques

Pour aller plus loin...
La liste des œuvres de Conan Doyle où j'ai pris les dates de publication de chaque nouvelle composant ce recueil de 1922 (hallucinant, il était trop prolifique!!)

dimanche 27 novembre 2016

Arsène Lupin, gentleman cambrioleur (1907)

Chronique express!


Quel plaisir que de découvrir Arsène Lupin! Ça se lit juste tout seul et ça se SAVOURE! Je croyais avoir affaire à un roman, mais ce premier livre est en fait un recueil de nouvelles. On y découvre la carrière du plus célèbre des cambrioleurs, parfois dans le désordre: on commence par son arrestation aux États-Unis, alors qu'il débarque d'un paquebot, puis on le retrouve en prison et en train de s'évader, et on découvre même son tout premier forfait, bien avant qu'il ne devienne célèbre. C'est très ingénieux du point de vue criminel et juste irrésistible stylistiquement tellement c'est frais et charmant. J'aurais pu lire ce livre d'une traite si je n'avais pas été un peu malade et sonnée ce jour-là (et si vous lisez ce blog avec un tant soit peu d'attention, vous savez que je manque de temps pour lire et n'ai plus trop le loisir de lire un livre d'une traite). J'ai très très envie de continuer avec ce personnage et je pense que Maurice Leblanc mérite vraiment d'être lu, il faut que je trouve d'autres bouquins de lui!

"On leur objectait qu’à l’heure du vol, Rozaine c’était démontré – se promenait sur le pont. À quoi ils ripostaient:
– Est-ce qu’un homme de la trempe d’Arsène Lupin a besoin d’assister au vol qu’il commet?"

Livre de l'auteur déjà chroniqué sur ce blog

Moi moi moi.

Après des mois de tergiversation, je mets à jour ma présentation sur ce blog. Ca m'attriste beaucoup de retirer ma définition d''heureuse humaine d'un Chat exceptionnel", mais c'est encore plus triste de lire ces mots alors qu'il n'y a plus de Chat exceptionnel...

Pour ne pas oublier, je note ici ce que j'étais jusqu'à maintenant:

Lectrice multilingue, cinéphile éclectique et chercheuse de dinosaures. Heureuse humaine d'un Chat exceptionnel. Traductrice parfois effarée mais toujours passionnée par les mots et leurs significations. Mais surtout, et avant tout, cavalière... Instable en selle mais enthousiaste. Bienvenus, bonne année... et up the Irons!

Je serai désormais:

Lectrice multilingue, cinéphile éclectique, amatrice de chats et de chevaux, cavalière, pratiquante de yoga et chercheuse de dinosaures. Dans la vraie vie, traductrice avec un chat, la Reloue, et le souvenir de mon Chat d'amour qui est parti et qui me manque. Je blogue pour ne pas oublier mes lectures et pour partager mes impressions, alors n'hésitez pas à vous exprimer!

Mise à jour de 12h30: Vous noterez que j'ai retiré "instable en selle"... C'est quand même la fête d'avoir retrouvé une assiette digne de ce nom et de ne plus rebondir systématiquement sur le dos de mon cheval comme un saucisson accroché à la selle! XD

jeudi 24 novembre 2016

The Rats in the Walls (1923) + The Outsider (1921)

Pendant que je lisais Les Rats de James Herbert, je pensais forcément à la nouvelle Les Rats dans les murs de Lovecraft, un des premiers textes de cet écrivain qui m'a donné quelques sueurs froides juste après avoir éteint la lumière au moment du coucher. Il faut dire que j'habitais seule à l'époque, dans un studio charmant mais humide et mal entretenu qui se prêtait assez bien, à sa manière, à l'horreur cosmique...


Les Rats dans les murs est un nouvelle typique de Lovecraft et de ce que je considère comme le fantastique du XIXe, même si elle date en réalité du XXe. Peut-être parce qu'elle se passe en Angleterre, dans un vieux château/manoir de famille perdu dans la campagne, et est racontée à la première personne. Le fait est qu'elle me semble venir dans la droite lignée de Poe et Maupassant. Mais c'est aussi un texte bien lovecraftien à cause des références de la fin, de la confusion qui s'en dégage parfois (le narrateur a perdu l'esprit, bien sûr!), du côté un peu répugnant de la chose et de son style unique. Personne ne sait manier l'ensemble "adverbe + adjectif"' en anglais comme Lovecraft, je vous le dis!

"a tragedy of intensely hideous, though largely unexplained, nature"

D'ailleurs, Lovecraft est le roi de l'adjectif tout court, il est vraiment trop fort pour choisir le petit mot qui va bien pour montrer combien tout est sombre, sordide, répugnant, dangereux: "frightened reticence and cloudly evasiveness", "the hideous tale of Mary de la Poer", "a subterraneous world of limitless mystery and horrible suggestion". Et puis, qui d'autre pour employer, en anglais, autant de mots d'origine latine, comme "subterraneous" ci-dessous et "antideluvian"? :D Ca donne un coté archaïque à son écriture et c'est parfait pour ces textes où l'on entrevoit des choses terriblement anciennes – dangereusement anciennes pour tout dire.

Les Rats dans les murs est (à mes yeux, évidemment) diablement efficace; je trouve que l'atmosphère est très bien posée et qu'il y a réellement de quoi perdre la tête une fois qu'on s'enfonce dans les ténèbres du souterrain découvert par notre narrateur sous la demeure de ses ancêtres anglais. Et puis il y a ce dernier paragraphe brillant, absolument parfait dans son crescendo, qui vous suggère indéniablement, après vous avoir redirigés un instant vers la thèse de la folie, que c'est bien vers la thèse du surnaturel qu'il faut pencher...

Les rats ne sont pas très présents dans cette nouvelle, mais ils contribuent nettement à l'atmosphère et je les ai trouvés plus inquiétants que chez Herbert...


The Outsider est quant à lui un de mes textes préférés de Lovecraft, raison pour laquelle je l'ai relu cette fois-ci encore. Je crois que la chute devient claire assez vite pour un lecteur aguerri, mais c'est l'atmosphère étouffante et gothique de damnation éternelle qui me plait.

"I know not where I was born, save that the castle
was infinitely old and infinitely horrible;
full of dark passages and having high ceilings
where the eye could find only cobwebs and shadows."

Comment résister à ça? C'est Halloween tous les jours dans un endroit pareil, c'est Entretien avec un vampire dans la crypte des Contes de la crypte...

Ca fait toujours du bien de relire Lovecraft en tout cas; ça me rappelle ce que j'aime stylistiquement, ça donne le petit frisson que j'aime tant pendant la mauvaise saison et pour tout vous dire ça me rappelle même ce que j'aimerais, moi, écrire! Je devrais vraiment me caler une nouvelle de lui de temps en temps dans mon programme de lecture...

Précédemment sur ce blog...
Je vous ai déjà parlé de Lovecraft ici 

lundi 21 novembre 2016

The Rats (1974)

Un peu d'horreur en ce mois de novembre... Pour profiter du mauvais temps et des nuits longues...

J'ai lu James Herbert il y a très très longtemps, quand j'avais quinze ans, avec La Conspiration des fantômes, un livre qui m'avait franchement traumatisée. Je pense que j'étais trop jeune (dans ma tête du moins!) pour lire quelque chose de vraiment morbide et surtout trop "innocente" pour l'aspect sexuel de la chose. Encore maintenant, je ne peux penser qu'avec un gros malaise au viol perpétré par un fantôme...

Mais bon Herbert est très connu, Les Rats est son livre le plus connu et je suis tombée sur cette belle édition à 4€ dans le coin "fins de série" d'une librairie de Dublin, je ne pouvais pas passer à côté.


Cette histoire d'invasion de rats mangeurs d'homme dans l'East End de Londres se lit vite et facilement, comme me l'avait d'ailleurs signalé Tigger Lilly, et n'est pas si effrayante que ça. Bien sûr, ces rats géants et intelligents provoquent un peu d'inquiétude, notamment avec la manière dont ils regardent fixement et étudient les gens... Mais ça n'empêche pas non plus de dormir. C'est plutôt de l'horreur sanguinolente. On grince un peu des dents en voyant les gens se faire dévorer vivants par une horde de rats puants.

Il y a néanmoins un aspect intéressant, qui est de donner le pouvoir à une bestiole que les sociétés modernes ignorent assez royalement: le rat planqué dans les égouts, qu'on ne voit jamais mais qui est rapide et intelligent, se reproduit rapidement, connaît le sous-sol bien mieux que nous et voit dans le noir. La force brute du nombre en quelque sorte, vu les multitudes de vermine qui font leur apparition! Il y a une vraie peur ancestrale à exploiter ici. Ça n'a pas tout à fait pris avec moi car ma vision du rat tient plus de Ratatouille. Je trouve ça mignon. Il m'est difficile donc d'imaginer des rats diaboliques avec de grandes dents. Mais il y a vraiment quelque chose d'intéressant.

En revanche, le livre présente un aspect humain très marqué qui m'a surprise et que j'ai beaucoup apprécié, avec une multitude de personnages bien croqués en peu de pages, auxquels on a réellement le temps de s'attacher avant qu'ils vu qu'ils ne disparaissent en hurlant sous les corps poilus. Le héros est un peu banal mais sympa, c'est le héros ordinaire qui se retrouve confronté à une situation ingérable et fait de son mieux pour faire face. Je n'ai pas ressenti une grande empathie pour lui cependant, j'ai vraiment été plus marquée par les personnages secondaires qu'on rencontre juste avant qu'ils ne meurent.

Un autre aspect intéressant: l'East End des années soixante ou soixante-dix est presque post-apocalyptique, puisqu'on y trouve encore des zones ravagées par les bombes de la Seconde Guerre mondiale. L'attaque des rats contre les SDF et les quartiers défavorisés prend d'ailleurs clairement une dimension métaphorique. La vermine ravage les lieux défavorisés dont la municipalité ne veut pas s'occuper, les pauvres meurent les premiers.

Une critique maintenant: la vision de la femme dans ce livre est sidérante. Je pense notamment à l'attaque du collège où enseigne le héros. Les collégiennes "risquent de devenir hystériques" ou "sont au bord de l'hystérie", le héros conseille aux autres profs de "réunir les filles à l'abri et de demander aux garçons d'aider les profs". Lors de l'attaque du métro, les deux femmes quittent leurs pensées, entièrement consacrées à des hommes et à l'amour, pour s'en remettre au passager mâle situé le plus près d'elles, qui va les guider et les sauver. Quant à la compagne du héros, elle n'est pas cruche mais ne prend aucun rôle actif dans l'intrigue et est complètement en retrait – sauf quand il s'agit d'explorer "the little mound of hair between her thighs" et de caser des scènes de sexe qui ne servent à rien...

Dommage aussi pour la fin. On n'a pas trop d'explication sur ce rat blanc bicéphale qui représente le sommet de l'horreur mais sort on ne sait trop d'où. J'aurais aimé en savoir plus sur les nouveaux rats et leur intelligence, ça aurait pu donner une touche plus effrayante à la fin.

Les Rats a été suivi de deux autres romans, que je ne pense pas lire malgré le plaisir que j'ai eu à lire celui-ci. Les résumés de Wikipédia me laissent en effet croire qu'il y a eu beaucoup de redite.

Un petit mot, enfin, sur l'état du bouquin: la librairie devrait peut-être faire attention à ses locaux, on dirait bien que mon exemplaire a été grignoté... Comme si des rats étaient passés par là...

vendredi 18 novembre 2016

Pour l'amour de Finette (1983)

Tombée sur une histoire de chats de Remo Forlani d'occasion, je n'ai pas hésité car j'avais beaucoup aimé Gouttière et que j'avais dit que je continuerais avec l'auteur. (Déjà trois ans depuis cette lecture, ce n'est pas possible, j'étais persuadée que c'était 2014! Où va le temps quoi?)  J'ai encore plus aimé ce livre-ci car il a une dimension plus universelle et n'a pas le petit côté "chatte amoureuse à l'excès" de la fin de Gouttière (qui m'est quand même resté en tête comme bizarre, bien que je réalise que je n'en avais pas parlé dans mon billet de l'époque!). 


Pour l'amour de Finette raconte l'histoire d'une bonne du XIe arrondissement de Paris qui se retrouve absolument seule dans son immeuble en juin 1940, tout le monde ayant fui face à l'arrivée des Allemands (notamment sa maîtresse, qui lui a ordonné de rester à son poste pour garder les biens de la famille et s'est empressée de disparaître).

En ce jour fatidique où les soldats allemands s'installent dans la capitale française, notre Adrienne entend un chat hurler dans les parages et casse la fenêtre d'un voisin pour récupérer ce chat affamé et désespéré. C'est Finette, une jolie chatte toute douce et câline avec son petit caractère. Prenant progressivement conscience des difficultés des animaux de compagnie dans le Paris occupé – par exemple avec la visite fatidique chez le vétérinaire qui euthanasie les animaux à la pelle car leurs maîtres n'ont plus de quoi les nourrir et ne veulent pas les laisser mourir de faim, passage qui m'a juste glacé le sang –, Adrienne commence à sauver des chiens et des chats et se décarcasse pour leur trouver de quoi manger. Une démarche qui la mènera tout de même à rejoindre la Résistance!

Un livre profondément humain, drôle, touchant et engagé à la fois, qui aborde plein de choses terribles avec une simplicité et une justesse uniques. Encore une fois, j'ai clairement pensé à Cavanna et à sa manière tellement simple et juste de voir le monde et de dire sans peur "les cons, ce sont des cons", mais Forlani le fait avec plus de gentillesse et sans crier, ce qui est aussi bien.

Le prisme de l'animal de compagnie est vraiment génial pour étudier l'être humain et voir ses différentes facettes: de ceux qui se sont engagés en faveur de la cause animale à un moment où la cause humaine était en piteux état, à ceux qui ont juste continué leur vie tant bien que mal, à ceux dont le comportement a été aussi abject avec les animaux qu'avec les hommes.

À la fin, j'ai cru comprendre que ce livre est tiré d'une histoire vraie, que Remo Forlani a vraiment rencontré Adrienne des années après la guerre. Si c'est vrai, ça redonne un peu foi en l'humanité. :)

mardi 15 novembre 2016

Il tribunale delle anime (2011)

Chronique express!

Gaffe aux divulgâcheurs!

Chat et bouquin sur carton grignoté.

Un autre thriller de Donato Carrisi, le célèbre auteur du Chuchoteur. Une histoire d'enlèvements avec une société secrète de prêtres qui enquêtent sur des meurtres et reçoivent les confessions de criminels. Une lecture un peu bof. Les défauts stylistiques du Chuchoteur sont à nouveau présents mais ne sont pas compensés par les découvertes glaçantes de l'intrigue. Du coup, le processus tient moins en haleine, même si je me suis posée pas mal de questions. Et puis, il y a clairement de la redite, avec ces mises en scène qui réunissent des victimes et leurs bourreaux pour que les premières se vengent (dans Le Chuchoteur, chaque petite fille enlevée permettait de découvrir un crime dont la police n'avait pas conscience) ou l'apparence inoffensive du kidnappeur (un prêtre, dont les victimes ne se méfient pas à cause de sa soutane, tout comme personne ne se méfiait du kidnappeur dans Le Chuchoteur parce que c'était une femme). Même la chute, le fait qu'on découvre que l'un des gentils est en réalité le coupable, est la même! Je ne pense donc pas continuer avec Donato Carrisi, qui ne m'a vraiment pas convaincue cette fois-ci.

samedi 12 novembre 2016

La gamelle d'octobre 2016

La gamelle arrive un peu tard ce mois-ci car je voulais d'abord mettre en ligne les chroniques des livres lus courant octobre. :)

Malgré mes deux semaines de vacances, le bilan du mois n'est pas énorme. Je ne sais pas comment faire pour avoir le temps de faire des trucs. :/

Sur petit écran

Des bouts de l'Agence tous risques en Irlande... Des bouts de Benjamin Gates 2... Certainement des bouts d'autres trucs que j'ai oubliés! :)

Sur grand écran

Les sept mercenaires d'Antoine Fuqua (2016)
Remake d'un western des années soixante, lui-même inspiré d'un film japonais des années cinquante. Le film n'a rien d'exceptionnel mais passe bien parce que c'est un western. La même histoire au XXIe siècle m'aurait ennuyée ferme, mais avec des bottes, des chevaux, des revolvers, des plaines et des Indiens, j'ai adhéré le temps de la séance.
Deux choses que je ne veux pas oublier:
- le titre original est The Magnificent Seven, ce qui m'a soudain fait prendre conscience de la référence du titre The Hateful Eight de Tarantino (évidemment, j'avais compris la référence de Les huit salopards, mais la partie anglaise, pas du tout!);
- le seul personnage féminin du film se balade pratiquement les seins à l'air. Son décolleté est tellement plongeant qu'on voit le soutien-gorge. Alors que c'est une "femme respectable" de l'époque. À la fois super sexualisant et super crédible, donc; ça m'a trop énervée.

Jack Reacher - Never go back d'Edward Zick (2016)


La suite de Jack Reacher, une belle surprise sortie il y a quatre ans (2012, l'année où a commencé mon actuelle passion pour Tom Cruise). J'ai bien aimé et, après un début un tout petit peu forcé, j'ai retrouvé ce que j'avais aimé dans le premier: le héros peu causant, le rythme assez lent ou délibéré, la violence très plausible, les combats lents et durs très éloignés de ce que le cinéma propose actuellement (ici, chaque coup porte, les gens qui se bastonnent ont des bleus et la souffrance, si elle n'est pas étalée, est prise en compte). Ajoutez à cela que l'héroïne court aussi vite que le héros, se bat pratiquement aussi bien, n'a pas besoin d'être sauvée, n'a pas de décolleté scandaleux et ne couche pas avec le héros, et que même le personnage féminin secondaire n'est pas un boulet, et vous avez une spectatrice heureuse, même si la "fraîcheur" du premier, liée à la découverte absolue qu'il constituait, est passée.
Mon Homme ayant modérément aimé, malheureusement, son avis négatif m'a poursuivie dans mon sommeil et je me suis réveillée le lendemain fort énervée et d'avis que c'était vraiment beaucoup moins bien que le premier.
Il y a un gros plan assez long sur le visage de Tom Cruise à la fin, je l'ai regardé attentivement et il n'avait pas l'air refait... Mystère.

Du côté des séries

J'ai regardé quelques épisodes d'Inspecteur Barnaby en Irlande. :)

Mon Homme et moi avons fini la deuxième saison de Scrubs et commencé la troisième.

Et le reste

J'ai, bien entendu, lu le Cheval Mag de novembre en fin de mois.


Et puis je suis allée au Salon du Cheval de Lyon, Equita, qui est juste trop génial et enthousiasmant, et je suis partie en vacances, et puis j'ai eu des cours d'équitation vraiment très stimulants, donc c'était cool!

jeudi 10 novembre 2016

Harry Potter and the Cursed Child (2016)

Halàlà quelle déception sans nom! Je ne crois pas avoir eu de grandes attentes envers Harry Potter and the Cursed Child mais là je suis déçue, il n'y a vraiment pas d'autre mot. Déçue par le livre en lui-même et par Rowling qui "cautionne" une histoire qui ne m'a pas du tout convaincue...


Alors, évidemment il faut que vous sachiez que je ne supporte pas les histoires de voyage dans le temps d'une manière générale et que cela a donc douché mon enthousiasme dès le début, puisque cette histoire repose presque entièrement sur le voyage dans le temps. Je trouve toujours ça terriblement bancal. Ici, avec quatre retours en arrière sur des périodes allant de 20 à 40 ans, j'ai trouvé ça plus bancal que jamais; on ne peut pas autant modifier les choses et prétendre qu'elles ne changent qu'à moitié (genre Ron et Hermione qui s'aiment dans toutes les alternatives possibles, certains évènements qui commencent exactement comme nous les connaissons).

Et il y a un élément qui me laisse toujours perplexe: ces gens qui vivent leur vie dans leur timeline depuis toujours (leur toujours, aussi valable que le nôtre) et qui acceptent en deux secondes l'idée qu'ils ne sont qu'une "erreur" due aux bêtises de gens dans une autre timeline et qu'il faut impérativement rétablir cette timeline-là et détruire la leur et, par la même, leur propre existence...

Voilà pour le principal problème. Est ensuite venue la révélation sur l'enfant maudit et j'ai vraiment rigolé en me disant "non mais SÉRIEUX", c'est pas possible de proposer ça quoi!

Par contre, la pièce se lit très bien, même si ce support papier n'est que la partie émergée de l'iceberg et qu'il faudrait idéalement la voir en direct pour bien comprendre certains passages (genre le livre caché dans le bureau d'Hermione, je n'ai pas bien compris où il était). Il est certain que ça a l'air d'en jeter, les effets doivent être spectaculaires!! Ça m'a vraiment donné envie de la voir, ce qui est clairement une réussite vu que j'ai détesté l'histoire...


Il est vrai aussi que l'univers marche toujours et que c'est un plaisir de replonger dedans, d'autant plus qu'on retrouve quasiment tous les personnages. Il y a un vrai effet "madeleine de Proust" comme le dit Vert et Scorpius Malfoy, le fils de Draco, est très attachant. Et c'est assez drôle, avec ce petit humour discret très présent dans les tomes d'origine. C'est juste, pour moi, une déception du point de vue scénaristique...

Allez donc voir ailleurs si cet enfant est maudit ou pas!
Une critique YouTube dévastatrice (la youtubeuse semble s'écouter parler comme sensiblement tout le monde sur Youtube, mais je suis tellement d'accord avec elle sur la plupart des points)
L'avis de Vert

Mise à jour de 18h15: Un immense merci à Vert qui m'a prêté ce livre!!!! :D

mardi 8 novembre 2016

Le Livre des Baltimore (2015)

Il y a trois ans, la première fois que j'ai travaillé comme salariée pour un grand groupe européen d'ameublement, j'ai reçu en cadeau de départ La Vérité sur l'affaire Harry Québert de Joël Dicker, qui cartonnait depuis des mois et que ma chef avait trouvé génial. Je l'avais lu avec un immense plaisir et j'ai donc été ravie qu'une amie me prête le nouveau livre de cet écrivain suisse.


Je dois dire que cette lecture m'a rendue un peu schizophrène. C'est-à-dire que j'ai adoré, mais que je lui ai trouvé énormément de défauts, à tel point que je me suis demandé comment est-ce que je pouvais adorer. Haha.

Commençons donc par ce qui n'allait pas.

- L'écriture d'abord, un peu "scolaire" et mièvre; on sent que l'auteur fait des efforts mais ça sent souvent l'amateurisme.
- Les longueurs ensuite; ce processus qui consiste à ouvrir une nouvelle sous-intrigue à chaque fois qu'un personnage entre en scène, pas vraiment parce qu'il y a quelque chose de pertinent à dire mais plutôt pour rallonger le livre.
- L'utilisation du passé simple dans un récit moderne à la première personne; c'est vraiment bizarre de lire "Nous mangeâmes chez McDonalds" (j'invente, je n'ai pas noté cette réplique, mais ça donne le ton) (je ne sais pas ce qu'il aurait dû employer comme temps, hein, je ne fais que critiquer).
- Le misérabilisme ou la noirceur assumés, qui ont sonné faux à mes oreilles; ce n'est juste pas possible une famille composée exclusivement d'envieux comme ça, tout le monde ne peut pas se structurer par rapport au monde seulement en se disant que son frère/cousin/voisin est plus aimé que lui, non? (En fait, si, bien sûr que si, j'en suis d'ailleurs la preuve, mais dans un bouquin ça fait pas trop plausible...) Il a même fallu caser une femme battue quoi, lol.
- Et enfin le fait que ce misérabilisme soit couplé à des passages et des faits absolument mièvres, c'est une alliance très étrange (la riche famille qui recueille un jeune garçon élevé en foyer, sérieux...).

Mais mais mais...

Le fait est que la sauce prend, grave, comme dans La Vérité sur l'affaire Harry Québert. Je me disais que c'était mièvre et artificiel mais je n'arrivais pas à m'arrêter de lire et je voulais savoir qu'est-ce qu'il s'était passé et j'ai même éteint après minuit un soir pour en savoir plus!! (Je m'endors sur place à 23h15 grand max, tenir jusqu'à minuit est devenu un exploit! ^^) C'est trop fou. J'ai lu les 470 pages environ en quatre jours je crois, ce qui est aussi devenu un exploit vu mon rythme de lecture actuel absolument déplorable.

Je crois que je suis une victime comme une autre des page turners. 

Je dois dire aussi que ce livre parle des amitiés d'enfance et d'adolescence et de la manière ABSOLUE dont elles structurent notre vie et nos ambitions, même bien longtemps après qu'on ait "passé l'âge", et que cela m'a touchée...

Sinon, à part le fait que le narrateur est le même, il n'y a pas de lien ici avec La Vérité sur l'Affaire Harry Québert: notre narrateur s'intéresse à ses cousins de Baltimore, une famille qu'il a immensément admirée pendant son enfance, et à la manière progressive et insidieuse dont elle a évolué jusqu'au Drame final qui l'a touchée. Il y a pas mal d'allers-retours dans le temps pour décrire les destins de tout ce petit monde et la tentative de notre narrateur d'en faire un bouquin (car le narrateur, comme l'auteur, est écrivain, ce qui est toujours sympa même si son processus créatif me semble un peu cliché).

À vous de vous faire votre avis maintenant...

dimanche 6 novembre 2016

Irlande 2016

Je voulais parler de mes vacances en Irlande sur le blog, j'ai même pris des photos exprès pour ça là-bas, mais plus le temps passe et moins je me souviens de ce que je voulais dire...

C'était bien, bien entendu; c'est tellement agréable de retrouver Dublin et les environs, de Howth à Dun Laoghaire. Voir les copains italiens connus là-bas, rendre visite à mon ancienne famille d'accueil, manger n'importe comment, flâner dans les librairies, aller à Waterford voir une amie française qui y habite... J'aurais aimé (re)visiter le musée d'histoire mais je n'ai pas eu le temps, ce sera pour la prochaine fois.


Une remarque triste toutefois: le centre touristique de Dublin (les environs de Grafton Street et St Stephen's Green pour ceux qui voient) abrite désormais énormément de SDF. Je vous jure qu'il n'y en avait pas quand j'y suis allée en vacances en 2003 et que j'y ai vécu en 2006-2007, et je suis même assez sure qu'il n'y en avait pas en 2012 ni l'année dernière – ou en tout cas, ils étaient si peu nombreux qu'ils ne m'ont pas marquée. C'est vraiment terrible, plein de gens (dont des gens très jeunes, qu'on verrait plutôt à la fac) dorment dans la rue, et nous avons vu ce terrible exemple d'une des choses les plus emblématiques du "côté sombre" de l'Occident: le SDF qui passe la nuit sur ses cartons sur le pas de la porte d'un grand magasin de luxe...

Après Dublin, départ pour le Donegal, au nord-ouest. La route pour traverser l'Irlande n'est pas bien belle, c'est un paysage assez similaire au bocage normand, sans panoramas particuliers. On n'avance même pas vite, vu que les nationales traversent des villes tous les dix kilomètres et qu'il faut donc repasser à 50km/h. Mais la côte ouest est belle et "sauvage" comme on l'imagine et justifie largement ce trajet peu enthousiasmant. Je veux y retourneeeeer.

Évidemment, j'ai été poursuivie par le stress et la négativité du quotidien jusqu'au sommet de ma colline du Donegal – j'ai notamment réalisé là-bas que je n'ai jamais reçu le contrat pour une traduction réalisée en août (je pense donc désormais que l'éditeur m'a volé mon travail...) – et le fait que j'aie désormais un smartphone et puisse très facilement consulter les réseaux sociaux et mes mails en vacances n'a rien arrangé.

Mais la maison était belle, la vue était superbe, et je me suis vraiment dit en arrivant que j'avais cinq jours pour devenir écrivain, comment peut-on ne pas devenir écrivain avec une vue comme ça?


Ça n'a rien donné cependant...

Quelques photos de l'intérieur de la maison, prises exprès pour les lecteurs de ce blog, qui devraient apprécier:






Et puis j'ai pu monter à cheval, et c'était vraiment important pour moi de le faire, car je regrettais tellement de ne pas avoir saisi ma chance en 2012 (année où nous étions allés dans le Mayo et passions tous les jours devant un centre équestre pour aller en ville). Une fois le rendez-vous pris, j'ai stressé comme une folle, je me suis demandée qu'est-ce qui me prenait de faire ça et j'en ai fait une nuit blanche (quand est-ce que je pourrai contrôler mon stress, sérieux?!?), mais ça s'est très bien passé: j'ai été bien accueillie, la jument était choupinoue et j'ai fait de la session à la jambe suivie d'un départ au galop sur la piste ("legyield, back on track, and canter"), mon exercice préféré, et j'étais tellement contente que je suis revenue pour un deuxième cours le lendemain. J'aurais aimé partir en balade mais ce club n'en proposait pas à ce moment-là et les autres clubs étaient très loin... Mais le plus important était de monter là-bas, l'activité était secondaire.

Et voilà, je ne savais plus quoi dire mais maintenant vous savez tout, et je suis contente d'avoir mis ça par écrit avant de tout oublier. ♥

vendredi 4 novembre 2016

Do Androids dream of Electric Sheep? (1968)

Bon, j'avoue, j'avoue, je tire mon chapeau à Philip K. Dick, que je connais très peu; ce Do Androids dream of electric sheep? est un très bon livre qui pose plein de questions et donne le vertige à son lecteur (le propre de la SF, la vraie, non?). J'ai lu quelque part que Dick interroge la réalité et je trouve que cela exprime parfaitement l'intrigue de ce bouquin. Les choses ne sont pas ce qu'elles semblent être et ne semblent pas être ce qu'elles sont – mais peut-être que l'illusion est justement de croire que l'apparence n'est pas la réalité? Haha. Je vous laisse méditer. Vous avez trois heures.


Je ne vais pas m'attarder sur l'histoire car je crois que tout le monde la connait, mais sur deux choses qui m'ont marquée: tout d'abord le vertige lié à la découverte de sa propre identité (Rachael qui découvre qu'elle n'est pas humaine), le séisme total que cela représente; et ensuite l'importance de l'empathie liée aux animaux, qui tiennent un rôle super important et qui m'ont juste brisé le cœur. Le robot-mouton que Rick nourrit avec soin sur son toit, le robot-chat qui agonise dans le camion du faux-véto car sa panne est programmée pour ressembler à une maladie (vous voyez l'étendue des apparences?) (j'ai pleuré dans mon lit en pensant à mon Chat qui est mort), l'écureuil cité en passant, l'araignée (quelle horreur ce passage, d'autant plus angoissant à cause du manque total de méchanceté/cruauté de la part des bourreaux, qui ne ressentent rien) et le crapaud final. La plume de Dick est très fine et très sobre, il faut réfléchir un peu pour compléter ses phrases ou comprendre l'implicite entre deux répliques, et il est fou de voir combien d'émotions il peut néanmoins faire passer.

Le seul petit bémol, c'est que je ne crois pas avoir tout saisi au Mercerism, l'espèce d'expérience religieuse collective de cette société, mais c'est très mineur; c'est un très bon livre et je recommande vraiment de le lire. Je vous conseille aussi de lire le recueil Minority Report, mais Do Androids me semble supérieur!

Ce livre a été adapté au cinéma en 1982 par Ridley Scott sous le titre Blade Runner. Je ne m'en souviens pas trop et je crois qu'il est plus "typé" SF que le livre; ici, malgré les progrès de la technologie, on n'a pas l'impression d'avoir affaire à un monde futuriste mais plutôt différent. Je crois aussi qu'il y a plus d'action. Mais le fond me semble respecté. Il faudrait cependant que je le revoie pour me rafraîchir la mémoire...

mercredi 2 novembre 2016

Lettres choisies de Madame de Sévigne (1648-1696)

Chronique express! (Et méchante!)


Depuis très longtemps, j'ai l'idée que les célèbres Lettres écrites par Madame de Sévigné à sa fille Madame de Grignan, partie vivre en Provence, sont une perle d'écriture, et j'avais vraiment très envie de les lire depuis que j'ai visité le musée Carnavalet, situé dans un hôtel particulier où Madame de Sévigné a longtemps vécu. Mais quelle catastrophe!! Quel ennui!! J'ai trainé ce bouquin pendant dix jours et j'ai a-go-ni-sé dessus. Je n'ai retrouvé aucun des passages qu'il me semblait avoir lus au collège sur les repas ou les modes vestimentaires à la cour de Louis XIV – c'est juste une éternelle répétition de questions et de nouvelles liées à la santé de l'une ou de l'autre et des passages difficilement compréhensibles car traitant de gens qui ne sont pas passés à la postérité ou parce que nous ne parlons pas français pareil.

"Je n'en ai reçu que trois, de ces aimables lettres qui me pénètrent le cœur; il y en a une qui me manque. Sans que je les aime toutes, et que je n'aime point à perdre ce qui me vient de vous, je croirais n'avoir rien perdu."

Et puis les remèdes douteux, je ne vous raconte pas le nombre d'onguents que ces dames de la noblesse utilisaient pour leur si fragile santé... ^^ Bref, je n'en ai rien tiré du tout.