vendredi 31 juillet 2020

Shadow Dawn (1996)

Après Shadow Moon, George Lucas et Chris Claremont ont poursuivi la suite du film Willow avec Shadow Dawn. Dans ce tome, l'éditeur Bantam Books mentionne une "histoire de George Lucas", donc je suppose que c'est Chris Claremont qui a fait la rédaction, mais cela n'est pas dit clairement.


J'ai lu Shadow Dawn avec une grande perplexité et une sorte de schyzophrénie, oscillant entre l'enthousiasme et le désespoir. Ce roman est à la fois génial et mauvais, c'est très étonnant.

L'histoire

Trois ans après les évènements du premier tome, Elora Danan vit cachée au sein d'une communauté de Nelwyns et travaille à la forge. Cette routine est anéantie lorsqu'elle découvre un sorcier Nelwyn essayant d'ouvrir une porte entre les Mondes pour invoquer une créature maléfique. Elora met fin à la cérémonie, fuit dans les parois de pierre de la grotte, rencontre une troll dont elle soigne la progéniture et finit par prendre la route de Sandeni, la ville où vit Thorn, son protecteur. En chemin, elle sauve un barde humain victime d'une autre cérémonie maléfique, cette fois-ci tenue par des elfes, et doit échapper aux terribles Maizan, des guerriers déterminés à conquérir le monde entier et obéissant au Grand Méchant de l'histoire.

Ce que j'ai aimé

Le roman se lit à peu près tout seul malgré son épaisseur. Je l'ai traîné pendant trois semaines, mais c'était uniquement parce que j'ai eu très peu de temps à lui consacrer.

Le point de vue change dans ce deuxième tome puisque nous ne sommes plus dans la tête de Thorn mais dans celle d'Elora. Âgée de 16 ans, elle est déterminée à jouer son rôle de princesse sacrée sauveuse de l'univers même si elle ne sait pas par où commencer. La magie se raréfie et les êtres humains et les êtres magiques commencent à se faire la guerre, ce qu'elle juge catastrophique. J'ai aimé son mélange de force et d'inexpérience et ses réflexions morales. J'ai aussi aimé les premiers émois amoureux avec Duguay et Luc-Jon. Et quand Thorn est enfin entré en scène, au bout de 350 pages je crois, j'ai été émue de le retrouver, mais surtout de les voir se retrouver.

L'humour est légèrement présent grâce aux répliques cinglantes de Rool et Franjean, les deux brownies du film, qui n'hésitent pas à flinguer leurs interlocuteurs sur place.

L'aventure est très présente, avec de nombreux rebondissements, des rencontres fortuites, des courses poursuites, de la magie, des combats... Et moi, j'adore l'aventure, surtout en fantasy. Donc, je me suis régalée.

Le traitement des personnages est très égalitaire, avec des femmes mises sur le même plan que les hommes. Elora a une légère intrigue sentimentale mais cela ne me semble pas un stéréotype, plutôt une étape de la vie d'un ou d'une ado; Khory est une guerrière formidable. Les rapports entre personnages sont riches et complexes et reposent sur une affection et une loyauté très fortes. Tout ce que j'aime.

Ce que je n'ai pas aimé

Shadow Dawn est terriblement confus. Franchement, je n'ai rien compris aux interactions entre les trois cercles (le cercle du Monde, le cercle de la Chair et le cercle de l'Esprit) et je n'ai pas compris qui est censé être Duguay. Le Seigneur de la Danse? Euh? En outre, des tas de choses sont posées là puis abandonnées: Elora quitte sa communauté de Nelwyns du jour au lendemain sans un regard en arrière; aucune mention n'est plus faite du méchant sorcier nelwyn dont elle a déjoué le plan; on ne sait ni comment ni pourquoi Ryn a fini prisonnier des humains; on ne sait ni pourquoi ni comment Elora peut rencontrer dans ses rêves un dragon mort. Tellement de choses sont abordées puis laissées de côté qu'on se demande parfois si on lit le livre fini ou les notes qui devaient ensuite permettre de l'écrire...

Shadow Dawn est aussi terriblement naïf sur certains points. Non seulement je n'ai pas compris qui est censé être Duguay, mais en plus il fait danser Elora au moment où le destin du monde se joue. Sérieux, les dragons sont en danger, le méchant est sur le point de gagner, et TAM Duguay et Elora se mettent à danser. Et puis il y a toutes les chansons d'Elora qui émeuvent les habitants de Sandeni au point de les inciter à résister à l'envahisseur. Chris, George, sérieux vous avez fumé quoi en écrivant ce scénar? 😂 Un autre exemple: la révélation sur l'identité de Ryn, qui est en fait le jumeau perdu de la princesse guerrière du premier tome, Anakeri, tombe comme un cheveu sur la soupe. Il y a des cadavres partout, le temps presse, et BAM on nous balance ça et tout le monde prend ça bien. Moi, la révélation m'a laissée bouche bée, alors j'ai été ébahie de voir les personnages prendre ça si naturellement et passer aussitôt à autre chose... en oubliant l'existence de Ryn et d'Anakeri par la même occasion.  😑

Conclusion

Bein, franchement, j'ai aimé et j'ai hâte de lire le tome 3. Mais ce roman aurait vraiment mérité d'être retravaillé, affiné et dégraissé. En comparaison, j'encense David Gemmell qui ne part pas dans tous les sens mais s'en tient à ce qu'il sait faire...

dimanche 26 juillet 2020

Chez soi. Une odyssée de l'espace domestique (2015)

Cet hiver, j'ai lu et apprécié Sorcières. La puissance invaincue des femmes de Mona Chollet. À l'occasion du confinement, on a beaucoup entendu parler d'un essai plus ancien de cette journaliste: Chez soi. Une odyssée de l'espace domestique. Par curiosité pour le sujet, par amusement lié au confinement et par amour de mon libraire, que je tiens à soutenir, je l'ai acheté à mon tour...
 

En gros, j'ai retrouvé avec cette lecture ce que j'avais apprécié (ou pas) dans Sorcières. Mona Chollet a une plume vive et facile à suivre, ses textes se lisent tout seuls. Elle a aussi un sens du titre savoureux. Exemple: le chapitre 6 s'intitule "Métamorphoses de la boniche. La patate chaude du ménage". Les pages se tournent aisément, on ne voit pas le temps passer.

Dans cet essai, elle aborde le foyer sous de nombreux aspects, en commençant par sa "mauvaise réputation" ("Sors-donc un peu de ta chambre!" 😂). Elle fait partie des gens casaniers, qui n'ont pas du tout besoin d'être en mouvement ou à l'extérieur pour s'épanouir. Elle adore être chez elle. Apparemment, la chose n'est pas facile à assumer quand vous êtes journaliste et qu'on attend plutôt de vous que vous arpentiez la planète. Ce chapitre est celui qui m'a le plus parlé car il a rejoint mes propres réflexions au cours et à l'issue du confinement, qui m'a très bien convenu sous certains aspects.

Le reste de l'essai est plus sociologique, puisque Mona Chollet étudie le problème du logement de manière générale (hausse des prix, étalement urbain impliquant de longs temps de transport), la place centrale du travail dans nos vies et le problème du ménage (majoritairement pris en charge par les femmes ou délégué à des femmes pauvres) avant de parler de "l'hypnose du bonheur familial" et de conclure l'ouvrage par un éventail d'habitats alternatifs, du squat à la maison de paille. Tout cela m'a moins parlé car Mona Chollet en revient beaucoup aux rapports de force de la société capitaliste. Je ne crois pas être naïve quant à l'organisation du monde, mais je ne vois pas de la lutte des classes partout.

Je retiens toutefois les pages sur le bonheur familial, qui citent des personnes vivant en couple et faisant chambre à part, notamment à cause de problèmes de ronflements. Purée c'est mon rêve, faire chambre à part et ne plus entendre mon homme ronfler!! Pouvoir dormir!! Faire des nuits complètes!! 💖 Et j'ai aussi réfléchi à mon propre rapport à une certaine idée fantasmatique du chez soi; je fais partie des gens qui passent des heures sur Instagram à contempler des intérieurs parfaits et chaleureux.

Du côté des bémols, j'ai retrouvé la "confusion entre 'argument' et 'exemple' ou [la] surestimation de la valeur d'un exemple en particulier" que j'avais évoquée dans mon billet sur Sorcières. J'ai la nette impression que Mona Chollet assène des citations d'autres ouvrages pour confirmer ses dires. Or, le fait qu'une autre personne ait dit telle ou telle chose dans tel ou tel ouvrage, ou qu'il se soit passé telle chose à tel endroit, n'est pas forcément une preuve de ce qu'elle avance...

Pour conclure, je vous laisse avec une citation rigolote, qui rend bien le franc-parler de Mona Chollet:
"La vie serait trop simple si tous les machos étaient des abrutis complets: bien souvent, ce sont des abrutis partiels, et c'est presque pire." 👀😂

mardi 21 juillet 2020

Shadow Moon

Il y a plusieurs années, j'ai lu (et chroniqué) Shadow Moon de Chris Claremont et Georges Lucas, la suite du film Willow de Ron Howard. J'en suis sortie très mitigée et j'ai décidé de ne pas lire les deux tomes suivants de la trilogie. Manque de bol, je les ai quand même mis dans ma liste d'envie sur The Book Depository pour ne pas totalement oublier leur existence et quelqu'un me les a offerts. 😜 Ah, ah. En 2020, mon objectif de lecture principal est de retirer de ma PAL les livres entrés en 2017, donc je me suis enfin penchée sur leur cas. Et comme je ne me souvenais plus du tout de ce qu'il s'était passé dans le tome 1... Eh bein j'ai décidé de le relire. Même si j'avais trouvé ça bof.


L'histoire
Treize ans après les évènements du film, Thorn Drumheller, que nous connaissions sous le nom de Willow, est devenu un puissant sorcier. Il parcourt le monde pour visiter les lieux de pouvoir qui ont été dévastés par un cataclysme douze ans plus tôt (un an après le film, donc). Personne ne sait ce qu'il s'est passé, ni pourquoi la forteresse de Tir Asleen a été détruite, ni pourquoi Elora Danan, le bébé qu'il s'agissait de sauver dans le film, est réapparue à l'autre bout du continent (ou du monde, on ne sait pas trop).
À l'occasion de l'Ascension d'Elora, un rituel magique dont nous ne saurons rien, les représentants de tous les peuples, qu'ils soient magiques ou non, se réunissent. Elora étant la Princesse sacrée, son Ascension revêt la plus haute importance et est censée sceller le destin du monde. En bien, bien sûr. Thorn se présente à la cour pour jouer son rôle de parrain, de protecteur et de magicien et BAM, on l'envoie en prison au prétexte qu'il est un imposteur, le vrai Willow étant déjà là. En fait, le Willow de la cour est le méchant de l'intrigue et il profite de la cérémonie pour essayer de tuer Elora. Thorn, le vrai Willow, réussit à la sauver et à fuguer, en compagnie de la fille d'un démon et d'un éclaireur, mais tous les spectateurs de la cérémonie sont figés dans une sorte de boule de glace hors du temps.

En toute honnêteté, Shadow Moon n'est pas un grand livre, mais je me suis demandé à maintes reprises pourquoi je l'ai jugé si sévèrement il y a six ans. J'ai probablement été déçue qu'il soit si différent du film. Ici, il n'y guère d'humour; on est essentiellement dans la tête de Thorn et il est très inquiet à cause de la situation magique de son monde, sans compter qu'il rumine depuis plus de dix ans sur la mort de ses amis, Sosha et Madmartigan. Durant toutes ces années, il n'a pas rendu visite à Elora, ce qui le fait culpabiliser. Quant à Elora, elle a vécu enfermée au sommet d'une tour, loin de tout, et est devenue une pré-ado gâtée et tyrannique. Mais aussi solitaire et terrifiée: consciente qu'elle est différente des autres et qu'elle est promise à un grand destin (mais lequel?), elle ne peut se confier à personne et n'a aucun ami, tout en étant terrifiée par l'Ascension qui l'attend.

L'univers est assez simple et classique: un monde médiéval et magique avec des villes isolées au sein de grands espaces. On devine toutefois une structure de fond intéressante, une magie à la fois puissante et discrète qui s'apparente à une force primitive. Par exemple, j'aime bien que Thorn ne puisse pas vraiment commander la magie, mais négocie avec les éléments, comme lorsqu'il convainct les vieilles pierres du palais d'Angwyn de l'accueillir en leur sein.

Les personnages secondaires ne sont pas mémorables, mais sortent un peu de l'ordinaire: pas d'elfe et de nain ici, mais les deux brownies du film, Franjean et Rool, deux aigles, la fille d'un démon matérialisée par Thorn, un éclaireur daikini (humain 😉) et Ryn, un personnage non-humain dont je n'ai pas bien compris la description mais qui a de la fourrure et qui nage très bien. 😃 Dans le camp ennemi, un cavalier peu aimable qui ne survivra pas à ce tome, une guerrière qui tient Thorn pour responsable de ses malheurs et surtout le mystérieux magicien qui s'est fait passer pour Willow.

La rédaction n'est pas mémorable mais a un petit quelque chose de triste qui m'a touchée. Il est vrai que le livre aurait gagné à être plus court, comme je l'ai dit il y a six ans, mais il n'est pas non plus imbuvable. Même la tempête en mer a su maintenir mon intérêt sur la longueur.

Bref, je ne suis pas mécontente d'avoir redonné une chance à ce roman. Reste à voir si les deux tomes suivants parviennent à maintenir la même qualité, à défaut de la renforcer (vu les critiques catastrophiques sur les sites de vente en ligne, je tremble). Au moment où paraît cette chronique, je suis d'ailleurs en train de lire le deuxième.

jeudi 16 juillet 2020

L'Importance de ton regard (2010)

J'aime beaucoup le podcast Procrastination et j'apprécie tout particulièrement les propos de Lionel Davoust. J'ai donc profité de sa présence aux Rencontres de l'imaginaire de Sèvres de l'année dernière pour lui acheter un livre et découvrir enfin son œuvre.


L'Importance de ton regard est un recueil de dix-huit nouvelles paru en 2010 chez Rivière Blanche. Dix de ces textes avaient déjà été publiés, essentiellement dans des anthologies si je ne me trompe pas, tandis que huit étaient inédits. Chaque texte est précédé d'un court paragraphe de présentation de l'auteur, qui évoque le contexte de création et son objectif. J'ai trouvé ça super intéressant. Il faudrait toujours faire ça dans les recueils de nouvelles.

Je ne chronique pas les dix-huits textes par manque de temps et d'énergie, mais c'était une belle découverte et j'ai beaucoup apprécié.

Le recueil s'ouvre avec l'Impassible armada, une histoire de bateaux, de pirates et d'abordage dans un paysage gelé qui a un effet particulier sur les marins. Une bonne mise en bouche et une fin très sympathique.

Le deuxième texte, Tuning Jack, est celui qui m'a le plus marquée. D'une part parce qu'il m'a rappelé d'horribles souvenirs du collège dans l'expression quelque peu... euh... balbutiante de certains perssonages, et d'autre part parce que le sujet des modifications corporelles y est abordé de manière très plausible (et donc très horrible).

Récital pour les hautes sphères est une satire amusante de l'industrie musicale. Très sympa.

Regarde vers l'ouest m'a un peu remuée. Bien que l'opposition entre création et procréation soit très radicale (même pour moi qui, à presque 35 ans, n'ai toujours pas la moindre envie d'avoir un enfant), il s'en dégage quelque chose de viscéral et de désespéré qui vaut le détour. Je n'aurai pas fait le même choix que le protagoniste à la fin, mais purement par manque d'audace: il fait le choix que j'aimerais oser faire.

Personne ne l'a vraiment dit est une réinterprétation très triste d'un célèbre conte, ou plutôt le prolongement d'un célèbre conte.

L'Île close évoque la geste arthurienne sous un nouveau jour. C'est une belle réussite. "[...] demain tu disparus, hier tu disparaîtras". Ahah. 

L'Importance de ton regard est le texte le plus long du recueil, quasiment un court roman (enfin, une "novella", selon l'expression consacrée). Il nous emmène dans un avenir où un jeu en ligne, du genre de World of Warcraft, monopolise l'attention de l'humanité, à tel point que les rues sont désertes et les recrutements impossibles. Je l'ai trouvé génial, notamment car il alterne les personnages en changeant de ton à chaque fois, ce qui est un beau tour de force (et certains passages sont écrits à la deuxième personne du singulier, ce qui est très difficile). Rien d'étonnant à ce qu'il ait donné son titre au recueil!

Causes de la mort, En attente de jugement, Le Joueur dans l'ombre, Inventaire, Bataille pour un souvenir et Devant m'ont moins parlé pour diverses raisons, mais restent des textes intéressants. J'ai été moins emballée par Never Think of the Perfect Storm et Lions et espadons, dont j'ai trouvé le message politique  trop visible (pertinent, hein, mais manquant de naturel). Enfin, j'ai buté sur À la manière de, que je n'ai pas du tout compris, et Nous sommes coatl et Prière à Aarluk, que je ne pense pas avoir compris.

À part ces quatre textes moins emballants, j'ai trouvé ce recueil très bon et je l'ai lu avec beaucoup de plaisir. Je lirai certainement autre chose de Lionel Davoust!

samedi 11 juillet 2020

50 Short Science Fiction Tales (1963)

Ce recueil de nouvelles de science-fiction édité par Isaac Asimov et Groff Conklin est une trouvaille de seconde main: quelqu'un l'avait déposé dans le coin "récup" de ma médiathèque, l'étagère où l'on peut laisser des livres à donner. Les cinquante textes réunis ici ne révolutionnent rien et ne sont pas forcément marquants, mais ils font tous leur boulot avec efficacité. Le style est résolument dynamique, une manière d'aller à l'essentiel. Rien de surprenant à cela, puisque les éditeurs ont réuni des nouvelles particulièrement courtes allant de 300 à 3 000 mots; il n'y donc guère de place pour broder.


N'ayant pas l'énergie de chroniquer cinquante textes, je vais uniquement m'attarder sur ceux qui m'ont le plus plu ou qui ont été écrits par des célébrités, dont nombre d'auteurs que je n'avais jamais lus. 😃

Poul Anderson: Ballade of an artificial Satellite (année non indiquée)
Un poème sur le désenchantement du monde au fur et à mesure que l'humanité l'explore, si j'ai bien compris. Malheureusement, je comprends mal la poésie en anglais, donc je ne suis pas très sûre de mon interprétation. Les sonorités sont toutefois jolies.

Isaac Asimov: The Fun They Had (année non indiquée)
En 2155, deux enfants trouvent un livre, un drôle d'objet qui les plonge dans un profond étonnement. Le texte est intéressant parce qu'il montre bien le décalage entre cet avenir et un objet que nous connaissons bien, mais n'est pas marquant. Asimov a fait beaucoup mieux.

Alan Bloch: Men Are Different (année non indiquée)
Un archéologue étudie les hommes. [Divulgâcheur] On découvre ensuite qu'il est un robot qui ne comprend pas pourquoi un homme ne bouge pas après une opération de démontage/remontage. 😂 [Fin du divulgâcheur] Ce texte est très représentatif du recueil. Il n'est pas marquant, certes, mais il fait bien le boulot en moins de deux pages.

Anthony Boucher: The Ambassadors (année non indiquée)
Une histoire amusante concernant la nature des Martiens et le regain d'intérêt des Terriens pour une créature fantastique, [Divulgâcheur] le loup-garou. Les Martiens sont des loups, donc pour communiquer avec eux il faut des loups-garous. Génial! [Fin du divulgâcheur]

Fredric Brown: The Weapon (année non indiquée)
L'auteur de Martiens, go home! offre un texte efficace avec quelque chose de glaçant.

Arthur C. Clarke: The Haunted Space Suit (1958)
Mon écrivain fétiche propose lui aussi un texte efficace, résolument léger. On voit venir la chute de loin, mais je crois que c'est voulu, justement pour dérider le lecteur. [Divulgâcheur] IL Y A UN CHAT. [Fin du divulgâcheur]

Roger Dee: Unwelcome Tenant (1950)
Lorsqu'il dépasse la sphère d'attraction gravitationnelle de la Terre, un astronaute réalise que son esprit a toujours été occupé par un locataire malvenu dont il n'avait pas conscience. Quelles merveilles ne pourra-t-il pas réaliser maintenant qu'il maîtrise toutes ses capacités cérébrales pour la première fois de sa vie? Pourra-t-il libérer le restant de l'humanité?

Jack Finney: The Third Level (1952)
L'auteur de L'Invasion des profanateurs lorgne plutôt du côté du fantastique, à mes yeux, avec l'histoire classique d'un lieu hors du temps où le narrateur échoue par hasard. Ici, il s'agit du troisième sous-sol d'une grande gare new-yorkaise.

Marion Gross: The Good Provider (1952)
L'histoire d'une machine à voyager dans le temps qui ne marche pas. Ou qui ne marche pas assez bien, plutôt. L'inventeur est inconsolable. [Divulgâcheur] Son épouse, en revanche, y voit l'opportunité de se payer de bons morceaux chez le boucher en se promenant en pleine Dépression. 😁 [Fin du divulgâcheur]

Robert A. Heinlein: Columbus Was a Dope (1949)
Un débat de bar sur l'envie de l'humanité d'explorer de nouvelles frontières, comme Christophe Colomb, avec une chute sympathique, mais rien que de très banal. Pas un texte marquant.

Fritz Leiber: A Bad Day for Sales (1953)
Robie, un robot vendeur, fait ses débuts à Times Square. La foule s'agglutine autour de lui pour l'écouter parler de ses produits. Mais la journée n'est guère propice aux ventes, comme l'indique le titre. [Divulgâcheur] Forcément, une explosion nucléaire, ça ne multiplie pas les clients... [Fin du divulgâcheur] Ce texte n'est pas très marquant non plus, mais il met en scène de manière quasiment tragique le discours enjoué du robot qui n'a pas conscience de ce qu'il se passe autour de lui.

Jack Lewis: Who's Cribbing? (1953)
Ce texte extrêmement amusant est composé des lettres d'un écrivain de science-fiction qui essaye désespérément de placer des textes, mais qui est systématiquement accusé de plagier un autre écrivain dont il n'a jamais entendu parler. Je suis certaine d'avoir lu le même type d'histoire il n'y a pas si longtemps, mais impossible de retrouver où.

Frank M. Robinson: Two Weeks in August (1951)
Excédé par un collègue qui ramène toujours tout à lui, un homme annonce haut et fort qu'il va passer ses vacances sur Mars. À son retour au bureau, après quinze jours passés chez lui, devinez ce que lui apprend son odieux collègue qui fait toujours tout mieux que tout le monde? Héhé. Texte très sympathique que Dick n'aurait peut-être pas renié.

Theodore Sturgeon: Talent (1953)
Un texte assez cruel sur un enfant aux pouvoirs surnaturels.

William Tenn: Project Hush (1954)
Nouveau texte très amusant sur des scientifiques de l'armée de Terre américaine qui montent soigneusement une expédition secrète sur la Lune. Tout est ultra top secret, à tel point que le projet s'appelle "Project Hush". Mais devinez un peu ce que l'équipe va trouver en arrivant sur la Lune? Une chute formidable digne de la maison qui rend fous des Douze travaux d'Astérix.

A. E. Van Vogt: The Great Judge (1948)
Une histoire de trasfert de conscience. On voit venir la chute, mais c'est sympathique.

Karen Anderson: Six Haiku (année non indiquée)
Le recueil se conclut sur six haïkus science-fictifs. Je n'ai pas tout compris, mais j'ai beaucoup aimé le dernier:
"When Proxima sets
What constellation do they
Dream around our sun?"
Et voilà. Un recueil fort sympathique que je vous recommande de lire si vous croisez son chemin. Il ne changera pas votre vie, mais il vous fera passer un très agréable moment.

lundi 6 juillet 2020

Les BD du deuxième trimestre 2020

Malgré le confinement, je n'ai pas lu beaucoup de bandes dessinées au cours des trois derniers mois: une par mois, soit le rythme que je m'auto-impose pour avoir un minimum de régularité. Comme pour les revues, une par mois c'est bien, le reste c'est du bénèf. 😊

Félin pour l'autre de BADATANI Wataru (2016, 2019 pour l'édition française)


Euh. Alors. J'ai lu ce manga après que Baroona m'en ai signalé l'existence, mais j'ai réalisé que je l'avais déjà lu... Et que je l'avais probablement abandonné rapidement... En effet, la folie des chats va très loin ici... Le personnage principal est obsédé par les chats... Il veut devenir l'élève d'un "maître chat", un étrange jeune homme qui comprend parfaitement les chats et se déplace aussi rapidement qu'eux... Je vous assure que les poses typiques des mangas, où les personnages expriment leur enthousiasme la bouche grande ouverte par exemple, sont déstabilisantes quand le personnages est en extase devant un chat... Bref, pour la première fois, un truc de chat m'a fait peur!! 😹 Les amateurs pourront suivre notre obsédé des chats pendant plusieurs tomes supplémentaires s'ils le souhaitent.
Éditeur: Doki Doki
Traduction: Julien Pouly

Jamais de Bruno Duhamel (2018)


L'histoire d'une veille dame aveugle bien accrochée à sa maison, elle-même bien accrochée à une falaise... qui s'émiette sous l'effet de l'érosion. Ahah. Le danger est pressant et le maire aimerait bien évacuer son administrée, mais Madeleine s'obstine à rester là avec son chat Balthazar, un matou obèse qui avale avec délices de bons plats de poisson.
Une bande dessinée adorable, drôle, touchante par l'auteur de #NouveauContact et du Voyage d'Abel. J'ai eu envie de pleurer dès la première page, mais c'est vraiment léger et drole en réalité. Une réussite. Et puis ça se passe en bord de mer en Normandie. Et puis le chat vaut carrément le détour. À lire. Voir aussi l'avis de Baroona.
Éditeur: Grand Angle

La Saveur du printemps de Kevin Panetta et Savanna Ganucheau (2019)


Ce charmant comic en vert et blanc raconte la rencontre d'Ari, qui rêve de quitter sa ville natale et la boulangerie de ses parents pour percer comme musicien dans la grande ville, et d'Hector, le passionné de cuisine qu'il recrute afin de le remplacer. C'est mignon et humain, avec en plus un élément culinaire important grâce à la boulangerie. Entendons-nous: vous ne trouverez rien de révolutionnaire ici, mais j'ai apprécié [divulgâcheur léger, si léger que je ne le cache pas] que l'homosexualité ne soit pas le sujet du comic: si Ari est torturé et parfois tête à claques, ce n'est pas parce qu'il est homosexuel, mais parce qu'il cherche sa place de jeune adulte et qu'il est tiraillé entre les souhaits de ses parents, ses rêves et les rapports pas toujours faciles avec ses amis. L'homosexualité est tellement acceptée qu'elle est un non-sujet. Il n'y a pas de coming-out. Le mot "homosexualité" n'apparaît même pas. J'aime ce genre d'univers où on a tellement dépassé les sujets de société actuels qu'on n'en parle plus [fin du divulgâcheur léger]. Bonus: ce comics a été traduit avec amour par Mathilde Tamae-Bouhon. Je suis en formation avec elle cette année et c'est un gros cerveau. 😊
Éditeur: Jungle

mercredi 1 juillet 2020

La gamelle de juin 2020

Note de service: Ce billet a été publié par erreur quelques heures en avance dans une version brouillon. Désolée.

 Juin 2020, le mois du retour à la normale. Les cinémas rouvrent, l'apocalypse s'avère fort peu apocalyptique. Toutes mes belles idées pour mener une vie plus sereine après le confinement sont tombées à l'eau. Tralalalala.

Sur petit écran

Rien.

Sur grand écran

Woman d'Anastasia Mikova et Yann Arthus-Bertrand (2020)
Retour au cinéma pour voir un beau documentaire sur les femmes. Bien que je n'aime pas trop la manière de filmer et de photographier d'Yann Arthus-Bertrand, le film est saisissant et encourageant et aborde tous les aspects de la vie d'une femme, offrant une vision très plaisante d'une humanité diversifiée et déterminée. J'ai tout particulièrement apprécié la présence des langues du monde entier. Tout le monde s'en fout, mais la diversité linguistique c'est beau.

Radioactive de Marjane Satrapi (2020)
Rosamund Pike campe Marie Curie, célèbre scientifique, dans un film qui mêle parcours scientifique, vie privée et conséquences positives et néfastes de ses découvertes. J'avais peur de ne pas aimer à cause de certaines séquences oniriques dont j'avais entendu parler, mais, bien que je ne les aie effectivement pas aimées, j'ai beaucoup apprécié le film dans son ensemble et j'ai même versé une larme à la fin. Au-delà du destin individuel, que Marjane Satrapi traite sans tomber dans la mise en scène excessivement héroïque de nombreux biopics, le film parle aussi de la science et des choix qu'on fait, des thèmes très riches. Et du combat d'une femme dans un monde d'hommes, bien sûr.

Du côté des séries

Locke & Key – saison 1 (2020)
Comme je l'ai déjà indiqué dans ma gamelle de mai, cette adaptation s'est révélée décevante malgré un début plutôt alléchant. J'ai retrouvé avec grand plaisir certains éléments, comme la maison, bien sûr, et les clés magiques. Toutefois, la propension des personnages à ne jamais prendre la bonne décision, par exemple en utilisant la magie au lycée, en ne ramassant pas un revolver tombé à terre ou en se séparant constamment en petits groupes, m'a rapidement énervée. Le manque de coordination et de mouvement d'ensemble est également frustrant. Un certain nombre de problèmes pourraient être évités ou résolus plus vite si seulement les personnages se parlaient ou se coordonnaient. Quant à la mère, elle semble vivre dans une dimension différente de ses enfants, tellement son intrigue se fait sans eux, à quelques exceptions près. Enfin, la chute du dernier épisode me laisse présager une deuxième saison dotée exactement des mêmes problèmes: [divulgâcheur] les Locke vont devoir se rendre compte qu'ils ont fait traverser la porte Oméga à la mauvaise personne, puis se rendre compte que deux de leurs amis ne sont pas ou plus ce qu'ils sont censés être; ensuite, ils vont vouloir sauver cette personne, ce qui va leur faire perdre un temps fou; l'un ou l'autre va faire des conneries avec des clés, ce qui va prendre un temps fou; et la peur de Kinsey va continuer à se balader sans que personne ne songe à la rattraper pour la remettre dans la tête de sa propriétaire [fin du divulgâcheur]. Bref, je ne suis pas sûre du tout de la regarder. Je devrais plutôt relire les comics, qui sont super. Pourtant, Joe Hill, scénariste des comics, est présent à la production...

Agatha Christie's Poirot – saison 4 (1994)
Dans le fol espoir de continuer à regarder un épisode de série par semaine malgré la levée du confinement, je me suis penchée sur cette belle adaptation que j'avais laissée en plan après la saison 3 il y a deux ans. La saison 4 réunit trois épisodes d'une heure quarante très sympathiques, dont le célèbre ABC Murders. Comme toujours, on peut s'interroger sur la complexité des crimes: si vous voulez tuer une personne qui vous fait chanter, comment pouvez-vous imaginer de d'abord tuer le dentiste de cette personne puis de vous faire passer pour le dentiste pour vous trouver en présence de votre future victime? Mais il faut bien des crimes complexes pour faire travailler les cellules grises de Poirot, brillament campé par David Suchet.

Et le reste


J'ai fini l'Écran fantastique Vintage numéro 1, dont j'avais lu la première moitié en mai. La revue était consacrée pour moitié à Lovecraft et pour moitié à Star Trek. Deux univers on ne peut plus différents, mais aussi chers à mon cœur l'un que l'autre. J'ai commencé par Star Trek et sa vision optimiste d'un avenir dans lequel l'humanité a évolué, ce qui m'a donné très envie de voir toutes les séries que je n'ai pas vues (car, paradoxalement, mon amour de Star Trek repose sur les trois saisons de la série d'origine et sur les deux saisons de Discovery, ce qui représente à peine 10% de la franchise). Puis j'ai rejoint Lovecraft dans un univers sans espoir où des créatures immensément plus puissantes que nous se terrent dans les ténèbres en attendant de nous exterminer. Un imaginaire largement repris dans des films plus sanglants les uns que les autres, ce qui s'éloigne beaucoup de Lovecraft à mon avis, mais bon. Bref, c'était le grand écart, mais la revue était très intéressante et le voyage passionnant. On regrettera toutefois les nombreuses fautes de grammaire, d'orthographe, de syntaxe et de typographie...

Pas de Cheval Magazine ce mois-ci, le numéro de juin n'étant jamais arrivé. 😭 

Et voilà!
En juillet, je continue Poirot et j'essaye de me pencher sur les films Marvel!