vendredi 28 août 2015

L'Étranger (1942)

Chronique express!


"Aujourd'hui, maman est morte." C'est sur ces mots célèbres que commence ce court roman d'Albert Camus, un livre qui prime vraiment par son style: épurée, nette et précise, la langue de Camus est unique et joue un rôle décisif pour structurer le propos de l'auteur. Le narrateur, un homme discret et taciturne, décrit succinctement, de manière détachée (mais avec une justesse incroyable dans le ressenti en même temps), ses actions à partir de l'annonce de la mort de sa mère. Voyage vers l'asile où elle a fini sa vie, enterrement, début d'une relation amoureuse avec une femme, rapports avec des voisins... Peu à peu, l'enchaînement des événements l'emmène jusque sur une plage où il commet un acte fatidique. Aussi implacable que le soleil de plomb de l'Algérie française, le destin s'abat. La deuxième partie du roman s'élargit à la réaction des autres et de la société en général, à laquelle le narrateur semble bien rester étranger, jusqu'à une conclusion qui m'a fortement rappelé l'éternel recommencement de Nietzsche et m'a tiré la même admiration. Un livre fort pour un écrivain que je connais peu – je n'ai lu que La Peste et La Chute – mais que j'admire décidément beaucoup.

mardi 25 août 2015

M. Pénombre libraire ouvert jour et nuit (2012)

Chronique express!


Clay, un graphiste au chômage, tombe un jour sur une petite librairie verticale de San Francisco tenue par un certain Monsieur Pénombre, qui accepte de l'embaucher comme vendeur de nuit. De 22h à 6h du matin, Clay tient boutique pour une clientèle très particulière: de rarissimes passants qui achètent des livres d'occasion et de discrets habitués qui demandent le "fonds du fond", de vieux livres mystérieux. Sa mission est encore plus particulière: il doit noter dans un registre le détail des évènements de la nuit, par exemple comment était habillé le client qui a acheté un livre à trois heures du matin. Forcément, Clay se pose beaucoup de questions et va finir par ouvrir l'un des livres qu'il n'était pas censé toucher... et par se retrouver embarqué dans les aventures d'une société secrète plutôt originale, dont il essaiera de percer les mystères avec une bande de personnages hauts en couleurs. Robin Sloan propose ici un roman d'aventures léger et pétillant vraiment très sympathique; déjà parce que ça parle de bouquins, mais aussi et surtout parce que les copains de Clay sont très amusants et rafraîchissants et se retrouvent dans pas mal de situations saugrenues. Au passage, ce livre, s'il ne demande pas de réflexion intense, n'est pas pour autant décérébré: c'est du léger de qualité qui m'a fait passer un très bon moment (malgré qu'il ait un peu "senti la traduction" vu que je l'ai lu en français ^^).

samedi 22 août 2015

Les Caractères ou les Moeurs de ce siècle (1687)

Chronique express!


Les Caractères de La Bruyère est bien ce qu'on appelle une déception: ayant acquis pour moi une sorte d'aura littéraire mythique quand j'étais au lycée, il s'est révélé d'un ennui sans nom quand j'ai enfin mis le nez dedans plus de dix ans plus tard. La faute, principalement, au fait que La Bruyère avait beaucoup de choses à dire sur ses contemporains et sur les modes de son époque mais que ses remarques n'ont plus guère de pertinence deux siècles plus tard. Pour tout vous dire, je n'ai même pas compris à quoi faisaient référence la moitié des maximes, notamment quand La Bruyère utilise des surnoms pour faire référence à des personnalités bien connues des lecteurs. Et l'autre moitié, je l'ai trouvé en grande partie bien pompeuse, comme si La Bruyère se croyait plus malin que tout le monde. Je n'ai réellement noté qu'une dizaine de citations, dont la célèbre "Il n'y a pour l'homme que trois événements: naître, vivre et mourir. Il ne se sent pas naître, il souffre à mourir, et il oublie de vivre." Et puis, les vingt ou trente dernières pages s'appliquent à démontrer l'existence de Dieu par des raisonnements que je trouve biaisés et juste faux (genre "l'univers est trop complexe pour être le fruit du hasard") et à prendre en pitié les athées, chose que je n'ai guère appréciée. Du coup, avec tout ça, j'ai tout de même traîné ce livre trois mois, du 11 avril au 20 août, ce qui n'est pas commun chez moi...

jeudi 20 août 2015

Le Yoga pour les Nuls (1999)

Chronique express!


Très emballée par mes cours d'essai de yoga du mois de juin, j'ai souhaité découvrir un peu plus cette discipline pendant l'été afin de l'aborder avec un minimum de connaissances à la rentrée. Le Yoga pour les Nuls n'a pas été une lecture très concluante car il s'agit plutôt d'un guide pratique avec des conseils et des exercices (et que je ne compte aucunement me lancer dans le yoga en solo ^^), mais c'était tout de même intéressant et surtout motivant. Je crois que j'ai trouvé un truc pour vraiment avancer dans mon parcours personnel avec cette discipline qui est tout aussi mentale que physique! Dans le contexte du yoga, je ne ressens rien comme culcul mais seulement comme positif et j'ai réellement l'impression que même quelqu'un de gros et raide comme moi peut se dépasser et prendre véritablement "possession" de son propre corps. Bon, on en reparlera dans un an, mais pour l'instant je suis très optimiste. Et je m'en vais lire le Que sais-je sur le yoga dans l'espoir d'en apprendre plus sur les origines et les cinq mille ans d'histoire de cette discipline prometteuse.

Le Yoga pour les Nuls est un livre de Georg Feuerstein et Larry Payne, traduit de l'anglais par Jean-Luc Rostan (et parfois on sent que c'est une traduction, mais rien de grave) (j'ai été plus attristée par les fautes de frappe, ce n'est pas sérieux ça Éditions First!). La version poche coûte 12,50€.

samedi 8 août 2015

Le Formidable Événement (1920)

Chronique express!


Voilà une belle lecture! Le Formidable Événement est un roman d'aventures et de science-fiction très réussi. Il a bien quelques défauts. Parfois, les péripéties s'enchaînent sans trop de détails et on ne comprend pas bien. La vision de la femme est quand même pas mal datée ("il la dominait de toute sa puissance d'homme".....). Mais le style est bon, saisissant quand il le faut, et surtout l'idée est géniale: dans un cataclysme imprévu, un formidable événement qui bouleverse les côtes anglaise et française, le sol de la Manche remonte à la surface. La France et l'Angleterre sont soudain réunies par un immense désert où pourrissent les poissons et où gisent, comme autant de cadavres, les épaves des bateaux ayant fait naufrage au cours des siècles.... Les pilleurs rôdent bientôt dans ce paysage lunaire et presque lovecraftien et notre héros, Simon Dubosc, s'élance sur les traces de sa fiancée disparue. Dommage que le roman ait les faiblesses que je citais plus haut, car Maurice Leblanc est passé pas loin du chef d’œuvre! Je crois que c'est le livre que j'ai le plus aimé cette année...

"Et au milieu de cela, toujours une multitude de choses dont on ne pouvait plus discerner la forme réelle, débris accrus et gonflés par l’apport de tout ce qui s’incruste et de tout ce qui s’accroche, ou bien, au contraire, rongés, usés, attaqués, émiettés par tout ce qui dissout et tout ce qui anéantit.
C’étaient des épaves. Innombrables, luisantes, visqueuses, de toutes les apparences et de toutes les matières, d’un âge qui se comptait par mois ou par années, peut-être par siècles, elles attestaient la suite ininterrompue de mille et de mille naufrages."

Le truc en plus que je ne veux pas oublier: L'ambiance Far West sans foi ni loi et le camp du "méchant" de l"histoire m'ont pas mal rappelé Mad Max: Fury Road.

mercredi 5 août 2015

The Perks of Being a Wallflower (1999)


The Perks of being a Wallflower de Stephen Chbosky est un roman épistolaire constitué des lettres envoyées par un adolescent, Charlie, à un destinataire anonyme, à qui il raconte sa première année au lycée. Publié en France sous le titre Pas raccord, le roman a été réédité sous le titre Le Monde de Charlie à l'occasion de la sortie du film, réalisé par l'auteur en personne... Et forcément, comme j'ai d'abord vu le film, je connaissais déjà l'histoire et j'ai un peu collé les visages des acteurs sur les personnages. Ce qui n'est pas forcément un mal d'ailleurs: pour une fois, on peut supposer que le réalisateur-auteur a choisi des acteurs correspondant vraiment à ses personnages!


Dans le livre, Charlie est plus "simplet" que dans le film. Au début, d'ailleurs, j'ai pensé qu'il était vraiment autiste et j'ai craint de ne pas accrocher. Mais en fait on s'habitue à ce ton très direct et clair, parfois rigolo et parfois touchant, toujours très juste... Charlie décrit sa vie de lycéen taciturne et discret, les relations avec sa famille, les lectures conseillées par son prof d'anglais qui le prend sous son aile, la rencontre déterminante avec des élèves en dernière année. On le voit observer avec attention les actions des autres et tenter de "participer" lui aussi, c'est-à-dire d'entrer dans le jeu. Il va faire quelques expériences avec sa candeur caractéristique et en tirer des enseignements, mais aussi commettre plein d'erreurs.
 
Par rapport au film, l'accent est beaucoup plus mis sur la famille de Charlie. Il décrit plusieurs fois ses parents, sa sœur et son frère, mais aussi la famille plus éloignée qu'ils ne voient que quelques fois par an, en soulignant les tensions accumulées depuis des lustres et les travers des uns et des autres. La question qui en ressort le plus clairement est celle du bonheur: ont-ils réussi à être heureux? Les violences et les malheurs de l'enfance ne les ont-ils pas déterminés à devenir les adultes qu'ils sont?

Charlie aborde aussi d'autres sujets graves, comme le rejet de l'homosexualité, la violence psychologique au lycée, le viol, le suicide... Ce n'est jamais sordide mais certains passages sont très très tristes, comme le poème que Charlie lit à ses amis. L'histoire d'amour complètement catastrophique de Patrick et finalement ses errances dans le parc la nuit sont le plus triste dans tout ça, le plus grand gâchis...

"Patrick just said that he wasn't sad because at least now, Brad doesn't have to get drunk or stoned to make love."

"We accept the kind of love we think we deserve."

The Perks est bien un livre que je regrette de n'avoir pas pu lire quand j'étais moi-même au collège et au lycée. Je pense qu'il m'aurait bien aidée à affronter la sensation de solitude profonde qu'on ressent forcément quand on ne rentre pas pile-poil dans le moule et que la majorité des élèves te regarde comme une bête curieuse. Mais je dois dire que même à mes presque trente ans, le livre m'a réconfortée et fait réfléchir, tout comme le film m'avait donné bien de l'espoir et du courage il y a deux ans.
 
Au final, j'ai préféré le film, peut-être parce que la musique, qui joue un rôle vraiment important dans la vie de Charlie, est bien mise en avant, tandis qu'elle se limite à des noms de chansons dans le livre (et forcément quand on n'a pas de baladeur et de connexion avec soi, on ne peut pas se ruer sur Deezer pour écouter les morceaux dont parlent les personnages en même temps qu'on lit); et certainement parce que l'effet de découverte est passé et que j'adore Logan Lerman en Charlie. ♥

Un dernier point sur le titre:
The Perks of Being a Wallflower signifie littéralement "les avantages d'être une fleur dans la tapisserie". Je l'aurais bien traduit par "De l'avantage de faire partie du décor" ou en utilisant l'expression "faire plante verte". L'idée est que Charlie est tellement discret que personne ne fait attention à lui, ce qui lui permet de tout observer tranquillement. Le titre français Pas raccord n'a rien à voir mais colle très bien au personnage et au contenu, parce que Charlie est vraiment tout sauf raccord (et cela m'a d'ailleurs fait cogiter que c'est une super traduction du mot anglais misfit). Le titre du film Le Monde de Charlie, en revanche, ne présente vraiment aucun intérêt du point de vue adaptation ni du point de vue du sens...

dimanche 2 août 2015

La gamelle de juillet 2015

Un mois un peu modeste niveau films, mais c'est tout de même mieux que les deux-trois derniers mois et il y a du progrès niveau lecture. Et comme en juillet j'ai plus monté que d'habitude et que je suis même PARTIE EN WEEK-END, je suis contente!

Sur petit écran

Que dalle. ^^

Sur grand écran

Terminator: Genisys de Alan Taylor (2015)
Un film d'action sympathique. Je n'ai même pas essayé de suivre la partie "voyage dans le temps" (si tant est qu'elle est "suivable") et j'ai passé un bon moment parce que Schwarzenegger a un capital sympathie énorme et ne se prend pas trop au sérieux, que les acteurs y croyaient et que j'ai bien aimé le personnage de Sarah Connor. En gros c'est un film d'action parmi d'autres mais il remplit bien son cahier des charges.
 

Magic Mike XXL de Gregory Jacobs (2015)
"We're gonna see if he still got some magic in that Mike...." Le verdict est sans appel, la magie Channing Tatum opère toujours! ^^ Autant le premier film proposait une certaine dimension psychologique, autant on est ici dans le divertissement pur: le film est drôle et ressemble aux films de danse qu'on nous propose régulièrement, avec même le but ultime de ce super spectacle qui cristallise les espoirs et les rêves des protagonistes. Sauf qu'il s'agit de strip-teasers! Et qu'il y a un strip-tease hilarant sur une chanson des Backstreet Boys. Et une théorie intéressante sur le strip-tease masculin comme thérapie pour les femmes. Et un strip-teaser absolument irrésistible, André je crois (le noir à chapeau). Et que la maîtresse de cérémonie est juste à tomber. Et que Channing Tatum danse trop bien (ce qu'il fait dans l'atelier, c'est juste pas humain!!) et a l'air trop sympa. Je suis sortie du cinéma avec un sourire idiot sur le visage.



Ant-Man de Peyton Reed (2015)
Le film de super-héros du moment, sympathique et malin en ce qu'il accepte et joue sur le fait qu'être un homme-fourmi... bein ça fait un peu pitié. Michael Douglas est super dans son rôle et c'est plutôt agréable de voir la bataille finale ravager une chambre d'enfants et pas une ville entière. Bon, ce n'était pas génial non plus, mais sympa... La réplique à retenir: "I think our first move should be to call in the Avengers".

Les Minions de Kyle Balda et Pierre Coffin (2015)
Film d'animation rigolo, plus efficace que je ne le pensais, qui frise la lourdeur mais ne s'y attarde pas. J'ai beaucoup répété "Mi, me cassos" aux collègues les jours suivants.

La Rage au ventre de Antoine Fuqua (2015)
Un film de boxe prenant, dans lequel tout spectateur pourra se retrouver du fait que notre héros tente foncièrement de se dépasser – et qu'y-a-t-il de plus universel que d'avoir envie de dépasser ses limites? Jake Gyllenhal est assez impressionnant et Forest Whitaker très convaincant. Je ne le reverrai sans doute jamais et il ne m'a pas réconciliée avec la boxe, une discipline que je trouve assez dégoûtante, mais c'est un film tout à fait valable.


Du côté des séries

Arabesque
J'ai continué et même fini la saison 5 et j'ai entamé la 6. Grignoter devant Arabesque est devenu un symbole du vendredi soir et du week-end et ça me détend donc encore plus qu'avant, un vrai bonheur.

Inspecteur Barnaby
Deux épisode de la saison 4. Mener l'enquête avec Barnaby est un des grands plaisirs que je partage avec l'Homme. On fait pause toutes les dix minutes pour faire le point et proposer des théories.

Penny Dreadful
Et voilà que nous avons enchaîné les quatre derniers épisodes et donc fini la saison 2 de Penny Dreadful, que j'ai autant adorée que la première.
Il y a certes des petites choses que je n'approuve pas. Une relation amoureuse est devenue un peu lourde dans un épisode. Une autre s'est terminée en meurtre. Un personnage que je n'apprécie guère a pris beaucoup d'importance et a entraîné un personnage que j'adore dans une direction qui ne me plaît pas, notamment parce que cela a entraîné le meurtre précédemment cité. Une mort que je n'avais absolument pas vu venir m'a sidérée et désespérée. Je trouve toujours le maquillage de la Créature complètement cheap et je n'ai pas plus aimé le look des sorcières que je n'avais aimé celui des vampires de la première saison, sans même parler du loup-garou. (Mais au fond, je ne me suis jamais remise du look des vampires de Buffy non plus, alors...)
Il n'empêche qu'à mes yeux Penny Dreadful approche vraiment de la perfection, avec sa mise en scène soignée, ses personnages plus grands que nature pleins de couches de secrets et le mystère permanent qui plane sur eux. Tu les regardes dans les yeux et tu sais que tu ne sais rien et qu'il y a tant derrière leur regard...! Quand je regarde cette série, je ne peux juste pas quitter l'écran des yeux.



Dans cette saison, en plus, ce sont les femmes qui ont mené le jeu, et elles sont re-dou-ta-bles.
Tellement hâte de voir la troisième saison et de découvrir comment nos personnages éparpillés aux quatre coins du monde vont s'en tirer...

Le reste

En début de mois, j'ai lu Cavalière Magazine, car j'avais dévoré le Cheval Mag de juillet tellement vite à la fin du mois de juin que je ne me voyais pas attendre le numéro suivant sans rien d'équestre à me mettre sous la dent. Le magazine est plutôt bien et ne présente pas de trucs idiots généralement destinés au public féminin du genre horoscope et tests "psycho". En fait il utilise juste systématiquement le féminin pour parler des cavaliers. Ce qui est plutôt justifié pour un sport pratiqué à 75% par les femmes... ^^

En fin de mois, comme d'habitude, j'ai lu mon Cheval Mag, celui d'août.

En parallèle, je lis tout doucement Les Caractères de La Bruyère (depuis le 11 avril tout de même), La Destruction des Juifs d'Europe et... Le Yoga pour les nuls! :)



L'un des éléments de cette photo est un intrus.
Lequel?