mercredi 29 octobre 2014

L'Étalon noir (1941)

Comme beaucoup de passionné(e)s d'équitation, j'ai dévoré la série de L'Étalon noir quand j'étais une jeune pré-adolescente pleine de rêves de chevaux. Je sais qu'il me manquait un livre ou deux et que je trouvais cela très frustrant, mais j'en garde le souvenir de longues heures de lecture émerveillée. À l'époque mes lectures m'accompagnaient de manière beaucoup plus permanente et insistante que maintenant et je rêvais de Black bien après avoir refermé les livres...


À l'âge adulte, en revanche, la relecture du premier tome m'avait beaucoup refroidie: je l'avais trouvé terriblement simpliste dans son propos et cliché dans son écriture.

Il est étonnant de voir à quel point le ressenti face à un livre ou un film dépend du contexte: car cette fois-ci, cinq ans plus tard, j'ai très sincèrement aimé L'Étalon noir. Alors, évidemment, le fait que je l'aie lu il y a cinq ans alors que je faisais crise d'angoisse sur crise d'angoisse et que ma vie équestre était dans une terrible impasse, tandis que je profite aujourd'hui d'une réelle activité de cavalière (modeste sous tous les aspects mais néanmoins existante et sensiblement saine), a certainement eu une influence: si je continue de rêver les yeux ouverts devant les photos et les vidéos des autres (qui montent mieux que moi, sortent en concours, ont leur cheval....), je ne me sens plus coupée et bannie de ce monde. Donc, je ne ressens plus une terrible frustration qui empoisonne le moindre contact et me donne envie d'aller me terrer sous la couette pendant une éternité ou deux...

Le fait d'avoir lu Walter Farley en VO a certainement aussi joué: un texte relativement simple, destiné à une jeune public, me semble encore plus simplet en français qu'en anglais, langue qui arrive plus facilement à dire plein de choses en peu de mots. Mais surtout cette édition de Random House est juste trop jolie: grand format à couverture rigide et illustrations d'origine lui donnent un petit air rétro absolument délicieux et nous plongent dans l'atmosphère de l'époque, quand Alec rentrait à New York depuis l'Inde par bateau et qu'il fallait attendre pendant des mois la réponse à une lettre envoyée au Jockey Club!


Alors, bien sûr, le fantasme de l'amitié jeune garçon-cheval indomptable est justement un fantasme, et le récit est truffé de coïncidences fortuites vite agaçantes (la palme revenant à la présence sur l'île déserte de cette algue comestible dont le professeur de biologie d'Alec avait justement parlé en cours! Quelle chance dis donc!) Mais le fond reste fascinant. Parce qu'on rêve tous de tomber sur un cheval plus exceptionnel que les autres et de construire avec lui cette relation unique. Et que les galopades à bride abattue à couper le souffle vous donnent des frissons rien qu'à les lire...

Un retour en arrière très bienvenu, donc, et la sensation d'avoir retrouvé un peu de ce que j'étais. Comme quoi même la cinquième ou sixième lecture d'un livre que je connaissais par cœur peut encore m'apprendre quelque chose sur moi-même! \o/

"Y'know, Alec, horses are kind of like the sea, you'll find out--once you get used to 'em and start to love 'em, you can't ever give them up." (Henry Dailey)

jeudi 23 octobre 2014

Le Pays sous le ciel (2006)

Plus à la ramasse que jamais, j'ai enfin fini ce soir un livre que je traîne depuis l'impressionnante éternité que sont cinq semaines de lecture: Todo bajo el cielo de Matilde Asensi. Pas que ce roman d'aventures soit mauvais; il a exactement les mêmes défauts et qualités que Le Salon d'ambre dont je vous ai déjà parlé et il constitue une agréable et dépaysante lecture qui ne marque pas mais fait passer un bon moment.


L'histoire: Elvira, peintre espagnole mariée à un Français, doit quitter Paris pour se rendre à Shangaï, où sont mari est mort et où l'attendent des affaires de succession à régler. Elle emmène avec elle sa nièce Fernanda, une adolescente peu amène dont elle a bien malgré elle la garde. Mais quelle ne sera pas sa surprise, au terme d'un voyage en bateau éprouvant, de découvrir que feu son mari n'a laissé derrière lui que des dettes et n'a pas été tué par des cambrioleurs mais par la mafia locale -- dont il n'a pas pu se défendre parce qu'il était drogué à l'opium cette nuit-là -- et qu'en plus, il aurait caché chez lui un précieux objet permettant de retrouver le luxueux mausolée du Premier Empereur chinois! En proie au plus grand désarroi et à des crises de nerfs récurrentes, Elvira se retrouve embarquée dans une chasse au trésor en compagnie de sa nièce, d'un jeune Chinois, d'un Irlandais très porté sur l'alcool et d'un vieux antiquaire chinois. À leurs trousses, tous ceux qui veulent trouver le trésor du Premier Empereur avant eux.

Vous voyez déjà quelques points communs avec l'intrigue du Salon d'Ambre, principalement le fait que le héros est une héroïne racontant sa propre histoire et le principe de la chasse au trésor. Trésor qui sera à nouveau enterré dans un lieu oublié de tous et où les héros devront résoudre des énigmes ou des pièges plus ou moins complexes pour avancer dans leur parcours. Du coup, j'ai deviné la fin à la moitié du livre. Il n'empêche que c'est une lecture sympa et que le petit humour assassin dont fait preuve Elvira est assez jouissif, notamment quand elle contredit mentalement ses interlocuteurs en soulignant leurs failles et travers ou quand elle manque d'étranger sa nièce et le jeune Chinois qui les accompagne.

Le principal problème de ce live, c'est sa densité: 525 pages réparties en à peine cinq chapitres, avec peu de dialogues et de gros paragraphes. Le style n'étant pas particulièrement brillant, c'est un peu décourageant; la longueur de certains passages peu utiles est vraiment étonnante par rapport à la rapidité avec laquelle sont traités d'autres plus importants. Ajoutez-y la lenteur avec laquelle je lis l'espagnol (et encore, je lis actuellement à un train étonnant par rapport à il y a encore deux ans...) et vous savez pourquoi il m'a fallu plus de cinq semaines pour en venir à bout! Le fait que je ne connaisse rien à l'histoire chinoise et confonde facilement les noms chinois n'a pas aidé non plus, même s'il faut souligner que Matilde Asensi a fait un très gros travail de recherche et de vulgarisation pour que le lecteur occidental ne soit pas totalement submergé par le choc culturel.

Outre l'humour, je veux vraiment souligner dans les points positifs la présence de personnages féminins "forts", c'est-à-dire dignes d'intérêt, rationnels et dotés d'une personnalité propre. Elvira et Fernanda ont beau être des occidentales de bonne famille habituées à un certain standing, elles vont vite évoluer et s'adapter pour sauver leurs vies et elles ont un vrai rôle à jouer dans leur petite équipe d'aventuriers. Un aspect agréable en cette époque de fifilles et de nunuches!

En bref, une lecture facile, prenante et amusante à lire pour s'évader ou se changer les idées, sans prétentions littéraires et sans effet durable (mais qui a justement le mérite de ne pas prétendre en avoir). À découvrir à l'occasion.

Et maintenant, je reprends mes lectures en main et me consacre enfin à autre chose! :)

dimanche 12 octobre 2014

Galops (2013)

Chronique express!


Parfois la magie n'opère pas: après un Perspectives cavalières enchanteur, Jérôme Garcin m'a laissée indifférente avec ce Galops - Perspectives cavalières II. Il y a certes de beaux chevaux et des cavaliers émérites dans ce petit recueil, mais globalement j'en ai plutôt ressenti un côté "m'as-tu-vu" et grand bourgeois. Je vous l'avais déjà dit à propos de La Chute de cheval: Jérôme Garcin et moi ne fréquentons pas les mêmes cercles. Il rend hommage à des peintres, des écrivains et des acteurs que je ne connais que de nom (à part Flaubert -- mais la présence de chevaux dans Emma Bovary et Trois Contes étant plus que marginale, je ne peux pas me prononcer sur sa passion des chevaux), et j'ai l'impression qu'il veut surtout montrer qu'il les connaît et qu'ils sont vraiment très intelligents. En bref, cela sent le petit cercle d'éditeurs et d'intellectuels parisiens bien fermé et auto-référentiel. Je n'en retiendrai que le petit texte sur Kamel Boudra, un journaliste d'Equidia pour lequel j'ai beaucoup de sympathie, et celui sur les femmes, avenir du cheval. Dommage, cependant, si nous sommes l'avenir du cheval, que nous soyons si peu nombreuses dans ces pages...

Jérôme Garcin, Galops
Éditions Folio, 192 pages, 6,20€

vendredi 10 octobre 2014

Contes à Ninon (1864)

Chronique express!


Une fois n'est pas coutume, il arrive que même votre écrivain préféré préféré vous laisse tomber. Voilà mon ressenti sur ce Contes à Ninon, le tout premier livre d'Émile Zola, publié quand l'auteur avait 24 ans. Il s'agit d'un recueil de nouvelles, ou plutôt de contes comme le titre l'indique, et je ne peux en dire qu'une chose: à l'exception de Soeur-des-Pauvres, que je crois avoir déjà lue ailleurs, je suis complètement passée à côté de ces textes. Mauvais timing et manque de temps y sont pour beaucoup: depuis environ trois semaines, je lis à peine et j'ai un mal fou à me concentrer quand j'ai un peu de temps devant moi. Mais ce Zola un peu mièvre, très tourné vers l'amour, ne m'a pas tout simplement pas beaucoup plu. Et il m'a même complètement perdue avec Les Aventures du grand Sidoine et du petit Médéric, une sorte de Candide dont je n'ai pas du tout compris l'objectif. À relire dans quelques années à un moment plus propice pour en tirer ce qui en vaut la peine -- car je suis sûre que Zola avait quelque chose à dire même à ses débuts...

J'ai en revanche bon espoir pour les Nouveaux contes à Ninon, dont je connais déjà plusieurs textes et qui est plus tardif et plus proche de "mon" Zola.

mercredi 1 octobre 2014

Il est arrivé!

Avec beaucoup de retard, voici enfin un petit mot sur mon œuvre de cette année: le célèbre catalogue de mon bien-aimé employeur!


Si ma traduction a été moins créative cette année, je trouve en revanche que le cru 2015 est encore meilleur que le cru 2014. Peut-être que, n'étant plus dans le stade de la découverte du processus de production, j'ai pu consacrer plus de réflexion à l'intention des pages et mieux comprendre le savoir-faire en matière d'aménagement qui s'en dégageait. Quoi qu'il en soit, j'aime cette édition encore plus que l'autre, qui restera néanmoins très importante pour moi du fait qu'elle a, il faut le dire, changé ma vie. Professionnellement avant tout, mais pas que.

Voilà donc ce que je vous conseille de ne pas louper cette année! :)

- Commençons par le commencement: la couverture que je trouve sublime. Pensez bien à déplier le catalogue pour voir le recto et le verso ensemble, car il s'agit d'une seule et même pièce. Avec une vue imprenable.

- Le verbe "prélasser" que j'ai réussi à caser page 11.

- La petite fille irrésistible de la page 12.

- Sur la version numérique ou l'appli : la vidéo bonus de la page 21, qui représente assez bien ma conception de l'amour. À regarder jusqu'au bout pour voir le petit geste qui donne son sens au reste.

- L'utilisation rigolote d'une expression familière page 39.

- Les trois derniers mots de la page 63... Mon chef d’œuvre! <3

- Le bonhomme-meuble des pages 56 et 57, Monsieur Ivar. :)

- Toujours sur la version numérique ou l'appli: la belle vidéo de la page 59. En plus, j'ai casé l'adjectif "intrépide" en bas à droite de cette page!

- La vidéo de la page 73 qui donne juste trop envie d'acheter ce lit.

- Les idées récup/bricolage des pages 134 et 135.

- La cuisine "fait main" des pages 144 et 145.

- L'astuce de la page 172. Je l'ai appliquée chez moi et depuis l'Homme et moi faisons couette à part: le bonheur point de vue température!

- La suspension "étoile de la mort" page 276.

- Et tant d'autres petites choses qui m'ont amusée ou surprise mais qu'il serait trop long d'énumérer ici... :)

En revanche, vous pouvez ignorer l'abominable faute de la page 314, je ne sais pas comment cette page a pu partir à l'impression comme ça!! (Inutile de la chercher dans la version numérique, on l'a corrigée.... La dématérialisation a ses avantages!)

Des semaines de production très intenses et des moments de stress, mais le résultat en vaut carrément la peine. Vivement l'édition 2016!