jeudi 30 août 2018

Les Enfants du capitaine Grant (1868)

J'ai découvert Jules Verne assez tard, à quasiment trente ans je crois, mais j'apprécie énormément cet écrivain aussi drôle qu'intelligent. Comme je le dis à chaque fois, lire Verne est toujours un plaisir! Je voulais lire Les Enfants du capitaine Grant afin de donner suite à ma dernière lecture en date, L'île mystérieuse. Au moment de rédiger ce billet, je réalise avec horreur que cela fait déjà deux ans que j'ai lu ce roman-là, ma chronique datant d'avril 2016! 😱J'étais persuadée de l'avoir lu en 2017...


L'avantage d'être à la ramasse, c'est que j'avais totalement oublié les évènements des Enfants du capitaine Grant qui sont largement racontés dans L'Île mystérieuse, les deux romans étant liés, et que j'ai donc pu savourer ce roman en toute "ignorance de cause" si je puis dire. ^^

Les Enfants du capitaine Grant, c'est donc l'histoire d'une expédition partie à la recherche du capitaine Grant. Tout commence avec une bouteille à la mer retrouvée par un riche Écossais, Lord Glenervan. Le capitaine Grant a fait naufrage par 37° de latitude. On ignore la longitude, mais qu'importe! Lord Glenervan possède un superbe yacht à vapeur, le Duncan, et fera le tour du monde, s'il le faut, pourvu de retrouver ce vaillant capitaine et de soulager le cœur rongé d'inquiétude de ses deux enfants, Mary et Robert. Avec lui embarquent sa femme Lady Glenarvan, le major McNabbs qui ne prend jamais position en faveur ou contre quoi que ce soit, le capitaine John Mangles et le géographe français Plaganel, un personnage érudit, loufoque, distrait et franchement inénarrable que j'ai adoré. Ils traverseront l'Amérique du Sud, l'Atlantique, l'océan Indien, l'Australie, la Nouvelle-Zélande et le Pacifique à la recherche de la moindre trace du naufrage. Un véritable tour du monde (mais en décidément plus de 80 jours ^^) qui regorge d'aventures, d'animaux exotiques, de dangers, de trahisons, de données historiques, géologiques et culturelles, de noblesse, de bons sentiments, d'amitié et d'amour, le tout pour le plus grand plaisir du lecteur.

Franchement, la seule critique réelle qu'on peut faire à ce livre, c'est l'accumulation de difficultés qui sent parfois l'artificiel. Par exemple, j'ai trouvé qu'il n'était pas nécessaire que nos héros soient menacés par un incendie dans la première partie alors qu'ils avaient déjà subi une avalanche et une inondation. 😂

Par ailleurs, il faut dire que le roman est largement daté. La vision des indigènes d'Amérique du Sud, d'Australie et de Nouvelle-Zélande est complètement dépassée puisque Verne les qualifie carrément de sauvages et place les maoris sur un plan à peine supérieur à celui du fauve (avec force considérations sur leur cruauté et leur immense appétit pour la chair humaine). Ça pique les yeux mais c'est l'époque qui veut ça. Quelque part, c'est même intéressant de voir qu'un homme aussi érudit était tellement à côté de la plaque sur le plan anthropologique. La vision de la femme est aussi datée. Mary Grant et Lady Glenervan sont des personnages positifs mais très en retrait (et il faut bien prendre soin d'elles car elles sont plus sensibles et faibles que les hommes, lol).

Mais au-delà de ces deux réserves (la première qui relève plutôt du pinaillage, la deuxième qu'il convient de remettre dans son contexte historique), Les Enfants du capitaine Grant m'a fait passer un excellent moment au retour de vacances. J'avais l'impression d'être encore un peu ailleurs tout en étant chez moi et c'était du bonheur. En outre, j'apprécie énormément la foi de Verne envers le progrès et la raison; c'est une vision un peu naïve peut-être, mais c'est aussi la mienne (et celle de Clarke par exemple). Et j'aime voir ces personnages posés, droits dans leurs bottes, qui savent faire la part des choses sans perdre la tête et se serrent les coudes sans jamais perdre de vue ce qui est Juste et Bien et Honnête. Et puis les illustrations originales de l'édition Hetzel se prêtent merveilleusement bien au voyage, comme d'habitude.

Avec ses 909 pages, ce roman me permet aussi d'ajouter une quatrième participation au challenge du Pavé de l'été de Brize!


Pour info, je recommande de lire les trois livres de Verne liés entre eux dans leur ordre de publication, à savoir Les Enfants du capitaine Grant (sorti en volume en 1868), puis Vingt-mille lieues sous les mers (sorti en volume en 1871) et enfin L'Île mystérieuse (sorti en volume en 1875).

Vous pouvez retrouver toutes mes chroniques de Jules Verne grâce au tag qui lui est dédié.

dimanche 26 août 2018

Le Collier de la reine (1849)

Il y a maintenant trois ans, j’ai visité le château de Breteuil dans les Yvelines, où sont reconstituées plusieurs scènes de l’histoire de France auxquelles ont participé les Breteuil d'autrefois. On y voit notamment l’arrestation du cardinal de Rohan par le duc de Breteuil en 1785, en présence de Louis XVI et Marie-Antoinette, à cause de la célèbre affaire du collier. Dans la foulée, j’ai acheté Marie-Antoinette de Stefan Zweig et ce roman d’Alexandre Dumas, que j’ai enfin sorti de ma pile à lire à l'occasion d'une semaine de vacances.


Comme toujours avec Dumas, ce roman est un plaisir absolu: on est porté de rebondissement en rebondissement par des phrases courtes, des paragraphes courts et des chapitres courts, avec un humour permanent et un sens de l’invraisemblance qui tend au génie. Il y a environ 945 pages à lire (plus une préface et un court dossier dans cette édition Folio) mais ça passe absolument tout seul. Dumas tisse habilement le fil de l’histoire réelle et celui de l’invention pour lier les personnages les uns aux autres. Je n’avais plus l’affaire du collier en tête très précisément et j’ai redécouvert cette histoire avec enthousiasme. C'est un bel exemple de réalité qui dépasse la fiction: si on ne savait pas que la chose a réellement eu lieu, avec ses rencontres nocturnes secrètes et sa comtesse diabolique, on pourrait croire que tout est sorti du cerveau de l’écrivain!

Tout commence en 1784, quand Marie-Antoinette et Andrée de Taverney, sa dame de compagnie, rendent visite à la comtesse de la Motte, obscure descendante d’Henri II, et regagnent Versailles en compagnie d’un jeune inconnu qui les prend sous son aile lorsque leur voiture est prise d’assaut par la foule. Cet inconnu sera au centre de l’intrigue amoureuse du roman. En parallèle, on suit surtout la célèbre affaire du collier: Marie-Antoinette étant dans l’impossibilité de payer ce collier de diamants à un million et demi de livres, elle le renvoie aux joaillers en le confiant à Mme de la Motte… qui ne le rend pas et monte une supercherie financière et amoureuse pour le faire payer au cardinal de Rohan, qui est secrètement amoureux de la reine et qui espère devenir son favori en lui faisant ce superbe présent. La supercherie va vraiment très loin et Jeanne de la Motte joue avec le feu puisqu'elle produit des faux. De là l’idée d’organiser des rencontres nocturnes entre le cardinal et Oliva, une prostituée qui ressemble comme deux gouttes d’eau à la reine, afin de protéger ses arrières…


Au-delà des caractéristiques habituelles des romans de Dumas, celui-ci m’a beaucoup plu à cause du portrait de Marie-Antoinette et Louis XVI, qui ne sont ni une écervelée ni un idiot. Louis exprime parfois une joie assez enfantine, mais il est avant tout un homme responsable et droit; Marie-Antoinette est généreuse et noble d’esprit; tout deux sont parfaitement conscients que leurs actions ne sont pas anodines à cause de leur statut et qu’ils se doivent à leur couronne. Ce sont globalement des personnages positifs, ce que j’apprécie toujours, et ont un côté plus grand que nature qui est véritablement royal (haha). J’ai aussi beaucoup aimé le comte de Cagliostro, personnage de l’ombre, devin et immortel, qui constitue je crois le premier élément fantastique que je rencontre dans un roman historique de Dumas (il y a du fantastique dans Le Meneur de loups mais ce n’est pas un roman historique). Il trame contre la monarchie et était donc dans le camp ennemi, mais qu’est-ce qu’il est marquant! Il est aussi lucide et prévoyant que Monte-Cristo, avec un côté réellement diabolique à cause de sa longévité surnaturelle.

Le seul petit problème de cette lecture, c’est que Le Collier de la reine fait partie d’un cycle de quatre romans, Les Mémoires d’un médecin. Idéalement, il faudrait donc d’abord lire Joseph Balsamo pour en savoir plus sur Cagliostro et les malheurs d’Andrée de Taverney une dizaine d’années avant les évènements de ce roman. Mais on peut toutefois commencer par ici, d’autant plus que l’édition Folio fournit une courte présentation des principaux personnages en fin d’ouvrage (à lire avec attention, toutefois, pour ne pas connaître la fin du roman à l’avance!).


Avec ses 945 pages, ce roman constitue ma troisième participation au challenge du Pavé de l'été de Brize.

mercredi 22 août 2018

Surfacing (1972)

L'année dernière, j’ai lu The Handmaid’s Tale, un très beau livre, et j’ai voulu continuer avec Margaret Atwood. Mais Surfacing, que j'ai trouvé d'occasion, n'était pas un très bon choix; je doute qu'il s'agisse de son livre le plus abordable. En tout cas, après un début extatique, je me suis progressivement sentie moins impliquée jusqu’à devenir carrément sceptique quant à la fin de l'intrigue.


Ce récit à la première personne est celui d’une jeune femme qui revient au Québec après des années d’absence. Un voisin lui a appris que son père, qui vivait seul sur une île, a disparu. Elle est accompagnée de son petit ami Joe et d’un couple d’amis, Anna et David. En retrouvant les lieux où elle a passé son enfance, cette maison perdue au milieu de la nature, elle replonge dans ses souvenirs et s’interroge fatalement sur sa vie tout entière.

Le style est très particulier, un brin décousu comme les pensées qui se succèdent dans l’esprit de la narratrice, mais aussi très poignant et concret, et non dénué d’une certaine élégance dans sa simplicité. J’ai été très prise par les premières pages et j’ai été émue plus d’une fois. Il y a une certaine lucidité triste sur les relations humaines ici, ainsi qu’une contemplation calme de la nature qui m’a parlé.

Si j’ai progressivement décroché, c’est parce que j’ai commencé à être irritée par les personnages: David, le beauf imbu de lui-même qui ne veut pas vieillir et sait tout mieux que tout le monde, surtout de sa femme; Anna, victime officielle de David, dont on ne comprend pas qu’elle accepte une relation amoureuse si dégradante et catastrophique; Joe, le taciturne qui est misogyne par défaut, c’est-à-dire qui semble prendre pour acquis que l’avis des hommes l’emporte sur celui des femmes; et notre narratrice qui voit tout cela et en souffre mais ne fait rien pour changer la situation.

Par exemple, elle n’intervient pas quand Anna aurait bien besoin d’elle, dans une scène assez dégueulasse. En effet, elle souffre vraiment beaucoup – elle a tellement de souvenirs affreux qui la font souffrir – elle ne ressent pas autant d’amour que les autres et ça la fait souffrir – ses parents lui manquent et elle souffre – vous avez compris. Moi, je ne pense pas que ça justifie de ne rien faire... En outre, pendant les tout derniers chapitres, elle fait un sale coup à Joe et part dans un délire qui m’a laissée perplexe (du genre [divulgâcheur] je vis nue dans la forêt en guettant les esprits de mes parents décédés)...

Le livre ayant été publié en 1972, je me demande si je n’ai pas souffert d’un certain décalage culturel. Margaret Atwood parle-t-elle d’une génération désenchantée que je ne peux pas comprendre, étant née bien plus tard, quand les relations hommes-femmes sont moins mauvaises? Y a-t-il un regret de la perte des rêves de la génération hippie des années soixante? Il faut dire aussi que je suis totalement insensible au thème de la maternité, abordé ici en filigrane. Bref, peut-être ne suis-je pas le public cible... Si vous avez lu et apprécié ce roman, je suis très curieuse de connaître votre avis! 😃

samedi 18 août 2018

Son Excellence Eugène Rougon (1876)

Tigger Lilly et moi continuons tranquillement à relire les Rougon-Macquart de Zola. J’arrive un peu après la guerre puisque Son Excellence Eugène Rougon était notre lecture de juin, mais mieux vaut tard que jamais!


Un roman qui se lit tout seul
Bon, en réalité, je trouve que Zola se lit toujours tout seul, mais j’ai trouvé que c’était particulièrement le cas pour ce sixième tome. Peut-être que les chapitres font la longueur idéale pour mon rythme de lecture? En tout cas, j’ai adoré, alors que j’avais été un peu décontenancée par l’absence d’intrigue lors de ma première lecture.

Les hauts et les bas de la politique
Je viens de parler d’absence d’intrigue, mais ce n’est pas exact; il se passe des tas de choses dans ce roman, c'est juste qu'il n’y a pas de fil conducteur aussi évident que dans les autres. En général, on comprend assez rapidement que tout va virer à la catastrophe et qui va mal finir. Ici, ce n’est pas aussi clair. Zola commence par montrer Eugène Rougon, président du corps législatif, en pleine disgrâce, notamment à cause d’un désaccord avec l’impératrice; il a démissionné de son poste et on ne sait pas ce qu’il va devenir. Le bonhomme (véritable maniaque du pouvoir en réalité) prend tout ça plutôt bien, mais la petite bande de parasites qui gravite autour de lui et qui a absolument besoin qu’il soit très puissant pour tirer des privilèges de sa position ne voit pas la chose du même œil et s’active beaucoup pour le faire rentrer en grâce. L’une d’entre eux, la belle Clorinde, est particulièrement zélée; à l’origine, elle voulait épouser Rougon; étant donné qu’il l’a refusée, elle travaille indirectement à l’avancement de son mari. Le pouvoir va et vient en fonction des alliances et du bon vouloir de l’Empereur et Rougon ne restera pas trop longtemps dans l’ombre.

Son Excellence le géant
Zola lui-même qualifie Eugène de "plus grand des Rougon" et je suis d’accord avec lui. Eugène est rusé et avide de pouvoir comme sa mère Félicité, mais il a la chance d’être à Paris, au plus près du pouvoir politique (et d’être un homme, soyons honnêtes); il n’a aucun scrupule, est impitoyable et ne recule devant rien pour arriver à ses fins (quitte à ne pas révéler un certain attentat et donc à risquer des vies!). Son rêve serait de vivre dans une ferme dont il serait le maître absolu, tous les animaux lui étant soumis. Et pourtant, il semble éprouver une affection réelle pour certaines personnes et il voue une loyauté infaillible à sa bande, même quand cela commence à jouer contre lui.

Clorinde la géante
Clorinde est un des personnages plus grands que nature que Zola sait si bien inventer. Elle est le parfait pendant de Rougon et ne recule, elle non plus, devant rien, tout en étant beaucoup plus limitée à cause de son statut de femme. Mais elle intrigue tellement et travaille tellement dans les profondeurs, tout en usant de sa grande beauté, qu’elle arrivera elle aussi à ses fins. C’est une lutteuse hors pair et j’ai aimé la voir triompher, même si j’aurais préféré la voir lutter aux côtés de Rougon – à eux deux, ils auraient dominé le monde!

Au cœur du Second Empire, l’hypocrisie règne

Après les classes nobles et richissimes de La Curée et le peuple des Halles du Ventre de Paris, ce troisième roman parisien plonge dans la haute société politique du Second Empire. On assiste même au Conseil des ministres de Napoléon III. C’est un monde richissime où l’hypocrisie règne en maîtresse: sous un vernis de respectabilité et une importance considérable accordée à la bienséance et aux manières, chacun joue pour soi et on n’hésite pas à sacrifier les autres – voir la manière magistrale dont Madame Correur fait comprendre à Rougon qu’elle aimerait vraiment qu’il arrête son frère, alors même que les mots qu’elle prononce sont en faveur de son frère! Les retournements de veste de la bande de Rougon sont les plus marquants et osés, mais n’oublions pas le comportement ambigu de l’Empereur en personne. Quant aux mœurs, elles sont plus que douteuses, comme le montrent le collier de Clorinde et le comportement des dames de charité qui lèvent des milliers de francs en vendant des objets anodins et en étalant leurs charmes sur les étals…

Ma lecture est bien trop ancienne pour aller plus loin (et encore, merci les mails de récap échangés avec Tigger Lilly!), mais je recommande ce roman. Il manque d’un souffle épique pour être un très grand Zola mais c’est palpitant – et il est toujours bon de voir les pratiques d’autrefois avec lucidité, ça permet de relativiser celles d’aujourd’hui… ^^


Allez donc voir ailleurs si son Excellence y est!
L'avis de Karine:)
L'avis de Tigger Lilly

mardi 14 août 2018

Cinq leçons sur la psychanalyse (1909) et Contribution à l'histoire du mouvement psychanalytique (1914)

Quand j’étais en terminale et que j’avais la chance de faire sept heures de philo par semaine, Freud était mon philosophe préféré avec Nietzsche. J’aimais leur vision lucide et sans concessions de l’être humain. Du coup, impossible de laisser passer un livre de Freud à seulement 3€… Et cette trouvaille de bouquinerie est plutôt bien tombée puisqu’elle constitue un œuvre très accessible. Malheureusement, j’ai laissé passer bien trop de temps entre ma lecture et ma chronique pour en parler de manière approfondie; je vais donc aller à l’essentiel.


Cinq leçons sur la psychanalyse est la transcription d’une série de conférences données par Freud aux États-Unis en 1909. La psychanalyse était alors très peu connue en Europe et encore moins en Amérique et Freud s’adressait à un public très peu informé sur ses recherches. Cet ouvrage est donc un texte de vulgarisation absolument parfait pour découvrir comment la psychanalyse est née et quelles sont les principales notions de cette science: le lien entre symptômes physiques et troubles psychiques, l’inconscient, le refoulement, le rôle du rêve, la prééminence du désir sexuel, le complexe d’Œdipe et la sexualité infantile (concept novateur et choquant pour l’époque). C’est vraiment par ici qu’il faut commencer si l’on veut lire Freud. C’est extrêmement facile à lire (j’ai même pu lire la première leçon à la plage en plein défilé aérien!) et c’est très court: à peine 70 pages dans cette édition de poche Payot.

Contribution à l’histoire de la psychanalyse est tout aussi intéressant mais m’a moins marquée. Au moment où je rédige ce billet, une bonne dizaine de jours après l’avoir lu, je n’en ai même plus un souvenir très précis. En gros, Freud y retrace l’histoire de la psychanalyse sans rentrer dans les détails théoriques: il parle de son travail, des collègues qui l’ont rejoint, des sociétés de psychanalyse, des journaux qui se sont créés, etc. C’est surtout passionnant pour les "crises" liées à la rupture avec Adler (dont je n’avais jamais entendu parler et qui semble encore plus obsédé par le zizi que Freud ^^) et Jung (que je connais grâce au film A Dangerous Method de David Cronenberg). Après avoir eu le point de vue de Freud, il serait d’ailleurs intéressant de connaître l’avis des messieurs en question. 😉


En deux mots, un ouvrage idéal pour se pencher sur Freud et ses théories. Presque un an après avoir essayé de me remettre à la philo (ici, ici, ici), voilà ma lecture la plus réussie sur le sujet!

vendredi 10 août 2018

Comme un roman (1992)

Chronique express!


Merveilleuse lecture que Comme un roman de Daniel Pennac! Sa réputation le précédant, je dois dire que je m'y attendais un peu... C'est un très bel hymne à la lecture et à tout ce qu'elle apporte aux lecteurs, notamment les plus jeunes, et un essai très humain sur la manière d'amener les jeunes à lire, à la maison et à l'école (Pennac est prof de français). Sans élitisme, sans ce petit air de "m'as-tu vu" si souvent présent chez les écrivains de littérature "blanche" parlant de livres – et qui souhaitent souvent qu'on reconnaisse avant tout combien ils sont cultivés et intelligents... Tout lecteur se retrouvera dans ces pages pleines de simplicité et de bon sens, avec des scènes de cours croustillantes qui rappellent bien des souvenirs de l'école... C'est une lecture indispensable, je pense, pour tout parent ou grand-parent qui est face à quelque chose de formidable, un tout jeune lecteur qui découvre les livres ou un adolescent qui "n'aime pas lire". Et c'est ici qu'on trouve les dix célèbres droits du lecteur, à commencer par celui de ne pas lire. Je recommande chaudement. 💖

Allez donc voir ailleurs si ce roman y est!
L'avis de Grominou

lundi 6 août 2018

Vingt-quatre heures de la vie d'une femme (1927)

Chronique express!


Il y a quelques années, j'ai découvert Stefan Zweig avec sa biographie de Marie-Antoinette, que j'avais beaucoup appréciée, et j'étais bien décidée à continuer à explorer son œuvre. Comme souvent, il a fallu du temps, mais c'est enfin chose faite! Vingt-quatre heures de la vie d'une femme est un très court roman, ou une assez longue nouvelle, dans lequel une vieille dame anglaise distinguée décrit une rencontre et une journée qui ont changé sa vie, bien des années auparavant. C'est la disparition d'une jeune femme tout à fait respectable ayant pris la fuite avec un inconnu qui la pousse à se confier à l'un des autres résidents de son hôtel de la côte d'Azur, notre narrateur. J'ai beaucoup apprécié ce récit tout en finesse mais aussi brut de décoffrage, où les sentiments débordent et se succèdent à une vitesse déconcertante, portés par une plume élégante. Ce n'est pas aussi inoubliable que je le pensais, ce n'est pas forcément un chef d’œuvre, mais c'est une belle lecture de qualité qui vous emporte pendant une heure, et c'est déjà beaucoup.

Cette édition du Livre de Poche comprend aussi un dossier très intéressant sur la vie de Zweig.

Traduit de l'allemand par Alzir Hella.

Allez donc voir ailleurs si cette femme y est!

jeudi 2 août 2018

La gamelle de juillet 2018

Encore un mois passé à la vitesse de l'éclair, à tel point que ce billet est passé en ligne à mon insu. 😂

Sur petit écran

Captain America de Joe Johnston (2011)
Petite révision Marvel. J'aimerais bien revoir Captain America III, mais je voudrais d'abord me rafraîchir la mémoire sur les opus précédents. Ce film n'est pas formidable mais présente des éléments intéressants, notamment le personnage adulte et réfléchi (voir sa réponse très posée à la question "do you want to kill some nazis?") et le fait de montrer comment l'armée récupère ses gestes pour sa propagande (avec un passage croustillant sur sa tournée triomphale). Pour la cohérence de l'univers Marvel, on notera la présence du Tesseracht et la référence à Odin (si je ne me trompe pas), la disparition de Crâne Rouge qui laisse supposer qu'il soit juste parti ailleurs (et on l'a justement retrouvé dans Infinity War) et la présence de Bucky, le futur soldat d'hiver, dont j'avais totalement oublié la présence ici.

Anonymous de Roland Emmerich (2011)


Ce film sur Shakespeare (ou plutôt sur la véritable identité de Shakespeare) est très ambitieux, voire trop; on a du mal à s'y retrouver avec les nombreux flashbacks. Je l'aime toutefois beaucoup pour son côté tragique et désespéré et je vous en avais parlé à l'époque de sa sortie. À voir ne serait-ce que pour constater qu'Emmerich peut faire autre chose que de la destruction de masse... Attention toutefois, sans sous-titres, il est très difficile de suivre la VO, d'autant plus qu'on y cite beaucoup Shakespeare!

Miss Peregrine's Home for Peculiar Children de Tim Burton (2016)
Un film sympathique, pas inoubliable pour un adulte mais certainement marquant si on le voit pendant l'adolescence (je pense par contre qu'il donnerait des cauchemars à des enfants). Eva Green est absolument formidable. Tim Burton ne brille pas par sa réalisation, mais au moins il ne met pas en scène une énième fois un Johnny Deep bizarrement accoutré. ^^

The Emperor's New Groove (Kuzco, l'empereur mégalo) de Mark Dindal (2000)


Ce dessin animé provoque chez moi une grande hilarité. Mention spéciale pour Yzma, mon méchant Disney préféré de tous les temps. 😍

Sur grand écran

Love, Simon de Greg Berlanti (2018)
High School Musical sans les chansons et avec un homosexuel en personnage principal. 😂😂😂 Je vous jure, c'est tout aussi lisse et propre sur soi qu'High School Musical, avec le même type d'ado parfait, doté d'un caractère déjà très marqué et caractérisé, dix fois plus réactif et intelligent qu'un vrai ado et vivant dans une banlieue richissime! Bon, j'imagine que c'est bon signe si quelqu'un, quelque part, a décidé de produire ce film, ça doit vouloir dire que le public cible peut s'identifier à un personnage homo. Mais, passé vingt ans, je ne sais pas trop ce que le film peut vous apporter à part quelques éclats de rire. Et un peu de papillons dans le ventre à la fin, quand même, parce que l'Amour c'est bôôô.

Hotel Artemis de Drew Pearce (2018)
Drôle de film au potentiel jubilatoire mais qui pèche un peu dans sa réalisation et son envie de trop en faire. J'ai beaucoup aimé l'idée de l'hôtel réservé aux criminels et géré par une infirmière terrifiée par l'extérieur (Jodie Foster), l'ambiance sale et crépusculaire et les combats, mais l'intrigue liée à la policière est inutile, certaines séquences cumulent trop d'éléments et perdent en naturel et le tout laisse un goût de pas assez.

Et le reste

J'ai lu un hors-série de passionnant de Lire sur le Trône de fer (merci, Vert!). Je l'ai dévoré et j'ai respiré Trône de fer pendant deux jours, jusqu'à en rêver la nuit! Heureusement, je n'oublie pas pourquoi je n'ai pas fini la série et je ne risque donc pas de replonger dedans -- et de toute façon, on ne me reprendra plus à commencer une série non terminée... ^^

J'ai aussi lu un petit bouquin sur Marilyn Manson que j'ai déniché dans une bouquinerie, complètement enterré sous d'autres bouquins. C'est assez drôle de replonger dans la vie d'un artiste qui m'a énormément marquée, d'autant plus que ce livre a été publié en 2002, avant la sortie de The Golden Age of Grotesque, album qui m'a vraiment fait plonger dans l'actualité du groupe. Tout ça sent bon les années quatre-vingt-dix et m'a donné envie de ressortir mes CD...💞

En fin de mois, comme d'habitude, j'ai lu Cheval Magazine.


Bel été chers lecteurs et rendez-vous à la rentrée!