mercredi 22 août 2018

Surfacing (1972)

L'année dernière, j’ai lu The Handmaid’s Tale, un très beau livre, et j’ai voulu continuer avec Margaret Atwood. Mais Surfacing, que j'ai trouvé d'occasion, n'était pas un très bon choix; je doute qu'il s'agisse de son livre le plus abordable. En tout cas, après un début extatique, je me suis progressivement sentie moins impliquée jusqu’à devenir carrément sceptique quant à la fin de l'intrigue.


Ce récit à la première personne est celui d’une jeune femme qui revient au Québec après des années d’absence. Un voisin lui a appris que son père, qui vivait seul sur une île, a disparu. Elle est accompagnée de son petit ami Joe et d’un couple d’amis, Anna et David. En retrouvant les lieux où elle a passé son enfance, cette maison perdue au milieu de la nature, elle replonge dans ses souvenirs et s’interroge fatalement sur sa vie tout entière.

Le style est très particulier, un brin décousu comme les pensées qui se succèdent dans l’esprit de la narratrice, mais aussi très poignant et concret, et non dénué d’une certaine élégance dans sa simplicité. J’ai été très prise par les premières pages et j’ai été émue plus d’une fois. Il y a une certaine lucidité triste sur les relations humaines ici, ainsi qu’une contemplation calme de la nature qui m’a parlé.

Si j’ai progressivement décroché, c’est parce que j’ai commencé à être irritée par les personnages: David, le beauf imbu de lui-même qui ne veut pas vieillir et sait tout mieux que tout le monde, surtout de sa femme; Anna, victime officielle de David, dont on ne comprend pas qu’elle accepte une relation amoureuse si dégradante et catastrophique; Joe, le taciturne qui est misogyne par défaut, c’est-à-dire qui semble prendre pour acquis que l’avis des hommes l’emporte sur celui des femmes; et notre narratrice qui voit tout cela et en souffre mais ne fait rien pour changer la situation.

Par exemple, elle n’intervient pas quand Anna aurait bien besoin d’elle, dans une scène assez dégueulasse. En effet, elle souffre vraiment beaucoup – elle a tellement de souvenirs affreux qui la font souffrir – elle ne ressent pas autant d’amour que les autres et ça la fait souffrir – ses parents lui manquent et elle souffre – vous avez compris. Moi, je ne pense pas que ça justifie de ne rien faire... En outre, pendant les tout derniers chapitres, elle fait un sale coup à Joe et part dans un délire qui m’a laissée perplexe (du genre [divulgâcheur] je vis nue dans la forêt en guettant les esprits de mes parents décédés)...

Le livre ayant été publié en 1972, je me demande si je n’ai pas souffert d’un certain décalage culturel. Margaret Atwood parle-t-elle d’une génération désenchantée que je ne peux pas comprendre, étant née bien plus tard, quand les relations hommes-femmes sont moins mauvaises? Y a-t-il un regret de la perte des rêves de la génération hippie des années soixante? Il faut dire aussi que je suis totalement insensible au thème de la maternité, abordé ici en filigrane. Bref, peut-être ne suis-je pas le public cible... Si vous avez lu et apprécié ce roman, je suis très curieuse de connaître votre avis! 😃

10 commentaires:

  1. Dommage et tes questions sont pertinentes. J'en reste au premier que tu cites que je n'ai toujours pas lu ;)

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    1. Je pense que La Servante écarlate te plaira. Le ton est très intéressant, avec une espèce de détachement/dématérialisation couplée à une primauté absolue du détail, du petit rien.

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  2. Jamais entendu parler de ce titre, ça a peut-être mal vieilli. En tous cas ce n'est pas dans ses œuvres les plus connues. Pour continuer avec cette auteure, je te suggère plutôt The Blind Assassin ou encore Alias Grace.

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    1. Oui, je n'en ai jamais entendu parler non plus. Mais les trouvailles de bouquinerie ont fait que. ^^
      Je note ceux que tu conseilles! :)

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  3. Je note d'éviter ce bouquin dans ma découverte de l'autrice alors (toujours La servante écarlate dans ma PàL).

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    1. Ne connaissant que ces deux-là, je ne sais pas où se situe le reste de son œuvre par rapport à eux, mais en effet je ne recommande pas celui-ci.

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  4. Idem, du coup moi qui voulait explorer sa bibliographie, je vais plutôt me pencher sur autre chose ^^

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  5. Ah ben mince alors ! Je n'avais pas eu de souci pour ma part en lisant Captive il y a quelques mois (Alias Grace en VO).

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