samedi 31 décembre 2022

Émile Zola au pays de l’anarchie (2006)

Chronique express!

Vittorio Frigerio, universitaire spécialiste de l’anarchie, a réuni dans ce recueil des articles de journaux anarchistes consacrés à Émile Zola. La réception de l’écrivain dans ces papiers est variable: certains auteurs encensent l’aspect social de ses romans ou son engagement dans l’affaire Dreyfus, d’autres analysent son œuvre de manière plus nuancée, d’autres enfin l’accablent de reproches, par exemple parce qu’il défend Dreyfus mais pas des militants anarchistes condamnés au bagne. Il est toujours intéressant de lire des articles publiés du vivant de Zola et à l’occasion de sa mort, quand il n’avait pas encore la stature qu’il a aujourd’hui – même si, bon, on ne peut pas dire que tout ça me laisse présager le meilleur à propos de ses Évangiles, notamment Fécondité, qui, comme son nom l’indique, fait l’éloge de la natalité… 🙄 Et c'était également une bonne occasion de lire quelque chose sur l'anarchie, mouvement dont je ne sais absolument rien. Toutefois, c’est une lecture ultraspécialisée, qui a lassé même la fana de Zola que je suis, d’autant que tous les articles ne sont pas aussi qualiteux les uns que les autres. Je ne la recommande donc pas franchement...

lundi 26 décembre 2022

TysT (2022)

Il y a quelques mois, j’ai lu TysT de luvan en avant-première, à l’occasion du financement participatif organisé par les éditions Scylla. Je n’ai pas tout saisi à ma lecture: le récit est onirique et suspendu dans un ailleurs que nous ne connaissons pas, les choses ne sont pas expliquées de manière cartésienne, la narratrice voyage entre plusieurs mondes ou dimensions… Néanmoins, j’avais le vague projet de le relire dans sa version papier, un support qui me convient mieux que le numérique (pour être précise, il faudrait plutôt dire que c’est le numérique qui ne me convient pas du tout ^^).

Je suis passée à l’action dès que j’ai reçu mon exemplaire, et j’ai bien fait. Déjà, le livre est très beau, et il est toujours agréable de manipuler un bel objet. Ensuite, la couverture et la quatrième de couverture, ainsi que les rabats, forment une seule et unique illustration représentant à peu près tous les personnages, et cela m’a été d’une aide précieuse pour me remémorer qui était qui quand un personnage revenait en scène après une absence; en effet, tout le monde porte un nom en trois éléments, comme Courroux Clapet Dhorst (le corbeau, le seul dont je sache avec certitude qui il est) ou Bibi Ziggurat Tremeneur, et cela avait créé pas mal de confusion dans mon esprit. Enfin, très simplement, je connaissais l’histoire et je savais à quoi m’attendre, ce qui m’a permis de profiter pleinement des points positifs, même si j’ai vite constaté que j’avais déjà oublié une bonne partie de l’intrigue.

Car des points positifs, il y en a: une écriture imagée et légère, que je qualifierais d’" arrondie" si la chose avait du sens pour un style littéraire, un univers riche de replis et de recoins, un message d’espoir, un sens de la relation humaine et de ce qu’elle peut atteindre de profond et de viscéral (y compris avec des non-humains), et cette magie discrète et mystérieuse de "l’autre peuple" ou "l’autre monde" – comme je l’ai déjà dit dans mon billet du printemps, cela m’a rappelé ce que je voulais moi-même écrire à l’époque où j’étais émerveillée par Les Brumes d’Avalon de Zimmer Bradley et la minisérie télévisée Merlin de 1998.

Je n’ai toujours pas tout cerné, mais j’ai déjà beaucoup mieux cerné les choses que lors de ma première lecture. Et il me semble évident, de toute façon, que TysT n’est pas un bouquin à cerner, mais un voyage à accepter, à l’aveugle, en acceptant de faire confiance à la narratrice.

Grâce à la version papier, je me suis aussi penchée sur le jeu d’écriture proposé par Melville. Le début a été riche en émotions. Je ne suis pas sûre d’aller jusqu’au bout, mais ça a l’air intéressant.

mercredi 21 décembre 2022

Les Grandes Marées (1978)

Chronique express!

Sur une île au milieu du Saint-Laurent, un traducteur traduit des bandes dessinées dans le plus grand calme, avec pour seule compagnie son chat Matousalem et pour seule visite son éditeur, qui passe, une fois par semaine, récupérer son travail afin de le publier dans le journal. Mais un jour, l'éditeur a la drôle d'idée d'installer sur l'île une jeune femme, accompagnée de sa chatte. Puis il y dépose son épouse. Puis d'autres personnes. Toute une galerie de personnages hauts en couleur, qui vont interagir d'une manière assez étrange.

Ce roman de Jacques Poulin m'a été prêté par une amie, qui a pensé à moi en raison de la figure du traducteur à chat. C'était très bien choisi, car j'ai adoré ce personnage, avec qui j'ai pas mal de points communs, notamment notre tendance à refaire les phrases dans notre tête de multiples fois, à la recherche de la version la plus satisfaisante. Le style est très agréable à lire, très simple et modeste, mais riche de nuances et précis – ce que je trouve le plus difficile à faire et donc le plus admirable.

Le premier jour, je n'ai lu qu'une vingtaine de pages, qui m'ont convaincue. Le deuxième jour, j'ai lu la grosse majorité du roman, et j'ai adoré. Hélas, je n'ai pas pu le terminer car je tombais de sommeil, ce qui ne m'a laissé qu'une vingtaine de pages à lire le troisième jour. Et là, ça a été le drame, car la fin est très cruelle et m'a attristée et choquée au vu du ton léger du reste du roman. Je ne m'attendais pas à ça. Je pense que j'aurais peut-être mieux digéré la chose en enchaînant tout le roman d'un coup. Mais, là me retrouver avec ces dernières pages injustes, ça m'a sciée...

Néanmoins, je compte continuer de lire cet écrivain, car ce roman est très bien écrit, que ça m'ouvre de nouveaux horizons de partir au Québec et que Jacques Poulin emploie des titres aussi tentants que La traduction est une histoire d'amour... 💖

"Quand le mot «clairvoyance» lui vint à l'esprit, Teddy le trouva un peu bizarre sans savoir pourquoi et il attendit quelques instants pour voir ce qui allait se passer. Alors il vit que le mot n'était pas seul et qu'il traînait derrière lui deux autres mots de même sens mais d'allure différente: «perspicacité» et «lucidité»; il écarta le premier, qui avait un air sournois, puis il tenta de comparer «lucidité» et «clairvoyance», mais, sous l'effet de la fatigue, ses pensées se mirent à dériver au gré des associations inconscientes et il en arriva à la conclusion irrationnelle que le mot «lucidité» convenait mieux à la chaleur de l'été tandis que le mot «clairvoyance» se prêtait davantage à la saison hivernale."

Allez donc voir ailleurs si ce Canadien y est!
Grominou a chroniqué plusieurs livres de Jacques Poulin, listés ici

vendredi 16 décembre 2022

L'Œuf de dragon (2010)

Chronique express!

Quatre-vingt-dix ans avant les évènements de la série du Trône de fer, un chevalier errant, Dunk, parcourt Westeros en compagnie de son écuyer, surnommé l’Œuf, qui n’est en réalité autre que le neveu du roi Aerys Ier Targaryen. Invité à participer à un tournoi organisé à l’occasion d’un mariage, Dunk se rend bientôt compte que le château est un nid de vipères…

Avec ce court roman de G. R. R. Martin, j’ai retrouvé l’univers du Trône de fer, que j’ai délaissé après avoir lu les quatre premiers tomes et dont je ne garde pas un bon souvenir. (Je tiens d’ailleurs à souligner que bloguer est d’une grande utilité pour redécouvrir ses propres opinions, car mon billet de l’époque m’informe que j’ai adoré le tome 4, A Feast for Crows. Who knew? 😄) Quoi qu’il en soit, j’ai replongé avec grand plaisir, happée par cet univers ultramédiévalisant, plein de chevaliers, de blasons et de joutes, et ses intrigues retorses. Il est difficile de s’y repérer, car il y a un grand nombre de personnages au regard de la brièveté du texte (point que j’avais oublié, mais qui m’avait saoulée dans les romans), mais c’est redoutablement efficace pour avoir envie de savoir qui est en train de trahir qui, putain! Après avoir fini, je suis même allée voir quelques fiches de personnages sur Wikipédia; j’étais complètement hypée par le truc. Je tire mon chapeau à G. R. R. Martin pour son ambition et sa vision, même si je reste d’avis que ses romans sont trop énormes et demandent trop d’investissement par rapport au faible avancement de son intrigue. (J’ai lu quasiment quatre mille pages et l’intrigue principale, à savoir la menace en provenance du nord annoncée dans le prologue du premier tome, n’a pas avancé d’un iota; ça m’avait tellement désespérée. 😅)

Cette novella a été traduite de l’anglais par Patrick Marcel et m’a été offerte par notre Xapur national. Merci!

Allez donc voir ailleurs si cet œuf y est!
L'avis de Baroona
L’avis de Xapur

dimanche 11 décembre 2022

Réinventer l’amour. Comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles (2021)

En 2020, j’ai lu avec grand intérêt deux essais de Mona Chollet: Sorcières. La puissance invaincue des femmes et Chez soi. Une odyssée de l’espace domestique. Malgré quelques réserves, j’ai été très convaincue et j’ai donc acheté son ouvrage suivant. Et là, il était grand temps que je le sorte de la pile à lire, car la dame en a publié encore un autre – qu’il faut absolument que je lise, vu qu’il parle de la relation à l’image et que je suis une amatrice d’Instagram. 🤩

Réinventer l'amour est découpé en quatre parties, dans lesquelles Mona Chollet analyse la représentation de la femme en position d’infériorité dans les relations amoureuses, les violences conjugales, la (prétendue) dépendance de la femme à l’amour et l’aspect érotique, notamment à travers le fantasme.

Très franchement, je crois que ce bouquin est un sans-faute; je n’ai même pas retrouvé les petits bémols que j’avais soulevés lors de mes lectures précédentes. C’est clair, précis, documenté, argumenté, et le tout sur un sujet, l’amour, qui est par essence totalement inclassable, indéfinissable et difficilement argumentable.

Mona Chollet part de sa vision de l’amour, qui est pour elle central dans sa vie, et décortique avec précision la manière terriblement différente dans la manière dont sont éduqués les garçons et les filles; comme elle le dit, tout est fait, en gros, pour que ces deux genres ne puissent absolument pas se comprendre, puis on leur impose le couple hétéro. Comment peut-on être heureux quand madame assimile dès l’enfance qu’elle doit être petite, douce et aimante pour qu’un homme justifie son existence par son amour et que monsieur assimile dès l’enfance que l’amour est un truc de nazes et qu’un vrai mec, ça s’en fout qu’une femme refuse un baiser? Cette vision caricaturale, que je crois tout de même en perte de vitesse en Occident, me secoue beaucoup car j’y retrouve de nombreux éléments que j’ai constatés dans le comportement des gens autour de moi et dans le mien propre. Le chapitre sur les violences conjugales l’illustre tout particulièrement bien.

(Pour la petite histoire, j’ai lu ce chapitre dans un train de banlieue, le dernier à partir de Paris, à minuit passée. Nous étions nombreux dans le train, mais pas dans ma ville, où j’ai quelques minutes de marche pour rejoindre mon appartement. Dans les rues désertes, en pleine nuit, je me suis, plus que jamais, imaginée découpée en morceaux. 👀)

Le propos est toutefois bien plus large que cela. Mona Chollet aborde même le sujet de ses fantasmes sexuels, "fondé[s] sur la culture du viol". Pas facile, à mon avis, d’admettre qu’on a pu rêver de relations sexuelles non pas forcées au sens strict du terme, mais chahutées. L’interprétation qu’elle en propose, bien que totalement invérifiable, a même quelque chose de réconfortant.

(Pour ma part, quand j’étais en primaire, j’ai joué plus d’une fois au viol avec une amie [ou plusieurs?]. On trouvait l’idée d’être violée extraordinaire. Moi, j’étais l’impopulaire, donc j’étais chargée de jouer le mec, le mauvais rôle. Mais mon amie J., qui essayait de s’enfuir, avait le beau rôle. Susciter le désir d’un mec au point qu’il vous pourchasse, c’était une espèce de Graal. J’aurais adoré être à sa place. 🤔)

(J'ai beaucoup hésité à laisser ce paragraphe, mais je décide de le publier malgré la honte profonde que ce souvenir suscite en moi. Si vous avez pratiqué ce genre de "jeu", venez en parler, on pourra peut-être dédramatiser ensemble... 😜)

Cet essai m’a aussi fait repenser au film Moulin Rouge!, que j’avais revu deux ou trois semaines plus tôt et qui m’a avait interpellée dans la manière dont le comportement abject de Christian, joué par Ewan McGregor, envers Satine, jouée par Nicole Kidman, n’est pas du tout remis en question parce que le mec est JALOUX, comme si cela justifiait n’importe quelle violence (majoritairement psychologique, puisque Christian humilie Satine devant un théâtre bondé, mais tout de même aussi un peu physique, puisqu’il la poursuit en coulisses en essayant de la retenir par la force).

Bref, voilà, c'était très bien. Franchement flippant, en fait, mais très bien, et plein de pistes de réflexion. Maintenant, je n’ai plus qu’à acheter D'images et d'eau fraîche pour trouver des pistes d’analyse de ma relation à Instagram!! 🤩

mardi 6 décembre 2022

Eats, Shoots and Leaves (2003) 🐼💪

Il y a fort longtemps, dans ce que je considère aujourd’hui comme une autre vie, une enseignante américaine (laquelle? Le fait que j’aie un doute sur son identité prouve, à lui seul, à quel point tout ceci est lointain…) a recommandé à ma promo ce livre, dont j’ai retenu le titre avec beaucoup d’amusement. Quand je l'ai trouvé mon chemin tout récemment, j'ai bondi de joie...

Eats, Shoots and Leaves est un court essai sur le bon usage de la ponctuation en anglais. Lynne Truss incite tous les maniaques de la ponctuation à laisser libre cours à leur agacement et leurs pulsions de correction. Munissez-vous d’un marqueur! Déplacez la virgule! Corrigez l’apostrophe! Sauvez le point-virgule! C’est très amusant si vous êtes justement un ou une de ces maniaques, genre si vous faites un arrêt cardiaque en voyant une virgule mal placée, toussa toussa…

(Oui, je suis une maniaque de la ponctuation, ÉVIDEMMENT.)

(Le fait que ce blog soit rédigé sans espace devant les signes de ponctuation doubles, tels que les deux points, est un choix raisonné, dû au fait qu’on ne peut pas insérer d’espace insécable sous Blogger, et un crève-cœur permanent. Croyez-moi.)

Au-delà des amateurs de belle ponctuation, ce bouquin est assurément utile pour quiconque est amené à rédiger en anglais, histoire de limiter la casse. Car la ponctuation, les trois quarts des gens s’en foutent, mais c’est très utile et ça peut tout changer. D’où le titre, que j'ai retenu sans aucune difficulté pendant presque vingt ans.

Imaginez un panda qui entre dans un bar. Il mange, fait feu sur les clients et s’en va.

Demandez-lui pourquoi il a agi ainsi.

Regardez-le vous tendre un livre rédigé en anglais et décrivant le comportement du panda.

"Panda. Large black-and-white bear-like mammal, native to China. Eats, shoots and leaves."

Ce que l’auteur voulait écrire, c’était "Eats shoots and leaves": le verbe to eat conjugué à la troisième personne du singulier du présent de l’indicatif et suivi par un complément d’objet direct composé de deux substantifs au pluriel, shoot et leaf. To eat shoots and leaves. Le panda se nourrit de bourgeons et de feuilles.

Ce que l’auteur a écrit, en insérant à tort une de virgule après le verbe eats, c’est trois verbes conjugués à la troisième personne du singulier du présent de l’indicatif. To eat, to shoot, to leave. Le panda mange, fait feu et s’en va. 

Un fait divers sanglant, et ce n’est pas la faute du panda – c’est la faute du gars qui a foutu une virgule là où il fallait pas. 😈

Tout ceci m’a rappelé cette image rigolote, qui résume en grande partie mon appréciation du monde autour de moi.

#ConnasseÉlitisteForever 😈

jeudi 1 décembre 2022

La gamelle de novembre 2022

Ce mois-ci, que des vieilleries! Ah non, il y a aussi un blockbuster, youpi!

Sur petit écran

Rien.

Sur grand écran

Moulin Rouge! de Baz Luhrmann (2001) 🎶

Quelle merveille 💕 Quelle mise en scène, quelle musique, quels costumes, quel tout 💕 Nicole Kidman 💕 Ewan McGregor 💕 Cette musique 💕 Ces costumes 💕 Mon cinéma l’a déjà passé l’année dernière à la même période: c’est fantastique, je veux bien prendre l’habitude de voir Moulin Rouge! au cinéma tous les ans! 🤩
(Bon, il y a quand même une critique à faire sur le comportement de Christian, le personnage d’Ewan McGregor, à la fin: en coulisses et sur scène, il se comporte avec Satine, jouée par Nicole Kidman, de manière aussi crasse que le Duc, c’est-à-dire le méchant de l’histoire. Et Satine, en larmes, lui déclare quand même son amour. J’ai tendance à penser que Baz Luhrmann n’est pas bête et voit le parallèle entre les deux hommes. Mais l’impression générale, c’est que Christian peut, sous le coup de la jalousie, se permettre un comportement abject parce qu’il est, le reste du temps, l’archétype du mec gentil. 🙄) 

Phantom of the Paradise de Brian de Palma (1975)

Ce film étrange, à la croisée entre Le Fantôme de l’Opéra, The Rocky Horror Picture Show (que je n’ai jamais vu, je dois l’avouer) et Faust, a été une sacrée belle découverte. Musiques et mises en scène sont très réussies; c’est très excessif, très théâtral, mais on sent que c’est voulu et que Brian de Palma maîtrise parfaitement son décor, avec des trouvailles de mises en scène très réussies (l’écran qui se divise en deux pour montrer deux éléments d’une même scène sous des angles différents, les chanteurs qui apparaissent autour de la table du producteur, le recours aux miroirs). Un opéra rock à ne pas rater si vous en avez l’occasion. 

Sur la route de Madison de Clint Eastwood (1995)

Une merveille cinématographique pleine de douceur que j’ai revue avec plaisir et émotion 💖 Ce film est tout simplement parfait: derrière un tandem très classique, à savoir la femme au foyer gentille et dévouée qui s’ennuie et l’artiste baroudeur libre et sauvage, se peint progressivement un tableau plein de nuances et de douceur, qui exprime les émotions de chacun aussi bien qu’il nous amène à comprendre le choix de Francesca – choix qui est non seulement respectable, tout simplement parce qu’il est le sien, mais aussi raisonné et authentique. Une pure merveille. Mentionnons aussi la présence du désir féminin, présenté avec énormément de pudeur, et toujours cette phrase qui me revient souvent et qui me donne du courage: "The old dreams were good dreams. They didn’t work out, but I’m glad I had them."
Mon avis lors de mon premier visionnage.

Black Adam de Jaume Collet-Serra (2022)

Un bon blockbuster comme on les aime, avec des explosions, des super-héros, des muscles, de la testostérone, de la musique épique, des explosions, des muscles, de la testostérone. J’ai passé un super bon moment, évidemment. Bien que le film soit totalement décérébré, DC tente des trucs, ce qui est cool (la scène où Adam descend dans la cage d’escalier en volant tandis que le gamin prend les escaliers, par exemple), même si ce n’est pas toujours réussi (certains ralentis quand Adam se bat sont bofs; la recette humour + tubes rock piquée à Marvel ne me convainc pas plus chez DC que chez Marvel).

Du côté des séries

Rien. Ayant terminé La Roue du Temps le mois dernier, je fais un mois de pause en attendant la sortie de Willow. 🤩🤩

Et le reste

J'ai lu le Cheval Magazine de novembre en début de mois, car je n'avais pas pu le lire à la fin du mois dernier, et deux anciens numéros de Livres Hebdo.

samedi 26 novembre 2022

🎶 Натаха (2019) 🎵

Aujourd'hui, je vous propose un nouvel interlude musical. Direction l'Ukraine!

En octobre dernier, au Festival VO/VF de Gif-sur-Yvette, s'est tenue une conférence intitulée "Ukraine, voix d'un peuple en lutte", durant laquelle ont été présentés plusieurs textes d'artistes ukrainiens qui ont pris un certain relief dans la résistance morale face à l'invasion russe. Iryna Dmytrychyn, Iryna Sobchenko et Françoise Mancip-Renaudie ont présenté les auteurs et leurs œuvres; certains textes en été lus en ukrainien; Anne Brissier a lu les traductions françaises; et Clotilde Monteiro était à la modération.

J'ai été très émue par cette conférence car mon enseignante de russe, qui est ukrainienne, est venue y assister. J'ai réfléchi, plus que d'habitude, à ce que cela doit représenter pour elle et tous les expatriés de vivre cela et, dans son cas particulier, de continuer à enseigner la langue d'un pays qui est devenu l'envahisseur du sien.

Iryna Dmytrychyn, enseignante à l'Inalco, a longuement évoqué Serhiy Jadan, un écrivain ukrainien qu'elle présente comme une sorte de héros, d'intellectuel engagé des temps modernes, le genre d'artiste qui reste sous les bombes et continue à écrire. Si vous écoutez le podcast le Bookclub, vous l'avez déjà entendue lire un de ses poèmes, "Prends les lettres". Je ne peux, évidemment, pas juger l'original, mais la version française, aux soins d'Iryna Dmytrychyn et de Marta Starinska, est SUPERBE et je ne peux que vous encourager à l'écouter.

En France, Jadan est publié par Noir sur Blanc et je compte bien lire l'un ou l'autre de ses bouquins – ça risque de prendre mille ans, comme d'habitude, mais j'y crois.

Non content d'être écrivain, Jadan a aussi un groupe de rock, a mentionné Iryna Dmytrychyn. Je suis donc allée écouter. Et il s'avère que j'a-do-re. Ils s'appellent Жадан і Собаки (ça signifie "Jadan et les chiens" et ça se prononce "Jadan i cabaki"). Ils sont sur Deezer et YouTube si vous voulez les découvrir. Ici, je vous propose ma chanson préférée de leur (seul, si j'ai bien compris) album. Ça commence avec Jadan qui parle assez tranquillement, puis il y a de la trompette et ça me donne envie de danser et ça me redonne de l'énergie et de l'espoir.

Évidemment, je n'ai aucune idée de ce qu'ils racontent, vu que je ne parle pas ukrainien. Mais j'a-do-re. J'adore musicalement et j'adore avoir dans l'oreille une nouvelle langue. Comme le russe, que j'ai découvert musicalement cette année avec Kipelov, je trouve que l'ukrainien se prête bien aux rythmes du rock. Et quelle pêche, ce Jadan et ces chiens! Quelle pêche!

lundi 21 novembre 2022

Là-bas (1891)

De Joris-Karl Huysmans, je n’ai longtemps connu que le nom de famille, qui revient régulièrement quand on s’intéresse à Émile Zola, puis j’ai lu sa nouvelle Sac au dos, qui fait partie du recueil Les Soirées de Médan. Mais c’est en entendant la lecture d’un extrait de ce roman, Là-bas, dans je ne sais absolument plus quel épisode de la Compagnie des auteurs sur France Culture, que j’ai décidé avec détermination de le lire. C’était la description d’une crucifixion, avec un Jésus sanglant, sale, pitoyable et répugnant d’une force hors de l’ordinaire. Le genre de truc qui fait rêver les ados gothiques. Et comme je rêve d’être une ado gothique, à défaut de l’avoir été…

Couverture de l'édition du Livre de Poche de 1966.
Un bonheur en soi.

"Démanchés, presque arrachés des épaules, les bras du Christ paraissaient garrottés dans toute leur longueur par les courroies enroulées des muscles. L’aisselle éclamée craquait; les mains grandes ouvertes brandissaient des doigts hagards qui bénissaient quand même, dans un geste confus de prières et de reproches; les pectoraux tremblaient, beurrés par les sueurs; le torse était rayé de cercles de douves par la cage divulguée des côtes; les chairs gonflaient, salpêtrées et bleuies, persillées de morsures de puces, mouchetées comme de coups d’aiguilles par les pointes des verges qui, brisées sous la peau, la dardaient encore, çà et là, d’échardes."

Là-bas est un roman assez chelou, en ceci qu’il se divise assez distinctement entre deux histoires, mais n'a pour autant pas vraiment d'histoire.

D’une part, on suit un certain Durtal, écrivain blasé, retiré du monde, qui se consacre à un livre sur Gilles de Rais. Il dîne chez le sonneur de cloches de Saint-Sulpice avec son ami des Hermies, médecin, et les conversations s’occupent beaucoup de satanisme (mais aussi, parfois, de littérature: le roman s’ouvre par une diatribe anti-naturalisme assez amusante quand on sait que l’auteur faisait, à l’origine, partie du cercle de Zola 😄). Durtal a une relation avec une femme mariée: d’abord, elle lui envoie des lettres passionnées, puis ils passent à l’acte de manière compliquée, avec des changements incessants de la part de Durtal, qui veut coucher, puis ne veut plus, puis couche quand même, etc. [Divulgâcheur] L’apogée du roman, c’est quand cette femme lui permet d’assister à une Messe noire. [Fin du divulgâcheur]

D’autre part, on suit aussi, au fil de chapitres épars, l’histoire de Gilles de Rais, maréchal du XVe siècle et compagnon de Jeanne d’Arc, passé à la postérité pour l’enlèvement, le viol et le meurtre de plusieurs dizaines d’enfants.

Deux histoires distinctes, donc, et le fil rouge du satanisme, de l’occultisme, du succubisme et de la démonologie – mais pas vraiment d’intrigue, au-delà de la relation assez instable et malsaine entre Durtal et Mme de Chantelouve. Une fois le bouquin terminé, on ne sait pas trop ce qu’il faut en tirer quant à l’évolution – ou plutôt la non-évolution – des personnages. En ce sens, le roman me semble donc assez vain.

En revanche, il faut dire qu’il réserve quelques passages assez spectaculaires, à l’image de ce Christ aux "chairs […] salpêtrées et bleuies, persillées de morsures de puces". L’évocation des rituels sataniques ne manque pas d’actes chelous et vaguement dérangeants à la fois, avec une forte composante liée au sacrilège – se tatouer des crucifix sur la plante des pieds afin de piétiner le Christ toute la journée, par exemple. Franchement chelou, à mes yeux, mais très efficace comme symbole, dans ce que ça dit de l’opinion que tu te fais de ton dieu. Je me demande d’ailleurs comment ce livre a été reçu à l’époque de sa sortie. L’Église catholique a dû faire une attaque. Il paraît que Huysmans s’est converti au catholicisme peu après, ce qui me laisse assez perplexe…

(Si vous êtes catholique et avez lu ce livre, votre avis m’intéresse, évidemment. Qu’en avez-vous pensé? Est-ce que ça vous blesse ou vous heurte, ces gens qui profanent des hosties et dansent tout nus devant l’autel? Est-ce que vous trouvez ça un peu ridicule? Daté? Puéril, parce que Dieu est forcément, par essence même, plus grand que toute tentative de le rabaisser ou de lui nuire?)

Les autres passages spectaculaires, et les plus marquants, sont ceux liés à Gilles de Rais et à sa dérive progressive vers le démonisme et surtout la folie pédophile et meurtrière. Là, je crois pouvoir affirmer sans hésiter qu’il vaut mieux vous abstenir de lire ce livre si vous êtes sensible sur la question, car il y a quelques descriptions très claires des viols et des tortures. Décidément, le XIXe siècle, qu’on considère comme très corseté, se permettait de dire les choses sans ambages…

"Tu es bon, toi; ce n’est pas facile de se procurer des enfants que l’on puisse impunément égorger, sans que des parents chiaillent et sans que la police s’en mêle!"

Enfin, je retiendrai aussi le personnage de Mme de Chantelouve, une figure protéiforme, à la fois femme du monde, épouse indépendante et libérée qui ne cache pas à son mari qu’elle le trompe et qui n’hésite pas à aller se chercher un amant, amoureuse soumise qui couche avec Durtal alors que, à la base, elle ne le veut pas, et sataniste étrange, qui fait partie du milieu mais ne participe pas à la transe collective de la Messe noire. Lorsque Durtal la reçoit chez lui, lors de leur première nuit ensemble, toute la préparation s’apparente à la préparation d’un viol, avec cet homme qui réfléchit à la disposition des meubles pour arriver à ses fins et anticipe les réactions de défense de la femme; mais au final, Chantelouve s’installe dans le lit la première, pourvu de lui faire plaisir, et Durtal ne la rejoint qu’à contrecœur, dégoûté de cette coucherie quasiment conjugale puis de l’ardeur sexuelle de sa partenaire. Il faut dire que Durtal a quelques problèmes avec le sexe, c’est dit dès le début du roman…

Voilà. Une lecture étrange, dans l’ensemble, mais que je suis contente d’avoir faite, d’autant que c’est superbement bien écrit, avec cette langue riche, typique du XIXe, que j’adore.

"Alors Durtal se sentit frémir, car un vent de folie secoua la salle. L’aura de la grande hystérie suivit le sacrilège et courba les femmes; pendant que les enfants de chœur encensaient la nudité du pontife, des femmes se ruèrent sur le Pain Eucharistique et, à plat ventre, au pied de l’autel, le griffèrent, arrachèrent des parcelles humides, burent et mangèrent cette divine ordure."

mercredi 16 novembre 2022

Le bon moment. La science du parfait timing (2018)

Chronique express!

On court tous plus ou moins après le temps… Et si on pouvait améliorer sa productivité et sa vie en général en adoptant le bon timing, à défaut de pouvoir ajouter des heures à sa journée? C’est en quelque sorte ce que propose cet essai de Daniel H. Pink, qui est, à la base, docteur en droit – rien à voir avec le développement personnel, donc, mais, hey, tous les chemins peuvent mener à Rome si on s’y prend bien. Une lecture indéniablement intéressante, le moment auquel on fait les choses semblant effectivement avoir son importance. Déjà, les trois quarts des gens sont plutôt du matin et connaissent un ralentissement de la vigilance et de la concentration l’après-midi, ce qui se manifeste de plein de manières différentes – statistiquement, les élèves passant des tests standardisés ont de meilleures notes le matin, par exemple. De quoi faire réfléchir à l’organisation de sa journée. L’auteur consacre aussi un chapitre à l’éloge des pauses et de la sieste, ce qui m’a fait intégrer une ligne "faire des pauses" dans ma liste de tâches quotidiennes pour le boulot. Passés ces deux chapitres enthousiasmants, cependant, mon intérêt est retombé, l’ouvrage me semblant nettement moins concret, voire sentant le remplissage. Le dernier chapitre, sur la synchronisation, m’a même semblé totalement superflu.

Pourquoi ce livre?
Par un amusant concours de circonstances: 1️⃣ cet ouvrage est cité dans un livre de développement personnel que je viens de traduire; 2️⃣ quand j’ai vérifié s’il existait une version française afin de l’indiquer au lecteur de ma traduction, j’ai constaté que oui, il y en avait une, et qu’elle était l’œuvre d’Hélène Florea, que je connais dans la vraie vie; 3️⃣ quand je le lui ai dit, elle m’a annoncé qu’il lui restait un exemplaire et elle me l’a envoyé (et avec une dédicace mémorable! 🤩).

vendredi 11 novembre 2022

Philosophie féline (2020)

Chronique express!


Une couverture félinopensive réalisée par…
eh bien, on ne sait pas, ce n’est écrit nulle part dans le bouquin,
ni sur le site de l’éditeur.
🤪

John Gray, philosophe et enseignant anglais, propose dans Philosophie féline. Les chats et le sens de l'existence de passer en revue quelques notions bien humaines à travers le prisme de l’expérience féline. Le bonheur, l’éthique, la mort… Qu’en pensent les chats, que nous apprennent-ils et qu’en ont pensé les philosophes au cours de l’histoire? Pour une amatrice de chats, le pitch est alléchant, d’autant que j’adorais la philo quand j’étais au lycée (souvenez-vous, j’ai même essayé de m’y remettre il y a quelques années: ici, ici et ici…).

Deux problèmes se sont toutefois posés pour moi. Premièrement, j’ai le cerveau en difficulté après plusieurs années de labeur intense, j'ai lu ce bouquin durant une période de fatigue particulière et j’ai du mal à manipuler des idées; quand j’arrive à la fin d’un chapitre, je suis incapable de résumer ce qui y a été dit (à moins qu’on ne parle d’une notion que je connaissais déjà, comme le pari de Pascal… 😅). Donc, j’ai trouvé ça intéressant sur le coup, mais je n’en tire aucune connaissance sur le long terme. 🙄 (Ce problème vient bien sûr de moi et non de l’ouvrage, hein.) Deuxièmement, l’idée même de comparer le comportement de l’humain à celui du chat me semble absurde. L’auteur rappelle d’ailleurs que le chat, comme tout animal non humain, n’est PAS capable de concevoir des idées abstraites. Donc, dire que l’humain devrait faire comme le chat et profiter de l’instant présent sans se laisser obnubiler par l’angoisse de sa propre mort, ça me laisse perplexe. 🤔 Mais bon, c’était quand même chouette de me hisser temporairement dans le monde des idées, de réfléchir à la morale et à la quête de sens et de voir ce que certains philosophes ont raconté au fil des siècles; et la traduction française, assurée par Fanny Quément, est ciselée à la perfection, avec beaucoup de précision, c’est un régal. On félicite d’ailleurs la maison d’édition, Gaïa, qui indique le nom de la traductrice en couverture! 💪💪💪💪

dimanche 6 novembre 2022

Analog/Virtuel (2020)

Dans un avenir non daté, Apex City, autrefois appelée Bangalore, est la propriété de Bell Corp, une entreprise tentaculaire qui régit le moindre détail de la vie des habitants. Éducation, travail et surtout productivité sont suivis de près sur une "Courbe de Bell", qui détermine votre place dans la société. La plupart des gens font partie des Soixante-dix-Pour-Cent. Le rêve, c’est d’entrer dans les Vingt-Pour-Cent. Le cauchemar, c’est de basculer dans les Dix-Pour-Cent: les improductifs, les contestataires, les loques qu’on expulse d’Apex City et qu’on envoie grossir les rangs des Analogs, les déshérités qui vivent sans technologie, tandis que les Virtuels, en ville, sont constamment assistés par le numérique.

Dans ce contexte très joyeux, Lavanya Lakshminarayan, jeune autrice indienne, met en scène de nombreux personnages dans une vingtaine de textes courts, qui peuvent pratiquement tous se lire comme des nouvelles indépendantes mais qui constituent néanmoins autant de chapitres d’un tout cohérent. Les personnages et les lieux ne reviennent pas dans chaque texte, mais on repère néanmoins des liens qui donnent de l’épaisseur à l’ensemble, puis une intrigue globale se dessine progressivement. Le ton peut évoluer d’un texte à l’autre: le premier, "La Voleuse Dix-Pour-Cent" est plutôt porteur d’espoir, tandis que "…Sur ce, bonne nuit" est glaçant. "La Police des Personas" m’a bien amusée (si on peut dire…) avec sa mise en scène de véritables langues de vipère monologuantes. Dans tous les cas, le roman se dévore avec avidité, cette narration éclatée donnant extrêmement envie d’avancer pour en savoir plus.

Le seul reproche que je lui fais, c’est la présence constante d’appareils portant des noms composés de deux mots: rien que dans la première page, on a ainsi "médi-techs", "holo-montres", "raid-bots" et "pod-home". J’appelle ça "de la SF à gadgets": bidouiller des machins pour montrer qu’on est dans un avenir plus avancé que le nôtre. J’imagine aussi que le roman n’est pas d’une originalité folle pour qui connaît bien le genre. Néanmoins, j’ai adoré et je vais carrément garder un œil sur cette autrice. En plus, c’est quelqu’un de bien: dans les remerciements de l’édition française, au Rayon Imaginaire de Hachette, elle remercie sa "merveilleuse traductrice, Lise Capitan"!!!! Yeah!!!! C’est beau!!!

(Et si vous vous demandez "Pourquoi ce livre?", c’est précisément parce qu’il a été traduit de l’anglais par Lise Capitan. 😍)

Livres traduits par la traductrice déjà chroniqués sur ce blog

mardi 1 novembre 2022

La gamelle d'octobre 2022

Le hasard des sorties cinématographiques fait que j’ai profité d’un beau diptyque féminin en ce mois d’octobre. C’est peu quantitativement, mais c’était très bon!

Sur petit écran

Pas de film.

Sur grand écran

Simone. Le voyage du siècle d’Olivier Dahan (2022)

Un film extraordinaire sur une personnalité hors du commun. Pour reprendre l’expression utilisée par je ne sais plus qui lors de l’enterrement d’Émile Zola, cette femme a été "un moment de la conscience humaine". Son parcours ne peut que pousser à s’engager plus résolument en faveur de ce en quoi on croit.

The Woman King de Gina Prince-Bythewood (2022)

Une histoire de résilience et d’insoumission dans un contexte guerrier avec des épées: aaaaaaaahhhh! Le film n’est pas parfait; j’ai eu quelques fois l’impression d’une transition ratée ou d’une fausse note, par exemple quand la cheffe des Agojié dit à ses élèves qu’il ne leur reste plus beaucoup de temps avant leur épreuve finale alors qu’on les a à peine vues commencer leur entraînement. Et un élément de l’intrigue ([divulgâcheur] la filiation [fin du divulgâcheur]) m’a moins passionnée. Mais purée!! Ces guerrières dégagent un truc de MALADES!!! C’est un film de super-héros quoi, mais sans costumes et gros flingues! Et Viola Davis est au top du top, comme d’habitude. Holàlàlà! ON SIGNE OÙ POUR S’ENGAGER?

Du côté des séries

La Roue du Temps – saison 1 (2022)

Il n’y a pas de doute, la fantasy est le genre qui me fait le plus rêver. Malgré des points faibles, notamment la remarquable absence de charisme des quatre personnages principaux, j’ai adoré cette première saison, qui m’a fait découvrir un univers fascinant, m’a procuré beaucoup d’émotions (la scène du jugement dans l’épisode 6 🤯) et a su me prendre par surprise plus d’une fois. Mention spéciale à Rosamund Pike, qui est extraordinaire. J’ai hâte de voir la suite.

Et le reste

J'ai le Cheval Mag d'octobre, un vieux numéro de Livres Hebdo et le dernier numéro de Translittérature, la merveilleuse revue de l'Association des traducteurs littéraires de France. 💕

jeudi 27 octobre 2022

Le Page de l'Aurore (2019)

Chronique express!

Escorté par la tante du roi d’Or, le Chevalier Cœur de Lorelonne arrive à la cour afin de devenir le Page de l’Aurore, le page qui accompagne le souverain durant la première partie de la journée. Cœur est un grand enfant qui découvre la capitale et la cour avec des étoiles dans les yeux et qui n’a qu’un souhait: servir de son mieux le Roi d’Or. Mais une sourde menace gronde à la frontière, en la personne de la Sorcière de Fer, reine de Torraure, royaume ennemi du royaume d’Or. Et bientôt, c’est la guerre…

Le Page de l’Aurore est le premier roman d’Astrid Stérin – ou le premier publié (au Sylphe Rouge), en tout cas, peut-être en avait-elle écrit d’autres avant – et c’est une belle réussite. Dans cet univers de fantasy tout en douceur, riche de magie discrète (un sculpteur à douze doigts façonne ainsi l’or à mains nues pour représenter le Roi d’Or), on suit les aventures de Cœur, qui est foncièrement un petit garçon gentil, plein de bonne volonté. Et moi, en dépit de mon culte des méchants, j’aime bien les gens qui sont simplement, foncièrement gentils et pleins de bonne volonté. En plus, Cœur a de belles valeurs et les défend, chose que j’apprécie également! Derrière ces débuts tout en douceur se cache ensuite une histoire plus cruelle qu’on ne pourrait s’y attendre, avec une guerre qui fera son lot de victimes, ce qui évite amplement de tomber dans l’angélisme. Le tout est porté par une très belle plume limpide, l’autrice sachant notamment faire exprimer des pensées nuancées à ses personnages. On peut critiquer une résolution hâtive d’une part de l’intrigue ([divulgâcheur] le meurtre de la Sorcière de Fer survient décidément trop rapidement [fin du divulgâcheur]), mais j’ai adoré ce voyage et je suis admirative de la qualité de ce premier roman. Astrid Stérin a depuis publié du steampunk, un genre qui ne m’intéresse pas du tout, mais je garderai un œil sur son œuvre, c’est sûr!

samedi 22 octobre 2022

Yoga (2020)

Comme les lecteurs fidèles ou attentifs de ce blog le savent déjà, je suis une grande amatrice d’Emmanuel Carrère, qui est aujourd’hui le seul auteur français dont l’actualité m’intéresse. En 2020, il a sorti un livre intitulé Yoga. Et moi, je pratique le yoga. Il était donc tout particulièrement indispensable que je le lise. 🤩

En janvier 2015, Emmanuel Carrère s’est inscrit à un stage intensif de méditation. Dix heures par jour pendant dix jours, sans contacts avec le monde extérieur et sans échanger un mot avec les autres participants. Il avait pour projet d’écrire "un petit livre souriant et subtil" sur le yoga et il pratiquait le yoga et le tai chi depuis des années, donc il s’est penché sur ses narines avec bonne volonté (car la méditation, ça consiste beaucoup à s’intéresser à ce qu’il se passe dans ses narines – l’auteur proposera une grosse dizaine de définitions de cette discipline [mais est-ce vraiment une discipline, pour commencer… 😄] et cette histoire de narines me reste tout particulièrement en tête). Hélas, les attentats de Charlie Hebdo l’ont tiré de là, vu qu’on lui a demandé d’écrire un discours pour l’enterrement de l’une des victimes. Par la suite, et sans forcément de lien avec ce stage avorté, ces attentats et ce décès, Carrère, qui a toujours fait preuve d’une instabilité d’humeur et d’un fond névrosif particulièrement aigu que j’ai déjà évoqué comme une des choses que je préfère dans ses bouquins, a plongé dans une dépression particulièrement sévère et a fini interné à l’hôpital Sainte-Ann, à Paris, où on lui a diagnostiqué un trouble bipolaire. La deuxième partie du livre tourne autour de ça. La troisième partie se déroule quant à elle sur une île grecque, où il a encadré des ateliers d’écriture créative pour de jeunes réfugiés.

Bon, Yoga est vite devenu mon Carrère préféré. Mon écrivain adoré, que je vénère comme un génie et pratiquement un dieu sur Terre, qui parle de yoga et de méditation pendant cent pages avec son style habituel, à la fois rapide, nuancé et ultraprécis, incisif, ironique et sarcastique, et surtout lucide, c’était un tel bonheur que je me suis un peu fâchée avec Elisabeth Vornarburg d’avoir écrit un tel chef d’œuvre avec Chroniques du Pays des Mères, parce qu’en toute objectivité je ne peux pas faire de Yoga le meilleur livre que j’ai lu cette année si cette année j’ai aussi lu Chroniques du Pays des Mères. Damnation.

Dans la partie sur l'internement, je me suis marrée comme une folle. En vrai, c’est terrible, cet internement, et Carrère décrit un enfer personnel absolument épouvantable, dans lequel je me suis évidemment retrouvée, parce que ce que j’aime chez Carrère c’est qu’on a beaucoup de névroses en commun mais que lui il en sort quelque chose de spectaculaire; il n’empêche que je me suis marrée, avec cette insouciance soudaine qui vous prend quand vous n’envisagez même de vous retenir dans le train ou le métro parce que c’est trop drôle et c’est trop VRAI et c’est trop FOU.

"La fille disait avec placidité qu'elle était complètement folle mais qu'après une dizaine d'électrochocs – qu'elle appelait des ECT –, ça allait beaucoup mieux. Elle me connaissait plus que je ne le croyais, car elle avait séjourné dans l’unité protégée en même temps que moi. Seulement elle se le rappelait et pas moi. Elle se rappelait que nous avions beaucoup discuté, notamment des romans de Cormac McCarthy qu’elle adorait et semble-t-il moi aussi – ce qui m’a surpris car, tout en ayant la vague intention de le faire un jour, je n’ai lu aucun des romans de Cormac McCarthy."

La troisième partie m’a moins emballée, dans le sens que j’y ai vu moins nettement de lien avec le sujet du bouquin – Carrère passe un peu en mode D’autres vies que la mienne, et d’ailleurs il dit à un moment que ce roman est celui qu’il préfère dans son œuvre – il a bon goût, car D’autres vie que la mienne est EXCELLENT – mais bien sûr j’ai fini par comprendre que [divulgâcheur] c’est le moment où il peut commencer à remonter la pente [fin du divulgâcheur] et donc voilà, c’était pertinent aussi.

Comme d’habitude, Carrère m’a aussi expliqué la vie, ce qui m’a donné du courage, au moins le temps de ma lecture.

"[Si] je m'obstine à écrire ce livre, ma version à moi de ces livres de développement personnel qui marchent si bien en librairie, c'est pour rappeler ce que disent rarement les livres de développement personnel : que les pratiquants d'arts martiaux, les adeptes du zen, du yoga, de la méditation, de ces grandes choses lumineuses et bienfaisantes que j'ai toute ma vie courtisées, ne sont pas forcément des sages ni des gens calmes, apaisés et sereins, mais quelquefois, mais souvent, des gens comme moi pathétiquement névrosés, et que ça n'empêche pas, et qu'il faut, selon la forte phrase de Lénine, « travailler avec le matériel existant », et que même s'il ne vous conduit nulle part on a raison malgré tout de s'obstiner sur le chemin."

Voilà. Je suis, moi aussi, pathétiquement névrosée; j’ai fait dix ans de psy pratiquement à vide, j’ai saboté la plupart de mes relations amicales, j’ai bâti l’essentiel de mon existence sur la haine et je souhaite quotidiennement bien du mal à bien des gens, et d’année en année je garde l’impression désabusée que j’ai beau avancer au prix d’efforts colossaux, les autres sont partis dix mille ans avant moi et vont dix fois plus vite, alors tous ces efforts ne me conduisent nulle part. Et pourtant je m’obstine à déployer les mêmes efforts et j’estime que cette obstination a une valeur en soi. Et lire Carrère qui dit la même chose, ça apporte du soulagement.

J’ajouterai que Carrère évoque avoir un peu abusé en exposant la vie de sa mère et de sa compagne de l’époque dans Un roman russe, ce qui est bien et juste, d’autant que ce roman contient une lettre érotique complètement what the fuck, que Carrère a adressée à sa compagne… en la publiant dans une revue tirée à 600 000 exemplaires. Je vous ai dit qu’il a quelques problèmes?

lundi 17 octobre 2022

Le Dragon de Lune (1909)

Vladimir Bogoraz nait dans le nord de l’Ukraine en 1865. Il est exilé par le pouvoir russe en raison de ses positions révolutionnaires et étudie des peuples autochtones, notamment les Tchouktches. C’est en s’inspirant des légendes sibériennes qu’il écrit le Dragon de Lune, un roman de fantasy préhistorique – oui, aussi surprenant que cela puisse paraître, il n’y a pas d’autre moyen de définir ce livre!

L’histoire se passe au sein de la tribu des Anaki, un peuple nomade. Au printemps, les hommes attendent le retour des rennes après un long hiver; dans leur propre camp, les femmes attendent également, à la fois le retour de la belle saison et celui des hommes porteurs de nourriture. On suit plusieurs personnages, notamment Youn le Noir, sorte de chamane qui n’hésite pas à invoquer le Dragon de Lune, celui qui sourit d’un air cruel dans le Lune (oui, le Lune: ici, le Lune est masculin et la Soleil est féminin!). Mais on suit aussi les aventures de Yarri, jeune garçon impétueux qui n’a pas encore suivi les rites et n’est donc pas officiellement un homme, de Ronta, la femme qu’il courtise, et d’autres personnages mineurs dont j’ai oublié les noms. C’est une société super codifiée, où hommes et femmes vivent séparés à l’exception d’une période précise à l’automne, et où le surnaturel est bien présent: dans le Lune qui sourit d’un œil mauvais et dans une créature de pierre gigantesque, [divulgâcheur] un véritable dragon [fin du divulgâcheur], par exemple.

Je ne peux pas dire que j’aie tellement aimé ce roman. Je l’ai trouvé un peu décousu et j’ai eu du mal à retenir qui était qui. Pendant au moins la moitié du livre, je ne voyais pas se dessiner d’intrigue définie, j’avais l’impression de voir une succession de scènes de la vie quotidienne avec des gens différents. En gros, on fait le tour de la tribu, mais sans destination précise. Heureusement, la deuxième moitié m’a semblé prendre une tournure plus claire, ce qui me convient mieux.

Même si je n’ai pas beaucoup accroché, toutefois, ç’a été un vrai plaisir de découvrir ce roman. Déjà, c’est de la fantasy des origines: 1909, c’est vieux, c’est….. oui, j’ose, c’est la PRÉHISTOIRE DE LA FANTASY. 😂 Deuxièmement, eh bien, c’est préhistorique au sens premier du terme, c’est-à-dire que ça se passe à la préhistoire. Il y a des mammouths. C’est trop cool. J’adore les trucs préhistoriques. Troisièmement, c’est un auteur russe – enfin, ukrainien – enfin, russe – enfin, ukrainien – bref, il était ukrainien à une époque, celle de l’Empire russe, où cela signifiait généralement être russe. Ce roman a donc été écrit en russe. Et moi j’adore le russe donc je suis joie de lire un auteur russe et russophone, même si je le lis en traduction. Traduction assurée ici par Viktoriya et Patrice Lajoye. Je n’ai pas trouvé le style de ce roman brillant, mais à mon avis c’est la faute de l’auteur, pas des traducteurs… 🤔 🧐

Bref, une belle découverte. Comme toujours, je tire mon chapeau aux éditions Callidor, qui sont allées dénicher un roman aussi improbable dans le panorama éditorial français contemporain!

mercredi 12 octobre 2022

Les arbres qui murmurent (2014)

Chronique express!


Les arbres qui murmurent est un recueil de nouvelles de l’écrivain nigérian Abubakar Adam Ibrahim. Originellement publié en anglais sous le titre The Whispering Trees, il a été traduit par Lise Capitan pour les Moutons électriques. Il réunit douze textes se déroulant dans la société nigériane contemporaine, liés par les non-dits, une certaine violence, une certaine malhonnêteté et, parfois, une certaine touche étrange qu’on ne s’explique pas tout à fait. Ainsi, dans le premier texte, La Pénombre et la brume, le protagoniste reçoit la visite d’une jeune femme annoncée par des papillons, qui semble en savoir long sur son passé; dans Les Arbres qui murmurent, un homme devenu aveugle découvre une vision bien différente de la vue qu’il a perdue. Dans Promesse de fidélité et Le Cri de la sorcière, on parle mariage du point de vue des femmes; dans L’enclave de Baba Idi, on parle élections truquées. Ce sont des textes courts, sans florilèges et qui ne tiennent pas excessivement le lecteur par la main.

Je n’ai pas tellement accroché ce recueil, que j’ai trouvé assez froid. Le fait que je ne connaisse aucunement la société ou l’histoire nigérianes m’a peut-être desservie dans le cas de L’enclave de Baba Idi, mais dans l’ensemble je pense simplement que ça ne faisait pas trop pour moi. Beaucoup de textes n’ont pas d’élément fantastique ou étrange, par exemple, et cela m’ennuie facilement s’il n’y a pas des personnages fantastiques ou une grande plume (Zola!) pour me happer. Je suis néanmoins contente de l’avoir lu, car le continent africain est horriblement absent de mes lectures; j’ai seulement lu deux bouquins de Yasmina Khadra il y a des lustres. Merci donc aux Moutons électriques de donner sa place à cet écrivain!

Note pour moi-même: les Nigérians sont les habitants du Nigéria. Les Nigériens sont les habitants du Niger. C’est la honte, mais je confondais ces deux substantifs. 🤯

Livres traduits par la traductrice déjà chroniqués sur ce blog
Le Charmeur et L'Envoûteur de Paula Quinn

vendredi 7 octobre 2022

Les BD du troisième trimestre 2022

Ce dernier trimestre a été très léger niveau BD. Heureusement, il marque le retour des chats après leur terrible absence au deuxième trimestre! 😻

Les dossiers de Hellblazer – Pandémonium de Jamie Delano (scénario) et Jock (dessin), traduit de l’anglais par Philippe Touboul (2010)

Dans ce deuxième volume des Dossiers de Hellblazer, une histoire sortie à l’occasion des 25 ans du personnage, notre bon vieux John Constantine se retrouve embarqué en Iraq par les services secrets britanniques, confrontés à un prisonnier dont les pouvoirs les dépassent. Je n’ai pas aimé le dessin de Jock, et ne pas aimer le dessin d’une œuvre est toujours un problème en BD, mais j’ai trouvé cette histoire très réussie. C’est une belle modernisation du personnage. On est loin du punk désabusé des débuts, qui errait dans les rues de Londres à l’époque de Tatcher, mais Jamie Delano, qui a justement scénarisé les débuts de Hellblazer, est resté fidèle à l’esprit du comics et le résultat est à la hauteur. Ça faisait un certain temps que je n’avais pas pensé à l’Iraq et j’ai trouvé qu’il capturait bien la merde noire que connaît ce pays. Et il y a des démons, ce qui est primordial, et John a la langue bien pendue.

Ce volume comprend aussi l’épisode 181, scénarisé par Mike Carey et également dessiné par Jock. Je comprends l’intérêt d’ajouter à l’histoire des 25 ans l’épisode dessiné par le même artiste, mais comme les épisodes scénarisés par Mike Carey forment une longue histoire complète et que cet épisode est en plein milieu de l’intrigue, il tombe un peu comme un cheveu sur la soupe si on le lit en solo. 🤔

Éditeur: Urban Comics

Moi, Tsushima de Opû No Kyôdai, traduit du japonais par (l’excellente) Miyako Slocombe (2018)

Un manga au dessin étrange, un peu brouillon et grotesque, avec un humour moqueur pas toujours à mon goût. L’histoire est quant à elle bien peu originale: on suit les petites péripéties du gros chat Tsushima, de la vieille dame chez laquelle il vit et de quelques autres chats également installés là. J’ai d’abord peiné à rentrer dedans, car je trouvais le ton trop mesquin; certes, l’image du chat méprisant est un classique et c’est ce qu’on adore chez les chats, mais là, je ne sais pas, je trouvais que ça allait loin dans la moquerie de cette vieille dame qui se mettait en quatre pour ses chats. Mais les chats sont bien croqués et l’inévitable thème du décès d’un animal domestique m’a fait pleurer, alors ce manga a aussi su me toucher

Éditeur: Le Lézard noir

Elle et son chat de Makoto Shinkai (scénario) et Tsubasa Yamaguchi (dessin), traduit du japonais par Claire Olivier (2016)

L’adaptation papier du court-métrage homonyme de Makoto Shinkai, brillant réalisateur du non moins brillant Your Name, m’a laissé sur ma faim. Je n’ai pas saisi tous les implicites – et comme tout est implicite… 😅 C’est l’histoire d’une jeune femme solitaire, probablement en dépression, vue par son chat qui l’adore. C’est touchant, mais un peu trop nébuleux pour moi. Je recommande le court métrage, toutefois; c’est très élémentaire, mais on devine déjà la patte du réalisateur.

Éditeur: Pika Édition

dimanche 2 octobre 2022

La gamelle de septembre 2022

Comme d'habitude, retour sur les activités culturelles du mois écoulé!

Sur petit écran

Pas de film.

Sur grand écran

Everything, Everywhere, All At Once de Daniel Scheinert et Daniel Kwan (2022)

Dans une période compliquée de sa vie, Evelyn Wang voit son mari se dédoubler entre l’homme qu’elle connaît et une version venue d’un autre monde, qui lui explique qu’elle doit d’opposer à une terrible créature susceptible de détruire l’univers – et même les univers. Le film est inventif et tient un rythme entraînant, mais ne m’a pas entraînée pour autant, moi, à tel point que j’ai dormi durant la séance. Ce n’était tout simplement pas fait pour moi: trop foufou, trop d’univers parallèles, trop de couleurs ou de paillettes (je sais, c’est absurde de critiquer un film ainsi!). Reste la prestation de Michelle Yeoh, aussi crédible et à l’aise en cheffe d’entreprise au bord de la crise de nerfs qu’en chanteuse ou qu’en star du show-business.

Bullet Train de David Leitch (2022)

Des gangsters à la diction forcée, un humour qui ne me parle pas du tout, un Japon étrangement peuplé presque exclusivement d’Occidentaux… C’était vraiment mal parti. Au bout de dix minutes de film, j’ai regretté d’être venue; au bout de vingt, je me suis sérieusement demandée si je ne devais pas juste me casser, mon temps étant mieux employé à essayer de venir à bout de mes différentes tâches; et puis… j’ai réussi à rentrer dedans et j’ai bien rigolé. C’est un film un peu absurde, qui se veut décalé et original (en tout cas, c’est l’impression qu’il me donne) mais qui me semble surtout reprendre des codes bien établis et une certaine vision de la classe masculine, elle aussi très codifiée, avec des gros sabots rigolos. J’ai ri face aux évènements improbables ou ridicules et j’ai fini par ressentir un véritable intérêt pour l’intrigue "emboîtée", dans laquelle personne n’est là par hasard. Mentionnons la prestation de Brad Pitt, aussi crédible et à l’aise quand il parle à un cadavre que quand il essaye de noyer un serpent dans les toilettes. 👀

Avatar de James Cameron (2009)

Le film le plus merveilleux que j’aie jamais vu. J’ai été aussi capturée par Pandora que la première fois que je l’ai vu, le 16 décembre 2009. Cameron a eu une vision de dingues et a su lui donner corps. L'écosystème est juste stupéfiant. Côté mise en scène, tout est limpide: dans chaque scène, on comprend où sont les personnages et comment est agencé leur environnement, y compris dans les scènes de vol et de bataille; à chaque introduction de personnage, on comprend son caractère et son fonctionnement. Quant à James Horner, il a bénéficié de l’inspiration des dieux; la musique des scènes de bataille me prend encore aux tripes comme si je ne savais pas ce qu’il va se passer.

J’ai beaucoup entendu dire que ce film manque de scénario et/ou de fond, mais je ne comprends pas du tout cette critique. Ce n’est pas simpliste, selon moi; c’est une histoire vieille comme le monde. Comme dans Titanic, Cameron parle de la vraie vie et de rapports de domination. Et j’apprécie qu’il le fasse avec deux sociétés très égalitaires: chez les expat’ humains de Pandora comme chez les Na’vi, femmes et hommes ont accès aux postes à responsabilité et sont respectés de la même manière. Sérieux, ce mec est un dieu.

Du côté des séries

La Roue du Temps – saison 1 (2021)

J’ai repris la Roue du Temps à zéro et en solo, mon homme n’étant pas intéressé. Pour l’instant, je tiens mon rythme d’un épisode par semaine. Croisons les doigts pour que ça dure.

Et le reste

J’ai lu le Monde Diplomatique d’août, que j’ai acheté pour lire un article sur Versâââilles 👑👑👑 Je m’attendais à pleurer de rire face à la description de la ville de droite par excellence, mais le portrait qu’en fait le journaliste est pluriel; quelle amère déception. 😂 Bon, dans l’absolu, j’hésite un peu à continuer à lire ce journal deux fois par an; après deux ans et, donc, quatre numéros, ils me saoulent à tout analyser en mode lutte des classes. J’espacerai peut-être un peu plus à l’avenir.

En début de mois, j’ai lu le Cheval Magazine de septembre, que j’avais trouvé en rentrant de vacances fin août; en fin de mois, je n’ai pas pu lire le Cheval Magazine d’octobre, que j’ai récupéré trop tard.