Avec cette
lecture, j'ai fait une double découverte, puisque je connaissais à peine
la vie de Marie-Antoinette et ne connaissais Stefan Zweig que de nom.
Cinq cent pages plus tard, je suis nettement plus informée sur la
tristement célèbre reine de France et je pense avoir un bon aperçu de la
plume de Zweig.
Encore une fois,
j'ai laissé pas mal de temps entre ma lecture et ma chronique et je n'ai
donc plus les idées très claires. Mais il est certain que j'ai lu ce
bouquin avec beaucoup de plaisir et que je suis rentrée dedans avec
enthousiasme parce qu'il "ouvre la porte de l"Histoire". C'est un peu
cliché de dire ça comme ça, mais c'est vrai! :) Quand on s'y intéresse
dans le détail, les ramifications de la vie des grandes figures du passé
sont fascinantes. Malgré son absence totale d'intérêt pour la
politique, Marie-Antoinette a joué un rôle de premier ordre dans
l'Europe du XVIIe: une princesse d'Autriche qui épousait le futur roi de
France, c'était la promesse de la paix entre deux vieilles rivales qui
s'affrontaient depuis des lustres. Cela, en soi, était déjà
considérable. Mais en plus sa chute a représenté celle de tout un monde
et là, on entre presque dans l'épique...
En toute
objectivité, Zweig ne brosse pas un portrait tellement flatteur de
Marie-Antoinette. Il semble qu'elle ait vraiment été une princesse gâtée
et écervelée, qui ne pensait qu'à ses robes et ses soirées et s'ennuyait
profondément dès qu'on tentait de lui faire lire un livre ou de
l'intéresser à quelque chose d'un tant soit peu sérieux. Mais on sent
qu'il l'aime beaucoup et prend en quelque sorte son parti dès le début. À
la fin, après le départ de Versailles, il souligne aussi combien elle a
essayé de faire face comme elle le pouvait à la situation et a mobilisé
toutes ses ressources intellectuelles pour sauver sa couronne et sa
famille.
Soulignons tout
de même qu'elle gagne presque à être comparée à Louis XVI, qui semble
avoir été le roi le plus mou de l'histoire et qui pensait plus à chasser
le cerf qu'à gérer son royaume.
Bref, impossible
de ne pas s'y attacher un minimum et donc de redouter la fin, pourtant
connue d'avance. J'ai été vraiment émue par les dernières pages et j'ai
pas mal ruminé sur la Révolution (un épisode historique que je ne suis
pourtant pas amenée à "glorifier" vu que la France avait un empereur à
peine quinze ans après avoir renversé le roi ^^) et la Terreur.
Saviez-vous que le tribunal qui a jugé Marie-Antoinette est allé jusqu'à
l'accuser d'inceste?
Du point de vue
stylistique, j'ai trouvé irritante la manière de l'auteur de souligner
les côtés "féminins" de Marie-Antoinette, dans des gros clichés comme
"Car, en réalité, cette femme n'est ni orgueilleuse ni forte; ce n'est
pas une héroïne, mais une créature très féminine, née pour le dévouement
et la tendresse et non pour la lutte". J'ai soupiré plus d'une fois. On
pourrait aussi lui reprocher un certain lyrisme, du genre "dans la
lumière froide de l'aube, une princesse marche vers son destin". Mais à
part ça j'ai vraiment adhéré stylistiquement et il est certain que je
lirai autre chose de Zweig (je pense à Vingt-quatre heures dans la vie d'une femme; n'hésitez pas si vous avez des avis!).
Pourquoi ce livre?
En août, j'ai
visité le château de Breteuil dans les Yvelines, et il se trouve qu'une
scène de la célèbre affaire du Collier y est représentée, le ministre
auquel Louis XVI a ordonné d'arrêter le cardinal de Rohan n'étant autre
qu'un Breteuil! Enthousiasmée par la visite, qui retrace un gros bout de
l'histoire de France à travers les figures des Breteuil, j'ai craqué
sur cette biographie dans la boutique du château et je me suis procurée Le Collier de la reine de Dumas chez mon libraire habituel. J'ai aussi acheté les Contes de Perrault, ce dernier ayant séjourné à Breteuil.
Le truc en plus que je ne veux pas oublier
L'édition du
Livre de Poche comporte une courte note biographique sur le traducteur
de Zweig. Visiblement, ce monsieur est connu pour d'autres raisons que
la traduction, mais ça mérite quand même d'être souligné; je crois
n'avoir jamais vu ça depuis que j'ai lu La petite maison dans la prairie il y a vingt ans. ^^
A la bibliothèque où je travaille on a acheté Magellan et Le joueur d'échecs (recommandé par des profs au milieu des bouquins de management et de création d'entreprise, j'ai pas tout compris mais ça enrichie notre mini-fonds littérature xD). Faudrait que je lise un Zweig un jour pour ma culture !
RépondreSupprimerJe ne savais pas que Zweig avait écrit du roman historique.
RépondreSupprimerSinon de lui j'ai lu Clarissa et Le joueur d'échec, j'en garde un bon souvenir. Enfin bon souvenir, tout est relatif, ce sont des lectures assez dures. Clarissa est un roman inachevé. Je ne me souviens pas de la fin mais pour le coup comme il n'y en a pas, je ne ferai aucun reproche à ma mémoire bancale.
J'avais été un peu déçue par Vingt-quatre Heures, enfin j'avais trouvé la plume magnifique mais je m'attendais à plus en ce qui a trait à l'histoire. Il faut dire que j'avais lu des critiques dithyrambiques, la barre était peut-être juste trop haute! Je m'étais dit que j'allais lui donner une deuxième chance, probablement avec ce Marie-Antoinette, justement!
RépondreSupprimerVert : Lol, ça fait bizarre dans le tas en effet. J'aimerais bien en savoir plus sur ton boulot d'ailleurs si tu as envie d'en parler un jour :)
RépondreSupprimerTigger Lilly : Et bien en fait ce n'est pas du roman historique. C'est une biographie, avec citations des sources et tout. C'est juste la plume un peu enlevée qui en fait une lecture "normale". Je note pour les deux livres que tu cites, et lol pour la fin que tu as oubliée :p.
Grominou: Ok c'est noté! :) Je lirai ton avis avec grand intérêt si tu le lis.
J'avais aimé, mais la plume de Zweig est vraiment différente de ses nouvelles. Et non, portrait de la reine peu flatteur... et tu as raison, de la femme en général non plus!
RépondreSupprimer@Karine:
RépondreSupprimerOui on pouvait faire plus flatteur! Je note pour le style...
J'ai retrouvé ton billet et il est très juste! J'ajoute le lien ici. :)