mardi 28 novembre 2023

Mitsou ou comment l'esprit vient aux filles (1919) + En camarades (1907)

J'ai beaucoup aimé ce que j'ai lu de Colette, alors je suis toujours heureuse quand le hasard me fait rencontrer un de ses livres. Cette fois, je suis tombée, dans l'entrée de mon immeuble, sur Mitsou, dont je n'avais jamais entendu parler.

Ce roman a peut-être été écrit pour le théâtre, car la première et la dernière partie sont présentées comme une pièce de théâtre, avec le nom du personnage qui prend la parole, des didascalies éventuelles puis la réplique du personnage. La partie centrale, par contre, se compose de lettres.

Au début, on est dans la loge de Mitsou, une actrice de music-hall, durant la Première Guerre mondiale. Arrive Petite-Chose, une autre actrice, qui cache deux soldats dans ladite loge afin qu'on ne découvre pas qu'elle reçoit des hommes. Mitsou les accueille avec une indifférence totale, mais l'un d'eux – le Bleu, ainsi nommé à cause de la couleur de sa tenue – lui tape dans l'œil, à tel point qu'elle demande son adresse à Petite-Chose quelques jours plus tard. S'ensuit une jolie correspondance très sympathique, puis leur rencontre lorsque le monsieur revient à Paris en permission.

Mitsou se lit absolument tout seul et m'a beaucoup plu. J'ai aimé cette rencontre qui n'en paraît pas une et la manière un peu timide dont les deux personnages s'écrivent et font connaissance à distance. Il y a toujours une langue particulière chez Colette, quelque chose d'enlevé et de piquant mais aussi de  très élégant. La fin, en revanche, est plutôt triste, ou en tout cas douce-amère...

Un détail qui m'a marquée: Mitsou doit son nom à son "ami", un homme plus âgé qui l'entretient.

"[...] c'est mon ami qui l'a inventé. C'est un nom fait avec des initiales. Pierre est administrateur de deux Sociétés, l'une qui s'appelle les Minoteries Italo-Tarbaises, et l'autre les Scieries Orléanaises Unifiées. Ça fait M.I.T.S.O.U. : Mitsou."

👀👀👀👀

Un homme qui donne à sa maîtresse un surnom composé des initiales de ses entreprises. Les mots me manquent. Et même si Mitsou ne trouve pas du tout ça étrange, j'ai tendance à penser que Colette avait conscience de la symbolique de la chose.

Dans cette édition du Livre de Poche de 1964, Mitsou est suivi d'une pièce de théâtre, En camarades, que j'ai trouvée plus oubliable. Il s'agit des flirts de deux couples: d'une part, un homme marié qui tourne autour d'une amie de son épouse; de l'autre, ladite épouse, qui se laisse très complaisamment draguer par un homme plus jeune. Ça se lit absolument tout seul, ici aussi, et j'ai trouvé la fin assez rigolote ([divulgâcheur] tous deux rendus jaloux par l'existence d'un ou d'une rivale, le mari et son épouse retournent joyeusement ensemble dans la vie mondaine parisienne [fin du divulgâcheur]), mais ce n'est pas mémorable et ça fait quand même un peu problèmes de riches nombrilistes.

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6 commentaires:

  1. Un roman mi-théâtral, mi-épistolaire, ce n'est certainement pas commun. =O
    Je ne sais pas de qui est ce tableau en couverture, mais il me paraît très bien aller avec le texte.

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    1. @Baroona: Je n'en ai aucune idée et ce n'est indiqué nulle part dans le livre. 🙃 Mais il est très bien choisi, oui!

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  2. "Un homme qui donne à sa maîtresse un surnom composé des initiales de ses entreprises." Charmant XD

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    1. @Tigger Lilly: Je me disais que ça te plairait 😜

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  3. Mmh vive le surnom donné à Mitsou.... Bon je n'accroche à l'écriture de Colette mais la forme du roman a l'air intéressante.

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    1. @Shaya: Les textes de Colette sont tous très courts, peut-être que ça ne joue pas en leur faveur, dans ton cas. Qu'est-ce que tu as lu d'elle et qui ne t'a pas fait accrocher?

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