mardi 19 juillet 2022

La Mort de la Terre (1888, 1912 et 1925) + Til A' the Seas (1935)

J'ai adoré J.H. Rosny aîné dans le roman préhistorique et je l’ai apprécié dans le roman fantasy. Qu’en a-t-il été en SF? Je vous dis tout!

❗ Attention, ce billet contient nombre de divulgâcheurs! 

Une femme nue, c'est toujours pertinent, quel que soit le sujet... 😶

La Mort de la Terre est un recueil de trois nouvelles totalement indépendantes, mais néanmoins savamment réunies.

Les Navigateurs de l’infini (1925)

Trois astronautes français débarquent sur Mars. Ils sont les premiers hommes à atteindre la Planète rouge. Ils inspectent soigneusement les lieux et ont le plaisir d’y découvrir LA VIE! 🤩 Y compris une forme de vie consciente, les tripèdes. La rédaction et le ton sont merveilleusement désuets, c’est formidable, et j’ai énormément apprécié que l’auteur nous donne à voir des extraterrestres très différents de nous. Tellement différents, pour être honnête, que je suis incapable de les décrire. Les tripèdes ont trois jambes et de très beaux yeux, c’est tout ce que je peux vous dire. C’est une vraie histoire de découverte de la différence dans des relations pacifiques entre espèces conscientes (avec une autre espèce, par contre, la situation est plus belliqueuse). On est à l’extrême opposé d’une créature telle que l’alien de Ridley Scott, dénuée de toute personnalité individuelle et réduite à sa dangerosité.

Le Cataclysme (1888)

"Au plateau Tornadres, depuis quelques semaines, la nature palpitait, équivoque, angoissante, tout son délicat organisme végétal parcouru d’électricités intermittentes, de signes symboliques d’un grand évènement matériel. Les bêtes libres […] prirent un parti extraordinaire, propre à épouvanter : elles émigrèrent, elles s’enfoncèrent aux vals de l’Iaraze."

Ainsi commence cette description d’une calamité mystérieuse, qui s’abat inexorablement sur un plateau où vivent, entre autres, Sévère et Luce, spectateurs apeurés et impuissants. J’ai trouvé ce texte brillant. Malgré sa brièveté, il arrive à nous faire aimer le protagoniste et à nous faire éprouver toutes ses angoisses. Et le mystère demeure jusqu’au bout.

La Mort de la Terre (1910)

Le texte qui donne son titre au recueil est le plus long et le plus abouti dans la description du contexte et le suivi du protagoniste. Nous sommes dans un futur lointain et l’être humain, sur Terre, est cantonné à quelques oasis isolées. Le reste de la planète, bouleversé par les cataclysmes et asséché, est devenu inhabitable pour nous et est colonisé par les ferromagnéteux, une nouvelle espèce que je suis incapable de décrire (je les visualise comme des lichens 🤨🤔) et qui prospère sur les fers autrefois utilisés par l’humain. Nous suivons les éventures de Targ, un homme qui quitte son oasis pour prêter secours à une autre, où il aura la chance de découvrir une nappe phréatique insoupçonnée. Mais inexorablement, sans cesse, les éléments s’allient contre l’être humain et celui-ci recule, jusqu’à une fin sans concession qui fait forcément quelque chose.

Notons que l’euthanasie est parfaitement admise et même nécessaire dans cette société. En cas de difficulté, des personnes sont mises à mort (de manière douce) pour permettre la survie du groupe. Dingue.

Ce dernier texte m’a énormément rappelé la nouvelle Till A’ the Seas de Lovecraft, que j’ai relue dans la foulée. L’histoire est foncièrement la même, celle du dernier homme sur Terre. Mais le traitement est radicalement différent, car Lovecraft ne nous donne à voir ce dernier homme que lorsqu’il est déjà seul et quitte son lieu de vie après la mort de la seule autre habitante, une femme très âgée. Son périple est plus douloureux à cause du manque d’eau, et sa fin, tragique évidemment, est aussi horriblement ironique: ayant enfin trouvé un puits dans un petit village peuplé de squelettes, il se penche pour prendre de l’eau, tombe dedans, tape la tête et meurt dans l’eau stagnante et boueuse. 👀

Chez Rosny aîné, la volonté de survivre de Targ et la présence de ses proches confèrent au récit, jusqu’au dernier moment, quelque chose d’humain et d’émotionnel. Ici, c’est tout l’inverse. La disparition de l’humanité n’a pas plus de valeur que son existence…

"All the teeming billions; the slow aeons; the empires and civilizations of mankind were summed up in this poor twisted form—and how titanically meaningless it all had been!"
(Votre propre joie de vivre vous dégoûte? Lisez Lovecraft, vous déprimerez vite fait bien fait...😅)

J’ai lu une autre histoire sur la fin de l’humanité, The Last Man de Mary Shelley, mais j’en garde un souvenir épouvantable, j’avais trouvé ça horriblement chiant, donc je ne suis pas allée le relire. Il est intéressant, en tout cas, de voir comment le thème a été traité au fil des années de bien des manières.

Allez donc voir ailleurs si cette mort y est!
L'avis de Vert

11 commentaires:

  1. Préhistorique ✅ Fantasy ✅ SF ✅
    C'est quoi le genre suivant ? ^^

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    1. @Baroona: Il me semble possible que le monsieur ait écrit du fantastique 😇

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  2. J'ai lu ce livre, je n'en ai aucun souvenir 🤷‍♀️ C'est quand même utile les chroniques 😅

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    1. @Tigger Lilly: Ahah, comme je plussoie cette affirmation!!

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  3. J'aime mieux mon exemplaire avec cette espèce de planète qui avale les gens de sa grande langue (pas que ce soit plus pertinent mais bon xD). Je lirais pas ça tous les jours mais je garde un souvenir émouvant de La mort de la Terre, c'est tellement du post-apo et en même temps y'a des trucs tellement improbables.

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    1. @Vert: Ta couverture, c'est plutôt "la Terre qui donne la mort" que "la mort de la Terre" 😂

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  4. Un succès donc, je note merci xD

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  5. Il me semble que je dois avoir certains de ces textes dans un recueil de Rosny-aîné. En tout cas, j'en connais deux de réputation, et ce que tu en dis me pousse à les déterrer. ;)

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  6. Bon, et comme d'habitude, l'inconnu au-dessus, c'est moi ! :D

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    1. @Lorhkan: Tu es mon inconnu préféré!!! 🤩 Je pense que tu adoreras lire ce recueil. C'est totalement du patrimoine!

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