Les fidèles lecteurs et lectrices de ce blog savent que j'adore Alexandre Dumas père, le roi du roman historique. Un an après ma dernière lecture (l'excellent Collier de la reine), j'ai sauté avec enthousiasme sur ce court roman acheté d'occasion. Il s'agit du tout premier roman de Dumas, qui avait jusque-là écrit des nouvelles et des pièces de théâtre.
Pauline s'insère pleinement dans la tradition du roman gothique et dans le courant romantique. Voyez plutôt ce qu'on y trouve:
- une belle et jeune femme mystérieuse et attristée qui parcourt l'Europe,
- une nuit de tempête,
- une mer tumultueuse,
- des ruines éclairées par la lune,
- un souterrain sombre et humide,
- une héroïne victime d'un homme démoniaque,
- des passages secrets,
- un voyage en Écosse avec sa mention obligatoire de Walter Scott,
- des airs d'opéras romantiques,
- une tombe solitaire.
Pauline est absolument génial: comme tous les Dumas, il se lit tout seul, les mots coulent tout simplement de source; l'histoire, si elle ne présente pas de surprise majeure vu qu'on sait d'emblée que l'héroïne a trouvé la mort, est prenante; et l'atmosphère de cette Normandie mystérieuse est très réussie.
Il n'a pourtant pas grand-chose en commun avec les autres romans que j'ai lus de l'auteur. D'une part, il n'y a pas d'humour, un trait caractéristique de Dumas. Le ton est résolument tragique. D'autre part, ce n'est pas un roman historique: l'intrigue se passe à l'époque de la publication et, d'après le dossier de cette édition Folio Classique, l'auteur a dépeint le mal-être de la noblesse née après l'époque napoléonienne, alors que cette classe n'avait plus l'influence d'autrefois et errait en quelque sorte sans but dans une société riche et oisive.
Stylistiquement, la narration est beaucoup moins "enlevée" que d'habitude. Il y a un petit style Dumas dans la manière de rédiger et je ne l'ai pas retrouvé ici. Mais ce n'est pas un problème; je le précise seulement pour éviter toute déconvenue. Il ne faut pas lire Pauline en s'attendant à retrouver Les Trois mousquetaires, mais plutôt en lorgnant du côté de Maupassant. 😊 Ce roman est d'ailleurs une bonne porte d'entrée dans le roman gothique, même s'il n'a pas tellement marqué le genre, et il est nettement plus digeste que Le Château d'Otrante de Walpole. (En relisant mon billet sur ce livre, je constate avec horreur que je n'ai toujours pas lu Ann Radcliffe, quatre ans plus tard... 😭)
Bref, Dumas c'est génial, lisons Dumas, d'autant plus qu'il a écrit tellement de livres, notamment grâce à ce bon Maquet qui les écrivait en grande partie à sa place, qu'on peut lire du Dumas à l'infini. 😂
Bref, Dumas c'est génial, lisons Dumas, d'autant plus qu'il a écrit tellement de livres, notamment grâce à ce bon Maquet qui les écrivait en grande partie à sa place, qu'on peut lire du Dumas à l'infini. 😂
Parfait ce bingo du roman gothico-romantique, je reviendrai le chercher si un jour je veux classer un livre. =P
RépondreSupprimerBon, avouons-le, si je dois lire Dumas ça sera plutôt avec "Les Trois Mousquetaires".
@Baroona: Ce serait un excellent début. C'est un de ses meilleurs romans. :)
SupprimerDumas qui écrit du gothique c'est fou. C'est le seul dans la même veine ?
RépondreSupprimer@Tigger Lilly: Pour autant que je sache, c'est le seul qui relève vraiment du roman gothique au sens walpolien du terme (avec ce cahier des charges assez précis de ruines, de jeune fille virginale persécutée, etc.). Par contre, il a écrit une histoire de vampires si je me souviens bien: La Dame blanche. Qui doit être plus dans la veine du fantastique du XIXe.
SupprimerC'est bien intrigant en tout cas, un roman gothique, ça me tenterait bien.
RépondreSupprimer@Shaya: C'est un excellent début pour découvrir le genre, je pense (même si en fait mon expérience se limite au Château d'Otrante qui est quand même super lourd ^^).
SupprimerMoi je m'étais promis de lire La reine Margot après avoir fini Les trois mousquetaires... un jour j'espère !
RépondreSupprimer@Vert: Oh oui, oui! C'est tellement génial Dumas!
Supprimer