vendredi 4 juillet 2014

Le Peuple des rennes (1988)

Youpi youpi youpi! Le challenge Rupestre Fiction de Vert commence bien avec cette première participation, qui me permet en outre de me frotter à une auteur de fantasy très connue, Megan Lindholm n'étant autre que Robin Hobb!


Tillu la guérisseuse et son fils Kerlew vivent depuis quelque temps avec le peuple de Benu, une tribu de chasseurs-cueilleurs. Mais les attentions pesantes de Carp, le chaman, qui a pris Kerlew sous son aile et qui tient des propos forts désobligeants sur les femmes, la convainquent qu'il est temps pour elle de quitter le confort de la vie en société et de chercher refuge ailleurs. Elle s'enfuit donc avec son fils dans la forêt, en plein hiver, à la recherche d'un peuple qui saura accepter une femme vivant seule et son enfant très particulier.

Le Peuple des rennes n'est pas situé dans une préhistoire très éloignée. Tillu fréquente des tribus nomades qui ne connaissent pas l'écriture et dont certaines vivent seulement de la chasse. Mais d'autres maîtrisent déjà l'élevage et possèdent des habits en fibres végétales tissées. Loin au sud, à des jours et des jours de marche, les hommes possèdent déjà des armes en bronze. Nous sommes donc en 2000 avant J.-C. au plus tôt (si on suppose que l'histoire se passe en Europe du nord).

J'ai trouvé ce roman très réussi. Megan Lindholm a donné vie à des peuples et un style de vie très riches et fascinants. Tillu soigne ses patients avec quantité de plantes ayant chacune des propriétés précises. À une époque parfaitement primitive, elle sait en fait beaucoup de choses sur le corps humain et ses maux. Culturellement parlant, le mode de vie est également très intéressant: la société en pleine évolution de Heckram, qu'elle rencontrera au cours du livre, est vraiment très bien décrite. Ce sont ces éleveurs de rennes qui donnent son nom au roman. La vie est forcément très dure pour l'homme à cette époque, mais cela ne l'empêche pas de mettre en place une vie sociale complexe, pleine de rites et de sens!

Parfois, certaines répliques semblent même trop modernes, mais j'imagine que l'auteur en avait besoin pour mener son récit. J'ai d'ailleurs apprécié le traitement des pensées des personnages, qui sont elles aussi présentées avec beaucoup de richesse et de subtilité. J'ai surtout apprécié les sentiments très ambigus de Tillu par rapport à son enfant. Kerlew n'étant pas du tout normal -- on dirait aujourd'hui qu'il est atteint d'une légère forme d'autisme --, elle oscille entre l'amour maternel le plus intense, le désespoir le plus profond et presque la haine au fur et à mesure qu'il donne des signes d'amélioration puis rechute complètement dans l'apathie ou des comportements incompréhensibles.

La place de la femme au sein de sociétés très diverses est également abordé. Carp et Joboam, le chaman inquiétant et la brute épaisse, représentent deux faces d'une même misogynie qui va bientôt dominer le monde. Inutile de dire que je leur souhaite beaucoup de mal dans la suite des événements. XD

Le surnaturel étant présent dans ce tome à travers le monde des esprits [ajout du jour de publication: et encore plus dans le suivant, Wolf's Brother], j'estime que cette lecture relève également, quoique modestement, du challenge SFFF au féminin.

3 commentaires:

  1. Pour la localisation j'ai toujours imaginé que ça se passait en Alaska (sans doute parce que l'auteur y a vécu) ou de l'autre côté du détroit de Bering, mais bon y'a de la place pour une très large interprétation à ce sujet, c'est peut-être une contrée imaginaire et donc on est vraiment en pleine fantasy ^^

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  2. Je savais pas du tout que Robin Hobb avait écrit des bouquins se passant à la préhistoire. Excellent combo de challenge en tout cas, j'aurais pas cru que c'était possible.

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  3. Vert : Haha en Alaska ce serait trop fort. Même si je le voyais plus de ce côté-ci du monde à cause de la présence de populations plus "évoluées" au sud des événements. En tout cas c'était vraiment très sympa, merci pour la découverte.
    Lilly : Et bien moi non plus, tu vois, mais plus le jeune Kerlew discutait avec des esprits et plus je me disais que c'était du surnaturel et donc une lecture de SFFF au féminin. C'est léger mais ça passe. :)

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