vendredi 11 avril 2025

Imperial Earth (1975) 🪐🌎

Arthur C. Clarke fait partie de mes auteurs valeurs sûres. Il ne m'a jamais déçue, et avec ce roman sur lequel je suis tombée par hasard, dans une librairie anglophone des Pays-Bas, il m'a encore emmenée immensément loin sur tous les plans: géographique, mental, humain.

Imperial Earth s'ouvre sur Titan, une lune de Saturne, qui doit sa richesse et son influence au sein du Système solaire à l'exploitation de l'hydrogène, que l'on y trouve en abondance. Le protagoniste est Duncan Makenzie, le troisième membre de la famille – presque de la dynastie – qui dirige ce petit monde. Nous sommes en 2776, et la Terre invite Duncan à donner un discours lors de la commémoration du cinq centième anniversaire de la Déclaration d'Indépendance des États-Unis. Pour lui et sa famille, c'est une occasion importante de tisser des liens politiques et commerciaux, surtout à une époque où un nouveau système de propulsion risque de remplacer l'hydrogène à moyenne échéance, mettant ainsi en péril le modèle commercial de Titan. Mais c'est aussi l'occasion de procéder au clonage de Duncan. Car les Makenzie sont en réalité des clones depuis trois générations, le grand-père de Duncan n'ayant pas pu avoir d'enfant viable par la reproduction conventionnelle.

Dans la première partie du roman, on rencontre Duncan dans son quotidien sur Titan, et on découvre les enjeux de sa visite sur Terre et quelques bribes importantes de son passé, notamment ses relations avec un homme de Titan et une femme de la Terre, plusieurs années plus tôt. La deuxième partie raconte son voyage vers la Terre. Enfin, la troisième partie décrit son séjour sur Terre, jusqu'au fameux discours à l'occasion des cinq cents ans de la Déclaration d'indépendance.

Trois choses ressortent tout particulièrement de ce roman. Aucune des trois n'est surprenante quand on connaît l'auteur, mais je tiens à les noter pour bien m'en souvenir.

Premièrement, tout est très tranquille. Lorsque Duncan découvre le vaisseau à bord duquel il voyage, puis la Terre, je me suis dit que c'était quasiment de la cozy science fiction. Comme il ne connaît rien, tout l'intéresse et est sujet à émerveillement, y compris un cheval (Duncan ne croyait pas qu'ils étaient si grands!) ou le goût du miel. C'est absolument merveilleux de se lover là-dedans sans raison de flipper, en toute confiance.

Deuxièmement, l'auteur nous donne à voir une humanité qui a évolué en bien. Le progrès n'a pas été facile, et tout n'est pas parfait dans ce monde-là non plus, mais il n'y a plus d'États tels que nous les entendons et plus de guerres, et la technique a été utilisée à bon escient, pour faciliter le quotidien tout en redonnnant vie à un environnement très malmené. Duncan ressent un certain choc culturel en revenant sur Terre – la planète où il est né, puisque c'est là qu'il a été cloné –, mais il l'exprime toujours avec beaucoup de tact et de diplomatie. J'ai souri lorsqu'il se demande avec horreur si ses hôtes vont lui proposer "de la vraie viande"... (Réponse: non! Ouf! Duncan n'a jamais mangé de viande sur Titan et l'idée lui répugne!)

Troisièmement, j'ai retrouvé ici l'émerveillement pur face à l'exploration spatiale et les échelles de temps et de distance ahurissantes d'un système solaire et de l'espace en général. La première partie raconte comment, à l'occasion d'une eclipse, la planète Saturne passe devant le Soleil et permet ainsi à Duncan de distinguer, dans la relative obscurité qui s'ensuit, une autre étoile. Une autre étoile qui, en fait, n'est pas une étoile, mais la planète Terre, si distante de Titan qu'elle n'est qu'un point lumineux, visible uniquement lorsque le Soleil est caché!!

"He could not take his gaze off that faint little star, during the few seconds before Saturn wiped it from the sky. He continued to stare long after it was gone, with all its promise of warmth and wonder, and the storied centuries of its civilisations.
For the first time in his life, Duncan Makenzie had seen the planet Earth with its own unaided eyes."
Ce ne sont que deux paragraphes, mais purée, quelle émotion, quel renversement de paradigme!!!

Deux dernières choses que je veux noter. Un chapitre s'intitule "The Ghost from the Grand Banks" (comme un certain roman, tiens tiens tiens) et met, bien sûr, en scène mon paquebot naufragé préféré. Quelle merveille, ça aussi. Si James Cameron a lu ce livre, il a dû adorer. Enfin, le dernier tiers du roman prend un ton plus dur, car il y a un décès et Duncan doit affronter avec douleur ses amours passés. Cela ne rend pas le roman sombre en soi, mais c'est nettement moins cozy que ce qui précède. Et je suis admirative de la manière fine dont il a traité ses personnages.

À noter également: cette édition Gollancz contient une introduction de Stephen Baxter. Quant aux remerciements de l'auteur, ils évoquent Carl Sagan. Que du beau monde!

Bref: Clarke était un génie, lisez Clarke.

6 commentaires:

  1. Marrant la cosy sf avant l'heure ^^ ça a l'air super, ton enthousiasme est palpable

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    1. @Tigger Lilly: Super, ça reflète bien mon état d'esprit 😊😊

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  2. "y compris un cheval" : déjà à "Arthur C. Clarke" je savais ton objectivité en danger, mais à ce passage-là j'ai compris que c'était définitivement compromis.
    Jolie citation, c'est vrai que ça donne envie.

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    1. @Baroona: Et en plus, ce cheval est un percheron! Un PERCHERON!!!!

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  3. Un bouquin qui montre l'humanité du futur progressiste et meilleure qu'aujourd'hui, on en voit pas beaucoup, ça vend du rêve !

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    1. @Shaya: C'est toujours comme ça avec Clarke. Il a largement raté l'existence des femmes, il faut le dire. Mais il mettait en scène des gens de toutes les nationalités travaillent ensemble alors qu'il écrivait en pleine Guerre Froide, et ses sociétés futures sont toujours plus apaisées que la nôtre.

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