lundi 22 juillet 2013

La Guerre des Mondes (1898)

Il arrive très rarement de lire un livre tellement superbe que, arrivés à la dernière page, on souhaite le rouvrir à la première afin de le relire immédiatement d'une traite et de prolonger un plaisir incroyable. C'est une sensation très rare, que je n'ai ressentie que quelques fois, pour L'Ombre du vent, Les Fils de l'homme, certains livres de Zola... Et pour cette Guerre des Mondes de H. G. Wells.


Ce livre est tout bonnement exceptionnel. Il est d'une modernité incroyable. Saviez-vous que tous les films des 20 dernières années mettant en scène des villes dévastées ou désertes, de Transformers à 28 Jours plus tard, sont en réalité tout droit sortis de ce livre qui a 115 ans?

À la fin du XIXème, H. G. Wells a vu l'exode d'une Londres battue d'avance par les Martiens fraîchement débarqués. Il a écrit des pages inoubliables sur la fuite de la population, la panique qui s'empare des foules, la dislocation quasi immédiate de l'ordre établi. Bien que "rodée" par la récurrence de cette image au cinéma, j'ai senti mes cheveux se dresser sur ma tête en lisant certains passages. J'ai ressenti l'angoisse et le désarroi du narrateur, sa terrible lucidité quant au sort de l'être humain, portée par des images terrifiantes dans lesquelles l'homme face aux Martiens est comparé au dodo face aux colons. De quoi donner quelques sueurs froides...

Par ailleurs, c'est toujours un plaisir de lire les auteurs britanniques de cette époque. Comme Stoker et Conan Doyle, Wells écrit très bien et exploite merveilleusement la langue anglaise: le tout premier paragraphe est un incipit absolument grandiose, tandis que la dernière phrase de la première partie ("And as it flew it rained down darkness upon the land.") est un petit bijou de concision anglophone. (À vous de voir si vous souhaitez la lire tout de suite ou préférez attendre de la rencontrer dans son contexte...)

[Je suis d'ailleurs toujours émerveillée de (re)découvrir la variété de styles qu'une langue offre à ceux qui savent la manier: lire Stoker en VO, ce n'est pas lire Wells et ce n'est pas lire Doyle. Et que dire de l'incroyable différence entre les formules légèrement archaïques de Tolkien, qui alternent avec le rythme épique qui me fait vénérer Le Seigneur des Anneaux, et la volupté ensorcelante d'Anne Rice, qui me fait toujours louper un battement de cœur? C'est comme lire Zola ou Camus: la langue est la même, mais tout est différent...]

J'ai laissé passer trop de temps entre la fin de ma lecture et ma rédaction de cette chronique pour bien vous expliquer tout ce que j'ai trouvé à cette Guerre des Mondes, mais je ne peux que vous inciter à lire ou relire ce grand classique. Et j'ai hâte de mettre la main sur le film de Spielberg: l'incipit repris par Morgan Freeman, que vous pouvez écouter avec la bande originale du film sur Deezer, m'a donné des frissons...

10 commentaires:

  1. Ah ben dis donc, tu me donnes vraiment le goût de découvrir ce classique! En plus, je ne serais pas surprise que Gropitou (fan de SF) l'ait déjà en VO dans sa bibliothèque...

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  2. Tu me donnes envie d'y jeter un oeil en anglais c'est malin ^^

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    1. J'aimerais bien ! Malheureusement, je n'ai vu que ces deux-là à la médiathèque... :(

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  4. Pas taper, pas taper, mais... Je ne l'ai pas lu :/ Mais je l'ai dans ma PAL, c'est déjà ça ! Et, vu ta chronique... J'ai hâte de m'y mettre :D

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  5. Il faut que je le lise celui-ci. Tu sais que Johan Heliot a écrit "La guerre des mondes n'aura pas lieu" en référence à l'oeuvre de Wells ? Il est sympa à lire si tu as l'occasion.

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    1. Oui, j'en ai entendu parler! Il faudrait que je me le procure...

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