Chronique express!
C'est toujours un plaisir de retrouver Maupassant, qui reste un de mes écrivains préférés et une valeur sûre (même si je redécouvre en relisant ma chronique de l'année dernière que j'avais trouvé Mont-Oriol un peu en-deçà de ses autres œuvres). Fort comme la mort est une de ses dernières œuvres, publiée quatre ans avant son décès. C'est un portrait assez sombre d'un couple, un peintre et une comtesse amants depuis de nombreuses années et progressivement confrontés à leur vieillissement. S'ils savent bien que le temps passe, ils en prennent tout particulièrement conscience lors de l'entrée dans le monde de la fille de la comtesse, portrait vivant de sa mère telle qu'elle était quand elle avait commencé à fréquenter le peintre. L'évolution de l'histoire est assez évidente et j'ai craint qu'elle ne soit particulièrement glauque, mais Maupassant a soigneusement évité le malsain et produit un livre super triste sur le malheur du temps qui passe (même si l'obsession des personnages pour leur jeunesse est tellement extrême qu'elle en devient peu compréhensible. Je crois qu'on peut vieillir plus sereinement!), avec sa plume habituelle qui en fait un plaisir de lecture absolu.
Deux passages que je ne veux pas oublier:
"[...] ils passèrent devant une jeune femme assise sur une chaise, un livre ouvert sur les genoux, les yeux levés devant elle, l'âme envolée dans une songerie.
Elle ne bougeait pas plus qu'une figure de cire. Laide, humble, vêtue en fille modeste qui ne songe point à plaire, une institutrice peut-être, elle était partie pour le Rêve, emportée par une phrase ou par un mot qui avait ensorcelé son cœur. Elle continuait, sans doute, selon la poussée de ses espérances, l'aventure commencée dans le livre.
Bertin s'arrêta surpris:
'C'est beau," dit-il, 'de s'en aller comme ça.'
Ils avaient passé devant elle. Ils retournèrent et revirent encore sans qu'elle les aperçût, tant elle suivait de toute son attention le vol lointain de sa pensée."
"Ah! les tristes choses! les tristes choses! La pauvre femme! Du fond de ce tiroir, du fond de son passé, toutes ces réminiscences montaient comme une vapeur: ce n'était plus que la vapeur impalpable d'une réalité tarie. Il en souffrait pourtant et pleurait sur ces lettres, comme on pleure sur les morts parce qu'ils ne sont plus."
Autres livres de l'auteur déjà chroniqués sur le blog
Contes fantastiques (1875-1890)
Clair de lune (1883)
C'est toujours un plaisir de retrouver Maupassant, qui reste un de mes écrivains préférés et une valeur sûre (même si je redécouvre en relisant ma chronique de l'année dernière que j'avais trouvé Mont-Oriol un peu en-deçà de ses autres œuvres). Fort comme la mort est une de ses dernières œuvres, publiée quatre ans avant son décès. C'est un portrait assez sombre d'un couple, un peintre et une comtesse amants depuis de nombreuses années et progressivement confrontés à leur vieillissement. S'ils savent bien que le temps passe, ils en prennent tout particulièrement conscience lors de l'entrée dans le monde de la fille de la comtesse, portrait vivant de sa mère telle qu'elle était quand elle avait commencé à fréquenter le peintre. L'évolution de l'histoire est assez évidente et j'ai craint qu'elle ne soit particulièrement glauque, mais Maupassant a soigneusement évité le malsain et produit un livre super triste sur le malheur du temps qui passe (même si l'obsession des personnages pour leur jeunesse est tellement extrême qu'elle en devient peu compréhensible. Je crois qu'on peut vieillir plus sereinement!), avec sa plume habituelle qui en fait un plaisir de lecture absolu.
Deux passages que je ne veux pas oublier:
"[...] ils passèrent devant une jeune femme assise sur une chaise, un livre ouvert sur les genoux, les yeux levés devant elle, l'âme envolée dans une songerie.
Elle ne bougeait pas plus qu'une figure de cire. Laide, humble, vêtue en fille modeste qui ne songe point à plaire, une institutrice peut-être, elle était partie pour le Rêve, emportée par une phrase ou par un mot qui avait ensorcelé son cœur. Elle continuait, sans doute, selon la poussée de ses espérances, l'aventure commencée dans le livre.
Bertin s'arrêta surpris:
'C'est beau," dit-il, 'de s'en aller comme ça.'
Ils avaient passé devant elle. Ils retournèrent et revirent encore sans qu'elle les aperçût, tant elle suivait de toute son attention le vol lointain de sa pensée."
"Ah! les tristes choses! les tristes choses! La pauvre femme! Du fond de ce tiroir, du fond de son passé, toutes ces réminiscences montaient comme une vapeur: ce n'était plus que la vapeur impalpable d'une réalité tarie. Il en souffrait pourtant et pleurait sur ces lettres, comme on pleure sur les morts parce qu'ils ne sont plus."
Autres livres de l'auteur déjà chroniqués sur le blog
Contes fantastiques (1875-1890)
Clair de lune (1883)
Les affaires reprennent dis donc, j'ai du mal à suivre :p
RépondreSupprimerJe n'ai pas lu ce roman de Maupassant mais mon frère avait fait un travail dessus, que j'avais relu, ça avait l'air bien. Je crois que le seul roman que j'ai lu de lui c'est Bel Ami et sinon un paquet de nouvelles.
Héhé c'est juste que plusieurs billets attendaient que je récupère mon appareil photo, oublié chez des amis, pour être publiés! Je vais vite revenir à la normale. :)
SupprimerOui oui je me souviens que ton frère l'a étudié. Je voulais d'ailleurs en parler dans le billet mais j'ai oublié. Est-ce que tu te souviens de ce qu'il en avait dit?
Bel-Ami est très bien (bien que profondément odieux...) et c'est surtout pour ses nouvelles qu'il est connu au final.
Non je t'avoue je ne me souviens plus :/ Je ne me souvenais même pas que je t'en avais déjà parlé. Quand vont-ils inventer des pilules pour la mémoire ? (ça me fait penser à un épisode de Black mirror, proprement épouvantable, qui traite de la question) (en même temps quel épisode de Black mirror n'est pas épouvantable?)
SupprimerEt tu sais ce qui est encore plus drôle? C'est qu'on en a déjà parlé deux fois et que la deuxième fois tu m'as déjà dit avoir oublié que tu m'en avais déjà parlé :D
SupprimerJe n'ai pas vu Black Mirror mais ça semble en effet épouvantable quand les gens le chroniquent :) Mais très bien aussi... Il faudrait que je me penche dessus.
C'est terrible, faut que je fasse quelque chose :'(
SupprimerOui c'est épouvantable comme série, parce que ça nous renvoie à des choses qu'on n'a pas envie de voir. Jamais une série n'a si bien porté son nom.
Je n'ai plus touché à Maupassant depuis Bel-Ami que je n'ai pas aimé, il faudrait peut-être que je donne une 2e chance à cet écrivain...
RépondreSupprimerHo oui carrément, réessaye! Qu'est-ce que tu n'avais pas aimé dans Bel-Ami? Le perso odieux n'est pas forcément des plus vendeurs... :/ Tu peux essayer un recueil de nouvelles si tu veux, c'est une lecture rapide et assez variée qui peut donner un bon aperçu de l'auteur.
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