Après We Have Always Lived in the Castle, j'avais très envie de poursuivre ma découverte de Shirley Jackson. C'est chose faite avec The Sundial, le Cadran solaire, un roman très étrange...
La splendide maison Halloran abrite une famille très aisée et très particulière. La maîtresse des lieux est Mrs Halloran. Elle règne sur les finances et les habitants. Son mari, Richard Halloran, est en fauteuil roulant et semble avoir perdu l'esprit. Il y a ensuite la tante Fanny, la sœur de Richard, veille fille aigrie contre sa belle-sœur. Il y a aussi la jeune Mrs Halloran, Maryjane, qui a épousé feu Lionel, le fils de Mrs Halloran et de Richard, et qui accuse la mère de celui-ci de l'avoir poussé dans les escaliers. Citons enfin Fancy, la fille de la jeune Mrs Halloran, et Miss Ogilvie et Essex, deux domestiques au statut plutôt élevé.
Tout ce petit monde se déteste et s'envoie des piques avec le plus grand flegme, jusqu'au jour où la tante Fanny se perd dans le jardin et aperçoit, dans un brouillard qu'elle est la seule à voir, le fantôme de son père, décédé depuis des lustres. Celui-ci lui annonce la fin du monde, mais lui garantit qu'il protègera tous ceux qui se trouvent dans la maison Halloran et qu'ils hériteront du monde d'après...
Il est difficile de décrire ce roman. En deux mots, c'est Downton Abbey à la sauce complotiste. Quand la tante Fanny décrit l'apparition et la mise en garde de son père, tout le monde la croit (avec plus ou moins de conviction, tout de même), y compris des personnages qui arrivent là après les faits. Commencent alors des préparations pour affronter la fin du monde et survivre au lendemain de sa destruction: la tante Fanny commande toutes sortes de provisions et d'équipements, Mrs Halloran met en place des règles à respecter. C'est très bizarre. En revanche, c'est toujours très drôle; la manière dont les personnages enchaînent les monologues croisés, sans jamais prêter attention à ce que disent les autres, le ton poliment cassant de Mrs Halloran, les inquiétudes très comme il faut de Mrs. Ogilvie... C'est un vrai régal, et Shirley Jackson était une excellente dialoguiste! Les deux ou trois passages étranges, essentiellement les apparitions de feu Mr Halloran, sont également très réussis.
Malgré le plaisir de la lecture, je tire toutefois une certaine perplexité de ce roman, d'autant plus que la fin, relativement ouverte, ne répond pas à la question principale: elle est vraie, cette prophétie, ou pas? Le monde va-t-il oui ou non prendre fin par une nuit d'apocalypse? Nos riches bourgeois attendent...
"c'est Downton Abbey à la sauce complotiste" c'est très parlant ^^
RépondreSupprimer@Tigger Lilly: Mon cerveau a eu un éclair de lucidité 😍
SupprimerDommage pour la fin, ça a l'air drôle ce Downton Abbey complotiste xD
RépondreSupprimer@Shaya: C'est un humour assez cynique ou moqueur au final, mais très plaisant.
SupprimerEt le cadran solaire, du coup ?
RépondreSupprimer@Baroona: Ah bah ça j'ai pas trop compris. Ils ont un cadran solaire dans le jardin, devant la maison. Mais de là à ce qu'il donne son titre au roman...
SupprimerCe qui me plaît dans ce que tu dis, c'est que l'autrice est une fine dialoguiste et personnellement, je me délecte souvent des bon dialogues dans un roman.
RépondreSupprimerEt puis, tout ce petit monde semble bien fun à suivre.
@Ite: Oui les dialogues sont assez croustillants, surtout que les gens ne s'écoutent pas parler. C'est très réaliste, en fait!
Supprimer