mardi 8 novembre 2016

Le Livre des Baltimore (2015)

Il y a trois ans, la première fois que j'ai travaillé comme salariée pour un grand groupe européen d'ameublement, j'ai reçu en cadeau de départ La Vérité sur l'affaire Harry Québert de Joël Dicker, qui cartonnait depuis des mois et que ma chef avait trouvé génial. Je l'avais lu avec un immense plaisir et j'ai donc été ravie qu'une amie me prête le nouveau livre de cet écrivain suisse.


Je dois dire que cette lecture m'a rendue un peu schizophrène. C'est-à-dire que j'ai adoré, mais que je lui ai trouvé énormément de défauts, à tel point que je me suis demandé comment est-ce que je pouvais adorer. Haha.

Commençons donc par ce qui n'allait pas.

- L'écriture d'abord, un peu "scolaire" et mièvre; on sent que l'auteur fait des efforts mais ça sent souvent l'amateurisme.
- Les longueurs ensuite; ce processus qui consiste à ouvrir une nouvelle sous-intrigue à chaque fois qu'un personnage entre en scène, pas vraiment parce qu'il y a quelque chose de pertinent à dire mais plutôt pour rallonger le livre.
- L'utilisation du passé simple dans un récit moderne à la première personne; c'est vraiment bizarre de lire "Nous mangeâmes chez McDonalds" (j'invente, je n'ai pas noté cette réplique, mais ça donne le ton) (je ne sais pas ce qu'il aurait dû employer comme temps, hein, je ne fais que critiquer).
- Le misérabilisme ou la noirceur assumés, qui ont sonné faux à mes oreilles; ce n'est juste pas possible une famille composée exclusivement d'envieux comme ça, tout le monde ne peut pas se structurer par rapport au monde seulement en se disant que son frère/cousin/voisin est plus aimé que lui, non? (En fait, si, bien sûr que si, j'en suis d'ailleurs la preuve, mais dans un bouquin ça fait pas trop plausible...) Il a même fallu caser une femme battue quoi, lol.
- Et enfin le fait que ce misérabilisme soit couplé à des passages et des faits absolument mièvres, c'est une alliance très étrange (la riche famille qui recueille un jeune garçon élevé en foyer, sérieux...).

Mais mais mais...

Le fait est que la sauce prend, grave, comme dans La Vérité sur l'affaire Harry Québert. Je me disais que c'était mièvre et artificiel mais je n'arrivais pas à m'arrêter de lire et je voulais savoir qu'est-ce qu'il s'était passé et j'ai même éteint après minuit un soir pour en savoir plus!! (Je m'endors sur place à 23h15 grand max, tenir jusqu'à minuit est devenu un exploit! ^^) C'est trop fou. J'ai lu les 470 pages environ en quatre jours je crois, ce qui est aussi devenu un exploit vu mon rythme de lecture actuel absolument déplorable.

Je crois que je suis une victime comme une autre des page turners. 

Je dois dire aussi que ce livre parle des amitiés d'enfance et d'adolescence et de la manière ABSOLUE dont elles structurent notre vie et nos ambitions, même bien longtemps après qu'on ait "passé l'âge", et que cela m'a touchée...

Sinon, à part le fait que le narrateur est le même, il n'y a pas de lien ici avec La Vérité sur l'Affaire Harry Québert: notre narrateur s'intéresse à ses cousins de Baltimore, une famille qu'il a immensément admirée pendant son enfance, et à la manière progressive et insidieuse dont elle a évolué jusqu'au Drame final qui l'a touchée. Il y a pas mal d'allers-retours dans le temps pour décrire les destins de tout ce petit monde et la tentative de notre narrateur d'en faire un bouquin (car le narrateur, comme l'auteur, est écrivain, ce qui est toujours sympa même si son processus créatif me semble un peu cliché).

À vous de vous faire votre avis maintenant...

6 commentaires:

  1. "Je dois dire que cette lecture m'a rendue un peu schizophrène. C'est-à-dire que j'ai adoré, mais que je lui ai trouvé énormément de défauts, à tel point que je me suis demandé comment est-ce que je pouvais adorer. Haha."

    huhu, ça m'arrive aussi. Genre 22/11/63 de King, ou bien La théorie des cordes de Somoza par exemple.

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    1. Haha! :)
      Il faudrait que je relise tes chroniques, mais en effet je me souviens que personne ne m'a donné franchement envie de me ruer sur 22/11/63 quand il est sorti.

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  2. Cette espèce d'ambivalence entre des critiques sur lesquelles je te rejoins totalement et un engouement de fou correspond exactement à ce que j'avais ressenti en lisant Harry Québert... Tu n'es pas seule dans le bateau des victimes de page turners ;)
    PS : J'ai particulièrement aimé ce passage de ta chronique : "je ne sais pas ce qu'il aurait dû employer comme temps, hein, je ne fais que critiquer" <3
    PS bis : A propos de Somoza, clairement La théorie des cordes, et ses romans suivants, ne cassent plus trois pattes à un canari MAIS La caverne des idées ou bien Clara ou la pénombre sont vraiment de bons page turners par contre !

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    1. Haha tu me rassures, je pensais justement que tu ne serais pas victime de ce genre de chose! Mais je viens de relire ta chronique de La Vérité et de voir que je l'avais lue et commenté, lol. Ma mémoire...
      Je me note tes conseils sur Somoza... Je me demande si je n'avais pas lu quelque chose de lui il y a des lustres, mais je ne sais plus...

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  3. Des trois romans de Joel Dicker je trouve que c'est le meilleur, c'est sûrement le côté "enquête familiale" qui m'a peut-être plus parlée que pour les autres, mais j'avoue que j'ai particulièrement été à fond dans l'histoire.

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    1. @Oukoulou: Super! Je vois que tu viens de chroniquer La disparition de Stéphanie Mailer, je lirai avec attention dès que j'aurai le temps de passer :)

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