mercredi 1 février 2017

Rendezvous with Rama (1973)

Quel plaisir immense que de lire Arthur C. Clarke et de découvrir son œuvre au fur et à mesure que je tombe sur ses livres. Je vous ai déjà dit que c'est un Très Grand Écrivain, mais je crie de plus en plus au génie pendant mes lectures: ce mélange de données scientifiques et techniques rigoureuses, d'émerveillement, d'humour et d'optimisme est vraiment unique et inimitable.

Les couvertures de la collection SF Masterworks de l'éditeur Orion Books
sont parfois un peu douteuses, mais j'aime beaucoup... 

Rendezvous avec Rama raconte la rencontre de l'humanité avec la première preuve de l'existence d'une intelligence extraterrestre: Rama, un artefact gigantesque en forme de chauffe-eau (c'est Clarke qui le dit!) repéré alors qu'il dépasse Jupiter et se dirige du côté du Soleil. Sa trajectoire actuelle devant l'amener à quitter le Système solaire sous peu, le vaisseau le plus proche est rapidement envoyé à sa rencontre. C'est le commander Norton qui est chargé d'arrimer son vaisseau, l'Endeavour (Endea j'ai tellement pensé à toi!) à Rama et de tenter, si cela est possible, de pénétrer à l'intérieur.

Et quel intérieur!! Rama est un monde entier, mais quel renversement en le découvrant. Je vous jure que ça donne le vertige, pas seulement pour toutes les questions que son existence soulève (qui l'a créé, quand et pourquoi; pourquoi vise-t-il le Soleil; va-t-il passer son chemin ou s'arrêter; comment fonctionne-t-il; possède-t-il un moteur ou est-il à la dérive parmi les étoiles?) mais vraiment par sa géographie unique. La Mer Circulaire, quel truc de fou à imaginer!!

J'apprécie particulièrement le ton extrêmement positif de Clarke. Malgré quelques scènes un peu tendues, qui m'ont fait accélérer le rythme pour savoir ce qu'il allait se passer, ce récit ne met pas du tout l'accent sur la peur et le danger. Bien sûr, Rama est un lieu dangereux parce qu'il est totalement inconnu. Mais il n'est pas du tout malveillant. De nos jours, la SF (ou tout du moins ce que j'en connais, ce qui n'est probablement pas pareil) se veut plutôt terrifiante et alarmiste et je pense que la même histoire mettrait aujourd'hui en scène des créatures monstrueuses affamées de chair humaine (ou un virus inconnu) et la mort des trois quarts de l'équipage.

J'apprécie aussi énormément l'ironie de Clarke, qui est vraiment présente à chaque page et qui est délicieuse. Ici, ce sont surtout les politiques et les scientifiques reconnus qui sont visés; les membres du Comité Rama des Planètes unies (en 2130, l'homme a colonisé quelques autres mondes du Système solaire) (je dis bien mondes car il ne s'agit pas que de planètes, chose que Clarke souligne d'ailleurs avec humour à un moment donné) font un peu trop les fiers, ou bien les Mercuriens en prennent pour leur grade.


"Even in the twenty-second century, no way had yet been discovered of keeping elderly and conservative scientists from occupying crucial administrative positions. Indeed, it was doubted if the problem ever would be solved."

Notons aussi les nombreuses références culturelles, dont un petit clin d’œil... au Titanic!! HAHAHA. Et puis la présence de James Cook, auquel Norton pense souvent depuis qu'il a découvert que son vaisseau porte le nom de son navire. Il lui demande même conseil face à cette tâche d'une ampleur inouïe, encore plus historique que les voyages de Cook.

Et puis la création de monde: au-delà de Rama, Clarke imagine une humanité future très intéressante. J'ai déjà cité les Planètes unies, mais il y a aussi des évolutions technologiques et sociologiques intéressantes (quoique je me suis demandée si le coup d'avoir une femme par planète était réservé aux hommes...), l'emploi des chimpanzés pour faire une partie du travail, la mise en place du réseau de surveillance anti-astéroïde qui permet de repérer Rama, enfin une myriade d'éléments de fond qui donnent énormément de corps à ce récit.

Une remarque maintenant sur le classement de ce livre: Après m'être insurgée contre le classement de Clarke dans la hard science-fiction il y a une quinzaine de jours, au motif que son œuvre n'est pas assez technique et trop intellectuelle (place de l'homme dans l'univers, tout ça), force m'a été de constater en lisant Rama que en fait si, ça doit bien être ça la hard science-fiction... Clarke met vraiment l'accent sur l'aspect technique et scientifique de son récit. Je le savais déjà, évidemment, mais j'en retenais surtout l'aspect parfaitement émerveillant de la chose...

En bref, que du bonheur. Rama est peut-être le meilleur livre de Clarke que j'aie lu jusqu'à maintenant (pas étonnant qu'il ait eu des prix, dont le Nebula) (que Clarke a aussi remporté pour Les Fontaines du Paradis quelques années plus tard). Il confirme en tout cas tout le bien que je pense de cet écrivain, décidément un de mes préférés.

Après avoir survolé le résumé de Rama II et The Gardens of Rama sur Wiki, j'ai par contre décidé de m'arrêter ici et de ne pas lire les suites écrites par Gentry Lee sous la supervision de Clarke.

Allez donc voir ailleurs si Rama y est!
L'avis de Lorhkan

Livres de l'auteur déjà chroniqués sur ce blog
2001: A Space Odyssey (1968)
2010: Odyssey Two (1982)
2061: Odyssey Three (1987)
3001: The Final Odyssey (1997)

8 commentaires:

  1. Quand on voit le nombre de bouquins que tu as déjà chroniqué du même auteur sur ton blog, en ffet, on se dit que tu dois aimer :D

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tu as vu, on dirait que je commence à bien le connaître :D Bon en fait il en a écrit tellement que ce n'est que le début...

      Supprimer
  2. Il faudrait que je le lise celui-là un jour...allez je vais le noter sur ma liste, ça me poussera à l'emprunter en bibliothèque !

    RépondreSupprimer
  3. Ha ! Rama ! J'ai beaucoup aimé aussi, le mélange exploration et rigueur scientifique est vraiment plaisant. Et c'est vrai qu'on a du mal à trouver autant de SF positive actuellement.
    Je ne sais pas si tu as lu, mais La Terre Bleue de nos souvenirs d'Alastair Reynolds m'a fait un peu cet effet. En présentant une humanité qui a réussi à passer son âge sombre des dérèglement climatique et qui rêve de nouveau d'exploration spatiale :)

    De Clarke sinon j'ai commencé son intégrale des nouvelles que je picore de manière irrégulière, et même concernant ses premières qui datent de la fin des années 30 c'est vraiment agréable à lire :)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Hey! Bienvenue par ici Elessar!! :)
      Non, je n'ai pas lu La Terre bleue de nos souvenirs; en fait, je lis peu de SF et pas du tout de la contemporaine. C'est un peu par la force des choses. J'achète beaucoup de livres d'occasion et le hasard guide beaucoup mes lectures. Je lis ce sur quoi je tombe...
      J'ai vu l'intégrale en effet, elle est belle et donne envie!! Je lirai certainement des recueils dès que j'en trouverai un en anglais. :) :)
      Ses bouquins, c'est comme les photos de la NASA sur Instagram, ça fait juste rêver!! :)

      Supprimer
  4. Tiens j'avais raté cet article !
    Aaaaah Rama ! Une merveille ce roman !
    Du sense of wonder à l'état brut, qui fait prendre conscience de la petitesse de l'homme dans l'univers, et qui a le bon goût de garder une bonne dose de mystère (si on ne lit pas les suites en tout cas), ce qui fait tout son charme.
    Vraiment j'adore !

    Et comme je vois que tu ne l'as pas encore lu, je ne peux que te conseiller très vivement la lecture de "Les enfants d'Icare", une autre merveille clarkienne. ;)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Vouiiiii tellement d'accord avec toi!!! :)
      Héhé je note Les enfants d'Icare. J'en ai déjà un dans la PAL mais c'est Fall of Moondust.

      Supprimer

Exprime-toi, petit lecteur !