vendredi 25 août 2017

The Paper Menagerie and Other Stories (2016)

Ces deux dernières années, les livres de Ken Liu ont fait l'unanimité sur la blogosphère: c'était louange sur louange. J'ai donc acheté cette Ménagerie de papier lors d'un passage en librairie à Dublin.

Deux tigres minuscules sont réunis sur cette photo.

Étant donné que je ne connais pas toutes les traductions françaises des titres des nouvelles de ce recueil (et que j'ai la fleimme de chercher), je ne peux pas juger dans quelle mesure j'ai lu le même recueil que celui édité en France par Le Bélial. Il est toutefois certain que l'éditeur français a changé l'ordre de certains textes et en a extrait d'autres pour les publiér séparément. Vous pouvez comparer le recueil anglais et le recueil français sur les sites de l'auteur et du Bélial'. (Mise à jour: J'ai écrit ce billet longtemps à l'avance en entre-temps Vert a vérifié, la folle! Vous pouvez voir ce qu'elle en dit dans les commentaires de son billet sur Le Regard.)

D'une manière générale, j'ai beaucoup apprécié ce recueil, qui est effectivement de grande qualité. Certains textes m'ont moins convaincue, mais cela reste assez normal dans un recueil de nouvelles: difficile pour un auteur d'être toujours au sommet! J'en retiendrai une très grande humanité et quelques questions morales, ainsi qu'une belle ouverture vers la Chine.

The Bookmaking Habits of Select Species (2012)
Un texte très sympathique sur différentes techniques de création des livres aux quatre coins de la galaxie (voire de l'univers, je ne sais plus). J'ai beaucoup aimé. C'est de la SF qui met des étoiles plein les yeux. 🌟

State Change (2004)
J'ai moins aimé cette nouvelle, qui était certes efficace mais m'a semblé un peu plus froide. Ca parle d'une fille qui est née avec son âme dans un cube de glace.

The Perfect Match (2012)
Un texte visionnaire avec une intelligence artificielle, mélange de Facebook, Cortana et Google, extrêmement prévenante qui ne veut que le bien de ses utilisateurs. (J'ai créé un compte Twitter quelques jours après l'avoir lue et Twitter m'a fait un sale coup de "récupération forcée des données", j'ai étouffé de rage et balisé un peu en pensant à ce texte.)

Good Hunting (2012)
Joli texte situé en Chine relevant peut-être plutôt du fantastique. J'ai beaucoup aimé. Ça parle de la disparition du  monde d'autrefois dans le monde d'aujourd'hui.

The Literomancer (2010)
Texte plus percutant et humain avec un passage vraiment terrible. Une petite fille américaine vivant en Chine pendant la Guerre froide se lit d'amitié avec un vieux monsieur chinois et son petit-fils. C'est la première apparition de trois éléments récurrents de ces textes: le récit d'un enfant, la gastronomie chinoise et des faits historiques sordides méconnus liés à la Chine.

Simulacrum (2011)
Un texte qui m'a touchée et qui parle 1. de la manière dont la photographie (et toutes ses évolutions) ne permet pas seulement de figer le souvenir mais d'améliorer sa vie et 2. d'une relation père-fille brisée et de la manière dont le père ne vit pas ça très bien. Je me suis même demandée si mon propre père ne mérite pas un peu de pitié, ce qui est absolument exceptionnel.

The Regular (2014)
Une enquête policière très intéressante sur le meurtre d'une prostituée, avec une enquêtrice complètement accro à un système lui permettant de réguler ses émotions. La nouvelle aborde le rôle des émotions chez la police et leur pouvoir destructeur dans notre vie à tous et pousse inévitablement à se demander "qu'est-ce que je ferais, moi, si j'avais accès à un tel système?".

The Paper Menagerie (2011)
La nouvelle qui donne son titre au recueil est un véritable petit bijou d'émotion qui parle de la magie de l'enfance, de la relation parents-enfants et de l'héritage compliqué des étrangers et met en scène de fantastiques animaux en origami. Je l'ai lue alors que j'étais déjà bouleversée par le dernier tome de La Tour sombre et j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps.

An Advanced Reader’s Picture Book of Comparative Cognition
(2016)
Un joli texte raconté par un père à sa fille afin de lui expliquer l'absence de sa mère, partie dans les étoiles (littéralement, pas au sens figuré). J'ai aimé sur le coup, mais j'ai dû le feuilleter pour me souvenir de quoi il s'agissait et rédiger cette chronique; pas un souvenir impérissable, donc.

The Waves (2012)
Un autre texte sur l'exploration spatiale qui met des étoiles plein les yeux. Il soulève aussi des questions assez intéressantes sur l'évolution de l'espèce et sur notre héritage collectif et individuel. J'ai beaucoup aimé.

Mono No Aware (2012)
Encore un texte sur l'espace qui met des étoiles plein les yeux. J'ai adoré le fait que le vaisseau de cette nouvelle navigue grâce à une voile solaire. Mais la nouvelle parle surtout de la survie de l'espèce et, encore une fois, de notre héritage personnel et collectif. Elle va vraiment de pair avec la précédente.

All the Flavors (2012)
Un texte plus "anecdotique" sur l'immigration chinoise aux États-Unis à la fin du XIXe. Basé sur l'amitié entre une petite fille américaine et un Chinois, il raconte aussi les aventures mythiques d'une figure historique chinoise et ce sont ces passages qui m'ont moins intéressée. Je mets anecdotique entre guillemets parce que le texte reste intéressant, mais en-deça des autres pour moi.

A Brief History of the Trans-Pacific Tunnel (2013)
Une nouvelle efficace qui se déroule entièrement dans le tunnel transpacifique. C'est un excellent exemple de "world building" crédible à petite échelle: le décor du tunnel est posé, on nous fournit des informations sur son histoire et on y croit totalement, c'est parfaitement naturel. Mais ce qui compte vraiment, c'est un autre thème récurrent du recueil dont je ne vous ai pas encore parlé: les personnages hantés par leur passé, notamment par des atrocités qu'ils ont commises ou subies.

The Litigation Master and the Monkey King (2013)
J'ai eu vraiment du mal avec cette histoire de singe, je me suis demandée tout du long s'il s'agissait d'une métaphore ou d'un élément fantastique. Le texte raconte toutefois une histoire que j'adore lire et relire, l'acceptation de son devoir et le courage d'affronter les obstacles et les dangers. Il déterre aussi une sombre histoire de massacre bien cachée dans les annales chinoises.

The Man Who Ended History: A Documentary (2014)
Le recueil se conclut sur le texte qui a le plus enthousiasmé les copains blogueurs. Il est vrai que cette nouvelle est brillante et soulève de nombreuses questions philosophiques et politiques, tout en faisant découvrir des faits méconnus liés à l'occupation japonaise de la Chine: la triste historie de l'unité 731. Mais elle parle aussi de relations entre les peuples et (encore une fois!) d'héritage. Pour le coup, je trouve que la décision du Bélial' de la publier en solo est pertinente!

Et voilà. Une belle lecture donc, même si, avec des vacances bien remplies, j'ai traîné ce recueil avec moi pendant plus d'un mois. Ken Liu a une belle plume simple et soignée, des idées plein la tête et un cœur grand comme ça. Si c'est l'émotion de La Ménagerie de papier qui m'a le plus marquée et qui restera avec moi pour longtemps, tout le recueil est clairement intéressant et de qualité. Je conclurai en soulignant que l'auteur semble estimer que les femmes sont des hommes comme les autres, même quand elles sont mères, et rien que pour ça je le tiens en grande estime!

Allez donc voir ailleurs si cette ménagerie y est!
Androïde Rêveur nous parle de L'Homme qui mit fin à l'histoire.
Tigger Lilly nous parle de Faits pour être ensemble et de La Ménagerie de papier.

8 commentaires:

  1. Un très beau recueil, en vf comme en vo, même si le menu n'est pas le même :D

    RépondreSupprimer
  2. Ah bah oui, c'est forcément bien !
    Du coup, j'ai déjà hâte de voir les nouvelles inédites en français, ça viendra sûrement un jour. :)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui sûrement! Je pense qu'il a un bel avenir en France vu l'accueil qui lui a été réservé jusqu'à maintenant.

      Supprimer
  3. J'aime beaucoup aussi ce recueil, et pareil que Lorhkan, j'attends du coup les nouvelles inédites !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je n'avais pas vu tes chroniques Shaya! Je viens seulement de les lire et j'ajoute les liens dans la liste. Contente de savoir que tu as apprécié, toi aussi. :)

      Supprimer
  4. C'était bien ce livre. J'ai été un peu déçue d'apprendre que la version française avait été amputée de plusieurs textes. J'espère qu'on les retrouvera tous dans la collec Une heure lumière.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui mais ils ont aussi ajoutés, c'est bizarre. Très égoïstement je jubile car je crois que je trouve ma couverture encore plus belle que celle française hihihi.

      Supprimer

Exprime-toi, petit lecteur !