samedi 26 avril 2025

Le Voyageur imprudent (1944)

Après Ravage et La Nuit des temps, j'ai embarqué pour un nouveau voyage avec René Barjavel aux commandes. Un voyage qui présentait une caractéristique que, en soi, je déteste: il était temporel...

Par une nuit glaciale, Pierre Saint-Menoux galère dans la neige avec une colonne de soldats. Alors qu'il se repose en s'appuyant contre une porte, on lui ouvre et on lui annonce qu'il est attendu. Il est tombé chez un scientifique infirme, Noël Essaillon, et sa fille, Annette. Noël Essaillon affirme avoir mis au point une substance permettant de voyager dans le temps, qu'il a baptisée la noëlite, et il propose à Pierre de l'essayer, dans l'objectif de le convaincre de se joindre à ses travaux par la suite.

Pierre accepte... et ça marche!

Dans la première partie du roman, intitulée "L'appentissage", il découvre le fonctionnement de la noëlite et fait ses premières expériences de voyage dans le temps, avec des destinations de plus en plus éloignées dans l'avenir. Dans la deuxième, "Le voyage entomologique", il décrit minutieusement une société très différente de la nôtre, celle de l'an 100 000. Dans la troisième, "L'imprudence", il se tourne en revanche vers le passé...

Inutile de faire durer le suspense: Barjavel a réussi à me faire lire avec plaisir une histoire de voyage dans le temps, ce qui n'est pas une évidence! Ce roman ne m'a pas autant retourné le cerveau que Ravage, mais je l'ai trouvé très plaisant et très bon, et je pense l'avoir préféré à La Nuit des temps (qui, rappelons-le toutefois, a sans doute souffert d'être passé juste après Ravage, justement). Ça se lit absolument tout seul tout en étant très bien écrit, et la progression de Pierre dans l'expérience  du voyage temporel est bien menée. Le clou du roman, c'est la "société" de l'an 100 000, qui n'a rien à voir avec la nôtre; elle n'a rien d'enviable, elle fait même un peu peur à voir, mais elle a une vraie originalité, très loin des ouvrages qui ne savent décliner que l'industrialisation du monde et la victoire du capitalisme.

La dernière partie, sur le retour dans le passé, est peut-être plus prévisible, mais le plaisir n'a pas diminué pour moi.

Cette édition se conclut, enfin, sur un "post-scriptum" intitulé "To be and not to be" ajouté par l'auteur en 1958. Ça m'a bien fait rigoler, car [divulgâcheur] Barjavel aborde précisément ce qui me rend zinzin quand on me parle de voyage dans le temps et me fait détester ça [fin du divulgâcheur]. 😀😀

La seule critique que je peux faire à ce roman, c'est qu'on nous parle quand même pas mal du corps d'Annette et de ses seins en particulier (même si elle collabore sérieusement avec son père, voyage elle aussi dans le temps et sauve même la peau de Pierre à un moment – bref, elle ne sert pas exclusivement de love interest au protagoniste), ce qui semble être une constante de l'auteur. Soupir.

Bref, encore une victoire de Barjavel. Je suis joie.

PS de service: le blog fêtera ses quatorze ans demain (incipit). C'est chouette. 😊

Allez donc voir ailleurs si ce voyageur y est!
L'avis de Baroona

lundi 21 avril 2025

Les Éclaireurs (2009)

Portée par l'enthousiasme délirant qu'a suscité en moi ma lecture des Falsificateurs d'Antoine Bello, j'ai abordé sa suite avec frénésie et ravissement. Nous avions dans le premier roman un jeune Islandais, Sliv Dartunghuver, embauché par une entreprise de falsification tentaculaire, le Consortium de falsification du réel (CFR). Après diverses péripéties, la question se posait de connaître la finalité de cette entité.

Dans la première partie des Éclaireurs, Sliv apporte son aide à un projet de longue haleine du CFR: l'entrée du Timor-Oriental aux Nations Unies. C'est le dernier coup de collier afin de convaincre les représentants de l'ONU que le pays pourra tenir la route seul, sans plus dépendre de l'Indonésie.  Très inspiré, Sliv sort scénario sur scénario et attribue au pays des tas d'atouts dont celui-ci ne dispose pas réellement, et c'est là que j'ai commencé à m'interroger: même en s'appuyant sur la formidable force de frappe du CFR (dès que Sliv s'invente un rapport économique, par exemple, les équipes de falsificateurs du CFR créent ledit rapport et l'insèrent dans les dossiers de son pseudo-émetteur), comment peut-il si bien mener en bateau des gens qui bossent pour l'ONU et qu'on peut supposer un minimum informés de la situation économique et sociale du pays qu'ils évaluent?

Dans la deuxième partie, on suit les conséquences du 11-Septembre et la préparation de l'invasion de l'Irak par les États-Unis. C'était passionnant, d'autant que j'ai vécu cette époque mais que j'étais trop jeune pour suivre l'actualité de près (et que, de toute manière, j'ai tout oublié depuis). L'ambiance devait être chouette en Irak, avec la première puissance mondiale qui affirmait, en s'appuyant sur des données plus que floues, que votre dirigeant cachait des armes et qu'il fallait intervenir par la force pour les lui retirer. (Par la force chez vous, personne lambda qui n'était pas Saddam Hussein.) Mais ce qui interpelle le plus Sliv dans ce fatras de "preuves" qui ne tient pas la route, c'est 1/ d'apprendre que le CFR a largement contribué à la création d'Al-Qaida et 2/ que certaines des "preuves" brandies par la CIA semblent aussi provenir de dossiers montés par le CFR! Commence donc une course contre la montre pour débusquer le traître qui transmet des faux à la CIA et, peut-être, empêcher la guerre...

La troisième partie, enfin, mène Sliv devant le Comité exécutif, les six grands chefs qui dirigent le CFR, et qui vont lui en révéler les origines et la finalité. Je me contenterai de dire que CFR ne signifie pas du tout "Consortium de falsification du réel"... 🤣🤣🤣

Si j'ai retrouvé ici tout le talent habituel d'Antoine Bello, je dois dire que ce deuxième opus m'a beaucoup moins emballée que le premier, essentiellement parce que la falsification à l'œuvre m'a semblé trop colossale. C'était une chose d'inventer une espèce de poisson ou un film d'art et d'essai allemand; il me semble en être une autre de mener par le bout du nez les experts des Nations Unies en face à face. Quant aux motivations du membre du Comex qui a soutenu le développement d'Al-Qaida ([divulgâcheur]: mettre en garde l'Occident contre l'affrontement Occident-Islam en portant un groupuscule terroriste en particulier afin que l'Occident voie ce qui se passe et réagisse [fin du divulgâcheur]), je les ai trouvées d'une absurdité rare, et il m'a donc semblé imposible qu'une organisation aussi bien rodée et "sérieuse" que le CFR s'engouffre là-dedans...

Je dois aussi dire que j'ai étalé ma lecture sur deux semaines, en lisant parfois à peine un chapitre par jour, ce qui m'a donné l'impression de ne pas avancer et m'a empêchée de bien identifier et cerner les nouveaux personnages. À part les amis de Sliv rencontrés dans le premier roman, je suis absolument incapable de décrire avec certitude les personnages de ce tome-ci. Ça me désespère un peu. Même en vacances, je n'ai pas pu accorder à ce roman le temps qu'il méritait...

Mais enfin, tout ceci ne m'empêchera pas de plonger dans Les Producteurs dans quelques mois, parce que je suis très curieuse de voir comment le CFR va évoluer et que j'ai très envie de retrouver Sliv et ses collègues!!!

mercredi 16 avril 2025

L'Impératrice de Pierre, tome 1 (2019)

En 1727, alors qu'elle agonise dans son lit, Catherine Ire, impératrice de Russie, écoute l'horloge battre les coups. Douze coups, douze heures, douze chapitres durant lesquels elle se remémore son parcours...

Et quel parcours. Née en 1684 en Livonie, une région qui semble correspondre à une partie des États Baltes actuels et qui était à l'époque sous domination suédoise, Catherine perd ses parents très jeune. Elle est recueillie par une tante, qui l'envoie ensuite travailler comme domestique (on pourrait presque dire comme esclave) dans une famille de Marienburg, également suédoise à l'époque. Ça ne se passe pas bien pour Catherine, dans l'ensemble. Puis elle est mariée à un soldat suédois, et, moins d'une semaine après, les Russes prennent la ville et massacrent à peu près tout le monde.

Catherine est emmenée par un officier qui la viole quotidiennemnet. Par la suite, toutefois, elle atterrit entre les bras du prince Alexandre Danilovitch Menchikov. Et grâce à lui, elle rencontre Piotr Alekseïevitch Romanov, le tsar qui veut moderniser et occidentaliser la Russie autant qu'il veut en étendre le territoire et la poser sur l'échiquier international. Le tsar qui préfère se faire appeler Peter, la version allemande de son prénom, et qui est entré dans l'histoire sous le nom de Pierre le Grand, fondateur de Saint-Petersbourg...

Bon, franchement, cette histoire est totalement dingo. La petite noble lituanienne de rien du tout qui traverse les tumultes de la guerre pour finir entre les bras d'un prince russe, puis du tsar en personne, c'est totalement dingo. Mais ce qui est encore plus dingo, c'est que le tsar l'a épousée, cette maîtresse-là, et qu'elle lui a succédé lorsqu'il est mort!!!!! 🤯🤯🤯

Kristina Sabaliauskaitė, autrice lituanienne, donne la parole à Catherine pour raconter ce parcours hors du commun et un caractère qui l'est tout autant. Tout cela est forcément pas mal romancé pour ce qui est des détails (par exemple, je doute que les archives nous apprennent que Catherine a découvert le plaisir sexuel avec Mechikov), mais les grandes lignes correspondent bien à la réalité (ou en tout cas à ce que Wikipédia m'en apprend). J'ai adoré découvrir cette époque turbulente, cette guerre de vingt ans entre la Suède et la Russie, durant laquelle la Pologne tient un rôle important, et où l'Empire Ottoman pointe aussi le bout de son nez. J'ai fait toute ma scolarité en France et on ne m'a pratiquement jamais parlé de l'Est, mais il y a autant de périodes palpitantes à découvrir, autant de familles royales et d'alliances éphémères, autant de palais somptueux, autant de familles aux ramifications impossibles à retenir (d'autant plus que, en bons Russes, les trois quarts des personnages de ce roman ont quatre diminutifs, lol!). Il y avait un monde entier qui n'avait, en fait, rien à envier à l'Europe occidentale pour ce qui est du pognon des riches. Sous d'autres aspects, en revanche, la Russie des années 1700-1710 semble effectivement très éloignée des standards européens, plutôt comme certains pays mulsulmans aujourd'hui. Par exemple, les femmes vivaient très confinées, et l'une des innombrables raisons pour lesquelles Pierre était appelé l'Antéchrist était qu'il faisait asseoir les femmes aux mêmes tables que les hommes...

Le roman se termine à huit heures du matin, alors que Catherine vient de se remémorer son mariage officiel avec Pierre, après un premier mariage organisé en secret. Nous sommes donc en 1712. Mais son histoire ne s'arrête pas là!!! Deux ans après avoir publié ce premier tome, Kristina Sabaliauskaitė a publié le deuxième, que j'ai déjà en ma possession et que je me réjouis immensément de lire bientôt. Franchement, le seul défaut que j'y ai trouvé, c'est le rôle prépondérant du sexe dans la vie de Catherine, d'abord par le viol puis comme outil de survie. Mais bon, j'imagine que ce n'est pas invraisemblable: une femme de rien du tout qui n'avait aucune alliance, elle devait sécuriser sa place comme elle le pouvait, quand elle en avait l'occasion.

Pour finir, un mot sur cette édition de la Table Ronde: le grand format est absolument superbe, avec titre doré en couverture et marque-page assorti. Un régal. C'est juste un peu dommage qu'il soit fragile: le simple fait de retirer l'étiquette du prix a laissé une marque sur la quatrième de couverture.

Pourquoi ce livre, me demandez-vous?
Mais parce qu'il est traduit du lituanien par Marielle Vitureau, bien sûr!!! Je vous ai déjà parlé d'elle parce qu'elle a écrit le Dictionnaire insolite des pays baltes et parce que c'est grâce à elle que j'ai lu La Saga de Youza de  Youozas Baltouchis. Je ne peux, bien sûr, pas évaluer sa traduction en tant que telle, vu que je ne lis pas le lituanien, mais la version française est un régal et se lit toute seule!!! 375 pages au grand format et je l'ai lu en cinq jours, dont deux où je n'ai pas lu, en fait, donc en trois jours de lecture réelle!!! Une rareté!!!

vendredi 11 avril 2025

Imperial Earth (1975) 🪐🌎

Arthur C. Clarke fait partie de mes auteurs valeurs sûres. Il ne m'a jamais déçue, et avec ce roman sur lequel je suis tombée par hasard, dans une librairie anglophone des Pays-Bas, il m'a encore emmenée immensément loin sur tous les plans: géographique, mental, humain.

Imperial Earth s'ouvre sur Titan, une lune de Saturne, qui doit sa richesse et son influence au sein du Système solaire à l'exploitation de l'hydrogène, que l'on y trouve en abondance. Le protagoniste est Duncan Makenzie, le troisième membre de la famille – presque de la dynastie – qui dirige ce petit monde. Nous sommes en 2776, et la Terre invite Duncan à donner un discours lors de la commémoration du cinq centième anniversaire de la Déclaration d'Indépendance des États-Unis. Pour lui et sa famille, c'est une occasion importante de tisser des liens politiques et commerciaux, surtout à une époque où un nouveau système de propulsion risque de remplacer l'hydrogène à moyenne échéance, mettant ainsi en péril le modèle commercial de Titan. Mais c'est aussi l'occasion de procéder au clonage de Duncan. Car les Makenzie sont en réalité des clones depuis trois générations, le grand-père de Duncan n'ayant pas pu avoir d'enfant viable par la reproduction conventionnelle.

Dans la première partie du roman, on rencontre Duncan dans son quotidien sur Titan, et on découvre les enjeux de sa visite sur Terre et quelques bribes importantes de son passé, notamment ses relations avec un homme de Titan et une femme de la Terre, plusieurs années plus tôt. La deuxième partie raconte son voyage vers la Terre. Enfin, la troisième partie décrit son séjour sur Terre, jusqu'au fameux discours à l'occasion des cinq cents ans de la Déclaration d'indépendance.

Trois choses ressortent tout particulièrement de ce roman. Aucune des trois n'est surprenante quand on connaît l'auteur, mais je tiens à les noter pour bien m'en souvenir.

Premièrement, tout est très tranquille. Lorsque Duncan découvre le vaisseau à bord duquel il voyage, puis la Terre, je me suis dit que c'était quasiment de la cozy science fiction. Comme il ne connaît rien, tout l'intéresse et est sujet à émerveillement, y compris un cheval (Duncan ne croyait pas qu'ils étaient si grands!) ou le goût du miel. C'est absolument merveilleux de se lover là-dedans sans raison de flipper, en toute confiance.

Deuxièmement, l'auteur nous donne à voir une humanité qui a évolué en bien. Le progrès n'a pas été facile, et tout n'est pas parfait dans ce monde-là non plus, mais il n'y a plus d'États tels que nous les entendons et plus de guerres, et la technique a été utilisée à bon escient, pour faciliter le quotidien tout en redonnnant vie à un environnement très malmené. Duncan ressent un certain choc culturel en revenant sur Terre – la planète où il est né, puisque c'est là qu'il a été cloné –, mais il l'exprime toujours avec beaucoup de tact et de diplomatie. J'ai souri lorsqu'il se demande avec horreur si ses hôtes vont lui proposer "de la vraie viande"... (Réponse: non! Ouf! Duncan n'a jamais mangé de viande sur Titan et l'idée lui répugne!)

Troisièmement, j'ai retrouvé ici l'émerveillement pur face à l'exploration spatiale et les échelles de temps et de distance ahurissantes d'un système solaire et de l'espace en général. La première partie raconte comment, à l'occasion d'une eclipse, la planète Saturne passe devant le Soleil et permet ainsi à Duncan de distinguer, dans la relative obscurité qui s'ensuit, une autre étoile. Une autre étoile qui, en fait, n'est pas une étoile, mais la planète Terre, si distante de Titan qu'elle n'est qu'un point lumineux, visible uniquement lorsque le Soleil est caché!!

"He could not take his gaze off that faint little star, during the few seconds before Saturn wiped it from the sky. He continued to stare long after it was gone, with all its promise of warmth and wonder, and the storied centuries of its civilisations.
For the first time in his life, Duncan Makenzie had seen the planet Earth with its own unaided eyes."
Ce ne sont que deux paragraphes, mais purée, quelle émotion, quel renversement de paradigme!!!

Deux dernières choses que je veux noter. Un chapitre s'intitule "The Ghost from the Grand Banks" (comme un certain roman, tiens tiens tiens) et met, bien sûr, en scène mon paquebot naufragé préféré. Quelle merveille, ça aussi. Si James Cameron a lu ce livre, il a dû adorer. Enfin, le dernier tiers du roman prend un ton plus dur, car il y a un décès et Duncan doit affronter avec douleur ses amours passés. Cela ne rend pas le roman sombre en soi, mais c'est nettement moins cozy que ce qui précède. Et je suis admirative de la manière fine dont il a traité ses personnages.

À noter également: cette édition Gollancz contient une introduction de Stephen Baxter. Quant aux remerciements de l'auteur, ils évoquent Carl Sagan. Que du beau monde!

Bref: Clarke était un génie, lisez Clarke.

dimanche 6 avril 2025

Les BD du premier trimestre 2025 😺😺😺

Comme d'habitude, retour sur les lectures graphiques du trimestre écoulé!

Plus que jamais, ce trimestre a été dédié aux chats. J'ai d'abord lu un manga avec un chat que j'ai reçu à Noël. Puis j'ai réorganisé une partie de ma bibliothèque et redécouvert pas mal de BD ou d'albums sur les chats, que je me suis empressée de relire.

Le Chat mène l'enquête de Noho (scénario et dessin), traduit du japonais par Pascale Simon (2023)

Un joli manga sur un gros chat blanc qui se balade à Los Angeles et y rencontre des gens – et parfois des chats. Une fois de plus pour une œuvre japonaise, on est sur le segment "tranches de vie". C'est fou. À la fin, il aide aussi deux détectives à résoudre une affaire, ce qui justifie le titre français; mais le titre d'origine, The Walking Cat (un titre anglais, oui), est plus proche de la vérité. Le chat est très dodu, il a souvent un petit air dédaigneux trop drôle et l'ensemble est plein de douceur, donc j'ai, bien entendu, beaucoup aimé.
Éditeur: Doki Doki

Crapule 1 et 2 de Jean-Luc Deglin (2017 et 2018)


Une BD adorable sur un petit chaton noir et l'humaine qui partage sa vie, entre incompréhensions, coups de griffes, coups de folie et amour. J'adore, mais parfois, quand Crapule a l'air triste, ça me donne pas mal envie de pleurer. J'avais déjà lu ces deux tomes, mais j'en avais oublié jusqu'à l'existence. La série s'arrête ici, il n'y a pas eu de nouveautés depuis.
Éditeur: Dupuis

Madame 1 à 4 de Nancy Peña (2015 à 2022)

Ici aussi, j'avais oublié jusqu'à l'existence de cette série, dont j'avais lu les deux premiers tomes: L'année du chat et Un temps de chien. Enchantée par ma relecture, je me suis procurée les deux qui sont sortis depuis: Grand reporter et Bébé à bord. Grand reporter est essentiellement un recueil de planches parues dans Le Monde, ce qui m'a fait revivre l'actualité de 2017 et 2018 (qui était bien pourrie, à tel point que ça m'a fait relativiser l'actualité actuelle) (eh ouais, Donald Trump était déjà là). Bébé à bord m'a moins emballée, vu qu'il y a un bébé (humain) qui entre en scène (si seulement ç'avait été un bébé chat!!), mais je me marre bien avec les mimiques de Madame, cette petite chatte si mignonne et déterminée. À noter que, dans cette série, Madame communique sans difficulté avec son humaine par la parole, ce qui n'est pas le cas dans les autres ouvrages du mois.
Éditeur: La Boîte à Bulles

Chat-Bouboule de Nathalie Jomard (2015 à 2021) 

Cette série-là, je ne l'avais pas oubliée! De tous les chats que j'ai rencontrés en images, Bouboule est probablement celui qui me fait le plus pisser de rire avec Garfield. Son ventre proéminent et ses mimiques m'éclatent démesurément. Dans le tome 3, son emploi du temps, qui contient pratiquement chaque jour le combo "miauler pour sortir" et "miauler pour rentrer", me plie en deux; les planches "et si l'histoire avait eu un chat sur les genoux", genre Jeanne d'Arc qui ne peut pas se lever pour aller bouter les Anglais hors de France, sont excellentes. J'avais déjà lu les tomes 1 à 4 (Chroniques d'un prédateur de salon, La nuit tous les chats sont gros, Intermittent de la sieste et Fat and furious) (ces titres 🤣🤣🤣) et je me suis procurée le tome 5 (À gras raccourci) (putain j'en peux plus 🤣🤣🤣🤣). Le seul truc qui me laisse perplexe dans cette série, c'est le nombre de blagues sur la litière et les crottes puantes. Peut-être que mes chats ont une activité intestinale moins intense que Bouboule. 👀
Éditeur: Michel Lafon

Et ce qui est beau avec cette réorganisation de bibliothèques, c'est que j'ai pu faire un petit coin 100% chats. Il y a d'autres chats ailleurs, bien sûr, mais, ici, il n'y a qu'eux! 💪💪

mardi 1 avril 2025

La gamelle de mars 2025

Comme toujours, retour sur les activités culturelles du mois écoulé, hors lectures! En ce qui concerne le cinéma, c'est un deuxième mois d'affilée avec quatre séances, ce qui est devenu suffisamment rare pour que je le marque d'une pierre blanche...

Sur petit écran

Pas de film.

Sur grand écran

Creation of the Gods 2 – Demon Force de Wuershan (2025)


Ji Fa ❤️❤️❤️

Je me suis empressée de retourner voir Creation of the Gods avant que mon cinéma ne le retire de l'affiche, et là, j'ai été tellement encore plus hystériquement emballée que j'ai envisagé de me traîner à Paris pour le voir une troisième fois, puis j'ai retourné Internet à la recherche d'interviews et DE LA CHANSON, PUTAIN, LA CHANSON, puis je me suis abonnée au compte Instagram de Yu Shi, le seul acteur que j'ai trouvé sur ce réseau social. Je n'en reviens tout simplement pas, je suis toujours à Xiqi, je veux trop être la générale, je suis amoureuse de la moitié des personnages masculins, je rêve de l'opulence du palais, je me dis même que ce serait cool de me mettre au chinois (ou plus précisément au mandarin, si je suis bien informée) si seulement j'avais suffisamment sécurisé ma connaissance du russe pour me pencher sur une autre langue, putain putain putain vivement le troisième film, et bénis soient les gens qui font la programmation de mon cinéma et qui ont passé le premier film l'année dernière, me permettant ainsi de découvrir son existence.
Plus prosaïquement: il y a quelques problèmes dans les sous-titres français, notamment une faute d'orthographe sur le participe passé du verbe "sauver" et des majuscules erronées au début d'un sous-titre faisant, ou non, partie de la même phrase que le précédent. Mais rien de grave. Et, structurellement, le film a presque trop de méchants, ce qui fait que l'intrigue de l'un d'eux (le roi) n'évolue pas et qu'un autre (le sorcier) est pratiquement absent. Mais le troisième film devrait régler ça.
(Enfin, sauf que la deuxième scène intra-générique de fin (car ce film contient pas moins de TROIS scènes intra-générique de fin!!!!! Quel bonheur!!!!! C'est comme s'il ne se terminait jamais!!!!!) annonce l'arrivée d'un nouveau méchant, encore plus patator, huhu.)

The Last Showgirl de Gia Coppola (2024)

La forme de ce film – caméras qui bouge beaucoup, très gros plans – m'a plutôt rebutée, mais le fond est très riche et je suis donc ravie de l'avoir vu. Pamela Anderson joue avec brio une femme simple, un peu "white trash", qui se révèle être bel et bien une artiste dans ce qu'elle fait. Jamie Lee Curtis a un rôle excellent et apparaît en string sous un collant gainant, donnant ainsi à voir ce qu'on ne voit pratiquement jamais: le corps d'une sexagénaire (coucou Emma Thompson dans Mes rendez-vous avec Léo). Dave Bautista joue tout en naturel un mec tout simplement gentil et un peu fragile, aux antipodes de son physique costaud de catcheur. On parle de filiation, d'un monde qui disparaît, de la difficulté spécifique d'être une femme, de l'absence de sécurité sociale aux États-Unis. Comme dans Nomadland de Chloé Zhao, je me suis dit à un moment donné que le rêve américain, à supposer qu'il ait jamais existé, est bel et bien mort, enterré et dans un état de décomposition avancé. Et que l'expérience humaine est décidément bien vaine et triste. Mais il y a quelque chose à en tirer malgré tout.

Magic Mike de Steven Soderbergh (2012)

Difficile de voir ce film de strip tease sans gigoter sur sa chaise et sans avoir envie de vider son compte en banque pour couvrir Channing Tatum de billets. Les numéros sont assez différents et bien montés pour que ce soit dynamique, et la souplesse des danseurs est ahurissante... Un peu comme The Last Showgirl, ce film montre un monde qui a une fibre artistique réelle, même si le plaisir consiste surtout, ici, à mater des fesses ahurissantes!! Et il y a aussi des relations humaines qui évoluent, et les difficultés de gagner sa vie aux États-Unis en toile de fond. La seule critique que j'ai à lui faire, c'est le grain inondé de soleil qui noie les couleurs...
//Bien entendu, je me suis ruée regarder la scène mythique de la station-essence dans Magic Mike 2, et je me disais que ces deux films ont un côté très rassurant, car les femmes sont les clientes. On mime sans cesse les relations sexuelles, mais aucune femme n'est jamais en danger ou dans une situation inconfortable.//

Mickey 17 de Bong Joon Ho (2025)

Un film très sympathique, qui brasse des tas de sujets, malgré quelques longueurs et quelques éléments qui m'ont laissée perplexe (c'est quoi, cet écosystème avec une seule et unique espèce? Comment se nourrissent ces gros machins? Je conçois bien que tout le monde n'est pas James Cameron pour créer un écosystème ultracomplet, mais bon...). Le chef du vaisseau est un tel condensé de Trump et de Musk que je suis étonnée que le film puisse être diffusé aux États-Unis. 😅 Bon, sinon, on n'a pas ici la finesse de Parasite, mais Parasite est hors-classe, et puis ce côté excessif est totalement assumé.

Du côté des séries

Toujours rien.

Et le reste


Gloups! J'ai complètement manqué mon engagement de lire une revue ou un magazine en plus de Cheval Magazine. J'ai bien le Mad Movies sur les adaptations de Lovecraft qui attend, mais il était trop épais pour le temps disponible ce mois. Du coup, j'ai uniquement lu mon fidèle Cheval Magazine [mise à jour du 3 avril: le numéro de mars, que je n'avais pas pu lire lors de son arrivée, et le numéro d'avril]. Exploit en ce numéro d'avril: aucune mention des animalistes!!