Avant de lire ce livre, j'avais la très vague idée d'avoir déjà entendu parler d'une certaine Malala, que j'associais tout aussi vaguement à l'Afghanistan. Le fait de voir le livre dans la bibliothèque d'une amie a constitué la bonne occasion de parfaire un peu ma culture, et je remercie l'amie en question de me l'avoir prêté!
Bon, en fait, Malala Yousafzai n'est pas afghane, elle est pakistanaise. Mais mon erreur n'était pas totalement insensée, nous le verrons.
Pour lire son autobiographie, j'ai stratégiquement commencé... par la fin, c'est-à-dire par le lexique et le résumé des grands évènements de l'histoire du Pakistan. Le lexique n'est pas vital. En revanche, le point historique m'a été très précieux. Bien que certainement déjà très résumé, il présente un pays dont l'histoire est plus que mouvementée depuis sa création en 1947, avec bien peu de stabilité politique interne et des relations internationales un chouïa tendues – les affrontements avec l'Inde ont d'ailleurs fait la une de l'actualité récemment.
Je n'ai pas retenu grand-chose, si ce n'est que le Pakistan se composait au début de deux régions, le Pakistan Occidental et le Pakistan Oriental, et que ce dernier État a pris son indépendance en 1971, devenant ainsi... le Bangladesh. Voilà. Ça m'a marquée. Je n'avais aucune idée que le Bangladesh avait à peine cinquante ans d'existence.
(Nan mais déjà, répartir les gens dans des pays en fonction de leur religion, comme dans le cas de la partition Inde-Pakistan, ça me tue. Mais en plus, découper ces pays de telle sorte qu'il y a des bouts du pays de l'autre religion entre deux bouts, comme ici le Pakistan Occidental et le Pakistan Oriental qui étaient séparés par un énorme bout d'Inde, ça me tue encore plus. On a envie de créer les guerres de demain ou quoi?)
Bref bref bref. Malala Yousafzai nait en 1997 dans la vallée de Swat, au nord-ouest du Pakistan tel que nous le connaissons aujourd'hui (l'ex-Pakistan Occidental du temps où il y en avait deux, pour ceux qui essayent de suivre 😜). Elle va à l'école dans l'établissement fondé par son père, elle se dispute avec ses deux frères, elle a une meilleure amie, elle adore regarder sa série préférée. Bref, elle décrit un quotidien d'enfant assez classique, avec toutefois une grande passion pour l'apprentissage scolaire.
Les relations entre hommes et femmes sont déjà très encadrées à cette époque et on ne peut pas dire que la région soit très moderne, mais la situation dégénère à partir de 2007, lorsque les Talibans arrivent et propagent leur discours extrémiste. Personnellement, j'ai du mal avec une société où les femmes mangent séparément des hommes et peuvent être mariées dès l'adolescence, mais par rapport aux Talibans qui posent des bombes dans les écoles pour filles parce que les filles ne doivent recevoir absolument aucune éducation, il y a un certain écart... 👀👀👀
Le père de Malala était très engagé contre les Talibans. Il a pris la parole contre eux et a essayé de défendre la région auprès du gouvernement central, à Islamabad, qui est intervenu militairement (comme toujours, ça a donné des années de guerre, des centaines de milliers de déplacés, les joyeusetés habituelles). Malala a progressivement pris la parole avec son père afin de défendre son droit à l'éducation. Elle adorait l'école et n'avait aucune intention d'abandonner son apprentissage parce qu'on lui interdisait d'étudier. Elle a acquis une certaine notoriété et elle a même tenu un blog pour la BBC! Hélas pour elle, cela n'a pas plu aux Talibans, qui l'ont désignée comme cible. En octobre 2012, deux hommes ont fait feu sur elle dans le car qui la ramenait chez elle après l'école.
C'est sans doute à cette époque que j'ai entendu parler d'elle et que je l'ai associée à l'Afghanistan. J'ai probablement entendu "taliban" et pensé "Afghanistan". Hélas, ces sinistres individus ne se limitent pas à un seul pays...
Heureusement pour elle (et pour nous!), Malala n'est pas morte! Il a fallu de longs soins en Angleterre, mais elle s'en est sortie. Cette tentative d'assassinat sur une jeune fille défendant l'éducation des filles a même attiré encore davantage l'attention internationale sur elle.
Malala Yousafzai a écrit ce livre en collaboration avec Patricia McCormick et, même si elle parle beaucoup de dieu (auquel je ne crois pas) et si je me suis demandée si elle ne forçait pas un peu le trait en disant des choses du genre "à dix ans, j'étais déterminée à changer l'avenir de mon pays", son histoire constitue une belle leçon de vie. J'admire sans retenue les gens qui continuent à faire quelque chose malgré le danger. Pour nuancer un peu mon propos et être honnête, je comprends les gens qui n'interviennent pas. Ici, par exemple, je comprends très bien les parents pakistanais de la région de Swat qui ont retiré leur fille de l'école par peur qu'elle y laisse sa peau. Je pense que je ferais comme eux. Mais les gens qui prennent le micro! Qui dénoncent!! Quelle force morale!! Malala s'est pris une belle dans la tête à quinze ans et elle a quand même pris la parole à l'ONU, quoi. Elle a dit à Barack Obama qu'elle n'aimait pas les attaques de drones américains sur le territoire pakistanais!! Vous imaginez la droiture qu'il faut avoir!!
Malala Yousafzai a eu le prix Nobel de la paix en 2014, avec Kailash Satyarthi, qui a aussi beaucoup œuvré en faveur de l'éducation. J'aimerais dire "treize ans plus tard, les Talibans n'ont toujours pas eu sa peau" sur un ton moqueur, comme si ces minables avaient tout raté, même si le fait qu'elle n'habite plus au Pakistan y est sans doute pour quelque chose. Hélas, le désastre récent de l'Afghanistan m'en empêche... :(
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Exprime-toi, petit lecteur !