jeudi 19 décembre 2024

L'Anomalie (2020)

Un des grands avantages des boîtes à livres (outre le fait que vous avez accès à de la lecture gratuite!), c'est que ça met sur votre chemin des bouquins que vous avez oublié vouloir lire, ou que vous voulez lire mais sans que ce soit vital (pas assez pour aller les acheter, quoi). C'est comme ça que j'ai sauté sur L'Anomalie d'Hervé le Tellier...

... et que j'ai adoré le voyage!!

Je vais délibérément rester floue, car ce roman a eu beaucoup de succès et a été largement chroniqué, y compris dans la blogosphère SFFF. L'histoire est assez prenante, notamment du fait qu'elle met en scène de nombreux personnages, qui n'ont en commun que d'avoir voyagé à bord du même avion Air France pour aller de Paris à New York. Chacun est bien dépeint, avec un caractère et des enjeux très différents, et je trouve que c'est déjà un petit exploit de poser une dizaine de personnages aussi crédibles les uns que les autres. Puis ils sont confrontés à quelque chose d'impossible, et l'on entre dans la partie la plus jubilatoire du roman: les réactions de chacun face à l'inconcevable et les différentes théories formulées pour l'expliquer. J'ai beaucoup rigolé et les références SF sont totalement assumées.

La dernière partie clôture le roman sur un ton beaucoup moins drôle et m'a un peu serré le cœur. Mais j'ai trouvé, là aussi, que rendre émouvant des parcours en dix pages, c'était une belle réussite. Je tiens seulement à préciser que l'une des histoires concerne un sujet très grave qui peut perturber ([divulgâcheur] l'inceste [fin du divulgâcheur]).

Dans l'ensemble, j'ai vu ici une très belle réussite de littérature à la fois facile à lire et pas bête du tout, accessible à tous et intelligente à la fois. C'est un livre qui se lit d'une traite et plaisamment, mais qui vous parlera autrement, paraît-il, si vous êtes familier de l'Oulipo. Pour ma part, j'ai carrément dû vérifier ce que signifiait "Oulipo", mais j'ai quand même profité à fond! Entre ça et l'étrange déformation de la réalité qui s'y produit, j'aurais bien pu lire être en train de lire un roman d'Antoine Bello... 💞💞 Je prêterai donc attention à Hervé le Tellier à l'avenir, et je me réjouis que le Goncourt soit allé à un roman si jubilatoire!

Allez donc voir ailleurs si cette anomalie y est!
L'avis du Chien critique
L'avis de TmbM
L'avis de Vert

samedi 14 décembre 2024

Au revoir les chats ! (2021) 🐈

Chronique express!

Après le roman Les Mémoires d'un chat, l'autrice japonaise Hiro Arikawa a sorti un deuxième livre félin, qui s'apparente cette fois plutôt à un recueil de nouvelles. Le premier texte, "L'heure de Hachi", raconte l'histoire de Hachi, le chat que Satoru, personnage principal de Mémoires d'un chat, avait eu dans sa jeunesse; le deuxième, "Un voyage oublié", raconte un voyage effectué par Satoru et Nana à l'époque du roman; les cinq suivants décrivent les vies d'autres chats, ou des anecdotes autour des chats ("L'Île aux chats", très sympathique dans son peuplement félin mystérieux et vorace).

Dans l'ensemble, c'est plutôt émouvant, et j'ai bien sûr pleuré à la fin. Mais je n'ai rien compris à "Vilain Tom!" et j'ai de nouveau trouvé pas mal de choses décousues ou difficiles à suivre, ou bizarrement répétitives. En revanche, la concordance des temps ne m'a pas choquée cette fois. C'est Sophie Refle qui est à la traduction; peut-être fait-elle plus attention à ce point ou y a-t-il eu plus de travail éditorial de manière générale. Quant à la couverture, on la doit de nouveau à Irina Garmashova-Cawton. On dirait ma petite Reloue!! 🥰🥰🥰

lundi 9 décembre 2024

La Petite Femelle (2015)

Il y a quelque temps, suite au billet de TmBM sur La Désinvolture est une bien belle chose, je me suis décidée à vérifier ce que ma médiathèque avait en rayon de Philippe Jaenada. Cet auteur, le premier reçu dans le merveilleux podcast Bookmakers d'Arte, était sur mon radar depuis lors, c'est-à-dire depuis 2020. Il m'aura fallu quatre ans pour le lire, ce qui n'est pas si mal pour moi.

La Petite Femelle, c'est une enquête extrêmement dense et précise sur la vie de Pauline Dubuisson, une femme jugée pour avoir tué, en 1951, son ex-petit ami.

Née près de Dunkerque en 1927, elle est élevée de manière très fermée et rigoureuse par son père, puis traverse la guerre à Dunkerque (ville qui n'a été libérée par les Anglais et les Tchécoslovaques que le 10 mai 1945, soit deux jours après l'Armistice. Après la débarquement en Normandie, elle a été jugée tellement difficile à prendre que les Alliés l'ont contournée, et elle est restée aux mains des Allemands alors que le reste de la France était progressivement libéré. Complètement dingue). Pauline est intelligente, vive et précoce. Après la guerre, elle part étudier la médecine à Lyon puis à Paris, où elle rencontre Félix Bailly. Il est fou d'elle, il la demande en mariage, elle refuse. Quand enfin il lui tourne le dos et se fiance avec une autre, elle change d'avis, se désole, finit par reprendre contact car on lui a assuré qu'il l'aime encore. Et puis, dans des circonstances à la fois précises et complètement opaques, vu qu'ils étaient seuls, il finit avec trois balles dans le corps, et elle avec un tuyau de gaz dans la gorge (pour se suicider, je précise).

Ça, c'est la version courte. Le bouquin, c'est le récit long, hyper documenté et aussi factuel que furax que Jaenada fait du malheureux sort d'une femme victime de son temps. Trop libre dans sa sexualité et dans son refus de devenir une bonne petite épouse, Pauline Dubuisson est victime d'un acharnement stupéfiant à partir du meurtre et dans la cour du tribunal: les médias la traînent dans la boue, les avocats qui l'attaquent déforment les documents et témoignages recueillis et interprètent la moindre chose contre elle. Elle a couché à quatorze ans avec l'occupant allemand, elle faisait tourner son petit ami en bourrique, elle n'en voulait qu'à son argent... Une sorcière, un monstre.

Tout cela est révolant, et, très franchement, un cas d'école de misogynie bas du front et de mouvement de meute, avec la France entière qui se passionne pour cette femme prétendument froide et manipulatrice. Là où le livre m'a "moins plu" (disons que c'est bizarre de dire qu'un livre vous plaît, dans l'ensemble, alors qu'il parle d'un truc horrible...), c'est que Jaenada, qui est très clairement du côté de Pauline (même s'il ne remet pas en cause qu'elle a bel et bien tué son ex, ce qu'elle-même n'a jamais nié), passe aussi beaucoup de temps à railler ses attaquants avec de multiples piques, ce que je n'ai pas toujours trouvé très fin (et qui contribue à faire de ce bouquin UNE PUTAIN DE BRIQUE, sept cent pages bien denses (les retours à la ligne, il n'aime pas trop ça...) dans l'édition grand format de Julliard).

Ma deuxième réserve porte sur ses immenses digressions. Je m'y attendais et, d'un côté, j'ai bien rigolé; mais, de l'autre, j'ai parfois eu l'impression qu'il y avait un peu de pose ("je me regarde faire des digressions") et de remplissage.

Ma troisième réserve porte enfin sur quelques commentaires limite sur les femmes. Jaenada passe son temps à fustiger ces mecs qui ont remis à sa place une femme trop libre, mais est-ce qu'on avait besoin de savoir que son épouse (à Jaenada) a un jour couché avec un autre et est rentrée chez lui (Jaenada) avec le sperme séché de cet autre homme sur les seins? Et est-ce qu'elle savait qu'il mettait ça dans son bouquin et que la France entière est aujourd'hui au courant? 🤔 Il en parle même deux fois, au cas où on n'aurait pas bien capté la première fois.

Enfin, la théorie de la tonte de Pauline Dubuisson à la Libération me semble possible, mais je suis tout de même moins convaincue que lui, donc j'ai trouvé dommage qu'il en reparle après 1945 comme si c'était une certitude. Par exemple, il parle du traumatisme d'avoir été tondue et de ses cheveux courts, mais en fait on n'en sait rien, si elle a été tondue. Les indices qu'il a relevé en ce sens sont pertinents, mais on n'en a aucune trace directe et elle n'en a jamais parlé. En revanche, il dégomme bel et bien la théorie du viol collectif et je l'ai trouvé très convaincant sur ce point.

Bon, je critique pas mal, mais vous remarquerez que quatre critiques pour sept cents pages, c'est quand même pas beaucoup. J'ai trouvé l'histoire passionnante, le point de vue acéré et le travail de recherche AHURISSANT, donc je vous conseille de tout cœur de découvrir cette histoire, même si ce n'est pas du tout gai. Jaenada cite même Hélène Berr, et deux fois! Enfin, notez que passer plusieurs jours de lecture intensive avec le monsieur m'a fait multiplier les parenthèses dans ce billet, ce que je trouve assez rigolo...😂

Allez donc voir ailleurs si cette petite femelle y est!
L'avis de TmBm

mercredi 4 décembre 2024

La gamelle de novembre 2024

Comme d'habitude, retour sur les activités culturelles du mois écoulé, hors lecture!

Le grand évènement de ce mois de novembre, c'est que je suis allée à l'expo L'Art de James Cameron à la Cinémathèque (merciiiii Lise!): une très belle expo sur un très grand homme! Je savais déjà que Cameron est dieu sur terre, mais, maintenant, j'ai encore plus de preuves!

Sur petit écran

Pearl Harbor de Michael Bay (2001)

Le bouquin de Robert Hospyan m'a donné très envie de me refaire certains films de Michael Bay, et, par un petit miracle, cette idée n'est pas restée lettre morte, puisque j'ai regardé Pearl Harbor. Bon. J'avais trouvé ça nul quand j'avais seize ou dix-sept ans. Adulte, j'ai de nouveau trouvé ça assez raté. L'histoire d'amour est à peu près insupportable et la fin est d'un patriotisme tellement bas du front que j'ai rigolé pendant une demi-heure. Mais, cette fois, j'y ai aussi trouvé du bon: l'attaque de Pearl Harbor est prenante, notamment l'arrivée des Japonais (je ne sais pas si c'est très précis, mais on hallucine de voir qu'ils arrivent jusqu'au port sans se faire repérer); les Japonais, justement, ne sont pas présentés comme des méchants idiots et sanguinaires et parlent japonais entre eux, ce qui est un petit miracle dans le cinéma hollywoodien; le personnage du cuistot noir, bien que largement secondaire, a même un arc narratif pertinent et attachant, avec un passage qui m'a beaucoup émue ("Everybody is where they need to be, captain. You trained us well. You trained us well" – un moment d'humanité et de compassion au cœur du chaos); enfin, le personnage de Kate Beckinsale n'est pas sexualisé particulièrement, même si elle est très belle (pas de plans nichons comme dans Transformers, quoi). Et puis bon, on peut critiquer Michael Bay, mais il sait mettre en scène des explosions et de la destruction titanesque en restant lisible, ce qui est bien. D'ailleurs, il y a plétore d'explosions ici, c'était assez jubilatoire.

Sur grand écran


Terminator de James Cameron (1984)

Le premier film de mon dieu entre tous mes dieux, l'étoile la plus resplendissante de mon panthéon personnel 💖✨✨ Eh bien j'ai beaucoup apprécié cette découverte, même si ce n'est pas le genre de film que j'aime le plus, du fait qu'il n'y a pas d'épées et qu'il y a, au contraire, un truc que je hais, le voyage dans le temps. Mais c'est totalement maîtrisé sur le plan technique, bien joué et même bien assumé en ce qui concerne cet aspect temporel, l'éternelle histoire des gens (enfin, des machines, en l'occurrence...) qui provoquent ce qu'ils voulaient empêcher précisément en essayant de l'empêcher. Linda Hamilton joue très bien une fille tout à fait banale qui évolue énormément en peu de temps sans pour autant devenir imbattable et incassable (un peu comme le personnage de Rose dans Titanic); Arnold Schwarzenegger a une classe iconique en Terminator; et Michael Biehn a trouvé un bon équilibre entre guerrier aguerri et mec qui ne maîtrise rien (mais j'ai passé mon temps à me dire que ce beau blond ténébreux en imperméable gris aurait décidément fait un excellent John Constantine). Et sur le plan technique, c'est très avant-gardiste, bien sûr, malgré l'inévitable vieillissement des effets spéciaux. À noter également, une violence réelle et quelques plans sanglants auxquels je ne m'attendais pas. Enfin, la séance était précédée d'une courte vidéo de James Cameron en personne, qui revient sur l'histoire du film et le passage en 4K. J'ai à peu près fondu d'amour sur mon siège.

Flow. Le Chat qui n'avait plus peur de l'eau de Gints Zilbalodis (2024)

Un capybara, un chat et un maki-cata sont sur un bateau... 👀
Plus sérieusement, ce film est une merveille et un classique instantané. C'est beau, c'est humain, c'est hors de l'ordinaire, on croirait presque retrouver le merveilleux Payakan d'Avatar 2, c'est émouvant. Je ne suis pas sûre d'avoir tout compris à la symbolique, mais j'ai rarement vu quelque chose d'aussi beau qui touche aussi juste tout le temps.

Du côté des séries

Rien.

Et le reste


J'ai acheté le Canard Enchaîné dans l'espoir de rire un peu de la réélection de Donald Trump... Hélas, le palmipède a échoué. 😂😂 Même eux, ils m'ont plutôt fait baliser. Mais leur petit humour mordant est toujours un régal.

(Lire le journal debout dans le métro bondé est une sacrée galère. Mais surtout, ça m'a donné l'impression d'être dans un drôle de tunnel temporel, parce qu'on ne voit plus du tout les gens lire le journal. Deux semaines plus tard, au café de la Cinémathèque, toutefois, mon voisin lisait justement le Canard. Ça m'a fait chaud au cœur pour eux, parce que qui sait comment ils ont fait pour survivre en 100% papier jusqu'à cette année, sérieux.) (Et sans pub! SANS PUB! Vous vous rendez compte!)

En fin de mois, j'ai lu mon Cheval Magazine adoré. 💞

vendredi 29 novembre 2024

Le Café où vivent les souvenirs (2018)

Chronique express!


Après Tant que le café est encore chaud et Le Café du temps retrouvé de Toshikazu Kawaguchi, j'ai craqué: je n'ai pas pu résister à l'envie de lire le roman suivant parce qu'il est traduit du japonais par une troisième traductrice de haut vol après Miyako Slocombe et Mathilde Tamae-Bouhon: Géraldine Oudin. Et aussi parce que le titre est absolument irrésistible, bien sûr. Hélas, ça a été le voyage de trop. Malgré le changement de décor – le Funiculi Funicula de Tokyo laisse la place au Dona Dona d'Hakodate –, les répétitions incessantes des règles et l'application absolument identique de la même recette m'ont lassée, et j'ai donc lu l'ensemble sans grande implication – alors que l'idée d'avoir cette deuxième chance pour parler à quelqu'un dans le passé me vend vraiment du rêve. Il faut aussi dire que je m'embrouille affreusement dans les prénoms japonais, à tel point que j'ai pris des notes pour retenir qui est qui – mais ça, c'est une limite personnelle, qui n'est aucunement imputable à l'auteur. Bref, si le voyage vous tente, je recommanderais de se limiter au premier roman. 

Mise à jour suivant la rédaction de ce billet
J'ai interrogé une consœur traductrice concernant mes problèmes liés aux pronoms et à la concordance des temps dans des lectures récentes traduites du japonais. Apparemment, c'est l'un des enjeux de la traduction japonais > français: d'une part, le japonais n'utilise pas ou presque pas de pronoms et ne conjugue pas les verbes en fonction de la personne, ce qui fait qu'il faut souvent déduire le sujet de l'action du contexte (non mais 😱😱); d'autre part, il n'y a pas vraiment de temps passés et futurs, juste l'aspect des verbes (on n'a pas eu le temps de creuser, mais je pense que ça s'apparente au perfectif/imperfectif des verbes russes, pour ceux qui voient (moi, je ne vois pas vraiment, et ça fait trois ans que j'ai repris le russe 😂)). En bref, ça n'a rien à voir et il faut tout reconstruire en français. 🥹🥹

dimanche 24 novembre 2024

Les Joies d'en bas. Tout sur le sexe féminin (2017)

Après le triomphe du Charme discret de l'intestin de l'Allemande Giulia Enders, étudiante en médecine au moment de la rédaction et de la publication, Actes Sud a déniché un autre bouquin de santé écrit par une étudiante en médecine et illustré de manière rigolote, à la différence près que les autrices étudiantes en médecine, Nina Brochmann et Ellen Støkken Dahl, sont ici au nombre de deux et qu'elles sont norvégiennes, pas allemandes.

J'avais repéré Les Joies d'en bas depuis qui sait quand et je l'ai trouvé sur mon chemin par hasard, probablement dans l'étagère des livres à donner de ma médiathèque (mais je ramasse des livres sans cesse et partout, alors je confonds toujours un peu).

Contrairement à ce que le titre et la quatrième couverture peuvent laisser penser, ce livre ne parle pas que de sexualité féminine. C'est plutôt un ouvrage de santé gynécologique. La première partie présente l'appareil génital féminin, la deuxième parle des différentes sécrétions (oui, vraiment 🙃), la troisième s'occupe effectivement de sexe, la quatrième aborde la contraception, et la cinquième, la plus épaisse de toutes, passe en revue tous les problèmes de santé gynécologiques imaginables. Il ne faut donc pas le lire dans l'idée de "[mettre] le doigt sur le fameux point G", comme l'affirme la quatrième de couverture. D'autant que les autrices expliquent que ça n'existe pas, le point G. Lol...

J'ai trouvé cette lecture absolument passionnante et accessible. Tous les concepts sont expliqués simplement et clairement, avec une vraie volonté de dédramatiser certaines choses tout en incitant les femmes à demander de l'aide médicale quand elles ont le moindre doute. Pour ce qui est du fonctionnement de l'appareil génital et du sexe, je regrette même de n'avoir pas eu ce genre d'outil en main quand j'étais plus jeune; cela m'aurait peut-être évité certains tracas. Même maintenant que je me considère comme un minimum informée, cela m'a remis les idées en place sur certaines choses, à commencer par le fonctionnement de la pilule et la différence entre les types de pilule; je suis même allée relire la notice de mon acutelle pilule pour vérifier si ça coïncidait (réponse: oui. Youpi!). J'ai tout particulièrement apprécié le "plaidoyer pour une contraception hormonale", qui fait écho aux théories complotistes que j'avais vu passer sur Twitter ("il faut arrêter la pilule parce que les labos sont de méchants capitalistes qui veulent la mort des femmes"...). Quant à la partie sur les différentes maladies, elle m'a fait cotoyer avec effroi et soulagement toutes les horreurs que je n'ai pas subies dans ma vie: pas d'herpès, pas d'ovaires polykistiques, pas de mycoses, pas de chlamidiae!!!! 🥳🥳🥳

Le fait que le ton soit résolument antidramatique et que les titres soient rigolos joue pour beaucoup dans le plaisir que j'ai pris à lire cet ouvrage. "Le clitoris, un iceberg", "Petits conseils poilus", "Les myomes: l'utérus pochette-surprise": j'ai bien rigolé. J'en profite pour saluer le travail de la consœur Céline Romand-Monnier qui livre un texte très clair et agréable à lire, ce qui n'a pas toujours dû être facile – car il y a bel et bien un contenu scientifique et médical réel, comme en attestent les pas moins de cinquante pages de références bibliographiques en fin d'ouvrage. 🥹

Bref, un livre à mettre entre toutes les mains et à garder à portée de main par la suite, pour feuilleter certains passages de temps en temps.

mardi 19 novembre 2024

Les Mémoires d'un chat (2017) 🐈

Un livre avec un chat, c'est déjà très intéressant. Alors, un live avec un chat dont Baroona dit du bien... 🐱

Bon, en vrai, j'avais repéré ce livre depuis des lustres, mais je m'étais arrêtée au fait que le chat en couverture a une drôle de tête. Pour info, c'est une illustration d'Irina Garmashova-Cawton, une femme visiblement très bien qui dessine des tas et des tas de chats. 🥰

Dans ce roman traduit du japonais par Jean-Louis de La Couronne, Hiro Harikawa donne la parole à un chat de gouttière qui, suite à une blessure, s'installe chez un humain. Pas n'importe quel humain, hein. Un humain qu'il connaît déjà et qu'il aime bien. Et puis, le temps passant, le chat décide de rester là même s'il est guéri, et l'humain, Satoru, lui donne un nom: Nana. Mais des années plus tard, Satoru est contraint de se séparer de lui et cherche à le placer auprès d'une personne de confiance, ce qui l'amène à recontacter des proches plus ou moins perdus de vue.

Chaque partie du roman raconte ainsi la rencontre avec un potentiel adoptant.

Sur la forme, je dois dire que j'ai eu du mal avec ce roman à cause de la rédaction en français. (Bon, c'est une évidence: je ne lis pas le japonais, donc je ne risque pas d'avoir du mal avec la rédaction en japonais, HAHAHAHAHAHA.) Dans l'ensemble, le récit est raconté à la première personne par Nana. MAIS les adoptants potentiels s'expriment aussi à la première personne. Par conséquent, il faut déjà faire un petit ajustement au début de chaque chapitre pour savoir si "je" est un chat ou un humain. MAIS en plus, le point de vue des adoptants potentiels peut aussi être exprimé sous forme de récit extérieur à la troisième personne. Et là, vous ne savez plus du tout qui est "il" : l'adoptant, le chat vu par l'adoptant, Satoru vu par l'adoptant...? Ajoutez à cela que la concordance des temps est fluctuante, avec du passé composé, du présent, du passé simple et du plus-que-parfait mélangés au petit bonheur la chance, et vous avez une version de moi-même qui se désespère.

On pourrait attribuer la faute au traducteur, mais mon expérience personnelle me permet d'en douter (j'ai des travaux qui ont été salopés après mon passage, hélas) et, de toute façon, la responsabilité finale incombe à l'éditeur. Actes Sud, c'est un peu la maison que tout le monde encense, mais ce n'est pas la première fois que je m'étonne du manque de rigueur du travail éditorial, alors je suis assez perplexe. Notez toutefois que ces gens mettent le nom du traducteur en couverture, ce qui est bien et merveilleux.

Bon, donc, je critique la forme, mais, sur le fond, j'ai beaucoup apprécié cette lecture. Pas tout à fait autant que Baroona, mais quand même beaucoup. J'ai lu ce roman rapidement et avec plaisir, et j'ai bien sûr sangloté durant pas mal de pages à la fin, voilà voilà. C'est une belle histoire touchante sur les liens d'amitié (entre humains, mais aussi entre humains et non-humains) et sur les innombrables façons dont les vies des gens s'influencent, ainsi que sur une forme de bonheur simple que je ne saurais décrire précisément. Pour broder sur le Japon, c'est un peu comme les films de Miyazaki: à la fin, ça me donne un peu l'impression d'être une meilleure personne que je ne l'étais au début... Et Nana, quand il a la parole, est très très sympathique!!

Il n'est donc pas du tout impossible que je lise autre chose de cette autrice japonaise, d'autant que ce roman a une suite: Au revoir, les chats! Je sens qu'il faudra préparer quelques mouchoirs...

Allez donc voir ailleurs si ce chat y est!
L'avis de Baroona
L'avis de Grominou

jeudi 14 novembre 2024

Mémoires d'Outre-Mort (2014)

Chronique express!

New York, 1978. Un vampire aux traits éternellement jeunes charme les jeunes femmes pour boire leur sang avant de retourner dormir dans les tunnels du métro en compagnie de toute une petite communauté. À leur tête, Margaret, une Irlandaise qui ne s'en laisse pas conter et qui, armée de sa pelle, fait régner l'ordre en décapitant les trouble-fêtes s'il le faut. Et puis, un jour, trois enfants aux yeux brillants attirent l'attention de notre narrateur, John Peacock. Eux aussi chassent dans le métro. Mais ces vampires semblent différents des autres...

Ce roman de Christopher Buehlman est une sorte de thriller fantastique et punk: un récit axé sur l'action et le mystère des enfants, porté par une langue très moderne et enlevée ("Il faisait un froid à inciter les ours blancs à porter une petite laine" 😂), avec toutefois le retour en arrière pratiquement obligé dans une histoire de vampires (comment notre narrateur est-il devenu vampire) (un sale gosse bien attrapé, à mon humble avis). Même si ce n'est pas spécialement mémorable, j'ai bien accroché et j'ai réussi à lire ce roman en moins d'une semaine, ce qui relève du miracle. En outre, je n'ai pas du tout venir la fin, haha. Elle est pourtant pas mal annoncée au début, mais j'avais oublié! Seul bémol: la traduction de Jean Bonnefoy m'a semblé correcte, mais le découpage de certaines phrases m'a gênée à cause de la non répétition du pronom personnel dans la première proposition d'une nouvelle phrase. Bon, c'est vraiment une remarque de maniaque de la structure... 😉

Mise à jour du lendemain
Mince!! J'ai oublié l'info la plus essentielle!!! Pourquoi ce roman? Parce que l'ami Xapur vide ses bibliothèques, of course!
😊😊