samedi 16 novembre 2019

La Rabouilleuse (1842)

Après avoir lu Les Chouans l'année dernière, une des lectures les plus pénibles de ma vie, je pensais avec effroi qu'il me restait encore un livre de Balzac dans ma pile à lire: La Rabouilleuse. Heureusement, ce roman, que je n'ai attaqué que parce que je suis déterminée à vider ladite pile de ses plus anciens locataires d'ici la fin de l'année, m'a plutôt plu.


Bon, j'ai dû lire les trois premiers chapitres deux fois, puis les survoler en prenant des notes, pour comprendre qui était qui dans les familles Rouget, Descoings et Bridau. On n'est quand même pas dans la complexité de l'arbre généalogique des Rougon-Macquart, mais ce n'est pas franchement limpide. Ça commençait mal. 😂😂 Mais une fois les personnages posés, je me suis plutôt passionnée pour cette histoire d'héritage, dans laquelle Agathe Bridau, née Rouget, revient à Issoudun pour empêcher son frère Jean-Jaques Rouget de laisser son héritage à une jeune fille que leur père a ramassée dans les champs et qui, après la mort de celui-ci, a réussi à prendre l'ascendant sur le fils (Jean-jaques, le frère d'Agathe, donc). Agathe est accompagnée de son fils, peintre de son état, et a terriblement besoin d'argent car son mari est mort et que son autre fils, un ancien soldat de Napoléon, a dilapidé les ressources de la famille. Mais la jeune fille qui vit avec Jean-Jaques (le frère d'Agathe, je vous le rappelle) ne compte pas renoncer à sa fortune aussi facilement, d'autant plus qu'elle est amoureuse d'un autre ancien soldat de Napoléon, un petit voyou qui fait les cent coups dans les rues d'Issoudun la nuit et qui compte lui aussi sur l'héritage.

Pour résumer: Jean-Jaques Rouget, 57 ans, est riche et amoureux fou d'une femme qui a trente ans de moins que lui. Celle-ci veut être sûre d'hériter à sa mort, tandis que sa sœur (du vieux Rouget, pas de la jeune fille, hein 😆) veut l'en empêcher. Le titre de la troisième partie résume l'enjeu du roman: "À qui la succession?" 😁

Ce livre est plutôt enlevé et amusant. Après le début difficile dont j'ai parlé, je me suis plutôt prise au jeu, espérant évidemment que les horribles profiteurs ne l'emporteraient pas. Le tout est plutôt noir et lucide quant à la nature humaine, mais non dénué d'humour. Le contexte politique est aussi très intéressant, avec une société assez nettement séparée entre tenants de la monarchie et bonapartistes qui espèrent que Napoléon reviendra un jour de Sainte-Hélène. Je suis toujours fascinée par ces sociétés passées beaucoup plus clivées que les livres d'histoire ne le laissent penser.

Mais pourquoi ce livre s'appelle-t-il donc La Rabouilleuse, me demandez-vous? C'est le surnom de Flore Brazier, la petite fille que le vieux père Rouget (le père de Jean-Jaques et d'Agathe) a ramassée dans un champ quand elle avait douze ans. Son travail consistait alors à rabouiller, c'est-à-dire à agiter l'eau des ruisseaux pour déloger les écrevisses et les pousser à se jeter dans un filet de pêche. Un élément assez étrange et perturbant de ce roman est que Balzac ne dit pas clairement si le vieux père Rouget (qui devait avoir 60 ou 70 ans quand il l'a rencontrée) a couché ou non avec cette enfant. Ils ont vécu sous le même toit pendant cinq ans et il y a de gros sous-entendus sur leurs relations, mais rien de définitif. On ne sait pas non plus si, après la mort du vieux père Rouget, Flore couche avec le fils Rouget (Jean-Jaques, le frère d'Agathe, rappellez-vous), mais je penche plutôt pour la négative car il est présenté comme étant totalement soumis à sa moindre volonté et fort peu séduisant.

Bref, encore une famille parfaitement saine et aimante et une intrigue super optimiste, décidément le XIXe était formidable. 😂

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10 commentaires:

  1. Bon, j'ai dû lire les trois premiers paragraphes deux fois, puis les survoler en prenant des notes, pour comprendre (...).
    Fiou. Est-ce que quelqu'un l'a proposé pour des initiations en généalogie ? Ça a l'air parfait.

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    1. @Baroona: Aaaaah, pas mal cette petite blague, bravo Baroona :D

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  2. Je n'ai pas eu autant de patience que Baroona, j'ai renoncé à comprendre le premier paragraphe Xd C'est drôle en tout cas ^^

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    1. @Tigger Lilly: C'est le principal :D Et la lecture était beaucoup moins chiante que Les Chouans!

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  3. Je me disais justement que je devrais renouer avec Balzac, pas lu depuis au moins 30 ans! Peut-être avec ce titre? J'éviterai Les Chouans, en tous cas!

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    1. @Grominou: Je pense que ce roman peut être un bon début car il a un côté amusant. Sinon, il y a longtemps j'ai beaucoup aimé Eugénie Grandet et Le Colonel Chabert.

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  4. Donc Jean-Jacques est le frère d'Agathe, c'est ça ? xD C'est marrant, je n'ai jamais entendu parler de ce Balzac auparavant, la généalogie est peut-être en cause...

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    1. @Shaya: Je pense qu'il est beaucoup moins connu que d'autres titres comme La peau de chagrin ou Eugénie Grandet. Je l'avais découvert, je crois, dans un article de Zola. De toute façon, Balzac a été super prolifique, sa bibliographie est assez impressionante et il est difficile de tout connaître...

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  5. J'étais là "ok j'ai compris qui est qui" (à peu près) et puis tu as commencé à parler du père (grand père) qui aurait peut-être couché avec la gamine, mais pas le fils qui est le frère de... et là "hein?!" Ahahah

    J'ai lu pas mal de Balzac durant mes études mais ce titre-ci ne me dit absolument rien. Je note parce que "ambiance, ambiance" ^^

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